CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Dames de Maubuisson
Fief, rente et dîmes sis à Étampes
vers 1705
  
 Première page du dossier
 
    Il est impossible d’écrire l’histoire d’Étampes du Moyen Âge à la Révolution, et spécialement celle du quartier Saint-Martin, sans avoir consulté les archives des religieuses de Maubuisson, près Pontoise.
     Ces religieuses ont en effet perçu
pendant plusieurs siècles la plus grande partie des dîmes levées sur le territoire de l’actuelle commune d’Étampes, de sorte que leurs archives sont une source de premier ordre sur l’histoire ancienne de la ville.
     Comme ce terrain d’étude est à ma connaissance entièrement vierge, du point de vue de l’historiographie étampoise, j’édite ici, pour tracer une première avenue dans cette friche, un très précieux dossier récapitulatif rédigé vers 1705 par un agent à Étampes de ces religieuses, non identifié pour l’instant, et retouché après 1739.
Première édition, novembre 2008
Bernard Gineste
 
Dames de Maubuisson
Fief, rente et dîmes sis à Étampes
vers 1705



Préface

     Le couvent des religieuses de Notre-Dame-la-Royale, plus communément appellées dames de Maubuisson, près de Pontoise, avait été fondé vers 1239 par Blanche de Castille, alors dame douairière d’Étampes. Cette princesse les avait dotées notamment, avec l’accord de son fils saint Louis, de plusieurs de ses biens étampois, et surtout de toutes les dîmes inféodées dont elle jouissait alors dans cette ville.

     Les archives de ces religieuses auraient dû depuis longtemps être explorées et exploitées pour servir à l’histoire d’Étampes au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime: il y a là un travail qui pourrait occuper toute une équipe pendant quelques mois. Certains dossiers sont d’une lecture très facile, et il n’est pas besoin d’être un grand clerc pour les retranscrire et les étudier. Avis à ceux qui voudraient participer à ces recherches: j’en ai déjà photographié une grande partie et je tiens à la disposition de tous ceux qui voudraient y travailler des clichés d’un bon nombre de ces documents, tout prêts à être retranscrits et étudiés comme celui que j’édite ici.

L'une des deux principales boites d'archives des dames de Maubuisson concernant Etampes
     On donne ici la transcription d’un dossier récapitulatif rédigé vers 1705 par un personnage que je n’ai pas encore identifié, mais qui devait être un agent des religieuses de Maubuisson à Étampes.

     D’une mention manuscrite au dos du cahier, il apparaît qu’il avait été prêté au sieur Pierre Goupil, curé de Saint-Martin de 1710 à 1739*, probablement le 12 septembre 1722, et que ce dernier omit de le rendre, ou qu’on oublia de le lui redemander
**, de sorte qu’il passa entre les mains de son hériter Antoine Goupil, laboureur en Normandie, avant de revenir dans les archives de Maubuisson.
     * D’après des notes inédites de Frédéric Gatineau.
    
** Nous avons de fait un reçu de Pierre Goupil , en date du 12 septembre 1722, pour un autre document prêté par les religieuses, où il s’engage à le rendre à la première réquisition de ces dames. Je le donne en Annexe 2.
     Après qu’il eut été récupéré par les Dames de Maubuisson, ce dossier a fait l’objet de quelques mises à jour, peut-être de la main du sieur Poussin, chantre de Sainte-Croix d’Étampes, qui était alors leur agent sur place.

      La présente édition de ce document sera améliorée au fur et à mesure de recherches ultérieures, et de l’édition d’autres documents auxquels il fait lui-même référence. Je donne en Annexe 1 une récapitulation par ordre chronologique des faits et actes datés par le présent dossier.

B. Gineste, 1er novembre 2008

   
 
Fief et dixmes d’Estampes* * Titre porté au dos du dossier.
Estampes*
* Titre porté en haut de la première page.
     Les revenus qui appartiennent à cette abbaye en la ville d’Estampes, concistent, en un petit fief dans la même ville; en portion des dixmes de la parroisse de Saint-Martin de la même ville; et en quelques heritages abandonnez par le curé de cette parroisse pour avoir la portion congrüe*.
* Pension annelle versé par le gros décimateurs d’une paroisse à son curé pour sa subsistance.
Fief.

     Le fief paroist peu considerable par les titres qui se trouvent dans la layette des papiers d’Estampes et dans les anciens cartulaires* puisqu’il ne conciste qu’a cinq livres quelques sols** en quatre articles qui ont esté si fort negligez que les derniers titres sont du 15. et du seizieme siecles, et qu’ainsi on a perdu la connoissance des maisons et heritages sur lesquels ils se prenoient, à l’exception de deux articles dudit cens***, l’un de vingt sol deü par les religieux celestins de Marcoussy sur les cens qu’ils ont au terroir de Villesauvage*. Ils ont esté condamnez à paier ces vingt sols parisis de cens par sentence des Requestes du Palais**, qui a esté suivie de reconnoissance et de prestation de paiement qui ne se trouvent point et dont on a connoissance que [sic] par des lettres du sieur Dannery procureur de cette abbaye à Estampes***, qui ne marque pas les dattes ny les notaires qui les ont passées. L’autre article du cens qui se paie est de quatre deniers parisis.
* Le Cartulaire de Maubuisson a été édité par Dutilleux et Depoin en 1890 et 1913 (voir notre Bibliographie).
** Rappelons qu’une livre valait 20 sols (ou sous) de 12 deniers, soit 240 deniers. Très grossièrement parlant, un sol valait à peu près un euro d’aujourd’hui.
*** Le cens est une redevance seigneuriale, qui par suite de l’inflation continuelle du Moyen Âge est devenue, sous l’Ancien Régime, essentiellement symbolique.

