Charles IX
Lettre autographe aux Étampois
Plessis-les-Tours, 9 octobre 1569
Première édition (20 mars 2012)
1)
Préface
Comment se fait-il que
ce document soit passé jusqu’à présent inaperçu,
et qu’il soit resté inutilisé des historiens? C’est qu’à
une date indéterminée il a été soustrait des
archives municipales par un conservateur du Musée d’Étampes,
pour être joint à la collection hétéroclite des
curiosités de notre pittoresque Musée municipal, dont il porte
un tampon. A partir de là, selon toute apparence, il a traîné
pendant plusieurs générations dans on ne sait quel tiroir.
C’est ce qui explique
aussi, avec son aspect modeste et anodin, qu’il ait été heureusement
préservé des nombreuses disparitions dont ont été
victimes au cours des âges les collections du Musée et celles
des archives de la ville, soit du fait d’emprunts d’érudits locaux
qui se sont éternisés, comme c’est arrivé encore jusque
vers 1992, soit du fait de vols purs et simples, puisque la valeur marchande
de cette modeste feuille de papier, par exemple, est certainement supérieure
aujourd’hui à 1500 €.
Le contexte de ce
document est celui de la troisième des huit guerres de religion,
qui s’est ouverte fin juillet 1568 et ne se terminera qu’avec l’édit
de Saint-Germain du 8 août 1570. Cette période précise
n’est guère documentée, et n’a pas été étudiée
jusqu’ici en ce
qui concerne le pays d’Étampes, parce que, cette fois-là,
la ville n’a pas fait pas partie du théâtre des opérations.
Le roi, quittant Paris
pour la vallée de la Loire, afin de se rapprocher du théâtre
des opérations, paraît être passé à Étampes
le 8 juin 1569. On le voit à Orléans le 15 juin, et encore
en juillet. Il est à Amboise le 14 août et à Tours le
24. On le trouve au palais royal du Plessis-les-Tours le 28 août, à
Marmoutiers le 22 septembre, puis à nouveau au Plessis-les-Tours
les 28 septembre et 10 octobre. Il passe ensuite à Niort et arrive
le 26 octobre au camp de son armée qui assiège alors Saint-Jean-d’Angély.
Notre lettre prend donc
clairement place lors d’un séjour assez prolongé du roi au
palais du Plessis-les-Tours, dont sont datées plusieurs autres lettres
royaux. Elle est écrite le 9 septembre, soit six jours après
la victoire de Moncontour, près Poitiers, survenue le 3. Précisément,
comme nous le montrerons, le papier utilisé par sa lettre a visiblement
été produit dans le secteur de Poitiers.
Le roi rappelle aux Étampois,
sans ménagement, qu’il leur a été ordonné de
livrer au magasin de l’armée royale, à Orléans, 40 muids
de blé. Il précise que cette taxe en nature doit être
livrée avant le 19 octobre et que moitié du grain devra avoir
été moulue à Étampes même.
Merci à Clément Wingler, directeur des
Archives municipales, qui nous a fait parvenir d’excellents scans de cette intéressante lettre de Charles
IX.
Bernard Gineste, 20 mars 2012
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2a) Texte (édition sans note)
[Adresse au verso de la lettre:] A nos
chers et bien amez les officiers de la justice, maire et eschevins et principaulx
habitans de nostre ville d’Estampes.
Chers et bien amez,
encores que nous ne facions pas doubte que vous n’executiez
diligemment ce que nous avons jà mandé pour le fournissement
et transport de quarante muydz de bled mesure de Paris de vostre ville au
magazin de nostre ville d’Orleans, à quoy vous avez esté moderez
de plus grande quantité de bleds et avoynes à laquelle vous
aviez esté coctisez, neantmoings, voyant l’extreme besoing que nous
en avons pour la nourriture de nostre armée, nous avons advisé
de vous envoyer le present porteur exprès pour veoyr à l’œil
et entendre à la verité quelle execution vous avez faict jusques
à present en cest affaire tant importante pour nostre service, afin
qu’il nous en rapporte la verité ou bien la nous face entendre diligemment
suivant la charge que luy en avons donnée.
Et où vous vous seriez tant oubliez que
vous n’eussiez jà bien advancé ceste affaire, nous vous mandons
et très expressement enjoignons que, tous affaires cessans, et sans
en ce user d’aulcune excuse, connivence ou longueur, vous ayez à y
proceder en toute extreme diligence, convertissant la moytié des dicts
bleds en farines que vous ferez bien envessoller en des bons et secs vesseaulx
pour après la faire porter en nostre magazin d’Orleans.
