CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 
A.D.E.L.S.
Étampes: géographie économique
1967
 

Répartition des employés salariés dans la région parisienne Répartition de le population active employée dans l'agriculture
Répartition de la population active
employée dans l’agriculture (1962)

Répartition des emplois salariés
dans la région parisienne
 
    Nous donnons ici une étude de géographie et de prospective commandée à une Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale par l’équipe municipale du temps, qui en a publié les extraits suivants dans le n°5 de son Bulletin Municipal. On notera que cette époque avait une certaine estime pour le public, ou du moins lambition de nourrir sa réflexion.
 
BULLETIN MUNICIPAL D’ÉTAMPES
n°5 (1er trimestre 1967), pp. 3-8.
ÉTAMPES
étude de géographie économique
 

     Etude effectuée pour le compte de la ville d’Étampes par ADELS (Association pour la Démocratie et l’Education Locale et Sociale).
N.D.L.R. Nous donnons ici des extraits d’une étude beaucoup plus importante concernant la situation actuelle d’Étampes et ses perspectives de développement dans l’avenir.

     D’autres extraits de cette remarquable étude seront publiés dans les prochains numéros.


INTRODUCTION

     L’étude de géographie économique permettra de situer Étampes dans son contexte régional. La région retenue sera le département de l’Essonne.

     Le second niveau retenu sera directement celui de la ville d’Étampes que l’on situera, toutefois, dans la sous-région rurale de l’Essonne. Il était difficile de procéder autrement en raison de la rareté ou de l’insuffisance des sources documentaires et statistiques.

I. L’ESSONNE - ÉLÉMENTS DE DÉVELOPPEMENT

     Étampes est sous-préfecture du nouveau département de l’Essonne. A la nécessité des nouveaux liens administratifs s’ajoutent les nécessités dues aux dépendances et relations économiques, existantes et futures, avec l’ensemble du département. On peut affirmer que, tant du point de vue de son caractère que de son ampleur, la croissance du département aura des répercussions sur le développement d’Étampes. Il est donc indispensable d’analyser et d’apprécier les facteurs socio-économiques de l’Essonne avant d’examiner ceux d’Étampes et ce, comparativement aux autres départements de la Région parisienne.

Insertion de l’Essonne dans la Région parisienne.

     Étampes fait partie, avec Corbeil, Melun, Fontainebleau et Montereau, des agglomérations secondaires de la zone extérieure. Il est à remarquer que les villes du même secteur comme Rambouillet et Arpajon sont situées dans la zone d’attraction par contre, Dourdan «soeur-rivale» d’Étampes, n’est pas retenue comme agglomération secondaire, Chartres est en dehors des limites de la Région parisienne stricto sensu. La situation d’Étampes est identique à Mantes pour le secteur Ouest et à Meaux pour le secteur Est. La couronne urbaine Sud est extérieure au département, elle est divisée entre les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, elle sert de tampon entre Paris et l’Essonne, elle a une fonction de relais entre eux tant au point de vue de l’urbanisation que de l’industrialisation. Autrement dit, ce n’est que lorsque l’urbanisation et l’industrialisation ont atteint un certain seuil dans la couronne urbaine Sud qu’elles s’étendent vers leur arrière-pays, englobant maintenant des villes comme Palaiseau, Longjumeau, Viry-Châtillon, situées dans l’Essonne, dont l’industrialisation et l’urbanisation sont récentes.

     L’Essonne est donc un département où, si l’on excepte les noyaux d’urbanisation ancienne comme Corbeil, Arpajon et Étampes, l’urbanisation et l’industrialisation sont actuellement en cours dans la couronne Nord du département. Il est semblable en cela à son voisin occidental les Yvelines où l’urbanisation et l’industrialisation, débordant le cadre des Hauts-de-Seine, s’étendent à l’extrémité Est du département (Versailles, Trappes, Saint Poissy, Marly-le-Roi).

     Le développement naturel en tâche d’huile de l’agglomération parisienne est un phénomène que l’on peut orienter ou limiter par des actions volontaires et concertées, mais que l’on ne peut éviter.

