BIBLIOGRAPHIE
Édition et extraits en ligne
Bernard CLAVEL [auteur, 1923-] & Philippe
LEGENDRE-KVATER [préfacier & illustrateur; 1947-], Le loup
bavard [29 cm sur 22; 26 p.; illustrations couleur; relié],Saint-Claude-de-Diray,
Hesse, 1998 [ISBN 2-911272-17-X; 79
FF à l’époque; € 12,04 en 2003].
1)
Dont une présentation et des extraits (dont deux images) et un
bon de commande sur le site NATYS.COM, http://www.natys.com/fr/pages/livre_bavard.php3?reload:
Description
du Livre: Méchant Loup / Grand Filou
/ Loup Garou / Tourlourou. // Pauvre Loup, comment sortira-t-il de sa cage?
/ Bernard Clavel, qui a plus d’un tour dans sa plume nous entraîne
dans une histoire pleine d’humour où chaque personnage joue à
"qui perd gagne !"
2)
Dont une présentation sur le site LIBRAIRIE DIALOGUES (source bibliographique:
Electre), http://www.dialoguesenligne.com/decouvertes/auteur/25071
(en ligne en 2003): La rencontre du loup et du petit Gabriel qui arrive
à berner la bête. Mais, le loup va lui jouer un drôle
de tour...
NATYS. COM, LA NATURE SUR
LE WEB [éd.], «Livre: Le Loup bavard»
[recension, extraits et bon de commande], http://www.natys.com/fr/pages/livre_bavard.php3?reload
(en ligne en 2003).
Bernard GINESTE, «Bernard Clavel et Philippe Legendre-Kvater: Le Loup bavard (album illustré, 1998)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-1998legendrekvater-loupbavard.html,
2003 (d’après l’extrait déjà mis en ligne par le
site NATYS.COM).
Critiques
Thierry GUICHARD,
"Keuleuleu le vorace de Christian Prigent (Hesse, 12.04 €)", in Le Matricule des Anges 29 (janvier-mars 2000), pp. ?- ?, mise en ligne par le site LeLIBRAIRE.COM
(http://www.lelibraire.com/din/tit.php?Id=7197,
en ligne en août 2003), et par le site CITROUILLE (http://perso.wanadoo.fr/citrouille/contre/Keuleuleu.htm,
en ligne en août 2003).
Dans son premier album,
Christian Prigent prend à rebrousse-poil la morale du conte. Il invite
comiquement à goûter à l’inconnu. Non sans risque.
Écrit pour sa fille Judith, Keuleuleu le vorace,
le premier ouvrage pour la jeunesse de Christian Prigent, poète, romancier
et essayiste (cf. Lmda n°28), reprend, jusqu’à un certain
point, la forme du conte. Keuleuleu est un loup vorace, chargé d’une
famille affamée. Il part en chasse mais doit traverser toute la forêt
familière avant de tomber sur le moindre gibier. Son périple
le conduit loin, jusqu’à des paysages ignorés. Là, il
découvre un animal extraordinaire : un zèbre qu’il s’empresse
d’avaler. Si la chair de l’animal est comestible, elle n’est pas inoffensive
et Keuleuleu se retrouve le poil rayé noir et blanc. Le méchant
loup vorace bien attrapé, on rit. On rira encore lorsque sur le corps
de notre animal pousseront les épines du porc-épic ingurgité,
lorsque son derrière perdra ses poils pour ressembler à celui
du babouin dévoré où lorsque son cou s’allongera comme
celui de la défunte girafe. Dans ce drôle de pays, on ne mange
pas les animaux impunément.
La situation du loup est inconfortable : tout le monde
va se moquer de son nouveau physique. Honte, colère, gamberge. Puis
idée de génie : pour retrouver forme de loup... mangeons un
loup.
La logique est implacable, l’histoire aussi. Revenu dans
sa forêt, Keuleuleu s’attaquera à un autre loup "connu comme
le loup blanc. Pour Keuleuleu, c’était presque un ami." La petite
musique du conte s’arrête là sur ce coup de gong. Christian
Prigent s’empare de la logique de l’histoire édifiante pour la retourner
contre sa propre morale. Finalement, on peut tout manger puisqu’on aura toujours
la possibilité de retrouver son apparence naturelle. Et si en fin
d’ouvrage, Keuleuleu fait la leçon à ses louveteaux : "Ne quittez
jamais les grands bois humides où vous êtes nés; faites
toujours attention à ce que vous mangez" les bambins savent déjà
qu’ils transgresseront cette loi.
