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Stéphane
Mallarmé avait pour usage de porter, sur les enveloppes de certaines
de ses lettres, un quatrain en guise d’adresse. Deux de ces quatrains-adresses
sont conservés, concernant Louise Abbéma. L’un fait allusion
à des Cupidons peints par l’artiste, l’autre à une visite de Louise au domicile du
poète à Vervins (le doux coin vert qu’elle aima), sans
doute d’un des fameux mardis où le poète recevait
tout se qui comptait à Paris.
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Les Cupidons qu’elle essaima |
Missive en sourires confite, |
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ARMAND
SYLVESTRE
Sur l’atelier de Louise Abbéma C’est dans son atelier de la rue Laffitte que, chaque jour, debout devant son chevalet, Louise Abbema reçoit ses amis et ses visiteurs. Toujours cordiale et de souriant accueil, spirituelle sans méchanceté, aimable sans s’efforcer à le paraître, serviable et bonne, elle impose à la sympathie à tous, sa personne et son mérite. |
OLIVIA DROIN
Sur les l’atelier de Louise et le 2e quatrain Louise Abbéma habitait avec ses parents au 47 de la rue Laffitte dans un grand appartement situé au cinquième étage, et d’où l’on pouvait voir la tour Eiffel. Elle y avait son atelier dans lequel elle recevait chaque jour, devant son chevalet, ses amis et ses visteurs. Stéphane Mallarmé le frquentait comme le prouve ce charmant quatrain qu’il envoya à l’artiste (...). Il ne faut toutefois pas voir dans ce quatrain plus qu’il ne contient. Il faut en effet savoir que Stéphane Mallarmé s’était fait une spécialité de ce type de quatrain, associant un artiste, son adresse, et sa couleur favorite. [En note:] A titre d’exemple, notons cet autre quatrain destiné au portraitiste Paul Helleu (1859-1927): «Au 55 avenue Bugeaud Louise Abbéma, 1993, p. 55
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YVES BONNEFOY
Sur les Vers de circonstance de Mallarmé Rien ne serait plus absurde (…) que de placer ces menus poèmes au même plan de la qualité poétique que ces autres, les grands, qui comptent parmi les plus ambitieux que l’on ait jamais écrits. L’or du futile, 1997, p. 7
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ANNABELLE MIMOUNI
Sur les quatrains-adresses de Mallarmé Parmi les œuvres de circonstance écrites par Mallarmé, on trouve des quatrains-adresses que le poète destine à ses amis. Au facteur, il propose l’énigme de l’adresse et convie le destinataire (Manet, Hérédia, Catulle Mendès, Degas...) à en traquer le sens. L’intérêt que Mallarmé porte à ces petits objets littéraires le pousse, en 1892, à envisager leur publication et à concevoir la maquette d’une couverture qui évoque la forme des missives. Les destinataires des quatrains-adresses sont nombreux. Au premier rang d’entre eux, se trouve la belle Méry Laurent. Dame de cœur de l’écrivain, celle qu’il appelle le “Petit Paon” lui fut probablement présentée par Manet dont elle fut le modèle. Comme d’autres artistes et écrivains, Mallarmé est séduit par le charme de cette femme moderne, généreuse, à la beauté sculpturale, dont il célébre la chevelure flamboyante. Fidèle confidente, elle accompagne Mallarmé des années 1880 jusqu’à sa mort (Voir les Quatrains-adresses à Méry Laurent). Outre les enveloppes sur lesquelles il inscrit des adresses, Mallarmé, amoureux des objets et des formes précieuses, prend pour support de ses vers des éventails, des galets, des boîtes de fruits glacés pour le nouvel an, des livres... La langue est ainsi partout, toujours à l’œuvre. Musée d’Orsay, Exposition
Mallarmé de 1998
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PHILIPPE OLIVERA
& ANNE PARIAN
Sur Méry Laurent, principale inspiratrice des Vers de circonstance. On lui doit encore la plus grande partie des Vers de circonstance, qu’elle inspira ou suscita comme un jeu de société ou un art de salon, transformant le rêveur du Livre évidemment consentant et discrètement ravi en «secrétaire du paon»: «cela sort de chez toi» lui écrivait Mallarmé en 1892, alors qu’il s’apprêtait à publier ses quatrains-adresses. Stéphane Mallarmé,
avant 2004.
