Louise Abbéma: Lettre à Paul Mantz (billet autographe, entre 1884 et 1895)

Louise Abbéma

Lettre à Paul Mantz billet autographe, entre 1889 et 1895

Texte:

Mon cher Paul

Nous nous faisions une fête, madame Dubaut et moi, d’aller passer une heure dans votre musée, voir vos nouvelles acquisitions et causer un peu avec vous, quand, au moment de partir est survenu un client pour lequel je travaille en ce moment et dont la visite s’est trop prolongée pour que nous puissions aller rue Pelouse [sic (Pelouze)].
J’espère que nous pourrons vous dédommager vendredi prochain et nous vous prions de recevoir avec nos regrets nos biens et affectueux souvenirs.

Louise Abbema.

recto (grand format)

Louise Abbéma: Billet à Paul Mantz

verso (grand format)

Commentaire:

1° Le destinaire de ce billet, que Louise Abbéma (1853-1927) désigne familièrement par son prénom de Paul, est très certainement le critique d'art Paul Mantz (1821-1895), qui était des amis de cette artiste, connu aussi comme collectionneur de toiles du XVIIIe siècle. Tous deux étaient d'ailleurs alliés, du fait que la fille de Paul Mantz avait épousé le fils d'un beau-frère d'Émile Abbéma père de Louise.

2° En revanche, la madame Dubaut dont il est ici question et en compagnie de qui se trouve Louise Abbéma ne peut en aucune façon être, comme le suggère le vendeur l'artiste peintre Jane Dubaut (1885-1970), artiste peintre qui n'avait que 10 ans à la mort de Paul Mantz et ne pouvait donc à cette date être qualifié madame. En revanche nous savons par le très intéressant mémoire que Tristan Cordeil a consacré à Louise Abbéma en 2013 que cette artiste a eu quelques élèves, dont la dite Jane Dubaut, signalée comme telle par le catalogue d'une exposition organisée à Nîmes en 1909. Il s'agit donc ici très évidemment de la mère de cette artiste en herbe, et plus précisément, à ce que nous apprend le site Généanet en 2020, de Louise Cuvilliers (1863-1914), qui avait épousé Alphonse Dubaut le 11 septembre 1884, ce qui date notre billet de la période 1884-1895.

3° L'adresse à laquelle l'artiste envisageait de se rendre pour admirer le musée de Paul Mantz et nouvelles acquisitions, était vraisemblablement le n°5 de la rue Pelouze (et non Pelouse) où nous trouvons plusieurs artiste domiciliés vers cette époque, d'après la presse du temps, dont des peintres, sculpteurs et artiste lyriques, dont au moins Mme Marie Mac-Nab en 1881 qui y dirige chez elle un atelier de peinture, Octave de Champeaux en 1885, Georges Mantin et Pierre Lagarde en 1903 et 1908, Louise Arc-Valette en 1909, Mme Amen en 1916, etc. On y signale à cette même adresse en mai 1914, jusqu'au 8 juin, une Exposition du cinquième salon L'art et la femme, association qui y avait son siège. Nous trouvons de plus qu'on trouvait à cette adresse au moins en un antiquaire, Otto Wegener, fils du photographe Otto Wegener.

Bernard Gineste, mai 2020