A.
D.
Abeille d’Étampes LXV/42, pp. 1-2.
(samedi 14 octobre 1876)
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La Campagne de Saint-Arnoult.
Souvenir de la Révolution de 1830.
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Il y a aujourd’hui plus de quarante-six ans, le 2 août 1830, à
huit heures du matin, la ville d’Étampes était fort agitée:
le bruit courait dans la ville que Charles X, détrôné
les 27, 28 et 29 juillet (1), revenait de Rambouillet
sur Paris avec les gardes du corps, la garde royale et les suisses (2); déjà la guerre civile était
dans nos murs.
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(1) Il s’agit des trois journées d’insurrection parisienne appelées
les Trois glorieuses.
(2) Rumeur populaire, parmi d’autres, et sans fondement.
Le 2 août, Charles X, retiré à Rambouillet, abdique,
et convainc son fils d’abdiquer à sa suite. Il confie à son
cousin le duc d’Orléans la tâche d’annoncer que son abdication
se fait au profit de son petit-fils le duc de Bordeaux, faisant du duc d’Orléans
le Régent. Le dit Louis-Philippe annonce aux Chambres réunies
les abdications de Charles X et du dauphin, mais sans mentionner qu’elles
ont été faites en faveur du duc de Bordeaux. Charles X se sépara
de ses gardes du corps le 14, à Valognes, sur la route de Cherbourg
et de l’exil.
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Un officier d’ordonnance du lieutenant général du royaume (3) était arrivé chez une personne notable
de la ville (4), disant: «Je viens faire appel
à votre patriotisme; employez votre influence pour que vos concitoyens
marchent sur Rambouillet, afin d’empêcher le retour de Charles X.»
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(3) Le 30 juillet, en début d’après-midi,
les députés ont adopté une proposition rédigée
par Benjamin Constant qui «prie S.A.R. Mgr le duc d’Orléans de
se rendre dans la capitale pour y exercer les fonctions de lieutenant général
du royaume». Louis-Philippe accepte cette charge dès le lendemain
31 juillet.
(4) L’auteur ne semble ici
s’appuyer que sur une rumeur.
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Mon frère vint m’éveiller pour m’apprendre cette nouvelle.
Vêtu d’un mauvais habit, coiffé d’un
chapeau gris, armé d’un fusil de munition (5) et
mes poches bourrées de cartouches, je courais vers la mairie: je rencontrai
M. Mainfroy fils (6), place Notre-Dame; déjà
on battait la générale (7) dans toute
la ville, nous ajoutâmes à ce vacarme le bruit des cloches de
Notre-Dame, nous nous mîmes à tirer les cordes comme deux fous.
Bientôt survint le sonneur en chef Loiseau (8),
fort effarouché d’entendre ces cloches résonner
sans son concours et faire une musique qui manquait absolument d’harmonie.
M. Vinache, médecin (9),
nous rejoignit sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
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(5) Ce n’est que dans sa 6e édition (1832-1835) que le Dictionnaire
de l’Académie française ajoute à l’article “munition”
le paragraphe suivant: «Fusil de munition, Fusil de gros calibre, qui
est l’arme ordinaire des soldats d’infanterie, et auquel s’adapte une baïonnette».
(6) Un Nicolas Mainfroy est échevin d’Étampes
dès 1648. Maxime Legrand, dans une notice de 1909, range cette famile
avec “tout ce que le pays comptait de vieilles familles”. Selon Marquis (Les
Rues, p. 95), “c’est en 1825 que furent établis à Étampes
les premiers moulins dits à l’anglaise (...) et le moulin Branleux
d’en bas par M. Théodore Mainfroy.”
(7) La générale, selon l’Encyclopédie,
est “une marche particuliere ou une certaine maniere de battre le tambour,
par laquelle on avertit les troupes de se tenir prêtes à marcher
ou à combattre. (…) Ainsi faire battre la générale,
c’est faire battre le tambour pour que tout le monde prenne les armes”.
(8) Je n’ai rien trouvé à cette heure
sur ce personnage.
(9) A. Pillas a édité en 1911 (Archives
municipales d’Étampes, AA 398), “Le Pilote, chanson allégorique
chantée au banquet de la Revue du mars 1831 à Étampes
par M. Vinache” (32 vers imprimés). Frédéric Gatineau
(Étampes en lieux et places, 2003) signale par ailleurs qu’au
cimetière Notre-Dame ancien “la colonne torse du monument funéraire
du docteur Alexandre Thermidor Vinache (mort en 1836 à 41 ans) honore
celui qui s’est dévoué pendant l’épidémie de
choléra en 1832.”
