6. Société archéologique d’Eure-et-Loir: Le souterrain d’Orlu (1887-1901)
Plan du souterrain d’Orlu (S.A.E.L., 1887)
1) Procès verbaux
de la Société archéologique d’Eure-et-Loir 8 (1892),
pp. 73-291 (plusieurs séances, du 31 mars 18887 au 1er août
1889)
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[p. X (liste des membres)] […] Levêteau, entrepreneur,
à Bissay, commune d’Orlu. […]
[p.73]
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SÉANCE DU 31 MARS 1887. Présidence de M.
Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à
trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer,
Barois, Caillot, Amblard, Bellier de la Chavignerie, Bonnard et Brault, abbés
Haye, Lecomte, Provost, de Sainte-Beuve et Sainsot. […] [p.74]
M. Bellier de la Chavignerie présente divers
objets, et, entre autres, une bague, qui ont été trouvés
par M. Léveteau, carrier, dans des fouilles opérées
au hameau de Bissay, commune d’Orlu, et fait une communication sur la possibilité
de rencontrer des objets intéressants pour l’archéologie dans
les mêmes parages. M. Léveteau a découvert des squelettes
et dans un champ voisin de celui où les fouilles ont été
opérées il existe des caveaux qu’il faudrait examiner.
La bague, d’après M. l’abbé Sainsot,
serait juive.
M. le Président demande à M. Amblard,
qui a visité les souterrains de Brétigny, s’il serait disposé
à faire le voyage de Bissay pour rendre compte à la Société
du terrain, de sa nature et de sa disposition.
M. Sainsot donne des renseignements sur les souterrains
du département, dont l’usage n’est pas encore strictement défini,
et M. Amblard raconte sa descente dans les souterrains de Brétigny.
Il est convenu qu’on demandera à M. Granger,
propriétaire à Auneau, de vouloir bien se rendre à Bissay,
pour examiner l’état des caveaux et des fouilles dont M. Léveteau
a entretenu M. Bellier de la Ghavignerie. […]
[p.139]
[…] Après l’adoption du procès-verbal,
M, Bellier de la Ghavignerie fait savoir qu’on a trouvé près
de Dourdan des squelettes dans des caveaux semblables à ceux du hameau
de Bissay. […] [p.140] […]
M. le Président lit une note de M. Granger,
d’Auneau, sur les fouilles exécutées au hameau de Bissay, et
le rapport détaillé de M. Benoît sur les mêmes
fouilles.
«J’ai l’honneur de vous informer que, le 21 avril dernier, M. Benoît
et moi nous nous sommes acquittés de la mission que vous avez bien
voulu nous confier.
«Grâce à l’obligeance de M. Leveteau, qui avait fait
pratiquer des fouilles avant notre arrivée, nous avons visité,
en compagnie de plusieurs amateurs, les ruines qui se trouvent dans la plaine,
entre Orlu et Bissay. Le sol est jonché de débris de tuiles,
de poteries et de pierres qui semblent provenir d’anciennes constructions.
On voit aussi çà et là des dépôts de cendre,
de charbon, de coquilles d’huîtres et de moules. Ces huîtres,
dont se délectaient peut-être les fins gourmets de l’époque
romaine, arrivaient probablement par eau dans cette contrée, car une
ancienne tradition du pays rapporte qu’autrefois il y avait un cours d’eau,
d’une certaine importance, dans une dépression de terrain qu’on voit
encore, et que ce cours d’eau aboutissait à la vallée de Ghalou-Moulineux,
se dirigeant vers Etampes.
«Nous avons vu d’abord une fouille de 2 mètres
1/2 de profondeur, sur environ 8 mètres carrés de superficie,
entourée de maçonnerie en mortier de chaux. C’était
peut-être l’emplacement d’une cave romaine, où l’on déposait,
dans une épaisse couche de sable, les grands vases en poterie qui
renfermaient le vin. Comme on a déjà trouvé sous le
sol plusieurs ruines de constructions de ce genre, cela semble indiquer qu’il
y avait, dans cette contrée, une agglomération d’habitations
romaines qui n’était pas sans importance.
«Nous sommes descendus ensuite dans un puits
creusé dans le roc, que M. Leveteau n’avait pu, faute de temps, faire
déboucher qu’à 7 ou 8 mètres de profondeur, et nous
avons remarqué, dans les parois, une petite ouverture ovale dont la
destination est assez difficile à expliquer et qui communiquait peut-être
avec une galerie voisine.
«Puis nous avons visité une troisième
fouille ayant 5 à G mètres de profondeur. Elle donne accès
à des galeries taillées [p.141] dans la marne crayeuse, se croisant
dans différents sens et reliées entre elles par des passages
très étroits qu’on ne peut traverser qu’en rampant. Il y a
dans ces galeries beaucoup d’ossements d’animaux, provenant sans doute des
repas des hommes qui les ont habitées. On y a trouvé également
un crâne humain.
