|                                                    
     
      Charles Forteau
 
      Le Moulin-à-Tan à Étampes
 
       Almanach d’Étampes, 
 1906 
 
       
                                                                 
 
       
         
 
             
                    
                                                                 
                         
      
        
                   
                
Le Moulin à Tan, anciennement le Moulin aux Tanneurs, aujourd’hui
l’Usine de distribution d’eau de la Ville,  existe depuis des siècles.
Il avait été donné  jadis «aux enfants d’Étampes
qui exerceraient cette profession»,  moyennant une redevance annuelle,
payables aux Brandons (1); l’entretien et les
réparations à  leur charge — l’immeuble ayant brûlé
en 1756, fut reconstruit  à leurs frais. Jusqu’après la Révolution,
il ne servit  qu’à broyer les écorces nécessaires à
la tannerie,  industrie qui fut ici longtemps florissante. 
                
        Le Moulin à Tan est mentionné dès 
 l’an 1361, dans un compte des receveurs du Domaine (2), Guy et Ferrry Hue; il en est de même en 
 1461 et en 1462. En 1484 et en 1486, on constate que, par suite probable 
d’un désaccord dont la cause nous est inconnue, les tanneurs ne s’acquittèrent 
 qu’après avoir été obligés par les sentences 
du bailliage rendues contre eux. 
                
         Le dernier état qui cite cette redevance 
 est celui de 1551; il est certain cependant qu’elle fut versée jusqu’à 
 la fin et que les tanneurs ne furent jamais troublés dans leur possession, 
 puisque nous les y trouvons encore en 1796. 
                | 
                                        
 
             
        (1) Selon la huitième 
 édition du Dictionnaire de l’Académie, “Le dimanche 
des brandons, se disait anciennement du premier dimanche de carême, 
parce que, ce jour-là, le peuple allumait des feux, dansait à 
l’entour et parcourait les rues et les campagnes en portant des brandons ou
des tisons allumés.” [Note de B. G.] 
                  
        (2) Le seigneur
d’Étampes  était alors Louis II d’Évreux, qui fit de
grosses donations  à l’église Notre-Dame et fonda, entre autres,
une messe ordinaire  que l’on appela “la messe au Comte”. [Note de Forteau.] 
                
     
     
                
                | 
              
             
                 
 A cette époque, bien qu’une enquête faite au bailliage en 1775, 
 dans laquelle furent produits des extraits de pièces déposées 
 aux archives du duché, eût prouvé que le duc d’Orléans 
 n’avait droit sur le moulin qu’à une redevance [p.8] seigneuriale, et que
la propriété en était restée en commun aux tanneurs,
il faillit être adjugé, comme bien national, au citoyen Pailhès,
dit “La Liberté”, qui voulait le transformer en moulin à blé. 
                
         Aussitôt les tanneurs, menacés
dans  leur jouissance, se réunissent au nombre de vingt et un, et
rédigent  un mémoire qu’ils remettent aux administrateurs municipaux
le 14 fructidor  an IV (31 août 1796), en les priant de l’examiner
et de l’appuyer auprès  des Présidents du Directoire, des deux
Conseils, des Ministres des  finances, de l’intérieur et de la guerre. 
        Cette pièce porte les signatures suivantes: 
         Simonneau, Jacques Emmanuel; 
         Rigault, Jean-François; 
         Veuve Hanin et Hanin jeune; 
         Paul et Alexis Carnevilliers; Carnevilliers
le  Jeune;  
         Darbaly-Germon 
         Savouré; 
         Dupuis; 
         Boudier; 
         Charpentier et Jacques Charpentier; 
         Paul-Parfait Lelièvre; 
         Auguste Durandet; 
         Peigné; 
         Thévard; 
         Chenu; 
         Baranton; 
         Et Fournier. 
                
         Il serait inutile de recopier ici le mémoire; 
 il suffira de rapporter in extenso la délibération prise à 
 cet égard par la municipalité, qui en est le résumé 
 très précis et très exact.    
                         | 
                         
                         | 
                       
                      
                
