CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De la Fondation de l’Eglise de Saint Martin les Vieilles Estampes.
Antiquitez d’Estampes I, 6
1668
 
Sainte Clotilde, femme de Clovis, dévote de saint Martin (miniature pour les Grandes Chroniques de France, 14e siècle, © BNF)
Clotilde, femme de Clovis, dévote de saint Martin
(miniature pour les Grandes Chroniques de France, 14e siècle, © BNF)
 
     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Première Partie, Chapitre VI,
pp. 7-8.
De la Fondation de l’Eglise de Saint Martin les Vieilles Estampes.
 
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  PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE VI.
De la Fondation de l’Eglise de Saint Martin les Vieilles Estampes.

CEux de la ville de Meulun, tiennent par tradition, qu’au temps de Philippe, Premier Empereur Chrestien, qui succeda à l’Empereur Gordien, l’an de nôtre salut 244. leurs Predecesseurs, bastirent d’un ouvrage assez grossier la petite Chapelle de Saint Laurens, pour estre à l’avenir le lieu de leur Eglise, ou Congregation, au lieu qu’auparavant, à cause des Persecutions des Tirans, il s’assembloient dans des maisons particulieres, dans des caves, ou dans des grottes, pour y celebrer les divins Misteres, & y faire leurs prieres. La tradition de ceux d’Estampes ne monte pas si haut pour la construction de l’Eglise de Saint Martin, puisqu’ils la rapportent seulement à Clovis nôtre premier Roy Chrêtien, qui se convertit à la Foy l’an 499. sans qu’il nous reste aucun vestige de l’Eglise ou Chapelle qu’ils avoient auparavant; la gloire de ce nouvel édifice incomparablement plus vaste que le premier, en ayant entierement fait perdre la memoire; & peut étre renfermé dans son enceinte, le lieu où estoit bastie la premiere Chapelle. Car il n’est pas croyable que jusques alors ceux d’Estampes n’eussent point encore eu d’Eglises publiques. Les François qui s’estoient rendus les Maistres des Gaules, quoique Gentils, n’estoient pas si ennemis des Chrestiens que les Romains l’avoient esté. Ils se persuadoient qu’il n’y avoit rien qui peust davantage faciliter leur établissement, que de souffrir les habitans du pays professer librement leur Religion, pour la défense de laquelle, vraye ou fausse, les hommes s’exposent facilement à toutes sortes d’extrémitez. Au lieu que les Romains croyoient qu’en souffrant l’établissement d’une nouvelle Religion dans leur Empire, c’estoit souffrir que la division s’y introduisist & y apportast du desordre; parce qu’il n’y a rien qui aliene tant les sujets de l’obeïssance du Prince, que la diversité de leurs Religions. Mais ils ne sçavoient pas que la Religion Chrestienne professe des maximes contraires à celles de leur politique.
Clovis Ier selon un camée du 17e siècle (© BNF)   Childéric Ier selon un camée du 17e siècle (© BNF)
Bataille des Francs contre les Romains (miniature pour les Grandes Chroniques de France (14e siècle, © BNF)      Et le Roy Childeric premier, pere du grand Clovis, fit bien connoistre combien sa pensée estoit opposée à celle des Romains, quand l’an 471. retournant de poursuivre le reste de ceux-cy dans la Champagne, aussi-tost qu’il fut de retour à Melun, il  fit faire le lieu des morts au Chastel, prés de la Chapelle de saint Laurens, & donna aux Clercs de la mesme Chapelle des cens & rentes pour entretenir le service des Chrestiens, les enterrer après leur mort, & procurer leur salut pendant leur vie, en reconnoissance des bons services [p.8] qu’ils luy avoient rendus à la poursuite des Romains. Quoy qu’il soit de la tradition que j’ay rapportée touchant l’antiquité de l’Eglise de Saint Martin, que je ne vois appuyée d’aucun titre postérieur, ny memoire qui en fasse mention, on ne peut se tromper de dire que cette Eglise est l’ouvrage de quelqu’un de nos Anciens Rois, de la premiere ou de la seconde race, qui y avoit fondé douze Chanoines, & un Abbé pour Chef de ce Chapitre, qui furent tous supprimez, & leurs Prebendes avec l’Abbaye données à l’Abbé & aux Moines de Morigny par le Roy Philippe Premier, comme je le prouveray dans l’Histoire particuliere de cette Abbaye: laquelle suppression ne doit estre probablement arrivée que long-temps après leur fondation. Il est aussi probable que cette Eglise n’a pas esté conduite à son entiere perfection dés son commencement: & qu’à mesure que le nombre des habitans s’est accrû, ou pour d’autres causes, elle a aussi reçû des accroissemens: du moins elle n’a esté consacrée qu’en l’an 1526. par un Evêque de Sebaste appellé Barthelemy, comme il paroît par l’Acte suivant. Bartholomæus Dei & sanctæ Sedis Apostolicæ gratia Sebastianensis Episcopus, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Notum facimus quod anno & die datæ præsentium, de licentia & permißione venerabilis Viri Magistri Ferrand, Iuribus licentiati, Archidiaconi Vastinensis, ac Ecclesiæ Senonensis Canonici, Vicarii Generalis in spiritualibus & temporalibus Reverendißimi in Christo Patris & Domini Domini miseratione divina [sic] tituli sanctæ Sabinæ, sacrosanctæ Romanæ Ecclesiæ Presbiteri Cardinalis de Borbonio, Archiepiscopi Senonensis Galliarum & Germaniæ Primatis, Ducis Laudunensis, Paris Franciæ, ad instantiam & supplicationem Religiosi fratris Benedicti Baron Presbiteri Ordinis sancti Benedicti, Prioris Prioratus & Parochialis Ecclesiæ sancti Martini de Stampis; nec non Ioannis le Gendre, Ioannis Durant, Ioannis Clement & Guillelmi Godin Provisorum dictæ Ecclesiæ, presentem Ecclesiam, & hoc presens majus altare in honorem  sancti Martini, una cum reliquiis XI. mille Virginum in eo, & quodam vase Stanneo appositis, benediximus & consecravimus, & Deo devotè dicavimus, solemnitatibus in talibus assuetis. Datum Anno Domini M. DXXVI, die undecimâ mensis Iunii: præsentibus supradictis nec non Dominis Simone le Gendre, Ioanne Courcicault, Claudio Boilleau, Presbiteris, cum pluribus aliis. Signatum Guicherchin.

