Bernard Gineste
Sur la mort du lieutenant Grant H. Cory
23 juin 1944
Lockheed P38 Lightening
En
mai et juin 1944, l’aviation alliée prit pour cible à plusieurs
reprises la ville de Sens dans l’Yonne. L’un de ces bombardements fut programmé
pour le 23 juin 1944. Il s’agissait de larguer en vol plané des bombes
visant spécialement le quai de la gare de Sens et les ponts qui enjambent
l’Yonne dans cette ville.
La mission fut confiée à une unité
de l’Armée de l’Air des Etats-Unis basée à Wormingford,
en Essex. Cet aérodrome militaire était occupé à
cette date par le 55th Fighter Group et le 362d Fighter Group. Le groupe 362
était là depuis le 30 novembre 1943 et il y avait été
rejoint par le 55 le 16 avril 1944. Chacun était composé de
trois escadrilles.
Le 55e groupe décolla de l’aérodrome
de Wormingford le 23 juin 1944 vers 11 heures du matin. Il comprenait pour
cette opération un total de 49 bombardiers monoplaces Lockheed P-38
Lightning, et il était commandé par le major Kelly. |
Vue aérienne de l’aérodrome de Wormingford (prise le 10 mai
1946)
Au sein
du groupe 55, la 38e escadrille était conduite par le capitaine Des
Voignes, dont l’équipier était le lieutenant Callaghan; en
tête de cette unité se trouvait lieutenant Littlefield dont
l’équipier était le lieutenant Robert Hoffman.
Au sein de cette escadrille se trouvait une unité
appelé Hellcat Blue, commandée par le capitaine Snell, dont
l’équipier était le lieutenant Gould. En tête de cette
unité volait l’appareil n°3, piloté par le lieutenant Grant
H. Cory, dont l’équipier était le lieutenant Silk.
Après avoir bombardé Sens, le groupe
obliqua vers le nord-est, à proximité de Paris. Il traversa
un tir de DCA. Il s’agissait probablement de celle d’Étampes. Ce tir
cessa lorsque plongèrent sur les bombardiers un groupe de sept chasseurs
Messerschmitt BF 109, en position défavorable pour les appareils alliés
puisqu’ils venaient du côté du soleil.
On était alors, selon le témoignage du
capitaine Clair Des Voignes, à 10.000 pieds d’altitude, du côté
de Dreux, mais des recherches récentes tendent à démontrer
que cela se produisit plutôt du côté d’Étampes,
au-dessus précisément du hameau de Pierrefitte.
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Messerschmitt BF 109
Les Messerschmitt
s’esquivèrent avant que les équipages des bombardiers n’aient
pu réagir à leur attaque.
Le capitaine Des Voignes était lui-même
à la tête d’une autre unité de la escadrille appelée
Hellcat White. Il vit de ses yeux la DCA en action dans le secteur où
volait l’unité du lieutenant Cory, et, vers 14 heures, entendit par
radio l’un de ses équipiers dire que Hellcat Blue avait obliqué
à gauche. C’est la raison pour laquelle, sans doute, l’appareil du
lieutenant Cory se trouva au-dessus d’Étampes. Le capitaine Des Voignes
obliqua à son tour à gauche. Comme il n’observa plus aucun appareil
ennemi, il continua à tourner jusqu’à avoir opéré
un tour à 306 degrés. Il demanda à son escadrille de
refaire cette manœuvre avec lui avant de reprendre sa course vers l’Angleterre.
Ce faisant il examina la zone où on lui avait dit qu’un appareil
avait explosé et était descendu en flammes, mais il ne vit
ni appareil ni parachute. Il affirme cependant que cet appareil fut plus
tard identifié comme étant celui du lieutenant Cory.
Lors de cette expédition, deux appareils
seulement furent perdus. Selon les informations qu’a pu obtenir Robert M.
Littlefield, c’est par la DCA qu’aurait été abattu l’appareil
de Cory, mais des recherches plus récentes tendent à démontrer
qu’il fut abattu comme le second par un Messerschmitt.