     L’Essonne jouit d’un excellent réseau de communications. A cet égard, elle paraît mieux fournie actuellement que les départements non-urbains de la Région parisienne: Val d’Oise, Yvelines, Seine-et-Marne et même Val-de-Marne. Ces deux derniers départements souffrent de l’insuffisance notoire des communications pour la région Est de Paris. Toutefois, ce réseau est un facteur de déséquilibre au sein du département dans la mesure où il favorise le développement de sa partie Est aux dépens de sa partie Ouest, l’axe constitué par la Seine, l’Autoroute du Sud, la R.N. 7 et la voie ferrée Paris-Lyon-Marseille constituant un magnifique axe de développement.

     Globalement, 36% des travailleurs appartenant à des unités géographiques caractéristiques du département de l’Essonne travaillent à Paris ou dans la couronne urbaine; dans le sens inverse, les migrations sont de l’ordre de 3% seulement.

     Les relations de dépendance tenant aux migrations de travail et traduisant une subordination économique sont donc déterminantes pour l’Essonne. En cela le département est plus dépendant que la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine et même le Val-de-Marne. De fait, de nombreuses communes de l’Essonne ont un caractère de communes-dortoirs, ce caractère est faible pour deux types de communes: celles qui s’urbanisent et s’industrialisent — type Palaiseau — ou celles situées loin de Paris, faiblement industrialisées — type Étampes.

     Les migrations de travail ne peuvent traduire une dépendance d’un type nouveau (ayant d’ailleurs un sens inverse des migrations de travail): il s’agit des phénomènes de résidences secondaires. D’après une enquête faite par le District, 40 % des terrains achetés dans une zone couvrant l’Ouest de l’Essonne, l’ont été par des Parisiens ces achats avaient en majorité comme objectif la construction de résidences secondaires. Ainsi, si le flux des migrants de l’Essonne se dirige vers Paris pour le travail, il se dirige de Paris vers l’Essonne pour les loisirs. Ce phénomène oriente une certaine part du développement du département en lui assignant une fonction de fait de zone de loisirs, de repos, de plein air.

Aspects démographiques de l’Essonne

     Avec 480.720 habitants en 1962, l’Essonne est le moins peuplé des départements de la Région parisienne, bien que le second après les Yvelines pour la superficie. C’est par conséquent [p.4] le moins peuplé des départements semi-ruraux (Val d’Oise, Seine-et-Marne, Yvelines). C’est par contre le département qui connaît les croissances les plus rapides de population.

     De 1936 à 1962, en 26 ans, une augmentation de 67,6%, soit une moyenne annuelle de 2,0%; de 1954 à 1962, en 8 ans, une augmentation de 36,6 %, soit une moyenne annuelle de 4,0 %. Seul le département de l’Yvelines, dont les structures sont très proches de celles de l’Essonne, présente les mêmes rythmes: +62,7%, soit 1,9% par an; 1954-1962 + 34,1 %, soit 3,7 % par an.

Aspects économiques du département

     S’il est le moins peuplé des nouveaux départements, l’Essonne est aussi celui offrant le moins d’emplois en 1962: 55.109. Par contre, les Yvelines en offrent 102.537 et le Val d’Oise, 70.173, chiffres à comparer avec les 2.532.310 emplois salariés de l’industrie et du commerce de l’ensemble de la Région parisienne.
 
     L’Essonne ne représente donc que 2,1 % des emplois salariés de la Région parisienne:
Il est impossible, en raison du manque de statistiques précises, de comparer le rythme du développement industriel de la dernière décade toutefois, il ne semble pas qu’en dépit d’implantations industrielles récentes dans le Nord du département, la croissance ait été remarquable; par contre, il est vraisemblable que depuis 1960, le rythme se soit accéléré, en particulier par l’extension de l’industrialisation le long de la vallée de la Seine et l’apparition de noyaux industriels dont certains provoques par l’Autoroute autour de Longjumeau et Palaiseau.

Répartition des employés salariés dans la région parisienne
Répartition des emplois salariés
dans la région parisienne

Répartition de le population active employée dans l'agriculture
Répartition des emplois salariés
dans la région parisienne  [p.5]

Répartition de la population active agricole
     Source sondages au 120e - 1962.

     L’Essonne comprend 2.700 exploitations agricoles, soit près de 20% des exploitations de la Région parisienne. 300 exploitations ont une superficie supérieure à 100 hectares. La population active agricole dépasse 9.000 personnes elle représente 25% de la population active employée dans l’agriculture pour les six nouveaux départements.
[p.5]

     Il s’agit d’une agriculture hautement évoluée et très mécanisée. Consacrée surtout aux céréales et aux betteraves, elle occupe le douzième rang des départements français pour la collecte de blé (2,7 millions de quintaux). Cette vocation agricole que le département partage avec son voisin, les Yvelines, est une constante économique particulièrement importante pour la zone Sud du département.