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Trois à quatre cents individus étaient rassemblés sur
cette place; les uns habillés en gardes nationaux
(10), les autres vêtus en bourgeois (11),
tous plus ou moins mal armés et équipés et tous criant
bien fort. Quelle cohue, mon Dieu!
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(10) A partir de juillet 789, les milices bourgeoises ont été
transformées en gardes nationales. Sur les gardes nationaux étampois
(Étampes en Révolution, 1989, passim).
(11) C’est-à-dire en civil, avec les habits
caractéristiques de la classe bourgeoise. A Étampes les citoyens
dits actifs, seuls capables d’appartenir à la garde nationale, étaient
ceux dont la contribution directe dépassait 2 livres et 5 sols (ibid.,
p. 231) ; on voit qu’en août 1789 en sont exclus officiellement “les
journaliers et les petits artisans” (ibid., p. 59).
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Qui
commandait? Je n’en sais encore rien aujourd’hui. Était-ce Michel
Boivin, le fils du maire (12), coiffé de son
bonnet de grenadier (13); était-ce Raimbert
Délivré (14), le chef orné de
son ourson de chasseur (15), tous deux lieutenants
de la garde nationale; était-ce un ancien militaire, beau-frère
d’un nommé Pilfert (16), dont je ne me rappelle
plus le nom, mais dont le rôle était bien changé, car
en 1820 il commandait à la procession des missionnaires, lorsqu’elle
fit le tour de la ville et s’écriait: Portez croix! — Reposez croix! (17)
Enfin on se mit
en route en chantant et en se promettant de faire des prouesses si on rencontrait
les satellites du tyran. Quelle fanfaronnade! Un compagnie de quarante soldats
nous eût mis en fuite après cinq minutes de combat.
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(12) Jean-Gilles Boivin-Chevallier, maire d’Étampes de 1826 à
1831 puis à nouveau de 1831 à 1834 (selon Wingler).
(13) Colback, bonnet à poil dit aussi bonnet
d’ourson, pièce d’uniforme caractéristique de cette unité.
(14) Je n’ai rien trouvé pour l’heure sur ce Raimbert
Délivré.
(15) Les unités de chasseurs portaient aussi
un colback, sorte de bonnet à poil en forme de cône tronqué
renversé.
(16) Le patronyme Pilfert ou Pillefert est attesté
dans le secteur.
(17) D’après des notes inédites de
Frédéric Gatineau, elle aurait plutôt eu lieu en 1821,
et “se conclut le 15 décembre par la plantation de la Sainte Croix
portée par 100 hommes au carrefour St Basile: elle mesurait
45 pieds de hauteur” (Archives municipales, FA 356-359). Selon Madeleine Lassère, “La révolution de Juillet
balaie les croix de mission orgueilleusement dressées sur les places
de ville: destruction du Calvaire du Mont-Valérien, destruction des
croix d’Auxerre, Provins, Beaune ou Reims, destruction d’ailleurs plus politique
qu’antichrétienne. L’article de L’Ami de la Religion qui relate
les faits à Reims est en cela particulièrement éclairant:
les manifestants animés de la haine du jésuitisme, dénoncent
avant tout la collusion entre la hiérarchie ecclésiastique
et le parti ultra.” (Villes et cimetières en France de l’Ancien
Régime à nos jours, Paris, L’Harmattan, 1997, pp. 169-170).
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En arrivant en face de Champ-Doux (18), le vieux Fontaine,
perruquier de la rue de la Juiverie (19), ancien membre
du Comité de Salut public en 1793 (20), fatigué
déjà, disait d’un air comique: «Que le diable emporte
le gouvernement provisoire!»
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(18) Aujourd’hui Champdoux, autrefois Chandou, ferme de la commune d’Étampes,
à gauche sur la route de Dourdan.
(19) Je n’ai rien trouvé pour l’instant
sur ce Fontaine perruquier.
(20) Selon Étampes-Histoire
(Étampes en Révolution, p. 155), ce Comité est
apparu à Étampes à partir de mai 1793, et il s’occupait
surtout de la réquisition et du contrôle de l’économie
de guerre.
