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Cette lithographie
de l’Étampois Henri de Grandmaison était en vente en 2003
dans une galerie canadienne. Voyez notre page sur Plusieurs types militaires
du même artiste. |
Cette lithographie est tirée de l’ouvrage in-octovo en 12 volumes de Henri Beraldi, imprimé par Lemercier à Paris en 1888: Les graveurs du XIXe siècle. Elle mesure 21,6 cm sur 11,4. Son sujet devait être à la mode, puisqu’on trouve en ligne une lithographie de l’année suivante, due à Ludovic et colorée à la main (20,6 cm sur 15,8), que nous avons ci-dessous reproduite vis-à vis de celle du graveur étampois, pour donner un élément de comparaison. Rappelons que la véritable colonisation du Sénégal date des gouvernorats de Louis Faidherbe (1818-1889), de 1854 à 1865. Faidherbe défait les Toucouleurs, refoule les Maures derrière le fleuve Sénégal, fonde Dakar, développe la culture de l’arachide, établit des écoles et enrôle les premiers tirailleurs sénégalais dès1857.
Vers 1888, c’est un autre grand colonial qui poursuit l’œuvre de Faidherbe au Sénégal, Joseph Gallieni. Ce contexte idéologique n’est pas à négliger pour l’interprétation de notre lithographie: la noblesse de ce guerrier est française. Notons d’ailleurs qu’on est déjà en pleine mode nègre:
Merci d’adresser au Corpus Étampois toute information en votre possession, ou tout commentaire intéressant sur cette œuvre et son auteur. |
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Origines étampoises de l’artiste
Henri de Grandmaison (en réalité Henri Auguste Babin-Grandmaison) était né à Étampes le 25 septembre 1834. Il était le fils de Jean Marie Narcisse Auguste Babin-Grandmaison, ancien capitaine de cavalerie, qui se faisait appeler Auguste de Grandmaison. Clément Wingler, directeur des Archives Municipales, nous signale qu’un jugement du tribunal civil d’Étampes en date du 2 mai 1876 avait interdit à cette famille, du point de vue de l’état-civil, l’usage de cette particule usurpée. Henri avait alors 41 ans. Monsieur de Grandmaison père était propriétaire de la Tour de Guinette dans les années 1830; il devint adjoint au maire d’Étampes par ordonnance royale du 1er juin 1844 et le resta jusqu’à l’arrêté préfectoral du 19 novembre 1847, selon Léon Marquis (Les Rues d’Étampes, 1881, p. 81). Marquis nous donne de plus quelques lumières sur le milieu d’origine de notre artiste, qui paraît avoir été curieux et cultivé:
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Carrière de l’artiste
Nous ne connaissons pas le détail de la carrière que fit dans l’armée Henri de Grandmaison, sinon qu’il était major en 1882, et colonel au service de l’état-major en 1887. Il commença sa carrière artistique alors qu’il stationnait en Afrique du Nord dans les années 1860. Ses premiers travaux furent publiés par Cadart et la Société des Aqua-fortistes, qui publièrent certains des plus belles gravures de ces années 1860. Vers 1870, Henri de Grandmaison se détourna de l’eau-forte et commença à expérimenter la lithographie, médium qui garda sa faveur jusqu’à la fin de sa vie. Ses plus belles œuvres, sont pour la plupart des scènes de la vie militaire. Ce magistral portrait d’un soldat algérien donne une idée du meilleur de sa production lithographique. Comme graveur il collabora à plusieurs ouvrages en tant qu’illustrateur, dont au moins ceux-ci: Les Écossais à l’armée et gardes du corps en France, depuis leur formation jusqu’à leur dissolution, de 1418 à 1830, par le Révérend Père jésuite William Forbes-Leith, ouvrage en anglais et en deux volumes in-quarto, paru en 1882 à Édimbourg; Le Chant de l’épée, poème d’un certain Korner, qu’il illustra de sept planches en photozincogravure. On cite encore de lui les gravures suivantes: Plusieurs types militaires (eaux-fortes publiées chez Mouroux), Charge de cuirassiers prussiens et Le Rêve au bivouac, ainsi que des Menus pour dîners d’officiers. Merci de nous signaler tout autre information disponible
sur cet Étampois méconnu, et sur son œuvre de
graveur.