     Dans l’étude sur le «Mouvement des établissements industriels dans la Région parisienne» (cahiers de l’IAURP n° 1), on trouve quant à la répartition des emplois prévus: «Le Sud y domine toute la banlieue et l’Ouest dans Paris». Quant aux emplois actuels «dans la couronne suburbaine et la zone extérieure, c’est le Sud qui domine la répartition des emplois actuels». Dans le secteur Sud, c’est la périphérie qui reçoit les 3,4 des emplois prévus.

     Il résulte de ces considérations générales que l’Essonne semble bien placée pour recueillir les entreprises quittant Paris ou la couronne urbaine. En effet, le département est constitué par la couronne suburbaine, la zone d’attraction et la zone extérieure du secteur Sud qui apparaissent les zones les plus demandées par les entreprises industrielles. L’Essonne paraît aussi particulièrement apte à accueillir des implantations industrielles complètes et aussi — mais moins que les Yvelines — les activités tertiaires.


L’Essonne dans les projets de développement de la Région parisienne.

     L’Essonne est intéressée par le principe d’aménagement des zones Sud et Ouest. En ce qui concerne le Nord-Ouest du département, il est intéressé par l’axe d’urbanisation situé entre Palaiseau et Plaisir-les-Gâtines. Tenant compte du dynamisme déjà existant (C.E.N.S. de Saclay), on prévoit l’im plantation dans le même secteur, de l’Institut national agronomique, de l’Ecole polytechnique, du Collège des techniques avancées et des extensions nouvelles de la Faculté des Sciences d’Orsay. Le Nord-Ouest du département verra donc se confirmer et s’étendre sa vocation universitaire, par contre, les nouveaux centres urbains seront situés dans les Yvelines, autour de Trappes.

     Le Nord-Est du département aura comme axe préférentiel d’urbanisation, les plateaux bordant la Seine de part et d’autre. La ville nouvelle de la rive gauche pourra à terme accueillir une population de 120.000 habitants ; la préfecture, centre administratif de l’Essonne, est localisée à Évry. L’usine de la SNECMA constitue l’amorce d’un secteur d’activités qui s’étendra aux abords de l’Autoroute du Sud. La ville nouvelle de la rive droite, plus importante, car elle pourra atteindre, dans 35 ans, 400.000 habitants, aura son centre principal dans le secteur de Tigery, en bordure Sud de la forêt de Sénart. De Melun à Ris-Orangis, va donc se Constituer une agglomération approchant le million d’habitants. Le rythme rapide de la croissance démographique va se poursuivre et même s’accélérer puisque l’Essonne atteindrait 700.000 habitants en 1968 (soit +45% par rapport à 1962 pour un accroissement annuel de 7,5%) et 1.000.000 en 1975.

     En dehors des zones agglomérées, en ce qui concerne les zones rurales et forestières, les villes secondaires: Rambouillet, Étampes, Arpajon, Dourdan, Montereau, Fontainebleau, Provins, Coulommiers, Nemours, Nangis, etc., le schéma est catégorique: elles se trouvent à l’écart des axes d’urbanisation. Il reste souhaitable, selon le schéma, que l’expansion de chacune d’elles se fasse suivant sa vocation propre.

 
II. ÉTAMPES - ÉLÉMENTS DE DÉVELOPPEMENT

Insertion d’Étampes dans l’Essonne.

Localisation géographique.

     L’Essonne est composé de la couronne suburbaine, de la zone d’attraction et de la zone extérieure du secteur Sud de la Région parisienne Étampes fait donc partie des agglomérations secondaires de la zone extérieure du secteur Sud sur le même pied que Rambouillet et Arpajon, Meaux et Mantes.

     L’urbanisation et l’industrialisation affectent le Nord du département, au Nord d’un axe imaginaire Palaiseau-Corbeil, s’orientant de préférence le long des axes routiers, ferroviaires et fluviaux de la Seine. Le dynamisme du développement urbain du département a donc deux directions conjointes; il descend vers le Sud et concerne l’ensemble de la zone suburbaine et nettement moins la zone d’attraction, mais ne concerne pas la zone extérieure. Il suit un axe privilégié Nord Sud-Est, renforcé par les principes de développement du Schéma directeur.