28 mars 1415.
* On se rappelera que Villesauvage est dans la paroisse de Saint-Martin, ce qui occasionnait évidemment des frictions entre les deux ordres.
**  Tribunal où l’on jugeait en première instance les causes des privilégiés qui s’y pourvoyaient.
*** En 1706, nous voyons un “Jacques Dannery fondé de procuration des dames religieuses de Longchamp” et non de celles de Maubuisson. La chose est à éclaircir.
     Ce dernier cens a pour fondement un bail à cens d’une place de deux toises et demie* sur la grande rüe St Jacques d’Estampes**. Ces deux toises et demie font partie d’une plus grande place sur laquelle a esté basty [sic] une maison par le sieur Delabutte, et qui est à present possedée par le sieur François Tardy officier de Monseigneur le duc d’Orléans.
* La toise carrée de France faisait 3799 m². La surface en question faisait donc environ 9.500 m², un peu moins d’un hectare.
** Il s’agit du n°10 de l’actuelle rue Louis-Moreau (Frédéric Gatineau, Étampes en lieux et places, pp. 26a et 81b).
5 novembre 1511. deficit. [en latin: manquant aux archives (terme rayé)] il est esnoncé dans la sentence cy-apres ./. ou à l’original dudit bail à cens
     On voit que ce cens de 4 deniers parisis a esté contesté par les proprietaires de la maison bastie sur cette place [p.2] en l’année 1637 sous pretexte qu’ils avoient payé ce cens aux religieux de Marcoussy; mais ils perdirent leur cause, par sentence des Requestes du Palais, ils furent condamnez de representer leurs titres d’acquisition, et d’en paier les lots et les arrerages des cens suivant le bail de 1511. Le droit de cens des religieux de Marcoussy est conservé par la mesme sentence pour 13 deniers parisis, elle a esté confirmée par arrest.

21 fevrier 1637.



7 septembre 1646.
     On peut voir les autres articles de cens non paiez et dont les debiteurs ne sont pas connus au second volume du cartulaire, folios 250, 251, 257.

Rente

     Il est deu aussi trente livres de rente du bail à cens et rente fonciere, suivant le contract de bail à rente qui en a esté fait à desfunct monsieur de Bry lieutenant general à Estampes* et à la dame son espouse pour le prix d’une maison qui appartenoit à cette abbaye en la ville d’Estampes, appellé l’Hotel de Maubuisson et ses dependances.

     Depuis le decez du sieur de Bry la dame sa vefve s’est fait adjuger sur luy cette maison au bailliage d’Estampes le 3 decembre 1697.

     On voit par les anciens titres de cette maison qu’elle appartenoit à cette abbaye dèz le 13e siecle et particulièrement au folio 2, verso, du 2e volume du cartulaire, et par plusieurs baux à longues années de cette maison de 1498, 1507, 1538 où il paroist que le prix n’estoit que de 61 sols parisis par an.
* Les Archives municipales d’Étampes conservent le Registre des délibérations pendant le mandat de maire de Gabriel de Bry, lieutenant général, 1658-1670; une Requête de la ville au Parlement, contre le lieutenant général de Bry, 1663, ainsi qu’un Règlement politique et général par le même de 1633.
8 juin 1681. Deficit. Cette rente a esté racheté en 1722 ou auparavant (comme je l’ay veu par la quittance d’employ des 600 livres provenant dudit remboursement à partir du plan fait ladite année de 20 arp. 42 perches de houlmes sur le teroir de Bessancourt**, lieudit le Buisson à la Malette) par madame Darcy. ** Commune du Val-d’Oise.

[Ajout dans l’interligne:] Note: Il a esté fait un bail à chef cens de 4 livres 9 sols payé à Estienne Le Tonnelier, sergent d’Estampes, le 23 mars 1407 (trois mots non déchiffrés) du 11 septembre 1407.
Dixmes

     Les dixmes qui font la plus considerable partie des revenus de cette abbaye à Estampes concistent à 4 gerbes par arpent de terre semée de tous grains et à quatre pintes de vin par arpent de vigne dans la continence de treize cens quatre-vingt-dix-sept [p.3] arpens de terre dans l’estendüe de la parroisse du faubourg Saint-Martin d’Estampes. Le surplus des grosses dixmes de cette parroisse appartiennent, partie aux chantre, chanoines et chapitre de Notre Dame d’Estampes et partie au sieur commandeur de Chaillous-la-Reyne*, et partie au sieur prieur de Saint-Martin.
[Ajout postérieur en marge:] En 1722, ces dixmes ont esté abandonnées au curé de Saint-Martin d’Estampes ainsy que les domaines de sa cure qu’il avoit luy meme abandonnées en 1641 à l’abbaye, qui luy a fait cet abandonnement pour estre dechargé de la portion congruë qu’elle luy payoit et autres charges desdites dixmes, duquel abandonnement luy a esté donné acte par arrest du Grand Conseil du 7 septembre 1722, en sorte que l’abbaye n’a plus que les trois muids** de froment sur les quatre que le domaine a à prendre sur les dites dixmes.
* Le commanderie hospitalière de Chalou détenait le Temple et le secteur environnant, dîmage compris.
Heritages
** Le muid de Paris valait 12 setiers de 12 boisseaux de 640 pouces cubes, soit 1,824 m³.
     Les héritages qui appartiennent à cette abbaye en la parroisse de Saint-Martin d’Estampes concistent.
     1° Un arpent de vigne ou environ, tenant d’un bout sur le grand chemin d’Orleans, d’autre sur un murger
* tenant à Claude Regnard archer.
     2. Un quartier de vigne assis à l’Orme Coignet
** aboutissant sur le grand chemin d’Orleans, d’un bout sur le grand chemin des vignes tenant à Jean Durand.
     3. Trois quartiers et demy de terre labourables assis au Grand Verger, tenant d’une part à une sente, d’autre aboutissant sur la rue de Riverselieu
***, d’autre sur plusieurs au bout de la montagne de Rogemont.
* Un murger ou meurger est au départ une épaisse muraille ou un tas de pierres parementé, édifié en une seule fois lors du défrichement et du défonçage d’une parcelle en vue de la création d’une vigne, ou lentement constitué par l’épierrage récurrent d’une vigne; c’est ensuite, en toponymie, une pièce de terre caractérisée par la présence d’une telle structure.