«A Bissay, on nous a montré un jardin
où l’on a découvert, il y a une vingtaine d’années,
13 kilogrammes de médailles et de monnaies romaines, que j’ai vues
à cette époque et qui ont été achetées,
je crois, par M. Charpentier, antiquaire chartrain.
«Nous nous attendions aussi à voir
des ruines de bains romains; sur ce point notre espoir a été
déçu. Il faudrait peut-être pour cela faire de nouvelles
recherches; mais nous avons été arrêtés par la
dépense, quand nous avons su que la somme de trente francs, que vous
avez bien voulu nous promettre, était déjà quelque peu
dépassée.
«Il me paraît inutile. Monsieur le
Président, de vous donner ici de plus amples renseignements, parce
que M. Benoît a fait sur ce sujet un rapport qui me paraît bien
suffisant pour donner une idée de l’intérêt qu’on doit
porter à ces vestiges du passé.
«Permettez-moi cependant d’ajouter quelques
observations. On n’a peut-être pas attaché, jusqu’à présent,
assez d’importance à ces galeries souterraines qu’on trouve sur bien
des points de la France et notamment dans la Beauce. La contrée que
nous avons visitée est en partie minée sur une étendue
de plusieurs kilomètres carrés. Ces galeries qui se croisent
dans tous les sens communiquent souvent avec les puits communaux. C’est ainsi
que celles de la plaine de Bissay, qui sont à plusieurs étages,
aboutissent au puits d’Orlu, à une profondeur de 14 mètres
environ. M. Chantalou, cultivateur dans cette commune, qui nous a fait un
gracieux accueil, nous a dit qu’on y circulait facilement. Il y a quelques
années, plusieurs habitants d’Orlu s’y sont même perdus et y
ont erré pendant quelques heures, au point qu’on commençait
à en désespérer, ce qui pourrait rappeler un peu le
fameux épisode des catacombes de Rome. M. Chantalou a ajouté
que, dans le petit parc attenant à sa ferme, il y a des galeries du
même genre. Parfois il a trouvé des pierres plates auxquelles
on n’attachait
aucune importance; en les retirant, on s’apercevait qu’elles [p.142] recouvraient le
haut d’un trou disposé en forme d’entonnoir renversé et destiné
sans doute à donner passage, au-dessus des galeries, à l’air
et à la fumée.
«A Bissay même, il y a aussi un grand
nombre d’excavations où l’on peut circuler facilement; nous n’avons
pu les visiter, parce que le propriétaire de la maison qui y donne
accès était absent.
«Il existe aussi à Anneau, surtout
aux alentours du château, des caves et des souterrains se dirigeant
de différents côtés, qui n’ont pas été
suffisamment explorés. Il y a quelques années, cette commune
a fait forer, d’après le système artésien, un ancien
puits qui paraissait très solidement construit. Quelque temps après
l’achèvement des travaux, les tringles de la pompe se sont rompues,
ce qui provenait de ce que la maçonnerie était descendue de
30 à 40 centimètres, d’un seul bloc et en s’inclinant. En examinant
la crevasse circulaire qui s’était formée, on a vu que le puits
traversait un souterrain se dirigeant obliquement sous la place du Marché.
«Dans un hameau voisin, à Dillonvilliers,
commune de La Chapelle, il y a un puits communal qui autrefois s’emplissait
au moment des fontes de neige ou des grandes pluies. Peu de temps après,
on entendait un bruit aussi fort qu’un coup de canon, et l’eau disparaissait
tout à coup. Cela provenait sans doute de ce qu’il y avait des galeries
communiquant avec le puits par un passage étroit et que l’air était
d’abord refoulé par l’eau qui descendait en masse; à un moment
donné, cet air trouvant une issue faisait place à l’eau qui
envahissait les souterrains.
«A Chartres, la partie de la haute ville
qui borde la vallée renfermait beaucoup de caves et de souterrains.
Ne peut-on pas supposer que la grotte dédiée par les Druides
à la Vierge qui devait enfanter faisait autrefois partie d’un ensemble
de galeries souterraines, semblables à celles qu’on trouve en beaucoup
d’endroits du pays des Carnutes?
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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«On
attribue souvent à l’existence d’anciennes marnières les affaissements
du sol, qui se produisent parfois dans une plaine, sur un espace restreint;
mais il peut arriver aussi qu’au lieu d’une marnière on se trouve
en présence de ces anciennes galeries souterraines dont nous parlons.
«On peut se demander quelle était
la destination de ces [p.143] nombreux souterrains qu’on trouve dans différentes contrées,
surtout dans celles dont le sol crayeux pouvait être fouillé
sans grand danger? Ils servaient probablement de refuge en cas de guerre.
C’est l’opinion émise par M. de la Vallière dans un article
intéressant publié par la Société Dunoise (Les
Galeries souterraines des Carnutes dans la Gaule centrale). César
dit des Gaulois (De bello gallico) qu’ils sont très habiles
dans le percement des souterrains; et Tacite (Germ.): Solent et subterraneos
specus aperire, si quando hostis advenit aperta populatur; abdita autem et
defossa aut ignorantur, aut eo ipso fallunt quod quaerenda sunt. Comme,
autrefois, nos contrées étaient couvertes de forets, il était
facile de cacher l’entrée de ces souterrains.
