1. Première
traduction (2008)
Eugenius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Teobaldo, priori
monasterii beate Marie de Longo Ponte, ejusque fratribus, tam presentibus
quam futuris, regularem vitam professis, in perpetuum.
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Eugène, évêque, esclave des esclaves de Dieu,
à ses chers fils Thibaud, prieur du monastère de Longpont
de Notre-Dame de Longpont et les frères tant présents qu’à
venir qui ont fait profession d’y vivre selon la règle, pour valoir
à perpétuité.
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Quociens illud a nobis petitur quod religioni
& honestati convenire dinoscitur, animo nos decet libenti concedere,
& petentium desideriis congruum impertiri suffragium.
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Autant de fois qu’on nous demande quelque chose qui est manifestement
en accord avec la religion et les convenances, il importe que nous le concédions
de bon gré et que nous donnions notre agrément à
ceux qui nous adressent une juste demande.
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Ea propter, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus
clementer annuimus, & prefatum monasterium, in quo divino mancipati
estis obsequio, sub beati Petri & nostra protectione suscipimus, &
presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones,
quecumque bona idem monasterium in presentiarum juste & canonice possidet,
aut in futurum, concessione pontificum, largitione regum vel [p.60] principum, oblatione
fidelium seu aliis justis modis, Deo propicio, poterit adipisci, firma
vobis vestrisque successoribus & illibata permaneant.
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C’est pourquoi, très chers fils dans le Seigneur, nous avons consenti
à vos justes requêtes, et nous prenons sous la protection
de saint Pierre et la nôtre le susdit monastère dans lequel
vous vous êtes soumis au service de Dieu, et nous le protégeons
par l’octroi du présent privilège, en statuant que tous les
biens que possède actuellement le dit monastère en accord
avec la justice et le droit canon, ou bien qu’il pourra acquérir
à l’avenir, soit par la concession de prélats, ou par la libéralité
de rois ou de princes, ou par l’offrande de fidèles, ou par d’autres
moyens légitimes, avec l’aide de Dieu, demeurent votre propriété
et celle de vos successeurs, fermement et inviolablement.
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In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis: In episcopatu
parisiensi, villam videlicet de Longo Ponte cum decima & atrio; capellam
sancti Juliani, Parisius, juxta Parvum Pontem sitam, cum sepultura; ecclesiam
de Forgiis cum decima & atrio; ecclesiam de Orceaco cum decima &
atrio; ecclesiam de Piscosis cum decima & atrio; ecclesiam de Champlant
cum atrio & tercia parte decime & dimidio modio; ecclesiam de Bunduflo
cum decima & atrio; ecclesiam de Orengiaco cum decima & atrio;
ecclesiam de Noereio cum decima; decimas de Monte Leterico; medietatem decimarum
Viriaci; decimas de Joi; medietatem decimarum de Monteclein; medietatem
decimarum de Saviniaco; quartam partem decime Sancti Mederici; decimas de
Britiniaco & Plesseiz; quartam partem decimarum Ville Abbatis; villam
que vocatur Saviniacus; villam que vocatur Ver, & sextam partem decimarum;
medietatem ville Soliniaci cum medietate decimarum; medietatem ville que
vocatur Champlant; in villis Jude & Fretnes terciam partem decimarum
& tractum tercio anno.
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Parmi ces propriétés il nous a paru bon de mentionner celles-ci
nominativement. Dans le diocèse de Paris, le domaine de Longpont,
avec sa dîme et son cimetière; la chapelle de Saint-Julien
à Paris, sise à côté du Petit Pont, avec le
droit d’ensevelissement; l’église de Forges[-les-Bains] avec sa
dîme et son cimetière; l’église d’Orsay avec sa dîme
et son cimetière; l’église de Pecqueuse, avec sa dîme
et son cimetière; l’église de Champlant avec son cimetière
et le tiers de sa dîme plus un demi-muid; l’église de Bondoufle
avec sa dîme et son cimetière; l’église d’Orangis avec
sa dîme et son cimetière; l’église de Nozay avec sa
dîme; les dîmes de Montlhéry; la moitié des dîmes
de Viry; les dîmes de Jouy[-en-Josas]; la moitié des dîmes
de Monteclain; la moitié des dîmes de Savigny; le quart de
la dîme de Saint-Merry [de Linas]; les dîmes de Brétigny
et du Plessis; le quart des dîmes de Villabé; le domaine appelé
Savigny; le domaine appelé Ver et le sixième de ses dîmes;
la moitié du domaine de Soligny avec la moitié de ses dîmes;
la moitié du domaine appelé Champlan; dans les domaines de
Villejuif et de Fresne[-lès-Rungis], le tiers des dîmes et
la rétribution du percepteur de la dîme une année sur
trois.