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Bibliographie
L’artiste ARCHIVES MUNICIPALES D’ÉTAMPES, Registre des naissances pour l’année 1834. [selon un couriel de Clément WINGLER en date du vendredi 25 avril 2003 16:23]. William FORBES-LEITH [jésuite, 1833-1921], The Scots men-at-arms and life-guards in France. From their formation until their final dissolution A.D. MCCCCXVIII.-MDCCCXXX. By William Forbes-Leith, S.J., with etched plates by Major H. de Grandmaison [in-4° (30 cm), 2 vol., frontispice à chaque volume, illustrations, planches (certaines doubles); «Impression limited to 312 copies: 45 copies with proof impressions of the etchings on Japanese, China and Holland paper, 267 copies with etchings on Holland paper»], Edinburgh [Édimbourg], William Paterson, 1882. Henri de GRANDMAISON, Plusieurs types militaires [eaux-fortes], Mouroux éditeur, date inconnue. KORNER [poète] & Henri de GRANDMAISON [illustrateur], Le Chant de l’épée [7 planches en photozincogravure], éditeur et date inconnus. Henri BERALDI, Les Graveurs du XIXe siècle. Guide de l’amateur d’estampes modernes [gros in-8°; 12 tomes en 10 volumes; planches; tome 1 (122 p; 1885): Abbema-Bovinet; tome 2: Bracquemond-Chéret; tome 3: Cherrier-Dien; tome 4 (207 p.; 1886): Doré-Gavard; tome 5: Gavarni-Guérard (242 p.; 1886); tome 6: Guérin-Lacoste; tome 7 (278 p., 1888): Laemlein-Mécou; tome 8 (296 p., 1889): Meissonier-Piguet; tome 9: Pillement-Saint-Evre; tome 10 (292+32 p; 1890): Saint-Marcel-Zwinger], Paris, L. Conquet, 1885-1892 [dont une réédition en fac-similé (24 cm; 10 vol.), Nogent-le-Roi, LAME, 1981], tome 5 (1886), pp. ?-?. Jacques BUSSE [éd.], E. BENEZIT [†], «Grandmaison, Henri de», in ID., Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, par un groupe d’écrivains spécialisés français et étrangers. Nouvelle édition entièrement refondue sous la direction de Jacques Busse, Gründ, 1999, tome 6, p. 372. ART OF THE PRINT [galerie d’art canadienne], «Henri de Grandmaison: Graveurs du XIXe siècle», in artoftheprint.com, http://www.artoftheprint.com/artistpages/de_grandmaison_henri_lesgraveursduxixsiecle.htm, 2003 [page qui a connu deux versions puis a disparu, sans doute par suite de la vente de l’œuvre, en octobre 2003, et dont nous sauvegardons les données suivantes].
Bernard GINESTE [éd.], «Henri de Grandmaison: Tirailleur sénégalais (lithographie, 1888)», in Corpus Étampois, http://corpusetampois.com/cae-19-grandmaison-01.html, 2002. Jean-Michel ROUSSEAU & Bernard GINESTE [éd.], «Henri de Grandmaison: Plusieurs types militaires (eaux-fortes, vers 1894)», in Corpus Étampois, http://corpusetampois.com/cae-19-grandmaison-02.html, 2004. Le
sujet
Mathieu PAGURA, «Le Sénégal à Paris. La Communauté sénégalaise. Historique», in Le Nouvel Observateur, http://www.planetaparis.com/senegal/fiche2.htm (en ligne en 2003). Emmanuel BLANCHARD, «Les tirailleurs, bras armé de la France coloniale», in Plein Droit 56 (mars 2003), pp. ?-? [dont une édition en ligne sur le site GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés), http://www.gisti.org/doc/plein-droit/56/tirailleurs.html (en ligne en 2003). |
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Henri de Grandmaison (1888) |
Ludovic (1889) |
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