A quoy vous userez de telle diligence que les
dicts bleds et farines soyent dedans dix jours au dict Orleans, et, quant
aux fraiz qu’il vous conviendra pour ce faire, ilz vous seront cy après
remboursez en sorte que vous aurez occasion de vous en contenter, vous gardant
bien de faire faulte à tout ce que dessus pour quelque cause que ce
soyt, sur peyne de nous en prendre aux principaulx de vous et de vous faire
pugnir et chastier comme desobeissans à mon commandement.
Donné au Plessis lez Tours le IXe jour
d’octobre 1569.
[signé:]
Charles
[contresigné:]
Brulart [paraphe]
[dans le coin inférieur gauche:] Estampes
[tampon
circulaire, encre violette:] MUSÉE D’ÉTAMPES
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2b) Texte annoté (par Bernard Gineste, 2012)
[Adresse au verso de la lettre:] A nos
chers et bien amez les officiers de la justice (1),
maire (2) et eschevins et principaulx habitans
(3) de nostre ville d’Estampes.
Chers et bien amez (4),
encores que nous ne facions pas doubte que vous n’executiez
diligemment ce que nous avons jà (5)
mandé (6) pour le fournissement et transport
de quarante muydz de bled (7) mesure de Paris
(8) de vostre ville au magazin de nostre ville
d’Orleans (9), à quoy vous avez esté
moderez (10) de plus grande quantité de
bleds et avoynes (11) à laquelle vous
aviez esté coctisez (12), neantmoings,
voyant l’extreme besoing que nous en avons pour la nourriture de nostre armée
(13), nous avons advisé de vous envoyer
le present porteur (14) exprès pour veoyr
à l’œil et entendre à la verité quelle execution vous
avez faict jusques à present en cest affaire tant importante pour
nostre service, afin qu’il nous en rapporte la verité ou bien la nous
face entendre diligemment suivant la charge que luy en avons donnée.
Et où (15)
vous vous seriez tant oubliez que vous n’eussiez jà bien advancé
ceste affaire, nous vous mandons et très expressement enjoignons
que, tous affaires cessans, et sans en ce user d’aulcune excuse, connivence
(16) ou longueur (17),
vous ayez à y proceder en toute extreme diligence, convertissant
la moytié des dicts bleds en farines (18)
que vous ferez bien envessoller (19) en des
bons et secs vesseaulx (20), pour après
la faire porter en nostre magazin d’Orleans.
A quoy vous userez de telle diligence que les
dicts bleds et farines soyent dedans dix jours (21)
au dict Orleans, et, quant aux fraiz qu’il vous conviendra pour ce faire,
ilz vous seront cy après remboursez en sorte que vous aurez occasion
de vous en contenter (22), vous gardant bien
de faire faulte (23) à tout ce que dessus
(24) pour quelque cause que ce soyt, sur peyne
de nous en prendre aux principaulx de vous et de vous faire pugnir et chastier
comme desobeissans à mon commandement.
Donné au Plessis lez Tours (25), le IXe jour d’octobre 1569.
[signé:]
Charles (26)
[contresigné:]
Brulart (27) [paraphe]
[dans le coin inférieur gauche:] Estampes
[tampon
circulaire, encre violette:] MUSÉE D’ÉTAMPES (28) |
(1)
Ce sont sans doute le bailli (qui est alors Nicolas Pétau), son lieutenant
général et son lieutenant particulier, le procureur du roi
(Esprit Hattes), l’avocat du roi (Claude Prevost), le prévôt
(Simon Audren) et son lieutenant.
(2) C’est alors Claude
Paulmier, depuis 1567 et jusqu’en 1573.
(3) C’est la bourgeoisie
de la ville, seule convoquée dans les assemblées publiques
du temps.
(4) Formule d’usage sans
aucune valeur affective, comme la suite le montre suffisamment.
(5) déjà.
(6) fait parvenir l’ordre.
(7) Par blé il
faut entendre ici généralement toutes les céréales
cultivées et non pas seulement le froment.
(8) Le muid de Paris
valait 1,824 m3.
(9) Orléans est
à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Étampes.
(10) Modérer,
accorder un rabais.
(11) Coctiser,
ou cottiser, ou cotiser quelqu’un, c’est fixer la quote-part de sa contribution.