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In archiepiscopatu Senonensi, terciam partem decimarum de Mandavilla.
In episcopatu Carnotensi, monasterium Sancti Andree de Orphegiis &
obedientiam de Papinivilla cum appendiciis suis. In episcopatu Luxoviensi, monasterium de Tocha cum pertinentiis
suis; decimam de Ophergiis.
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Dans le diocèse de Sens, le tiers des dîmes de Mondeville.
Dans le diocèse de Chartres, le monastère Saint-André
d’Auffargis et le prieuré de Paponville avec ses dépendances.
Dans le diocèse de Lisieux, le monastère de Touques avec
ses dépendances. La dîme d’Auffargis.
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Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium
temere perturbare, aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere,
minuere aut aliquibus vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur,
eorum, pro quorum gubernatione (1) &
sustentatione concessa sunt, usibus omnimodis pro futura, salva sedis apostolice
auctoritate & Cluniacensium abbatum obedientia, atque diocesanorum episcoporum
canonica [p.61] justicia.
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Nous décrétons donc qu’il ne sera loisible à personne
que ce soit d’oser inquiéter le dit monastère, ni de lui
enlever ses possessions, ni de les détenir après qu’elles
lui auraient été enlevées, ni de les diminuer, ni
de les harceler de quelque manière que ce soit; mais que toutes resteront
intégralement à disposition de ceux pour la traite (1) et l’entretien desquels elles ont été
données, quelque usage qu’ils veuillent en faire, dans la limite
de l’autorité du pape, de l’obéissance due aux abbés
de Cluny et de la juridiction canonique des évêques de chaque
diocèse.
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Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve
persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere temptaverit
venire, secundo terciove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit,
potestatis honorisque sui dignitate careat, reamque se divino judicio
existere de perpetrara iniquitate cognoscat & a sacratissimo corpore
ac sanguine Dei & Domini redemptoris nostri Jesu Christi aliena fiat
atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem
loco justa servantibus fit pax domini nostri Jesu Christi, quatenus &
hic fructum bone actionis percipiant & apud districtum judicem premia
eterne pacis inveniant. Amen — amen — amen. —
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Si donc quelque personne que ce soit à l’avenir, ecclésiastique
ou laïque, informée de la teneur de notre édit, ose
y contrevenir, quand elle aura été avertie deux ou trois fois,
si elle ne s’amende pas en y obtempérant comme il faut, qu’elle
soit privée de la dignité de sa seigneurie ou de sa charge,
qu’elle sache qu’elle se trouve sous le coup du jugement de Dieu, qu’elle
soit privée des très saints corps et sang de Jésus-Christ,
et qu’au jugement dernier elle soit l’objet d’un châtiment rigoureux;
quant à tous ceux qui conserveront au dit établissement ses
biens légitimes, que la paix de notre seigneur Jésus Christ
soit avec eux, qu’il reçoivent ici-bas le fruit de leur bonne action
et qu’ils obtiennent du Juge rigoureux la récompense de la paix
éternelle. Amen, amen, amen.
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Ego Eugenius, catholice ecclesie episcopus, SS. Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli [sancti] Calixti,
SS. Ego Julius, presbiter cardinalis tituli sancti Marcelli, SS. Ego Ubaldus,
presbiter cardinalis tituli sancte Crucis in Jerusalem, SS. Ego Imarus,
Tusculanensis episcopus, SS. Ego Nicolaus, Albanensis episcopus, SS. Ego
Hugo, Hostiensis episcopus, SS. Ego Bernardus, presbiter cardinalis, tituli
sancti Clementis, SS. Ego Otto, diaconus cardinalis sancti Georgii (2) ad Velum aureum, SS. Ego Gregorius, diaconus
cardinalis sancti Angeli, SS. Ego Guido, diaconus cardinalis sancte Marie
in Porticu, SS. Ego Johannes, sancti Sergii & Bachi diaconus cardinalis,
SS.
