Introduction
Nous éditons
ici le texte d’un parchemin conservé aux Archives départementales
de l’Eure-et-Loir sous la cote G. 123. Ce parchemin était scellé
au centre d’un sceau de cire aujourd’hui disparu, appendu sur des lacs
de soie verts et rouges, qui subsistent.
Il conserve la mémoire
d’un accord survenu en 1185 entre Rainaud de Mousson d’une part, évêque
de Chartres, et Roger de Moulins d’autre part, Grand-Maître de
l’Ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Les chevaliers de l’Hôpital Saint-Jean
de Jérusalem avaient obtenu une bulle du pape Luce III (1181-1185)
les autorisant à édifier à Chartres une chapelle et
à y avoir un cimetière particulier. Les chanoines du chapitre
de Notre-Dame résistèrent tant à l’exercice de ce privilège
qu’on en vint à composer, à l’occasion du passage à
Chartres au printemps 1185 du Grand-Maître de l’Ordre, Roger de Moulins.
Roger de Moulins
Devenu le septième Grand-Maître
de l’Ordre, Roger de Moulins avait reçu la consigne du pape Alexandre
III de mettre un terme à la rivalité de cet ordre avec celui
des Templiers, et d’essayer par ailleurs de fédérer contre
les offensives de Saladin toutes les énergies qui en Palestine s’épuisaient
à des rivalités mesquines, alors que le roi de Jérusalem
était malade.
En 1184, Roger revint en Europe en compagnie
d’Arnaud de Torroja, Grand maître des Templiers, et d’Héracle,
patriarche latin de Jérusalem. C’est alors qu’il établit
l’Ordre des Hospitaliers en Angleterre, en France et en Allemagne. C’est
dans ce contexte qu’il faut comprendre l’édification à Chartres
à cette époque d’une chapelle et d’un cimetière par
des moines chevaliers de l’Ordre de l’Hôpital.
Entre gens de bonne compagnie, Roger de Moulins
et Rainaud de Mousson s’entendirent et trouvèrent ce compromis:
l’évêque de Chartres donnerait aux Hospitaliers la paroisse
de Villeconin.
Lors de son voyage de retour, Roger participa
à la prise de Thessalonique par les Normands en 1185. Durazzo fut
pris le 24 juin et l’armée franque était devant Thessalonique
dès le 6 août. Ce qui date le passage de Roger à Chartres
plutôt du tout début du printemps (car de janvier à
mars l’auteur de la charte, selon l’ancien style, aurait porte 1184 et non
1185).
De retour en Palestine, où il s’opposa
à Renaud de Châtillon à Guy de Lusignan, même
après que ce dernier fut monté sur le trône en 1186,
il fut tué au combat à Cresson, près de Nazareth,
lors d’une attaque contre Saladin, des suites d’un coup de lance, le 1er
mai 1187. La même année Jérusalem tomba aux mains de
Saladin.
Rainaud
de Mousson
L’évêque
Rainaud de Mousson était le fils de Rainaud
II, comte de Bar et de Mousson, et d’Agnès, fille aînée
de Thibaud le Bon, comte palatin de Champagne et de Brie, de Blois et
de Chartres.
Il était prévôt de la cathédrale
de Chartres en même temps que Hugues, son frère, et trésorier
de Saint-Martin de Tours, lorsqu’il fut élu évêque
en 1182 , d’après la Chronique de Robert du Mont. Il est aussi
nommé successeur de Pierre, dans la lettre 418e d’Étienne de Tournai. En 1183, il
obtint ses bulles du pape Luce III. Il a laissé un bon souvenir,
semble-t-il à son chapitre.
Nous donnons en Annexe
l’article conséquent que Fisquet a consacré à ce
prélat dans sa France Pontificale. Rainaud ne mourut que
le vendredi 8 décembre 1217. On notera que Fisquet n’a pas relevé cet acte-ci dans
le copieux catalogue qu’il a donné de ceux qu’il connaissait de Rainaud
de Mousson. Pour l’heure je n’ai pas encore eu l’occasion de voir s’il avait
été édité par Delaville Le Roulx au tome III
de son Cartulaire général de l’ordre des hospitaliers de
S.-Jean de Jérusalem (1899).
B.G., 12 juin 2008.
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1. Charte de
Rainaud, évêque de Chartres
Texte du manuscrit
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Traduction proposée par Bernard Gineste
(2008)
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[Au verso:] XXVI. Raginaldi
episcopi, quod Hospitale non posset habere capellam vel oratorium in
Carnotense urbe vel in suburbiis.
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[Titre au verso:] XXVI.
De l’évêque Rainaud. Que la maison des chevaliers hospitaliers
ne peut avoir de chapelle ni d’oratoire dans la ville de Chartres ni
dans ses faubourgs.
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Cyrographum
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Charte
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Raginaldus Dei gratia Carnotensis episcopus, omnibus ad quos littere
iste pervenerint, in Domino salutem. |
Rainaud par la grâce de Dieu évêque de Chartres,
à tous ceux à qui parviendra cette charte, salut dans le
Seigneur.