«Ces galeries ont sans doute été
utilisées par les Gaulois pour résister à la conquête
romaine; mais, sans parler de l’homme préhistorique, elles doivent
être bien antérieures à cette époque. M. de la
Vallière les fait remonter à 3,000 ans. En effet, les petites
peuplades qui occupaient notre sol dans ces âges reculés devaient
être, comme celles qui habitent l’Afrique actuellement, presque toujours
en guerre les unes avec les autres, et celles qui étaient les plus
faibles devaient se retirer avec leurs bestiaux dans des galeries souterraines
pour se soustraire à leurs vainqueurs et vivre à la façon
des Troglodytes. Il est probable cependant qu’elles ne menaient cette vie
de troglodytes que le temps nécessaire pour laisser passer le flot
de l’invasion.
«On voit encore sur les parois de ces galeries
l’empreinte des volailles et des animaux qui s’y trouvaient renfermés,
et c’est ce que nous avons remarqué nous-mêmes à Bissay,
au bout d’une galerie que nous avons visitée.
«Il y avait dans ces souterrains, qui n’avaient
souvent que 1 m 20 de large sur 1 m 50 à 2 mètres de hauteur,
un système de défense habilement combiné. Il n’y avait
pour passer de l’une dans l’autre qu’un conduit étroit qu’on ne pouvait
traverser qu’en se mettant à plat ventre. En outre, de petites ouvertures
étaient placées de distance en distance, afin qu’une sentinelle
invisible pût massacrer l’envahisseur d’un coup de pique. Nous avons
vu à Bissay l’entrée d’une galerie murée en partie,
sans doute pour ménager la place d’une sentinelle. Tout cela est fort
bien expliqué dans l’article de M. de la Vallière, avec un
petit plan à l’appui. [p.144]
«Je craindrais de vous importuner, Monsieur
le Président, si je vous entretenais plus longtemps de notre visite
à Bissay et à Orlu; mais, tout en n’ayant nullement la prétention
de vous apprendre quelque chose de nouveau, je vous demanderai la permission,
avant de terminer, d’appeler l’attention des amateurs d’archéologie
sur l’intérêt qui s’attache à ces grottes vingt ou trente
fois séculaires. Il y a là, pour ceux qui étudient le
passé, un vaste champ d’exploration. Ces recherches occasionneraient
sans doute quelques frais, mais, au point de vue de l’archéologie,
la dépense serait largement compensée par le résultat.”
Suit le rapport de M. Benoît.
«Le jeudi 21 avril 1887, nous partîmes
d’Auneau avec M. Granger, comme membres de la Société archéologique,
dans le but, comme vous le savez, de visiter des galeries souterraines qu’on
nous avait dit exister sur la commune d’Orlu, canton d’Auneau.
«En arrivant dans celte localité,
nous nous mîmes en rapport avec M, Chantalou. cultivateur, lequel paraît
s’intéresser beaucoup à ce qui faisait l’objet de notre voyage.
Il nous accompagna à Bissay, hameau de cette commune, dont il est
éloigné d’un kilomètre vers l’est.
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«Là,
M. Leveteau nous attendait. Il avait fait procéder à des fouilles
que nous devions visiter. Il nous conduisit sur la partie nord du plateau
situé entre Orlu et Bissay. En traversant cette plaine, nous remarquâmes
nombre de débris de tuiles et de poteries romaines, ramenées
à la surface par les instruments aratoires.
«La première fouille que nous avons
vue mettait à nu une espèce de construction rectangulaire mesurant
2 mètres de largeur sur 4 mètres de longueur, et 2 à
3 mètres de profondeur, close d’un mur de 0 m 40 d’épaisseur,
en maçonnerie de pierre, chaux et sable, dont un échantillon
est adressé en même temps que cette note. Le sommet du mur,
côté ouest, était évasé du dedans au dehors.
Le plancher, extrêmement dur, n’était autre que le sol caillouteux
et argileux du pays. C’est sur ce sol surtout qu’on rencontre les pièces
de monnaie romaine, des morceaux de verre dont la surface est altérée
et laisse se détacher dos pellicules blanches, des [p.145] morceaux de fer
complètement oxydés et représentant des fragments d’instruments,
des clous, douilles, serrureries, du charbon, des cendres, des os, etc.,
etc.
«Ces espèces de constructions ont
été comblées par delà terre végétale
renfermant aussi beaucoup de débris semblables à ceux relatés
ci-dessus, plus des morceaux de vases et de tuiles d’origine romaine. Il
paraît qu’il existe sur ce plateau un grand nombre de constructions
de ce genre.
«La deuxième fouille, de 8 mètres
de profondeur, avait été faite sur un ancien puits. Nous y
sommes descendus. Les trois premiers mètres sont percés dans
la terre arable, c’est plutôt un remblai. Vient ensuite, jusqu’au fond,
le roc qui a été taillé et dont les parois sont très
lisses par suite de frottement. Il n’y a pas trace de maçonnerie.