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PIERRE
BAUGEY & ASSOCIÉS
Sur un tableau de Vuillard repésentant la maison de Mallarmé à Valvins (Le doux coin vert qu’elle aima) 28. Édouard Vuillard (1868-1940). La maison de Mallarmé à Valvins. Huile sur panneau parqueté signée en bas à droite (Hauteur 14,5 cm | largeur 41,8 cm; 120 000 / 180 000 €). Exposition: — «Stéphane Mallarmé» à Valvins. Provenance: — Collection privée. La Maison de Mallarmé à Valvins témoigne de l’amitié qui unissait le peintre et l’écrivain. Stéphane Mallarmé aimait recevoir ses amis dans sa maison à Valvins, près de Fontainebleau. Au cours des fameux «mardis» de Mallarmé, on pouvait croiser Odilon Redon, les Natanson, Paul Valéry, ou bien encore Berthe Morisot, Édouard Manet et Édouard Vuillard. Nombreux sont les peintres qui ont fait le portrait de l’écrivain mais Vuillard préfère quant à lui peindre la maison de l’écrivain. Cette toile, traitée par le peintre nabi comme une frise décorative, est à mettre en parallèle avec une huile sur carton, conservée au Musée d’Orsay, également intitulée La maison de Mallarmé à Valvins et datée de 1896. Catalogue de Vente,
décembre 2002.
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BERNARD GINESTE
Sur les Cupidons de Louise Abbéma et sur le doux coin vert qu’elle aima.
Le Corpus Étampois
a déjà mis en ligne deux réalisations de Louise Abbéma
mettant en scène des Cupidons (autrement dits Amours,
ou angelots). L’un apparait dans un croquis illustrant un poème
d’Émile Goudeau paru en 1887. L’autre est une huile sur toile pour
plafond datant des environs de 1910. Allez les voir en cliquant sur ces images.
Faut-il imaginer que Louise Abbéma avait peint chez Mallarmé quelque scène analogue, comme elle le fit probablement dans plus d’une maison bourgeoise du temps? Le doux coin vert qu’aima Louise Abbéma , c’est probablement le jardin de la maison de Stéphane Mallarmé à Valvins, ce qui tend à indiquer que Louise Abbéma a dû participer au moins à l’un des fameux mardis de Mallarmé. La mention de la couleur verte n’indique pas nécessairement la couleur préférée de l’artiste, qui n’était pas mentionnée systématquement, comme on le voit par ce quatrain exquis adressé à Monet: Monsieur Monet que l’hiver ni Corpus Étampois,
2004
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Stéphane MALLARMÉ, Projet manuscrit d’une édition de ses Récréations postales, 1892, conservé à la bibliothèque de l’université de Glasgow (Glasgow University Library, Special Collections Department) [selon MIMOUNI 1998]. Stéphane MALLARMÉ, Récréations postales de Stéphane Mallarmé, Londres, James R. Osgood McIlvaine & Co, 1893 [selon MIMOUNI 1998]. Dr Edmont BONNIOT (gendre de Mallarmé) [éd.], Stéphane Mallarmé. Vers de circonstance, avec un quatrain autographe. Publié par E. B. [in-8°; XII+193 p.; fac-similé], Paris, Nouvelle Revue française, 1920, p. ?. Rééditions: 1) [in-18; XII+193 p.; fac-similé], Paris, Nouvelle Revue française, 1920, p. ?. 2) [in-16; 205 p. ; fac-similé], Paris, Gallimard, 1952, p. ?. Henri MONDOR (1885-1962) & Georges JEAN-AUBRY (1882-1949) [éd.], Mallarmé. Œuvres complètes. Édition établie et annotée par Henri Mondor et G. Jean-Aubry [in-16 (18 cm); XXVI+1660 p. bibliographie pp. 1325-1372)], Paris, Gallimard [«Bibliothèque de la Pléïade» 65], 1945. Réédition en 1951. 1965 [dont une édition numérique (5 unités numérisées) par l’INaLF («Frantext»), 1997, non mises en ligne en 2004]. 1979. 1984. 1989. 1992. 1998, p. ?. N.B. : les «Vers de circonstances» ont été numérisés à part (73 Ko) par l’INaLF («Frantext» M624), 1997 mais ne sont pas en ligne sur le site Gallica de la BNF en 2004. Jean-Claude BABELON (1931-) & Roselyne HUREL, Le Parisien chez lui au XIXe siècle. 