L’autre bombardier en question était piloté
par le lieutenant Robert B. Hoffman, qui était alors l’équipier
du lieutenant Littlefield. Il fut abattu par un appareil allemand, mais Hoffman
réussit à sauter en parachute dans le secteur de Voves en Eure-et-Loir.
Il fut dans un premier temps protégé par la Résistance,
mais finalement capturé par les Allemands à Paris où
il séjourna trois mois sans réussir à se faire exfiltrer.
Il fut envoyé à Buchenwald, puis de là au Stalag Luft
VII A, dont il ne fut libéré que par l’armée du Général
Patton.
Selon un témoignage, l’appareil du lieutenant
Cory en flamme passa au ras des ruines de la maison de la Tour, déjà
détruite par le bombardement du 10 juin, au milieu de la promenade
de Guinette, et poursuivit sa course vers la ferme de Guinette, contre le
mur duquel il s’abattit.
Jean Minier, âgé de onze ans, et qui était
alors en compagnie de son père, put s’approcher de l’appareil abattu
et y aperçut une botte dans laquelle se trouvait encore un bout d’os.
Un autre témoin se proposait de cacher ce reste sous un tas de foin,
lorsque des soldats allemands arrivèrent et les refoulèrent
rudement.
Le sort ultérieur des restes du capitaine Cory
est inconnu. Ils ne sont pas conservés au cimetière Saint-James,
où son nom est seulement porté parmi ceux des disparus au combat.
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En janvier 2009, un collectionneur d’objets militaires
de la seconde guerre mondiale a fait connaître la médaille de
l’Armée de l’Air qui avait été décernée
à titre posthume au lieutenant Cory, et dont on voit la photographie
ci-contre.
Le souvenir de ce drame a longtemps hanté la
mémoire du jeune Fernand Minier, qui, soixante-cinq ans après
ces événements, a obtenu de la municipalité d’Étampes
l’érection d’une plaque commérative, qui a été
solennellement été inaugurée le 23 juin 2009.
Cette cérémonie s’est déroulée
en présence de M. le député-maire Franck Marlin, de M.
Pierre Lambeseur, président du Comité
d’Entente des Anciens Combattants et Victimes de guerre, de membres du Conseil
Municipal et des Autorités militaires, en l’espèce de membres
de la Gendarmerie et de l’Armée de l’air, ainsi que d’une foule nombreuse
d’Étampois. |
Franck Marlin, Grant H. Cory et Fernand Minier (cliché
Jacques Corbel, 23 juin 2009)
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ANNEXE 01
Robert M. Littelfield
Sur la mort du lieutenant Grant H. Cory
d’après son ouvrage Double Nickel,
Double Trouble (1993)
MACR No. 06247
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MACR No. 06247
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Captain
Clair Des Voignes reported: "I was leading Hellcat White flight in the vicinity
of Dreux, France. I observed flak in the area where Hellcat Blue flight
was flying. At approximately 1400 Hellcat Blue was told to break left. I
broke to the left. I observed no E/A so made the break a complete 360. I
called to the squadron to make a 360, reassemble, and resume course. While
making my second 360 I observed where a plane had exploded and gone down
on fire. Neither the plane or the pilot were observed. This plane was later
identified as that flown by 1/Lt. Grant H. Cory."
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Voici
le rapport du capitaine Clair Des Voignes : «J’étais à
la tête de l’unité aérienne Hellcat White aux environs
de Dreux en France. J’ai observé un tir de la DCA dans le secteur
où volait l’unité Hellcat Blue. Vers 14 h quelqu’un a déclaré que Blue Hellcat
avait obliqué à gauche. J’ai obliqué à gauche.
Je n’ai pas repéré d’appareil ennemi et j’ai donc poursuivi
ma rotation jusqu’à 360°. J’ai appelé l’escadrille à
faire un tour sur elle-même, à se réassembler puis à
reprendre son chemin. Tout en faisant mon second tour tout à 360°
j’ai repéré l’endroit où un appareil avait explosé
et était tombé en flammes. On n’a repéré ni
l’appareil ni le pilote. Cet appareil a été identifié
ensuite comme étant celui que pilotait le lieutenant Grant H. Cory.»
