Corpus Topographique Étampois
 
Collectif
Quelques documents sur Orlu (Eure-et-Loir)
depuis 2011 
 
Vue aérienne d'Orlu (© Michel De Pooter, 2006)  
Vue aérienne d’Orlu en 2006 (© Michel De Pooter)
 
     Le Corpus Étampois n’est pas une encyclopédie, mais un corpus de documents en ligne. Nous stockerons ici ce qui nous tombera sous la main ou ce qu’on nous fera parvenir relativement à Orlu Vous pouvez aussi rechercher dans notre Corpus toutes les occurences du mot Orlu”.

     La saisie des documenst anciens est une tâche fastidieuse et méritoire, et il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
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Introduction

    La petite commune Orlu, aujourd’hui peuplée d’une cinquataine d’habitants, y compris le hameau de Bissay, se trouve aujourd’hui en Eure-et-Loir au canton d’Auneau. Ce pays relevait autrefois du bailliage d’Étampes. Orlu même était une seigneurie des Trinitaires d’Étampes, tandis que Bissay appartenait aux moines de Morigny.

B.G., 12 avril 2011.


1668
Fleureau
1690
Jaillot
1756
Cassini
1861
Merlet
1867
Lefèvre
1887
S.A.E.L.
1905
Royer
2006
De Pooter
2007
INSEE



1. Dom Basile Fleureau, vers 1668

1) Antiquitez d’Estampes, première partie, chapitre XVIII: Denombrement des Paroisses, Hameaux, & Iustices subalternes du Bailliage d’Estampes, avec le nom des Seigneurs, pour lesquels on les exerce, p. 33.
     [...] Aulu, village, & Paroisse, dont les Religieux de la Sainte Trinité de la Redemption des Captifs d’Estampes sont Seigneurs, est de la Prevôté dudit Estampes.

     Le hameau de Bissay reconnoît pour Seigneur l’Abbé de Morigny, & répond à sa justice.
[...]

2) Deuxième partie, chapitre XXII: Du Couvent de la tres-sainte Trinité, au Faux-bourg saint Martin, p. 464.

    [...] Les censives que ce Couvent possede ont esté acquises en divers temps par divers Ministres. Celles qui se payent en la maison, dite le Palais Royal, assise devant les Etaux, & la Tour de saint Martin, par titre de l’an 1303. Celle de plusieurs Chantiers du terroüer de saint Martin, qui fut à Guillaume d’Arbouville, demeurant à Chantalouë, Paroisse d’Angerville la Gaste par titre de l’an 1315. Celle qui appartenoit aux Religieux Celestins, de Daimbert [Lisez: Célestins d’Ambert] à cause du Prieuré de Mont-Bionne prés de la ville de Sens*, autrefois membre de l’Abbaye de saint Victor les-Paris, par titre de l’an 1384. & celle de derriere l’enclos dudit Couvent & des Moulins du Roy, par titre de l’an 1390. Toutes lesquelles acquisitions Loüis d’Evreux II. du nom, Comte d’Estampes amortit au profit de ce Couvent, par titre de l’an 1394. avec la terre & Seigneurie d’Aulu en Beausse, que le Roy Philippe de Valois avoit déja amortie par titre de l’an 1344. avec une partie des censives dont je viens de parler. [...]
     * Il semble, sauf erreur de ma part, que Fleureau fasse erreur en parlant ici de Sens (qui est bien loin d’Étampes, et encore plus d’Ambert). Il existait jadis en effet sur l’actuel territoire de Saint-Jean-de-Braye (jouxtant à l’est Orléans) un Bionne qu’on voit encore sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle, et qui a donné son nom à l’actuel Boigny-sur-Bionne. Cela correspondrait mieux à un prieuré des célestins d’Ambert, puisqu’on serait alors à moins de 20 km de ce monastère. La source de Fleureau devait plutôt dire, me semble-t-il, que le prieuré de Bionne des célestins d’Ambert avait hérité de biens dans le diocèse de Sens, à savoir à Étampes, dont il a dû se débarasser parce que la gestion de biens si éloignés ne devait pas aller sans incommodité (B.G.).
 

2. Orlu sur la carte de Jaillot, vers 1690

Situation respective d'Etampes et d'Orlu (carte de Jaillot, vers 1690)
Orlu (en bas à gauche), dans le doyenné de Rochefort, diocèse de Chartres (carte de Jaillot, vers 1690)

3. Orlu sur la carte de Cassini en 1756


Orlu sur la carte de Cassini de 1756
Orlu (Orlut) et Bissay (Bissey) sur la carte de Cassini de 1756

4. Lucien Merlet: Bissay et Orlu (1861)

BISSAY, canton d’Orlu.
p.17
ORLU, canton d’Auneau. — Orleium, 1154 ; Orliacum, 1162 (charte de l’abbaye de Saint-Jean-en-Vallée). — Orli, 1285 (charte du chapitre de Chartres). — Orliarum locus, 1435 (registre des contrats du chapitre de Chartres). — Saint-Médard d’Orlu, 1736 (pouillé).
p.135


5. Édouard Lefèvre: Orlu (1867)


ORLU.

     Le territoire d’Orlu, qui n’a pas six cents hectares de superficie, est limité par ceux des communes suivantes: au nord, Oisonville et Vierville; à l’est, Gaudreville; au sud, Gommerville et Ardelu; à l’ouest, Châtenay.

     Cette localité est située dans la plaine, à 4,500 mètres de la route départementale n° 7; de Chartres à Angerville; elle se compose du bourg d’Orlu et du hameau de Bissay éloigné de 900 mètres, qui paraissent avoir formé, dans l’origine , une vaste villa ou domaine rural dont Orlu était la limite — Orlum, Orli (Bord): nous retrouvons ce mot et ses dérivés dans les noms que la commune portait au moyenâge «Orli, Orleium, Orliacum, Orliarum locus.» Plus tard sont venus les noms de: Aullue, Aullu, Aulu et Orlu.

     Le passé d’Orlu nous est peu connu; c’est le sol lui-même qui nous a révélé quelques traces de son antiquité.

     Dans la contrée dite des Closiaux, à gauche du chemin qui conduit d’Orlu à Bissay, on a rencontré à diverses époques des puits comblés et des traces de constructions Gallo-Romaines sur une étendue de terrain assez spacieuse. Le sol recèle des débris de grosses tuiles creuses, de tuiles plates à rebords et des fragments de poteries de diverses couleurs. J’y ai rencontré, en juillet 1847, des débris de petites meules de moulins à bras (molœ trusatiles), en pierre volcanique d’Auvergne;

     On tirait encore en ce moment des pierres provenant des [p.132] antiques fondations, pour charger le chetnin de Bissay; elles étaient mêlées avec une grande quantité de débris de tuiles creuses et de tuiles plates à rebords.

     Ces substructions se prolongent jusqu’à Bissay, hameau dans l’intérieur duquel on connaît un ancien puits comblé, ainsi que des traces de constructions antiques: on y a trouvé assez souvent des monnaies romaines, même en or.

     1131. — Geoffroy d’Orlu «Gaufridus de Orli» figure comme témoin d’une transaction passée entre les moines de Saint-Père et les lépreux de Beaulieu au sujet des prébendes que les chanoines de Saint-Jean avaient dans l’église de Saint-Martin-au-Val (1).
     (1) Cart. de Beaulieu, p. 65.
1130-1149. — Thibault d’Orlu «Theobaldus de Orliaco» assiste comme témoin à la donation faite à l’abbaye de Saint-Père par Urson, fils de Nivelon de Meslay (2).
     (2) Cart. de Saint-Père, p. 365.
     1135-1143. — « Dans une pancarte qui énumère différentes possessions de la même abbaïe, données à cens ou a ferme pour 15 ans à partir de l’année 1135, nous trouvons la mention que Thierry de Morville (3) détenteur d’une ânée (4) de terre que Pierre d’Orlu avait donnée pour son affranchissement, devait payer chaque année dix sols an chambrier de l’abbaye, le jour de Saint-Rémy; il était tenu néanmoins d’acquitter toutes les coutumes pour la même terre:
     (3) Hameau de la commune de Hanches.
     (4) L’ânée— Asinata — contenait environ 7 arpents, c’est-à-dire 295 ares 10 centiares.
     «De eisdem... constat a nobis ita esse traditum, anno ab incarnatione Domini MCXXXV°, usque ad XV annos.... De una asinata terre, a Petro de Orlu nobis, pro libertate sua, donata, reddit annuatim X solidos camerario nostro, festo sancti Remigii, Teodericus [p.133] de Mauri Villa; ita tamen quod de eadem terra totas nihilominus consuetudines reddet (1).»
    (1) Cart. de Saint-Père, p. 379.
     L’abbaye de Saint-Père avait encore à Orlu huit setiers de terre labourable, dont le colon acquittait chaque année le champart, et 2 sous le jour de Noël:
     «Apud Orliarum quoque, habet eadem obediencia terram ad VIII sextarios sementis de qua colonus cum campiparte reddit, in natali Domini, II solidos per annum (
2).
     (2) Ibid. p. 381.
     1667. — Donation à la fabrique Sainct-Médard d’Aullu, par damoiselle Eléonore de Sainct-Paul, veufve feu Anthoine d’Ardilly, vivant escuier, demeurant à Aullu (3).
     (3) Tit. de la fab. d’Orlu.
     ÉGLISE. — La paroisse d’Orlu, placée sous le vocable de Saint-Médard (4), son patron, était fondée au XIIIe siècle. Elle dépendait du doyenné de Rochefort, et n’avait alors que 36 paroissiens: «Ecclesiœ parrochiales... in decanatu Ruppefortensi... ORLU, 36 parrochiani.» La cure, à la collation de l’abbé de Morigny, valait 12 livres de revenu.

     Quant à l’église, c’est un rectangle ayant 18 mètres de longueur et 5 mètres 10 de largeur. La sacristie, construite en hors d’œuvre derrière le chœur, à l’est, forme un petit quadrilatère de 3 mètres. Elle a été bâtie en 1730, avec les matériaux provenant d’une maison tombant en ruines, qui avait été donnée à la fabrique d’Orlu en 1679, par Jean Drot, laboureur et Louise Coüé, sa femme. Les murs sont en moellon rempli en mortier de chaux et ciment avec angles, contreforts et ouvertures en pierres de taille du pays. [p.134] — A l’ouest un petit clocher, qui a 12 mètres 50 de la base au sommet, est établi en charpente sur le comble et soutenu par quatre poteaux de fond, en bois, reposant sur le sol de l’église: une échelle de bois, placée à l’intérieur, sert à y monter.
     (4) Saint-Médard, appelé vulgairement S. Mard, évêque de Vermandois à Noyon et de Tournay, né vers l’an 457 , mort en 545 ou 546. Au Xe siècle son culte était très-répandu et diverses églises furent fondées en son honneur. On en compte trois dans Eure-et-Loir: Chauffours, Landelles et Orlu.
     La nef et le chœur voûtés en bardeau sont éclairés par cinq croisées plein cintre de 40 cent, sur 1 m. 20. — Un passage, limité par le cimetière, donne accès à la porte d’entrée placée à l’extrémité de la nef au nord.

     Orlu est annexé à Châtenay pour le culte et paye une redevance annuelle au desservant de cette succursale distante de 3 kilomètres.

     Les registres de l’état civil remontent à 1668.