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Moi Eugène, évêque de l’église catholique,
j’ai signé. Moi Grégoire cardinal-prêtre du titre de
Saint-Calixte, j’ai signé. Moi Jules, cardinal-prêtre du
titre de Saint-Marcel, j’ai signé. Moi Hubaud, cardinal-prêtre
du titre de Sainte-Croix-en-Jérusalem, j’ai signé. Moi, Imar,
évêque de Tuscolo, j’ai signé. Moi Nicolas, évêque
d’Albano, j’ai signé. Moi Hugues, évêque d’Ostie,
j’ai signé. Moi Bernard, cardinal-prêtre du titre de Saint-Clément,
j’ai signé. Moi Othon, cardinal-diacre de Saint-Georges-au-Vélabre
(2), j’ai signé. Moi Grégoire, cardinal-diacre
de Saint-Ange, j’ai signé. Moi Guy, cardinal-diacre de Notre-Dame-du-Portique,
j’ai signé. Moi Jean, cardinal-diacre de Saints-Serge-et-Bache,
j’ai signé.
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Datum Signie, per manum Bosonis, sancte romane ecclesie scriptoris,
VIII Kalendas Marcii, indictione XV, incarnationis Dominice anno M°
C° L° I° pontificatus vero domni Eugenii tercii pape anno septimo.
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Donné à Segni, par la main de Boson, secrétaire de
la sainte Église de Rome, le 8 des calendes de Mars [21 février],
indiction 15, l’an de l’incarnation du Seigneur 1151 [1152 en nouveau
style] et 7 du pontificat de monseigneur le pape Eugène III.
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NOTULES
(1) Gubernatio est ici un vulgarisme
qui n’a pas été relevé à ma connaissance par
aucun dictionnaire de latin médiéval. Gouverner
signifie notamment en ancien français, selon le Lexique
de Godefroy, «entretenir, nourrir, pourvoir à» et
se gouverner a notamment pour sens «tirer ses moyens
d’existence» (B.G.).
(2) Le cartulaire porte par erreur Sancti
Gregorii (de Saint-Grégoire), pour Sancti Georgii
(de Saint-Georges). Nous corrigeons ici le texte selon la suggestion de
Marion dans sa note 4 (B.G.).
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2. Texte
et notes de Marion (1879)
Eugenius (1), episcopus, servus servorum
Dei, dilectis filiis ii p Teobaldo, priori monasterii beate Marie de Longo
Ponte, ejusque fratribus, tam presentibus quam futuris, regularem vitam
professis, in perpetuum.
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1152, 21 février.
(1) Eugène
III, pape. — mars 1145 —8 juillet 1153.
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Quociens illud a nobis petitur quod religioni & honestati convenire
dinoscitur, animo nos decet libenti concedere, & petentium desideriis
congruum impertiri suffragium. Ea propter, dilecti in Domino filii, vestris
justis postulationibus clementer annuimus, & prefatum monasterium,
in quo divino mancipati estis obsequio, sub beati Petri & nostra protectione
suscipimus, & presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut
quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium in presentiarum
juste & canonice possidet, aut in futurum, concessione pontificum, largitione
regum vel [p.60] principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis, Deo propicio,
poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus & illibata permaneant.
