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Le Corpus Étampois ne manquera pas de mettre en ligne de
nombreux documents relatifs à l’affaire Simmoneau, qui mit Étampes
au centre de l’actualité politique, en ces mois de mai et juin 1792.
Voici les deux morceaux qui ont été exécutés au Champ-de-Mars, le 3 juin 1792, à la mémoire et à la gloire du maire d’Étampes: HYMNE FUNÈBRE et CHANT DE TRIOMPHE. Les paroles en étaient d’un poète alors fameux, Roucher. Elles avaient été mises en musique par le compositeur non moins fameux Gossec. Nous donnons ici, outre le texte de ces chants, deux notices sur ROUCHER, l’une de GODEFROY et l’autre de GÉRUZEZ, plus quelques informations sur GOSSEC, compositeur un peu oublié. |
O toi qu’ont trompé les méchants; Gémis: qui prends-tu pour victime? Sur qui frappent tes coups sanglants? Ils succombent sous ta furie, Les magistrats choisis par toi. Simonneau! Simonneau! Tu meurs, et la patrie S’écrie: O jour de sang! O jour impie! L’homicide a souillé l’écharpe de la loi. |
Salut et respect à la loi!
Honneur
au citoyen qui lui reste fidèle!
Triomphe
au magistrat qui sut mourir pour elle!
Salut et respect à la loi!
Qu’on la chérisse, qu’on la craigne;
Elle règne
Par l’amour et par l’effroi.
Nouveau
peuple français, marche sous son enseigne;
La
sainte liberté va marcher avec toi.
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Source: Léon Marquis, Les rues d’Étampes et ses monuments, 1881, p. 139 (tiré du Journal de Paris du 3 juin 1792). Saisie: Bernard Gineste, juillet 2001. |
C’est qu’il faut se résoudre à voir finir son être..... Sans chercher dans la nuit d’un douteux avenir Un glaive impitoyable affamé de punir.»
«Qui tôt ou tard s’envole, éparse au gré des vents.»
Tandis que, haletant,
l’homme, ainsi que les fleurs,
(2) Bibliothèque critique des poètes français, t. I, p 76.(3) (3) A la fin du seizième siècle, en 1583, un poète appelé Guide, et connu sous le nom grécisé de Philibert Hégémon, avait publié un poème intitulé: La Colombière, contenant une description des douze mois et quatre saisons de l’année, avec enseignement de ce que le laboureur doibt faire par chascun mois. (4) Lettre au citoyens Desherbiers, Mél. Hist., IX, 29. |
Le 7 thermidor 1794, au moment où se formait l’orage qui devait éclater deux jours après et renverser Robespierre, une charrette chargée de condamnés quittait lentement la Conciergerie, et sur un ses bancs le sort, par une dernière faveur en ce moment sinistre, avait placé côte à côte deux hommes, l’un déjà mûr, l’autre jeune encore, tous deux célèbres, tous deux poëtes, tous deux amis de la liberté qu’ils avaient voulu établir et dont ils étaient dignes, car ils la voulaient fondée sur la justice et dans la mesure convenable à nos mœurs, Roucher et André Chénier, qui purent du moins, sur le fatal tombereau qui les conduisait au supplice, échanger quelques mots d’amitié et de poésie. La mort qui les a réunis ne les a pas égalés. Roucher demeure bien inférieur au vrai poëte, «au jeune cygne,» comme dit M. Delatouche (1), «qui périt,» à côté de lui, «étouffé par la main sanglante des révolutions.» Aussi n’avons-nous pas l’intention de le remettre sur le piédestal où l’avait porté un caprice éphémère de l’opinion, et peut-être aurions-nous négligé de rappeler ses titres si nous n’avions pas à protester contre une cruauté posthume de la critique dont La Harpe s’est rendu coupable envers l’auteur du poëme des mois. [p.98] Cinq années s’étaient écoulées depuis la mort de Roucher, et son poëme longtemps auparavant avait commencé d’expier dans un abandon presque complet l’excès de faveur dont il avait joui par anticipation. En effet, le discrédit de cette œuvre, qui pourtant n’est pas sans beautés (2), remontait, comme autrefois celui de Chapelain, au jour même de sa publicité. C’était, avait dit Rivarol, le grand naufrage du siècle. Le vaisseau avait sombré, non qu’il manquât de voile de pourpres et d’antennes d’or, mais faute d’agencement et de proportion. Tout était donc consommé, mais La Harpe avait sur le cœur la fidélité de Roucher aux principes que pour sa part il avait outrés et désertés, et il lui gardait rancune d’avoir trop souvent laissé, en dépit de Malherbe, «le vers enjamber sur le vers,» et, crime non moins grave, d’avoir coupé inégalement bon nombre d’alexandrins. Pour tout autre, ces délits d’enjambement et de césure auraient été effacés, mais La Harpe, qui avait quelques grandes parties du génie critique, n’était pas exempt de pédantisme; or tout pédant est [p.99] cruel par vanité; il a je ne sais quel besoin d’humilier en corrigeant, et de châtier partout avec arrogance et les péchés d’ignorance et ce qu’il appelle les injures faites au goût. Au nom du goût, La Harpe oublia la décence, et il eut le courage d’outrager longuement (3), devant un cercle de lettrés, la mémoire de l’homme de bien dont le souvenir rappelle de bonnes actions, des écrits courageux, quelques beaux vers et une mort héroïque. Comme La Harpe n’avait-il pas été désarmé par ces vers touchants écrits par Roucher la veille de sa mort, et qu’il envoyait de Saint-Lazare, ave son portrait, à une épouse, à une fille, à un fils qui ne devaient plus le revoir:
Si quelque air de tristesse obscurcit mon visage: Quand un savant crayon dessinait cette image, J’attendais l’échafaud, et je pensais à vous. La seconde victime tombée en même tems sur le même échafaud, André Chénier, avait aussi pris ses libertés d’enjambement et de césure, mais il a échappé à la férule de notre Aristarque qui les ignorait ou qui a dédaigné d’en parler, et lorsque ses vers, longtemps ensevelis, parurent trente ans après en pleine lumière, ils trouvèrent des juges mieux préparés à en goûter la nouveauté hardie et la grâce antique. (1) Notice sur André Chénier. (2) Témoin, sans parler d’autres descriptions également poétiques, ces vers sur les glaciers des Alpes:
Il (l’hiver) hérisse les monts de hautes pyramides Dont le bleuâtre éclat, au soleil s’enflammant, Change ces pics glacés en rocs de diamant. Là, viennent expirere tous les feux du solstice. En vain l’astre du jour embrassant l’Écrevisse, D’un déluge de flamme assiége ces déserts; La masse inébranlable insulte au roi des airs. Mais trop souvent la neige, arrachée à leur cime, Roule en bloc bondissant, court d’abîme en abîme, Gronde comme un tonnerre, et, grossissant toujours, A travers les rochers, fracassés dans son cours, Tombe dans les vallons, s’y brise, et des campagnes Remonte en brume épaisse au sommet des montagnes. (3) La critique du poëme des Mois, lue d’abord au Lycée, et imprimée ensuite dans le Cours de littérature, remplit plus de cent pages in-8°. |
Jean-Antoine ROUCHER, Les Mois, poème en douze chants [environ 400 p.], Paris, Quillau, 1779 [d’où une édition numérique en mode texte (305 Ko), Paris, INALF («Frantext» N394-397), 1961, mise en ligne par la BNF, gallica.bnf.fr (2001), N089536]. ANONYME, [Mention de la condamnation à mort de Roucher], in Répertoire, ou Almanach historique de la Révolution française: depuis l’ouverture de la première assemblée des notables, le 22 février 1787, jusqu’au premier vendémiaire, an Ve (22 septembre 1797), ce qui fait une espace de neuf ans et 7 mois. Vol. I [369 p.], Paris, Lefort & Moutardier, an VI [1797-1798] [fac-simile: sans lieu d’édition, Maxwell, 1992, d’où l’édition numérique (en mode image) de la BNF, gallica.bnf.fr (2001), N048830; dont une saisie en mode texte par Bernard Gineste pour le Corpus Étampois, janvier 2003], p. 213:
Eugène GÉRUZEZ, «Jean-Antoine Roucher», in Histoire de la littérature française pendant la Révolution, 1789-1800 [VIII-423 p.], Paris, Charpentier, 1859 [d’où l’édition numérique (en mode image) de la BNF, gallica.bnf.fr (2001), N028085; dont une saisie en mode texte par Bernard Gineste pour le Corpus Étampois, janvier 2003, janvier 2003], pp. 97-99. Frédéric GODEFROY, «Jean-Antoine Roucher (1745-1794) », in ID., Histoire de la littérature française, depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, vol. 5: XVIIIe siècle. Poètes [547 p.], Paris, sans nom d’éditeur, 1879 [fac-simile: Nendeln (Liechtenstein), Kraus reprint, 1967, d’où l’édition (en mode image) de la BNF, gallica.bnf.fr (2001), N023412; dont une saisie en mode texte par Bernard Gineste pour le Corpus Étampois, janvier 2003], pp. 439-441 [notice et deux extraits des Mois]. |
Gossec naît dans un petit village français appartenant aujourd’hui au Hainault belge. Fils de fermier, il étudie la musique à la maîtrise de l’église de Walcourt, puis à la maîtrise Notre Dame d’Anvers où il apprend le violon, le clavecin, l’harmonie, la composition sous la direction d’André-Joseph Blavier, musicien liégeois. En 1751, Rameau le fait entrer comme chef d’orchestre chez le Fermier général, illustre mécène, La Pouplinière. Il devient ensuite maître de Chapelle chez le Prince de Condé à Chantilly et est également engagé par le Prince de Conti. Il fonde le «Concert des Amateurs» où il fut le premier à diriger en France les symphonies de Haydn. Jusqu’en 1777, il dirige le «Concert Spirituel». En 1780, il est Sous-Directeur à l’Académie Royale de Musique. Jusqu’en 1785, il fait partie du comité de direction de l’Opéra. En 1784, il dirige l’école royale de chant et de déclamation qui devient en 1795 le Conservatoire National dont il fut l’un des fondateurs puis Inspecteur avec Guétry. Avec Mehul et Guétry il fonde la section musique du tout nouveau «Institut de France». Il dirige la musique de la Garde Nationale. En 1799 Napoléon le nomme membre de la commission d’examen de l’Opéra. Avec Guétry il est l’un des premiers musiciens à entrer dans l’ordre de la Légion d’Honneur. En 1815 il cesse toute activité et se retire jusqu’à se mort dans sa maison de Passy.
