Portrait au crayon de Gabrielle d’Estrées
par Daniel Dumoustier
Les frères
Dumoustier, dont Daniel (1574-1646), fils de Pierre Dumoustier l’aîné
(1545-1625), furent avec Martin Fréminet
(1567-1619) les
peintres officiel d’Henri IV.
La technique ici utilisée est celle du
portrait au crayon. Selon Alexandra Zvereva, «la technique du portrait mêlant
la pierre noire et la sanguine semble être une invention purement
française». Apparue au XVe siècle, elle semble avoir
été utilisée par Jean Perréal, dit Jean de Paris,
mort en 1527 et peintre de Charles VIII et Louis XII, puis de François
Ier (et peut-être à sa suite par Léonard de Vinci).
Mais après Jean Clouet, c’est surtout son fils François «qui
sut donner au portrait au crayon ses titres de noblesse», la technique
n’étant plus considérée comme préparatoire,
mais comme un art à part entière objet de collections.
Ces portraits sont faits d’après nature
et le plus souvent de trois quarts, sur des feuilles de papier blanc non
préparé pliées en deux (une moitié servant
de brouillon), avec des crayons faits de poudres, de terre glaise et de
colle. La pierre noire est fabriquée de l’ardoise, et la sanguine
avec de l’argile rougeâtre. On utilise aussi la craie blanche, les
crayons bleu et jaune. On se concentre sur le visage et le costume n’est
qu’ébauché, sauf au tournant du siècle, où on
finit davantage le dessin. Alexandra Zvereva note de plus ceci au sujet des successeurs
des Clouet: «Plus peintres que dessinateurs, les Quesnel et les Dumoustier
ont davantage recours à la couleur et au pastel, inconnus de leurs
prédécesseurs.»
Ce dessin-ci, est tracé à la craie noire, à
la craie rouge et à la craie brune sur une simple feuille de papier
de 31,5 cm sur 21.3 cm, et il est conservé au Musée des Beaux-Arts
de San Francisco, à qui il a été offert en 1926 par
Monsieur Archer M. Huntington, sous la cote 1927.226.1.
Daniel Dumoustier avait environ 24 ans lorsqu’il
donna ce portrait de Gabrielle d’Estrées (1573-1599).
Gabrielle d’Estrées, fille d’Antoine d’Estrées,
grand maître de l’artillerie et gouverneur de l’Île-de-France.
Henri IV le remarqua au château de Cœuvre en 1595 (épisode chanté par Voltaire
au chant IX de sa Henriade). Il la fit en 1595 marquise de Monceaux,
en 1597 duchesse de Beaufort et en 1598 duchesse d’Étampes. Après
sa mort le 10 avril 1599 à l’âge de 26 ans, le duché
d’Étampes entre autres passa à son fils, bâtard légitimé,
César de Vendôme.
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