** Selon Frédéric Gatineau (Étampes en lieux et places, p. 90), mention est faite de l’Orme Cognet en 1593, Cogniet en 1790, Cognier au plan d’intendance de 1785, aujourd’hui l’Orme Cogner.

*** Aujourd’hui rue Reverseleu.
     4. Demy arpent une quarte perche* demie de terre, ou environ, assis à Greneux**, tenant d’une part au chemin qui descend au guai dit L’Avocat***, d’autre aux terres du sieur ministre de la Trinité*, et d’autre au chemin de Vallenay**.
     5. Un demy arpent de terre ou environ assis à l’Orme Cognet, tenant à Julien Moreau, aboutissant sur le chemin des vignes.
     6. Un demy quartier de terre en courtil
*** assis au Petit Mortemer*, tenant à Jean Chevrier, aboutissant sur le chemin de Vallenay, et d’autre bout sur [mot laissé en blanc].
* Une perche (carrée) ordinaire valait 20 pieds de côté, soit 400 pieds carrés, soit environ 42,2 mètres carrés.
**  Mot de lecture incertaine.
*** Le Gué de l’Avocat, sur la Chalouette, était encore un lieu-dit cité en 1790 et 1855; la sente du gué de l’Avocat est encore citée en 1827.
* C’est-à-dire le supérieur des Trinitaires, plus communément appelés Mathurins, qui avaient leur maison au n°24 de la rue Saint-Martin.
** Aujourd’huy Valnay.
*** Un courtil est un petit jardin attenant à une maison paysanne.
* Les Mortemers sont un lieu-dit attesté depuis 1454 selon Gatineau (op. cit., p. 85), et un fief des célestins de Marcoussis.
     7. Un autre demy quartier de terre assis au Petit Mortemer tenant à [un ou deux mots laissés en blanc] aboutissant sur la rivière de Chalouette, le chemin entre deux**, d’autre le chemin de Vallenay.
     8. Un quartier de terre en courtil assis audit lieu et proche celui en-dessus, aboutissant sur la grande riviere, d’autre sur la sente.
* Il s’agit sans doute de la Sente entre deux eaux. Selon Gatineau (op. cit., p. 52b), “sur le plan cadastral de 1827, ce lieu-dit, ainsi que les Mortemets tout proches, apparaissent comme extrêmement morcelés. Dans la partie Est existent toujours ds jardins potagers”.
     9. Un quartier de terre en courtil assis audit lieu, et proche celuy en-dessus, tenant à [un ou deux mots laissés en blanc], aboutissant sur [un ou deux mots laissés en blanc] [p.4]

     10. Un quartier de terre assis au Chevreau*, aboutissant sur plusieurs et tenant à Claude Fontaine.
      11. Un autre quartier de terre à Rochepie
**, tenant à [un ou deux mots laissés en blanc].
     12. Un demy quartier de terre assis aux Roches Sallant
***, tenant au sieur Petit, prestre, d’autre bout ci-devant au sieur Montagne.
* sans doute le lieu-dit du cadastre Les Chevreaux, pente au nord de Chauffour (Étampes en lieux et places, p. 34a).
** Au lieu-dit Les Pailleraies selon Gatineau (op. cit., p. 110b).

**
* Frédéric Gatineau situe près du Temple les Roches Jallant (op. cit., p. 110b, où il faut sans doute corriger ce J en S). Sallant est attesté comme patronyme.
     13. Trois quartiers de pré, et aunoy scis proche le Gras* de, [un ou deux mots laissés en blanc] entre deux eaües, tenant à plusieurs, aboutissant sur la riviere, et d’autre à [un ou deux mots laissés en blanc].
     14. Un demy arpent demy quartier de pré assis au-dessous du Petit Saint-Marc, appellé vulgairement le Recoing du Curé, tenant d’un bout à la riviere de Juisneteau, d’autre sur la Veuve Corneuilliers.
     Et un morceau d’aunoy assis entre deux eaux contenant demy quartier prèz L’Avocat, tenant à Jean Chevrier, aboutissant sur [un ou deux mots laissés en blanc].


*
Mot de lecture incertaine.
     Ces terres sont raportées dans l’abandonnement qui en a esté fait par le sieur curé de Saint-Martin le 6e [lisez: 26] septembre* 1641, et par quelques antiens baux. Il y a quelques articles dont les fermiers se plaignent de ne point jouir, et particulierement les 13 et 14. articles dont le curé jouit nonobstant son abandonnement.

*
Les mots le 6e septembre sont précisés dans l’interligne, mais le corps du texte porte, plus, loin, le 26.
Charges annuelles sur les dixmes
suivant les baux.


     1. Au sieur curé de Saint-Martin d’Estampes, 225 livres pour partie de sa portion congrüe et de son vicaire, montant à 450 livres, les autres codécimateurs paient le surplus.

     2. Les decimes ordinaires et extraordinaires, à la descharge du sieur curé, cet article est considerable en ce temps icy
*.

     3. Au receveur du domaine d’Estampes un muid de blé froment**. Observer qu’il est deub sur ces dixmes 4 muids de blé par cette abbaie, mais le domaine à Estampes doit aussi à cette abbaie trois muid [sic] de blé à titre particulier, en sorte que la compensation faite il reste deu au domaine le sestier blé en question, dont le fermier des dixmes est chargé. Il faut faire mention dans les quittances de chacune année de ce muid de cette compensation.
* Allusion qui prend tout son sens plus bas lorsque l’auteur se réfère à “l’augmentation des decimes ordinaires et extraordinaires dont le fermier est chargé”, augmentation survenue après 1703. Selon l’Encyclopédie (t.IV), c’est “un ancien droit, subvention, ou secours de deniers, que nos rois levoient autrefois sur tous leurs sujets, tant ecclésiastiques que laïcs, pour les besoins extraordinaires de l’état. Dans la suite, le terme de décime est demeuré propre aux subventions que les ecclesiastiques payent au roi, & ces décimes sont devenues annuelles & ordinaires; le clergé paye aussi de tems en tems au roi des décimes ou subventions extraordinaires.