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Notum facimus universis quod, cum controversia
verteretur inter capitulum Carnotense et fratres Hospitalis super capella
et cimiterio que ipsi in civitate Carnotense nitebantur habere auctoritate
quarumdam litterarum quas ipsi impetraverant a domno Lucio tercio.
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Nous voulons faire savoir à tous ceci. Une querelle s’était
élevée entre le chapitre de Chartres et les frères
de l’Hôpital au sujet de la chapelle et du cimetière que ceux-ci
s’efforçaient d’avoir dans la cité de Chartres de
par l’autorité d’une certaine bulle qu’ils avaient obtenue de monseigneur
Luce III.
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Eadem controversia, amicis intervenientibus, Rogerio de Molendinis
magistro Hospitalis presente, consentiente et approbante, amicabiliter
est sopita in hunc modum, quod predictus Rogerius et alii fratres Hospitalis
renonciaverunt capelle et oratorio
et altari et cimiterio in civitate Carnotense et in ejus banlevia, nonquam
decetero postulantibus, et quod domus quedam quam edificaverant Carnoti
in figuram et formam capelle decapitaretur et reduceretur in formam quadratam
et ad alios usus transferretur.
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La dite querelle, grâce à l’intervention d’amis, en
présence de Roger de Moulins, grand-maître de l’Hôpital,
qui y a donné son consentement et son approbation, s’est éteinte
en toute amitié de la manière qui suit: le susdit Roger
et les autres frères ont renoncé à détenir
chapelle, oratoire, autel et cimetière dans la cité de Chartres
et dans sa banlieue, étant entendu qu’ils ne le réclameraient
plus jamais à l’avenir; quant à la demeure qu’ils avaient
édifiée à Chartres en figure et forme de chapelle,
elle sera décapitée, réduite à une forme
carrée et transférée d’autres usages. |
Preterea iam dictus Rogerius magister Hospitalis Jerosolimitani
et alii fratres hospitalis firmiter promiserunt sub obtentu religionis
et obedientie qua astricti sunt Hospitali Jerosolimiano, quod nonquam
contra ecclesiam Carnotensem questionem decetero attemptarent super hoc
innovare.
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En outre le dit Roger, grand-maître de l’ordre de l’Hôpital
de Jérusalem, et les autres frères ont promis fermement,
en vertu des vœux et de l’obéissance qui
les lient à l’Hôpital de Jérusalem, qu’ils ne lanceraient
aucune nouvelle procédure à ce sujet à l’avenir.
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Nos vero de assensu et voluntate Hugonis archidiaconi et totius capituli
pro bono pacis concessimus fratribus Hospitalis ecclesiam de Villa Conani
perpetuo quiete et libere possidendam, retenta in omnibus ecclesiastica
justicia, ita quod fratres hospitalis in eadem ecclesia per capellanum proprium
divina facient officia celebrari.
|
Quant à nous, avec l’accord et l’agrément de l’archidiacre
Hugues et de tout le chapitre, pour le bien de la paix, nous avons concédé
aux frères de l’Hôpital l’église de Villeconin pour
en jouir paisiblement et librement, en nous réservant la justice
ecclésiastique sur la dite église, de telle sorte que les
frères de l’Hôpital feront célébrer les offices
divins dans la dite église par leur propre chapelain.
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Ipsi vero sinodalia persolvent nobis et archidiacono qui pro tempore
erit et recipientes crisma et oleum sanctum ab ecclesia Carnotensi nobis
et archidiacono in jure parrochiali excepta procuratione in omnibus respondebunt.
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Mais les dits frères nous règleront les droits synodaux,
à nous et à l’archidiacre qui sera en fonction, et lorsqu’ils
recevront le saint-chrême et l’huile sainte de de l’église
de Chartres, ils nous seront soumis en matière de droit paroissial,
exception faite du droit de provision.
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Quod ut firmum et ratum habeatur tam scripto quam sigillo nostro fecimus
communiri. Facta est compositio anno ab incarnatione Domini millesimo centesimo
octogesimo quinto.
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Et pour que cela soit tenu pour ferme et bien établi, nous
l’avons fait certifier par cette charte et par notre sceau. Cet accord
a eu lieu l’an de l’incarnation du Seigneur 1185.
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Le manuscrit original porte en outre
au verso, d’une main moderne (outre différentes cotes d’époques
variées).
Titres.
Contre les hospitaliers
de Jérusalem prétendans droit de chapelle et de cimetière
à Chartres en vertu d’une bulle de Luce 3e. [2e main: et le chapitre s’y opposant].
Accord de1185 par lequel en renonçants
à ce droit, Renaud de Mouçon évesque, du consentement
de l’archidiacre et du chapitre, leur accorde la paroisse de Villeconin,
à la charge d’obéir à l’évesque, au chapitre,
à l’archidiacre et à leurs officiaux.
[Cote
grattée et corrigée:] Xe à la caisse
Luce III confirme ledit accord
et ses conditions par la bulle [rayé:
du X] datée de Vérone le X des Kalendes de septembre.
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Éditions
1) Original conservé aux Archives départementales
de l’Eure-et-Loir sous la cote G. 123.
Dont une photographie ci-dessus.