Il est certain que, si la fouille avait été poussée
plus profondément, une ou plusieurs galeries auraient été
mises à jour. Le diamètre de ce puits est de 1 m 50.
«Une chose remarquable nous a fort intrigués:
on rencontre, au nord-ouest, dans la paroi qui cintre ce puits, à
5 m 50 au-dessous de la partie supérieure du roc, un trou de forme
elliptique, mesurant près de 0 m 20 de grand axe vertical, et environ
0 m 10 de petit axe horizontal. Cet orifice est arrondi sur les bords, et
il s’enfonce en contournant par une pente douce dans l’épaisseur de
la paroi rocheuse. Une baguette flexible y a été enfoncée
plus d’un mètre, sans rencontrer de résistance. Il n’est pas
à supposer qu’un animal ait pu creuser un tel conduit dans le rocher.
Alors à quoi servait-il et où aboutit-il?
«Nous sommes revenus ensuite à Bissay.
Deux sondes avaient été inutilement faites pour trouver des
galeries souterraines qu’on savait y exister. Une troisième donna
des résultats plus heureux. Elle avait 6 mètres de profondeur
et tomba juste sur une galerie. Une partie se dirigeait vers le nord sur une
profondeur de 7 à 8 mètres, et était terminée
par une petite salle circulaire de 2 mètres de diamètre, sur
les parois de laquelle on semblait voir comme des marques nombreuses de griffes
d’animaux. La suite de cette galerie se dirigeait vers l’ouest, par un passage
étroit en pente, où il fallait ramper l’espace de quelques
mètres, par suite de l’éboulement des terres de la sonde, pour
arriver dans un couloir plus spacieux sur lequel s’embranchaient deux autres
voies se dirigeant [p.146] au sud et se rejoignant à peu de distance. La voie, longue
de 6 mètres environ, était obstruée par un éboulement
de terre.
«On y a trouvé un grand nombre d’os
et une tète humaine qui est tombée en poussière lorsqu’on
y a touché. Ces os appartiennent pour la plupart à de grands
animaux, mais on en trouve aussi ayant appartenu à de petites espèces.
«A 30 mètres au sud, M. Leveteau,
en nivelant un terrain pour faire un jardin, a découvert, à
0 m 50 de profondeur, sur une surface de quelques mètres carrés,
huit squelettes d’hommes occupant diverses positions. Il y en avait un plus
grand nombre, mais les fouilles n’ont pas été poussées
plus profondément. Le sol était couvert de cendres et de parcelles
de charbon dans lequel on reconnaissait, à la loupe, de la paille
brûlée.
«D’après ce que nous avons vu et
les rapports qui nous ont été faits, lesquels paraissent justifiés
par les tassements ou les effondrements que l’on rencontre, le plateau situé
entre Orlu et Bissay, et pouvant avoir plus d’un kilomètre carré,
doit être sillonné, à une profondeur de 6 mètres
et pins, de galeries souterraines ayant une largeur variable de 1 m 10 à
1 m 60, et une hauteur de 1 m 40 environ.
«Sous le hameau de Bissay, plusieurs personnes
présentes nous ont déclaré en avoir parcouru qui avaient
près de 2 mètres de hauteur et paraissaient s’étendre
très loin. A notre regret, nous n’avons pu les voir, le propriétaire
de la descente étant absent. Les mêmes personnes nous ont affirmé
qu’il en existe aussi dans la direction de Oisonville et de Granville-Gaudreville,
et nous ont signalé Mérouville où un collectionneur
est resté trois mois.
«De retour à Orlu, M. Chantalou nous
a montré, à 50 mètres à l’est de ce village,
un orifice de puits qui a été comblé, et, à quelques
mètres de là, vers le sud, un effondrement du sol à
côté duquel se trouve un trou de 0 m 60 de diamètre communiquant
avec des galeries se dirigeant sous Orlu. C’est dans ces souterrains que
la population cacha ce qu’elle avait de plus précieux lors de l’invasion
en 1870. On n’en soupçonnait pas l’existence avant cette époque.
«M. Chantalou nous a déclaré
avoir vu dans le puits communal d’Orlu une galerie qui y aboutit à
14 mètres de [p.147] profondeur et qu’il a parcourue. Il croit qu’il doit y avoir
trois galeries superposées qui débouchent dans ce puits. Il
a découvert également des galeries sous le petit parc attenant
à ses bâtiments et a trouvé une collection de médailles
romaines et autres, ainsi que d’autres objets intéressants dans les
terres avoisinant sa ferme. II nous a appris que des espèces de cheminées,
en forme de pyramides, existaient par endroits et communiquaient des galeries
à la surface du sol où elles étaient recouvertes par
une pierre plate. Elles servaient probablement à l’aération
ou au passage de la fumée.
«De ce voyage trop court nous retenons deux
faits importants:
«Le premier, c’est que le plateau d’Orlu
à Bissay doit avoir été occupé dans sa partie
supérieure par les Romains, qui y ont laissé la trace d’un séjour
prolongé, justifié par des constructions, des débris
et des restes de toutes sortes.
