CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
 Les Sœurs de Bon-Secours,
de la Sainte-Enfance et de la Mère de Dieu,
Pensionnat Jeanne-d’Arc
Étampes ville royale, chapitre V.6
1957
 
Institution Jeanne-d'Arc à l'époque de Mme Dangerville  
Institution Jeanne-d’Arc à l’époque de Mme Dangerville
  
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre V.6, pp. 192-195.
Les Sœurs de Bon-Secours, de la Sainte-Enfance et de la Mère de Dieu (Jeanne-d’Arc)
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Léon Guibourgé      LES SŒURS DE BON-SECOURS

     Nous ne pouvons terminer cette étude historique sur le quartier Saint-Gilles sans parler d’une Communauté de religieuses bien connue et bien considérée à Etampes: «Les Sœurs de Bon-Secours», communauté qui résida longtemps dans ce quartier et qui a célébré dernièrement le centenaire de son établissement dans notre ville.

     Quelle est l’origine de cette communauté? II faut remonter au début du XVIIIe siècle. En 1729, un prêtre, l’abbé Cassegrain, curé d’Auneau, en Eure-et-Loir, à environ 30 kilomètres d’Etampes, groupait quelques personnes disposées à se dévouer à l’éducation et à l’instruction des enfants. Il fonda une Congrégation appelée: «Les Filles de la Providence» de Saint-Rémy d’Auneau. On ouvrit une école pour l’instruction gratuite des enfants. Jusqu’à la Révolution, les religieuses se dévouèrent à cette tâche. A la tourmente révolutionnaire, il fallut se disperser. On se regroupa dans la suite et l’œuvre reprit, mais avec certaines difficultés. Les ressources matérielles manquaient.

     Survint, en août 1832, le choléra dans le département d’Eure-et-Loir. A Auneau, il y eut de nombreuses victimes. Les religieuses se montrèrent toute dévouées. Abandonnant la classe, elles se mirent à soigner les malades et beaucoup de pestiférés furent sauvés grâce à leurs bons soins. Leur belle conduite dans cette circonstance fut reconnue par le gouvernement et le Ministre de l’Intérieur décerna aux Sœurs de la Providence une médaille d’argent.

     La réputation s’était faite autour d’elles comme garde-malades. [p.193] Le fléau passé, on continua à demander partout les religieuses pour soigner les malades à domicile.

     C’est alors que la Communauté des Filles de la Providence vint s’établir à Chartres. Au début, les religieuses eurent des ennuis pour le logement. Enfin, le 19 février 1851, un décret du gouvernement autorisa l’acquisition d’une propriété dans le faubourg Saint-Maurice. Entre temps, en mars 1849, une nouvelle épidémie de choléra fondait sur la contrée. Les Sœurs se dévouèrent de nouveau auprès des malades, apportant leur bon secours, de sorte que la voix publique les appelait: «les Sœurs de Bon-Secours». Désormais, ce nom leur restera.
Dès lors, à Chartres, au faubourg Saint-Maurice, les religieuses se consacrèrent désormais aux malades. Leur réputation se répandit aux alentours. A Etampes, on les réclama. M. l’abbé Lesot, curé de Saint-Gilles, obtint cinq religieuses. Dans une lettre adressée au directeur du journal L’Abeille d’Etampes il annonça leur arrivée:

     «Enfin, dit-il dans cette lettre, les vœux d’un pasteur de cette ville sont exaucés. Des Sœurs de Bon Secours, détachées du bel établissement de cet ordre en la ville de Chartres, sont arrivées dans nos murs, avec leur zèle pour la gloire de Dieu auquel elles se sont consacrées et l’ardente charité pour leurs frères souffrants dont leurs cœurs généreux sont tout embrasés...»

     Les religieuses, au nombre de cinq, arrivèrent donc à Etampes le 30 janvier 1854, et leur installation officielle eut lieu le 6 février suivant. Elles furent logées d’abord dans une maison fort modeste, 5, rue Simonneau, qu’elles avaient louée; puis, le 9 novembre 1858, elles firent l’acquisition de la maison Bidault, rue Saint Jacques; et enfin le 18 avril 1868 elles achetèrent la maison Gillotin, à côté. Plus tard, en 1878, la maison fut restaurée, et la petite maison attenante à la grande fut démolie, et à la place on éleva une construction nouvelle dont le rez-de-chaussée servit de chambre de communauté et l’étage supérieur de chapelle. Rappelons qu’à cet emplacement, au moyen âge, il y avait l’hôtel du Grand-Cerf, avec sa diligence à 9 places.

     Le 10 juin 1944, en pleine nuit, le dernier bombardement d’Etampes a détruit tous les bâtiments de la Communauté. En cette tragique nuit, les religieuses s’étaient réfugiées dans le couloir principal de la maison. La maison s’est écroulée sur elles. On les sortit indemnes du milieu des décombres. Les religieuses de Bon-Secours, appelées primitivement «Filles de la Providence» avaient été protégées par la Providence.

     M. L’abbé Lebigot, curé de Saint-Gilles, toujours dévoué, [p.194] recueillit les religieuses dans son presbytère. Elles y restèrent trois mois. Le local était bien petit. Il fallut trouver un autre refuge.