2) Joseph DELAVILLE LE ROULX (1855-1911),
Cartulaire général de l’ordre des hospitaliers
de S.-Jean de Jérusalem (1100-1310) [4 volumes in-f° (t.
I (1100-1310),1894; t. II (1201-1260), 1897; t. III (1261-1300), 1899;
t. IV (1301-1310), 1901 (Parties 1-2); additions et tables, 1906)], Paris,
E. Leroux, 1894-1906, t. III (1899), p. ?.
3) Bernard GINESTE, «Renaud de Mousson:
Don de la paroisse de Villeconin aux Hospitaliers (1185)»
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-rainauddechartres1185villeconin.html,
2008.
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2. Charte d’Anseaume, prieur des Hospitaliers
Curieusement la charte parallèle d’Anseaume,
prieur des Hospitaliers à Chartres, ne mentionne pas la présence
du Grand-Maître signalée de son côté par la charte
de l’évêque du lieu. On notera aussi qu’elle ne mentionne pas
que les Hospitaliers seront exempts du droit de provison à Villeconin,
comme le précise la charte originale de Rainaud que avons éditée
ci-dessus.
Comme par ailleurs Lépinois et Merlet font
allusion à d’autres textes relatifs à cette transaction,
notamment à une autre charte de Rainaud et à une autre charte
d’Anseaume (sans parler d’une bulle de Luce III), que je n’ai pas pour
l’instant retrouvés, on peut supposer que les chanoines et les Hospitaliers
de Chartres étaient arrivés à un accord dès
avant l’arrivée à Chartres du Grand-Maître de l’ordre,
et que Raineau aura donné une autre version de sa charte à
cette occasion, où il concède ce nouvel avantage.
Notes de Lépinois et Merlet (1862)
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Texte édité par Lépinois
et Merlet (1862)
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Traduction par B. Gineste (2008)
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CIII.
De contentione facta inter Capitulum Carnotense
et Hospitalares super capellam
(1185.)
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CIII.
Du conflit qui eut lieu entre le chapitre de Chartres et les Hospitaliers
au sujet d’une chapelle.
(1185.)
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Frater Anselmus, Dei gratia, prior Hospitalis in Gallia, omnibus ad
quos littere iste pervenerint, in Domino salutem. |
Frère Anseaume par la grâce de Dieu prieur des Hospitaliers
en Gaule, à tous ceux à qui parviendra cette charte, salut
dans le Seigneur.
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Notum facimus universis quod cum controversia verteretur inter nos
et ecclesiam Carnotensem super capella et cimiterio que nos, auctoritate
sedis apostolice, in Carnotensi civitate habere nitebamur, quod eadem ecclesia,
eadem fulta auctoritate, contradicebat,
|
Nous voulons faire savoir à tous ceci. Une querelle s’était
élevée entre nous et l’église de Chartres au sujet
de la chapelle et du cimetière que nous nous efforcions d’avoir dans
la ville de Chartres, de par l’autorité du
siège apostolique, à quoi la dite église s’opposait,
s’appuyant sur la même autorité.
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amicis intervenientibus, amicabiliter est sopita in hunc modum: quod
nos et fratres nostri renunciavimus capelle et oratorio et cimiterio et
altari in civitate Carnotensi et ejus suburbiis numquam de cetero postulandis,
et quod domus quedam quam edificaveramus Carnoti, in figuram et formam capelle,
decapitaretur et reduceretur in formam quadratam, et ad alios usus transferretur.
|
Grâce à l’intervention d’amis, elle s’est éteinte
en toute amitié de la manière qui suit: nous et nos frères
avons renoncé à chapelle, oratoire, cimetière et autel
dans la cité de Chartres et dans sa banlieue, sans plus jamais le
réclamer à l’avenir; et la demeure que nous avions édifiée
à Chartres en figure et forme de chapelle, elle sera décapitée,
réduite à une forme carrée et transférée
d’autres usages. |
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Preterea nos firmite promisimus, sub obtentu
religionis et obedientie qua astricti sumus hospitali Jerosolimitano, quod
numquam contra Carnotensem ecclesiam questionem attemptaremus super hoc
innovare.
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En outre nous avons promis fermement, en vertu des vœux et de l’obéissance qui les lient à l’Hôpital
de Jérusalem, que nous ne lancerons jamais à l’avenir de nouvelle procédure
contre l’église de Chartres à ce sujet.
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(1) L’église de Villeconin, au doyenné
de Rochefort, avait en dernier lieu pour collateur le commandeur de Saint-Jean-de-Latran
à Paris, ordre de Malte.