(12) L’avoine
est indispensable à la cavalerie royale.
(13) L’armée royale
est alors en campagne. Elle vient d’écraser les Huguenots à
Moncontour, dans le Poitou, six jours auparavant, le 3 octobre, sous le commandement
du duc d’Anjou, frère du roi, le futur Henri III.
(14) Le porteur
de cette lettre.
(15) au
cas où.
(16) Ici, complicité
collective pour ralentir l’exécution de la perception de cette taxe
en nature.
(17) Lenteur.
(18) A cette date on
trouve à Étampes au moins une demi-douzaine de moulins à
eau.
(19) Stocker dans des
récipients quelconques.
(20) Vaisseaux,
récipients quelconques.
(21) Avant
dix jours.
(22) On notera le caractère
vague de cet engagement. Les archives municipales ont conservé en
bonne partie les comptes des dépenses faites pendant cette période
troublée.
(23) de faire défaut.
(24) à tout ce
qui est écrit ci-dessus.
(25) Plessis-les-Tours,
ancienne résidence royale située sur la commune de La Riche
en Indre-et-Loire, demeure préférée du Louis XI qui
y est décéda le 30 août 1483.
(26) Charles IX (1550-1574),
roi de France depuis 1560, n’a alors que 19 ans.
(27) Pierre Brûlart
(v.1535-1608), sieur de Genlis et de Crosne, secrétaire d’État
sous Charles IX et Henri III, secrétaire d’État
depuis le 8 juin 1569 et jusqu’en 1588.
(28) Ce tampon indique
que cette missive avait été soustraite à une date indéterminée
aux Archives d’Étampes pour constituer dans quelque tiroir une des
curiosités du Musée Municipal, avant de
leur être restituée récemment, au milieu d’une liasse
d’actes notariés sans grand intérêt, où je l’ai
retrouvée le 17 mars 2012.
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Recto
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La missive aux Étampois
qui a été rédigée au Plessis-les-Tours le 9 octobre
1569 sur ordre de Charles IX, et signée de sa main, l’a été
sur une feuille de papier de 21 cm sur 29, qui a été plié
en huit, pli sur lequel a été portée l’adresse.
Il faut noter que son papier
porte un filigrane intéressant. Il figure
un écu accompagné d’une épée
en pal. Cet écu paraît, à première vue, tranché,
c’est-à-dire, en langage héraldique, séparé
en deux secteurs de couleurs différentes par une ligne diagonale.
En réalité, comme on le voit dans le dictionnaire de Louis-Charles
Briquet, sous les numéros 1027 à 1030, il s’agit d’un type
dégénéré, et on avait dans le motif de départ
un écu à la bande accompagnée de deux lions passants.
Je n’ai pu identifier à ce jour de quelle famille ou ville c’était
le blason.
Cependant on peut localiser à peu près
notre papetier. Dans sa version parfaite (Briquet n°1027), ce
filigrane est attesté de 1568 à 1579 à Poitiers, Nantes,
Niort et Angers. On en connaît par ailleurs trois versions dégénérées.
La première est attestée à Poitiers en 1568 (n°1028),
la deuxième à Loudun en 1571 (n°1029), et la dernière
et la dernière à Poitiers et Saumur, à la génération
suivante, de 1590 à 1599 (n°1030).
Le filigrane du papier
utilisé au Plessis-les-Tours le 9 octobre 1569 se rapproche très
clairement du sous-type dégénéré n°1028,
qui, à notre connaissance, n’est attesté par ailleurs qu’à
Poitiers et seulement en 1568. Il s’agit donc selon toute apparence de la
production d’un papetier du Poitou.
Cette remarque n’est pas indifférente, si l’on
veut bien considérer que six jours avant la rédaction de cette
lettre, l’armée royale vient de remporter une victoire écrasante
sur les Huguenots qui assiégeaient Poitiers.
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4) Chronologie de l’année 1569
(données en cours
de vérification)
Nous commençons de recueillir ici les données chronologiques
qui permettent de resituer notre document dans le déroulé
des événements de l’année 1569 en y notant en rouge les principaux événements militaires
de la même époque et en bleu les données tirées des documents
que nous éditons ici.
