CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
L’Hôtel de Ville d’Étampes
Étampes ville royale, chapitre III.4
1957
 
L'Hôtel de Ville d'Etampes en 1903 (carte postale Bertahud frères n°11)  
L'Hôtel de Ville d'Étampes en 1903 (carte postale Berthaud frères n°11)
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre III.4, pp. 96-99.
L’Hôtel de Ville d’Étampes
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Léon Guibourgé      LE DROIT DE COMMUNE, LE PREMIER MAIRE, ORIGINE DE L’HÔTEL DE VILLE.

     C’est au XIe siècle, à l’époque de Louis le Gros, que commence l’affranchissement des communes. Les communes avaient alors un maire et des échevins nommés par les habitants et chargés de veiller au maintien de leurs franchises. Elles étaient exemptes de plusieurs charges que les Seigneurs imposaient à leurs vassaux.

     Au XIIe siècle, nous savons que la ville d’Etampes possédait certains de ces privilèges, puisqu’une ordonnance de Philippe Auguste en 1199 lui enleva le droit d’avoir un maire. La ville tout d’abord ne se plaignit pas de cette suppression, étant bien administrée par les officiers du roi: le bailli, à la fois capitaine et gouverneur, le procureur et l’avocat du roi, le prévost et ses aides.

     La municipalité n’avait donc plus de maire. Elle se composait de quatre échevins ou syndics qui avaient peu de pouvoirs. Leur principale fonction était d’administrer les deniers de la ville, provenant des droits d’octroi, droits prélevés sur le sel et sur le vin. Ces deniers étaient employés à l’entretien de la ville et à payer les frais de séjour du roi et des princes.
Les échevins n’avaient pas d’hôtel de ville. Ils se réunissaient dans la salle des plaids, au-dessus de la halle de la boucherie ou bien en d’autres lieux.

     Dans la suite, on comprend que les échevins d’Etampes envièrent les échevins d’Orléans qui avaient un maire et un hôtel [p.97] de ville. Ils demandèrent alors à ces derniers une copie des lettres qui leur accordaient ces privilèges. Orléans envoya un bourgeois leur apporter cette copie. Et celui-ci, comme remerciement, accepta quatre pintes de vin et du gibier.

     Sur ces entrefaites, on était au XVIe siècle. Claude, fille de Louis XII, était devenue Comtesse d’Etampes. Le jour de son mariage avec François 1er elle voulut être agréable à sa bonne ville d’Etampes et lui obtint le droit d’avoir un maire et un hôtel de ville, par un acte daté du 28 mars 1517. Mais cette concession accordée par Louis XII à l’occasion du mariage de sa fille ne reçut point une exécution immédiate. Les officiers du roi s’y opposèrent sans doute dans la crainte de voir diminuer leur influence. Il y eut un procès devant le prévost de Paris qui dura plusieurs années et se termina par une sentence arbitrale demandée par Arthus Gouffier, officier du roi, et rendue malgré lui en faveur de la ville. Cette sentence régla donc la constitution municipale d’Etampes et lui donna dès lors le droit d’avoir un hôtel de ville, appelé encore maison commune, un maire, quatre échevins élus, pour quatre ans, par les habitants ou leurs députés en présence des officiers du Comité.

     C’est vers cette époque en 1523 qu’on voit le premier magistrat municipal d’Etampes prendre le titre de maire et en exercer les prérogatives. La première élection donna pour maire Jean de Vilette qui était lieutenant au bailliage, et pour échevins: Jean Poignard, Marc Baudequin, Jean Guétard et Jean Gironne.

     La maison commune ou hôtel de ville ne fut pas construit à ce moment. La municipalité consacra les 2.000 livres, autorisées par François Ier, à acheter un bâtiment qui appartenait alors à Jacques Doulcet. Celui-ci le tenait d’une parente Jeanne Doulcet, femme du grainetier d’Etampes.