Le 2 novembre de la même année 1792, dans son spectacle avec
chœur et orchestre Offrande à la liberté, Gossec orchestrera
et fera triompher à l’Opéra de Paris la Marseillaise, composée
quelques mois plus tard par Rouget de Lisle et depuis quelques jours Hymne
national.
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Julien TIERSOT, «Un autographe de Gossec sur les origines du Conservatoire», in Bulletin de la Société française de musicologie 4 (avril 1919), pp. 190-191. Julien TIERSOT, «Autographes de Gossec de 1789 à 1793», in Bulletin de la Société française de musicologie 10 (novembre 1921), pp. 217-222. J.-G. PROD’HOMME, «Sur Gossec», in Revue de Musicologie 7 (août 1923), pp. 129-130. Amédée GASTOUÉ, «Gossec et Gluck à l’Opéra de Paris», in Revue de Musicologie XVI/54 (mai 1935), pp. 78-86. Roland MORTIER & Hervé TASQUIN [éd.], Fêtes et musiques révolutionnaires : Grétry et Gossec [213 p.] = Etudes sur le XVIIIe siècle 17 (1990), pp. 7-213 [spécialement: Manuel COUVREUR, «Introduction», p. 7; Dominique LAUVERNIER, «François-Joseph Gossec, compositeur dramatique: orientations pour l'étude de ses opéras et musiques de scène pour tragédies de Sabinus à Athalie», pp. 61-90; Charles VAN DEN BORREN, «De quelques manuscrits autographes inédits de Gossec», pp. 91-98; Malou HAINE, «Sonorités nouvelles aux fêtes de la Révolution française», pp. 193-209, Maurice BARTHÉLÉMY, «Conclusion», pp. 211-213].
Bernard GINESTE [éd.], «Jean-Antoine Roucher & François-Joseph
Gossec, Hymne funèbre et Chant de triomphe, pour la fête
civique en l’honneur du maire d’Étampes (3 juin 1792)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-roucher-gossec.html,
2002.
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J.-C. BONNET, «La mort de Simonneau», in Jean NICOLAS [dir.], Mouvements populaires et conscience sociale — XVIe-XIXe siècle, CNRS, Université de Paris VII, Paris, Maloine, 1987. Jacques GÉLIS, «Émeute de marché et pouvoir local: le cas Simonneau, 1792», in COMITÉ DU BICENTENAIRE DE LA RÉVOLUTION EN ESSONNE, L’Essonne, l’Ancien Régime et la Révolution - 2e colloque d’histoire départementale - Mennecy 1990 [210 p.], Saint-Georges-de-Luzençon, 1991, pp. 145-154 [suivi d’un débat avec Michel VOVELLE, pp. 162-164].
Marcel DORIGNY, «La mort de Simonneau: un révélateur
des conflits politiques au printemps de 1792», in COMITÉ DU
BICENTENAIRE DE LA RÉVOLUTION EN ESSONNE, L’Essonne, l’Ancien
Régime et la Révolution - 2e colloque d’histoire départementale
- Mennecy 1990 [210 p.], Saint-Georges-de-Luzençon, 1991, pp.
155-161 [suivi d’un débat avec Michel VOVELLE, pp. 162-164].
Jacques CORBEL & Bernard GINESTE [éd.], «Assemblée
nationale: Loi relative à la lettre écrite à l’Assemblée
Nationale par la veuve du maire d’Etampes (31 mars 1792), in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-17920331assemblee-mmesimonneau.html,
mars 2003.
Bernard GINESTE [éd.], «Jean-Antoine Roucher & François-Joseph Gossec: Hymne funèbre et Chant de triomphe, pour la fête civique en l’honneur du maire d’Étampes (3 juin 1792)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-roucher-gossec.html, 2002. |
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