    La R.N. 20 ne joue pas, pour Étampes, le rôle d’axe d’urbanisation. Étampes est au sein du département de l’Essonne en dehors des zones de dynamismes urbains. Les plateaux de la Beauce, du Hurepoix, les Vallées de l’Essonne et de la Juine constituent actuellement des zones géographiques exterieures au mouvement d’urbanisation de la Région parisienne.

     Étampes ne peut guère compter, même à moyen terme, sur un dynamisme provoqué naturellement et spontanément par l’extension urbaine affectant d’une manière générale les zones extérieures de la Région parisienne. Par ailleurs, la R.N. 20 ne semble pas en mesure, en raison de la concurrence des autres axes, de constituer un canal d’urbanisation et de développement atteignant Étampes et sa région.

     En conclusion, le développement urbain d’Étampes sera ponctuel, il ne pourra résulter d’une évolution naturelle des mouvements actuels d’urbanisation du département de l’Essonne mais de décisions volontaires, à caractère administratif.

Les communications.

     L’Essonne jouit d’un excellent réseau de communications, toutefois, ce réseau est un facteur de déséquilibre au sein du département dans la mesure où il favorise le développe ment de sa partie Est aux dépens de sa partie Ouest.

     Étampes est, à cet égard, moins défavorisé que Dourdan ou La Ferté-Alais. La ville est en effet traversée par la R.N. 20 qui constitue un axe satisfaisant de liaison avec le Sud-Ouest français. Elle est aussi desservie par la ligne Paris-Orléans. La présence de la Seine qui a permis d’acheminer les produits pondéreux nécessaires à l’industrialisation de la Région parisienne, le développement industriel des régions rhodaniennes et alpines reliées à Paris par le P.L.M. et la R.N. 7, sont des facteurs qui n’ont pas joué à l’Ouest du département: la Juine est une petite rivière et le Sud-Ouest français est une zone de dépression économique.

     Le réseau des communications accentue le déséquilibre Est du département, favorisant le développement du secteur Nord-Est aux dépens du secteur Sud-Ouest ce phénomène joue négativement pour le développement étampois. Bien entendu, il n’en demeure pas moins qu’Étampes possède deux bons axes de communication: ce sont d’ailleurs eux qui ont rendu possible le début de l’industrialisation étampoise, mais leur poids est relatif dans le département de l’Essonne.

     Il est à noter que les projets quant aux communications accentueront le déséquilibre puisque le Nord-Est du département bénéficiera du R.E.R. (Réseau Express Regional) à Évry-Corbeil-Tigery, l’autoroute du Sud-Est A. 5 desservira l’extrême Est du département. Par contre, Étampes reste éloignée du tracé de la future autoroute du Sud-Ouest. La seule liaison nouvelle suggérée, mais encore loin d’être retenue, est celle de Chartres à Montereau, mais elle ne semble pas en mesure de modifier profondément le développement d’Étampes...

     Dans l’état actuel des projets, il est difficile à Étampes d’agir sur l’état des infrastructures routières et de les infléchir dans un sens plus favorable à son développement. Toutefois, la ville pourrait peut-être s’efforcer d’obtenir une amélioration de ses liens avec le futur centre de gravité du département situé au Nord-Est du département, soit par la création d’une voie rapide le long des vallées de ta Juine et de l’Essonne joignant Étampes à Corbeil et à la Préfecture d’Évry, soit par l’amélioration de l’actuelle R.N. 191. Reliée ainsi au Nord du département par deux voies rapides, la R.N. 20 et la voie proposée Étampes-Corbeil-Évry, la ville pourrait espérer bénéficier et participer à son dynamisme.

Liens et interdépendances géographiques d’Étampes. Les migrations de travail.

(1) Sondage au l/20e

(2) Il s’agit d’estimations d’après les résultats du sondage INSEE au l/20e.

     Eloignée de Paris, peu développée industriellement, Étampes [p.6] vit dans une relative autonomie. 72,3% des Étampois ont un emploi à Étampes (1) et 90 % environ des emplois d’Étampes sont occupés par des Étampois.

     Si l’on considère non plus Étampes, mais l’ensemble du groupement urbain, avec Morigny, Brières-les Scellés, Ormoy-la-Rivière, les migrations sont encore plus réduites. On peut estimer (2) qu’environ 85 % des Étampois ont un emploi à Étampes ou dans les communes limitrophes. Le reste va travailler à Paris (environ 10 %), dans la couronne urbaine Sud — Montrouge, Clamart, Malakoff, etc. — (environ 3%) et dans la couronne suburbaine Sud ou la zone d’attraction Sud — Saclay, Arpajon, Brétigny — (environ 2%).

