CORPUS BIBLIOGRAPHIQUE ÉTAMPOIS
 
Bernard Gineste
Un ouvrage sur Saint-Hilaire de Warembourg et Gatineau  
recension critique
 
Saint-Hilaire photographié par Michel De Pooter
Saint-Hilaire photographié par Michel De Pooter (tous droits réservés)
 

1. Présentation critique


Nous rendons-compte ici d’un ouvrage paru tout récemment:

     Frédéric GATINEAU & Jean-Marc WAREMBOURG, St Hilaire. Un espace dans le temps [24 cm sur 15,5; 355 p.; 166 photographies; préface de Pierrette Antoine, maire], Éditions des Hautes terres, 2009.

     Sommaire (p.7) — Préface (p.8) — Présentation (pp.9-11) — Géologie (pp. 12-13) — Flore et faune (pp.14-16) — Une région frontalière (pp.17-19) — Chronologie générale (pp. 20-142) — Saint-Hilaire de A à Z (pp. 143-245) — L’église et le prieuré (pp. 247-256) — Les maires de Saint-Hilaire (pp. 257-259) — Les personnalités (pp. 260-264): Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, 1772-1884 (p.260); Louis Philibert de Brun des Beaunes, 1761-1842 (pp. 265-266); Michel Leiris, 1901-1990 (pp.267-269); Jérôme Lejeune, 1926-1994 (pp.270-271) — Les Saint-Hilairois [relevé de 1607 à 1957] (pp. 272-299)  — Démographie (pp. 300-301) — Annexe 1: “Maxime Legrand et ‘Emile Huet (Jean Ballast et R. Errail): D’Étampes à Auneau en chemin de fer (16 septembre 1892)” [saisie empruntée au Corpus Étampois, che-19-18920916detampesaauneau.html] (pp. 302-311) — Annexe 2: Extrait de Étampes pittoresque de Maxime Legrand (pp. 312-318) — Annexe 3:  La femme debout, de Picasso, à Saint-Hilaire (pp. 319-322) — Hier et aujourd’hui (pp. 323-334) — Bibliographie (pp.335-337) — Remerciements (p.338) — Index des patronymes (pp.339-354). 



A. Ce qui s’est déjà dit de cet ouvrage

     Présentation de l’éditeur (page 4 de couverture):
     Saint-Hilaire (379 habitants) est une commune de l’Essonne verte, dans le canton d’Etampes, apparemment sans histoire. Et pourtant... Frédéric Gatineau et Jean-Marc Warembourg livrent dans cet ouvrage le fruit de leurs patientes recherches. A partir de très nombreux documents consultés aux archives municipales, départementales, diocésaines et nationales ils vous invitent à un véritable voyage dans le temps et l’espace de ce petit coin d’Ile de France. Les trésors des archives familiales de Saint-Hilairois ont également enrichi cette abondante documentation.
     Une large place est faite à l’histoire locale, mais on trouvera aussi des éléments de toponymie, patronymie, géologie, sans oublier les personnalités locales.
     De nombreuses reproductions de documents, des photos anciennes et contemporaines pour la plupart inédites, illustrent cette monographie.
     Olivia BAZENET, «Parution d’un ouvrage. Saint-Hilaire: L’Histoire du village dévoilée», in Le Républicain (jeudi 4 juin 2009).

     Il aura fallu plus de quatre ans de recherches à Frédéric Gatineau, ancien curé d’Étampes et auteur de plusieurs ouvrages sur l’Histoire locale de la Région d’Étampes, et Jean-Marc Warembourg, Saint-Hilairois passionné d’Histoire, pour publier “Saint-Hilaire, un espace dans le temps”, une monographie sur ce village de 344 habitants. A partir de documents d’archives municipales, départementales, diocésaines et nationales, les auteurs ont retracé l’histoire de saint-Hilaire en s’intéressant non seulement au côté historique mais également à la faune, la flore et les personnages marquants qui font du village ce qu’il est aujourd’hui. «Nous évoquons le Pays d’Étampes au Vie siècle. Ensuite, nous mentionnons Saint-Hilaire à partir du XIIe siècle, avec son église et son prieuré qui l’ont fait connaître» explique Jean-Marc Warembourg co-auteur de l’ouvrage. Sur 358 pages, illustrées de nombreuses photos et cartes postales anciennes ou contemporaines, dont certaines ont été prêtées par des familles, les Saint-Hilairois pourront découvrir la mémoire de leur village. “Saint-Hilaire, un espace dans le temps” sera dailleurs présenté à la population vendredi 5 juin, à 20 h, à la salle des fêtes de Saint-Hilaire (ancienne gare), allée des Tilleuls. A l’issue de la présentation le livre sera mis en vente au prix de 20 euros.