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A hauteur
de Boissy-le-Sec (21) , M. Desrosiers (22) nous apporta quelques
paniers de vin qu’on but aux cris de: Vive la Charte! (23)
Vive la Liberté!
A la Forêt-le-Roy (24), on fit halte pour rafraîchir des gosiers que
le patriotisme et la chaleur de 32 degrés avaient desséchés;
halte encore aux Granges-Saint-Père (25), toujours
à cause de la chaleur et du patriotisme.
Là, Henry
et Auguste Duverger (26) nous rejoignirent; ils étaient
en cabriolet (27); je pris place près d’eux
et nous gagnâmes les devants pour annoncer à Dourdan (28) l’arrivée du flot populaire.
On passa deux heures à Dourdan; on mangea
un peu et on but beaucoup, il faisait si chaud! Puis, bien qu’on eût
appris que Charles X avait quitté Rambouillet (29),
et qu’on pouvait retourner à Étampes, on persista à
vouloir marcher contre l’ennemi: cela se conçoit, il avait disparu
et il n’y avait plus de danger à courir.
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(21) C'est-à-dire au carrefour de la route
de Boissy, voyez la carte de Cassini ci-dessus, et
sutout ci-dessous.
(22) Je n’ai rien trouvé pour l’instant sur ce Desrosiers.
(23) Vive la Charte! C’était le cri de ralliement
des insurgés de 1830. Il s’agissait de la charte constitutionnelle
accordée par Louis XVIII le 4 juin 1814, qui faisait de sa royauté
française une monarchie constitutionnelle, que mit à mal à
la fin de son règne un Charles X nostalgique de la monarchie absolue
de droit divin.
(24) La Forêt-le-Roi,
à 11 km d’Étampes sur la route de Dourdan.
(25) Les Granges-le-Roi, à 15 km d’Étampes
sur la route de Dourdan.
(26) Léon Marquis
(pp. 351-352) cite un Alexis-Jean-Henri Duverger, général de
brigade, né à Étampes le 14 décembre 1755, mort
le 14 janvier 1830. Un actemis en ligne par un généalogiste
signale un Auguste Duverger domicilié à Étampes encore
vivant le 11 août 1889, âgé de 70 ans, ancien vannier
(témoin de la naissance de son petit-fils Albert, fils de son fils
Auguste âgé de 35 ans (ce dernier employé du chemin de
fer, domicilié 3 rue de l’Ile Maubelle). Agé en 1830 d’environ
11 ans il était peut-être le fils de notre homme. C’est à
vérifier. Un Théodore-Adrien Duverger a été
officier de la garde nationale en 1790, puis vice-président du district
d’Étampes, puis commissaire et répartiteur des impôts,
puis en 1797 président de l’administration municipale jusqu’au 4 septembre
(cf. Étampes-Histoire, Étampes en Révolution 1789-1799,
Étampes, 1789, pp. 223-224). Auguste et Henry sont peut-être
ses fils.
(27) Un cabriolet est une voiture à cheval
légère, à deux roues.
(28) Dourdan, à 18 km d’Étampes.
(29) Charles X en fait ne passa que la nuit du
2 au 3 à Dourdan. Citons ici Michel de Decker: “Et, au départ
de Rambouillet, le roi sans couronne disposerait également d’une escorte
de treize mille hommes, autant dire d’un cortège interminable qui
n’allait pas passer inaperçu sur les chemins de l’Île-de-France
et de la Normandie. Rambouillet-Cherbourg! Il ne faudra pas moins de 13 jours
à cette immense smalah royale pour effectuer le long trajet sur des
routes détrempées, car l’été de 1830 est resté
dans les annales comme ayant été un été pluvieux.”
(«La Marche funèbre de Charles X», ici, en ligne en 2008).
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En
quittant Dourdan et aux portes de cette ville, nous rencontrâmes deux
ou trois cavaliers, en tenue d’écurie (30),
avec cinq ou six chevaux ayant seulement une couverture et un bridon (31); ces hommes se sauvaient et ne savaient où
aller.
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(30) A titre indicatif, la cavalerie de la garde impériale disposait
de dix tenues différentes: “tenue de campagne, tenue de route, tenue
de charge, tenue de service, tenue de quartier, tenue d’écurie, tenue
de société, tenue de ville, tenue de grande parade”.
(31) Un bridon est selon Littré une bride
très simple à mors articulé, dont on se sert au lieu
de la bride ordinaire, pour les chevaux de tirage commun, pour les chevaux
de course, pour ceux que l’on promène ou que l’on conduit à
l’abreuvoir.