     Nous venons de voir qu’au XIIIe siècle Orlu n’avait que 36 paroissiens. Un pouillé de 1738 lui donne 80 communiants. Les recensements généraux de la population constatent:
     En 1826
124 habitants.
     En 1846
 98 —
     En 1866
106 —

     Ce dernier chiffre se répartit ainsi qu’il suit:

     BISSAY, hameau déjà cité (pag. 131) situé dans une petite vallée, est appelé au moyen-âge «Bussetum, Buisseium, Bisseyum,» noms qui indiquent un lieu couvert ou planté de buis. C’était autrefois une seigneurie que nous trouvons mentionnée au XIIe siècle (1130-1150). Etienne de Bissay figure comme témoin d’une donation faite à l’abbaye de Saint-Père, avec Hilduin maire d’Orlu; Thierry de Chavannes et Gaufrid, son neveu; Christian de Chavannes; Michel d’Ardelu; Briant de Vierville et plusieurs autres: Testes.... [p.135] Stephanus de BUISSETO; Hilduinus, major de ORLU; Theodoricus de CHAVENNIS; Gaufridus nepos Theoderici de Chavennis; Michael de ARDELU; Brientius de VERVILLA (1). »
     (1) Cart. de Saint-Père, pag. 458.
     1627. — Déclaration par la fabrique de l’église parrochialle Monsieur Saint-Médard d’Aullue, des terres tenues à cens de Monsieur l’abbé de Morigny, à cause de sa terre et seigneurye de Bissay (2).

    1774. — Donation à la fabrique d’Ardelut par Paul de Poilloüe, escuyer, sieur d’Orbigny, demeurant à Bissay.

     Il existe au milieu du hameau de Bissay une mare et un puits communal de 20 mètres de profondeur qui suffisent aux besoins des habitants et des bestiaux.

     Le sol d’Orlu, calcaire-marneux, est entièrement découvert et cultivé sur tous les points de petits bouquets de bois disséminés çà et là, rompent la monotonie de la plaine; on remarque de légers accidents de terrain du côté de Bissay et entre Orlu et Vierville. Il n’y a point d’eaux courantes, mais seulement un puits communal de 30 mètres de profondeur et une mare qui conserve à peine son eau.
     (2) Tit. de la fab. d’Orlu.
     La matrice cadastrale (3) établit la nature et la contenance des propriétés d’Orlu ainsi qu’il suit: [p.136]
     Le chemin d’intérêt commun n°41 de Dourdan à Janville et à Neuville-aux-Bois traverse le milieu du territoire et passe par Bissay. — D’autres chemins vicinaux conduisent de Bissay à Gommerville, à Gaudreville et à Vierville.
     (3) Les travaux relatifs à l’opération du casdatre ont été terminés sur le terrain en 1813, mais par suite des événements politiques survenus à cette époque, la matrice cadastrale n’a été mise en recouvrement qu’en 1818.
   

6.
Société archéologique d’Eure-et-Loir: Le souterrain d’Orlu (1887-1901)


Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu (S.A.E.L., 1887)

1) Procès verbaux de la Société archéologique d’Eure-et-Loir 8 (1892), pp. 73-291 (plusieurs séances, du 31 mars 18887 au 1er août 1889)

     [p. X (liste des membres)] […] Levêteau, entrepreneur, à Bissay, commune d’Orlu. […] [p.73]

     SÉANCE DU 31 MARS 1887. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, Caillot, Amblard, Bellier de la Chavignerie, Bonnard et Brault, abbés Haye, Lecomte, Provost, de Sainte-Beuve et Sainsot. […] [p.74]
     M. Bellier de la Chavignerie présente divers objets, et, entre autres, une bague, qui ont été trouvés par M. Léveteau, carrier, dans des fouilles opérées au hameau de Bissay, commune d’Orlu, et fait une communication sur la possibilité de rencontrer des objets intéressants pour l’archéologie dans les mêmes parages. M. Léveteau a découvert des squelettes et dans un champ voisin de celui où les fouilles ont été opérées il existe des caveaux qu’il faudrait examiner.
     La bague, d’après M. l’abbé Sainsot, serait juive.
     M. le Président demande à M. Amblard, qui a visité les souterrains de Brétigny, s’il serait disposé à faire le voyage de Bissay pour rendre compte à la Société du terrain, de sa nature et de sa disposition.
     M. Sainsot donne des renseignements sur les souterrains du département, dont l’usage n’est pas encore strictement défini, et M. Amblard raconte sa descente dans les souterrains de Brétigny.
     Il est convenu qu’on demandera à M. Granger, propriétaire à Auneau, de vouloir bien se rendre à Bissay, pour examiner l’état des caveaux et des fouilles dont M. Léveteau a entretenu M. Bellier de la Ghavignerie.
[…]

    
[p.139] […] Après l’adoption du procès-verbal, M, Bellier de la Ghavignerie fait savoir qu’on a trouvé près de Dourdan des squelettes dans des caveaux semblables à ceux du hameau de Bissay. […] [p.140] […]
     M. le Président lit une note de M. Granger, d’Auneau, sur les fouilles exécutées au hameau de Bissay, et le rapport détaillé de M. Benoît sur les mêmes fouilles.
     
«J’ai l’honneur de vous informer que, le 21 avril dernier, M. Benoît et moi nous nous sommes acquittés de la mission que vous avez bien voulu nous confier.
     
«Grâce à l’obligeance de M. Leveteau, qui avait fait pratiquer des fouilles avant notre arrivée, nous avons visité, en compagnie de plusieurs amateurs, les ruines qui se trouvent dans la plaine, entre Orlu et Bissay. Le sol est jonché de débris de tuiles, de poteries et de pierres qui semblent provenir d’anciennes constructions. On voit aussi çà et là des dépôts de cendre, de charbon, de coquilles d’huîtres et de moules. Ces huîtres, dont se délectaient peut-être les fins gourmets de l’époque romaine, arrivaient probablement par eau dans cette contrée, car une ancienne tradition du pays rapporte qu’autrefois il y avait un cours d’eau, d’une certaine importance, dans une dépression de terrain qu’on voit encore, et que ce cours d’eau aboutissait à la vallée de Ghalou-Moulineux, se dirigeant vers Etampes.
     «Nous avons vu d’abord une fouille de 2 mètres 1/2 de profondeur, sur environ 8 mètres carrés de superficie, entourée de maçonnerie en mortier de chaux. C’était peut-être l’emplacement d’une cave romaine, où l’on déposait, dans une épaisse couche de sable, les grands vases en poterie qui renfermaient le vin. Comme on a déjà trouvé sous le sol plusieurs ruines de constructions de ce genre, cela semble indiquer qu’il y avait, dans cette contrée, une agglomération d’habitations romaines qui n’était pas sans importance.
     «Nous sommes descendus ensuite dans un puits creusé dans le roc, que M. Leveteau n’avait pu, faute de temps, faire déboucher qu’à 7 ou 8 mètres de profondeur, et nous avons remarqué, dans les parois, une petite ouverture ovale dont la destination est assez difficile à expliquer et qui communiquait peut-être avec une galerie voisine.
     «Puis nous avons visité une troisième fouille ayant 5 à G mètres de profondeur. Elle donne accès à des galeries taillées
[p.141] dans la marne crayeuse, se croisant dans différents sens et reliées entre elles par des passages très étroits qu’on ne peut traverser qu’en rampant. Il y a dans ces galeries beaucoup d’ossements d’animaux, provenant sans doute des repas des hommes qui les ont habitées. On y a trouvé également un crâne humain.
     «A Bissay, on nous a montré un jardin où l’on a découvert, il y a une vingtaine d’années, 13 kilogrammes de médailles et de monnaies romaines, que j’ai vues à cette époque et qui ont été achetées, je crois, par M. Charpentier, antiquaire chartrain.
     «Nous nous attendions aussi à voir des ruines de bains romains; sur ce point notre espoir a été déçu. Il faudrait peut-être pour cela faire de nouvelles recherches; mais nous avons été arrêtés par la dépense, quand nous avons su que la somme de trente francs, que vous avez bien voulu nous promettre, était déjà quelque peu dépassée.
     «Il me paraît inutile. Monsieur le Président, de vous donner ici de plus amples renseignements, parce que M. Benoît a fait sur ce sujet un rapport qui me paraît bien suffisant pour donner une idée de l’intérêt qu’on doit porter à ces vestiges du passé.
     «Permettez-moi cependant d’ajouter quelques observations. On n’a peut-être pas attaché, jusqu’à présent, assez d’importance à ces galeries souterraines qu’on trouve sur bien des points de la France et notamment dans la Beauce. La contrée que nous avons visitée est en partie minée sur une étendue de plusieurs kilomètres carrés. Ces galeries qui se croisent dans tous les sens communiquent souvent avec les puits communaux. C’est ainsi que celles de la plaine de Bissay, qui sont à plusieurs étages, aboutissent au puits d’Orlu, à une profondeur de 14 mètres environ. M. Chantalou, cultivateur dans cette commune, qui nous a fait un gracieux accueil, nous a dit qu’on y circulait facilement. Il y a quelques années, plusieurs habitants d’Orlu s’y sont même perdus et y ont erré pendant quelques heures, au point qu’on commençait à en désespérer, ce qui pourrait rappeler un peu le fameux épisode des catacombes de Rome. M. Chantalou a ajouté que, dans le petit parc attenant à sa ferme, il y a des galeries du même genre. Parfois il a trouvé des pierres plates auxquelles on n’attachait
aucune importance; en les retirant, on s’apercevait qu’elles
[p.142] recouvraient le haut d’un trou disposé en forme d’entonnoir renversé et destiné sans doute à donner passage, au-dessus des galeries, à l’air et à la fumée.
     «A Bissay même, il y a aussi un grand nombre d’excavations où l’on peut circuler facilement; nous n’avons pu les visiter, parce que le propriétaire de la maison qui y donne accès était absent.
     «Il existe aussi à Anneau, surtout aux alentours du château, des caves et des souterrains se dirigeant de différents côtés, qui n’ont pas été suffisamment explorés. Il y a quelques années, cette commune a fait forer, d’après le système artésien, un ancien puits qui paraissait très solidement construit. Quelque temps après l’achèvement des travaux, les tringles de la pompe se sont rompues, ce qui provenait de ce que la maçonnerie était descendue de 30 à 40 centimètres, d’un seul bloc et en s’inclinant. En examinant la crevasse circulaire qui s’était formée, on a vu que le puits traversait un souterrain se dirigeant obliquement sous la place du Marché.
     «Dans un hameau voisin, à Dillonvilliers, commune de La Chapelle, il y a un puits communal qui autrefois s’emplissait au moment des fontes de neige ou des grandes pluies. Peu de temps après, on entendait un bruit aussi fort qu’un coup de canon, et l’eau disparaissait tout à coup. Cela provenait sans doute de ce qu’il y avait des galeries communiquant avec le puits par un passage étroit et que l’air était d’abord refoulé par l’eau qui descendait en masse; à un moment donné, cet air trouvant une issue faisait place à l’eau qui envahissait les souterrains.
     «A Chartres, la partie de la haute ville qui borde la vallée renfermait beaucoup de caves et de souterrains. Ne peut-on pas supposer que la grotte dédiée par les Druides à la Vierge qui devait enfanter faisait autrefois partie d’un ensemble de galeries souterraines, semblables à celles qu’on trouve en beaucoup d’endroits du pays des Carnutes?
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     «On attribue souvent à l’existence d’anciennes marnières les affaissements du sol, qui se produisent parfois dans une plaine, sur un espace restreint; mais il peut arriver aussi qu’au lieu d’une marnière on se trouve en présence de ces anciennes galeries souterraines dont nous parlons.
     «On peut se demander quelle était la destination de ces
[p.143] nombreux souterrains qu’on trouve dans différentes contrées, surtout dans celles dont le sol crayeux pouvait être fouillé sans grand danger? Ils servaient probablement de refuge en cas de guerre. C’est l’opinion émise par M. de la Vallière dans un article intéressant publié par la Société Dunoise (Les Galeries souterraines des Carnutes dans la Gaule centrale). César dit des Gaulois (De bello gallico) qu’ils sont très habiles dans le percement des souterrains; et Tacite (Germ.): Solent et subterraneos specus aperire, si quando hostis advenit aperta populatur; abdita autem et defossa aut ignorantur, aut eo ipso fallunt quod quaerenda sunt. Comme, autrefois, nos contrées étaient couvertes de forets, il était facile de cacher l’entrée de ces souterrains.
     «Ces galeries ont sans doute été utilisées par les Gaulois pour résister à la conquête romaine; mais, sans parler de l’homme préhistorique, elles doivent être bien antérieures à cette époque. M. de la Vallière les fait remonter à 3,000 ans. En effet, les petites peuplades qui occupaient notre sol dans ces âges reculés devaient être, comme celles qui habitent l’Afrique actuellement, presque toujours en guerre les unes avec les autres, et celles qui étaient les plus faibles devaient se retirer avec leurs bestiaux dans des galeries souterraines pour se soustraire à leurs vainqueurs et vivre à la façon des Troglodytes. Il est probable cependant qu’elles ne menaient cette vie de troglodytes que le temps nécessaire pour laisser passer le flot de l’invasion.
     «On voit encore sur les parois de ces galeries l’empreinte des volailles et des animaux qui s’y trouvaient renfermés, et c’est ce que nous avons remarqué nous-mêmes à Bissay, au bout d’une galerie que nous avons visitée.
     «Il y avait dans ces souterrains, qui n’avaient souvent que 1 m 20 de large sur 1 m 50 à 2 mètres de hauteur, un système de défense habilement combiné. Il n’y avait pour passer de l’une dans l’autre qu’un conduit étroit qu’on ne pouvait traverser qu’en se mettant à plat ventre. En outre, de petites ouvertures étaient placées de distance en distance, afin qu’une sentinelle invisible pût massacrer l’envahisseur d’un coup de pique. Nous avons vu à Bissay l’entrée d’une galerie murée en partie, sans doute pour ménager la place d’une sentinelle. Tout cela est fort bien expliqué dans l’article de M. de la Vallière, avec un petit plan à l’appui.
[p.144]
     «Je craindrais de vous importuner, Monsieur le Président, si je vous entretenais plus longtemps de notre visite à Bissay et à Orlu; mais, tout en n’ayant nullement la prétention de vous apprendre quelque chose de nouveau, je vous demanderai la permission, avant de terminer, d’appeler l’attention des amateurs d’archéologie sur l’intérêt qui s’attache à ces grottes vingt ou trente fois séculaires. Il y a là, pour ceux qui étudient le passé, un vaste champ d’exploration. Ces recherches occasionneraient sans doute quelques frais, mais, au point de vue de l’archéologie, la dépense serait largement compensée par le résultat.”