Ce qui choque de prime abord, c’est la scène de cannibalisme, le fait
que Keuleuleu, le héros puisse s’attaquer à un semblable. L’anthropomorphisme
de l’histoire permettrait une identification forte avec le loup. Christian
Prigent prend donc soin de désamorcer le rapport trop affectif que
le lecteur pourrait entretenir avec l’animal en jouant sur les effets comiques
du langage qui ridiculisent le loup en même temps qu’ils signalent
une distance entre ce qu’il est et ce qu’il représente. Ainsi l’accumulation
des adjectifs atténue la cruauté de la faim : "une vraie terrible
faim de grand loup gris vorace" et le jeu de mot, "il restait gueule bée"
insiste sur le fait que notre héros est bien un loup (l’anthropomorphisme
aurait voulu qu’il restât "bouche bée").
Reste le fait que le loup dévoré est "presque
un ami" de Keuleuleu. Pourquoi ce détail accablant? L’illustration
de Patricia Legendre, par ailleurs assez convenue, propose ici une hypothèse.
Sur la partie gauche de l’image on voit la tête et le cou de Keuleuleu
prêt à se jeter sur la croupe du loup dont on ne voit ni...
le cou ni la tête. Comme si Keuleuleu se dévorait lui-même.
L’histoire prend donc une autre dimension, plus symbolique. Les pistes de
lecture se multiplient: de quoi est-il question? De s’affranchir des lois
qui nous refusent l’accès à l’inconnu, d’évoquer le
racisme et le métissage (restez purs!), d’oser sortir de soi? La forêt
est vaste, et les chemins qui la traversent sont multiples. On peut s’y perdre,
on peut aussi s’y trouver.
© Thierry Guichard & Le Matricule
des Anges
|
Thierry LENAIN, "Keuleuleu
le vorace. L’album de Christian Prigent et Patricia Legendre (Éditions
Hess) ravit l’esprit… ou indispose l’estomac ", in CITROUILLE
(http://perso.wanadoo.fr/citrouille/contre/Keuleuleu.htm
(en ligne en août 2003)
[N.B.: Thierry Lenain met face à face l’article
de Thierry Guichard (qu’il intitule "pour"), et le sien propre (qu’il intitule
"contre"). Cette polémique amusante (?) pourrait être
menée aussi bien contre Blanche Neige ou Peau d’âne,
qui sont loin d’être des contes politiquement corrects! (B.G.)]
Keuleuleu Peupeu…
…ou "Après moi le déluge, et que les mômes se débrouillent!":
la morale d’un auteur qui ne mange que de la viande bien de chez lui.
Ah, Marlaguette (celle du Père Castor), comme
on se prend à aimer encore davantage ta belle aventure, même
devenue classique, après la lecture de l’album Keuleuleu! La
question que tu posais autrefois aux enfants (convient-il ou non qu’un loup
se nourrisse de chair animale?) n’est plus de mise ici. La réponse
de l’auteur, Christian Prigent, est claire: le loup est carnivore. Qu’il
avale lapins et chevreuils n’est pas soumis à la critique du lecteur.
Il s’agit d’autre chose avec son histoire. D’une autre conception du livre
pour enfants, en réalité.
Que lui arrive-t-il donc, à notre ami Keuleuleu?
Un jour, hors de son territoire, affamé, il dévore des proies
qui ne sont pas "des viandes bien de chez lui". Il fait ripaille d’animaux
"pas normaux", "étranges". Des étrangers, quoi. Or Keuleuleu
ignore que "qui mange mal devient le mal qu’il mange", et c’est la catastrophe:
incapable de digérer ce qui ne lui est pas connu, il en devient difforme,
se retrouve avec le cou de la girafe et les pics du porc, alors que les oreilles
d’aucun lapin ne lui avaient jamais poussé auparavant, quand il mangeait
peinard les mets de son territoire.
Conclusion: de la chair, oui, mais pas n’importe laquelle,
de l’identifiée, de l’étiquetée! Au détour d’une
malice qui se voudrait maligne, l’auteur fait référence à
la vache folle pour justifier son propos. S’agissait-il, dans son intention,
d’avertir les jeunes lecteurs des dangers de nos dérives alimentaires?
On voudrait lui laisser le bénéficie du doute. Mais la girafe,
dans Keuleuleu, n’est pas indigeste parce qu’elle aurait été
nourrie au maïs transgénique. La girafe est indigeste parce qu’elle
est girafe, Autre, Étrangère. Simple maladresse, ou dérapage
idéologique?…
L’histoire ne s’arrête malheureusement pas là.
Keuleuleu, qui veut retrouver son beau physique de loup gris, arrive à
une conclusion inéluctable: pour contrer l’effet des viandes impures,
il doit manger ce qu’il y a de plus pur: un animal de sa race. Certes, il
sait qu’il lui faut pour cela trangresser un interdit fondamental, transmis
de génération en génération dans sa communauté.
Mais qu’importe. Keuleuleu avale un loup "presque ami" (le concept inventé
par l’auteur, il faut bien qu’il serve à quelque chose…).