     Si Étampes est peu dépendante pour son marché du travail, elle constitue un petit centre d’attraction économique pour les communes rurales qui l’entourent et même pour les autres petites villes du Gâtinais et de la Beauce.

     Cette attraction, peu sensible à Étampes même, est surtout forte pour les établissements de la zone industrielle de Brières et Morigny.

     On se trouve dans une situation qui diffère radicalement de celle de l’Essonne où la dépendance envers Paris traduisait une réelle subordination économique. Étampes n’a absolument pas le caractère d’une commune-dortoir. Elle doit cet équilibre à sa stagnation démographique, à une croissance très lente de ses activités, à son éloignement de Paris. Il s’agit donc plutôt d’un équilibre récessif dans un ensemble dynamique comme celui de la Région parisienne.

     Tout autant qu’un équilibre dans la stagnation, on pourrait accepter un déséquilibre dynamique. Quoi qu’il en soit, les projets urbanistiques en cours, par leur apport démographique, détruiront cet équilibre population-emplois. Le taux des migrations s’accroîtra; ce qu’il faut, c’est, non pas préserver un équilibre par la stagnation économique, mais limiter les migrations à un taux raisonnable pour obtenir un nouvel équilibre, mais cette fois dans la croissance.

Autres dépendances.

     On a dit plus haut: «Si le flux des migrants de l’Essonne se dirige vers Paris pour le travail, il se dirige vers l’Essonne pour les loisirs». Si la première constatation s’avère inadaptée au cas d’Étampes, la seconde est particulièrement adéquate. Pour Paris, toute la moitié Sud du département de l’Essonne fait fonction de zone de loisirs, de week-end, de résidences secondaires Étampes est au centre de cette zone.

     Les vallées de la Juine, de l’Essonne, de l’Orge, les forêts de Dourdan, de Fontainebleau, la multiplicité des sites historiques attirent les habitants de Paris et de la proche banlieue. Il est à remarquer, d’après une étude faite par le District, qu’elle attire surtout les Parisiens des arrondissements Sud de Paris et les banlieusards de la banlieue Sud: la corrélation est particulièrement nette.

     Il y a là un sérieux atout pour Étampes. La création projetée d’une zone de loisirs est très judicieuse. Il faut aller plus loin, prévoir un village de week-end comme à Dourdan, un équipement hôtelier adapté, les aménagements culturels et sportifs nécessaires, etc. Il est certain que dans Étampes futur, la vocation touristique doit être maintenue et renforcée.

Aspects démographiques d’Étampes.

Volume et évolution de la population d’Étampes.

     En 1954, avec 11.706 habitants, Étampes était la quatrième ville du futur département de l’Essonne. En 1962, avec 13.658 habitants, elle a rétrogradé au onzième rang.

     Il y a de fortes chances, en raison de l’urbanisation intense des communes du Nord du département, pour qu’en 1966, de nouvelles communes aient rattrapé et dépassé Étampes. Étampes n’est pas une des principales agglomérations du département par le volume de sa population.

     Avec une croissance globale de 16,6% de 1954 à 1962 et une croissance annuelle de 2%, Étampes est nettement au-dessous de la moyenne départementale: croissance globale, 36,6% de 1954 à 1962 et croissance annuelle, 4,3%. Si Étampes veut simplement se mettre au niveau de la moyen ne départementale, elle doit atteindre 16.200 habitants en 1966, et 20.500 en 1972 et ce, pour un rythme de croissance annuelle de 4%. Par contre, si elle veut avoir un dynamisme démographique comparable à celui des communes en plus forte croissance pour le département, elle devrait atteindre un taux annuel de 6%, qui amènerait sa population à 17.000 en 1966 et 25.000 en 1972. Selon les informations statistiques du rapport démographique, en 1965 la population d’Étampes approchait 16.000 habitants. Ce rythme correspond au rythme moyen du département, il y a donc une très sensible amélioration de la situation, mais elle n’est pas suffisante pour contrebalancer le dynamisme démographique des communes du Nord du département. Pour atteindre ce rythme de 6%, Étampes devrait immédiatement quintupler le rythme de l’apport migratoire.