4 janvier 1569
|
Charles IX à
Saint-Maur-des-Fossés (1)
|
15 janvier
|
Charles IX à
Château-Thierry (1)
|
23 janvier
|
Charles IX à
Châlons (1) |
1er février
|
Charles IX à
Joinville (1)
|
19 février
|
Charles IX à
Paris (1)
|
? février
|
Charles IX à
Nancy (1)
|
? février
|
Charles IX à
Metz (1)
|
13 mars
|
victoire de l’armée royale de Jarnac.
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26 mars
|
Charles IX à
Paris (1)
|
12 avril
|
Charles IX à
Metz (1)
|
22 avril
|
Charles IX à
Verdun (1)
|
27 avril
|
Charles IX à
Paris (1)
|
25 mai
|
Charles IX à
Saint-Maur-des-Fossés (1)
|
6 juin
|
Charles IX à
Paris (1)
|
8 juin
|
Expédition
à Étampes de l’acte de nomination nommé secrétaire
d’État et des finances par lettres patentes expédiées
= copiées] à Étampes le 8e Juin 1569, signées
de Neufville. D’où il semble que Charles IX était à
Étampes au moins ce jour-là.
|
9 juin
|
Charles IX apparemment
à Paris (2); mais il semble plutôt
qu’on soit en présence d’une erreur, ou de la preuve qu’un édit
peut être rendu en son nom en un lieu dont il est absent, comme c’est
encore apparemment le cas à Paris les 27 juillet, 20 août,
19 octobre et 19 novembre, et à Reims le
26 octobre , date à laquelle il arrive
en fait à Saint-Jean d’Angely.
|
15 juin
|
Charles IX à Orléans
(3). |
25 juin
|
défaite royale de La Roche-l’Abeille
|
juillet
|
Charles IX à
Orléans (1)
|
27 juillet
|
Nouvelle
présence fantôme du roi à Paris (1)
|
14 août
|
Charles IX à
Amboise (1)
|
20 août
|
Nouvelle
présence fantôme du roi à Paris (1)
|
24 août
|
Charles IX à
Tours (1)
|
28 août
|
Charles IX au Plessis-les-Tours (1)
|
22 septembre
|
Charles IX à Marmoutiers (1)
|
28 septembre
|
Charles IX au Plessis-les-Tours (1)
|
3 octobre
|
Victoire
royale de Moncontour (nord-est de Poitiers)
|
9 octobre
|
Charles
IX au Plessis-les-Tours (à ce qu’atteste la lettre aux Étampois)
|
10 octobre
|
Charles IX au Plessis-les-Tours (4)
|
19 octobre
|
Nouvelle présence
fantôme du roi à Paris (1) (5)
|
19 octobre
|
Date
limite donnée aux Étampois pour livrer blés et farines
à Orléans.
|
? octobre
|
Charles
IX à Niort (6)
|
26 octobre
|
Présence fantôme
de Charles IX à Reims (7)
|
26 octobre
|
Arrivée
de Charles IX au siège de Saint-Jean d’Angely (6)
|
2 novembre
|
Charles IX au camp des Landes, près Saint-Jean-d’Angély (1)
|
19 novembre
|
Présence fantôme
de Charles IX à Reims (1)
|
24 décembre
|
Charles IX à Colonges-les-Reaux (1)
|
20 janvier 1570
|
Charles IX à Angers (1)
|
|
(1)
Léon MÉNARD (1706-1767) & Charles de BASCHI comte d’AUBAIS
(1686-1777), «Itinéraire des Rois de France, depuis &
compris VII. Jusqu’à Louis XIV inclusivement», in ID. [éd.],
Pieces fugitives, pour servir a l’histoire de France, dont
la plûpart n’ont point encore été publiées, &
quelques-unes, quoiqu’imprimées, ne se trouvent presque plus, avec
des notes historiques & géographiques [pagination multiple],
Paris, Hugues-Daniel Chaubert, 1759, Tome 1, partie 2, p. 631 (ici).
(2) Guillaume BLANCHARD, Compilation
chronologique contenant un recueil en abrégé des ordonnances,
édits, déclarations et lettres patentes des rois de France,
qui concernent la justice, la police et les finances, Paris, Veuve Moreau,
1715, col. 954: “Lettres Patentes portant relief
d’adresse au Parlement de Paris, & de surannation pour l’enregistrement
de la Declaration du 17 Octobre 1563, par laquelle les offices de Notaires
en la Ville d’Orleans ont esté reduits au nombre de vingt. A Paris
le 9 Juin 1659. Reg. le 27 du mesme mois 5 Vol. des Ord. de Charles IX cotté
2 D fol.129.”
(3) Inventaire des
archives anciennes du chateau de Chantilly, série BA, Montmorency-Anguien
1-BA-001, en ligne en 2012 (ici), p. 276: lettres ordonnant l’envoi d’un conseiller
au Parlement à Montmorency pour recevoir la profession de foi des
officiers du duché.