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Vir vero venerabilis domnus R[aginaldus] Carnotensis electus, de
assensu et voluntate Ugonis archidiaconi et totius Capituli, pro bono pacis,
concessit nobis ecclesiam de Villa-Conani (1)
perpetuo, quiete et libere, possidendam, retenta in omnibus ecclesiastica
justicia, ita quod nos in eadem ecclesia per capellanum proprium divina
facimus officia celebrari.
|
Quant au vénérable monseigneur Rainaud, élu
de Chartres, avec l’accord et l’agrément de l’archidiacre Hugues
et de tout le chapitre, pour le bien de la paix, il nous a concédé
l’église de Villeconin pour en jouir à perpétuité
paisiblement et librement, en se réservant la justice ecclésiastique
en toutes matières, de telle sorte que nous ferons célébrer
les offices divins dans la dite église par notre propre chapelain.
|
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Nos vero synodalia persolvemus archidiacono et episcopo qui pro
tempore erunt, et recipientes crisma et oleum sanctum ab ecclesia Carnotensi,
eidem ecclesie et episcopo et archidiacono et eorum officialibus in jure
parrochiali in omnibus respondebimus.
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Qaunt à nous, nous règlerons les droits synodaux,
à l’archidiacre et à l’évêque qui seront en charge
en leurs temps, et lorsque nous recevrons le saint-chrême et l’huile
sainte de de l’église de Chartres, nous serons soumis en matière
de droit paroissial en toutes matières à la dite église
et aux dits évêque et archidiacre et à leurs officiers.
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(2) Le même frère Anselme promet,
par une autre charte, au Chapitre de Chartres, que, dans l’octave de la
Pentecôte, il fournira des lettres de confirmation du Grand-Maître
de l’Hôpital et du roi de France, et qu’avant la Chandeleur prochaine
il fera approuver cette transaction par le Souverain-Pontife. En effet,
les cartulaires 28 et 28 bis, p. 34 et f°14 r°, contiennent la confirmation
de Roger des Moulins, Grand-Maître de l’Hôpital. Les archives [p.213] d’Eure-et-Loir (C. XI, 11) renferment deux
chirographes originaux de l’évêque Renaud de Mouçon
et une bulle du pape Lucius III, datée de Vérone, le 10 des
calendes de septembre, tous actes confirmatifs de l’abandon consenti par
le prieur des Hospitaliers.
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Quod ut firmum habeatur tam scripto quam sigillo nostro fecimus
communiri (2).»
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Et pour que cela soit tenu pour ferme, nous l’avons fait certifier
par cette charte et par notre sceau.
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Éditions
1) Eugène de BUCHÈRE DE
LÉPINOIS & Lucien MERLET [éd.], Cartulaire de Notre-Dame
de Chartres [28 cm; 3 volumes (CCLII+263 p.; XXXII+429 p.; 438 p.],
Chartres, E. Garnier [«Société archéologique
d’Eure-et-Loire»], 1862-1863-1865, tome I, pp. 212-213.
2) Bernard GINESTE [trad. & éd.], «Anseaume, prieur des
Hospitaliers de Chartres: Acquisition de la paroisse de Villeconin
(1185)», in ID. [éd.],
«Rainaud de Mousson, évêque de Chartres: Don de
la paroisse de Villeconin aux Hiospitaliers (1185)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-12-rainauddechartres1185villeconin#anseaume,
2008.
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Rainaud de
Mousson, évêque de Chartres
Par Honoré Fisquet, La France pontificale (Gallia christiana),
tome 7, pp. 108-114.
71. — RENAUD DE MONÇON
(1183-1217)
Après la mort de Pierre, deux compétiteurs
se disputèrent l’évêché de Chartres: Philippe
fut élu, d’après le Cartulaire de Saint-Avit de Châteaudun,
en 1182. C’est peut-être ce chantre que Luce III, dans sa bulle
donnée à Vérone, le 8 novembre, appelle, élu
de Chartres. D’après Robert du Mont, Renaud fut élu pour succéder
à Pierre décédé en 1182; et les chartes le
font élire en effet de 1182 à 1187, soit par la mort, soit
par la cession de Pierre, soit d’une autre manière, et Urbain III,
l’indique comme évêque ainsi que nous le dirons bientôt.
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Renaud était fils de Renaud II, comte de Bar et de Monçon,
et d’Agnès, fille aînée de Thibaud le Bon, comte palatin
de Champagne et de Brie, de Blois et de Chartres. Il était prévôt
de la cathédrale de Chartres en même temps que Hugues, son
frère, et trésorier de Saint-Martin de Tours, lorsqu’il
fut élu évêque en 1182 , d’après la Chronique
de Robert du Mont. Il est aussi nommé successeur de Pierre, dans
la lettre 418e d’Étienne
de Tournai. En 1183, il obtint ses bulles du pape Luce III, 3e année
de son pontificat et le 11 décembre, indiction II d’après les
registres de l’Église de Chartres. La même année, il
fit don de la dîme de Saint-Germain à l’église des SS.
Gervais et Protais. Au mois de mai 1184, comme élu il approuva une
aumône faite au monastère de Fontevrault. Comme élu
encore, il adjugea l’église de Verneuil, aux moine de Deuil, contre
l’archidiacre de Poissy, ce que confirma le pape Luce III.