«Le deuxième, c’est que les galeries
souterraines de ce plateau, variant d’une profondeur de 6 mètres à
Bissay, partie la plus basse du dit plateau, jusqu’à 14 mètres
à Orlu qui en occupe le sommet, ont dû servir, d’après
les restes qu’on y trouve. nous n’osons pas dire d’habitation, mais de refuge
à l’homme, à une époque que nous ne pouvons préciser,
mais antérieure à la conquête de la Gaule par Jules César,
puisqu’on n’y rencontre aucun vestige de l’occupation romaine.»
M. l’abbé Sainsot croit qu’il serait bon
de consulter et d’avertir M. de la Vallière, qui s’occupe principalement
de ces substructions et qui pourrait peut-être y trouver d’utiles indications
pour la solution qu’il cherche. A Dambron, il y a des souterrains parfaitement
établis avec de nombreuses ramifications aboutissant à une
chambre circulaire dans laquelle il existe une mangeoire. En 1870, on a vu
sortir de la fumée de ces souterrains.
M. Bellier de la Chavignerie donne des renseignements
sommaires sur les souterrains de Berchères-les-Pierres et de Dourdan.
M. Merlet demande si l’Assemblée pense
qu’il faille continuer les fouilles. [p.148]
Il est prié d’écrire à M.
Granger pour avoir des détails sur le prix des fouilles.
Une somme de 100 francs est mise à la disposition
de M. Granger pour la continuation des fouilles.
M. l’abbé Sainsot parle des nombreuses
excavations existant à Terminiers et dans les environs, excavations
mal connues, mais qui ont autrefois, dans les guerres, servi de refuge aux
populations. […]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
|
[…] [p.148] […] SÉANCE PUBLIQUE DU 15 MAI 1887. Présidence
de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. L’assistance était
brillante. La salle était presque pleine, et la plupart des personnes
présentes se faisaient d’avance un plaisir d’entendre M. Sully-Prudhomme.
A deux heures un quart, le Président et le Conférencier sont
entrés dans la salle, suivis par MM. Barois et l’abbé Pouclée,
vice-présidents, et par M. Caillot, secrétaire. M. le Président
a pris la parole en ces termes: […]
[p.150] […] Tous ces travaux sont plutôt du
domaine de l’histoire que de celui de l’archéologie pure. Le vieux
sol des Druides doit pourtant receler plus d’un filon précieux. Jusqu’ici
nous avions hésité à nous lancer dans cette voie des
fouilles et des recherches préhistoriques; on y est exposé
à tant d’erreurs! Mais on nous parlait sans cesse de ces caves, de
ces souterrains interminables qui se rencontrent sur presque tous les points
de notre territoire. Il y a quelques mois, une occasion [p.151] s’est offerte de
visiter ceux de Brétigny, auprès de Sours, et on a pu constater
qu’ils semblaient véritablement avoir dû servir de demeure ou
plutôt de retraite à des populations primitives. Tout récemment,
on nous a sollicités d’explorer de longues galeries souterraines qui
se trouvent à Bissay, auprès d’Orlu; là, comme à
Brétigny, on a reconnu des traces de l’habitation humaine; on nous
a dit même qu’on y a découvert depuis notre visite des ossements
incontestablement travaillés par l’homme. Nous avons pensé
qu’il fallait tacher d’avoir le dernier mot de ces cités souterraines
qui souvent, dit-on, s’étendent d’un village à l’autre, et
nous avons résolu de continuer à Bissay des fouilles qui peut-être
nous livreront le secret de ces étranges retraites. […]
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[…] [p.153] […] SÉANCE PUBLIQUE DU 9 JUIN MAI 1887. Présidence
de M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures un quart. Sont présents: MMM. Merlet, barois,
Caillot, Buisson, Granger et abbé Lecomte. […] [p.154] […] Granger
fournit quelques explications sur un plan qu’il a communiqué des fouilles
d’Orlu et fait remarquer que les distances n’y sont pas indiquées exactement.
Il espère pour la prochaine séance en fournir un absolument
régulier. […]
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SÉANCE DU 7 JUILLET 1887. Présidence de
M. Merlet. — M. Escoffier, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, Escoffiier,
Bourdel, Buisson, Petrot, Muset, Hüe, Chevallier-Rufigny, Sauton, Granger
et Benoît, abbés Lecomte, Provost et Hénault. […]
M. le Président donne lecture de la correspondance
et signale particulièrement à l’attention de l’assemblée:
[…] 3° Une lettre de M. Granger, d’ Anneau, sur les fouilles
de Bissay et Vierville:
«J’ai l’honneur de vous informer que, mercredi
dernier, M. Benoît et moi, accompagnés de quelques amateurs,
nous avons fait une nouvelle excursion à Orlu et dans les environs.