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Nous
les fîmes descendre, on s’empara des chevaux, Michel Boivin et Raimbert
Délivré, toujours coiffés de leurs bonnets à
poil, malgré la chaleur caniculaire, en enfourchèrent chacun
un, et nous eûmes deux commandants à cheval; une autre personne
monta sur le troisième cheval et ramena les autres à Étampes.
Ce fut la seule conquête des Étampois pendant cette campagne.
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Bonnet de grenadier
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Dans
la forêt nous rencontrâmes les patriotes de Dourdan qui, partis
avant nous, revenaient sans avoir combattu; ils nous dirent que nous ne dépasserions
pas Saint-Arnoult (32), Charles X ayant quitté
Rambouillet.
L’un d’eux, M. Godechèvre, percepteur à
Dourdan (33), vêtu en garde national, fut bousculé
par un garçon tanneur (34) qui était
ivre; cet individu voyait en M. Godechèvre un garde royal, nous eûmes
beaucoup de peine à l’arracher de ses mains.
Quant à ce percepteur des contributions,
agent du gouvernement déchu, il eût mieux fait de rester chez
lui que de prendre les armes contre ce gouvernement qui le faisait vivre
depuis vingt ans.
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(32) Saint-Arnoult-en-Yvelines, à plus de 8 km de Dourdan, et à
26 km d’Étampes.
(33) Nous connaissons deux Godechèvre ou
plutôt Codechèvre originaires de Dourdan. Le premier, Pierre-Augustin
Codechèvre, marchand bonnetier et président du tribunal de
commerce de Dourdan, né le 7 novembre 1746 et mort le 4 septembre
1831, fut brièvement maire de cette ville du 5 octobre 1793 au 4 janvier
1794 ; mais il avait 84 ans en 1830. Le second, Charles Félicien Codechèvre,
finit ses jours cabaretier à Saint-Arnoult. Le Cercle généalogique
de Saint-Arnoult-en-Yvelines a mis en ligne l’acte de décès
de sa femme Michelle Chauveau, originaire de Ceton (Orne) et morte âgée
de 50 ans le 4 novembre 1834, “femme Charles Félicien Godechevre”.
Lui-même meurt le 3 février 1840 âgé de 78 ans,
“cabaretier, de Dourdan, veuf de Marie Michelle Fauveau”: il devait être
né vers 1762 et avoir 68 ans en 1830. («Table de décès
de 1830 à 1834», ici, et «Table de décès de 1840
à 1844», ici, en ligne en 2008). Il doit donc s’agir encore d’un
autre Codechèvre, percepteur en 1830.
(34) La tannerie était à Étampes
une activité importante, concentrée dans le secteur où
se trouve la rue de la Tannerie. Le comportement de ce garçon tanneur
aviné illustre clairement aux yeux de notre auteur, de meilleure naissance,
la dangerosité des classes populaires dans les situations de crise.
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Enfin,
nous arrivâmes à Saint-Arnoult, dont l’entrée était
gardée par des soldats qui avaient passé du côté
du peuple et qui nous empêchèrent d’aller plus loin.
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Un
orage se préparait; je revins avec mes obligeants camarades, Henry
et Auguste, jusqu’à Dourdan, et prévoyant du tapage de la part
de quelques centaines d’individus, échauffés par de nombreuses
libations (35), j’allai trouver M. Boivin, maire de
Dourdan (36), et je lui fis part de mes craintes; il
fit distribuer des vivres et nous prîmes des mesures pour diriger vers
Étampes, après un certain temps, le flot des Étampois. |
(35) Une libation est dans l’antiquité l’action
de répandre soit du vin ou un autre fluide tel que la farine en l’honneur
d’une divinité. Littré qualifie de “familier” l’emploi imagé
de ce mot au pluriel, pour désigner des “coups de vins”.
(36) Il s’agit de Denis Aubin Boivin, notaire,
né le 17 février 1767 à Authon-la-Plaine et mort à
Dourdan le 23 mai 1843, maire de cette ville du 26 février 1826 au
9 juillet 1843.
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Je
me chargeai de voir Michel Boivin à l’arrivée, et de l’engager
à presser le départ.