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Voyant la pauvreté du monastère de l’Étoile, il
lui donna, comme élu, la paroisse d’Authon, en 1185. Élu,
il confirma, le 17 avril 1186, aux religieux de Marmoutiers, la dîme
de la septième semaine de tous leurs moulins situés à
Fréteval. Il approuva, la même année, la fondation
du monastère de Fontenay. Comme élu encore, il fut témoin
de la donation faite au monastère de Saint-Avit par Gautier de Friaize,
chevalier. Il figure au même titre dans le Cartulaire de Blois, pour
l’année 1187. Le pape Urbain III écrivit le 18 février
de Venise à 1’évêque R**, et à ses chanoines,
de ne point donner de maisons aux laïques, dans le cloître, et
de ne pas leur en louer non plus. La même année, à la
prière de Philippe, roi de France, et de Guillaume, archevêque [p.111] de
Reims, son oncle, Renoué, donna à Renaudet de Breteuil quinze
mesures de froment, sur la grange de Boissy. De son temps fut fondé
le prieuré de Saint-Remi, proche Neiron, en 1188.
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Au mois de juillet 1190, il fit don à l’Église de Chartres
de la chapelle des SS. Serge et Bacche, placée dans l’église
du palais épiscopal, et il la céda avec tous les droits
et les immunités que possédait l’évêque; en
mémoire de cette largesse, le chapitre s’engagea à célébrer
chaque année un anniversaire pour l’anniversaire de Renaud, celles
de son frère et de sa mère et celle du comte Henri. Cette
chapelle fut détruite plus tard par l’ordre de l’évêque
Paul Godet, afin d’agrandir le palais épiscopal. Dans cette cession,
Renaud fait allusion sort voyage à Jérusalem.
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Il partit en effet cette année, comme il résulte du Cartulaire
de l’abbaye de Saint-Magloire, à laquelle il accorda cette même
année une mesure de froment, qu’il confirma à son retour.
Le 4 octobre, il réconciliait Philippe, roi de France et le roi
d’Angleterre. La même année, le jour de Noël, il dîna
avec le roi d’Angleterre au château de Montgriffon, avec d’autres
évêques. Le 16 juillet 1191, il réconcilia les églises
de Saint- Jean d’Acre, profanées par les Sarrasins. Le 30 de ce
même mois, il quitta cette ville avec le roi de France.
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En 1192, il permit à Luc, abbé de Vendôme, de bâtir
un oratoire à Courtosé. L’année suivante, il confirma
au chapitre de Chartres les justices des prévôtés
de Nogent, Fontenay, d’Amilly et de Beauce, que lui avait accordées
Guillaume, archevêque de Reims, alors qu’il gouvernait les Eglises
de Sens et de Chartres. Renaud y ajouta de son propre gré les revenus
de ces justices pour les besoins du chapitre. Celui-ci, son tour, accorda
au prélat, en octobre 1193, de faire des quatre précaires
de la cathédrale, savoir, de Normandie, de Mesangey, d’Auvers et
d’Ingré, autant de prévôtés, ce que le roi confirma
cette même année. A la prière d’Hugues, abbé
de Cluny, Renaud accorda, le 24 juillet 1193, aux religieux de Saint-Denys
de Nogent-le Rotrou, le droit de patronage sur toutes les églises
qui dépendaient d’eux dans le diocèse, d’après la concession
faite par Gosselin, son prédécesseur. Par acte du 20 novembre,
il affranchit à perpétuité toutes les églises
appartenant è l’abbaye de Saint-Jean en Vallée, de la visite
annuelle. En mars 1194, il mit d’accord les moines de Josaphat, et Matthieu
de Montmorency, qui se disputaient le moulin de Richebord, à Gallardon.
Sur les [p.112] conseils de son oncle Guillaume, archevêque de Reims, et
au mois de mai, il abandonna son droit de visite annuelle pour les églises
de Courville, Tremblay et Loigny, pendant tout le temps que Raoul serait
abbé de ce monastère. Le 18 février, il confirma aux
moines de Saint-Nicaise de Meulan, les églises et les dîmes
dont ils jouissaient dans son diocèse. Au mois d’août 1105,
il écrivit, de concert avec le doyen Geoffroi dans la maison des
évêques à Josaphat, une charte relative aux offrandes
annuelles faites à la chapelle de Girondet. On trouve son nom dans
deux chartes du prieuré de Croth, dépendant de Marmoutiers,
et données le 19 août de la même année. Il accorda
aux moines de Josaphat la première prébende de Saint-Maurice
qui serait vacante; et ceux-ci établirent, en retour, quatre anniversaires
annuels, pour lui, pour son père, pour sa mère et pour son
frère Henri: c’était au mois d’août 1196. Renaud approuva,
la même année, une convention entre les religieux des Fossés,
et le curé de Bullou. Ses concessions aux prêtres du décanat
d’Epernon, les mirent désormais à l’abri des vexations; Innocent
III les confirma en 1198. On voit, au Cartulaire de Saint Vandrille, une
charte de Renaud datée de Chartres, au mois de janvier, et relative
aux églises de Rotignon, de Rolleboise, de Chauffours et de Villette.
En 1109, il accorda aux moines de Josaphat, la chapelle de Flins , dans
l’archidiaconé de Poissy. Il fut témoin, la même année,
de la charte par laquelle Thibaud, comte de Troyes, constituait en dot sept
châteaux à sa sœur, la comtesse Blanche.