     Suit le rapport de M. Benoît.
     «Le jeudi 21 avril 1887, nous partîmes d’Auneau avec M. Granger, comme membres de la Société archéologique, dans le but, comme vous le savez, de visiter des galeries souterraines qu’on nous avait dit exister sur la commune d’Orlu, canton d’Auneau.
     «En arrivant dans celte localité, nous nous mîmes en rapport avec M, Chantalou. cultivateur, lequel paraît s’intéresser beaucoup à ce qui faisait l’objet de notre voyage. Il nous accompagna à Bissay, hameau de cette commune, dont il est éloigné d’un kilomètre vers l’est.


     «Là, M. Leveteau nous attendait. Il avait fait procéder à des fouilles que nous devions visiter. Il nous conduisit sur la partie nord du plateau situé entre Orlu et Bissay. En traversant cette plaine, nous remarquâmes nombre de débris de tuiles et de poteries romaines, ramenées à la surface par les instruments aratoires.
     «La première fouille que nous avons vue mettait à nu une espèce de construction rectangulaire mesurant 2 mètres de largeur sur 4 mètres de longueur, et 2 à 3 mètres de profondeur, close d’un mur de 0 m 40 d’épaisseur, en maçonnerie de pierre, chaux et sable, dont un échantillon est adressé en même temps que cette note. Le sommet du mur, côté ouest, était évasé du dedans au dehors. Le plancher, extrêmement dur, n’était autre que le sol caillouteux et argileux du pays. C’est sur ce sol surtout qu’on rencontre les pièces de monnaie romaine, des morceaux de verre dont la surface est altérée et laisse se détacher dos pellicules blanches, des
[p.145] morceaux de fer complètement oxydés et représentant des fragments d’instruments, des clous, douilles, serrureries, du charbon, des cendres, des os, etc., etc.
     «Ces espèces de constructions ont été comblées par delà terre végétale renfermant aussi beaucoup de débris semblables à ceux relatés ci-dessus, plus des morceaux de vases et de tuiles d’origine romaine. Il paraît qu’il existe sur ce plateau un grand nombre de constructions de ce genre.
     «La deuxième fouille, de 8 mètres de profondeur, avait été faite sur un ancien puits. Nous y sommes descendus. Les trois premiers mètres sont percés dans la terre arable, c’est plutôt un remblai. Vient ensuite, jusqu’au fond, le roc qui a été taillé et dont les parois sont très lisses par suite de frottement. Il n’y a pas trace de maçonnerie. Il est certain que, si la fouille avait été poussée plus profondément, une ou plusieurs galeries auraient été mises à jour. Le diamètre de ce puits est de 1 m 50.
    «Une chose remarquable nous a fort intrigués: on rencontre, au nord-ouest, dans la paroi qui cintre ce puits, à 5 m 50 au-dessous de la partie supérieure du roc, un trou de forme elliptique, mesurant près de 0 m 20 de grand axe vertical, et environ 0 m 10 de petit axe horizontal. Cet orifice est arrondi sur les bords, et il s’enfonce en contournant par une pente douce dans l’épaisseur de la paroi rocheuse. Une baguette flexible y a été enfoncée plus d’un mètre, sans rencontrer de résistance. Il n’est pas à supposer qu’un animal ait pu creuser un tel conduit dans le rocher. Alors à quoi servait-il et où aboutit-il?
     «Nous sommes revenus ensuite à Bissay. Deux sondes avaient été inutilement faites pour trouver des galeries souterraines qu’on savait y exister. Une troisième donna des résultats plus heureux. Elle avait 6 mètres de profondeur et tomba juste sur une galerie. Une partie se dirigeait vers le nord sur une profondeur de 7 à 8 mètres, et était terminée par une petite salle circulaire de 2 mètres de diamètre, sur les parois de laquelle on semblait voir comme des marques nombreuses de griffes d’animaux. La suite de cette galerie se dirigeait vers l’ouest, par un passage étroit en pente, où il fallait ramper l’espace de quelques mètres, par suite de l’éboulement des terres de la sonde, pour arriver dans un couloir plus spacieux sur lequel s’embranchaient deux autres voies se dirigeant
[p.146] au sud et se rejoignant à peu de distance. La voie, longue de 6 mètres environ, était obstruée par un éboulement de terre.
     «On y a trouvé un grand nombre d’os et une tète humaine qui est tombée en poussière lorsqu’on y a touché. Ces os appartiennent pour la plupart à de grands animaux, mais on en trouve aussi ayant appartenu à de petites espèces.
     «A 30 mètres au sud, M. Leveteau, en nivelant un terrain pour faire un jardin, a découvert, à 0 m 50 de profondeur, sur une surface de quelques mètres carrés, huit squelettes d’hommes occupant diverses positions. Il y en avait un plus grand nombre, mais les fouilles n’ont pas été poussées plus profondément. Le sol était couvert de cendres et de parcelles de charbon dans lequel on reconnaissait, à la loupe, de la paille brûlée.
     «D’après ce que nous avons vu et les rapports qui nous ont été faits, lesquels paraissent justifiés par les tassements ou les effondrements que l’on rencontre, le plateau situé entre Orlu et Bissay, et pouvant avoir plus d’un kilomètre carré, doit être sillonné, à une profondeur de 6 mètres et pins, de galeries souterraines ayant une largeur variable de 1 m 10 à 1 m 60, et une hauteur de 1 m 40 environ.
     «Sous le hameau de Bissay, plusieurs personnes présentes nous ont déclaré en avoir parcouru qui avaient près de 2 mètres de hauteur et paraissaient s’étendre très loin. A notre regret, nous n’avons pu les voir, le propriétaire de la descente étant absent. Les mêmes personnes nous ont affirmé qu’il en existe aussi dans la direction de Oisonville et de Granville-Gaudreville, et nous ont signalé Mérouville où un collectionneur est resté trois mois.
     «De retour à Orlu, M. Chantalou nous a montré, à 50 mètres à l’est de ce village, un orifice de puits qui a été comblé, et, à quelques mètres de là, vers le sud, un effondrement du sol à côté duquel se trouve un trou de 0 m 60 de diamètre communiquant avec des galeries se dirigeant sous Orlu. C’est dans ces souterrains que la population cacha ce qu’elle avait de plus précieux lors de l’invasion en 1870. On n’en soupçonnait pas l’existence avant cette époque.
     «M. Chantalou nous a déclaré avoir vu dans le puits communal d’Orlu une galerie qui y aboutit à 14 mètres de
[p.147] profondeur et qu’il a parcourue. Il croit qu’il doit y avoir trois galeries superposées qui débouchent dans ce puits. Il a découvert également des galeries sous le petit parc attenant à ses bâtiments et a trouvé une collection de médailles romaines et autres, ainsi que d’autres objets intéressants dans les terres avoisinant sa ferme. II nous a appris que des espèces de cheminées, en forme de pyramides, existaient par endroits et communiquaient des galeries à la surface du sol où elles étaient recouvertes par une pierre plate. Elles servaient probablement à l’aération ou au passage de la fumée.
     «De ce voyage trop court nous retenons deux faits importants:
     «Le premier, c’est que le plateau d’Orlu à Bissay doit avoir été occupé dans sa partie supérieure par les Romains, qui y ont laissé la trace d’un séjour prolongé, justifié par des constructions, des débris et des restes de toutes sortes.
     «Le deuxième, c’est que les galeries souterraines de ce plateau, variant d’une profondeur de 6 mètres à Bissay, partie la plus basse du dit plateau, jusqu’à 14 mètres à Orlu qui en occupe le sommet, ont dû servir, d’après les restes qu’on y trouve. nous n’osons pas dire d’habitation, mais de refuge à l’homme, à une époque que nous ne pouvons préciser, mais antérieure à la conquête de la Gaule par Jules César, puisqu’on n’y rencontre aucun vestige de l’occupation romaine.»
     M. l’abbé Sainsot croit qu’il serait bon de consulter et d’avertir M. de la Vallière, qui s’occupe principalement de ces substructions et qui pourrait peut-être y trouver d’utiles indications pour la solution qu’il cherche. A Dambron, il y a des souterrains parfaitement établis avec de nombreuses ramifications aboutissant à une chambre circulaire dans laquelle il existe une mangeoire. En 1870, on a vu sortir de la fumée de ces souterrains.

     M. Bellier de la Chavignerie donne des renseignements sommaires sur les souterrains de Berchères-les-Pierres et de Dourdan.

     M. Merlet demande si l’Assemblée pense qu’il faille continuer les fouilles.
[p.148]
     Il est prié d’écrire à M. Granger pour avoir des détails sur le prix des fouilles.
     Une somme de 100 francs est mise à la disposition de M. Granger pour la continuation des fouilles.