(4) Compilation chronologique
(op. cit.), col. 958: “Lettres patentes portant
don à Catherine de Médicis reine de France, du duché
d’Orléans, du comté de Gien, des vicomtez de Roüen, du
Pont de l’Arche et du Ponteau-de-Mer, & des seigneuries de Beaugency
& du Chasteau-du-Loir, au lieu des Duchez, Comtez & Baronnies dont
elle joüissoit, & qui ont été donnez en apanage à
Henry de France duc d’Anjou & François de France Duc d’Alençon,
par celle du 8. Fevrier 1566. Au Plessis-les-Tours le 10 Octobre. Reg. le
22 Novembre suivant. 4 Vol. des Ord. de Charles IX cotté 2 D fol.205.
mem. de la Ch. des Comptes cotté 3 L fol. 344. Chopin de Dom.
lib. 3 tit. 4 n. 12.”
(5) Compilation chronologique
(op. cit.), col. 958: “Declaration portant
suppression du second office de Sergent-Collecteur des Aydes & Tailles
en l’Election de Montfort-l’Amaury. A Paris le 19 octobre 1569. Reg. le 20
Decembre [col.959] de la mesme année. 5 Vol. des Ord. de Charles IX
cotté 2 D fol. 222.”
(6) Antoine VARILLAS (1624-1696),
Histoire de Charles IX [in-12; 3 vol.], Lyon, T. Amaulry,
1684, t. 3, pp. 164-197 (pour l’année 1569), spécialement
p. 282 (Charles IX à Niort en octobre) et 285 (Arrivée de
Charles IX au camp devant Saint-Jean-d’Angély en 26 octobre).
(7) Compilation chronologique
(op. cit.), col. 959: “Lettres patentes portant
establissement du Métier de Marchands Chaussetiers dans la Ville
de Rheims. A Rheims le 26 Octobre 1569. Reg. le 5 Mars 1571. 6 Vol. des
Ord. de Charles IX cotté 2 E fol. 103.”
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5) Sur
le contresignataire, Brulart
Nous
nous intéressons ici à la personne qui a contresigné
notre lettre royale sous le nom de Brulart, d’autant que, comme on va le
voir, c’est précisément à Étampes, quelques
mois plus tôt, qu’il avait été investi par le roi de sa
fonction.
Il s’agit en effet selon toute apparence de Pierre
Brulard (ou Brulart, voire Brûlart). Déjà
conseiller du roi depuis 1566, il avait été nommé secrétaire
d’État et des finances par lettres patentes expédiées
[c’est-à-dire copiées] à Étampes le 8e Juin 1569,
signées de Neufville. Il prêta serment dès le lendemain,
sans doute également à Étampes, et ne résigna
cette charge qu’en 1574, en faveur de son fils Gilles.
Nous donnons ici ce que nous avons trouvé sur
ce Pierre Brulard, en attendant de trouver plus de détails sur le
séjour de Charles IX à Étampes le 8 juin 1569, auquel
nous consacrerons ultérieurement une page spécifique.
B.G., 20 mars
2012
1) Notice de Pierre Hurtaut
(1) sur Pierre Brulard
Pierre Brulard, Seigneur de Crosne & de Genlis,
troisième fils de Noël Brulard, Procureur-général
au Parlement de Paris, & d’Isabelle Bourdin, fut Secrétaire
du Roi en 1557, & des Commandemens de la Reine Catherine de Médicis
en 1564, puis Sécrétaire d’Etat, le 8 juin 1569. Il
mourut le 12 avril 1608, âgé de 73 ans, & fut enterré
dans sa Chapelle en l’Eglise Collégiale & Paroissiale de Saint-Benoît.
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(1)
Pierre-Thomas-Nicolas HURTAUT, Dictionnaire historique de la Ville de
Paris et de ses environs, Paris, Moutard, 1779, p. 580.
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2) Notice sur Pierre Brulard
dans un manuscrit de la BNF, édité en ligne par Oreste Ranum
(2)
Brulard
Pierre Brulard pourveu de l’office de nottaire et secretaire
du Roy le deceds de Philippe Macé au moys d’aoust 1557 fut faict
secretaire des finances à mil livres de gages par lettres donnees
au bois de Vincennes le 2e Juin 1563 signé Robertet.
