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Le dépôt de prisonniers d’Étampes de 1915 à 1920 Une compilation
pour servir à son histoire, depuis 2018
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Nous avons déjà
depuis longtemps trois pages relatives au dépôt des prisonniers
de guerre d’Étampes de 1915 à 1919, du point de vue de la
numismatique et des cartes postales anciennes. Nous stockerons désormais
dans cette quatrième page, en vrac, tous les documents relatifs à
cet établissement qui nous tomberont sous la main ou qu’on nous communiquera,
à l’usage tout d’abord d’un ami qui prépare une publication
sur le sujet, mais aussi de tous les chercheurs et internautes.
Merci de nous communiquer des scans d’autres documents, ou de meilleurs scans que ceux que nous reproduisons ici le plus souvent de seconde main, même lorsqu’ils ont été volontairement mutilés par ceux qui les ont mis en ligne en premier lieu. Nous avons essayé par de patients bricolages de rendre autant que possible cette matière moins hétéroclite et plus facile à utiliser dans des publications ultérieures. Merci de citer vos sources: car cette opération de collecte et de mise en forme est un véritable travail qui représente plus d’une quinzaine d’années de veille, sans parler du temps passé au traitement d’images souvent au départ de mauvaise qualité. Merci enfin et surtout à tous ceux qui pourront transcrire et traduire le plus soigneusement possible les textes imprimés et surtout manuscrits en allemand que nous mettons en ligne. 01. Les commencements du dépôt de prisonniers d’Étampes 02. Succursales du dépôt d’Étampes 03. Monnaies de necessité du dépôt d’Étampes et de ses succursales 04. Photographies de prisonniers 05. Courriers datés relatifs au du dépôt d’Étampes 06. Coupures de presse. Bernard Gineste, septembre 2018
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Les prisonniers Boches à
Étampes
L’arrivée des prisonniers boches à Étampes, qui a eu lieu lundi, a été presque aussi sensationnelle que le premier passage tant attendu des «hindous» dans notre gare. Dans un cas, comme dans l’autre, les précautions prises pour que la nouvelle ne fût pas connue ont été comme un attrait de plus pour les curieux et dès 8 heures et demie — l’arrivée du train des prisonniers étant annoncée pour 9 heures — il n’est pas une personne valide qui n’ait pris le chemin de la gare. Femmes, moines, enfants, vieillards, tout était descendu. Ou plutôt tout montait vers les promenades du chemin de fer le long desquelles allaient défiler nos nouveaux hôtes. Sur le quai central de la gare, attendaient le colonel Darbel, chef d’état-major du général de Saillv, le nouveau commandant du département de Seine-et-Oise; M. le commandant de territoriale Bourdeau. MM. Darras. sous-préfet; Lescuyer, maire; Moreau, capitaine des G. V. C.; Mille, Hervé, Lanceleux, de Rosère, Gauché, Berthelot, conseillers municipaux; Maraude, juge de paix; Sétiard, secrétaire de la sous-préfecture; Mainard, secrétaire de la mairie; Gaillabaud. architecte-voyer; Broy, commissaire de police; Chassin, adjudant, Louveau, maréchal des logis chef et Marchal, brigadier de gendarmerie. La voie sur laquelle le train devait s’arrêter était gardée par la compagnie du 285e territorial détachée à Étampes sous le commandement du capitaine Faussemagne, des lieutenants Brayet et Roymarinier et du sous-lieutenant Bruffal; de chaque côté des rails, déployés à six pas et baïonnette au canon les territoriaux attendaient. Enfin, une section de G. V. C. sous le commandement du sergent Cantiniau avait pour mission de contenir la foule. A 9 heures, exactement, le train, composé de sept voitures, entrait en gare d’Étampes par la voie de Pithiviers et venait s’arrêter en face du bâtiment des messageries. L’escorte, composée d’une vingtaine de réservistes territoriaux du 99e, en descendait, puis les prisonniers, qui se groupaient en colonne par quatre le long du quai, faisaient leur apparition. C’était un beau déballage de ballots, de cartons, de paquets de toute nature, voire de pliants, de chaises longues démontables ou autres «meubles» improvisés. Quant aux