|
|
LA CÉRÈS DE LA FONTAINE VÉRET
«L’ensemble, écrit Jacques Gélis, devait être couronné par une statue symbolisant la fécondité, une Cérès beauceronne, à laquelle le sculpteur donnera un air plutôt sévère... » En commentaire à sa photographie, il réitère cette appréciation: «Sous les traits d’une Cérès boudeuse, c’est la Beauce et ses riches moissons qui sont là symbolisées.» Gélis ne s’est pas intéressé à l’artiste qui s’était vu confier la réalisation de cette Cérès, signée en bas à droite: OCTOBRE AIMÉ, 1903. Sans être une célébrité nationale, Aimé Octobre avait tout de même obtenu le Prix de Rome 1893. Qui était ce sculpteur? De son vrai nom Jérémie Aimé Delphin, Aimé Octobre était né le 13 mai 1868 à Angles-sur-l’Anglin (Vienne). Samuel Périvier, maire d’Angles et ancien premier Président de la Cour d’Appel de Paris, remarqua son talent et lui obtint le nécessaire pour qu’il puisse poursuivre ses études à Paris. Élève de Gauthier, Cavelier et Coutan, Octobre fut un peintre autant qu’un sculpteur. Nous le voyons dès juin 1891 réaliser le décor sculpté de l’hôtel Roszé, 34 rue Boileau, sous la direction de l’architecte Hector Guimard (représentant de l’Art Nouveau surtout connu pour sa conception des célèbres bouches du métro parisien). En 1893 il obtient le premier Grand Prix de Rome et en 1894 une mention honorable au Salon des Artistes Français. Il remporte une médaille de deuxième classe en 1897, de première classe en 1899, puis d’argent à l’Exposition Universelle de 1900. Il devient sociétaire du Salon en 1901 et appartiendra plus tard à son comité. C’est le 18 mai 1903 qu’on inaugure à Étampes la fontaine Véret, que couronne sa Cérès beauceronne de marbre. Le projet en avait été accepté en août de l’année précédente. L’artiste vient d’avoir 35 ans. En 1906 il sera fait chevalier de la Légion d’honneur, et officier en 1925. Nous le voyons encore réaliser en 1922, sous la direction de L. Godefroy, un très original aigle de bronze, abattu et vaincu, pour le monument aux morts de La Couarde, commune de l’île de Ré, et ce à titre gratuit. Vers la même époque il collabore à l’érection plusieurs autres monuments aux morts, à Chatelleraut, Lusignan et Poitiers. Il meurt le 22 juillet 1943 à Vouvray (Indre-et-Loire).
On lui doit encore plusieurs bustes, dont ceux de Didot, du Professeur
Ternier, du viticulteur et maire de Vouvray Charles Vavasseur
et de son bienfaiteur Samuel Périvier. Il laisse des œuvres
un peu partout, à Châtellerault, Tours, Montmorillon, Poitiers
et Paris. Les musées de Tours et de Châtelleraut conservent
plusieurs de ses peintures et sculptures, celui de Tours sa Cigalle,
le Louvre sa Peinture, l’ancien Musée du Luxembourg sa Nymphe
et le Musée du Petit Palais son Remords, toutes œuvres qu’il
serait peut-être intéressant de comparer à notre chère
Cérès beauceronne, comme l’appelle si joliment Gélis.
Bernard
Gineste, 2003
|
||
Jacques BUSSE [éd.], E. BENEZIT [†], «Octobre Aimé», in ID., Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, par un groupe d’écrivains spécialisés français et étrangers. Nouvelle édition entièrement refondue sous la direction de Jacques Busse, Gründ, 1999, tome 10, pp. 322-323.
Jacques GÉLIS, «La fontaine dans la ville», in ID.,
Patrimoine au cœur. Le pays d’Étampes [24 cm; 240 p.;
illustrations], Étampes, Association Étampes-Histoire, 2002,
pp. 20-23.
Guy TRANCHANT, «Les personnages célèbres de la région
d’Angles», in Gite de France Les Combes. Angles sur Anglin,
http://www.angles-gite.com/personnages_celebres.htm
(février 2003). [Notice sur Aimé Octobre,
natif d’Angles].
Bernard GINESTE, «Aimé
Octobre: Cérès beauceronne de la fontaine Véret
(1903)» [page provisoire], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-octobre-ceres1.html,
2003-2004. France
DEBUISSON & alii, A nos grands hommes. La sculpture publique
en France jusqu’à la seconde guerre mondiale [2 Cédéroms
(1er , «Comprendre»; 2e, «Chercher», donnant accès
à une base de données de 5 000 œuvres)], Paris, Musée
d’Orsay & INHA (Institut National de l’Histoire de l’Art), 2004. Dont une présentation en ligne (avec des extraits), http://www.educnet.education.fr/arts/histoire/grandshommes.doc, en ligne en 2004: «Au tournant de 1900, Maillol, Bourdelle ou Landowski, considérés comme les principales figures de la sculpture moderne, ont une immense aura. Croisy, Bénet ou Pourquet, beaucoup moins connus, ont néanmoins des œuvres sur tout le territoire, en raison de la diffusion des modèles par l’édition. Les figures de soldats, les plus populaires, font l’objet de dizaines de répliques pour les monuments aux morts. M. Francisco
YVES, Courriels au Corpus Étampois des 17 et 24 février
2005 [contenant en pièce jointe le cliché ci-dessus d’un buste
dû à Aimé Octobre et daté de 1887]. Ce buste «représente un grand oncle (abbé de son état) de ma famille. Cette œuvre fut réalisée en remerciement d’un hébergement provisoire». Nous remercions ici Francisco Yves de son envoi.
Merci de nous signaler toute erreur ou tout autre élément intéressant. |
|