A l’enregistrement à la chambre fut donné
arrest qu’il jouiroit par commission et sans gages le 23e Juin 1563.
Sur quoy fut expedié Jussion le 24 Juin 1563
à l’enregistrement de laquelle la chambre ordonna par arrest qu’il
jouiroit des gages à la charge de faire apparoir par chacun an de
son emploi du 27 Juin 1563.
Au mois d’Avril 1563 avant pasques [f°432v°] ledit sieur Brulard eschangea son
office de notaire et secretaire avec Jean de Serre aussy notaire et secretaire
boursier.
En consideration des services rendus par Pierre Brulard
notaire et secretaire de sa Majesté et de sa chambre sous le sieur
de Vilaines secretaire d’estat son oncle, le Roy luy permit de signer en
finance comme faisoient Burgensis et Hurault, les pattentes qui auroient
esté deliberees au Conseil soit pour les finances ou autres affaires
avec pention de trois cens livres outre mil livres ainsi qu’avoient lesdictz
Hurault et Burgensis, les lettres sont donnees à Sainct Germain en
Laye le 9 Juillet 1567, registrées à la Chambre des Comptes
pour jouir comme faisoient Burgensis et Hurault. Cette commission estoit
proprement pour faire ce que font à present les secretaires du Conseil
[f°433] la charge de secretaire
d’Estat et des finances que tenoit le sieur d’Alluye Florimond Robertet estant
vaccante le Roy commit et deputa à l’Estat et office de secretaire
d’Estat et des finances Pierre Brulard son conseiller et secretaire de ses
finances aux gages pention, droicts et proffitz comme les autres secretaires
d’Estat. Les lettres furent expediees à Estampes le 8e Juin 1569 signée
de Neufville, et le serment presté ez mains de Monsieur de Morvillier
commis à la garde des sceaux en l’absence de Monsieur le Chancellier
le 9e Juin 1569 signé Veau.
Pierre Brulard resigna en faveur de Gilles Brulard
son fils à condition de survivance son office de nottaire et secretaire
du Roy en l’année 1574, de laquelle Gilles ne fit le serment et ne
fut immatriculé qu’en 1586. Il le fit aussy recevoir à sa
survivance secretaire des finances. [f°433v°]
Les lettres sont données à Lion le 23 octobre 1574. Gilles
Brulard estant trop jeune pour exercer obtint lettres ledit jour pour prester
le serment qui fut le 6e may 1579.
Le Roy ayant par lettres données à Paris
le 25e 7bre 1576 revocqué touttes les commissions des secretaires
des finances qui n’avoient payé finances excepta par les mesmes lettres
celles des secretaires d’Estat Pierre Brulard et Claude Pinart et des secretaires
des Reynes Mere et femme.
Apres le deceds du sieur de Fizes l’an 1578 sa charge
fut supprimée et son departement partagé entre Villeroi, Brulard
et Pinart, ausquels le Roy attribua chacun XIII c[ent] XXXIII lt un tiers
d’augmentation de gages par Edit du moys doctobre 1582 et ainsi il n’i eut
plus que trois secretaire d’Estat. [f°434]
Les services de Pierre Brulard seigneur de Crosne ayant
merité reconnoissance le Roy luy accorda de faire de faire [sic]
pourvoir de la charge de secretaire d’Estat Gilles Brulard son filz à
condition de survivance le 14 Juin 1586 quel [sic] en presta le serment
le 3 jour de juillet ensuivant.
Pierre Brulard secretaire d’Estat obtint du Roy dispence
de servir en la charge de president et Tresorier de france à Bourges
dont il estoit pourveu par lettres de l’an 1587.
Le Roy estant à Blois au mois de septembre 1588
estant entré en deffiance de plusieurs de ses plus fidelles serviteurs,
Pierre Brulard secretaire d’Estat fut chassé comme Villeroi et Pinart
et son fils Gilles Brulard avec luy et un autre secretaire d’estat fut mis
en leur lieu sans recompense.
|
(2)
D’après Orest RANUM [éd.], «A Manuscript about French
Secretaries of State, 1300-1647 (secretaries, group 2)» [édition
en ligne du du manuscrit Cinq Cents Colbert 136, folios 432-455], in ID.,
The Ranums’ Panat Times, http://www.ranumspanat.com/secretaries2.htm,
en ligne en 2012, spécialement «A Manuscript about French Secretaries
of State, 1300-1647 (secretaries, group 2)», f°432-434 (J’ai ici
légèrement normalisé la typographie et l’accentuation,
moi B.G.).
|
3) Copie de l’acte
de nomination du dit Brulard (3) [daté
de Saint-Germain-en-Laye le 9 Juillet 1567 d’après
le texte ci-dessus].