prisonniers eux-mêmes n’en parlons pas; du côté du beau sexe de notre ville, on s’est accordé à les trouver unanimement... laids. Au nombre de 360, ils ont tous été pris le 23 septembre pendant la bataille de Champagne, puis dirigés sur Belle-Isle-en-Mer, d’où on les a ramenés à Étampes. Une fois garé le train qui avait amené les prisonniers, le «cortège» se formait sur le quai même de la gare, encadré par les territoriaux et faisait bientôt son apparition sur la place de l’Embarcadère ou la foule se pressait. On se serait cru «à l’arrivée d’Albinet»; il y avait des curieux à toutes les fenêtres, à cheval sur les murs et même grimpés sur les toits. Malgré cette nombreuse assistance, pas le plus petit incident à déplorer, pas un mot déplacé; nous n’en sommes plus d’ailleurs au moment de la ruée allemande vers Paris, où, tels des bêtes capturées, les premiers prisonniers faisaient leur apparition en gare d’Étampes. Ceux-ci étaient, si l’on peut dire, moins antipathiques; tous d’ailleurs semblaient modeler leur attitude sur celle du grand feldwebel roux, l’adjudant Heinrichs, qui marchait à leur tête absolument impassible. La colonne passant par le boulevard Henri IV et la rue de Chauffour arrivait sans incident sous les tilleuls de l’ouche de l’église Saint-Martin où elle se divisait en deux groupes et s’arrêtait le dos tourné à l’édifice. Après une minute de repos, et à la demande du commandant Bourdeau, le feldwebel faisait former le cercle aux prisonniers auxquels des ordres étaient transmis par l’intermédiaire d’un interprète militaire, M. Rueff: «Vous travaillerez huit heures par jour; vous recevrez vingt centimes en plus de votre nourriture; vous aurez un jour de repos par semaine et vous êtes invités à vous conformer strictement aux règlements des prisonniers de guerre», leur disait-il. En langue allemande, ces indications données par le feldwebel d’une voix brève et cassante retentissaient comme des coups de fouet, tandis qu’un silence absolu régnait dans la foule disciplinée des captifs: «Vous promettez de bien vous conduire?» «claquait» en allemand la même voix. De la bouche des 300 boches sortait un «ïa» guttural qui faisait dire à l’une des personnes présentes: «Les Français parlent avec la langue, mais les Boches s’expriment avec leur gosier!» Puis c’était l’appel par équipes des travailleurs agricoles; chacun répondait Hirr (présent) à l’appel de son nom. Il était ainsi formé 11 équipes de 20 hommes destinés aux localités environnantes: Monnerville, Morigny, Chalou-Moulineux, etc., équipes qui parlaient dès lundi avec leur escorte dans différentes directions. Le surplus soit 120 hommes reste à Étampes; deux équipes de 20 hommes sont employées dans les fermes de la banlieue; une autre équipe de 20 est employée à des travaux d’adduction d’eau à l’usage des prisonniers; tous sont logés avec la compagnie de garde aux moulins Braban, propriété de Mme Charpentier et, à cet effet, l’éclairage électrique a été installé dans les deux moulins. Comme on a pu s’en rendre compte, les prisonniers boches sont traités avec humanité; à leur arrivée le commandant Bourdeau s’est enquis de leurs besoins en interrogeant lui-même un des prisonniers — un échantillon typique de la kultur allemande — grand, efflanqué, nez pointu surmonté de lunettes. Dès leur arrivée une ration de café leur a été servie et ils continueront à être nourris dans les mêmes conditions que la compagnie de garde. Espérons qu’un traitement semblable est réservé de l’autre côté du Rhin à ceux de nos enfants qui se trouvent dans le même cas. *
Il est juste de dire que la première
idée de l’envoi de prisonniers boches à Étampes revient
à M. Mille, qui en a fait il y a longtemps la proposition au Conseil
municipal d’Étampes, et que grâce à sa ténacité,
malgré les nombreuses difficultés qui se sont présentées,
ce résultat a été obtenu. |
L’Abeille d’Étampes et le Réveil d’Étampes, édition spéciale 2/72 (13 novembre 1915), p. 2 (saisie de Bernard Gineste, 2018) |
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Note: Cette carte a été expédiée
en 1917, avec cachet de censure en transit pour Vienne (Autriche).