**  Rappelons que le mot blé désigne alors indifféremment plusieurs céréales, soit surtout le froment, ou le seigle, ou le méteil, qui était un mélange des deux premières.
     4. Au sieur chappelain de Saint-Laurent*** vingt-huit sestiers de grains, scavoir les deux tiers blé meteil et l’autre tiers avoine. Il s’est fait paier pendant plusieurs années du froment au lieu de meteil. Je lui ai fait voir les titres en 1704 et a cessé dèz cette année-là. [p.5]
***  Il s’agit de la chapelle du château d’Étampes, transférée dans l’église Saint-Basile semble-t-il depuis 1415 (Fleureau, Antiquitez, p. 400).
     Au sieur prieur de Saint-Martin huit sestiers de grains méteil.
     On a sujet de douter que ce dernier article etoit legitimement dû, car on n’en charge les fermiers
* par les baux qu’en cas qu’il soit deub. On voit par les titres dont on parlera incontinant, et particulierement par une sentence du bailliage d’Estampes confirmée par arrest, que le sieur prieur de Saint-Martin avoit deux sortes de pretentions sur les dixmes de la parroisse de Saint-Martin 1° une douzieme portion sur celle de cette abbaie. 2° une autre portion qui luy appartenoit sur les terres despendans d’une mesterie de la Folie**. S’il jouit de l’une et de l’autre portion de ces dixmes, il ne peut pas demander ceste redevance de 8 sestiers de meteil, s’il ne jouit que d’une partie, et que de cette abbaie jouisse de l’autre qui est la 12e portion qu’il pretendoit sur les dixmes. Il seroit de l’interest de cette abbaie de luy abandonner cette douzieme partie, qui ne vaux [sic] pas le quart par année commune des huit sestiers meteil qu’elle luy paie. C’est ce qui merite bien d’estre esclairci au plus tot.



* Les fermiers dont il est ici question sont ceux à qui on afferme la perception de la dîme.

15 mars 1646.





*
*  Voici ce qu’en écrivait Frédéric Gatineau en 2003 (Étampes en lieux et places, p. 56b): «Lieu-dit du cadastre de 1827. Il n’a plus été retenu par la suite. Le nom est cité dès 1593: “la Folie anciennement dit la Haye aux Bretons” (Archives diocésaines 5). Il y avait un hameau à cet endroit, il est cité dès 1683 (Fleureau). Il était aussi appelé la Croix de Champdoux. Il semble bien que le dernier vestige de ce hameau était “lla Cabane à Pierrot”. Cette terre appartenait jusqu’à la Révolution au chapitre Sainte-Croix (Arch. Dép. Yvelines 5Q 2)».
Principaux titres des dixmes
et autres droitz à Estampes.


     Le 1er est le don fait par la Royne Blanche à cette abbaye de toute la dixme de blé et vin* qu’elle avoit à Estampes. Il n’est point dit la scituation, non plus que la contenence de cette dixme. Elle declare qu’elle luy appartient par son douaire, et qu’elle a fait cette donnation, du consentement de son cher filz Louis Roy de France.
1239.
* Les mots et vin, d’abord oubliés, ont été ajoutés en marge par un appel de croix.
     Le Roy Saint Louis son fils a confirmé cette donnation la même année par ses lettres patentes et a ajouté de nouveaux dons à cette abbaie, avec eloge; ces deux titres sont existans en parchemin, et sont raportez au 2. tome du cartulaire, folios 246, 247.
1239.
     On voit dans le même cartulaire, folios 250. et suivans jusqu’au folio 274 plusieurs actes concernant les contestations sur ces dixmes et quelques dons particuliers de quelques portions de dixmes. On y voit aussi folio 64. l’esnonciation des quatre muids [de]* blé pretendus par le domaine d’Estampes qui ne sont esnoncés dans aucun autre. Suivant ce 1er titre de 1312, il n’en restoit que 3 muids [p.6] quatre sestiers à la charge des dixmes de cette abbaie, lesquels compensés avec les trois muids deüs à cette abbaie par ce domaine il ne resteroit deu au domaine que quatre sestiers au lieu d’un muid qu’il se fait paier depuis plusieurs siecles.
*  Mot oublié par l’auteur.

1312.



     Mais ce qui est encor pis, c’est qu’il n’estoit rien dû de ces 4 muids, au moien de la donnation qui en avoit [esté]* faite à cette abbaie par Jean fils de roy duc de Berry comte d’Estampes en 1404, confirmée par Jean duc de Bourgogne son neveu, qui ont sur le fondement de ce don chargé cette abbaie de 4 obits** solemnels de vigiles à diacres et sous-diacres par an.
* Mot oublié par l’auteur.
febvrier 1404.

novembre 1405.
** Messes anniversaires pour les défunts.

     Chose encore bien surprenante sur le mesme fait; c’est une donnation d’Anne de Bretagne reine de France, qui jouissoit de la comté d’Estampes en proprieté, de * trois muids de blé sur quatre muids qu’elle suppose luy estre deubs sur les mesmes dixmes, et sur ce fondement elle charge cette abbaie de chanter chacun jour à la fin des matines un Salve, avec l’oraison de Concede, ensorte qu’elle donne ce qui estoit déjà donné, et mesme à titre onereux**. Il seroit bien dificile de se faire décharger de ce muid de blé apres une si longue possession mais pour les obits il semble qu’ils sont à discretion.
* Ici a été porté, puis rayé, le mot ces.

