1. Présentation
critique
Nous rendons-compte
ici d’un ouvrage paru tout récemment:
Frédéric GATINEAU & Jean-Marc WAREMBOURG,
St Hilaire. Un espace dans le temps [24 cm sur 15,5; 355 p.; 166 photographies; préface
de Pierrette Antoine, maire], Éditions
des Hautes terres, 2009.
Sommaire (p.7) — Préface (p.8) — Présentation
(pp.9-11) — Géologie (pp. 12-13) — Flore et faune (pp.14-16) — Une
région frontalière (pp.17-19) — Chronologie générale
(pp. 20-142) — Saint-Hilaire de A à Z (pp. 143-245) — L’église
et le prieuré (pp. 247-256) — Les maires de Saint-Hilaire (pp. 257-259)
— Les personnalités (pp. 260-264): Étienne Geoffroy Saint-Hilaire,
1772-1884 (p.260); Louis Philibert de Brun des Beaunes, 1761-1842 (pp. 265-266);
Michel Leiris, 1901-1990 (pp.267-269); Jérôme Lejeune, 1926-1994
(pp.270-271) — Les Saint-Hilairois [relevé de 1607 à 1957]
(pp. 272-299) — Démographie (pp. 300-301) — Annexe 1: “Maxime
Legrand et ‘Emile Huet (Jean Ballast et R. Errail): D’Étampes à
Auneau en chemin de fer (16 septembre 1892)” [saisie empruntée au
Corpus Étampois, che-19-18920916detampesaauneau.html]
(pp. 302-311) — Annexe 2: Extrait de Étampes pittoresque de Maxime
Legrand (pp. 312-318) — Annexe 3: La femme debout, de Picasso, à
Saint-Hilaire (pp. 319-322) — Hier et aujourd’hui (pp. 323-334) — Bibliographie
(pp.335-337) — Remerciements (p.338) — Index des patronymes (pp.339-354).
A. Ce qui s’est
déjà dit de cet ouvrage
Présentation de l’éditeur (page
4 de couverture):
Saint-Hilaire (379 habitants) est une commune
de l’Essonne verte, dans le canton d’Etampes, apparemment sans histoire.
Et pourtant... Frédéric Gatineau et Jean-Marc Warembourg livrent
dans cet ouvrage le fruit de leurs patientes recherches. A partir de très
nombreux documents consultés aux archives municipales, départementales,
diocésaines et nationales ils vous invitent à un véritable
voyage dans le temps et l’espace de ce petit coin d’Ile de France. Les trésors
des archives familiales de Saint-Hilairois ont également enrichi
cette abondante documentation.
Une large place est faite à l’histoire
locale, mais on trouvera aussi des éléments de toponymie, patronymie,
géologie, sans oublier les personnalités locales.
De nombreuses reproductions de documents, des
photos anciennes et contemporaines pour la plupart inédites, illustrent
cette monographie.
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Olivia BAZENET, «Parution d’un ouvrage. Saint-Hilaire: L’Histoire
du village dévoilée», in Le Républicain
(jeudi 4 juin 2009).
Il aura fallu plus de quatre ans de recherches à
Frédéric Gatineau, ancien curé d’Étampes et
auteur de plusieurs ouvrages sur l’Histoire locale de la Région d’Étampes,
et Jean-Marc Warembourg, Saint-Hilairois passionné d’Histoire, pour
publier “Saint-Hilaire, un espace dans le temps”, une monographie sur ce
village de 344 habitants. A partir de documents d’archives municipales,
départementales, diocésaines et nationales, les auteurs ont
retracé l’histoire de saint-Hilaire en s’intéressant non
seulement au côté historique mais également à
la faune, la flore et les personnages marquants qui font du village ce
qu’il est aujourd’hui. «Nous évoquons le Pays d’Étampes
au Vie siècle. Ensuite, nous mentionnons Saint-Hilaire à partir
du XIIe siècle, avec son église et son prieuré qui
l’ont fait connaître» explique Jean-Marc Warembourg co-auteur
de l’ouvrage. Sur 358 pages, illustrées de nombreuses photos et cartes
postales anciennes ou contemporaines, dont certaines ont été
prêtées par des familles, les Saint-Hilairois pourront découvrir
la mémoire de leur village. “Saint-Hilaire, un espace dans le temps”
sera dailleurs présenté à la population vendredi 5 juin,
à 20 h, à la salle des fêtes de Saint-Hilaire (ancienne
gare), allée des Tilleuls. A l’issue de la présentation le
livre sera mis en vente au prix de 20 euros.
Olivia Bazenet.