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Le 6 novembre 1200, Renaud approuva une vente faite aux religieuses de
Port-Royal, par Renaud de Prunay. La même année, il fit don
aux moines de Saint-Père de Chartres des dîmes sur les novales
de toutes les paroisses de son diocèse dont ils avaient le patronage
et où ils jouissaient des dîmes anciennes. Il confirma, au
mois de mai 1202, un don fait à ce même monastère,
par Jean de Friaize. Il accorda aussi quelques rentes au chapelain du monastère
de Fontenay. Au mois d’août 1203, il donna ses lettres pour la
collation du prieuré d’Oisène faite à son propre
chapelain. Il confirma, au mois de septembre, le privilège accordé
à Nicolas, abbé, et aux chanoines de Saint-Jean, par Guillaume,
archevêque de Sens, que personne ne pourrait dire la messe, dans
la paroisse Sainte-Foi, sinon dans la chapelle construite par eux. Le
5 avril 120J, il établit un chapelain en l’aumône de Meulan,
et le 27 juin suivant, [p.113] il confirma à l’abbé de Tiron, de concert avec
le doyen Eudes et le chapitre les privilèges que leur avaient accordés
autrefois l’évêque Yves et le doyen Arnaud. En juillet,
il établit des religieuses de l’Ordre de Cîteaux, dans l’abbaye
des Clairets, nouvellement fondée, et statua que les prieurés
de Saint-Jean n’acquitteraient leurs droits de visite que le jour de la
Nativité de la sainte Vierge.
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Le 1er mars 1205, Renaud restitua au prieuré de Bassenville des
dîmes qui lui avaient été enlevées, et au mois
d’octobre 1206, il prononça comme arbitre clans un différend
existant entre Nicolas, abbé de Saint-Jean, et Geoffroi de Lèves.
Il déclara au chapitre de Chartres, le 27 juin 1207, que le monastère
de Tiron et ses dépendances ne ressortissaient que de lui. La même
année, au mois de septembre, il réconcilia les Templiers de
Champhol et Agalon de Prunay, qui se disputaient relativement à la
forêt. Il pria l’abbé de Saint-Jean de permettre que la chapelle
de Simon de Poissy, son cousin, nouvellement bâtie, demeurât
église paroissiale; ce à quoi consentit, au mois de mars, ledit
abbé; et Renaud, en 1208, déclara cette église libre
de toute servitude. Au mois de juillet, il rendit une ordonnance sur la
résidence des chanoines et la perception des revenus des prébendes.
La même année, il confirma une donation faite par Eudes Borel,
à l’abbaye de Saint-Michel au diocèse d’Avranche. Il conféra
à R**, son camérier, une prébende de 1’Église
de Chartres; mais cet acte fut cassé par un jugement du Pape Innocent
III, le 14 septembre 1208; et l’évêque fut averti de ne pas
se permettre un pareil choix. Renaud prit part à l’expédition
contre les Albigeois, et fut un des principaux conseillers de Simon de Montfort,
ainsi que le constatent Pierre des Vaus-de-Sernay et Albéric, en
sa Chronique. Il confirma, en février 1209, un don fait à Aimeric,
abbé de l’Aumône. Il assista, eu juin 1211 à l’anniversaire
établi par Étienne du Perche, chevalier, dans la cathédrale
de Chartres. Au mois de septembre suivant, il accorda aux moines de Marmoutiers
fixés à Epernon, les dîmes de toutes les novales situées
en divers lieux. Une charte de 1212, le qualifie seigneur de Marcherais.
II confirma, en m 1213, aux moines de Vendôme, les dîmes qu’ils
avaient acquises de divers laïques. Au mois de janvier 1214, il donna
une charte pour l’anniversaire de Barthélémi de Roye, ancien
grand-chambrier de France, et confirma et rendit libres de toutes charges
les dîmes que les moines de l’Aumône tenaient [p.114] de
mains laïques. Au mois d’avril 1215, vu la pauvreté du nouveau
chapitre de Saint-Sauveur, à Blois, il statua qu’une seule fois,
dans le cours de son épiscopat, l’évêque de Chartres
n’en recevrait, pour droit de visite, qu’une somme de sept livres. Il confirma,
au mois de mai, une convention faite entre Hervé, son neveu, comte
de Nevers et seigneur d’Alluye et Gui, abbé de Saint-Père.
Il sanctionna, au mois de septembre, les biens et les privilèges
de Josaphat, et y ajouta d’autres faveurs. La même année, il
confirma à Saint-Père, ses droits sur plusieurs églises.
Au mois de décembre, il reçut le serment de Hugues, son maréchal,
pour la mairie de Saint-Chéron, et confirma ensuite à Barthélemi,
abbé de Fleury, les dîmes accordées par Simon de Montfort
et Robert de Braine, fils aîné de R., comte de Dreux. En 1216,
il assista, au mois de juillet, à l’assemblée des pairs de
France appelés à juger le différend survenu entre la
comtesse de Champagne et Erard de Braine. Notre prélat, dans cette
même année, consentit à ce que Thomas, comte du Perche,
rendit au roi sa forteresse. Au mois de décembre, il érigea
une paroisse à Ecouen, avec l’assentiment de Gui, abbé de Saint-Père,
et approuva, au mois d’avril 1217, le don fait au monastère de Port-Royal,
par Hugues de Marchaize, au nom de sa fille Aceline. Au mois d’août,
il fit par écrit abandon de la mairie de Berchères au monastère
de Saint Denys. Renand mourut le vendredi 8 décembre 1217.