On notera que le mot Dépôt y est raturé et remplacé
manuellement par Détachement. De même le mot préimprimé
Allemagne est rayé et remplacé par Autriche. |
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Traduction: Ecrit le 29 01 1919 Cher Monsieur Mordhorst,
Je vous informe que j’ai reçu le colis
du 27 11 1918. Recevez tous mes remerciements pour cela. Sinon, je vais
toujours encore bien, et j’espère que vous êtes dans le même
cas. C’est bien la préoccupation principale, n’est-ce pas? Espérons
que nous nous reverrons cette année. S. Steffen vous salue.(Traduction de Clément Wingler, mars 2006)
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7 janvier 1916 |
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Journal officiel 48/303 (7
novembre 1916), p. 9644
Service des
prisonniers de guerre
Par décision ministérielle du 5 novembre 1916: M. le capitaine Legras, du 26e rég. territorial d’infanterie, est affecté au service des prisonniers de guerre et désigné pour le dépôt d’Étampes (gouvernement militaire de Paris). |
14 janvier 1916 |
etc.
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L’Univers israélite
71/19 (14 janvier 1916), pp. 490-492.
Obsèques
d’un soldat israélite à Étampes
Nous empruntons ce récit à l’Abeille d’Étampes. «Dimanche matin, ont eu lieu au Nouveau-Cimetière, les obsèques du canonnier Rouas (Albert), de la division marocaine, décédé à l’hôpital d’Étampes des suites de ses blessures. Ce militaire professant la religion israélite, le service a été conduit par le rabbin Julien Weil, aumônier israélite de la 5e région. Les honneurs militaires étaient rendus par un piquet de territoriaux. Les autorités civiles et militaires d’Étampes, nos Sociétés d’Anciens Combattants, de Vétérans et de Secours aux Blessés suivaient le convoi, ainsi qu’un certain nombre de personnes qu’avait pu attirer la nouveauté de ce genre de cérémonie que nous n’avons pas souvenir d’avoir vu à Étampes. |491 Tout s’est d’ailleurs passé très dignement. Au cimetière, le rabbin après avoir lu des textes en hébreu, les a traduits en français, puis notre nouveau commandant d’armes, le chef de bataillon Payen, qui a la direction du centre des prisonniers d’Étampes, a prononcé l’allocution suivante: Je ne voudrais pas laisser partir notre camarade, sans lui adresser au nom de l’armée nos suprêmes adieux. Le soldat Rouas Albert, âgé de 25 ans, né à Mascara, province d’Oran, appartenait au 4e groupe d’artillerie d’Afrique, division marocaine. Blessé le 10 septembre 1915, à ………, d’une fracture du crâne par une balle, il fut évacué sur Châlons où il resta jusqu’au 29 septembre. Entré le 30 septembre à l’hôpital du Panthéon d’où il fut évacué en octobre sur l’hôpital auxiliaire Jeanne d’Arc à Étampes, puis à l’hôpital d’Étampes, pour y subir l’opération du trépan, où il est décédé. Le soldat Rouas a fait tout son devoir, on peut dire qu’il est mort au champ d’honneur ; il était Français, mais presque des Colonies, et servait dans les rangs de la division Marocaine qui a accompli tant de prodiges. Il ne reverra pas l’Algérie, son pays d’origine, mais il reposera sur la terre de cette France pour laquelle il s’est dévoué jusqu’à la mort. Qu’il repose en paix! Puis, le rabbin Weill a remercié l’assistance en ces termes: Messieurs, Avant de réciter les dernières prières pour Albert Rouas, mort des suites d’une glorieuse blessure reçue au champ d’honneur, je me fais un devoir de saluer les autorités militaires et civiles et les délégations de sociétés patriotiques qui sont venues escorter jusqu’au champ de repos ce vaillant soldat mort pour la France et déposer, par un touchant hommage, des palmes et des couronnes sur sa tombe. Je suis sûr d’être l’interprète de la famille du défunt retenue au loin, en leur exprimant des sentiments de vive gratitude, et en remerciant en particulier M. le commandant Payen, pour l’adieu ému qu’il vient d’adresser à Rouas et dont l’écho parviendra au siens, apportant un adoucissement à leur grande douleur. Qu’il me soit permis de remercier aussi en leur nom les membres du personnel hospitalier d’Étampes, qui, avec la sollicitude et le dévouement qu’ils ont pour tous nos chers blessés, ont tout tenté pour sauver la vie d’Albert Rouas. Mais la blessure, hélas! était mortelle. |492 Dieu a rappelé à lui ce vaillant soldat. Il a expiré avec la satisfaction d’avoir accompli tout son devoir et honoré par son sacrifice sa famille, le culte auquel il appartenait, et sa patrie bien-aimée! Que Dieu le récompense en lui accordant les félicités d’en haut et inspire à ceux qui le pleurent une pieuse et patriotique résignation! Suivant le rite israélite, chaque assistant a ensuite défilé devant la tombe en jetant une poignée de terre sur le cercueil.» Notre excellent confrère a bien raison d’écrire que «tout s’est passé très dignement». L’allocution du commandant, l’oraison du rabbin, l’attitude sympathique des assistants, les honneurs rendus à ce brave israélite d’Algérie tombé pour la France, tout cela constitue un ensemble réconfortant et digne de notre cher pays. |
29 février
1916 |
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Le Matin 33/11690 (29 février
1916), p. 2
Allier. — Montluçon.