Charles, à tous ceux [etc.,] sçavoir
faisons que nous ayant esgard et consideration aux bons et agreables services
que nostre amé et feal notaire et secretaire et de nostre chambre
maistre Pierre Brulard nous a par cy devant et dès longtemps soubz
le sieur de Villains son oncle nostre conseiler en nostre conseil privé
secretaire d’estat avec telle confidence et fidelité que nous en recevons
une entiere satisfaction et contentement et desirance à ceste heure
qu’il a pleu à Dieu appeler à sa place le dict feu sieur de
Vallaines tenir le dict Brullard près de nous en quelque charge qui
soit honnorable et condigne à ses merites et services mesmes l’employer
au faict des expedicions qui seront ordonnées au conseil de nos finances.
A iceluy Brullard pour ses [sic] causes et aussy pour recognoistre envers
luy les dignes, vertueux et recomandables services faictz à nous et
à la chose publique de ce royaume par feu son dict oncle, avons permis,
accordé et octroyé, promettons, accordons et octroyons par
ces presentes qu’il luy soit loisible signer et expedier toutes [f°76v°] lettres tant patantes que missives
qui luy seront commandées et deliberéres en nostre conseil
privé soit pour le faict de nos finances ou autres nos affaires,
tout ainsy que ont faict, font et peuvent faire maistre Burgin et Hurault
qui ont semblables charges, et generallement jouisse du dict estat et commisssion
aux honneurs, authorités, prerogatives, preeminences, franchises,
libertés, droits et esmolumens qui y appartiennent et aux gages, estat
et pension de XII livres qui sont pareils et semblables que ont lesdicts
Burgin et Hurault à cause de l’exercice de leurs dites charges outre
et par dessus les quatre livres de pension que iceluy Brulard a desja de
nous. Sy donnons et mandons en mandement à nostre très cher
et feal chancellier que pris et reçeu du dit Brulard le serment en
tel cas requis et accoustumé iceluy reçoive, mette et institue
de par nous en pocession et saisine du dit estat, charge et commission et
d’icelui en se.. de la dite permission le face, souffre et laisse jouir et
user plainement et paisiblement, cessant et faisans cesser tous troubles
et empechemens au contraire. Mandons en outre à nos amés et
feaux conseillers les tresoriers de nostre espargne presens et à venir
que les dits gages, estat et pension de XVI livres ils payent, baillent et
distribuent au dit Brulard doresenvant par chacun an à commencer du
jour et datte de ces presentes, rapportant lesquelles ou vidimus d’icelles.
Faict soubz scel royal pour une fois avec quittance du dit Brulard sur ce
suffisante. Nous voulons iceux gages, estat et pension estre passés
et alloués en leurs comptes et rabatre de leur recepte par nos dits
amés etc. ausqueles sans difficulté, et ces dites presentes
et enregistrées ès registres de nostre chambre des comptes,
car etc. En tesmoing etc. Donné [etc.] |
(3)
Le texte de sa nomination a été reproduit par un Recueil
de formules, composé d’actes des rois Henri II, François II,
Charles IX et Henri III, conservé à la BnF au département
des manuscrits sous la cote Français 4588, au folio 76. Ce recueil
manuscrit a été numérisé en mode image et mis
en ligne par la Bnf sur son site Gallica, où j’en ai saisi
le texte ci-contre (B.G., mars 2012).