Que soit évoquée la transgression dans
un livre pour enfants ne me gêne pas. Le tout est de savoir ce qu’il
en est fait, surtout dans un conte à valeur symbolique. Comment réagit
donc Keuleuleu après sa terrible mésaventure? Il enjoint ses
enfants de ne jamais "rien avaler de ce qui ne leur est connu" puis se tait
"les yeux dans les vagues". Brave papa qui, des interdits fondateurs, ne
dit rien, sans pour autant se priver de jeter la pierre à l’Autre.
Brave papa, qui, en se rémémorant son odyssée, frissonne
de dégoût… mais, on peut le penser aussi, du plaisir de l’interdit
enfreint. D’ailleurs les louvetaux, à l’appétit aiguisé
par un tel tableau, se jurent que devenus grands, ils courront au-delà
de la forêt, découvrir "le secret qui fait frissonner et rêvasser
leur grand loup vorace de père".
Bref, dépourvu de tout enseignement courageux
de leur paternel, les voilà condamnés à bientôt
reproduire ses fautes et ses transgressions. Finalement, pourquoi pas? Que
les mômes se débrouillent. A chacun son histoire faisandée,
après tout…
Thierry Lenain
|
Autres ouvrages de Christian Prigent
Ecrit au couteau; une leçon
d’anatomie (Journal de l’OEuvide) . — Une erreur de la nature. — A
quoi bon encore des poètes. — Une Phrase pour ma mère. — Rien
qui porte un nom : quelques peintres. — Glossomanies: sotie en trois
tableaux. — L’ Écriture, ça crispe le mou. — Le Professeur.
— Berlin deux temps trois mouvements. — L’Âme. — Album
du commencement. — Ceux qui merdRent. — Commencement. — Denis Roche. — Desbouiges,
passeport 91-92: la cruche cassée. — Deux dames au bain avec portrait
du donateur. — Dum pendet filius. — La Langue et ses monstres. — Une leçon
d’anatomie. — Mobilis in mobilier. — OEuf glotte. — Power powder. — Salut
les anciens / Salut les modernes. — À la Dublineuse. — Le Professeur.
— Réel: point zéro. — Presque tout. — Grand-mère Quéquette
( source: LELIBRAIRE.COM, http://www.lelibraire.com/din/tit.php?Id=7197,
en ligne en 2003)
Sur Patricia Legendre-Kvater
et ses autres ouvrages
BIBLIOTHÈQUE PÉDAGOGIQUE
DE CHATELLERAULT & C.R.I.C.H., «Patricia Legendre. Biographie»
[à l’occasion de manifestations culturelles à Chatellerault
les les 15, 16 et 17 mars 2000 & 7, 8, 9 et 10 mars 2001], in Lire
et lire et Colégram, http://alecole.vienneinfo.org/sites/colegram2000/legendre.htm,
2001 (en ligne en 2003).
BIOGRAPHIE
• Née en 1952 à Paris
.
• Après des études secondaires, entre aux
«z’arts décos» ( Ecole Supérieure des Arts Décoratifs
) Etudes passionnantes, touchant aussi bien la communication que la sculpture,
l’architecture d’intérieur, l’illustration. Finalement c’est la gravure
qui lui paraît réunir toutes les qualités. A la fois très
manuelle, permettant une expression très personnelle, cette technique
est liée à l’histoire du livre depuis son apparition.
• Diplomée en 1975, ce sera d’abord une activité
purement artistique qui dominera. Pendant plusieurs années expositions
personnelles ou en groupe dans des galeries ou d’autres lieux (Centres Culturels,
Bibliothèques). Ces années seront le temps de la recherche personnelle,
aussi bien sur le plan : du style, des thèmes (beaucoup de représentations
animalières, mais également recherche abstraite et travail
sur l’univers de la danse) et la mise au point d’une technique nécessitant
beaucoup d’expérimentations (gravures taille douce, xylogravures,
monotypes en couleurs.)
• Depuis les années 80 anime un atelier pour enfants
à l’atelier municipal d’Etampes. Réalise régulièrement
des animations dans des écoles autour de l’illustration, la gravure
et le décor dans le cadre d’opéras pour enfants.
• Dans les années 90 commencera une autre période
consacrée aux grands formats. Se succéderont alors plusieurs
chantiers de décoration d’intérieur en secteur hospitalier.
Réalisation de grands tableaux et modification des espaces par la création
de volumes.
• L’illustration de livres pour la jeunesse débutera
à l’occasion d’une rencontre avec l’écrivain Bernard Clavel
qui écrit «Les larmes de la forêt» et lui donne ce
texte, après avoir vu ses gravures. Ce premier livre sera réalisé
en gravure sur bois en couleurs. Ce moyen d’expression convient particulièrement
à ce texte très dramatique. |
Bernard GINESTE [éd.], «Patricia
et Philippe Legendre-Kvater: Une bibliographie (2003)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/cbe-legendrekvater.html,
août 2003.
Merci de nous signaler toute erreur ou tout
autre élément intéressant.
|