     M. l’abbé Sainsot parle des nombreuses excavations existant à Terminiers et dans les environs, excavations mal connues, mais qui ont autrefois, dans les guerres, servi de refuge aux populations.
[…]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     […] [p.148] […] SÉANCE PUBLIQUE DU 15 MAI 1887. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. L’assistance était brillante. La salle était presque pleine, et la plupart des personnes présentes se faisaient d’avance un plaisir d’entendre M. Sully-Prudhomme. A deux heures un quart, le Président et le Conférencier sont entrés dans la salle, suivis par MM. Barois et l’abbé Pouclée, vice-présidents, et par M. Caillot, secrétaire. M. le Président a pris la parole en ces termes: […] [p.150] […] Tous ces travaux sont plutôt du domaine de l’histoire que de celui de l’archéologie pure. Le vieux sol des Druides doit pourtant receler plus d’un filon précieux. Jusqu’ici nous avions hésité à nous lancer dans cette voie des fouilles et des recherches préhistoriques; on y est exposé à tant d’erreurs! Mais on nous parlait sans cesse de ces caves, de ces souterrains interminables qui se rencontrent sur presque tous les points de notre territoire. Il y a quelques mois, une occasion [p.151] s’est offerte de visiter ceux de Brétigny, auprès de Sours, et on a pu constater qu’ils semblaient véritablement avoir dû servir de demeure ou plutôt de retraite à des populations primitives. Tout récemment, on nous a sollicités d’explorer de longues galeries souterraines qui se trouvent à Bissay, auprès d’Orlu; là, comme à Brétigny, on a reconnu des traces de l’habitation humaine; on nous a dit même qu’on y a découvert depuis notre visite des ossements incontestablement travaillés par l’homme. Nous avons pensé qu’il fallait tacher d’avoir le dernier mot de ces cités souterraines qui souvent, dit-on, s’étendent d’un village à l’autre, et nous avons résolu de continuer à Bissay des fouilles qui peut-être nous livreront le secret de ces étranges retraites. […]

     […] [p.153] […] SÉANCE PUBLIQUE DU 9 JUIN MAI 1887. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MMM. Merlet, barois, Caillot, Buisson, Granger et abbé Lecomte. […] [p.154] […]  Granger fournit quelques explications sur un plan qu’il a communiqué des fouilles d’Orlu et fait remarquer que les distances n’y sont pas indiquées exactement. Il espère pour la prochaine séance en fournir un absolument régulier. […]

    SÉANCE DU 7 JUILLET 1887. Présidence de M. Merlet. — M. Escoffier, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, Escoffiier, Bourdel, Buisson, Petrot, Muset, Hüe, Chevallier-Rufigny, Sauton, Granger et Benoît, abbés Lecomte, Provost et Hénault. […]

     M. le Président donne lecture de la correspondance et signale particulièrement à l’attention de l’assemblée:
[…] 3° Une lettre de M. Granger, d’ Anneau, sur les fouilles de Bissay et Vierville:
     «J’ai l’honneur de vous informer que, mercredi dernier, M. Benoît et moi, accompagnés de quelques amateurs, nous avons fait une nouvelle excursion à Orlu et dans les environs.
[p.155]
     «En passant à Vierville nous avons visité des galeries, comblées en partie et où il y a quelques travaux d’art. Elles se dirigent sous l’église et semblent se prolonger dans la plaine. Nous avons en outre visité d’autres galeries, dans la même localité, par une ouverture faite la veille de notre voyage et qui n’était autrefois qu’un de ces anciens conduits d’aération recouverts d’une pierre plate, tels qu’on en trouve souvent dans ces contrées.

     «A Orlu nous avons parcouru les galeries qui communiquent au puits communal afin de voir par nous-mêmes si la description qu’on nous en avait faite était exacte. C’est une excursion qui n’est peut-être pas sans danger: car il nous a fallu, sur une longueur de plus de 60 mètres, nous traîner péniblement sur les genoux et traverser des galeries effondrées ayant à peine 80 centimètres de hauteur et dont la largeur avait parfois deux ou trois mètres. Mais ce n’était encore rien: il y avait en outre deux ou trois passages tellement étranglés qu’il suffisait d’une pierre se détachant des parois pour qu’on se sentît oppressé entre le sol et la voûte. On était pour ainsi dire obligé d’emprunter aux taupes leur moyen de locomotion et de descendre la tête la première; puis, pour plus de commodité, il fallait tenir une chandelle à la main, une boussole ou un décamètre. Aussi je me demandais comment ceux qui, il y a quelque temps, ont ouvert la voie les premiers, ont eu le courage d’aller jusqu’au bout. Ne serait-on pas tenté de leur appliquer ces vers bien connus:
Illi robur et aes triplex
Circa pectus erat.

     «Il est vrai qu’une fois ce Tartare traversé on arrive, non pas précisément aux Champs-Elysées, mais dans des galeries d’une centaine de mètres de longueur dont plusieurs sont spacieuses et permettent de respirer à l’aise. On y circule facilement, si ce n’est que le sol est très humide et qu’on patauge dans la boue. On voit çà et là d’immenses sièges en pierre, taillés dans le roc et dont la surface plane et horizontale indique le travail de l’homme. Il y a même une salle très spacieuse, de forme ovale, dont le haut représente, grossièrement il est vrai, un plafond orné d’une corniche. Où diantre le luxe allait-il se loger à ces époques reculées? [p.156] Quoique l’extrémité de ces souterrains soit comblée, on y respire à l’aise: ce qui semblerait indiquer qu’il y a quelque communication avec le dehors au moyen de fissures imperceptibles.
     «On n’a pas trouvé, jusqu’à présent, beaucoup de choses intéressantes dans les différentes galeries que nous avons visitées: ce qui peut provenir de ce que souvent on a bien de la peine à se frayer un passage et qu’on n’a pas le temps de fouiller le sol à une certaine profondeur. Quoi qu’il en soit, les nombreux sièges taillés dans le roc, les débris de ferraille, les murs de pierre construits, en certains endroits, pour intercepter le passage, les nombreux ossements de bœuf, de cheval, de mouton, etc., qu’on trouve en certaines galeries prouvent incontestablement que l’homme les a habitées.
     «Comme je ne veux pas empiéter sur les attributions de M. Benoît qui doit vous envoyer un rapport détaillé et des plans, je vous ferai seulement observer qu’il y a quelques inexactitudes dans le plan que je vous ai remis et qui était la copie de celui de M. Chantalou. Ces inexactitudes sont bien excusables quand il s’agit de relever des mesures en faisant une excursion dans des souterrains où l’on a de la peine à passer. La longueur totale des galeries du puits d’Orlu est de 200 mètres environ au lieu de 300 mètres.
     «Avant de terminer, je veux vous dire un mot de notre petite comptabilité. Les cent francs votés par la Société sont encore à peu près intacts. Nous avons l’intention d’en profiter pour faire ouvrir de nouvelles galeries, notamment celles qui se dirigent sous l’église d’Orlu et celles de Bissay, encore inexplorées, et qui ont, dit-on, beaucoup de rapport avec les souterrains dont parle M. de la Valière.
     «On prétend également qu’il y avait deux camps romains, l’un à Bissay, l’autre à Léthuin, qui étaient reliés par une communication souterraine; peut-être pourrait-on, en faisant quelques recherches, retrouver ce passage.
     «Il y a encore d’autres choses intéressantes à visiter dans les environs. Tout en ménageant les ressources de la Société, nous avons l’intention de faire de nouvelles excursions dont nous vous rendrons compte.»
[p.157]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     Ensuite la parole est donnée à M. Benoît, qui lit le rapport suivant, résumant les travaux faits jusqu’ici à Bissay, Orlu et Vierville:

     «Le mercredi 29 juin 1887, M. Granger et moi sommes partis d’Auneau avec l’intention de voir de nouvelles galeries souterraines existant à Vierville et à Orlu, canton d’Auneau.
     «A Vierville, nous descendîmes chez M. Mainfroy, maréchal-ferrant, où nous fûmes rejoints par M. Jules Lazare, Ingénieur de l’École Centrale, et M. Bigotteau, vétérinaire, tous deux d’Auneau, et qui avaient bien voulu nous accompagner dans notre voyage. Étaient présents aussi MM. Chantalou, cultivateur à Orlu, et Levéteau, entrepreneur à Bissay, même commune.
     «Nous visitâmes d’abord un souterrain situé chez M. Mainfroy. L’entrée de ce souterrain, découvert il y a environ 30 ans, en arrachant un arbre, est située vers le nord-est, et s’enfonce par une pente rapide à 4 mètres de profondeur en tournant à l’ouest. La galerie, creusée comme tout le reste dans un sol de pierre calcaire argileux, s’incline au nord pour former une salle circulaire de 2 mètres de diamètre et 2 mètres de hauteur.
     «Elle prend ensuite une direction ouest sud-ouest par un couloir de 1 mètre environ de largeur, 1 m 80 de hauteur, conduisant, par trois marches taillées dans le sol, à une espèce de salle longue de 8 mètres, large de 3 mètres et haute de 2 m 50. Vers l’une des extrémités de cette salle, on trouve un conduit commençant à 1 mètre du sol, d’une largeur de 70 centimètres, d’une hauteur de 80 centimètres, comblé de terre à 2 ou 3 mètres de son ouverture et se dirigeant vers l’église.
     «Un peu plus loin, est une porte cintrée de 1 m 20 de largeur, sur prés de 2 mètres de hauteur, percée dans un mur séparant la première salle d’une autre presque comblée de terre. Cette dernière est close par des murs en maçonnerie de pierre et mortier de chaux et sable, ainsi que le mur où est la porte. A 3 mètres de la porte, presque à la voûte, se trouve une petite ouverture rectangulaire, avec contour en pierre de taille, ayant 20 centimètres de largeur, 40 centimètres de hauteur et 30 de profondeur. La
[p.158] galerie se prolonge de 4 ou 5 mètres et est comblée par un éboulement.
     «Là s’arrête la visite de ce souterrain, dans lequel on n’a rencontré aucun débris.
     «Dans la partie supérieure du terrain, M. Levéteau nous a déclaré qu’en réparant, cette année, les murs et les piliers de l’église, il avait trouvé, à plus de 1 mètre de profondeur, des amorces de galeries se dirigeant de l’église vers le sud-ouest.
     «Cette visite nous a inspiré les réflexions suivantes:
     «Les galeries sont identiquement creusées comme celles que nous avions visitées précédemment à Bissay et doivent avoir une même origine.
     «Quant à la dernière salle., la porte cintrée, les murs de maçonnerie, nul doute que l’appropriation et la construction ne soient d’une date beaucoup plus récente.
     «Nous nous rendîmes ensuite chez M. Fanon, aussi à Vierville. Ce propriétaire nous déclara, qu’en 1878, un maçon, qui remuait de la terre dans son jardin, trouva une pierre plate qu’il enleva; elle recouvrait une cheminée s’enfonçant verticalement dans le sol et formant un conduit d’une section de 20 centimètres carrés environ.
     «Des fouilles furent faites pour savoir où aboutissait cette espèce de cheminée. Elle était construite en pierres sèches, sur une profondeur de 1 m 50, tombait sur une voûte de même nature de 80 centimètres de largeur du nord-est au sud-ouest, de 1 m 30 du nord -ouest au sud-est, et descendait jusqu’au sol d’une galerie sur une profondeur de 3 m 50.
     «Nous descendîmes dans ce souterrain par une échelle. On trouve, d’abord, une salle elliptique de 3 mètres de largeur, 4 mètres de longueur et 1 m 80 de hauteur. La galerie qui part de cette salle se dirige vers l’ouest en forme d’S allongée sur une longueur d’environ 12 mètres, une largeur de 1 m 30 et une hauteur de 1 m 67. On rencontre à 3 mètres de la cheminée, un siège creusé dans la paroi. Le socle a 40 centimètres de hauteur, sur une longueur de 1 mètre; la partie supérieure du siège, de forme demi -elliptique, a 60 centimètres de profondeur, et le dos de ce siège, qui a 80 centimètres, a la forme d’une niche. — On remarque, au niveau du sol, aussi dans la paroi de la galerie, un trou
[p.159] demi-elliptique de 20 centimètres de largeur sur 12 centimètres de hauteur, et s’enfonçant horizontalement vers le sud-est en décrivant une courbe; une assez longue baguette a pu y être plongée. Est-ce un trou creusé par un animal? Peut-être.
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     «La galerie, avec les mêmes dimensions, fait une courbe et se dirige vers le nord sur une longueur de 4 m 50. Arrivée là, la galerie est complètement fermée par un mur en pierres avec mortier d’argile. Au milieu et au bas de ce mur de 70 centimètres d’épaisseur, se trouve un passage rectangulaire de 80 centimètres de largeur sur 50 centimètres de hauteur. Lorsqu’on a franchi ce passage, le souterrain n’a plus que 75 centimètres de largeur, 1 m 80 de hauteur verticale et se dirige vers le nord-est en s’élevant par une pente de 45 degrés environ, sur une longueur de 7 mètres.
     «En cet endroit, la galerie se dirige avec une largeur et une pente à peu près égales à l’ouest, avec une hauteur de 1 mètre et une profondeur de 6 mètres. Alors on est en pleine terre franche éboulée, et on remarque les racines de la luzerne qui occupe le sol près duquel on doit se trouver. Ce devait être une entrée probablement secrète.
     «Un peu plus loin, se trouve un passage étroit de 60 centimètres de largeur, sur 80 centimètres de hauteur et d’une longueur de 1 m 50 débouchant vers le ouest-nord-ouest dans une salle de 3 mètres de long, 5 m 50 de large et 1 m 50 de haut. Au fond de cette salle, vers l’ouest, est un commencement de couloir, presque comblé et se dirigeant approximativement vers la sortie.
     «Notre exploration est achevée.
     «Les seuls débris retirés de ces galeries consistent en ossements appartenant à de petites et de grandes espèces d’animaux. On nous assure cependant qu’on y a ramassé une défense semblable à celles du sanglier; mais il a été impossible de la retrouver.
     «L’examen de ces souterrains ainsi que de tous ceux que nous avons visités jusqu’ici, nous a conduits à remarquer qu’ils sont tous simplement creusés à une profondeur plus ou moins grande, sans qu’il y ait aucun travail de consolidation pour les parois et les voûtes; tandis que dans les parties qui s’approchent du sol, on se trouve en présence de
[p.160] murs et de voûtes en pierres et mortier de terre parfaitement construits, pour consolider les terrains mouvants.
     «Le souterrain de M. Fanon est, dans son petit développement, le plus complet que nous ayons trouvé jusqu’à ce jour. Il est parfaitement conservé et digne d’être visité par des personnes compétentes.
     «Nous avons dit, dans notre premier rapport sur les galeries découvertes à Bissay, et d’après ce que nous avions vu, qu’elles avaient dû servir, nous n’osions pas affirmer d’habitation, mais de refuge à l’homme. Ici, ne peut-on pas aller plus loin, et admettre l’hypothèse d’une habitation momentanée au moins en même temps que celle de refuge? Car à quoi devaient servir la cheminée d’aération et ce que nous avons appelé le siège, si ce n’est à un séjour un peu prolongé.
     «Quant au mur qui ferme la galerie ainsi que le passage qui y est ménagé, on se trouve nécessairement en présence d’un moyen conçu pour la défense.
     «Nous quittâmes Vierville, et bientôt nous fûmes à Orlu où nous devions visiter les galeries du puits de ce village.
     «MM. Chantalou et Levéteau installèrent, au-dessus du puits, deux tréteaux avec un treuil et un câble, et à une profondeur de 15 mètres un pont avec des planches, lequel débouchait dans la galerie que nous devions explorer.
     «Notre petite caravane, composée de six personnes, fut bientôt descendue. Munis de bougies, nous nous partageâmes les différents postes. MM. Levéteau et Bigotteau formaient l’avant-garde et exploraient le terrain; MM. Granger et Jules Lazare tenaient le décamètre et chacun une boussole avec lesquels ils devaient mesurer l’axe et les angles; enfin, à l’arrière-garde, M. Chantalou qui me fournissait les explications dont j’avais besoin, et votre serviteur qui, aussi avec sa boussole, s’était chargé de noter les cotes des lignes et des angles nécessaires pour dresser le plan.
     «Du point A, on pénètre dans le souterrain par une galerie AB de 3 mètres de longueur, sur le pont qu’on y a établi, lequel permet de franchir une large excavation existant entre le puits et le point B. On laisse sur la droite, au point E, un couloir inexploré. Sur la gauche, au point B, on remarque un couloir exploré en partie et décrivant une courbe BCD.
[p.161] Sa largeur est de 75 centimètres, sa longueur de B en C de 14 mètres, le pilier C’ de 1 mètre et l’autre partie CD de 10 mètres environ; à l’extrémité se trouve un éboulement de calcaire au-dessus duquel on aperçoit le prolongement du passage. La hauteur est d’environ 80 centimèt. On trouve 10 centimèt. d’épaisseur de gravier déposé sur le sol de cette petite galerie dont les parois sont de nature calcaire. La surface du dépôt étant bien régulière laisserait supposer que l’eau a dû y couler lentement et y séjourner.
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     «Revenons au point B, et suivons l’axe du souterrain: Nous traversons d’abord une salle BF communiquant avec la galerie GI par un passage étroit de 70 centimètr. de large et 50 centimètr. de haut. En quittant le point G, deux couloirs inexplorés, l’un à droite au point G’ et l’autre, un peu plus loin, à gauche, au point H. La galerie GI, malgré les débris jonchant le sol, peut être assez aisément parcourue; on la quitte en rampant par un passage très étroit IJ de 60 cent. de largeur et 40 centimètr. de hauteur, en pente roide de I et J vers I’ situé beaucoup plus bas.
     «La salle JL est difficile à franchir à cause de l’effondrement de la voûte et des parois. Vers le milieu, il existe en K, au plafond formé d’un banc de pierres, un trou à peu près elliptique de 60 cent. de grand axe et 30 centimètres de petit axe, communiquant à une salle supérieure élevée, dans laquelle débouchent des galeries qui ont été parcourues à quelque distance par M. Chantalou.
     «Au point L, nous sommes forcés de
[p.162] ramper difficilement par le couloir LM plus étroit encore  que le précédent et construit comme lui. Nous traversons les salles MN et NO assez spacieuses, dont le sol est encore encombré de pierres, mais où la marche est moins difficile à cause de la voûte un peu plus élevée. La galerie OP est assez malaisée à franchir, elle s’élève de vers 0’ pour descendre vers P.
     «Enfin à partir du point P, nous respirons; le souterrain a 2 mètres de hauteur. Le sol est un peu humide mais uni, et, pour la première fois, notre exploration se fait sur les pieds; c’est maintenant une promenade. Nous parcourons un couloir PQ qui est, comme toutes les galeries suivantes, encaissé entre des parois formées de bancs de pierre brisés. On semble remarquer sur le bord de plusieurs de ces bancs comme des entailles faites avec une hache à lame épaisse. Nous traversons allègrement la vaste galerie QR.
     «Arrivés au point R, notre surprise augmente, car nous sommes arrêtés par un mur épais de 80 centimètres construit en pierres avec mortier de terre et fermant presque la galerie. Le passage libre a environ 60 centimètres de largeur. Une grosse pierre R’ de 60 centimètres sur 80 centimètres a dû être extraite d’un trou placé à côté de la place qu’elle occupe, dans le sol de la galerie. Elle semble avoir été destinée à fermer le passage R’’.
     «Nous parcourons ensuite la galerie RS qui n’offre rien de particulier à signaler. Nous arrivons dans la salle ST qui est la plus belle que nous ayons vue. Elle a 8 mètres sur 7 mètres et 3 mètres de hauteur. Le sol est uni et propre. Autour, règne une espèce de banc de pierre U de 50 centimètres de hauteur, sur une largeur variant de 1 à 2 mètres. Du côté nord, il est brisé en partie. Les parois sont en pierres et le plafond est un banc d’une seule pierre, dans lequel on remarque comme des raies régulières dans le sens de la longueur; le plafond paraît joint aux murs par un semblant de corniche.
     «Nous quittons cette salle par la galerie TX semblable aux précédentes. Au point X, nous montons, par une galerie un peu plus étroite et assez rapide, vers le point Y où un éboulement de terre nous arrête. La couleur de cette terre nous indique que nous approchons du sol.
[p.163]
     «Ici se termine la moitié de notre voyage long de 177 m 80; restait le retour. A ce moment, un bruit de voix se fait entendre dans les galeries que nous venions de parcourir: c’était M. le docteur Jamin, de Oisonville, conduit par un guide, et qui avait profité de notre visite pour venir nous rejoindre.
     «L’étude de ces galeries nous a conduits à discuter plusieurs hypothèses sur leur origine: les uns prétendent que les eaux, plus élevées autrefois qu’aujourd’hui, ont dû former des souterrains, que des effondrements du sol, sur ces galeries naissantes, ont dirigé l’homme qui les a creusées et appropriées à ses besoins; d’autres, au contraire, à cause du grand nombre de galeries qui doivent exister dans la contrée, pensent que l’homme, ayant besoin de se protéger continuellement contre les dangers de toute sorte qui l’entouraient, n’a pas hésité à creuser ces refuges ou habitations dans les terrains propices et que les dépôts, amenés par les eaux dans les galeries, ont suivi et non précédé la création de ces souterrains. Aux personnes compétentes à élucider la question.
     «Il y a un point sur lequel notre avis à tous a été unanime, c’est que l’homme a passé par là: la disposition des différentes salles, la forme des passages organisés pour la défense, peut-être les fragments de vase trouvés dans la galerie QR, le mur surtout, bâti au point R, sont autant de témoignages irréfragables que nos ancêtres ont vécu dans ces lieux cachés.
     «Nous n’avons qu’un regret, c’est celui de n’avoir pu vous apporter un plus grand nombre des débris qui peuvent se trouver dans ces souterrains. Nul doute qu’à part les ossements, ils ne sont pas nombreux, car l’industrie humaine d’alors était peu avancée; s’il en existe, ils doivent être enfouis sous les débris qui couvrent le sol presque partout, et que nous n’avons pu étudier.»
     Après ce rapport et sur la proposition de M. le Président, des remercîments sont votés à MM. Oranger, Benoit, Chantalou et Levéteau.
     L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures et demie.
[p.164]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     SÉANCE DU 4 AOUT 1887.
     Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, Caillot, Bellier de la Chavignerie, Blin, Bonnard, Brault, Buisson, Bourdel, Escoffier, Granger, Guillon, Hüe, Muset, Petrot, abbés Pouclée, Glerval, Haye, Hermeline, Lecomte et Sainsot. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
     M. le Président donne lecture d’une lettre de M. Granger sur la réunion de Dourdan:

     « L’excursion que la Société archéologique de Rambouillet avait annoncée a eu lieu, le 10 juillet, à Dourdan. Un certain nombre de membres des Sociétés de Versailles, Corbeil, Étampes et Châteaudun avaient répondu à son invitation. Il y avait aussi M. le marquis d’Hervey-Saint-Denis, membre de l’Institut, le sinologue bien connu qui est professeur au Collège de France. Quant à la Société Chartraine, j’étais seul pour la représenter, ce qui sans doute était bien insuffisant; mais il a fallu m’y résigner, parce que M. Benoît, qui devait m’accompagner, avait été retenu ce jour-là par des visiteurs inattendus. Cependant je ne tardai pas à m’en consoler lorsque je trouvai, à la gare d’Anneau-Vendôme, trois compagnons de voyage: MM. Brossier, Coudray et Lecesne, membres de la Société Dunoise, qui se rendaient aussi à Dourdan.
     «Immédiatement après un bon déjeuner à l’hôtel de Lyon, la séance a commencé au château, où M. Guyot, qui en est le propriétaire et qui est un antiquaire distingué, nous a fait un excellent accueil.
     «M. le comte de Dion, président, a lu une intéressante notice de M. Merlet sur le prieuré de Louye. Puis, dans l’allocution qu’il a prononcée, il a rappelé que la Société de Rambouillet avait plus de cinquante années d’existence.
[p.165]
     «M. Guyot nous a donné quelques détails historiques sur le château de Dourdan, bâti sous Philippe Auguste.
[…]
     «Ensuite, guidés par M. Guyot, nous avons visité le château.
[…] On nous a montré les brèches faites dans les murailles par l’artillerie de Henri IV, les souterrains où ont été renfermés différents prisonniers.
     «Puis, nous avons franchi le seuil du donjon, ce seuil usé par le passage de tant de générations et où l’on ne pouvait arriver autrefois que par un pont-levis. Dans le sol de la vieille tour nous voyons l’entrée du souterrain, en [p.166] forme de siphon renversé, qui communiquait, sous les fossés entourant le donjon, avec l’intérieur de la place. C’est parce souterrain que les assiégeants, maîtres du château, pénétrèrent dans la tour, grâce à la trahison, et forcèrent le capitaine Jacques à se rendre au maréchal de Biron. Il paraît que, par une autre branche de ce souterrain, on pouvait, en plaçant quelques planches au-dessus du puits, construit dans l’épaisseur des murailles, communiquer avec la campagne, au moyen d’une galerie ayant plus de quatre kilomètres de longueur et se dirigeant vers Sainte-Mesme. Je me demandais si le puits d’Orlu et ses galeries que nous avons explorées dernièrement ne faisaient pas partie autrefois de quelque forteresse et si ces galeries n’avaient pas la même destination. Serait-ce une des extrémités de la communication qui existait, dit -on, entre les deux camps romains d’Orlu et de Léthuin?
[…]
     «Après avoir exploré le château, nous avons pris une voiture pour nous rendre à l’ancien prieuré de Louye. La chapelle, qui est en ruine, devait être très belle. La voûte, en forme de berceau, est en partie effondrée: des pierres s’en détachent de temps en temps, surtout en hiver, mais la visite de cette chapelle me semblait néanmoins bien moins périlleuse que l’exploration du puits d’Orlu. 
[…] [p.168] […]
     M. Granger fait savoir qu’il n’y a rien de nouveau pour les fouilles de Bissay. Seulement peu s’en est fallu qu’un accident n’y arrivât.
[…] [p.169]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1887. Présidence de M. Merlet, — M. Escoffier, secrétaire.
     La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, abbé Pouclée, Bellier de la Ghavignerie, Escoffier, Hue, Buisson, Jules Courtois, Granger, Muset, Blin, Bourdel, Chevallier, abbés Renard, Guérin, Sainsot, Provost, Hermeline et Haye.
[…]

     M. le Président […] fait ensuite le dépouillement et la lecture de la correspondance qui comprend:

     1° Une lettre de M. Granger sur les souterrains du puits d’Orlu, concluant à une demande de crédit pour conserver par une maçonnerie l’orifice de l’entrée de ces souterrains:
     «J’aurais désiré dans le courant de septembre vous informer qu’on a fait dans la plaine un forage qui permet d’arriver facilement aux souterrains du puits d’Orlu.
     «Je n’ai pas besoin de vous dire ce qu’il a fallu à M. Levéteau et à M. Chantalou de courage et de persévérance pour trouver dans la plaine le point qui correspond précisément à l’extrémité de ces galeries. L’accès en est si facile maintenant que les dames, qui généralement passent pour plus curieuses que les hommes, y sont descendues en assez grand nombre. On y parvient au moyen de deux échelles dont la première
[p.170] repose sur un palier permettant d’aborder facilement la seconde partie du forage, qui est beaucoup plus étroit et qui aboutit à un couloir en pente de 4 à 5 mètres de longueur. On remarque çà et là, en descendant, des dépôts de terre remuée qui font supposer qu’il devait y avoir en cet endroit une entrée très spacieuse où aboutissaient d’autres galeries dont l’entrée est bouchée.
     «Celles que nous avons visitées étaient éclairées au moyen de nombreuses bougies, ce qui produisait un effet presque féerique. Dans le sol composé d’une couche de sable de ravine, ayant une épaisseur moyenne de 1 mètre, on a fait des sondages en différents endroits; on y a trouvé des fragments de poteries grossières et de charbon de bois, des pierres plates enduites, ainsi que quelques parties de la voûte, d’une matière noirâtre ressemblant à de la suie. Nous y avons vu aussi l’empreinte de quelques pas d’animaux, soit porcs ou moutons.
     «Au premier abord, on serait tenté de croire que ces excavations proviennent de l’extraction de la pierre à une époque très reculée; mais, quand on considère ces voûtes en forme de dôme et parfois ces plafonds qui, quoique grossièrement faits, présentent cependant une apparence de régularité; qu’en outre on voit ces galeries divisées par un petit mur transversal avec une petite ouverture ménagée dans le bas, que la pierre que nous avons trouvée à proximité était sans doute destinée à boucher; quand on considère enfin qu’il y a dans le puits, un peu plus bas que l’entrée actuelle des souterrains, une large pierre usée et polie probablement par le frottement des ustensiles qui servaient à puiser de l’eau, et qu’en face on remarque également dans la maçonnerie du puits une autre ouverture de galeries, bouchée imparfaitement au moyen de grosses pierres, on ne peut s’empêcher de supposer que ces excavations n’ont pas été ouvertes seulement pour l’extraction de la pierre.

     «Je dois vous dire avant de terminer que la nouvelle descente est tout à fait sur le bord d’un chemin rural. Quoiqu’elle soit barrée et couverte, il peut cependant arriver que, les terres se relâchant par suite des pluies d’hiver, il y ait quelque éboulement au détriment du chemin. Gomme les deux côtés appartiennent au môme propriétaire, on pourrait
[p.171] peut-être dépacer l’axe, ainsi que nous en parlions avec M. le Maire d’Orlu, mais il serait préférable de faire un peu de maçonnerie pour parer aux inconvénients qui pourraient se produire. Malheureusement les cent francs sont épuisés: il y a même un petit excédent de dépense. Aussi j’ai prié M. Levéteau de ne pas continuer ses travaux jusqu’à ce que la Société ait avisé. Quelques propriétaires de la contrée paraissent, il est vrai, prendre quelque intérêt à ces fouilles, mais s’il fallait leur demander quelque subvention je crois qu’on pourrait se fouiller comme disent les Beaucerons.»

     Consultée sur cette demande de crédit, l’assemblée en a renvoyé le vote après communication du devis de ce que pourrait coûter le travail proposé.
[…] [p.177]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1887. Présidence de M. Merlet. — M. Escoffier, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Escoffier, Bellier de la Ghavignerie, Hue, Buisson, Amblard, Blin, Gabriel, Granger, Levéteau, Benoit, d’Amécourt, Poyer, Gallas, Jules Courtois, Lagrue, et abbés Glerval, Gottereau, Hermeline, Glaireaux et Renard. […] [p.180] […]
     Ensuite la parole est donnée à M. Benoît qui fait, dans les termes suivants, de nouvelles communications sur les souterrains d’Orlu et de Bissay:
     «J’ai l’honneur de vous informer que, le 29 septembre 1887, nous avons fait, avec M. Granger, le voyage d’Orlu dans l’intention de voir l’excavation faite au point Y (Voir le plan du souterrain d’Orlu), pour communiquer avec la galerie, d’étudier le sol de ce souterrain et de faire un nouvel examen des effondrements qui entourent Bissay.
     «Grâce à la patience et à la persévérance de MM. Chantalou et Levéteau, ils sont arrivés à déterminer le point Y, extrémité du souterrain. Là, ils ont percé une excavation à peu près carrée de 3 mètres de côté, sur 6 mètres de profondeur. Craignant un éboulement, ils y ont fait une plate-forme et ont continué le percement, en donnant seulement 1 mètre sur chaque face et en consolidant les terres avec des parois en pierre et en mortier de chaux. Ils sont descendus ainsi environ 4 m 50 et se sont trouvés à l’extrémité de la galerie qu’ils ont déblayée pour faciliter le passage.
     «Notre descente effectuée, nous avons revu les lieux que nous avions visités le 29 juin.
     «Dans notre dernier rapport, nous vous exprimions le regret de n’avoir pu apporter une plus grande quantité d’objets anciens, mais nous ajoutions que s’il en existait, ils devaient être enfouis sous les débris qui couvrent le sol presque partout, et que nous n’avions pas eu le temps d’examiner.
     «Il y avait pour nous un grand intérêt à cette étude, car nous espérions trouver quelque chose qui nous livrât le secret enseveli dans ces souterrains. Nous n’avons pas été complètement déçus dans nos espérances, mais il reste
[p.181] encore beaucoup de points obscurs; nous en connaîtrons bientôt quelques-uns.
     «Notre examen s’est fait surtout de X en P, dans la partie de la galerie facile à parcourir. Les parois ont été visitées avec le plus grand soin, mais elles ne nous ont rien dévoilé. Alors nous avons étudié le sol.
     «La partie supérieure est un peu humide. La pioche a entamé difficilement un sol dur de quelques centimètres, formé d’argile calcaire comme le sol de la contrée, mais non de la galerie qui ne contient, dans cette partie, que des bancs de pierre. Au-dessous, la bêche a pénétré dans une couche de sable très pur de 50 centimètres et plus d’épaisseur. Un grand nombre de sondages ont été faits dans la galerie parcourue, soit au milieu, soit sur les côtés, ils ont tous donné le même résultat. Le sable s’arrête aux parois.
     «Trois foyers ont été découverts, l’un à l’entrée de la galerie, les deux autres de S en P. Leur présence est attestée par le charbon qu’on y a trouvé, et les foyers en pierre noire et brûlée, placés sous la couche dure dont nous venons de parler.
     «Vous savez, Monsieur le Président, que dans le dernier rapport, deux hypothèses avaient été émises sur l’origine de ces galeries: les uns pensaient que les eaux avaient été la cause efficiente de leur formation, tandis que les autres croyaient que les dépôts amenés par les eaux avaient suivi et non précédé la création de ces souterrains. Aujourd’hui, aucun doute n’est possible, la nature du sol indique que l’habitation a suivi l’inondation.

     «Il y a surtout deux choses intéressantes qu’il sera facile de reconnaître. Le mur en R, construit de main d’homme, repose-t-il sur le sol dur ou au fond de la couche de sable? Qu’y a-t-il au fond de cette couche de sable, est-ce le banc de pierre ou autre chose? On va sans doute exploiter ce sable  et bientôt nous connaîtrons la réponse.

     «Nous nous sommes ensuite transportés à Bissay pour examiner de nouveau les effondrements que l’on rencontre autour de ce hameau.

     « Au point E, on a trouvé une salle de 3 mètres de diamètre, 2 mètres de hauteur et communiquant par des galeries vers le pays et la plaine.
[p.182]

     «Entre E et F, un sondage a amené la découverte, on suppose, des ruines d’un vieux château. On y reconnaît des pans de mur en pierre et terre, recouverts d’un crépi en mortier de chaux. Dans l’un de ces murs, sont percées deux rangées de trous carrés de 20 centimètres de côté et éloignés les uns des autres de 40 centimètres.

     «Au point H, la sonde est tombée sur une galerie effondrée de 70 centimètres de largeur sur 1 m 50 de hauteur, et se dirigeant vers G et I.
     «Rien autre chose à signaler sur l’ensemble de ces souterrains, bien que le dernier mot, nous le croyons, n’ait pas été dit.
     «Avant de clore ce rapport, nous nous sommes demandé si les souterrains de Bissay et d’Orlu avaient une même origine?
     «Nous ne le pensons pas. On sait ce que nous avons dit précédemment de ces derniers, tandis que ceux de Bissay, comme ceux de Vierville, ont été creusés par l’homme dans le sol qui lui a paru convenable. Il est donc certain que ceux d’Orlu doivent avoir une origine antérieure à ceux de Bissay.»