** Le comportement d’Anne de Bretagne me paraît devoir s’expliquer par le fait que ses ascendants avaient revendiqué en vain le comté d’Étampes; sans doute donc ne reconnaissait-elle pas pour cette raison la validité des donations opérées par ses prédécesseurs bourguignons, qu’elle avait des raisons de considérer comme des usurpateurs. Par ailleurs, j’ai déjà édité en ligne la confirmation de ce don par Artus Gouffier, comte d’Étampes, du 6 mars 1519 (cliquez ici).
     Il y a eu une grande contestation sur la proprieté de ces dixmes en 1520. Les chanoines et chapitre de Notre Dame s’en pretendoient les proprietaires par le titre de leur fondation*, et particulierement de certaines portions. Les dames abbesse, et religieuses de Maubuisson leur opposoient la donnation de la royne Blanche et une possession de plusieurs siecles. Le prieur et le curé de Saint-Martin qui y estoient parties se deffendoient par le droit commun, en sorte qu’il y eut transaction entre toutes ces parties sur ces contestations qui avoient esté portées aux Requestes du Palais par laquelle il est dit qu’il a esté convenu que lesdites dames jouirroient pour les cinq parts [p.7] et les sieurs prieurs et curé pour la sixieme part du droit entier desdits dixmes, et particulierement des terres y esnoncées, en quelque maniere que ce soit, à prendre ledit dixmage le long de la rue aux Loups appellée la rue Saint-Jean en ladite parroisse Saint-Martin sur la main senestre, commanceant devant la Croix Boisée*, près l’Hospital Saint-Jean, tirant contre mont jusqu’à un petit carfour qui est au bout du chemin de la dite rue aux LOurs** Loups, et sur le grand chemin tendant de la porte du chatel d’Estampes à Dourdan; et dudit carfour tirant le long du grand chemin d’Estampes à Dourdan, et laissant à main droite la Pointe Maillard*** qui appartenoit alors aux heritiers de feu Gilles Le Loup et autres. Le chapitre se reserve le lieu et mesterie de Chandoux appartenant audit chapitre, contenant vingt arpens ou environ, dont il est dit qu’ils ne payent aucun droit de dixme. Il est dit aussi que pour recompense, les sieurs prieur et curé de Saint-Martin, et les religieuses de Maubuisson ont ceddé audit chapitre tels droits de dixmes qu’ils pouvoient avoir sur plusieurs pieces de vignes et terres labourables assis au-dessus du Chatel d’Estampes tirant vers Bonneron*, Chesnay, et Saint-Ladre**, et as*** environs qui sont assises de l’autre coté du chemin de ladite rue aux Loups à la main droite du coté dudit chatel, venant de Saint-Jean, tirant en haut le long de la rue, du coté de la main droite jusqu’au carfour tout le long dudit grand chemin tendant de la porte dudit chatel d’Estampes à Dourdan, en tant que ce dixmage se peut estendre, en ce compris la Pointe Maillard, où il y a unze arpens de terre appartenant aux [p.8] representans feu Gilles Le Loup, et au-dessus il y a une piece de terre de cinquante arpens, ou environ des appartenances de la grande Guynette* èsquels lieux il est dit que les religieuses de Maubuisson avoient droit, et coutume de lever les dixmes; et que les lieux cy-dessus designez seront bornez.
* Les chanoines faisaient apparemment valoir un item quelque peu obscur des biens qui leur avaient été garantis par la chancellerie d’Henri Ier en 1046: et de Culturis Regis quae super Stampas Vetulas sunt decimas, “et les dîmes provenant des Coutures-le-Roi qui sont en contre-haut de d’Étampes-les-Vieilles”.


14 juillet 1520.







* La Croix Boisée ou Boissée se trouvait au carrefour où la rue Saint-Jean (alias rue aux Loups) se transforme en route de Saclas, et la rue d’Enfer en rue du Haut-Pavé.
** L’auteur a d’abord porté Ours, puis a rajouté un L initial, et ensuite rayé le tout avant de récrire Loups, indice que cette dénomination de la rue Saint-Jean (encore attestée par Fleureau vers 1668, était totalement sortie de l’usage au XVIIIe siècle. On notera que l’étymologie de cette dénomination nous est donnée par le contexte: c’était la rue de la famille Le Loup.
*** Frédéric Gatineau (op. cit., p. 99a) nous parle d’une autre pointe Mallard citée en 1631 située quant à elle dans la prairie d’Étampes. De fait il cite en tout quatorze lieux-dits appelés Pointe, et Mallard ou Maillard est un patronyme usuel du pays chartrain et alentours.


* Bonneron est énigmatique. Il ne me paraît pas impossible que notre auteur, non étampois, aura mal déchiffré, dans un acte de lecture difficile, le nom de Brières.
** Saint-Ladre paraît avoir été une petite ferme isolée sur la route de Dordan, un peu plus loin que Chesnay.
*** As est une forme archaïque de ès, contraction de *en les, qui a été absorbée en français contemporain par aux, contraction de *à les.


* Il existait deux fermes dites Guinette: la Grande Guinette, où se bâtissent actuellement les Hauts-Forestiers (néologisme malheureux, qu’il serait bon d’abondonner au bénéfice du toponyme originel, Grande Guinette); et la Petite Guinette, située un peu plus loin, de l’autre côté du chemin de Dourdan.
     Cette transaction a eü toute son execution, il ny [sic] a point eü de contestation entre les codecimateurs de cette parroisse depuis, si ce n’est pour le reglement de ceque chacun d’eux devoit contribuer à la portion congrue de cette parroisse* du curé et du vicaire de cette parroisse. Il y eut sur cela plusieurs sentences d’Estampes et arrests du Grand Conseil en 1639 1640 1646. et par une derniere sentence rendüe en execution des arrests le 13 [sic] mars 1646 il fut dit que la contribution de 300 livres adjugée et qui se paioit alors seroit faite à raison de la valleur de ceque chacune des parties percevoit de dixme dans cette parroisse.

*
Ces trois derniers mots ont été rayés.


15 mars 1646. (L’auteur avait d’abord porté: 13)

     Sçavoir les dames de Maubuisson, pour le droit de dixme sur 1397 arpens de terre speciffiés en la cotte qu’elles en avoient fait signiffier,

     Et que sur cequi proviendroit de cette portion de dixme, il seroit pris par prefferance un muid de blé de froment qui sera paié annuellement au domaine du roy à Estampes, 28 sestiers, les deux tiers mesteil, et l’autre tiers avoine, adjugés par arrest du 3. juin 1529. au chapelain de Saint-Laurent du château d’Estampes, 8 sestiers remis ausdites religieuses par Louis fils de France comte d’Evreux en 1312. sur 4 muids 8 sestiers que le roy avoit droit de prendre sur lesdites dixmes pour demeurer quitte au moien de cette remise [p.9] de 40 sols de rente leguée au monastere de Maubuisson par Marguerite femme de Louis comte d’Evreux.
Charges sur les dixmes de Maubuisson.