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Hellcat
Blue flight was lead by Captain Snell. His wingman was Lt. Gould, the element
leader, (#3) was Lt. Cory and Cory’s wingman was Lt. Silk. The 38th Sqdn.
was being led by Capt. Des Voignes and his wingman was Lt. Callaghan, the
element was led by Lt. Littlefield and his wingman was Lt. Robert Hoffman.
The mission for the Group, led by Major Kelly, was to glide bomb the railroad
embankment and bridges at Sens, France. The three squadrons of the group
put up 49 P-38s for this mission. They took off at 1135 and landed at 1512.
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L’unité
aérienne Hellcat Blue était commandée par le capitaine
Snell, dont l’équipier était le lieutenant Gould; en tête
se trouvait le n°3, le lieutenant Cory et l’équipier de Cory
était le lieutenant Silk. La 38e escadrille était conduite
par le capitaine Des Voignes, dont l’équipier était le lieutenant
Callaghan; en tête de cette unité se trouvait lieutenant Littlefield
dont l’équipier était le lieutenant Robert Hoffman. La mission
du groupe, commandé par le major Kelly, était de lâcher
des bombes en vol plané sur le quai ferroviaire et les ponts de Sens,
en France. Les trois escadrilles du groupe comprenaient 49 appareils Lockheed
P-38 Lightning pour cette mission. Ils avaient décollé à
11h35 et ont atterri à 15h12.
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After
bombing, the Group turned north and west near Paris, encountering flak,
which ceased as four Me-109s came down out of the sun on the rear of Hellcat
squadron at 10,000 feet near Dreux. Four more Me-109s serving as top cover
came in but broke away before we could engage.
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Après
le bombardement, le groupe se dirigea vers le nord-ouest, près de
Paris, rencontrant un tir de DCA, qui cessa lorsque quatre Messerschmitt
BF 109, avec le soleil derrière eux, plongèrent sur l’arrière-garde
de l’escadrille Hellcat à 10.000 pieds d’altitude dans les environs
de Dreux. Quatre Messerschmitt supplémentaires, qui les couvraient
par en-dessus, entrèrent en scène, mais s’esquivèrent
avant que nous ayons pu réagir.
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Two men
were lost; Cory to flak and Hoffman to enemy aircraft. Lt. Cory was from
Montana. His name is on the Wall of the Missing, Brittany American Military
Cemetery and Memorial, St. James, France.
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Deux hommes
furent perdus, Cory par le fait de la DCA et Hoffman par le fait d’un appareil
ennemi. Le lieutenant Cory était du Montana. Son nom est sur le Mur
des Disparus au combat, au cimetière et mémorial anglo-étatsunien
de Saint-James, en France.
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(Reproduced
with the kind permission of Mr. Robert M. Littlefield, from the author’s
book, Double Nickel, Double Trouble.) |
(Reproduit
avec l’aimable autorisation de M. Robert Littlefield, d’après le
livre de cet auteur, Double Nickel, Double Trouble).
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ANNEXE 2
Note sur les Rapports
sur les équipages portés disparus (MACRs)
Missing Air Crew Reports
Au cours de la Seconde
Guerre mondiale, l’Armée de l’Air des Etats-Unis d’Amérique
(US AAF) demanda aux unités aériennes, au niveau des Groupes
de combat, de rendre des rapports sur les personnels aériens manquants
(Missing Air Crew Reports, MACRs) aux QG des forces aériennes, moins
deux jours après qu’un appareil ou qu’un équipage ne paraisse
pas être revenu d’une mission de combat. Le QG de l’Air Force ordonna
aux QG des différents groupes de rendre un rapport pour tout incident
impliquant la perte de membres d’équipage durant des opérations
de combat et ce quel que soit le nombre des équipages perdus. Par
exemple, les groupes de bombardiers lourds devraient rendre un rapport lorsqu’un
appareil s’en reviendrait d’une mission avec moins que les dix membres d’équipage
habituels. Dans le cas où un équipage entier se serait pas
revenu, il fallait rendre aux QG de l’Air Force un rappport racontant les
événements qui avaient précédé la perte
de cet appareil. De même, les groupes de combat présenteraient
un rapport lorsque les pilotes d’avion monoplace ne serait pas revenu d’une
mission.