     Le vieil clocher ayant esté demoli parce qu’il menaçoit ruine, la Tour dont on se sert presentement, a esté bastie des bien faits des habitans: sa construction a duré plusieurs années, & n’a esté achevée que l’an 1537. [p. 9]

Eglise Saint-Martin (carte postale Levy et fils n°19)
   
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Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 7-8. Saisie: Bernard Gineste, juillet 2004.
     
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2010.

     Pour ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la fondation de lEglise de Saint Martin les Vieilles Estampes (Antiquitez d’Estampes I, 6, 1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b06.html, 2004.

Childéric Ier selon un camée du 17e siècle (© BNF) Une série de camées du 17e siècle sur les rois mérovingiens
 
     Le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale de France conserve une série presque complète de camées formant la série des rois de France, depuis le mythique Pharamond jusqu’à Louis XIII.

     Cette série d’auteur inconnu est datée des années 1630. Chacun de ces camées d’un format de 24 mm sur 19, est en coquille; sur le revers est appliquée une couche de pâte noire de cire ou de goudron pour donner l’illusion d’une sardoine. L’ensemble a été restaurée en 1993-1994 grâce à la générosité de Madame la comtesse Jean-Jacques de Flers, et a été photographié et mis en ligne par la BNF sur son site Gallica, mais comme l’ensemble est de consultation malcommode, nous en donnons ci-après les liens:

     Voici la série des rois mérovingiens: Pharamond, Clodion, Mérovée, Childéric Ier, Clovis Ier, Thierry Ier, Childebert Ier, Clotaire Ier, Childebert II, Caribert, Thierry II, Clotaire II, Clovis II, Clotaire III, Childéric II, Thierry III, Clovis III, Dagobert II, Clotaire IV, Chilpéric II, Childéric III. On remarquera notamment labsence de saint Gontran dans la série.

Illustrations médiévales
Sainte Clotilde, femme de Clovis, dévote de saint Martin (miniature pour les Grandes Chroniques de France, 14e siècle, © BNF)
     BNF (Bibliothèque Nationale de France) [éd.], Le roi Charles V et son temps (1338-1380): 1000 enluminures du Département des Manuscrits, http://www.bnf.fr/enluminures/accueil.htm, en ligne en 2004. On notera particulièrement :
     1) «Bataille entre Francs et Romains» in Grandes Chroniques de France, Paris, XIVe s. = ms Fr 2813, fol. 4 (170 x 145 mm; dont détail de 85 x 70 mm), http://www.bnf.fr/enlum-bin/imagemap.exe/i1_0002d?39,47 et http://www.bnf.fr/enlum-bin/imagemap.exe/i1_0002d?91,109 en ligne en 2004.
     2) «Visions de Childéric Ier et de la reine Basine» in Grandes Chroniques de France, Paris, XIVe s. = ms Fr 2813, fol. 7v (65 x 65 mm),  http://www.bnf.fr/enluminures/images/jpeg/i1_0004.jpg, en ligne en 2004.
     3) «La Vengeance de Clovis» in Grandes Chroniques de France, Paris, XIVe s. = ms Fr 2813, fol. 10 (65 x 65 mm), http://www.bnf.fr/enluminures/images/jpeg/i1_0005.jpg, en ligne en 2004.
     4) «Le Baptême de Clovis» in Grandes Chroniques de France, Paris, XIVe s. = ms Fr 2813, fol. 12v (65 x 65 mm), http://www.bnf.fr/enluminures/images/jpeg/i1_0006.jpg, en ligne en 2004.
     5) «Sainte Clotilde priant saint Martin» in Grandes Chroniques de France, Paris, XIVe s. = ms Fr 2813, fol. 23 (65 x 65 mm), http://www.bnf.fr/enluminures/images/jpeg/i1_0008.jpg, en ligne en 2004.

Sur Étampes à l’époque mérovingienne

     Michel MARTIN, «Séquences d’urbanisation du IVe au XIIIe siècle» & «Aux temps mérovingiens, la naissance du ‘pays d’Étampes’», in Jacques [alias Jacky] GÉLIS [professeur émérite d’histoire moderne à Paris VIII, directeur de la collection], Michel MARTIN & Frédéric BEAUDOIN [directeurs du premier tome], Le pays d’Étampes. Regards sur un passé. Tome 1: Des origines à la ville royale [17 cm sur 24; 215 p.], Étampes, Étampes-Histoire, 2003, pp. 69-78 & 79-81.



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