1814-1914. Archives nationales, Hôtel de Rohan, novembre 1976-février 1977 [catalogue d’exposition; 24 cm; 166 p.; broché; illustrations; bibliographie p. 21; index], Paris, Archives nationales, 1976 [ISBN 2-86000-022-4], p. ? [cite le 2e quatrain, repris par DROIN 1996]. Olivia DROIN, Louise Abbéma (1853-1927) [2 volumes dactylographiés de format A4; 152 p. & 121 p. de catalogue], Mémoire de DEA d’Histoire de l’Art soutenu à l’Université Panthéon-Sorbonne de Paris I sous la direction du Professeur Daniel Rabreau, octobre 1993, tome 1, p. 55 & note 178 [suit BABELON 1976; texte altéré du 2e quatrain]. Carl Paul BARBIER & Charles Gordon MILLAN [éd.], Stéphane Mallarmé. Œuvres complètes. 1. Poésies. Édition critique présentée par Carl Paul Barbier et Charles Gordon Milan [24 cm; XXXII+794 p.; 4 p. de planches; illustrations; bibliographie pp. 767-770], Paris, Flammarion, 1983 [dont une édition numérique par la BNF en 1995, non mise en ligne en 2004], p. ?. Bertrand MARCHAL [éd.] & Yves BONNEFOY [préfacier], Stéphane Mallarmé. Vers de circonstance, avec des inédits. Préface d’Yves Bonnefoy. Édition établie et annotée par Bertrand Marchal [18 cm; 302 p.; broché; notes bibliographiques; index; comprend: «récréations postales», «Autres quatrains-adresses», «éventails», «dons», «offrandes» & «dédicaces»], Paris, Gallimard [«Collection Poésie» 296], 1996 [ISBN 2-07-032906-2], p. 74 («Récréations postales» n°8: 1er quatrain) & p. 85 («Autres quatrains-adresses» n°10; 2e quatrain). Bertrand MARCHAL (1951-) [éd.], Mallarmé. Œuvres complètes. Tome premier. Édition présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal [18 cm; LXX+1529 p.; bibliographie pp. 1456-1477; index], Paris, Gallimard [«Bibliothèque de la Pléïade» 65], 1998 [ISBN 2-07-011558-5; 340 €], p. ?. Bertrand MARCHAL (1951-) [éd.], Mallarmé. Œuvres complètes. 2. Édition présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal [18 cm; XIX+1907 p.; bibliographie pp. 1823-1834; notes bibliographiques; index], Paris, Gallimard [«Bibliothèque de la Pléïade» 497], 2003 [ISBN 2-07-011559-3; 73 €], p ?. Études
Olivia DROIN, «L’atelier de la rue Laffitte», in ID., op. cit., 1993, tome 1, pp. 55-57. Yves BONNEFOY, «L’or du futile» [préface], in Bertrand MARCHAL [éd.], Stéphane Mallarmé. Vers de circonstance, Paris, Gallimard [«Poésie Gallimard» 4], 1996, p. 7. Pierre BRUNEL, Les poésies de Stéphane Mallarmé ou échec au néant [160 p.], Paris, Éditions du temps [«Lecture d’une œuvre»], 1998 [dont une édition numérique partielle au format pdf, par exemple http://www.edutemps.fr/intro/INmal.pdf, et des «éléments bibliographiques», http://www.edutemps.fr/biblio/BI1mal.pdf, en ligne en 2004]. Annabelle MIMOUNI [service culturel du Musée d’Orsay], «Salle 3: Jouer avec les mots. Récréations postales de Stéphane Mallarmé», in MUSÉE D’ORSAY, Stéphane Mallarmé (exposition), http://www.musee-orsay.fr/ORSAY/orsayNews/FipedagO.nsf/0/34f7ed24131c5bf0c1256bec002f6f72/$FILE/_m9lgmor31e9mo4_.pdf, 1998, p. 3. PIERRE BERGÉ & ASSOCIÉS, «28. Édouard Vuillard (1868-1940): La maison de Mallarmé à Valvins», in ID., Vente aux enchères publiques. Paris. Pierre Bergé & associés. Tableaux Modernes. Mardi 10 décembre 2002. 19 h. Hôtel Plaza Athénée. 25 avenue Montaigne 750008 Paris [catalogue illustré], Paris, Pierre Bergé, 2002 [dont une édition numérique au format pdf, http://www.pba-auctions.com/images/catalogues/ventes_2002/pdf_2002/10-12-02a.pdf, en ligne en 2004], pp. 60-61. ANONYME [rédacteur anonyme du site Mallarmé.Net], «Biographie de Mallarmé» http://www.mallarme.net/article132.html, 2003 (en ligne en 2004). Philippe OLIVERA & Anne PARIAN «Stéphane Mallarmé: Mery», in ADSF PUBLICATIONS, La Petite bibliothèque: Des auteurs, http://www.adpf.asso.fr/adpf-publi/folio/mallarme/mallarme11.html, en ligne en 2004. Toute critique
ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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