[p.155]
«En passant à Vierville nous avons
visité des galeries, comblées en partie et où il y a
quelques travaux d’art. Elles se dirigent sous l’église et semblent
se prolonger dans la plaine. Nous avons en outre visité d’autres galeries,
dans la même localité, par une ouverture faite la veille de
notre voyage et qui n’était autrefois qu’un de ces anciens conduits
d’aération recouverts d’une pierre plate, tels qu’on en trouve souvent
dans ces contrées.
«A Orlu nous avons parcouru les galeries
qui communiquent au puits communal afin de voir par nous-mêmes si la
description qu’on nous en avait faite était exacte. C’est une excursion
qui n’est peut-être pas sans danger: car il nous a fallu, sur une longueur
de plus de 60 mètres, nous traîner péniblement sur les
genoux et traverser des galeries effondrées ayant à peine 80
centimètres de hauteur et dont la largeur avait parfois deux ou trois
mètres. Mais ce n’était encore rien: il y avait en outre deux
ou trois passages tellement étranglés qu’il suffisait d’une
pierre se détachant des parois pour qu’on se sentît oppressé
entre le sol et la voûte. On était pour ainsi dire obligé
d’emprunter aux taupes leur moyen de locomotion et de descendre la tête
la première; puis, pour plus de commodité, il fallait tenir
une chandelle à la main, une boussole ou un décamètre.
Aussi je me demandais comment ceux qui, il y a quelque temps, ont ouvert
la voie les premiers, ont eu le courage d’aller jusqu’au bout. Ne serait-on
pas tenté de leur appliquer ces vers bien connus:
Illi robur et aes triplex
Circa pectus erat.
«Il est vrai
qu’une fois ce Tartare traversé on arrive, non pas précisément
aux Champs-Elysées, mais dans des galeries d’une centaine de mètres
de longueur dont plusieurs sont spacieuses et permettent de respirer à
l’aise. On y circule facilement, si ce n’est que le sol est très humide
et qu’on patauge dans la boue. On voit çà et là d’immenses
sièges en pierre, taillés dans le roc et dont la surface plane
et horizontale indique le travail de l’homme. Il y a même une salle
très spacieuse, de forme ovale, dont le haut représente, grossièrement
il est vrai, un plafond orné d’une corniche. Où diantre le luxe
allait-il se loger à ces époques reculées? [p.156] Quoique l’extrémité
de ces souterrains soit comblée, on y respire à l’aise: ce
qui semblerait indiquer qu’il y a quelque communication avec le dehors au
moyen de fissures imperceptibles.
«On n’a pas trouvé, jusqu’à
présent, beaucoup de choses intéressantes dans les différentes
galeries que nous avons visitées: ce qui peut provenir de ce que souvent
on a bien de la peine à se frayer un passage et qu’on n’a pas le temps
de fouiller le sol à une certaine profondeur. Quoi qu’il en soit,
les nombreux sièges taillés dans le roc, les débris
de ferraille, les murs de pierre construits, en certains endroits, pour intercepter
le passage, les nombreux ossements de bœuf, de cheval, de mouton, etc., qu’on
trouve en certaines galeries prouvent incontestablement que l’homme les a
habitées.
«Comme je ne veux pas empiéter sur
les attributions de M. Benoît qui doit vous envoyer un rapport détaillé
et des plans, je vous ferai seulement observer qu’il y a quelques inexactitudes
dans le plan que je vous ai remis et qui était la copie de celui de
M. Chantalou. Ces inexactitudes sont bien excusables quand il s’agit de relever
des mesures en faisant une excursion dans des souterrains où l’on
a de la peine à passer. La longueur totale des galeries du puits d’Orlu
est de 200 mètres environ au lieu de 300 mètres.
«Avant de terminer, je veux vous dire un
mot de notre petite comptabilité. Les cent francs votés par
la Société sont encore à peu près intacts. Nous
avons l’intention d’en profiter pour faire ouvrir de nouvelles galeries, notamment
celles qui se dirigent sous l’église d’Orlu et celles de Bissay, encore
inexplorées, et qui ont, dit-on, beaucoup de rapport avec les souterrains
dont parle M. de la Valière.
«On prétend également qu’il
y avait deux camps romains, l’un à Bissay, l’autre à Léthuin,
qui étaient reliés par une communication souterraine; peut-être
pourrait-on, en faisant quelques recherches, retrouver ce passage.
«Il y a encore d’autres choses intéressantes
à visiter dans les environs. Tout en ménageant les ressources
de la Société, nous avons l’intention de faire de nouvelles
excursions dont nous vous rendrons compte.» [p.157]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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Ensuite
la parole est donnée à M. Benoît, qui lit le rapport
suivant, résumant les travaux faits jusqu’ici à Bissay, Orlu
et Vierville:
«Le mercredi 29 juin 1887, M. Granger et
moi sommes partis d’Auneau avec l’intention de voir de nouvelles galeries
souterraines existant à Vierville et à Orlu, canton d’Auneau.
«A Vierville, nous descendîmes chez
M. Mainfroy, maréchal-ferrant, où nous fûmes rejoints
par M. Jules Lazare, Ingénieur de l’École Centrale, et M. Bigotteau,
vétérinaire, tous deux d’Auneau, et qui avaient bien voulu
nous accompagner dans notre voyage. Étaient présents aussi
MM. Chantalou, cultivateur à Orlu, et Levéteau, entrepreneur
à Bissay, même commune.