Vers sept heures, nos gens arrivèrent et
j’allai trouver mon ami Michel. Il était à cheval, à
la tête de sa colonne, sur la place, et je lui fis part de ce dont
nous étions convenus. Il me répondit, avec cette politesse
qu’on lui connaissait et que sa dignité de chef de bataillon aurait
dû mitiger: «Tu m’embêtes!»
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Caricature: Charles X embarque
à Cherbourg
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Dans
le même moment, je rencontrai Constantin Gresland (36)
qui ne savait où dîner et coucher; un grand
orage se préparait; sur ma demande, M. Leduc, quincaillier sur la
place de Dourdan (38), nous offrit l’hospitalité
et nous fit partager son dîner.
Le lendemain au matin, après avoir passé
quelques heures dans les cafés, les cabaret et les maisons particulières,
nos camarades se mirent en route, mais l’orage éclata et ils furent
trempés dedans, dehors, dessus et dessous.
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(37) Constantin Gresland. Sur la famille Gresland, il faut noter avec Frédéric
Gatineau (Étampes en lieux et places, 2003), la présence
au Cimetière de Notre-Dame ancien de la sépulture de cette
famille Gresland, qui a tenu le moulin de la Pirouette; la première
sépulture conservée date de 1853. Léon Marquis (Les
Rues, p. 81) note par ailleurs qu’un Auguste-Édouard Gresland
fut adjoint du maire Théodore-Alexis Charpentier, avec lui nommé
le 7 février 1850, et avec lui révoqué en novembre 1851.
Mais la destinée particulière de Constantin Gresland est intéressante
en elle-même. En 1852 il racheta une filature de coton à Maromme
(Seine-Maritime) et la reconvertit en corderie de mèches à
bougies, en ajoutant une machine à vapeur aux deux roues hydrauliques
existantes (selon la Base Mérimée). En 1866, il construisit
de plus en pleine campagne, à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime)
une nouvelle filature spécialisée dans la fabrication de mèches
à bougie, surnommée “l’usine des champs”, qui a survécu
jusqu’en 1997 (Base Mérimée), date à laquelle
mon frère Laurent y a acheté un superbe bobinoir.
(38) Je n’ai rien trouvé pour l’instant
sur ce Leduc, quincaillier à Dourdan.
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Nous
envoyâmes chercher des chevaux et une voiture de poste (39), et Constantin Gresland et moi arrivâmes à
Étampes après les autres, sans doute, mais heureux d’avoir
trouvé asile à Dourdan.
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(39)
Une voiture de poste, une diligence, ancêtre de nos autocar, voire
de nos taxis.
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Hélas! nous pouvions dire comme Dubois à Danville, dans l’École
des vieillards (40):
Nous avons fait, Monsieur, une belle campagne!
En arrivant à Étampes, je voulus décharger
mon fusil, mais la lumière (41) était
bouchée, l’amorce seulement prit feu trois ou quatre fois de suite,
et le fusil ne partit point.
Quel beau combattant j’aurais fait!
Mon fusil ne voulant point partir me prouvait qu’il
était moins bête que moi et que j’aurais dû faire comme
lui.
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(40) L’Ecole des vieillards est une comédie en cinq actes du
poète Casimir Delavigne (1793-1843), représentée le
6 décembre 1823 par les comédiens ordinaires du roi, qui connut
un grand succès populaire et valut à son auteur une place à
l’Académie française en 1825. Esprit indépendant, il
avait refusé une pension offerte par Charles X, ainsi que la Légion
d’honneur, et il composa en 1830 un hymne à la gloire des victimes
des Trois Glorieuses et en faveur de Louis-Philippe.
Le vers cité ici est le tout premier de
l’acte V; mais c’est en réalité Valentin, domestique
de Danville, qui prononce cette réplique, il n’y a pas de personnage
appelé Dubois dans cette pièce, à moins qu’il ne s’agisse
du nom de l’acteur qui interprétait ce personnage le jour où
l’auteur l’a vu jouer.
(41) La lumière d’un canon ou d’un fusil
était le petit trou par lequel où mettait le feu à la
poudre.
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A. D.
29 Septembre, jour de la saint Michel (42).
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(42) On ne sait pas pourquoi la date du saint est mentionnée; on notera
cependant que qu’il existe à Étampes depuis le XIIe siècle
une foire Saint-Michel, à l’occasion de laquelle peut-être ce
témoignage aura été donné, pour une raison indéterminée.
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Toute correction, critique ou contribution sera
la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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