     L’assemblée vote des remercîments à MM. Benoît, Granger et Levéteau, plus une somme de cinquante francs pour faire face aux travaux nécessaires à la conservation de l’entrée des souterrains découverts.
[…] [p.183]

     NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. Mme JOLIET, à Chartres, présentée par MM. Barois et Merlet. M. POPTIER, instituteur, à Châtenay, présenté par MM. Granger et Benoit. M. LEVÉTEAU, à Bissay, présenté par les mêmes. M. BIGOTTEAU, vétérinaire, à Auneau, présenté par les mêmes.
[…]
Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     SÉANCE DU 5 JANVIER 1888. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, Caillot, Amblard, Appay, Buisson, Blin, de Mély, Hue, Poyer, abbés Clerval, Cottereau, Provost et Hermeline. [...]
     M. le Président donne lecture d’une lettre de M. Harreaux, à l’occasion des souterrains de Bissay.
[…] [p.185]

     SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1888. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Pouclée, Caillot, Buisson, Oranger, Hüe, de Mély, abbés Émangeard, Lecomte, Provost, Sainsot. […] [p.188] […]

     M. Granger envoie une lettre pour nous tenir au courant des travaux faits à Orlu. Voici cette lettre:
     «J’ai l’honneur de vous informer que les travaux concernant les souterrains d’Orlu, dont il a été question dans une séance précédente, sont complètement terminés. La première fouille, qui avait l’inconvénient de se trouver tout à fait sur la limite d’un chemin rural, a été comblée; on a fait une nouvelle ouverture à 4 ou 5 mètres plus loin, ayant 1 mètre de diamètre, sur une profondeur de 10 mètres environ, le tout maçonné en pierres sèches. Vers le milieu on a ménagé un palier qui permettra d’y appuyer une échelle, afin que ceux qui voudront visiter ces souterrains ne soient pas obligés d’y descendre au moyen d’un treuil.


     «Le sol des galeries a été sondé de nouveau: on y a trouvé deux haches celtiques, un os travaillé (1) et terminé en pointe et beaucoup d’autres qui ont été brisés, sans doute pour l’extraction de la moelle; une clef en fer d’une époque beaucoup plus récente que celle des souterrains, et enfin une grande quantité de plaques très minces, composées surtout de sable argileux et d’oxide de fer à demi-fondus par des foyers dont on voit des traces nombreuses.
     «Malheureusement l’exploitation du sable sur laquelle on comptait ne pourra avoir lieu, parce qu’il est presque partout entremêlé d’argile qui le rend impropre aux constructions ou
à d’autres usages.
     «Les deux passages étroits des galeries que je vous avais signalés dans une lettre précédente, et qu’on avait de la peine à traverser, même en rampant sur le ventre, ont été un peu élargis, et on a découvert des parties de maçonnerie
[p.189] indiquant que, dès l’origine, ils avaient très peu de largeur, afin sans doute que la circulation, dans ces cavernes, put être interceptée à volonté.
     «C’était peut-être aussi pour empêcher la circulation et arrêter les envahisseurs qu’avait été creusée, dans le roc, cette chambre, en forme de ballon aplati, de 4 à 5 mètres de diamètre, formant une sorte d’étage au-dessus des galeries avec lesquelles elle ne communique qu’au moyen d’une ouverture étroite pratiquée dans la voûte.
     «Il est probable qu’il y avait autrefois pour pénétrer dans ces souterrains une vaste descente en pente douce: car les deux forages qu’on a faits dernièrement se trouvent au milieu de terres remuées qui paraissent s’étendre assez loin; aussi la dernière fouille a présenté quelque danger et on a même douté un moment du succès.
     «Une chose qu’on ne s’expliquait pas, c’est la grande différence qui existe dans l’état de conservation de ces galeries: la première partie, ayant une longueur d’environ 100 mètres, sous les constructions du village, est effondrée et à peine accessible; l’autre partie, au contraire, qui s’étend sous la plaine, et peut avoir 80 mètres de longueur, est dans un bon état de conservation. Cela provient sans doute de ce que cette dernière partie est protégée par une sorte de béton très résistant, composé de marne, de petites pierres et d’argile pilonnés ensemble, et placé à 1 mètre environ de la surface du sol. Cette couche peut avoir une épaisseur moyenne de 50 centimètres et une largeur de 4 à 5 mètres. Les côtés à peu près parallèles s’arrondissent un peu en forme de voûte. Cette largeur paraît suffisante pour protéger cette partie des galeries contre les infiltrations d’eau. Comme cette couche ne semble pas se prolonger sous les habitations, ou qu’elle a pu être détruite à différentes époques, on s’explique que cette autre partie des galeries soit en si mauvais état. J’ignore si on a trouvé ailleurs un exemple d’anciennes cavernes recouvertes ainsi d’une sorte de couche de béton.

     «L’ensemble de ces souterrains se prolongeait vraisemblablement de l’autre côté du puits communal d’Orlu; c’est ce que semblent indiquer les grosses pierres qu’on voit dans les parois du puits opposées à l’entrée des galeries actuelles. 11 y aurait sans doute lieu d’entreprendre de ce
[p.190] côté de nouvelles recherches; mais comme la Société a déjà fait d’assez grands sacrifices, et que les prévisions de la dépense ont été notablement dépassées, il est probable qu’elle sera d’avis d’ajourner ce travail. Ce qu’il y a toutefois à désirer, c’est qu’elle ne permette pas à quelque Société rivale de marcher sur ses brisées, et qu’elle se réserve la haute main sur ces fouilles afin de pouvoir continuer les recherches, quand elle le jugera à propos et que les circonstances le permettront.
     «Avant de terminer, il me reste, Monsieur le Président, à réparer une omission que j’ai commise dans une lettre précédente: c’est qu’après vous avoir signalé le zèle de MM. Levéteau et Chantalou, ces infatigables explorateurs qui nous ont ouvert la voie, j’aurais dû vous citer également M. le docteur Jamin, d’Oisonville, M. Bigotteau, vétérinaire à Anneau, M. Lazare, ingénieur, à Paris, ainsi que MM. les curés de Châtenay et de Denonville et quelques autres dont les noms m’échappent, qui tous ont mis à visiter ces galeries le plus grand empressement. Je dois même vous signaler ici en particulier M. le curé de Châtenay qui, grâce aux indications que lui a fournies la boussole, a fixé le premier, d’une manière assez précise, l’endroit qui devait correspondre à l’extrémité des galeries, et où l’on a ouvert la nouvelle descente.
     «M. Chantalou m’a informé qu’il avait visité des souterrains très curieux dans le jardin du presbytère de Dommerville. A Grandville, on a trouvé dernièrement, dans un tombeau, des fragments d’armure, un cachet. Le squelette portait au cou un collier de perles de verre blanc et des bagues en or dans les doigts, collées aux ornements. Je vous transmets à la hâte ces détails incomplets; peut-être recevrai-je d’autres renseignements prochainement.»
[…] [p.192]
     (1) Ces objets fort intéressants ont été donnés à la Société. Ce ne sont pas des haches celtiques, mais des instruments servant à polir les peaux d’animaux qui étaient aux époques préhistoriques les vêtements de l’homme. A ces sortes de polissoirs est joint un grattoir en os servant à enlever les poils dont ces peaux étaient couvertes.

Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
     SÉANCE DU 8 MARS 1888. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Bellier de la Chavignerie, Caillot, Amblard, Blin, Buisson, Chevallier-Rufigny, Escoffier, Gérondeau, Hue, Stanislas Isambert, abbés Cottereau, Guérin, Lecomte, de Sainte-Beuve, Sainsot. […] [p.195] […]

     Enfin M. l’abbé Sainsot continue la lecture de sa revue de l’année.
     1» ARCHEOLOGIE. L’archéologie a encore chômé cette année dans notre département, et les découvertes en ce genre auraient été nulles sans les fouilles que la Société a fait exécuter dans les souterrains de Bissay, commune d’Orlu. Le résultat de ces travaux étant consigné au jour le jour dans nos Procès-Verbaux, il serait superflu d’y insister longuement ici. On nous permettra toutefois d’exprimer notre désir de voir des fouilles de même genre se produire sur d’autres points du territoire beauceron. Nous n’avons pas l’espoir d’amener ainsi des découvertes qui soient comme un événement dans le monde scientifique, mais nous pouvons espérer d’apprendre les secrets d’une époque bien éloignée de la notre. L’attention des archéologues ne s’était point dirigée encore d’une manière suivie vers ces retraites mystérieuses; aussi nous sommes ici en face de l’inconnu et c’est seulement après une série d’observations consciencieuses, comme celles qui viennent d’être faites à Bissay, que l’on pourra raisonner en connaissance de cause sur l’origine et l’usage de ces galeries souterraines. Espérons que notre Société verra son exemple suivi par des propriétaires intelligents et amis des recherches archéologiques; nous sommes persuadé qu’elle-même continuera de marcher, avec la prudence qui la caractérise, dans la voie où elle vient de s’engager.
[...] [p.204]

     SÉANCE DU 7 JUIN 1888. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Le procès-verbal est lu et adopté. Sont présents: MM. Merlet, Caillot, Amblard, Appay, Buisson, Escoffier, Germond, Hue et abbé Renard. […]
     M. Merlet ajoute que le dimanche 24 juin aura lieu une séance de la Société de Rambouillet, à Rambouillet.
[…] Il faut songer aussi, dit-il, à une autre excursion, celle
que nous devons faire aux caves de Bissay.
     M. Buisson fait savoir qu’à Voves on a beaucoup parlé de ces souterrains de Bissay et qu’on s’est souvenu qu’à Martainville il en existe qui sont semblables à ceux d’Orlu. Ce sont des souterrains très longs qui ne ressemblent pas à ceux de Prasville. M. Escoffier dit qu’à Prasville ce sont des souterrains provenant d’extraction de pierres. M. Amblard ajoute qu’à Brétigny les souterrains ne ressemblent pas du tout à ceux d’Orlu.
[p.205]
     M. Merlet dit qu’il doit écrire à M. Granger, maire d’ Anneau, pour lui demander quel jour conviendrait le mieux pour une excursion à Orlu.
[…]

     SÉANCE PUBLIQUE DU 21 JUIN 1888. La séance est ouverte à deux heures dans la salle Sainte-Foi devant une nombreuse assistance.
     M. le Président lit un discours sur les travaux de la Société pendant l’année écoulée.
[…] [p.207] […]
     «Nous avons poursuivi nos fouilles dans les souterrains d’Orlu, dont j’ai déjà eu l’honneur de vous entretenir l’année dernière, et nous avons publié les rapports que nous ont adressés à ce sujet deux de nos membres les plus zélés, MM. Granger et Benoist, d’Auneau. Il paraît évident que ces souterrains ont servi de demeure aux habitants primitifs de nos contrées; pourtant le dernier mot n’est pas encore dit à cet égard, mais deux objets découverts dans ces fouilles ne semblent guère permettre de conserver aucun doute: c’est d’abord un polissoir en silex qui servait à polir les peaux des animaux qui aux temps préhistoriques formaient les vêtements des hommes, et puis un grattoir en os dont l’usage était d’enlever les poils dont ces peaux étaient couvertes. Ces deux instruments sont dans un état parfait de conservation et sont des témoins irrécusables du passage dans nos souterrains de nos ancêtres d’il y a 5 ou 6000 ans.
[…] [p.225] […]

     SÉANCE GÉNÉRALE DU 7 MARS 1889. Présidence de M. Merlet. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Membres présents: MM. Merlet, abbé Pouclée, Barois, Amblard, Bellier de la Ghavignerie, Béalé, Bouthemard, Buisson, de Mély, Durand, Gabriel, Germond, Gérondeau, Gillard, Hornung, d’Huart, Hüe, de Lamartraye, Levêteau, de Lubriat, de Mianvilie, Muset, Petrot, Rousseau, Selleret, abbés Bouthemard, Jubault, Hayes, Hermeline, Levassor, Sainsot, de Sainte-Beuve, Tardiveau. […]