Trois paquets de cartouches Lebel ont été trouvés dans un tas de sable, près d’une usine. On croit que ces cartouches ont été déposées par des prisonniers allemands, à Étampes. |
4 avril
1916 |
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Le Petit Parisien 41/14302
(4 avril 1916), p. 2.
A Étampes,
deux prisonniers s’évadent
Deux prisonniers allemands, détachés du camp de concentration d’Étampes comme ouvriers agricoles dans une ferme de la région, se sont évadés. |
6 avril 1916 |
Le Petit Parisien 41/14304
(6 avril 1916), p. 3.
Les deux
évadés d’Étampes
Nous avons annoncé, avant-hier, l’évasion de deux Allemands internés au camp de prisonniers d’Étampes. Ce sont les nommés Jorny Schult, vingt et un ans, et Johann Wachegrapp, vingt-sept ans. Le premier est tatoué sur la main gauche d’un bateau, sur la main droite d’une étoile, sur la poitrine d’un aigle; le second porte à la main droite les stigmates d’une ancienne blessure. |
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12 avril 1916 |
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La Croix 37/10152 (12 avril
1916), p. 8
Faits divers
Prisonniers allemands évadés et repris Deux prisonniers allemands qui s’étaient évadés d’Étampes, où Ils travaillaient, ont été arrêtés à Sens. |
17 juin 1916 |
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L’Homme enchaîné
(Georges Clemenceau rédacteur en chef)
3/609 (17 juin 1916), p. 2. La Bataille
de Verdun
Le corps des officiers boches contre le promoteur de l’attaque Voici quelques extraits d’une lettre écrite par Mme Kloeppel, femme d’un professeur de Stendal (Saxe) à un prisonnier de guerre actuellement au dépôt d’Étampes. Étant à Berlin, cette dame avait rencontré un officier, M. von R., attaché au grand quartier général allemand. Elle l’interrogea sur l’attaque de Verdun. L’officier déclara que cette attaque n’était pas prévue et qu’on ne s’v était résolu que sur les instances du kronprinz. D’après lui, il serait très difficile d’obtenir un résultat. Je ne veux naturellement pas dire par là que Verdun ne peut pas être pris; mais si nous arrivons à un résultat, il nous faudra payer fort cher notre succès. Cependant, le fait que l’adversaire rassemble ses forces devant Verdun devrait nous décider à revenir à notre plan primitif. Il m’a semblé que. dans le corps des officiers, un courant se dessine contre notre kronprinz. M. von R. ne m’a rien dit de précis, mais on pouvait, dans ses paroles, deviner une grande irritation contre le kronprinz. Je crois que ce jeune monsieur (le kronprinz) fait prévaloir sa volonté avec trop peu de ménagements. |
17 juin 1916 |
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Le Gaulois 51/14126 (17 juin
1916), p. 2-3.