1529.

     Que sur les mesmes dixmes des dames de Maubuisson il seroit pris un douzieme appartenant audit sieur prieur de Saint-Martin, et une autre douzieme part appartenant au sieur curé de la même parroise. Laquelle part du sieur curé a esté par luy abandonnée au profit commun de tous les decimateurs.

     Que les venerables chantre, chanoines et chapitre de Notre Dame d’Estampes contriburoient [sic] à ladite portion congrüe pour les dixmes qu’ils percoivent dans la même parroisse.

     Que le prieur de la même parroisse contribura [sic] à la même portion congrüe pour le droit de dixme qu’il perçoit sur les terres despendans de la mesterie de la Folie, ensemble pour une douzieme portion qu’il prend sur les dixmes desdites dames de Maubuisson, et pour les menües dixmes d’agneaux et fillasses qu’il perçoit dans cette parroisse.

     Il est dit que pour faire droit sur contribution que doit faire à la même portion congrüe* pour les dixmes qu’il perçoit dans cette parroisse que le juge se transportera en presence des parties sur les lieux esnoncez au blasme fourny par les dames de Maubuisson, et par le sieur prieur de Saint-Martin.

* [Ajout de mots oubliés:] par le commandeur de Chaillou la Royne
     Il y a quelques autres dispositions par cette sentence peu considerables, si ce n’est le chef qui ordonne que le 12e, et les heritages abandonnez par le sieur curé seront partagez entre les decimateurs, ou que l’un d’eux s’en chargera, et demeureront les autres d’autant quitte sur le payement de la portion congrüe pour le prix qui sera arresté entr’eux, en plus disant devant ce juge judiciairement.

     On ne voit point d’acte qui ait reglé les chefs interloquez* par cette sentence avec le sieur commandeur de Chaillou, et le sieur prieur de Saint-Martin avec lesquelles il ne paroist point qu’il y ait eü d’autres contestations, mais seulement avec les [p.10] sieur chantre, chanoines et chapitre de Notre Dame d’Estampes, qui interjetterent appel de la sentence du 15 mars 1646. de même que les dames de Maubuisson. Ces appellations furent suivies d’une transaction entre ce chapitre et les dites dames passé devant Tumery, notaire royal à Paris. Par cette transaction ils se sont desistez de leurs appellations respectives, et sont convenus de contribuer à la portion congrüe en question conformement à la sentence du 15 mars 1646 dont estoit appel, et aux sentences et arrests precedens, tant pour les dixmes dont ils jouissoient en vertu de la transaction du 5. juillet 1520 que pour les dixmes dont jouissoient ledit chapitre de la mesterie de Chandou. L’on convient que des 300 livres qui se paioient alors de la portion congrüe le chapitre en paieroit cinquante livres, les dames de Maubuisson et les autres decimateurs paieroient le surplus, le chapitre abandonne* ausdites dames le 12e de dixme et heritages ceddez par le sieur curé de Saint-Martin, et pour cela, et en consideration de cette cession faite par le chapitre qui ne pouvoit monter pour leur part à plus de dix livres par an, les dames de Maubuisson remettent à ce chapitre tout cequ’elles avoient avancé pour luy de la portion congrüe au sieur curé de Saint-Martin, en consequence des contraintes**, elles lui remettent aussi tous les frais et despens qui leurs estoient adjugez tant au Grand Conseil qu’à Estampes. On donne pour pretexte à cette remise qui estoit de plus de 500 livres la pauvreté du chapitre*. Cette transaction tout à fait desavantageuse aux dames de Maubuisson fut stipulée pour elles par le R. P. Nazare Auroux ministre de la Trinité d’Estampes, prometteur general de cet ordre, sans procuration, seulement comme se faisant fort, mais il eut l’adresse d’engager les dames de Maubuisson à la rathifier. Elles ont esté surprises, et lezées considerablement. Ces observations sont faites pour s’en servir en cas de besoin dans les nouvelles contestations du [p.11] chapitre d’Estampes qui veut se dispenser de continuer de paier sa part de l’augmentation de la portion congrüe qui n’étoit lors de cette transaction qu’à 300 livres tant pour le curé que pour son vicaire, et qui est à present de 450 livres. Le chapitre a tousjours ajouté aux 50 livres reglé  [sic] par la susdite transaction sa part de cette portion congrüe, il a pretendu ces dernieres dernieres [sic] années s’en dispenser contre la regle, et l’usage.
* C’est-à-dire les points sur lesquels le tribunal a refusé de se prononcer définitivement en l’absence d’une information suffisante.








7 fevrier 1660.









* Nota: Il ne pouvoit abandonner que sa portion, et non celle des autres decimateurs.





** [Ajout en marge par appel de croix:] elles se chargent des decimes ordinaires et extraordinaires que doivent paier tous les gros decimateurs.]

*L’auteur est ici de mauvaise foi, ou très mal informé, en parlant de prétexte. En effet la pauvreté du chapitre Notre-Dame était considérable dans les années qui suivirent la dévastation d’Étampes en 1652, lors des troubles de la Fronde. On sait que les chanoines durent alors se défaire pour survivre de certains des biens qu’ils possédaient depuis l’époque même de leur fondation, par exemple de Richerelles et Fromonvilliers dans le Loiret (B.G.).
     Les heritages abandonnez par le curé d’Estampes et deslaissez aux dames de Maubuisson sont raportez cy-dessus. L’acte qui contient cet abandonnement fait devant le lieutenant general d’Estampes est du 26 septembre 1641. au nombre des autres titres des dixmes ./.

     Voilà les principaux titres de proprieté, et de possession, des revenus de cet abbaie à Estampes. Ces revenus sont peu considerables, et beaucoup chargez.

     On voit par les baux que depuis 1512. jusqu’à 1618 ils n’estoient que de cent et quelques livres outre les charges dont les fermiers sont tenus.