Les informations contenues
dans un MACR habituel comprennent la date, l’heure et le lieu où
l’équipage et l’appareil ont été vus pour la dernière
fois ou ont portées disparues de la formation. Plus de détails
étaient tirés de déclarations faites par les membres
d’équipage d’autres avions volant dans la même formation. Ces
déclarations mentionnent d’habitude si on a vu des parachutes qui
se soient ouverts et combien de soldats ont quitté l’avion avant
l’accident. Les noms des membres de l’équipage manquants étaient
répertoriés par place occupée dans l’appareil, grade,
numéro de série, et statut connu, à savoir Disparu
au combat (MIA, Missing in Action) ou Prisonnier de guerre (POW,
Prisonner of War).
Comme informations complémentaires
figurant dans le MACR, on trouve le numéro de série de l’appareil
(porté sur sa queue), son surnom ou la lettre l’identifiant au sein
de l’escadrille, ainsi que le type, le modèle et le numéro
de série du moteur ou de la mitrailleuse. Apparaissent
également dans le MACR le nom de la base aérienne
attitrée et le numéro de l’unité (de l’escadrille,
du groupe ou de l’armée de l’Air) à laquelle appartenait l’avion.
Le Bureau des études
historiques de l’Armée de l’Air (Air Force Historical Studies Office),
à Washington (district fédéral), conserve les MACR
sur microfiches.
L’Administration des Archives et des dossiers
nationaux (NARA, National Archives and Records Administration) conserve
les MACRs sur microfilm de 16 mm.
L’Agence pour les recherches historiques de l’Armée
de l’Air (AFHRA, Air Force Historical Research Agency), localisée
à la Base aérienne militaire de Maxwell (Maxwell AFB), située
à Montgomery en Alabama, aide aussi les chercheurs à trouver
les MACR qui pourraient les intéresser. Elle dispose de plusieurs
listes établies à partir des dossiers des différentes
unités de l’Armée de l’Air, qui peuvent servir à repérer
le numéro des MACR concernant des personnels disparus lorsque l’on
a déjà l’une des informations suivantes: type de l’avion et
son numéro de série, date de la disparition, numéro
de série de la mitrailleuse ou du moteur.
Source: AFHSO (Air Force Historical Studies Office, Bureau des études
historiques de l’Armée de l’Air), «Missing Air Crew Reports
(MACR)s», in Site officiel, http://www.airforcehistory.hq.af.mil/faq/MACR.htm, en
ligne en 2009.
Bernard Gineste, juin 2009
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Sources: la Toile en juin 2009.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Édition
Bernard GINESTE, «Sur
la mort du lieutenant Grant H. Cory (23 juin 1944)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19440623cory.html, juin
2009.
Sources
Robert M. LITTLEFIELD,
Double Nickel, Double Trouble [203 p.; nombreuses illustrations;
bibliographie p. 201; index; nombreuses information sur chacun des membres
du 55th Fighter Group qui ont été tués, qui ont échappé
à la capture ou ont été faits prisonniers], Visalia
(California, USA), Jostens Printing & Publications, 1993, pp. ?-?.
Dont un extrait mis en ligne avec l’autorisation de
l’auteur par Russ ABBEY [ci-dessous].
Dont une traduction par Bernard GINESTE, ci-dessus.
Russ ABBEY [éd.],
«Lt. Grant Cory», in ID., 55th Fighter Group Website,
http://www.55th.org/
[cliquez sur “Pilots”, puis sur “38th Fighter Squadron”, puis sur “Cory”],
en ligne en 2009.
Nick *** [pseudonyme d’un
collectionneur], «Air Force Fighter Pilot Air Medal in Europe, 38th
Fighter Squadron, 55th Fighter group», in US Militaria Forum (For
Collectors – Dedicated to Heroes), http://www.usmilitariaforum.com/forums/index.php?showtopic=34745&pid=265874&mode=threaded&start=#entry265874,
19-24 janvier 2009, en ligne en 2009.
Jacques CORBEL, «Commémoration
de la mort du lieutenant Grant H. Cory (23 juin 1944 - 23 juin 2009)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-21-20090623cory.html, juin
2009.
Toute critique,
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