Olivia Bazenet.
     Présentation par Jean-Marc Warembourg, co-auteur

     On la trouvera sur son site Saint-Hilaire, sur son site Saint-Hilaire, http://www.saint-hilaire.new.fr/
, à la page «Monographie Saint-Hilaire», en ligne en 2009, avec plusieurs photographies de l’ouvrage, qui donne un bon aperçu de sa manière.

Saint-Hilaire, un espace dans le temps (2009)
B. Notre avis sur cet ouvrage

     Il faut d’abord saluer féliciter Jean-Marc Warembourg, concepteur de la maquette de cet ouvrage, d’une consultation agréable à tout point de vue. La typographie est claire, la mise en page du texte et des illustrations, fort nombreuses, bien agencée.

     Sur le fond, cet ouvrage, bien servi par la collaboration de Jean-Marc Warembourg (qui a déjà publié un ouvrage d’histoire locale en 2008, Teyjat, présence du passé), est dans la lignée de deux ouvrages déjà publiés par
Frédéric Gâtineau, tous deux en 2003, à savoir Étampes en lieux et places et surtout Petites lumières sur Brières.

     Le parti-pris de l’ouvrage, comme de celui que Frédéric Gatineau a publié en 2003 sur le village de Brières-les-Scellés, est de laisser tomber purement et simplement toute velléité de plan synthétique.

     Ce parti pris n’est pas sans avantages. C’est en effet un écueil traditionnel de l’historiographie locale que de lasser le lecteur par un plan inspiré des celui des ouvrages d’histoire générale, trop souvent meublé de généralités oiseuses, et en définitive faisant souvent l’impasse sur les données les plus spécifiques et les plus intéressantes de la vie des villages.

     Comment faut-il donc traiter la matière savoureuse de la micro-histoire?

     Il faut d’abord la dénicher, et en cette matière les auteurs sont particulièrement doués, parce qu’ils allient à une excellente connaissance du terroir et de ses habitants une fréquentation assidue des nombreux centres archivistiques où sont dispersées les sources relatives à ce territoire frontalier: archives nationales, archives départementales de l’Essonne, de l’Eure-et-Loir et des Yvelines, voire de Seine-et-Marne et de l’Yonne, archives diocésaines de l’Esonne et des Yvelines,
archives municipales, archives familiales du lieu, historiographie locale depuis le XVIIe, le tout dépouillé méthodiquement depuis maintenant de nombreuses années par notre ami Frédéric, heureusement rejoint par Jean-Marc.

     Le plan adopté est finalement le plus propre à mettre en valeur cette matière extrêmement abondante, et presque totalement nouvelle. Il consiste à l’enregistrer d’une manière aussi méthodique et exhaustive que possible, en deux grandes parties, qui répondent très exactement
, si l’on veut bien y réfléchir, au sous-titre de l’ouvrage: “Un espace dans le temps”.

     La première partie essentielle de l’ouvrage, qui couvre 123 pages, est en effet une “Chronologie générale”, qui range tout bonnement les faits enregistrés par ordre chronologique. Ce n’est qu’en évitant ainsi de les hiérarchiser que les auteurs ont pu conserver la mémoire de tous les menus événements de la vie locale, sans en sacrifier aucun à la logique encombrante et inutile d’un exposé artificiellement synthétique, impropre à la narration de la micro-histoire.

     La deuxième partie essentielle de l’ouvrage, qui couvre 104 pages, “Saint-Hilaire de A à Z”, couvre l’ensemble du territoire, dont les lieux-dits de toutes époques sont enregistrés par ordre alphabétique avec tout ce que les auteurs ont trouvé sur chacun d’eux, depuis “Abreuvoir de Pierrfitte (sente de l’)” jusqu’à “Voye du Quay”.

     Rare est la matière qui n’a pas trouvé sa place dans cette encyclopédie en deux volets. Il s’agit d’abord des généralités qui ouvrent l’ouvrage: “Présentation”, “Géologie”, “Flore et faune”, “Une région frontalière”, le tout en seulement 11 pages.

     Il s’agit ensuite de développements sur “l’Église et le Prieuré” (10 pages) et sur “les Maires de Saint-Hilaire” (2 pages). Il me semble que l’on aurait pu ranger cette matière autrement, soit dans des articles “Église”, “Prieuré” et “Mairie” rangés dans la première partie, ou bien, plutôt, dans les généralités du début de l’ouvrage.

     Après cela viennent “les Personnalités”, qui sont au nombre de quatre (12 pages), puis “Les Saint-Hilarois”, à savoir un certain nombre d’habitants de ce village dont les noms et parfois les qualités sont enregistrés de 1607 à 1954.