Voici quelques extraits d’urne lettre écrite par Mme Kloeppel, femme d’un professeur de Stendal (Saxe) à un prisonnier de guerre actuellement au dépôt d’Étampes. Quand j’étais à Berlin avec ma fille, nous avons eu, à l’hôtel Adlon, une réunion de famille. Il y avait là herr (le nom se trouve dans la lettre), qui est officier au grand quartier général allemand. Après le dîner, je lui demandai son opinion sur Verdun. Il me déclara que l’attaque de Verdun, en général, n’était pas prévue. Les troupes qui se trouvent aujourd’hui devant cette ville devaient être employées plus au nord. Le Kronprinz demanda qu’un nombre suffisant de jeunes troupes fraîches fussent mises à sa disposition. On ne voulait pas les lui donner; néanmoins, il fit prévaloir sa volonté .et c’est ainsi que l’offensive sur Verdun fut déclenchée. Il ne croit pas que nous en tirions beaucoup d’avantages; cela eût été différent si Verdun avait été pris dans les quinze premiers jours. Mais maintenant, l’adversaire a concentré à Verdun toutes ses réserves disponibles et il sera difficile d’obtenir un résultat. Je ne veux naturellement pas dire par là que Verdun ne peut pas être pris, mais si nous arrivons à un résultat, il nous faudra payer fort cher notre succès. Cependant, le fait que l’adversaire rassemble ses forces devant Verdun devrait nous décider à revenir à notre plan primitif. Il m’a semblé que dans le corps des officiers un courant se dessine contre notre Kronprinz. M. de R. ne m’a rien dit de précis, mais on pouvait dans ses paroles deviner une grande irritation contre le Kronprinz. Je crois que ce jeune monsieur (le Kronprinz) fait prévaloir sa volonté avec trop peu de ménagements. Si le Kronprinz ne se dépêche pas de prendre Verdun, il pourrait bien finir par... prendre autre chose! |
17 juin 1916 |
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La Croix 37/10208 (17 juin
1916), p. 2.
Conversation
d’un officier du grand quartier général allemand
Voici quelques extraits d’une lettre écrite par Mme Kloeppel, femme d’un professeur de Stendal (Saxe) à un prisonnier de guerre actuellement au dépôt d’Étampes. Quand j’étais à Berlin avec ma fille, nous avons eu à l’hôtel Adlon une réunion de famille. Il y avait là Herr... (le nom se trouve dans la lettre), qui est officier au grand quartier général allemand. Après le dîner, je lui demandai son opinion sur Verdun. Il me déclara que l’attaque de Verdun, en général, n’était pas prévue. Les troupes qui se trouvent aujourd’hui devant cette ville devaient être employées plus au nord. Le kronprinz demanda qu’un nombre suffisant de jeunes troupes fraîches fussent mises à sa disposition. On ne voulait pas les lui donner; néanmoins, il fit prévaloir sa volonté et c’est ainsi que l’offensive sur Verdun fut déclenchée. Il ne croit pas que nous en tirions beaucoup d’avantages; cela eût été différent si Verdun avait été pris dans les quinze premiers jours. Mais maintenant l’adversaire a concentré Verdun toutes ses réserves disponibles et il sera difficile d’obtenir un résultat. Je ne veux naturellement pas dire par là que Verdun ne peut pas être pris; mais si nous arrivons à un résultat il nous faudra payer fort cher notre succès. Cependant le fait que l’adversaire rassemble ses forces devant Verdun devrait nous décider à revenir à notre plan primitif. Il m’a semblé que dans le corps des officiers un courant se dessine contre notre kronprinz. M. de R… ne m’a rien dit de précis. mais on pouvait dans ses paroles deviner une grande irritation contre le kronprinz. Je crois que ce jeune monsieur (le kronprinz) fait prévaloir sa volonté avec trop peu de ménagements. Votre question au sujet de l’opinion et de la mentalité de nos officiers est malheureusement justifiée. Le patriotisme est un mot dont très peu de ces messieurs comprennent la signification. Il est triste que des caractères aussi douteux aient été nommés officiers. M. le colonel de H… m’a déclaré il y a quelques jours qu’il n’aurait pas cru possible qu’un pareil état d’esprit put se propager dans le corps des officiers. |
17 août
1916 |
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Le Temps 56/20130 (17 août
1916), p. 3
Arrestations
d’un suspect.
