Corpus Latinum Stampense
 
Un moine de Longpont
Donation du régisseur Thierry
notice, vers 1136
   
Eglise de Longpont (Gravure de L. Gaucherel)
Statue de Notre-Dame (Gravure de L. Gaucherel)
Portail de l'Eglise de Longpont (Gravure de L. Gaucherel)
           
     Vers 1136, Thierry, régisseur des biens que les moines de Longpont avaient au Plessis-le-Comte, après un conflit avec les dits moines, leur fait don de la dîme d’une terre avec le consentement de Ferry de Grigny.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
 
Un moine de Longpont
Donation du régisseur Thierry 
notice, vers 1136
1. Texte et traduction (2008)
     
     On notera que la date de 1136 est proposée à la louche par le premier éditeur, Marion. Seule une étude méthodique de la prosopographie du Cartulaire de Longpont et des autres sources locales permettra de la corriger, ou de l’affiner.
     
Texte donné par Marion (1879)
 Traduction par Gineste (2008)
     Noverit presencium futurorumque posteritas quod      Sache la postérité des gens présents et à venir ceci.
     Theodericus, major de Plessiaco (1), injuriarum quas ecclesie de Longo Ponte irrogaverat penitens, dedit eidem ecclesie decimam de IIIIor arpennis & dimidio terre apud Nodum de Hua (2), concedente domino Frederico de Gigni (3) & ejus heredibus, de cujus fedo ipsam terram tenebat.
 		     Thierry, régisseur du Plessis (1), se repentant des torts qu’il avait infligés à l’église de Longpont, a donné à la dite église la dîme d’une terre de quatre arpents et demi à Nœud-de-Houe (2), avec le consentement de monseigneur Ferry de Grigny (3) et de ses héritiers, car c’est de lui qu’il tenait cette terre à fief.
     Testes sunt hujus donacionis ipse Theodericus & Robertus, nepos ejus (4), Haymo de Boolum (5), Guido (6) & Thomas (7), nepotes ejus; Gaufredus Torpautlis (8), Johannes, famulus (9); Michael (10).
      Sont témoins de cette donation le dit Thierry et son neveu Robert (4), Aimon de Bullion (5) et ses neveux Guy (6) et Thomas (7), Geoffroy Torpaud (8), le serf Jean (9) et Michel (10).

NOTULE

     (1) Le régisseur (major) Thierry (Theodericus, Teodericus, Terricus), à ce qu’on apprend des quinze chartes du Cartulaire de Longpont qui le citent, parfois avec ses fils Geoffroy et Guillaume, et son neveu Robert, était le régisseur du domaine que les moines de Longpont possédaient au Plessis. Voici ces mentions, dans l’ordre du cartulaire: n°13 (Theodoricus major), n°14 (Theodericus major de Plessiaco... ipse Theodericus et Robertus nepos ejus), n°15 (Theoderico majore; Gaufredo filio ejus), n°16 (Theoderico majore, & filiis ejus, Gaufredo & Guillelmo), n°17 (Terricus, major), n°18 (Theodericus, major), n°19 (Theodericus, major), n°20 (Terrico, majore), n°25 (Terricus, major noster), n°34 (Theodericus, major), n°40 (Terrico, majore, Johanne famulo, Galfredo filio majoris), n°218 (Teoderico, majore), n°219 (Terricus, major), n°348 (Theodericus major), n°351 (Teoderico, majore).
      Le Plessis en question (Pleseiz, Plesseiz, Plesseium, Plessiacum) est sans doute le Plessis-le-Comte de l’actuelle commune de Fleury-Mérogis (plutôt que le Plessis-Pâté près de Longjumeau), car la charte n°14 nous le montre féal du seigneur de Grigny.

     (2) Nœud-de-Houe (Nodus de Hua) — notre restitution en français de ce toponyme apparemment disparu reste hypothétique — est un lieu-dit que Marion a renoncé à identifier, vraisemblablement dans le secteur du Plessis-le-Comte, tout près de Grigny. De fait l'abbé Lebeuf, qui ne paraît pas avoir connu notre charte, écrit quelque part (Histoire du diocèse de Paris. Tome Douziéme, 1757, p. 96): “On m’a assuré dans le pays que les Moines de Longpont ont autrefois eu une dixme à Grigny”.

     (3) Ferry de Grigny (domino Frederico de Gigni), qui apparaît ici dans une charte datée par Marion de 1136 environ, est aussi cité par la charte n°353 du Cartulaire de Longpont (domnum Fredericum de Grinni), datée par Marion de 1140 environ, quoique l’index de Marion paraisse curieusement distinguer ces deux personnages.
     La charte n°79, datée par Marion de 1100 environ, cite aussi un Gautier de Grigny (Galterius de Grini).

     (4) Ce Robert neveu du régisseur Thierry ne paraît cité nulle part ailleurs.

     (5) et (6) et (7) Aimon de Bullion (Aymo ou Haymo de Boolun) est cité par vingt chartes du Cartulaire de Longpont (chartes 13, 14, 16, 17, 19, 20, 29, 38, 89, 337, 338, 339, 341, 343, 345, 347, 349, 350, 352, 353), comme aussi son frère Gautier (Galterius ou Walterius de Boolun ou de Buelon), qui l’est par seize chartes (chartes 38, 89, 103, 151, 220, 337, 338, 339, 340, 341, 343, 344, 345, 347, 349, 350)
     (6) Guy de Bullion, fils de Gautier de Bullion et neveu d’Aimon, est mentionné par six chartes du Cartulaire de Longpont (13, 14, 219, 220, 349, 350).
     (7) Thomas, autre neveu d’Aimon, et de Gautier (que Marion paraît confondre avec Thomas Boivant, gendre d’Aimon), est cité dans deux chartes du Cartulaire, celle-ci, n°14, datée de 1136 environ par Marion, et la charte n°349, datée par Marion de 1140 environ (Galterius de Boolun; Guido, filius ejus; Tomas, nepos ejus).