Projets et perspectives démographiques.

     Ce déséquilibre entre le Nord du département à forte croissance démographique comprenant les communes les plus importantes et le Sud où la croissance démographique est beaucoup plus faible, où certaines communes rurales se dépeuplent, a peut-être amené le District de la Région paris à rechercher un contrepoids du côté d’Étampes.

     En effet, contrairement aux indications du Schéma directeur préconisant une limitation de la croissance des villes comme Étampes, le Schéma de structure concernant Étampes prévoit une très forte urbanisation sur le plateau de Guinette qui ferait passer Étampes de 15.000 à 40.000 puis 65.000 habitants.

     Si, sur le plan théorique, cette volonté de compenser le développement rapide du Nord de l’Essonne par la création d’une grosse agglomération dans le Sud autour d’Étampes peut se justifier, elle s’avère difficilement réalisable en raison de la faiblesse de la croissance économique de la ville.

Aspects économiques d’Étampes.

Poids économiques comparés.

     Au sein de l’Essonne qui se caractérise par la relative faiblesse et aussi la relative jeunesse de son industrialisation, Étampes et le groupement urbain ont un poids relativement important en effet, Étampes et le groupement urbain représentant 3% de la population du département mais près de 8% des emplois salariés du commerce et de l’industrie.

      Ces 8% représentent à peu près le seul noyau d’industrialisation, non seulement pour tout le Sud du département, mais aussi pour une fraction Nord-Ouest (zone non industrialisée comprise entre Limours et Arpajon), c’est-à-dire qu’environ 90% du potentiel industriel du département se trouve concentré dans l’extrême Nord du département et dans la portion de vallée de Seine qui traverse le département. Il apparaît alors de toute évidence que si l’on veut éviter que le département de l’Essonne ne soit entièrement déséquilibré et que le poids économique et démographique du Nord-Est de l’Essonne soit tel qu’il compromette tout développement harmonieux ultérieur, qu’il faut pour contrebalancer ce poids non seulement faire d’Étampes une ville de 65.000 habitants, mais aussi un centre important d’activités économiques de 20.000 à 30.000 emplois. Sinon, il faut renoncer à cette super-croissance; à défaut de renoncer, on fera d’Étampes une ville-dortoir vivant dans la dépendance de Paris et des noyaux industriels nord du département son équilibre dans la stagnation économique aura fait place à un déséquilibre dans la stagnation.

Les activités économiques.

L’agriculture.

     Étampes comprend 2.800 hectares d’exploitations agricoles pour 33 exploitations dont 14 dépassent 100 hectares, les exploitations maraîchères couvrent 31 hectares pour 22 exploitations. [p.7]

    Si l’on prend l’ensemble du groupement urbain, on obtient 6.212 hectares pour 88 exploitations dont 26 dépassent 100 hectares.

     Étampes seule comprenait en 1962, 242 agriculteurs et salariés de l’agriculture. Étampes, située en Beauce, est au centre d’une région agricole riche où les grosses exploitations constituent une proportion importante de l’ensemble des exploitations. A la production purement agricole de la région étampoise, se greffent les activités complémentaires
industries alimentaires liées à l’agriculture, 300 emplois en1962 dans le groupement urbain; commerces agricoles et alimentaires, 200 emplois; commerces de matières premières, machines agricoles, etc., 290 emplois.

    L’ensemble de ces activités agricoles ou para-agricoles font d’Étampes le centre d’activités agricoles du département c’est d’ailleurs de l’agriculture qu’Étampes a tiré sa richesse. Cette fonction économique, Étampes doit l’assumer, en particulier en développant les activités industrielles complémentaires de l’activité agricole.


TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ZONES D’ACTIVITÉS EXISTANT DANS L’ESSONNE

LOCALITÉS

Superficies
totales
prévues
Superficies
acquises
Superficies
aménagée
ou en cours
Surfaces aménagées disponibles
Prix du m2
Classes des activités admises
Observations
Angerville
14 ha
7 ha
7 ha

2,50


Dourdan
30 ha
7 ha
7 ha
1,6 ha
23
Ets non classés

Épinay-s-Sénart 1
4,5 ha






Épinay-s-Sénart 2
7,5 ha






Étampes 1






Zone de fait entièrement occupée.
Étampes 2






Projet à l’étude.
Étréchy
25 ha
25 ha
25 ha
25 ha
2e et 3e catégories sauf exception