     Depuis 1620. jusqu’en 1662 le prix de la ferme a esté de 270 livres jusqu’à 300 livres outre les charges, et depuis ce temps-là à 200 livres, et 220 livres jusque 1703. et le dernier bail n’est que de 120 livres.
     Cette diminution vient en partie de l’augmentation des decimes ordinaires et extraordinaires dont le fermier est chargé*, et en partie de ce que les moynes de Marcoussis ont cessé de paier la dixme de plusieurs heritages qui leur appartiennent sur cette parroisse. [Il faut**] scavoir d’eux les raisons du refus qu’ils en font.

     Il faut scavoir aussy du curé de Saint-Martin c’il [sic] a quelque raison de se dispenser de payer ses decimes, car quoy que cette maison en ait esté chargée par la transaction de 1660. dont on vient de parler, elle en a esté deschargée par la declaration du roy du 30 juin 1690. [p.12]
* Ceci explique l’allusion précédente: “Les decimes ordinaires et extraordinaires, à la descharge du sieur curé, cet article est considerable en ce temps icy. Les guerres de Louis XIV conduisent à une imposition croissante même des privilégiés. Selon l’Encyclopédie (t.IV), “il avoit aussi été créé par édit du mois de Novembre 1703, des offices de commissaires pour le recouvrement des décimes dans tous les diocèses du royaume: mais ces offices furent unis à ceux de receveurs [p. 679] & contrôleurs généraux & particuliers des décimes, par une déclaration du 4 Mars 1704”.

*
* Mots oubliés par l’auteur.
     On doit se souvenir de faire mention dans la quittance qu’on donne chacune année au receveur du domaine d’Estampes des trois muids de blé dûs par ce domaine à cette abbaye, qu’ils sont deduits et compensez sur les quatre muids de blé de même qualité dus par cette abbaie au même domaine, on l’a observé par la quittance de la derniere année*.
* On aimerait bien savoir quelle est cette dernière année.
     Les titres de la redevance des trois muids de blé deus par cette abbaie sont cy-dessus esnoncés, ausquels il faut adjouter une ordonnance des tresoriers de France de Paris sur la requeste de madame Louise Marie Palatine de Bavière*, et des prieure et religieuses de cette abbaie par laquelle il leur a esté donné acte de la representation des titres de cette redevance et en consequence ils ont levé la deffense portée par leur ordonnance du 10 janvier 1674. et en consequence elles ont esté maintenües et gardées en la possession et jouissance de ces trois muids de blé, ordonné qu’elles en seront payées par les fermiers au tresorier general des domaines de sa Majesté commise à l’exercice de ladite charge ou autre qu’il appartiendra, suivant le fond qui en sera laissé ès estats de distribution desdits domaines en leur laissant* fournissant pour une fois seulement coppie collationnée de cette ordonnance.


dernier aoust 1674.


* Abbesse de Maubuisson.









* Ici a été porté puis rayé le mot laissant.

[Porté au dos du dossier:]

     Antoine Goupil lab(oureur) en Normandie, héritier de monsieur Goupil curé de Saint-Martin d’Estampes.

 
ANNEXE 1
Récapitulatif des dates alléguées

Nota bene: Ce tableau n’est qu’un outil de travail, et ne doit pas faire référence.

1239
Don par Blanche de Castille aux dames de Maubuisson de toute la dîme qu’elle avait à Étampes.
1239
Confirmation de cette donation par saint Louis
1312
Louis d’Evreux remet 8 setiers de blé aux religieuses de Maubuisson pour demeurer quitte des 40 sols de rente légués par sa femme Marguerite.
Février 1404
Donation de 4 muids par Jean de Berry
Novembre 1405
Confirmation Jean de Bourgogne du don de Jean de Berry.
23 mars 1407
Bail à longues années pour le 10 rue Louis-Moreau fait à Étienne Letonnelier.
11 septembre 1407
Ratification du dit bail.
28 mars 1415
Les célestins de Marcoussis sont condamnés à payer aux religieuses de Maubuisson 20 sols sur les cens qu’ils perçoivent à Villesauvage.
1498
Bail à longues années pour le 10 rue Louis-Moreau.
1507
Bail à longues années pour le 10 rue Louis-Moreau.
1512
Bail de ferme conservé (les revenus ne sont que de cent et quelques livres outre les charges dont les fermiers sont tenus).
(1513 ou 1514)
Don par Anne de Bretagne des quatre muids déjà donnés par Jean de Berry.
1520
Contestation par les chanoines de Notre-Dame de la propriété des dîmes de Saint-Martin et transaction entre tous les codécimateurs.
5 juillet 1520
Transaction entre les codécimateurs.
3 juin 1529
Arrêt adjugeant au chapelain de saint-Laurent les 28 setiers (deux tiers méteil, un tiers avoine) dus au domaine d’Étampes.
1538
Bail à longues années pour le 10 rue Louis-Moreau.
1618
Bail de ferme conservé (les revenus ne sont que de cent et quelques livres outre les charges dont les fermiers sont tenus).
1620
Bail de ferme conservé (les revenus montent entre 270 et 300 livres, outre les charges).
21 février 1637
Les propriétaires de la maison 10 rue Louis-Moreau condamnés à payer le cens aux dames de Maubuisson autant qu’aux célestins de Marcoussis.
1639
Sentence du bailliage d’Étampes et/ou arrêt du Grand conseil sur le paiement de la portion congru.
1640
Sentence du bailliage d’Étampes et/ou arrêt du Grand conseil sur le paiement de la portion congru.
26 septembre 1641
Abandon par le curé de Saint-Martin de domaines de sa cure, pour avoir en retour la portion congrue.
15 mars 1646
Arrêt confirmant une sentence du bailliage d’Étampes, relative aux prétentions du curé de Saint-Martin sur les dîmes (il veut un douzième de celles de Saint-Martin, et une autre portion sur les dîmes de la métairie de la Folie).
7 septembre 1646
Confirmation de l’arrêt du 21 février 1637.
1662
Bail de ferme conservé (les revenus montent entre 270 et 300 livres outre les charges).
10 janvier 1674
Ordonnance des trésoriers de France défendant le versement des muids dus aux religieuses de Maubuisson.
31 août 1674
Ordonnance des trésoriers de France rétablissant le versement des muids dus aux religieuses de Maubuisson.
8 juin 1681
Contrat de bail à rente fait à monsieur de Bry pour le 10 rue Louis-Moreau.
30 juin 1690
Une déclaration du roi décharge les religieuses de Maubuisson de payer les décimes.
3 décembre 1697
La veuve du sieur de Bry se fait adjuger la maison du 10 rue Louis-Moreau.
1703
Bail conservé (220 livres, et 200 les années antérieures)
1704
L’auteur du rapport fait voir au chapelain de Saint-Laurent les titres de la rente qui lui est due, et il cesse de l’exiger uniquement en froment.
(?) 1704
Le dernier bail n’est que de 120 livres.
1722
Abandon des dîmes de Saint-Martin d’Étampes au curé de cette paroisse pour être déchargé de la portion congrue et des autres charges liées à la perception de ces dîmes.
1722 ou plus tard
Rachat de la rente du 10 rue Louis-Moreau.
7 septembre 1722
Arrêt du Grand Conseil entérinant l’abandon des dîmes de Saint-Martin au curé de cette paroisse (c’est alors Pierre Goupil).
12 septembre 1722
Date probable du prêt de ce dossier au curé Goupil.
1739
Mort de Pierre Goupil curé de Saint-Martin. Ce dossier passe par les mains de son héritier Antoine Goupil.
Après 1739
Ajout au dossier des nouvelles données issues de l’abandon de 1722.
   