      (8) Geoffroy Torpaut est mentionné comme témoin par seize chartes du Cartulaire de Longpont: 13 (Gaufredus Torpaut), 14 (Gaufredus Torpautlis), 34 (Gaufridus Torpaut), 38 (Galfredus Torpalt), 87 (Gaufredus Turpaudus), 134 (Gaufredus Torpaud), 138 (Gaufredo Torpaut), 177 (Gaufredus Turpaut), 216 (Gaufredus Turpaud), 219 (Gaufridus Torpaut), 307 (Gaufredus Turpauz), 345 (Galfredus Torpalt), 349 (Gaufredus Torpauz), 350 (Gaufredus Torpauz), 352 (Gaufredus Torpauz), 353 (Gaufredo Torpaut).
     On notera la survivance à l’époque contemporaine des patronymes Turpaud, Turpault, Torpaud, Tourpaud, Tourpault.
     Il ne faut pas le confondre, comme paraît le faire l’index de Marion, avec un noble donateur, Gaufredus Turpis, “Geoffroy le Laid”, cité par trois chartes plus anciennes, avec sa femme Doda et l’un de ses tenanciers, Hongier. Voyez les chartes 106 (Gaufredus Turpis & Doda, uxor ejus), 109 (id.), 114 (id.).
     La graphie présentée par la présente charte n°14 est aberrante (Torpautlis), et résulte sans doute d’une mauvaise lecture.

     (9) Ce serf Jean (Johannes famulus) est cité par trente-neuf chartes du cartulaire de Longpont. La charte n°135 précise qu’il était le fils du serf Garnier (lui-même serf du prieur Henri selon la charte n°93), et la charte n°341 qu’il était le serf du prieur Simon Ier, ce dernier encore en fonctions au moins en 1180. Il est cité en compagnie de son frère Yves ou Yvotet vingt et une fois, et une fois, apparemment absent ou mort, comme frère de Yves qui est seul présent.
     Voici les textes. Charte n°14: Johannes famulus; n°16: Johanne famulo et Ivone fratre ejus… Johannes famulus & Ivo frater ejus; n°20: Johanne famulo, Yvone fratre ejus; n°21: Johanne famulo, Yvone famulo fratre ejus; n°22: Johannes famulus, Yvo frater ejus; n°24: Johannes famulus, Yvo frater ejus; n°25: Johannes et Yvotet fratres; n°26: Johannes famulus, Yvotet frater ejus; n°27: Johannes et Yvo fratres; n°29: Johannes et Yvo fratres; n°30: Johanne et Yvone fratribus; n°31: Johannes, Yvotet, fratres; n°32: Johannes, Yvotet, fratres; n°34: Johannes, Yvotet; n°35: Johannes famulus; n°38: Johannes famulus; n°40: Johanne famulo; n°135: Johannes famulus filius Garnerii famuli; n°138: Johanne famulo; n°151: Johanne famulo; n°179: Johannes famulus… Hyvo frater Johannis famuli; n°187: Johannes, Ivo frater ejus; n°190: Garnerius famulus, Johannes filius ejus; n°217: Johannes famulus et Yvo frater ejus; n°220: Johannes famulus; n°335: Johannes famulus; n°336: Johannes famulus; n°337: Johannes famulus; n°338: Johannes famulus; n°339: Johannes famulus, Ivo frater ejus; n°341: Johannes famulus prioris [de Simon Ier] et Yvo frater ejus; n°343: Johannes famulus et Ivo frater ejus; n°344: Johannes famulus, Ivo frater ejus; n°345: Johannes famulus; n°347: Johanne famulo…. Ivone famulo; n°348: Ivo frater Johannis famuli; n°350: Johannes famulus; n°351: Johanne famulo; n°352: Johannes famulus; n°353: Johanne famulo).

     (10) Ce Michel (Michael), que Marion suppose justement dans son répertoire être un serf (famulus) comme Jean, après qui il est cité, n’est cité que par cette charte n°14.
2. Texte et notes de Marion (1879)

     Noverit presencium futurorumque posteritas quod Theodericus, major de Plessiaco, injuriarum quas ecclesie de Longo Ponte irrogaverat penitens, dedit eidem ecclesie decimam de IIIIor arpennis & dimidio terre apud Nodum de Hua, concedente domino Frederico de Gigni & ejus heredibus, de cujus fedo ipsam terram tenebat. Testes sunt hujus donacionis ipse Theodericus & Robertus, nepos ejus, Haymo de Boolum, Guido & Thomas, nepotes ejus; Gaufredus Torpautlis, Jonannes, famulus, Michael. S. D.
Vers 1136.

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source du texte: L’édition de Jules Marion (1879).
 
   
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
 
Éditions

     Jules MARION, Le Cartulaire du Prieuré de Notre Dame de Longpont de l’ordre de Cluny au diocèse de Paris, publié pour la première fois avec une Introduction et des Notes. XIe-XIIe siècle [in-8°; 371 p.; 3 planches; texte latin; index], Lyon, A. Louis Perrin  & Marinet, 1879, n°XIV, p. 74.
     Dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111131d, en ligne en 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Un moine de Longpont: Donation du régisseur Thierry (notice, vers 1136)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-thierry1136longpont.html, 2008.
Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
    
Explicit
 
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