     On trouve ensuite, sous le titre “Démographie”, ce qu’on peut savoir sur ce sujet, avec un graphique pour les années 1789-2006. Il me semble que cette “Démographie” aussi aurait dû plutôt trouver sa place dans les généralités du début de l’ouvrage, mais peu importe, ici encore.

     Les auteurs ont pour finir reproduit en trois
Annexes de longs documents intéressant l’histoire locale: d’une part un article de Maxime Legrand et Émile Huet à l’occasion de la première course du train d’Étampes à Auneau en 1892 (d’après la saisie mise en ligne l’année précédente par notre vénérable Corpus); puis un extrait de l’Étampes pittoresque du même Legrand; et enfin un extrait traduit de l’anglais d’un ouvrage de Sally Fairweather sur les Picasso’s Concrete Sculptures, relatif à celle qui était autrefois conservée au Prieuré.

     L’ouvrage se conclut par un très précieux et exhaustif index onomastique, qui rendra bien des services à tous les amoureux de l’histoire locale.

     En conclusion, cet ouvrage est un petit chef-d’œuvre, qui à mon sens devrait servir de modèle à bien des érudits locaux — et qui restera très longtemps un ouvrage de référence. C’est une encyclopédie locale capable à la fois de ravir les habitants du lieu et de rendre d’immenses services à tous les chercheurs. Oui, tous les érudits locaux, traitant de sujets analogues de micro-histoire, devraient s’inspirer de ce plan, qui convient particulièrement à la présentation d’une matière abondante et nouvelle.
Saint-Hilaire, un espace dans le temps (2009)


2. Annexes

Mention de la Prieure de Saint-Hilaire en 1300
Mention de la prieure de Saint-Hilaire en 1300, comme tenant une vigne à Étampes au-dessus de la Tour.

ANNEXE 1
Remarques sur quelques toponymes

     La toponymie est une science tout à fait spéciale. Frédéric Gatineau a découvert et enregistré de nombreux toponymes intéressants, pour lesquels il propose souvent des étymologies suggestives. Pour certains de ces toponymes, je me permets de proposer les quelques suggestions ou pistes de recherches complémentaires qui suivent.

     — Les Aubeaux (p.148). Un aubel est en vieux français un aubier, ou peuplier blanc.
     — Les Conardières (p.148). Vraisemblablement dérivant d’un patronyme Conard, qui, de fait, est représenté à Saint-Hilaire en 1825, d’après les auteurs eux-mêmes (p.67) comme on peut vite s’en rendre-compte grâce au très précieux index onomastique du même ouvrage.
     — Authon (p.149). L’étymologie Augustodunum (et non Augustodinum) ne fait pas de doute, “forteresse d’Auguste”.
     — Bois des Miles. Miles peut représenter le cas sujet d’un nom de personne, plus connu sous la forme de son cas régime, Milon (comme Giles et  Gilon par exemple).
     — Buisson Maubée (p.153). Notez un Val-Maubée à Torcy et Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). Il s’agit d’un nom de personne d’ailleurs attesté comme patronyme français et aussi comme anthroponyme médiéval en latin (Malbeius).
     — Chisnay et Croix de Chinay (pp.174 et 182). Il est difficile de croire qu’il ne s’agit pas d’une simple graphie aberrante de Chesnay.
     — Croix Boissée (p.181). Il faut noter aussi une “croix boissée” à Étampes, d’après un plan d’Étampes du XVIIe siècle que j’ai publié dans le dernier numéro des Cahiers d’Étampes-Histoire. C’était celle du carrefour de la route de Saclas et du Haut-Pavé, dite de l
Ecce Homo.
     — Guillonerie (p.193). Probablement ancienne possession d’une famille Guillon.
     — Harboloton (p.193). De l’anthroponyme Herbelot?
     — La Jope, les Joppes (p.198). Ce nom semble attesté comme patronyme.
     — La Musardière (p.211). Musard est presque certainement ici un patronyme.
     — Orme aux Bretons (p.214). D’une famille Lebreton.
     — Pierrefitte (pp.215-219) J’ai fait remarquer dans mon édition des notices de Thion Chef-de-Fer, qui datent de 1096 environ, que ce hameau s’appelait alors Les Pierres. Pareillement, ou plutôt inversement, le village chartrain de Pierres s’est parfois appelé Pierrefitte. Il y a avait anciennement plusieurs mégalites à Pierrefitte (et notamment la Pierre au Bon Dieu citée par les auteurs, page 20). Vers 1096 ce hameau était tenu par le chevalier Ourson des Pierres, ou Ours de Pierrefitte (Urso de Petris). Il s’agit vraisemblablement d’Ours II fils de Thion II, bien connu par ailleurs, et dont se plaint notamment l’évêque saint Yves de Chartres, qui demande à l’archevêque de Sens de l’excommunier. Il faudra citer ce personnage dans les personnalités de Chalo, dans une seconde édition de cet ouvrage.
     — Tarnillon (p.237) Faut-il bien lire Tarnillon, ou bien Tarvillon, c’est-à-dire Travillon?
     — Les Vaudrons (p.243). Il s’agit sans doute des Vaux Dron, Dron étant ici un nom de personne. Il semble que l’on ait aussi à Étampes, un Orme Dron dès le XIIIe siècle