ANNEXE 2
Reconnaissance de prêt par l’abbé Goupil
curé de Saint-Martin d’Étampes

Paris, 12 septembre 1722
     Nota bene: Le document prêté n’est pas notre dossier, qui a dû cependant être prêté à la même occasion au curé de Saint-Martin, dans le cadre des négociations en cours pour l’abandon des dîmes d’Étampes en 1722.

Reconnaissance de prêt par Goupil (12 septembre 1722)


     Je soussigné reconnois que monsieur du Ru, religieux et procureur des dames abbesse et religieuses de l’abbaye royale de Maubuisson, m’a mis en main une sentence de monsieur le lieutenant général d’Estampes du 26 septembre 1641 par laquelle il est donné acte au sieur Bievfre curé de Saint-Martin d’Estampes de l’abbandonnement qu’il fait des terres et héritages qui composent le gros de la ditte cure au moien qu’il fait de sa portion congrue les dittes heritages speciffiés artiqule par article pour me servir ainsi que de raison, laquelle sentence je promets rendre aux dittes dames à la premiere requisition.

     Fait à Paris ce 22 septembre 1722.

Goupil.

Signature de Pierre Goupil, curé de Saint-Martin d'Etampes (1722)

 
Source: Archives départementales du Val-d’Oise, consultées en octobre 2008.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
       
Éditions

     DAME DE MAUBUISON, Fief et dîme d’Étampes [cahier de 12 pages], conservé autrefois aux Archives départementales de Seine-et-Oise, et aujourd’hui aux Archives départementales du Val-d’Oise, sous la côte 72H 107.

     Bernard GINESTE [éd.], «Religieuses de Maubuisson: Fief, rente et dîmes sis à Étampes (vers 1705)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-maubuisson1705fiefetdimes.html, 2008.

Autres sources en ligne sur les biens étampois des dames de Maubuisson

     Bernard GINESTE [éd.], «Artus Gouffier, comte d’Étampes: Charte en faveur des religieuses de Maubuisson (6 mars 1519)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-artusgouffier1519mauduisson.html, 2008.

Sur les religieuses de Maubuisson et leur cartulaire
(Il faut désormais ajouter le Cartulaire de Maubuisson à la bibliographie
proposée par Michel Martin au tome I du Pays d’Étampes)


     Arthur DEMARSY, Les abbesses de Maubuisson [24 cm; 15 p.; carte; tiré à part de la Revue nobiliaire], Paris, J.-B. Dumoulin, 1868.

     Adolphe DUTILLEUX (1829-1916) & Joseph DEPOIN (1855-1924), L’Abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale), Histoire et cartulaire publiés, d’après des documents entièrement inédits [in-4°; 318 p.; 4 tomes en 1 volume: t.1 (1882): Histoire de l’abbaye et des abbesses ? 1236-1789; t.2 (1883): Les bâtiments, l’église et les tombeaux, 1236-1789; t.3 (1884): Le trésor et le mobilier, 1236-1793; t.4 (1885): Analyse du cartulaire et annexes], Pontoise, A. Paris [«Documents édités par la Société historique du Vexin»], 1882-1885.

     Adolphe DUTILLEUX & Joseph DEPOIN, Cartulaire de l’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale) [2 volumes in-4°; 168 p.; t.1 (1890), “Première partie. Chartes concernant la fondation de l’abbaye et des chapelles: titres I et II du cartulaire” (pp. 1-88); t.2 (1913): “Seconde partie. Contrats: titres III à XIV du Cartulaire” (pp. 89-168)], Pontoise, L. Paris [«Documents édités par la Société historique du Vexin»], 1890-1913.

     Odile VERGÉ DU TAILLIS-BÜRGLIN, La vie religieuse au temps de la vieille France. Chroniques de l’Abbaye royale de Maubuisson, 1236-1798 [in-16 (20 cm sur 13); 255 p.; plan, portraits], Paris, Perrin, 1947.

     Armelle BONIS, Abbaye cistercienne de Maubuisson: Saint-Ouen-l’Aumône, Val-d’Oise: la formation du temporel, 1236 à 1356 [28 cm; 109 p.; cartes; bibliographie pp. 11-12; texte remanié d’un mémoire de maîtrise présenté à l’Université de Paris I], Saint-Ouen-l’Aumône, Service départemental d’archéologie du Val-d’Oise [«Archéologie en Val-d’Oise» 1], 1990.

     Armelle BONIS & Monique WABONT, L’abbaye de Maubuisson [23 cm; 32 p.; illustrations], Rennes, Éditions Ouest-France, 1997.




Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution.
   
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