     Ce bâtiment, d’après les fondations et certaines parties des caves encore existantes, pouvait remonter â Robert le Pieux. Il fut sans doute rebâti, aménagé au XVe siècle par la famille Doulcet de sorte qu’au moment de l’acquisition par la municipalité, au début du XVe siècle il était en bon état et ne demanda pas beaucoup de transformations pour servir d’Hôtel de Ville.
Mais il n’est pas demeuré dans le même état jusqu’à nos jours. En 1850, il fut restauré et agrandi d’une façon importante par le grand architecte Auguste Magne, enfant d’Etampes, auquel on doit la construction du théâtre du Vaudeville et de l’église Saint-Bernard, à Paris.
Ce monument coquet, élégant, hérissé de clochetons et de poivrières, mérite votre visite. [p.98]

     SA DESCRIPTION, SON HISTOIRE.

L'Hôtel de Ville d'Etampes en 1903 (carte postale Bertahud frères n°11)      Visitons cet élégant monument aux allures moyenageuses. Dans la cour, deux corps de bâtiments sont reliés entre eux par une sorte de galerie où se trouve l’entrée principale.

     Dans le bâtiment de gauche, au rez-de-chaussée ont été installés les bureaux du maire, du secrétaire et des employés.

     Au 1er étage se trouvent les salles les plus intéressantes que nous allons rapidement parcourir. Entrons par l’entrée principale de la galerie. Un escalier de pierre à double révolution permet d’arriver au 1er étage. Prenons la porte de gauche. Nous traversons deux salles qui servent de bibliothèque, et nous voici dans la salle du Conseil. On y voit le long des murs les portraits d’anciens maires et personnages illustres de. la ville Jean de Villette, le premier maire, le général Romanet, le savant Geoffroy Saint-Hilaire, François 1er, et au-dessus de la cheminée Renaissance, une chasse royale dans la prairie d’Etampes, signée Chardin. Les portraits sont de Frédéric Barré. Les dessus de portes sont de Narcisse Berchère, peintre bien connu à Etampes, dont un boulevard porte son nom.

     Continuons notre visite. Nous pénétrons dans le grand salon de réception, où se célèbrent les mariages. C’est une salle toute enluminée comme un vieux missel. La grande fenêtre du fond, aux verrières armoiriées et au balcon sculpté, donne sur la place. Le plafond est à solives apparentes, peintes avec goût. Au-dessus de la porte, nous remarquons les portraits de François Ier et de la reine Claude; au-dessus de la grande cheminée, c’est une allégorie: la Beauce, œuvre de F. Dupont, ancien adjoint.

     La visite est terminée pour ce bâtiment. Retournons dans la cour. L’aile de droite moins importante et moins ancienne, est aménagé pour le musée de la ville. On peut y voir un superbe pavage en mosaïque provenant d’une villa romaine de Souzy-la-Briche et une remarquable grille forgée de l’ancien monastère de Morigny.

     Après cette visite, promenons un regard d’ensemble sur le bâtiment avec sa cour garnie d’une grille, et nous pouvons dire que l’Hôtel de Ville d’Etampes a fière allure.

     Cela d’ailleurs convient, car c’est à l’Hôtel de Ville que se passent les principaux événements qui illustrent ou endeuillent notre cité.

     Rappelons quelques-uns de ces événements: [p.99]

     Dom Fleureau nous apprend qu’en 1652, pendant la Fronde, les chefs de l’armée de Condé, qui s’étaient emparés d’Etampes, ordonnèrent aux habitants «de porter leurs armes à la maison de ville où ils les firent prendre par leurs valets, désarmant par ce moyen les habitants...»

     En 1789, le 3 mars, c’est là qu’eut lieu le choix des députés pour le Tiers-Etat, et le 10 mars, le marquis de Valori y préside la réunion de l’ordre de la noblesse pour rédiger les cahiers de revendications.

     En 1870, c’est dans la cour de l’Hôtel de Ville que M. Brunard, maire, reçoit les premiers Prussiens. On faillit le fusiller.

     En 1940, il n’y a pas si longtemps, les ennemis s’installèrent pendant quatre ans dans les locaux de l’Hôtel de Ville, occupation humiliante et pénible pour les Etampois.

     Mais le 22 août 1944, nous sommes délivrés par l’arrivée tant attendue des soldats alliés, et les libérateurs sont reçus et acclamés dans la cour d’honneur et au milieu de la ville pavoisée. [p.100]
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BIBLIOGRAPHIE

Éditions

Léon Guibourgé      Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

     Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

     Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].

     Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.


Toute critique ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 96-99. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
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