     M. Levêteau dépose sur le bureau une ancienne lampe en cuivre d’un petit modèle, et une ancienne clef trouvées dans le sol à Bessay. Il offre la clef, qui lui appartient, à la Société. — Des remerciements lui sont adressés.
[…] [p.232] […]

     SÉANCE DU 4 AVRIL 1889. Présidence de M. Merlet. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Membres présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, Amblard, Appay, Bellier de la Chavignerie, Brosseron, Buisson, Chevallier-Letartre, Durand, Germond, Hue, de Lubriat, Meignan, Rousseau, Selleret, abbés Clerval, Renard, Sainsot. […] [p.243] […]
     M. L’abbé Sainsot lit le rapport suivant sur trois études de M. F. de Mély.
[…] [p.248] […] Le même membre continue la lecture de la Revue de l’année 1888.
     1° CHRONIQUE. L’année 1888 a été peu féconde au point de vue archéologique dans notre dpéartement. Les fouilles y deviennent rares, parce que la culture est en souffrance et qu’elle réduit ses dépenses au strict nécessaire. La Société archéologique a continué l’exploration des souterrains d’Orlu; comme le résulta des recherches est consigné dans nos Procès Verbaux, il n’y a pas lieu d’y insister ici. Toutefois on nous permettra d’exprimer de nouveau le désir de voir l’attention se porter de ce côté, afin que par des observations multipliées on puisse arriver à formuler autre chose que des hypothèses au sujet de ces refuges de l’homme à des époques dont nous avons perdu le souvenir.
[…] [p.290] […]

     SÉANCE DU 1er AOUT 1889. Présidence de M. de Saint-Laumer. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Membres présents: MM. de Saint-Laumer, Merlet, Amblard, Chevalier-Letartre, Bourdel, Buisson, Roger Durand, Escoffier, Mélin, René Merlet, Hue, abbés Clerval, Hermeline, Sainsot. […]

     M. le Président expose ensuite que M. Billard, de Janville, propriétaire du terrain sur lequel se trouvent les souterrains d’Orlu a fait connaître par l’intermédiaire de M. Levêteau son intention de combler l’ouverture donnant accès aux dits souterrains, si la Société n’y voit pas d’inconvénient.
     Une discussion s’engage à ce sujet à laquelle prennent part principalement MM. Merlet et Buisson. Il est exprimé le regret qu’il n’y ait pas eu de rapport présenté sur la visite faite à Orlu par plusieurs membres de la Société. Quoi qu’il en soit, il ressort d’une façon évidente de cette visite que [p.291] ces excavations ont été produites par le passage d’un cours d’eau qui a dû mettre des siècles à miner et à enlever les parties tendres du sol qu’il traversait: le lit de ce cours d’eau se retrouve du reste au delà du souterrain. Dans ces conditions, la Société ne voit aucun intérêt archéologique à opérer de nouvelles recherches et par suite à conserver l’ouverture de la galerie.
     Il sera répondu dans ce sens à M. Billard.
     De plus, sur l’évaluation faite par M. Buisson du cube de terre nécessaire pour combler le trou et des dépenses qui pourront résulter de cette opération, il sera alloué à M. Levêteau la somme de dix francs pour ce travail.

2) Procès verbaux de la Société archéologique d’Eure-et-Loir 11 (1905), pp. 70-71 (séance du 19 septembre 1901)

     SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 1901. Président: M. Roger DURAND. — M. Georges CHAMPAGNE, secrétaire. La séance est ouverte à 3 heures. Membres présents: MM. Roger Durand, abbé Sainsot, Georges Champagne, Amblard, Appay, Balandra, Brosseron, Buisson, Cintrât, Corby, Corrard, abbé Crancée, Delacroix, Denis, Doré-Bonvallet, Dulong de Rosnay, Escoffier, Gabriel, Goupillon, Guérineau, abbés Guillon, Haye et Hermeline, Hoyau, Ledru, Lehr, Lorin, Maugars, Mauger, Mayeux, Mouton, Ch. Pétrot, Piébourg, Dr Robin, Rousseau-Renvoizé, Saint-Pierre et Selleret. Excusés: MM. Dauzat, Georges Durand, abbé Langlois, Maurice Real et Renouf. […]
     M. le Président communique à l’Assemblée:
[…] [p.71] […] 3° D’une lettre de M. Benoît, d’Auneau, informant la Société de la découverte, dans la propriété de M. Coudray, à Roinville-sous-Auneau, de plusieurs galeries creusées de main d’homme, tel qu’il doit en exister à Bissay, commune d’Orlu. Notre confrère ajoute que «sous ce village de Roinville il doit y avoir un assez grand nombre de souterrains qui ont servi de refuge à la trop fameuse Bande d’Orgères». A ce sujet la discussion s’engage et MM. Amblard et le Dr Robin signalent la même particularité à Brétigny, commune de Sours. Ces souterrains, disent-ils, qui ne sont pas rares dans notre département, remontent à une époque très ancienne et devaient conduire aux prieurés; ils ont dû aussi servir de cachettes, et même de moyens de défense. A Dambron, ajoute M. l’abbé Sainsot, on en voit un disposé pour la descente des chevaux. M. le Président clôt la discussion en déclarant qu’il serait intéressant d’en avoir le relevé bien exact, et, au nom de la Société, il adresse des remerciements à M. Benoit.


Plan du souterrain d'Orlu (SAEL, 1887)
Plan du souterrain d’Orlu (S.A.E.L., 1887)


7. Cartes postales de Paul Royer (vers 1905)

L'église d'Orlu vers 1905 (carte postale Royer n°1)
L’église d’Orlu vers 1905 (carte postale éditée par Paul Royer, d’Étampes, n°1)


La mairie d'Orlu vers 1905 (carte postale Royer n°1)
La mairie d’Orlu vers 1905 (carte postale éditée par Paul Royer, d’Étampes, n°2)

La place d'Orlu vers 1905 (carte postale Royer n°3)
La place d’Orlu vers 1905 (carte postale éditée par Paul Royer, d’Étampes, n°3)



8. Vues aériennes d’Orlu et de Bissay prise par Michel De Pooter en 2006


Vue aérienne d'Orlu (© Michel De Pooter, 2006)  
Vue aérienne d’Orlu en 2006 (© Michel De Pooter)


Vue aérienne de Bissay (© Michel De Pooter, 2006)
Vue aérienne de Bissay en 2006 (© Michel De Pooter)


9. Statistique démographique

(cumulant les données de Lefèvre en 1867, de Wikipédia pour 2011 pour 1962, et celle de l’INSEE en 2011)

Au XIIIe siècle: 36 paroissiens — 1738: 80 communiants.

1826
1846
1866
1962
1968
1975
1982
1990
1999
2007
124
98
106
44
49
43
37
30
31
48
 


1668
Fleureau
1690
Jaillot
1756
Cassini
1861
Merlet
1867
Lefèvre
1887
S.A.E.L.
1905
Royer
2006
De Pooter
2007
INSEE

BIBLIOGRAPHIE
 
Édition
 
     COLLECTIF, «Orlu (pot-pourri documentaire, depuis 2011)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cte-potpourridorlu.html, 2011.   

Quelques pistes bibliographiques

    Dom Basile FLEUREAU (1612-1674; religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683, pp. 33 et 464.

     Lucien MERLET, Dictionnaire topographique du département d’Eure-et-Loir comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Paris, Éditeur Imprimerie impériale, 1861, pp. 17 (Bissay) et 135 (Orlu).

    Édouard (Pierre-Édouard-Alexandre) LEFÈVRE (ancien chef de division à la Préfecture d’Eure-et-Loir, historien de la Beauce, membre correspondant du Comité des travaux historiques et scientifiques et de plusieurs sociétés savantes, historien de la Beauce), «Vierville», in ID., Documents historiques et statistiques sur les communes du canton d’Auneau arrondissement de Chartres (Eure-et-Loir) [2 volumes in-16, ou in-12; extrait de l’Annuaire d’Eure-et-Loir (1867) & (1868)], Chartres, Garnier, 1867-1869, tome 1 (1867),
pp. 131-136.
     Dont une réédition par Bernard GINESTE,
«Édouard Lefèvre: Orlu (1867)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cte-potpourridorlu.html#1867orlu, 2011.

     Lucien MERLET & René MERLET, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790: Archives civiles, Série É (Supplément), Chartres, Garnier, 1871, pp. 55 sqq.

     Procès verbaux de la Société archéologique d’Eure-et-Loir 8 (1892), pp. 73-291 (plusieurs séances, du 31 mars 18887 au 1er août 1889) & 11 (1905), pp. 70-71 (séance du 19 septembre 1901).
     Dont une réédition par Bernard GINESTE, «Société archéologique d’Eure-et-Loir: Le souterrain d’Orlu (1887-1888)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cte-potpourridorlu.html#1887sael, 2011.

     Paul ROYER
«Orlu -- 1. L’église», «Orlu -- 2. La Mairie», «Orlu -- 3. La place» [3 cartes postales], Étampes, Royer, vers 1905.
     Dont une réédition par Bernard GINESTE, «Pierre Royer: Orlu (cartes postales, vers 1905)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cte-potpourridorlu.html#royer, 2011.

     Anne OLLAGNIER & Dominique JOLY, «Orlu», in Carte Archéologique de la Gaule. 28. L’Eure-et-Loir [369 p.], Paris, MSH, 1994, pp. 75-76.
     Dont une mise en ligne partielle par Google sur son site Google Books, à cette adresse (cliquez ici), en ligne en 2011.

     IGN (Institut Géographique National), Sainville [1 feuille en couleur; 67 cm sur 99, pliée 23 cm sur 12; carte topographique (projection conique conforme de Lambert); 1:25 000; relief représenté par courbes de niveau, points cotés et estompage; coordonnées géographiques: E 1°47’52" - E 1°58’40" / N 48°25’15" - N 48°14’27"; communes représentées: Ardelu, Aunainville, Baudreville, Châtenay, Denonville, Gouillons, Fresnay-l’Évêque, Gommerville, Intreville, Léthuin, Levesville-la-Chenard, Maisons, Mérouville, Mondonville-Saint-Jean, Morainville, Neuvy-en-Beauce, Orlu, Oysonville, Rouvray-Saint-Denis, Sainville (Eure-et-Loir), Vierville], Paris, IGN [«Série bleue: carte topographique de la France à 1:25 000»],  1997, 2002, 2005.

     COLLECTIF D’INTERNAUTES, «Orlu (Eure-et-Loir)», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Orlu (Eure-et-Loir), depuis 2005, en ligne en 2011 [notice alors pratiquement vide; mais il est à penser qu’elle va bientôt se grossir de données empruntées à la présente page].

     Michel DE POOTER, «Vue aérienne d’Orlu (photographie, 2006)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cie-21-depooter2006orlu01.html  et http://www.corpusetampois.com/cie-21-depooter2006orlu10.html, 2006.
     Réédition:
«Orlu» et «Bissay», in ID., A 1000 pieds, http://a1000pieds.free.fr/Miniatures/Orlu2006-06-23-01.html et http://a1000pieds.free.fr/Miniatures/Orlu-Bissay2006-06-23-01.html, en ligne en 2011.

     INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques),
«Commune: Orlu (28288)», in INSEE [site officiel], à cette adresse (cliquez ici), en ligne en 2011.

Autres localités du Grand Étampois

     COLLECTIF, «Les localités du Grand Étampois (depuis 2010)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-cte2.html, 2010.

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Sources: indiquées à leurs places pour chaque document.
  
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