Saint-Hilaire, un espace dans le temps (2009)
ANNEXE 2
Mentions de la Prieure de Saint-Hilaire
aux XIIIe et XIVe siècles


     J’avais promis aux auteurs de leur communiquer d’anciennes mentions des religieuses de Saint-Hilaire comme censitaires à Étampes des dames de Longchamp, mais par suite d’un malentendu sur la date de parution de l’ouvrage, je ne leur ai pas fait parvenir à temps ces données, au reste tout à fait secondaires, et intéressantes seulement par leur ancienneté.

     En 1267 les religieuses de l’abbaye de Longchamp firent l’acquisition d’une censive, c’est-à-dire d’une petite seigneurie qui s’étendait de l’église Saint-Basile jusqu’au village voisin de Brières-les-Scellés. Nous avons conservé de nombreuses listes de censitaires  de ces dames depuis 1268 jusqu’à la Révolution française et j’ai commencé récemment de les mettre en ligne. Il se trouve que les religieuses du Prieuré de Saint-Hilaire tiennent dans ce secteur une vigne en 1268, puis une terre de 1271 jusqu’au début du XVe siècle. Elle était située au dessus de la Tour, dans un champtier dénommé alors tantôt Andrailles, ou Landreilles.

     1268
(n°118) Les noneis de S. Ylaire. XXXII d. pro vinea sua.
     1271
(154) Les nonnains de Sainte Loire. De la terre des Andreilles, VI s. pour presouer et pour cens.
     1274
(42) La prieuse de Sainte-Loire. De la terre des Andrailles, VI s.
     1292 (103) La prieuse de Seint Alleire. VI s. de sa terre de Landreilles.
     1298
(89) La prieuse de Saint Aleire. De sa terre de Landreilles, VI s.
     1300
(101) La prieuse de Saint Hilaire. Pour II arpens de terre en Landreilles, VI s. XV d.
     1323
(88) Item, la prieuse de Saint Ylaire. Pour sa terre au dessus de la Tor, VI s.

     Je n’ai pas encore édité les listes suivantes, mais si l’on se fie aux relevés
généralement très fiables de l’Inventaire-Sommaire de la série E, on trouve encore dans la suite ces quatre mentions, séparées par des années où cette tenure n’est curieusement plus mentionnée:

     1353: la prieuse de Saint-Yllaire (p. 282b).
     
1382: la prieuse de Saint-Hylaire (p. 283b).
     1387: la prieuse de Saint Hylaire (p. 284a)
.
     1418: la  prieuse de Saint-Hillère prez d’Estampes soulz Artenne (p.286b).

     Elles ne semblent plus tenir cette parcelle dans la suite. C’est en tout cas certain en 1498, année dont j’ai entièrement dépouillée le texte original.


ANNEXE 3
Le tuilier de Toureau en l’an 1500

     Les auteurs ont réuni une documentation impressionnante sur la tuilerie du hameau de Toureau (pp. 238-241); ils relèvent une mention de ce lieu-dit dès 1349, et le trouvent cité dès 1513 comme une tuilerie alimentant la toiture de Notre-Dame.

     Je viens de trouver dans le censier de 1500 du chapitre de Notre-Dame, qui est conservé aux Archives Nationales, une mention plus ancienne encore de cette tuilerie, qui nous donne le nom de son propriétaire résident à cette date, un certain Pierre Haneron, qui se trouvait posséder aussi une maison à Étampes dans la censive du chapitre, rue de Mauconseil:
     
    “Pierre Haneron, tuyllier demourant à Toureau, pour sa maison assise devant le puys de Malconseil, où demeure de present une nommée la Pescheure, tenant d’une part audict Jehan Delaistre, d’autre part aux hoirs feu Jehan Archambault, aboutissant d’un bout à la rue devant le dict puis qui mene à la maison de la Fontaine [c’est l’actuel presbytère], et d’autre bout aux heritiers feu messire Jehan Aubert.” (item n°92)

***

     Ces compléments sont bien modiques à côté de la masse énorme de données nouvelles assemblée par les auteurs; mais ils recevront sûrement avec plaisir ce modeste hommage à leur bel ouvrage, déjà bientôt épuisé, qui sera sûrement réédité d’ici quelques années.

B.G.

 
Source: L’ouvrage en question.
   
Explicit
 
 
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