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Présentation par Jean-Marc Warembourg, co-auteur
On la trouvera sur son site Saint-Hilaire, sur son
site Saint-Hilaire, http://www.saint-hilaire.new.fr/, à la page «Monographie Saint-Hilaire»,
en ligne en 2009, avec plusieurs photographies de l’ouvrage, qui donne
un bon aperçu de sa manière. |
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B. Notre avis sur cet ouvrage
Il faut d’abord saluer féliciter Jean-Marc
Warembourg, concepteur de la maquette de cet ouvrage, d’une consultation
agréable à tout point de vue. La typographie est claire,
la mise en page du texte et des illustrations, fort nombreuses, bien agencée.
Sur le fond, cet ouvrage, bien servi par la
collaboration de Jean-Marc Warembourg (qui a déjà publié
un ouvrage d’histoire locale en 2008, Teyjat, présence du passé),
est dans la lignée de deux ouvrages déjà publiés
par Frédéric Gâtineau, tous deux
en 2003, à savoir Étampes en lieux
et places et surtout Petites lumières sur Brières.
Le parti-pris de l’ouvrage, comme de celui
que Frédéric Gatineau a publié en 2003 sur le village
de Brières-les-Scellés, est de laisser tomber purement et simplement
toute velléité de plan synthétique.
Ce parti pris n’est pas sans avantages. C’est
en effet un écueil traditionnel de l’historiographie locale que
de lasser le lecteur par un plan inspiré des celui des ouvrages d’histoire
générale, trop souvent meublé de généralités
oiseuses, et en définitive faisant souvent l’impasse sur les données
les plus spécifiques et les plus intéressantes de la vie
des villages.
Comment faut-il donc traiter la matière savoureuse
de la micro-histoire?
Il faut d’abord la dénicher, et en
cette matière les auteurs sont particulièrement doués,
parce qu’ils allient à une excellente connaissance du terroir et
de ses habitants une fréquentation assidue des nombreux centres archivistiques
où sont dispersées les sources relatives à ce territoire
frontalier: archives nationales, archives départementales de l’Essonne,
de l’Eure-et-Loir et des Yvelines, voire de Seine-et-Marne et de l’Yonne,
archives diocésaines de l’Esonne et des Yvelines, archives municipales, archives
familiales du lieu, historiographie locale depuis le XVIIe, le tout dépouillé
méthodiquement depuis maintenant de nombreuses années par
notre ami Frédéric, heureusement rejoint par Jean-Marc.
Le plan adopté est finalement le plus
propre à mettre en valeur cette matière extrêmement abondante,
et presque totalement nouvelle. Il consiste à l’enregistrer d’une
manière aussi méthodique et exhaustive que possible, en deux
grandes parties, qui répondent très exactement, si l’on veut bien y réfléchir, au sous-titre de l’ouvrage: “Un espace dans le temps”.
La première partie essentielle de l’ouvrage,
qui couvre 123 pages, est en effet une “Chronologie générale”,
qui range tout bonnement les faits enregistrés par ordre chronologique.
Ce n’est qu’en évitant ainsi de les hiérarchiser que les
auteurs ont pu conserver la mémoire de tous les menus événements
de la vie locale, sans en sacrifier aucun à la logique encombrante
et inutile d’un exposé artificiellement synthétique, impropre
à la narration de la micro-histoire.
La deuxième partie essentielle de l’ouvrage,
qui couvre 104 pages, “Saint-Hilaire de A à Z”, couvre l’ensemble
du territoire, dont les lieux-dits de toutes époques sont enregistrés
par ordre alphabétique avec tout ce que les auteurs ont trouvé
sur chacun d’eux, depuis “Abreuvoir de Pierrfitte (sente de l’)” jusqu’à
“Voye du Quay”.
Rare est la matière qui n’a pas trouvé
sa place dans cette encyclopédie en deux volets. Il s’agit d’abord
des généralités qui ouvrent l’ouvrage: “Présentation”,
“Géologie”, “Flore et faune”, “Une région frontalière”,
le tout en seulement 11 pages.
Il s’agit ensuite de développements
sur “l’Église et le Prieuré” (10 pages) et sur “les Maires
de Saint-Hilaire” (2 pages). Il me semble que l’on aurait pu ranger cette
matière autrement, soit dans des articles “Église”, “Prieuré”
et “Mairie” rangés dans la première partie, ou bien, plutôt,
dans les généralités du début de l’ouvrage.
Après cela viennent “les Personnalités”,
qui sont au nombre de quatre (12 pages), puis “Les Saint-Hilarois”, à
savoir un certain nombre d’habitants de ce village dont les noms et parfois
les qualités sont enregistrés de 1607 à 1954.