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On lit sur Renaud, dans l’Histoire généalogique des
comtes de Bar: Le 6 des ides de décembre 1217, mourut vénérable
père de sainte mémoire Renand, évêque de ce
siége respectable; il était fils du célèbre
comte Moncion, de la noble race des princes français; ses titres
de parenté avec nos rois l’illustrèrent moins que sa libéralité,
sa charité et sa bonté. Voici comment s’exprime le
Cartulaire de Chartres: il fit beaucoup de bien à cette Eglise,
aux religieux, aux chanoines, et aux prêtres; il améliora
et augmenta les domaines de l’évêché. Il obtint pour
son Eglise beaucoup de priviléges et d’honneurs, ainsi que la décharge
de beaucoup d’impositions, de la part du Saint-Siége, du roi Philippe
et de plusieurs autres seigneurs. Il donna au chapitre la chapelle des
SS. Serge et Bacche, du palais épiscopal; aussi un anniversaire
est célébré dans la cathédrale pour lui, pour
son père et sa mère et pour son frère, le comte de
Moncion; on y distribue les revenus perçus par les chapelains de
la dite Eglise. Pour les besoins du chœur, [p.115] il abandonna
aussi à sa cathédrale la prébende qu’il possédait
à Saint-Jean en Vallée. Il repose en l’Eglise de Chartres
pendant 38 ans et mourut en 1217. Il repose dans l’église de Josaphat
devant l’autel des Saints-Anges, d’après quelques documents.
Il faut lire la lettre 118e écrite à Renaud après son
élection, par Etienne de Tournai, et la 15e de Pierre de Blois, où
lui sont indiquées les vertus qu’il doit pratiquer et les vices qu’il
doit fuir. Pierre se plaint de Renaud dans sa lettre 20e.
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Renaud de Monçon avait pour armoiries: d’azur, à deux
bars adossés d’or, semé de trèfles de même.
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Éditions
Honoré FISQUET, La France pontificale
(Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques
et évêques de tous les diocèses de France depuis
l’établissement du christianisme jusqu’à nos jours, divisée
en 17 provinces ecclésiastique [22 volumes], Paris, E. Repos
(Paris), 1864-1873, tome 7, pp. 108-115.
Dont une réédition numérique
en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204179m,
en ligne en 2008.
Bernard GINESTE, «Honoré Fisquet:
Renaud de Monçon (1864)» in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-12-rainauddechartres1185villeconin.html#fisquet,
2008.
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Une hypothèse
sur l’étymologie du toponyme Villeconin
Par Bernard Gineste, juin 2008
Les érudits locaux depuis longtemps ont pensé que le
nom de Villeconin lui venait de l’ancien français conin, qui
signifie «lapin», sans hésiter à mettre en rapport
avec le nom de la rivière qui passe dans les environs, la
Renarde. Mais cette hypothèse est profondément
contraire à l’esprit et aux règles de la formation des toponymes
à l’époque qui nous occupe.
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Hippolyte Cocheris (1) rapporte une seule ancienne
graphie pour ce toponyme, datée sans autre référence
du XIIIe siècle: Villa Conai. Il a en fait tiré cette
graphie de l’index du Cartulaire
de Saint-Père de Chartres, publié en 1840 par Benjamin
Guérard, où il s’agit sans aucun doute d’une mauvaise lecture,
où aura été omis un tilde sur le A, représentant
un N, et il faut évidemment donc lire Villa Conani,
c’est-à-dire «domaine» (villa) d’un certain personnage
dont le nom est rendu en latin par Conanus.
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(1) Dictionnaire des anciens noms des communes de
Seine-et-Oise, Versailles, Cerf & fils, 1874, p.55.
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La chose est confirmée par la charte de Rainaud de Mousson, évêque
de Chartres, en date de 1185, que nous éditons ci-dessus.
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Cet anthroponyme est clairement d’origine bretonne, mais il est aussi
bien représenté dans le secteur de Villeconin à l’époque considérée, c’est-à-dire dans le diocèse de Chartres .
Il est clair que cet anthroponyme était prononcé dans notre
secteur Conain, sur le modèle Silvanus-Silvain, Germanus-Germain,
etc. C’est ce qu’atteste l’évolution de notre toponyme que nous devrions
donc écrire Villeconain, si l’usage ne faisait pas loi, et
comme aussi l’atteste le patronyme moderne qui en dérive, orthographié
indifféremment selon les temps et les lieux, Conain,
Conin, Connain, ou Connin.
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Ceci dit, qui était le Conain qui a donné son nom à
notre Villeconin? Il n’est peut-être pas impossible de le
déterminer, vu la relative rareté de cet anthroponyme et son
caractère nettement breton.