«Nous visitâmes d’abord un souterrain
situé chez M. Mainfroy. L’entrée de ce souterrain, découvert
il y a environ 30 ans, en arrachant un arbre, est située vers le nord-est,
et s’enfonce par une pente rapide à 4 mètres de profondeur
en tournant à l’ouest. La galerie, creusée comme tout le reste
dans un sol de pierre calcaire argileux, s’incline au nord pour former une
salle circulaire de 2 mètres de diamètre et 2 mètres
de hauteur.
«Elle prend ensuite une direction ouest
sud-ouest par un couloir de 1 mètre environ de largeur, 1 m 80 de
hauteur, conduisant, par trois marches taillées dans le sol, à
une espèce de salle longue de 8 mètres, large de 3 mètres
et haute de 2 m 50. Vers l’une des extrémités de cette salle,
on trouve un conduit commençant à 1 mètre du sol, d’une
largeur de 70 centimètres, d’une hauteur de 80 centimètres,
comblé de terre à 2 ou 3 mètres de son ouverture et
se dirigeant vers l’église.
«Un peu plus loin, est une porte cintrée
de 1 m 20 de largeur, sur prés de 2 mètres de hauteur, percée
dans un mur séparant la première salle d’une autre presque
comblée de terre. Cette dernière est close par des murs en maçonnerie
de pierre et mortier de chaux et sable, ainsi que le mur où est la
porte. A 3 mètres de la porte, presque à la voûte, se
trouve une petite ouverture rectangulaire, avec contour en pierre de taille,
ayant 20 centimètres de largeur, 40 centimètres de hauteur
et 30 de profondeur. La [p.158] galerie se prolonge de 4 ou 5 mètres et est comblée
par un éboulement.
«Là s’arrête la visite de ce
souterrain, dans lequel on n’a rencontré aucun débris.
«Dans la partie supérieure du terrain,
M. Levéteau nous a déclaré qu’en réparant, cette
année, les murs et les piliers de l’église, il avait trouvé,
à plus de 1 mètre de profondeur, des amorces de galeries se
dirigeant de l’église vers le sud-ouest.
«Cette visite nous a inspiré les
réflexions suivantes:
«Les galeries sont identiquement creusées
comme celles que nous avions visitées précédemment à
Bissay et doivent avoir une même origine.
«Quant à la dernière salle.,
la porte cintrée, les murs de maçonnerie, nul doute que l’appropriation
et la construction ne soient d’une date beaucoup plus récente.
«Nous nous rendîmes ensuite chez M.
Fanon, aussi à Vierville. Ce propriétaire nous déclara,
qu’en 1878, un maçon, qui remuait de la terre dans son jardin, trouva
une pierre plate qu’il enleva; elle recouvrait une cheminée s’enfonçant
verticalement dans le sol et formant un conduit d’une section de 20 centimètres
carrés environ.
«Des fouilles furent faites pour savoir
où aboutissait cette espèce de cheminée. Elle était
construite en pierres sèches, sur une profondeur de 1 m 50, tombait
sur une voûte de même nature de 80 centimètres de largeur
du nord-est au sud-ouest, de 1 m 30 du nord -ouest au sud-est, et descendait
jusqu’au sol d’une galerie sur une profondeur de 3 m 50.
«Nous descendîmes dans ce souterrain
par une échelle. On trouve, d’abord, une salle elliptique de 3 mètres
de largeur, 4 mètres de longueur et 1 m 80 de hauteur. La galerie
qui part de cette salle se dirige vers l’ouest en forme d’S allongée
sur une longueur d’environ 12 mètres, une largeur de 1 m 30 et une
hauteur de 1 m 67. On rencontre à 3 mètres de la cheminée,
un siège creusé dans la paroi. Le socle a 40 centimètres
de hauteur, sur une longueur de 1 mètre; la partie supérieure
du siège, de forme demi -elliptique, a 60 centimètres de profondeur,
et le dos de ce siège, qui a 80 centimètres, a la forme d’une
niche. — On remarque, au niveau du sol, aussi dans la paroi de la galerie,
un trou [p.159] demi-elliptique de 20 centimètres de largeur sur 12 centimètres
de hauteur, et s’enfonçant horizontalement vers le sud-est en décrivant
une courbe; une assez longue baguette a pu y être plongée. Est-ce
un trou creusé par un animal? Peut-être.
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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«La
galerie, avec les mêmes dimensions, fait une courbe et se dirige vers
le nord sur une longueur de 4 m 50. Arrivée là, la galerie
est complètement fermée par un mur en pierres avec mortier
d’argile. Au milieu et au bas de ce mur de 70 centimètres d’épaisseur,
se trouve un passage rectangulaire de 80 centimètres de largeur sur
50 centimètres de hauteur. Lorsqu’on a franchi ce passage, le souterrain
n’a plus que 75 centimètres de largeur, 1 m 80 de hauteur verticale
et se dirige vers le nord-est en s’élevant par une pente de 45 degrés
environ, sur une longueur de 7 mètres.