M. Jules Wurgen, boulanger, d’origine suisse, domicilié rue des Gravilliers, 57, à Paris, a été arrêté à Vigny, près de Marines (Seine-et-Oise), au moment où il distribuait do l’argent et du pain à des prisonniers allemands employés aux travaux agricoles, et s’entretenait avec eux en cachette. À Triel et à Étampes, selon ses propres aveux, il avait déjà fait récemment des distributions analogues. Le 6 mai dernier, après une visite à des prisonniers allemands à Étampes, il était allé en Suisse et en était revenu, muni d’un passeport régulier. Sa fille, âgée de seize ans, explique que c’est tout à fait par hasard que son père et elle rencontrèrent des prisonniers allemands à Vigny. Et c’est par pure pitié qu’il leur offrit à chacun vingt sous, du pain et du pâté de foie qu’il alla chercher au village. Elle espère que la bonne foi de son père sera aisément reconnue par l’enquête. |
1er février
1917 |
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Le Petit écho en campagne.
Paraissant pendant la durée de la guerre.
Organe des typos du "Petit écho de la mode" 3/56 (1er février 1917), p. 1 Extraits des
lettres
[…] FORICHON.
4 janvier.
Je suis heureux de venir vous
offrir à tous mes meilleurs souhaits pour la nouvelle année
et en même temps pour vous remercier de votre bon cœur, dont vous m’avez
donné de nombreux témoignages durant l’année qui vient
de s’écouler. En ce qui me concerne, j’ai dû quitter mon poste
à l’état-major; je suis maintenant affecté à
la garde des prisonniers de guerre à Étampes. Recevez, chers camarades, toutes mes amitiés et à tous une cordiale poignée de main. |
22 septembre
1917 |
(mise en ligne
altérée) |
L’Écho de la montagne,
journal de l’arrondissement de Saint-Claude (Jura) 90/38 (22 septembre 1917), p. 2 […] Interpellés par l’adjudant, ils ne répondirent rien tout d’abord, puis se ravisant, l’un d’eux déclara qu’ils étaient des prisonniers allemands évadés du dépôt d’Étampes (Seine-et-Oise) et qu’ils pensaient pouvoir passer la frontière […] |
28 septembre
1917 |
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Le Petit Parisien 42/14843
(28 septembre 1917), p.3
Ballancourt. — Dans un bois où ils avaient passé la nuit, trois prisonniers allemands évadés à Étampes ont été arrêtés par le poste du 232e de la poudrerie militaire du Bouchet. |
22 février 1918 |
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Le Matin 35/12414 (22 février
1918), p. 2.
Deux prisonniers
autrichiens en conseil de guerre
Le caporal Lottsche et le soldat Heitz, deux Autrichiens faits prisonniers en Serbie, en 1915, faisaient partie du dépôt de prisonniers d’Étampes. Le 22 novembre dernier Ils refusèrent de continuer leur travail sous prétexte que c’était trop fatiguant. Le sergent Meyer donna l’ordre aux prisonniers de rentrer au camp. Seuls, Lottsche et Heitz refusèrent d’obéir et traitèrent le sergent d’«assassin» et de «tortionnaire». Pour refus d’obéissance, outrages et voies de fait à un supérieur, les deux prisonniers ont comparu, hier, devant le 1er conseil de guerre, présidé par le colonel Maritz. Sur réquisitoire du commandant Requier, commissaire du gouvernement, et après plaidoirie de Me de Saint-Genois, le conseil a condamné Lottsche, avec circonstances atténuantes, à dix ans de travaux publics, et Heitz à cinq ans de prison. |
14 août
1918 |
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Le Petit journal 56/20319
(14 août 1918), p. 2
Haute-Marne. — […] Un officier boche, Schwarzer, de la garde impériale, et le sous-officier Lobenhoffer, évadés d’Étampes depuis huit jours, ont été arrêtés au bois d’Auberive. |
11 octobre
1918 |
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Le Populaire, journal-revue hebdomadaire
de propagande
socialiste et internationaliste (dirigé par Léon Blum) 306 (18 février 1919), p. 2. Trois Allemands
évadés
en Conseil de guerre Joseph Reneterder appartenait au 1er bataillon de chasseurs bavarois, quand il fut fait prisonnier à Carency, en mai 1915; Loot Ernest faisait partie de la marine prussienne et fut pris à bord du sous-marin U. B. 24, en avril 1916, et Lasezof, du 22e régiment d’infanterie prussienne, se rendit à Notre-Dame-de-Lorette, le 14 mai 1915. Tous trois comparaissaient hier, devant le 4e conseil de guerre, pour évasion et vol d’effets militaires. Arrêtés par la prévôté d’Is-sur-Tille, ils étaient revêtus de vestons et casquettes, civiles volés au dépôt d’Étampes. Ils avaient en plus, sur eux, également volées, une boussole et des cartes. Six mois, cinq mois et quatre mois de prison leur sont infligés. |