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Le Cartulaire de Saint-Père de Chartres nous parle effectivement
d’un comte de Bretagne appelé Conamus (sic) et présent
à Chartresle 16 août 979 (2). Il s’agit de
Conan Ier. Ce prince est mort le 27 juin 992. Il a eu pour fils et succcesseur
Geoffroi Ier Bérenger, mort le 20 novembre 1008. Geoffroy lui-même
a eu pour fils et successeur Alain III, décédé le 1er
octobre 1040. Alain III a épousé lui-même Berthe de Chartres-Blois,
fille d’Eudes II de Blois et sœur de Thibaud III, dont il a eu pour fils et
successeur Conan II.
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(2) Éd. Guérard,
t. I, 1840, p. 66: Conamus comes Brittaniæ.
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Le Nécrologe de Notre-Dame de Chartres mentionne précisément,
aux ides de décembre, la mort de Conan II de Bretagne, le 11 décembre
1067: pour le salut de l’âme de son fils, Berthe, qui est revenue
à Chartres après le décès de son second époux
Hugues du Maine, a offert un ciboire (3).
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(3) Éd. Lépinois
et Merlet, Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, tome III, 1865, p.
220: Obiit Conanus, Britannorum comes, pro cujus anima Berta, comitissa,
mater ejus, altare hujus ęcclesię decoro exornavit cyborio).
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En effet Berthe, sœur de Thibaud III de Blois, après la mort de son
mari Alain, duc de Bretagne, se remaria avec Hugues II, comte du Maine,
mort lui même le 26 mars 1051, avant de revenir finir ses jours pieusement
à Chartres entre 1051 et 1085, date de sa mort (4).
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(4) Lépinois, Histoire de Chartres,
1854, t. I, p. 332; Lépinois et Merlet, Cartulaire de Notre-Dame
de Chartres, tome I, 1862, p. 95, note 2.
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Nous trouvons aussi, par ailleurs, tout au long du premier tiers du XIIe
siècle, un moine de Saint-Père de Chartres appelé
Conanus, mentionné tantôt comme un simple
moine (5). Vers 1101
cependant, il est titré chambrier (6). A une date indéterminée entre 1116 et 1149, il
est titré chevécier, cité après le cellérier
Hubert (7), et de même
entre 1101 et 1129 (8). C’est sans doute le
même qui est enfin titré cellérier de Saint-Père
et témoin à Chartres le 27 novembre 1126 (9) et qui mentionné aussi en temps que tel
à une date comprise entre entre 1101 et 1129 (10).
Ce porteur isolé du nom Conan à Chartres
confirme les liens du pays chartrain avec la Bretagne, mais d’une manière
qui reste énigmatique. Il pourrait s’agir d’un bâtard, ou
d’un petit-fils de Conan II
qui aurait été placé par la pieuse comtesse au monastère
Saint-Père de Chartres.
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(5) Dans une charte de date indéterminée
(Éd. Guérard, t. II, 1840, p. 330: Conanus monachus),
dans une autre (p.354: quibusdam ex nobis… Conano scilicet, etc.)
et dans une autre encore datée du 18 janvier 1132 (p. 376: Conanus
monachus).
(6)
Ibid., p. 338: domno Conano, sancti Petri camerario…
domni Conani.
(7)
Ibid., p. 402: domnus Connanus capicerius.
(8) Ibid.,
p. 500: domnus Conanus capicerie hujus ecclesie officio serviebat… domnum
Conanum… domno Conano.
(9) Ibid., pp.
264 et 267: Conanus cellerarius.
(10) Ibid.,
p.274: capicerie hujus nostre ecclesie quam tunc Conanus
administrabat.
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On peut donc se demander quoi qu’il en soit si le domaine Villeconin n’avait
fait partie de la dote de Berthe de Chartres-Blois en 1018, et si, à
ce titre, il n’était pas échu à son fils Conan II,
duc de Bretagne de 1040 à 1067; cependant il se présente ici
une légère difficulté, vu qu’elle lui a survécu
et n’est morte elle-même qu’en 1085.
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Je propose donc de supposer que Villeconin tire son nom, sinon de
Conan II, d’un Conain bâtard ou petit-fils de Conan II, à
qui l’aurait légué sa grand-mère ou arrière
grand-mère la comtesse Berthe, fille d’Eudes de Blois, et qui peut-être
se fit moine à Saint-Père de Chartres à la fin du XIe
siècle.
On remarquera d’ailleurs que l’église de Saint-Aubin
est curieusement sous la titulature de saint Aubin, saint d’origine bretonne,
originaire précisément de Vannes, dont on trouvera à cette adresse la Vita, d’après un
manuscrit enluminé du XIe siècle. Cette vita
le fait ordonner évêque par saint Melaine, évêque
de Rennes, soulignant donc cette origine bretonne.
Précisément Conan II est inhumé
dans l’abbatiale Abbaye Saint-Melaine de Rennes où sa tombe a été
retrouvée sous la tour lors de la restauration qu’ont nécessitée
les dégâts de la seconde guerre mondiale.
J’ai bien conscience que cette hypothèse est un
peu audacieuse, mais elle prête moins à sourire que la garenne
qu’on supposait jusqu’alors.
B.G., 19 juin 2008
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la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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