L’administration, considérant que l’intérêt public de
cette commune s’oppose à ce que le Moulin à Tan soit adjugé
à un seul particulier qui veut le convertir en moulin à farine,
et par là ruiner une branche du commerce qui alimente un nombre considérable
d’ouvrier et dont l’avantage profite aux citoyens, que la possession de ce
moulin par les tanneurs, de plus de quatre siècles sans [p.9] sans interruption 
 et sans trouble, fait nécessairement supposer un titre de concession 
à leur profit par les anciens seigneurs d’Étampes qui n’avaient 
conservé qu’une redevance seigneuriale sur icelui, et qui s’est payée 
constamment jusqu’au moment où cette suppression a été 
prononcée. 
         «Qu’il est même intéressant 
 pour la République de conserver les manufactures qui se soutiennent 
 avec avantage, et qui fournissent journellement les effets nécessaires 
 aux défenseurs de la patrie, et qui n’auraient plus lieu si ce moulin 
 cessait d’être entre les mains des tanneurs, qui seraient alors obligés
  pour continuer leur commerce, de faire venir du tan de plus de dix lieues,
  à grands frais, et par là d’augmenter le prix de leur marchandise. 
         «Que les tanneurs de cette commune ont 
même  été mis en réquisition par le Gouvernement 
qui en tir  tous les cuirs qu’ils fabriquent journellement. 
         «Ouï le commissaire du Directoire 
exécutif.  Arrête que le mémoire ci-dessus et la présente 
délibération  seraient adressés (comme il est demandé), 
avec invitation de  prendre dans la plus grande délibération 
l’établissement  ancien de ce moulin à tan, la possession et 
la jouissance immémoriale  des tanneurs, les avantages que son existence 
procure à la République  et à la commune, et la ruine 
inévitable qu’occasionnerait sa  destruction aux manufactures qu’il 
entretient et qui fournissent le travail  et la subsistance à plus 
de deux cents ouvriers presque tous pères  de famille.» 
                | 
                        
                        | 
                      
            
                     
Les réclamants eurent gain de cause. Cependant le Moulin à Tan
cessa bientôt d’être la propriété commune de tous
les tanneurs de la ville, puisque, nous dit M. Léon Marquis, dans
les Rues d’Étampes (3), Jean-François
 Rigault et Jacques-Emmanuel Simonneau, associés, deux signataires
du mémoire, en firent l’acquisition, le 15 germinal an V, moyennant
la somme de 65.000 francs. 
                
         En 1852, il changea de destination et devint 
moulin  à farine; il n’y avait plus alors les mêmes raisons qu’en
l’an  IV pour craindre cette nouvelle affectation. Enfin, en 1880, on y installa
 les machines élévatoires des eaux que nous y voyons actuellement.
 Il appartient à la Ville. 
  
             
             Ch. F. 
  
             | 
             
 
                 (3)
               Les Rues d'Étampes et ses monuments, Étampes,
 Brières, 1881, p. 209. 
  
             | 
           
        
       
       
                                                    
        
             
                   Le projet    de  conversion 
 du site en prise d’eau en 1880 (AD91 7S 52, cliché   F. Gatineau) 
          
 
                       
          
                         
                                                                 
 
      Toute critique,    correction ou contribution
                           sera la bienvenue. Any criticism or contribution
     welcome. 
                          
                         | 
                      
    
                                                    
      BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
                         
      
                         
                                                                 
 
      Éditions
                         
           Charles FORTEAU,  «Le 
 Moulin à Tan», in Almanach Annuaire de la ville  d’Étampes 
 et de l’arrondissement, publié par Abeille d’Étampes.  Douzième 
 année. 1906, Étampes, Lecesne-Allien, 1906,  pp. 7-9. 
 
              Denis DECROIX &
Bernard  GINESTE [éd.], «Charles Forteau:        Le moulin
à Tan à Étampes (1906)»,    in Corpus Étampois,
      http://www.corpusetampois.com/che-20-forteau1906moulinatan.html,
   2011.  
 
      Autres publications de Charles Forteau
          
         Charles FORTEAU, «Publications relatives 
 à l’histoire du pays d’Étampes (1896-1914)», in Corpus 
 Étampois,        http://www.corpusetampois.com/index-forteau.html,  2011. 
 
       
   Synthèse récente en cours sur ce moulin 
   (où l’on trouvera d’autres pistes bibliographiques et archivistiques)
     
                        COLLECTIF,
      «Le              moulin à Tan (compilation)»,    in Corpus 
                              Étampois, http://www.corpusetampois.com/cee-moulinatan.html,  
         depuis 2010.  
            
      
          
 
      Autres moulins d’Étampes
 
           COLLECTIF, «Les 
              moulins d’Étampes (compilation)»,    in Corpus 
                              Étampois, http://www.corpusetampois.com/cee-moulinsdetampes.html,  
         depuis 2010.  
                          
                                 
                                                            
                         
      Toute critique,    correction ou contribution
                           sera la bienvenue. Any criticism or contribution
     welcome.         
                 
 
        
     |