In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis: In episcopatu parisiensi,
villam videlicet de Longo Ponte cum decima & atrio; capellam sancti
Juliani, Parisius, juxta Parvum Pontem sitam, cum sepultura; ecclesiam de
Forgiis cum decima & atrio; ecclesiam de Orceaco cum decima & atrio;
ecclesiam de Piscosis cum decima & atrio; ecclesiam de Champlant cum
atrio & tercia parte decime & dimidio modio; ecclesiam de Bunduflo
cum decima & atrio; ecclesiam de Orengiaco cum decima & atrio; ecclesiam
de Noereio cum decima; decimas de Monte Leterico; medietatem decimarum Viriaci;
decimas de Joi; medietatem decimarum de Monteclein; medietatem decimarum de
Saviniaco; quartam partem decime Sancti Mederici; decimas de Britiniaco &
Plesseiz; quartam partem decimarum Ville Abbatis; villam que vocatur Saviniacus;
villam que vocatur Ver, & sextam partem decimarum; medietatem ville Soliniaci
cum medietate decimarum; medietatem ville que vocatur Champlant; in villis
Jude & Fretnes terciam partem decimarum & tractum (2) tercio anno. In archiepiscopatu Senonensi,
terciam partem decimarum de Mandavilla. In episcopatu Carnotensi, monasterium
Sancti Andree de Orphegiis & obedientiam de Papinivilla cum appendiciis
suis. In episcopatu Luxoviensi, monasterium de Tocha cum pertinentiis suis;
decimam de Ophergiis. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum
monasterium temere perturbare, aut ejus possessiones auferre vel ablatas
retinere, minuere aut aliquibus vexationibus fatigare, sed omnia integra
conserventur, eorum, pro quorum gubernatione & sustentatione concessa
sunt, usibus omnimodis pro futura, salva sedis apostolice auctoritate &
Cluniacensium abbatum obedientia, atque diocesanorum episcoporum canonica
[p.61] justicia. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona
hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere temptaverit venire,
secundo terciove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit, potestatis
honorisque sui dignitate careat, reamque se divino judicio existere de perpetrara
iniquitate cognoscat & a sacratissimo corpore ac sanguine Dei & Domini
redemptoris nostri Jesu Christi aliena fiat atque in extremo examine districte
ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco justa servantibus fit pax domini
nostri Jesu Christi, quatenus & hic fructum bone actionis percipiant
& apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. Amen — amen
— amen. —
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(2) Le droit
qualifié tractus ou tractus decimæ
serait, d’après Ducange, une dîme levée sur la dîme
elle-même (redecima), sans doute au profit du collecteur.
(V° Tractus, 3.) [p.62]
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Ego Eugenius, catholice ecclesie episcopus, SS. (3). Ego Gregorius
presbiter cardinalis tituli [sancti] Calixti, SS. Ego Julius, presbiter
cardinalis tituli sancti Marcelli, SS. Ego Ubaldus, presbiter cardinalis
tituli sancte Crucis in Jerusalem, SS. Ego Imarus, Tusculanensis episcopus,
SS. Ego Nicolaus, Albanensis episcopus, SS. Ego Hugo, Hostiensis episcopus,
SS. Ego Bernardus, presbiter cardinalis, tituli sancti Clementis, SS. Ego
Otto, diaconus cardinalis sancti Gregorii (4)
ad Velum aureum, SS. Ego Gregorius, diaconus cardinalis sancti Angeli,
SS. Ego Guido, diaconus cardinalis sancte Marie in Porticu, SS. Ego Johannes,
sancti Sergii & Bachi diaconus cardinalis, SS.
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(3)
En avant de la signature du Pape est destiné le fac-simile du sceau
de plomb, portant, suivant la forme consacrée, les mots: SCS PETRVS,
SCS PAULVS, EVGENIVS PP III. disposés dans les quatre cantons
de la croix centrale, &, en exergue, la devise d’Eugène III:
Domine, signum in bonum fac mecum. — Toutes les signatures
des témoins sont précédées de grandes croix,
tracées alternativement à l’encre rouge & à
l’encre verte.
(4) Lisez:
Georgii. — Il s’agit de la basilique cardinalice de
Saint Georges au Vélabre.
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Datum Signie, per manum Bosonis, sancte romane ecclesie scriptoris,
VIII Kalendas Marcii, indictione XV, incarnationis Dominice anno M°
C° L° I° pontificatus vero domni Eugenii tercii pape anno
septimo (5).
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(5) 1152 (nouveau style). — La chancellerie
d’Eugène III faisait partir le commencement de l’année,
tantôt du 1er janvier, tantôt du 25 mars. C’est d’après
le dernier de ces deux usages qu’est datée la présente bulle.
En effet, elle porte la double indication de l’année 1151 & de
la septième année du pontificat. Or, la septième année
d’Eugène III court du 4 mars 1151 au 4 mars 1152. Le 21 février
de la septième année (date de la bulle) est donc
évidemment le 21 février 1152 (nouv. st.); pour que
ce 21 février porte en même temps le millesime de 1151, il
faut de toute nécessité que l’année 1151 ait commencé
seulement le 25 mars & se soit prolongée jusqu’à la même
date de l’année suivante
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