     Elles s’installèrent alors au N°8 de la rue Saint-Jacques, dans une maison laissée vacante par le départ des Allemands. Leur voisin d’en face, M. des Varennes, bien connu à Etampes pour son affabilité, leur proposa sa belle propriété. Les religieuses en firent l’acquisition. Depuis, elles sont donc installées au N°11 de la rue Saint-Jacques. C’est là qu’elles reçoivent les personnes qui ont besoin de leurs soins médicaux, et c’est de là qu’elles partent tous les jours pour aller soigner les malades à domicile, par tous les temps et par des moyens modernes comme le vélomoteur. Rappelons qu’il n’y a pas longtemps, une de ces religieuses a trouvé la mort accidentellement en se rendant auprès d’un malade.

     Tout le monde à Etampes apprécie leur dévouement, et à l’occasion du centenaire de leur arrivée dans notre ville, nous leur avons adressé toute notre grande reconnaissance.

     LES SŒURS DE LA SAINTE-ENFANCE ET LE PENSIONNAT JEANNE D’ARC.

     Dans cette même rue Saint-Jacques, mais dans le quartier Notre-Dame, et dans cette partie nouvellement baptisée du nom du résistant Louis Moreau, nous ne pouvons laisser sous silence l’histoire de deux congrégations: les Sœurs de la Sainte-Enfance et les Sœurs de la Mère de Dieu.

     Les habitants d’Etampes se souviennent encore très bien du Pensionnat de la Sainte-Enfance qui continue à l’heure actuelle sous le nom de Pensionnat Jeanne-d’Arc.

     Ce pensionnat de la Sainte-Enfance était appelé ainsi parce qu’il était dirigé par les Sœurs de la Sainte-Enfance. Cette congrégation enseignante a eu son origine à Rambouillet, en Seine-et-Oise. En 1686, une pieuse personne, Catherine-Adrienne de Barisseuse, eut l’idée de grouper autour d’elle quelques âmes charitables pour s’occuper de l’éducation et de l’instruction des jeunes filles, sous le nom de Sœurs de Saint-Adrien. En 1822 seulement l’évêque de Versailles, Mgr Charrier de la Roche, approuva les règles de la congrégation. En 1843, Mgr Blanquart en fit une congrégation diocésaine, et une maison-mère fut établie à Versailles, 3, rue des Bourdonnais, sous le nom de Congrégation de la Sainte-Enfance. La première Supérieure, [p.195] Mère Françoise Truffault, était de Villers-en-Arthies, où une école avait été ouverte.

Institution Jeanne-d'Arc (carte postale Rameau)

     Bientôt les écoles se multiplièrent dans le diocèse. Une des premières en date (1846) fut Etampes, qui devint un pensionnat florissant auquel était adjoint un Orphelinat. Mais en 1900, époque de la loi contre les congrégations, les religieuses durent s’en aller. Cependant la maison d’Etampes demeura sous la direction de personnes dévouées. Le nom de la dernière directrice, Mlle Dangerville est encore dans le souvenir des anciennes élèves. Cette directrice peu de temps avant la guerre de 1940 laissa la Maison aux religieuses de la Mère de Dieu.

Jean-Jacques Olier (1608-1657)      Il importe maintenant de savoir quelles sont ces nouvelles religieuses qui étaient inconnues pour Etampes. L’origine de cette congrégation remonte en 1648, année où le célèbre M. Ollier [lisez Olier], curé de Saint-Sulpice de Paris, fonda un asile pour les orphelines de sa paroisse, sous la direction de religieuses qui prirent le nom de Sœurs de la Mère de Dieu. Après la Révolution de 1789 qui avait désorganisé les maisons religieuses, une dame charitable Mme de Lézeau reforma la congrégation, grâce au soutien de l’empereur Napoléon-Bonaparte. Le 15 juillet 1810 parut un décret impérial en leur faveur: «Six maisons sont créées pour élever les orphelines dont les pères sont morts à notre service, officiers ou chevaliers de la Légion d’Honneur. La dite institution sera dirigée par la congrégation religieuse existant sous le nom de Dames de la Congrégation de la Mère de Dieu». Signé: Napoléon.

     Ainsi, la congrégation prospéra, et son renom parvint à l’étranger, en Egypte. Le Kédive d’alors demanda aux religieuses de venir au Caire, puis à Alexandrie. Ces religieuses eurent en outre des maisons en Belgique et en Angleterre. En 1900, à cause de la persécution, elles durent quitter la France, mais revinrent peu avant la dernière guerre à Paris où elles ont une maison d’accueil pour jeunes filles et à Etampes où elles s’installèrent au Pensionnat Jeanne-d’Arc. La guerre les éprouva durement. En 1944, le bombardement fit périr 11 religieuses sur 13. Les religieuses mortes pour la France furent remplacées et à l’heure actuelle le Pensionnat Jeanne-d’Arc continue à la grande satisfaction des familles d’Etampes et des environs. [p.196]


La villa La Tour avant le bombardement
Villa La Tour où s’étaient réfugiées
onze des treize religieuses de la Mère de Dieu

La villa La Tour après le bombardement
Villa La Tour après le bombardement anglais du 10 juin 1944,
où périrent les onze religieuses qui s’étaient réfugiées dans sa cave

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BIBLIOGRAPHIE

Éditions
Léon Guibourgé
     Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

    
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

    
Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].

    
Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.


Toute critique ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 192-195. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
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