On trouve ensuite, sous le titre “Démographie”,
ce qu’on peut savoir sur ce sujet, avec un graphique pour les années
1789-2006. Il me semble que cette “Démographie” aussi aurait dû
plutôt trouver sa place dans les généralités
du début de l’ouvrage, mais peu importe, ici encore.
Les auteurs ont pour finir reproduit en trois
“Annexes” de longs documents intéressant
l’histoire locale: d’une part un article de Maxime Legrand et Émile
Huet à l’occasion de la première course du train d’Étampes
à Auneau en 1892 (d’après la saisie mise en ligne l’année
précédente par notre vénérable Corpus);
puis un extrait de l’Étampes pittoresque du même Legrand;
et enfin un extrait traduit de l’anglais d’un ouvrage de Sally Fairweather
sur les Picasso’s Concrete Sculptures, relatif à celle qui
était autrefois conservée au Prieuré.
L’ouvrage se conclut par un très précieux
et exhaustif index onomastique, qui rendra bien des services à tous
les amoureux de l’histoire locale.
En conclusion, cet ouvrage est un petit chef-d’œuvre,
qui à mon sens devrait servir de modèle à bien des
érudits locaux — et qui restera très longtemps un ouvrage
de référence. C’est une encyclopédie locale capable
à la fois de ravir les habitants du lieu et de rendre d’immenses
services à tous les chercheurs. Oui, tous les érudits locaux,
traitant de sujets analogues de micro-histoire, devraient s’inspirer de
ce plan, qui convient particulièrement à la présentation
d’une matière abondante et nouvelle.
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2. Annexes
Mention de la prieure de Saint-Hilaire en 1300, comme tenant une vigne
à Étampes au-dessus de la Tour.
ANNEXE 1
Remarques sur quelques
toponymes
La toponymie est une science tout à fait spéciale.
Frédéric Gatineau a découvert et enregistré de
nombreux toponymes intéressants, pour lesquels il propose souvent
des étymologies suggestives. Pour certains de ces toponymes, je me
permets de proposer les quelques suggestions ou pistes de recherches complémentaires
qui suivent.
— Les Aubeaux (p.148). Un
aubel est en vieux français un aubier, ou peuplier
blanc.
— Les Conardières (p.148). Vraisemblablement
dérivant d’un patronyme Conard, qui, de fait, est représenté
à Saint-Hilaire en 1825, d’après les auteurs eux-mêmes
(p.67) comme on peut vite s’en rendre-compte grâce au très
précieux index onomastique du même ouvrage.
— Authon (p.149). L’étymologie
Augustodunum (et non Augustodinum) ne fait pas
de doute, “forteresse d’Auguste”.
— Bois des Miles. Miles peut
représenter le cas sujet d’un nom de personne, plus connu sous la
forme de son cas régime, Milon (comme Giles
et Gilon par exemple).
— Buisson Maubée (p.153). Notez
un Val-Maubée à Torcy et Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).
Il s’agit d’un nom de personne d’ailleurs attesté comme patronyme
français et aussi comme anthroponyme médiéval en latin
(Malbeius).
— Chisnay et Croix de Chinay (pp.174
et 182). Il est difficile de croire qu’il ne s’agit pas d’une simple graphie
aberrante de Chesnay.
— Croix Boissée (p.181). Il faut
noter aussi une “croix boissée” à Étampes, d’après
un plan d’Étampes du XVIIe siècle que j’ai publié
dans le dernier numéro des Cahiers d’Étampes-Histoire.
C’était celle du carrefour de la route de Saclas et du Haut-Pavé,
dite de l’Ecce Homo.
— Guillonerie (p.193). Probablement
ancienne possession d’une famille Guillon.
— Harboloton (p.193). De l’anthroponyme
Herbelot?
— La Jope, les Joppes (p.198). Ce nom
semble attesté comme patronyme.
— La Musardière (p.211). Musard
est presque certainement ici un patronyme.
— Orme aux Bretons (p.214). D’une famille
Lebreton.
— Pierrefitte (pp.215-219) J’ai fait
remarquer dans mon édition des notices de Thion Chef-de-Fer, qui datent
de 1096 environ, que ce hameau s’appelait alors Les Pierres. Pareillement,
ou plutôt inversement, le village chartrain de Pierres s’est
parfois appelé Pierrefitte. Il y a avait anciennement
plusieurs mégalites à Pierrefitte (et
notamment la Pierre au Bon Dieu citée par les auteurs, page 20). Vers
1096 ce hameau était tenu par le chevalier Ourson des Pierres, ou
Ours de Pierrefitte (Urso de Petris). Il s’agit vraisemblablement d’Ours
II fils de Thion II, bien connu par ailleurs, et dont se plaint notamment
l’évêque saint Yves de Chartres, qui demande à l’archevêque
de Sens de l’excommunier. Il faudra citer ce personnage dans les personnalités
de Chalo, dans une seconde édition de cet ouvrage.
