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On notera
que plus personne ne croit plus aujourd’hui que l’Hôtel dit d’Anne
de Pisseleu ait jamais appartenu à cette duchesse d’Étampes.
C’est pure légende. B.G.
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Sur la place de l’Hôtel-de-Ville, au coin de la rue Sainte-Croix, votre regard est attiré par une maison moyenageuse. On l’appelle «la maison d’Anne de Pisseleu». A l’angle du mur donnant sur la place, vous voyez une tourelle en encorbellement dont la toiture a la forme d’une cloche. Dans la cour fermée par une grille, admirez la façade principale de la maison. Les fenêtres à meneaux sont surmontées de délicates frises Renaissance. La porte d’entrée est particulièrement sculptée, sur montée d’une ouverture en forme de médaillon. Ce grand mur de façade est chargé d’une profusion d’ornements, de guirlandes, avec des petites statues d’enfants et bas-reliefs de Mercure, de Cléopâtre et d’autres personnages mythologiques. Sur le côté, à droite de cette façade se trouve une autre porte surmontée d’un bas-relief où l’on peut reconnaître le buste mutilé de François fer avec la date de 1538. Derrière ce bâtiment, dans la cour intérieure, vous apercevrez une belle tourelle octogonale qui sert d’escalier. Si vous entrez dans la demeure, vous êtes étonnés de voir que vous vous trouvez chez un épicier en gros. Avec beaucoup de goût, celui-ci extérieurement a gardé à la maison, toujours très soignée et ornée de fleurs à la belle saison, son caractère historique, sans qu’on puisse deviner qu’elle contient des boîtes de conserve. Qui était cette grande dame, Anne de Pisseleu, pour laquelle cette demeure fut construite? Anne de Pisseleu était comtesse d’Etampes, et favorite de François Ier. Nos lecteurs ne seront pas fâchés de connaître un peu sa vie. Nous sommes au XVIe siècle. Le roi François I revenait en France, après sa captivité d’Espagne, lorsqu’il remarqua, parmi les filles d’honneur de sa mère, Anne de Pisseleu. Celle-ci était connue à la cour pour ses agréments physiques et ses dons de l’esprit. On l’appelait la plus savante des belles et la plus belle des savantes. François 1er, sensible à tant de charmes, voulut combler la belle et lui donna le comté d’Etampes. A cette époque, Anne était mariée à Jean de Brosses, noble privé de ses biens pour la part que son père avait pris à la révolte du duc de Bourbon. Mais François 1er, pour arranger les choses, lui restitua ses biens, le nomma comte d’Etampes en même temps que son épouse devenait comtesse. Deux ans après, le comté devenait duché, toujours pour plaire à la belle, Voici donc Anne de Pisseleu devenue duchesse d’Etampes. C’est alors que les poètes du temps, pour plaire au roi, chantèrent les talents de la nouvelle duchesse. On entendit Clément Marot aller jusqu’à dire que Jupiter avait transporté «la vallée de Tempée [sic] de Thessalie à Etampes, pour y loger de France la plus belle». Anne de Pisseleu devint donc la favorite du moment et fut très puissante à la cour. Mais on dit qu’elle se montra ingrate vis-à-vis de son roi et bienfaiteur. Elle révéla à Charles-Quint des secrets qui permirent à celui-ci de battre les armées françaises. Et ceci dans le but de s’assurer un appui près de l’empereur, si le roi venait à mourir ou à ne pas la garder. Voici encore une anecdote où l’on voit sa duplicité. Les Gantois, ou habitants de Gand, dans les Pays-Bas, s’étant révoltés contre Charles-Quint, celui-ci demanda au roi de France l’autorisation de traverser la France. C’était en 1539. François 1er, généreux, la lui accorda et le reçut à Paris avec magnificence. La duchesse d’Etampes conseilla au roi de profiter de l’occasion pour demander à l’empereur de révoquer les dures conditions du traité de Madrid. Le roi, bien que cela lui répugnait, dit à l’empereur: «Mon cousin, voilà une dame qui me conseille de ne point vous laisser sortir de Paris que vous n’ayez révoqué le traité de Madrid». «Si le conseil est bon, répondit Charles-Quint, il faut le suivre.» Mais l’empereur crut bon de mettre la duchesse dans ses intérêts. Le lendemain, donc, comme on se préparait au souper, il se lavait les mains et la duchesse [p.102] tenait la serviette. Il en profita, comme par mégarde, pour laisser tomber de son doigt un superbe diamant que la duchesse s’empressa de ramasser pour lui rendre. «Duchesse, il vous appartient, dit l’empereur, il est en de trop belles mains pour que j’ose le reprendre!» Dès lors, la duchesse n’insista plus au sujet de Madrid. Anne de Pisseleu était une intrigante. Les gens d’Etampes l’appelaient «la méchante». Elle profita de son pouvoir pour combler de dignités les membres de sa famille. Dévouée au roi, elle ne lui était pas toujours fidèle. Le roi le savait. Ainsi il écrivit à son sujet sur une vitre du château de Chambord: «Souvent femme varie. Bien fol est qui s’y fie.» Mais tout cela ne devait durer qu’un temps. Le roi mourut en 1547. Dès lors, abandonnée de tous, Anne de Pisseleu dut quitter la cour et se retirer dans une de ses terres. Auparavant, elle dut restituer à Henri II, successeur de François Ier, un diamant de 50.000 écus que lui avait donné le monarque défunt. Anne de Pisseleu se retira d’abord à Limours, puis au château de la Hardouinayg, et enfin à Heilly, près d’Amiens, où elle avait passé sa jeunesse. C’est là qu’elle mourut en 1580, sans laisser de regrets. [p.103] |
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Brochure
préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien
archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre
de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président
de la Société artistique et archéologique de
Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes,
la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture
en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire;
dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions
d’art Rameau, 1954.
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957. Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X]. Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004. Toute critique ou contribution
seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
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Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 100-102. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004. |
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