12 février
1919 |
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L’Humanité (fondé
par Jean Jaurès) 5414 (12 février 1919), p. 1
Nous avons entre les mains un ordre (n° 1059) du dépôt des prisonniers de guerre, à Étampes, que nous voulons faire connaître, pour montrer comment de misérables chefs militaires peuvent déshonorer la France. Il est daté du 25 janvier. Il prescrit de retirer aux prisonniers allemands les effets qui leur avaient été alloués en vertu de l’accord international de Berne du 26 avril 1918, savoir une capote, deux caleçons, deux paires de chaussettes. L’ordre n° 1059 prescrit spécialement le retour des capotes seules à ceux des prisonniers qui en avaient encore. |
18 février 1919 |
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Le Populaire, journal-revue hebdomadaire
de propagande
socialiste et internationaliste (dirigé par Léon Blum) 306 (18 février 1919), p. 2. —! La capote
enlevée! —
À certain dépôt de prisonniers de guerre, à Étampes, est passée une circulaire rappelant que tous les P-G. doivent être pourvus de: Effets français ou allemands: 1 coiffure, 1 pantalon drap,En conséquence, ajoute la circulaire, les effets suivants prévus obligatoirement à l’accord de Berne du 26 avril 1916 seront supprimés: Capote en sus delà veste,Le post-scriptum est à noter: «Enlever les capotes vertes à tous les P. G. de votre détachement qui sont détenteurs de vareuse.Cette circulaire date du 25 janvier, nous sommes en février et la chaleur n’a pas, il nous semble augmenté outre mesure. C’est l’instant où l’on jugé bon de retirer, aux prisonniers allemands, la capote — française ou allemande — qui les couvrait! Ne serions-nous plus la nation humaine par excellence? |
16 janvier 1920 |
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Journal officiel de la République
française
52/15 (16 janvier 1920), pp. 828, 830 et 843 Tableau de concours
pour la Légion d’honneur (année 1920)
Pour chevalier — Infanterie — Officiers — MM. […] Roze (Gilbert-Auguste), sous-lieutenant au service des prisonniers de guerre d’Étampes. [...] Georges Clémenceau
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Le dépôt de prisonniers d’Étampes de 1915 à 1920 Une compilation
pour servir à son histoire, depuis 2018
01. Les commencements du dépôt de prisonniers d’Étampes 02. Succursales du dépôt d’Étampes 03. Monnaies de necessité du dépôt d’Étampes et de ses succursales 04. Photographies de prisonniers 05. Courriers datés relatifs au du dépôt d’Étampes. 06. Coupures de presse Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome. |
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Contributeurs
pour cette page
APPEL À CONTRIBUTION
Nous faisons appel ici à tous les Étampois pour regrouper d’autres documents intéressant l’histoire de tous les établissements privés et publics du pays étampois à travers les âges. Ce corpus conservera la mémoire de toutes les entreprises étampoises (entreprises étant pris dans un sens très large), ne serait-ce que sous la forme de modestes documents. |
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Bernard GINESTE, et qui
voudra [éd.], «Le dépôt de prisonniers d’Étampes (1915-1920)», in Corpus
Étampois, www.corpusetampois.com/cee-depotdeprisonnier.html,
depuis 2018. Pages liées
François HÈDE & Bernard GINESTE [éd.],
«Dépôt de Prisonniers de Guerre d’Étampes: Monnaie
de nécessité (vers 1918)», in
Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cne-031.html, 2003.
Jean-Michel ROUSSEAU
& Bernard
GINESTE [éd.], «Dépôt
de Prisonniers de Guerre d’Étampes: Cartes postales en
franchise (1916-1919)», in Corpus Étampois,
www.corpusetampois.com/cpa-es-depotdeprisonniers.html, 2006.
Bernard GINESTE [éd.],
«Dépôt de Prisonniers de Guerre d’Étampes: Bon
de cantine (vers 1918)», in Corpus Étampois,
www.corpusetampois.com/che-20-depotdeprisonniers-bondecantine.html, 2007.
«Corpus des établissements étampois», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/index-cee.html, depuis 2007. Toute critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism
or contribution welcome.
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