— Tarnillon (p.237) Faut-il bien lire
Tarnillon, ou bien Tarvillon, c’est-à-dire
Travillon?
— Les Vaudrons (p.243). Il s’agit sans
doute des Vaux Dron, Dron étant ici un nom de personne.
Il semble que l’on ait aussi à Étampes, un Orme Dron
dès le XIIIe siècle
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ANNEXE 2
Mentions
de la Prieure de Saint-Hilaire
aux XIIIe et XIVe siècles
J’avais promis aux auteurs de leur communiquer d’anciennes
mentions des religieuses de Saint-Hilaire comme censitaires à Étampes
des dames de Longchamp, mais par suite d’un malentendu sur la date de parution
de l’ouvrage, je ne leur ai pas fait parvenir à temps ces données,
au reste tout à fait secondaires, et intéressantes seulement
par leur ancienneté.
En 1267 les religieuses de l’abbaye de Longchamp
firent l’acquisition d’une censive, c’est-à-dire d’une petite seigneurie
qui s’étendait de l’église Saint-Basile jusqu’au village voisin
de Brières-les-Scellés. Nous avons conservé de nombreuses
listes de censitaires de ces dames depuis 1268 jusqu’à la Révolution
française et j’ai commencé récemment de les mettre en
ligne. Il se trouve que les religieuses du Prieuré de Saint-Hilaire
tiennent dans ce secteur une vigne en 1268, puis une terre de 1271 jusqu’au
début du XVe siècle. Elle était située au dessus
de la Tour, dans un champtier dénommé alors tantôt Andrailles,
ou Landreilles.
1268 (n°118) Les noneis
de S. Ylaire. XXXII d. pro vinea sua.
1271 (n°154) Les nonnains de Sainte Loire.
De la terre des Andreilles, VI s. pour presouer et pour cens.
1274 (n°42) La prieuse de Sainte-Loire.
De la terre des Andrailles, VI s.
1292 (n°103) La prieuse de Seint Alleire.
VI s. de sa terre de Landreilles.
1298 (n°89) La prieuse de Saint Aleire.
De sa terre de Landreilles, VI s.
1300 (n°101) La prieuse
de Saint Hilaire. Pour II arpens de terre en Landreilles, VI s. XV d.
1323 (n°88) Item, la prieuse de Saint
Ylaire. Pour sa terre au dessus de la Tor, VI s.
Je n’ai pas encore édité les listes
suivantes, mais si l’on se fie aux relevés généralement très fiables de l’Inventaire-Sommaire
de la série E, on trouve encore dans la suite ces quatre mentions,
séparées par des années où cette tenure n’est
curieusement plus mentionnée:
1353: la prieuse de Saint-Yllaire (p. 282b).
1382: la prieuse de Saint-Hylaire (p. 283b).
1387: la prieuse de Saint Hylaire (p. 284a).
1418: la prieuse
de Saint-Hillère prez d’Estampes soulz Artenne (p.286b).
Elles ne semblent plus tenir cette parcelle dans la
suite. C’est en tout cas certain en 1498, année dont j’ai entièrement
dépouillée le texte original.
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ANNEXE 3
Le tuilier de Toureau
en l’an 1500
Les auteurs ont réuni une documentation impressionnante
sur la tuilerie du hameau de Toureau (pp. 238-241); ils relèvent une
mention de ce lieu-dit dès 1349, et le trouvent cité dès
1513 comme une tuilerie alimentant la toiture de Notre-Dame.
Je viens de trouver dans le censier de 1500 du chapitre
de Notre-Dame, qui est conservé aux Archives Nationales, une mention
plus ancienne encore de cette tuilerie, qui nous donne le nom de son propriétaire
résident à cette date, un certain Pierre Haneron, qui se trouvait
posséder aussi une maison à Étampes dans la censive
du chapitre, rue de Mauconseil:
“Pierre Haneron, tuyllier demourant à Toureau,
pour sa maison assise devant le puys de Malconseil, où demeure de
present une nommée la Pescheure, tenant d’une part audict Jehan Delaistre,
d’autre part aux hoirs feu Jehan Archambault, aboutissant d’un bout à
la rue devant le dict puis qui mene à la maison de la Fontaine [c’est
l’actuel presbytère], et d’autre bout aux heritiers feu messire
Jehan Aubert.” (item n°92)
***
Ces compléments sont bien modiques à
côté de la masse énorme de données nouvelles assemblée
par les auteurs; mais ils recevront sûrement avec plaisir ce modeste
hommage à leur bel ouvrage, déjà bientôt épuisé,
qui sera sûrement réédité d’ici quelques années.
B.G.
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