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4) Notice du Grand
Dictionnaire historique de Moréri (4)
Pierre Brulart, Seigneur de Crosne & de Genlis,
troisième fils de Noël Brulart, Procureur General au Parlement
de Paris, & d’Isabelle Bourdin, fut Secrétaire d’Etat en Juin 1569.
acquit la Terre de Genlis, & mourut le 12. Mai 1608. âgé
de 73. ans. De Magdelaine Chevalier, fille de Joseph Seigneur de Mallepierre
& de Vaucouleurs, & d’Agnes de Chambli qu’il avoit épousée
en Septembre 1571. il eut, 1. Gilles qui suit; 2. Charles Brulart,
Chanoine de Paris, Abbé de Joyenval & de Neauphle, Prieur de
Léon, Ambassadeur à Venise & à la Diète
de Ratilbonne, mort Doïen des Conseillers du Roi, le 25. Juin 1649.
enterré en l’Eglise des Augustins de Paris; 3. Noël Brulart,
Seigneur de Crosne, mort au siège d’Amiens en 1597; 4. Pierre
Brulart , Conseiller au Grand Conseil, Abbé de saint Martin d’Autun
& de Joyenval. 5. Nicolas Brulart, Seigneur du Boulay, d’Opsonville,&c.
Chambellan de Gaston de France Duc d’Orleans, &c Capitaine de son Palais
à Paris,mort le 27. Octobre 1659. laissant de Marie de Cerisiers,
veuve de Pierre Brulart, Seigneur de Vaux, son cousin, François Brulart,
Seigneur d’Opsonville, Capitaine au Régiment du Duc d’Orléans,
& reçu en survivance des Charges de son pere, mort sans alliance;
Isabelle Brulart, mariée 1°. à Antoine de Civille, Seigneur
de Gousseville; 2°. à Charles de Sommieure, Comte du Lignon,
morte; Anne, mariée à Louis d’Estourmel, Marquis du Fretoy,
morte le 19. Décembre 1698. Marie, qui épousa en 1661. Nicolas-Louis
de l’Hôpital, Marquis de Vitry, Ambassadeur Extraordinaire en Pologne,
morte le 17. Avril 1699. & Magdelaine Brulart, Religieuse aux Filles
Sainte Marie de Melun. 6. Louis, qui a fait la branche du Broussin;
7. Magdelaine Brulart, mariée à François Robertet, Baron
d’Aluye,morte sans postérité; 8. Marie Brulart, mariée
1°. à François Baron de Mailloc en Normandie; 2°. à
François de Raveton, Seigneur de Chauvigny; & 9. Elisabeth
Brulart, Religieuse à S. Antoine des Champs.
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(4)
Louis MORÉRI, Le grand dictionaire historique ou Le mêlange
curieux de l’histoire sacrée et profane, Paris, J.-B. Coignard, 1718,
t. 1, p. 1055.
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6) Éléments de comparaison
(courriers de Charles IX vendus aux enchères
en 2005)
Paris
27 mars 1568
Lettre au baron de Fourquevaux
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Plessis-les-Tours
9 octobre 1569
Lettre aux Étampois
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Mandement aux prévôt et échevins
de la ville de Paris (Montceaux-les-Meaux, 4 juillet 1571): Chers et bien
amés...
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7) BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Édition
Bernard GINESTE [éd.], «Charles IX: Lettre aux
Étampois (Plessis-les-Tours, 9 octobre
1569)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-15691009charles9auxetampois.html, 2012.
Autres écrits de Charles
IX
PBA (Pierre BERGE
et Associés, Antoine GODEAU et Frédéric CHAMBRE), Collection
historique Jean Paul Barbier-Mueller - Mardi 16 décembre 2005 à
14h00 - Drouot Richelieu - Salle 16 [catalogue de vente aux enchères],
http://www.pba-auctions.com/html/index.jsp?id=2641, spécialement
les lots n°7: «Ordonnance. Blois, 11 février 1562 [1563].
Expédition au sénéchal de Valentinois signée Charles
et contresignée par Laubespine [Claude II de L’Aubespine], 1 page
et 2 lignes in-folio, adresse au dos» [vendu 1000€] (ici), n°8: «Lettre au baron de Fourquevaux,
ambassadeur auprès du roi d’Espagne. Paris, le 27 mars 1568. Lettre
signée Charles, contresignée par Deneufville, 1 page in-folio,
adresse au dos, trace de cachet» [vendu 1300€] (ici) et n°9: «Mandement au prévôt
et échevins de la ville de Paris. Montceaux[-les-Meaux], le 4 juillet
1571. Pièce signée Charles et contresignée par Pinart,
1 page in-folio, adresse au dos, trace de cachet» [vendu 1500€] (ici).
Bernard GINESTE [éd.], «Charles IX: Nomination
d’un nouveau trésorier des chantiers royaux (Étampes, 19 septembre 1562)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-15620919grandremi.html, 2011.
Sur le XVIe siècle étampois
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