Grigny






A l’étude. Aucun rens. n’a pu être communiqué
Longjumeau nord
25 ha
25 ha
25 ha
25 ha
(nu) 15 à 25


Longjumeau ouest 8,6 ha
8,6 ha


56
Ets non classés
3e et 2e cat. excep.
L’équipement sera entrepris à bref délai
Massy
40 ha
40 ha
40 ha
7 ha
85 à 400
Ets non classés
et 3e catégorie

Morangis
30 ha
24 ha
24 ha

95 à 100
2e et 3e cat. sauf exception inscr. au PADOG
Reste plusieurs ilôts disponibles de moins de 1 ha
Orsay
230 ha
100 ha


50 à 60

Les travaux d’équipement sur la 1re tranche de 100 ha démarreront en janv. 1966
Ris-Orangis
38 ha
38 ha
12 ha
12 ha
(non équipé) 20
Ets non classés

Villabé
30 ha





Projet
Viry-Châtillon






Renseignements non parvenus

TOTAL environ 500 hectares.
Source S.O.D.I.C.

 
Les établissements industriels et commerciaux.

Les activités industrielles.

     Avec 8% des salariés de l’industrie et du commerce, Étampes constitue le seul noyau industriel notable du Sud du département.

     Par rapport a département, on note des différences et des similitudes clans l’importance des différentes branches. La différence essentielle entre l’industrie du groupement urbain et l’Essonne, c’est l’importance relative de la métallurgie. La métallurgie représente 30% des effectifs de l’industrie étampoise contre 8% de l’industrie de l’Essonne, les effectifs de la métallurgie étampoise représentent 27% de celle du département. On retrouve le même phénomène pour les textiles: 5% des effectifs industriels étampois représentent 21% des effectifs départementaux de la branche, ce qui explique peut-être que le commerce étampois de l’habillement, du textile et des cuirs représente 23% des effectifs départementaux. Même phénomène pour les commerces de matières premières, quincaillerie et machines agricoles (4% des effectifs de l’Essonne, 7% de ceux d’Étampes).

     Inversement, on observe un certain nombre de branches fortes sur le plan départemental, faibles pour Étampes. C’est le cas pour l’industrie de précision, l’horlogerie, optique (8% pour le département, mais non représentée à Étampes), des industries électriques (4% pour le département, 1% pour Étampes), de l’industrie de l’automobile et du cycle (5% pour le département et non représentée à Étampes), du bâtiment et des travaux publics (18% pour le département, 7% à Étampes).

     Les similitudes sont plus rares. On l’observe pour l’industrie chimique (6% pour le département, 5% pour Étampes), l’industrie alimentaire (6% pour le département, 7% pour Étampes), la polygraphie, presse, éditions (5,6% pour le département, 5% pour Étampes), les commerces agricoles et alimentaires (5,5% pour le département, 5% pour Étampes).

     Il apparaît donc que la structure de l’économie étampoise par branches d’activités diffère très sensiblement de celle du département. Cette distorsion signifie qu’un mouvement [p.8] de croissance affectant les branches les plus dynamiques du département peut n’avoir aucune conséquence pour l’industrie étampoise. Le caractère autonome de cette dernière s’affirme, mais cette autonomie risque d’être préjudiciable à son développement.

La situation de l’emploi.

Explication des tableaux ci-après

     — L’Essonne. La population totale est celle résultant des prévisions officielles pour le département, le taux de population active retenu est un taux moyen de 45%. La variable est constituée par le taux d’emploi. La première hypothèse le suppose constant et égal à celui de 1962: 0,25, cette hypothèse est défavorable, ce taux étant très bas, elle consacre l’Essonne comme dé Les taux améliorés sont H2 (0,35) et H3 (0,5).

     — Étampes. Les prévisions 1968 sont celles résultant d’un accroissement fait au rythme constaté de 1962 à 1965: 4%. Quant à 1975, on envisage deux hypothèses: ou l’urbanisation partielle du plateau de Guinette (H1) ou l’urbanisation to tale (H2 — schéma de structure du District). On suppose constant le taux de l’emploi, ce taux est encore plus favorable puisque l’on ne compte pas l’ensemble des emplois urbains. Ce taux est évidemment très satisfaisant et, ce que la commune peut espérer — au mieux —, c’est le maintien à ce niveau.



ESSONNE
1962
1968 H1
1968 H2
1968 H3
1975 H1
1975 H2
1975 H3
Population totale
480.000
700.000
700.000
700.000
1.000.000
1.000.000
1.000.000
Population active
220.000
320.000
320.000
320.000
450.000
450.000
450.000
Taux d’emploi
0,25
0,25
0,35
0,50
0,25
0,35
0,50
Emplois totaux
55.000
80.000
110.000
160.000
110.000
160.000
225.000
Emplois à créer

25.000
55.000
105.000
55.000
105.000
170.000

ÉTAMPES
1962
1968
1975 H1
1975 H2
Population totale
13.600
18.000
40.000
65.000
Population active
6.600
8.500
18.000
29.000
Taux d’emploi
0.66
0.66
0,66
0,66
Emplois totaux
4.200
5.600
12.000
19.000
Emplois à créer

1.400
7.800
14.800


Commentaires et éléments de programmation.

     En ce qui concerne ce point, on mesure l’effort d’équipement à effectuer pour ne serait-ce que maintenir le taux d’emploi en 1968. Toutefois, l’importance des projets en cours et le dynamisme de la croissance du noyau industriel de la Seine permettent d’espérer que sinon en 1968, du moins en 1970, le taux 0,35 sera obtenu. Pour 1975, la réussite dépendra plus des implantations tertiaires envisagées au Nord-Est que des implantations industrielles.

     Étampes a un effort à faire proportionnellement plus important que le département; si d’ici à 1968 l’équilibre paraît pouvoir être obtenu ne serait-ce que par la simple augmentation prévue des emplois dans le secteur tertiaire qui, dans l’hypothèse moyenne, atteindrait 1.400 emplois, c’est le nombre d’emplois nécessaires pour conserver l’équilibre. La situation est différente si l’on examine 1975, l’afflux massif de population va susciter de fortes demandes d’emploi; si l’on ne veut pas que ce bond démographique ne dégrade profondément l’équilibre de l’emploi à Étampes, il faut — de 1962 à 1975 — créer: 7.800 (H1) ou 14.800 (H2) emplois et — de 1968 à 1975 — 6.400 (H1) ou 13.400 (H2).

Les branches d’activités.

     Les types d’implantation susceptibles de pouvoir s’installer à Étampes sont:

     Les branches pour lesquelles on constate un développement — passé ou actuel — conjoint de la ville et du département:
     — l’industrie chimique,
     — l’industrie agricole et alimentaire,
     — l’industrie polygraphique, presse, éditions,
     — les commerces agricoles et alimentaires.

     La ville paraît enfin propice à l’implantation d’activité tertiaires.

CONCLUSIONS.

     Étampes est dans une situation géographique défavorable tant sur le plan démographique qu’économique, par rapport aux pôles de croissance du Nord du département et, ceci non seulement au stade actuel, mais aussi dans les prévisions de développement futur. Pour éviter que ce déséquilibre n’aille en s’accentuant, la ville doit courir le risque d’opérations très importantes d’urbanisation; à défaut, elle doit accepter de devenir de plus en plus une ville d’histoire et de tourisme, de ne rester qu’un gros marché commercial vivant sur l’arrière agricole. En dépit des élément défavorables que nous avons analysé au cours de ce rapport, la ville possède suffisamment d’atouts, en particulier un situation saine au départ, pour courir les risques nécessaires.


Source: exemplaire du Bulletin municipal conservé aux Archives Municipales d’Étampes. Saisie par Bernard Gineste, mai 2005.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     A.D.E.L.S.
(Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale), «Étampes: étude de géographie économique», in Bulletin Municipal n°5 (1er semestre 1967),  pp. 3-8.

     Bernard GINESTE,[éd.], «ADELS: Étampes, étude de géographie économique (1967)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-adels1967geographieeconomique.html, 2005.

Quelques publications de l’ADELS de cette période

     A.D.E.L.S. (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) [Association démocratique d’élus et animateurs de la vie locale et sociale fondée en 1959], Correspondance municipale. Revue mensuelle d’information et d’action communale, municipale et sociale [sous titre postérieur: Revue des partenaires du développement local], Paris, ADELS, 1959-1988 [devient après cette date la revue Territoire;  ISSN 0991-2428].

     ADELS, Pour l’équipement des villes de France [in-8°; 31 p.; illustrations, couverture illustrée], Paris, A.D.E.L.S., 1965.

     ADELS, [recueil de pièces sans titre], Paris, ADELS, 1968.
 

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