«En cet endroit, la galerie se dirige avec
une largeur et une pente à peu près égales à
l’ouest, avec une hauteur de 1 mètre et une profondeur de 6 mètres.
Alors on est en pleine terre franche éboulée, et on remarque
les racines de la luzerne qui occupe le sol près duquel on doit se
trouver. Ce devait être une entrée probablement secrète.
«Un peu plus loin, se trouve un passage
étroit de 60 centimètres de largeur, sur 80 centimètres
de hauteur et d’une longueur de 1 m 50 débouchant vers le ouest-nord-ouest
dans une salle de 3 mètres de long, 5 m 50 de large et 1 m 50 de haut.
Au fond de cette salle, vers l’ouest, est un commencement de couloir, presque
comblé et se dirigeant approximativement vers la sortie.
«Notre exploration est achevée.
«Les seuls débris retirés
de ces galeries consistent en ossements appartenant à de petites et
de grandes espèces d’animaux. On nous assure cependant qu’on y a ramassé
une défense semblable à celles du sanglier; mais il a été
impossible de la retrouver.
«L’examen de ces souterrains ainsi que de
tous ceux que nous avons visités jusqu’ici, nous a conduits à
remarquer qu’ils sont tous simplement creusés à une profondeur
plus ou moins grande, sans qu’il y ait aucun travail de consolidation pour
les parois et les voûtes; tandis que dans les parties qui s’approchent
du sol, on se trouve en présence de [p.160] murs et de voûtes en pierres
et mortier de terre parfaitement construits, pour consolider les terrains
mouvants.
«Le souterrain de M. Fanon est, dans son
petit développement, le plus complet que nous ayons trouvé
jusqu’à ce jour. Il est parfaitement conservé et digne d’être
visité par des personnes compétentes.
«Nous avons dit, dans notre premier rapport
sur les galeries découvertes à Bissay, et d’après ce
que nous avions vu, qu’elles avaient dû servir, nous n’osions pas affirmer
d’habitation, mais de refuge à l’homme. Ici, ne peut-on pas aller
plus loin, et admettre l’hypothèse d’une habitation momentanée
au moins en même temps que celle de refuge? Car à quoi devaient
servir la cheminée d’aération et ce que nous avons appelé
le siège, si ce n’est à un séjour un peu prolongé.
«Quant au mur qui ferme la galerie ainsi
que le passage qui y est ménagé, on se trouve nécessairement
en présence d’un moyen conçu pour la défense.
«Nous quittâmes Vierville, et bientôt
nous fûmes à Orlu où nous devions visiter les galeries
du puits de ce village.
«MM. Chantalou et Levéteau installèrent,
au-dessus du puits, deux tréteaux avec un treuil et un câble,
et à une profondeur de 15 mètres un pont avec des planches,
lequel débouchait dans la galerie que nous devions explorer.
«Notre petite caravane, composée
de six personnes, fut bientôt descendue. Munis de bougies, nous nous
partageâmes les différents postes. MM. Levéteau et Bigotteau
formaient l’avant-garde et exploraient le terrain; MM. Granger et Jules Lazare
tenaient le décamètre et chacun une boussole avec lesquels ils
devaient mesurer l’axe et les angles; enfin, à l’arrière-garde,
M. Chantalou qui me fournissait les explications dont j’avais besoin, et
votre serviteur qui, aussi avec sa boussole, s’était chargé
de noter les cotes des lignes et des angles nécessaires pour dresser
le plan.
«Du point A, on pénètre dans
le souterrain par une galerie AB de 3 mètres de longueur, sur le pont
qu’on y a établi, lequel permet de franchir une large excavation existant
entre le puits et le point B. On laisse sur la droite, au point E, un couloir
inexploré. Sur la gauche, au point B, on remarque un couloir exploré
en partie et décrivant une courbe BCD. [p.161] Sa largeur est
de 75 centimètres, sa longueur de B en C de 14 mètres, le pilier
C’ de 1 mètre et l’autre partie CD de 10 mètres environ; à
l’extrémité se trouve un éboulement de calcaire au-dessus
duquel on aperçoit le prolongement du passage. La hauteur est d’environ
80 centimèt. On trouve 10 centimèt. d’épaisseur de gravier
déposé sur le sol de cette petite galerie dont les parois sont
de nature calcaire. La surface du dépôt étant bien régulière
laisserait supposer que l’eau a dû y couler lentement et y séjourner.
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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«Revenons
au point B, et suivons l’axe du souterrain: Nous traversons d’abord une salle
BF communiquant avec la galerie GI par un passage étroit de 70 centimètr.
de large et 50 centimètr. de haut. En quittant le point G, deux couloirs
inexplorés, l’un à droite au point G’ et l’autre, un peu plus
loin, à gauche, au point H. La galerie GI, malgré les débris
jonchant le sol, peut être assez aisément parcourue; on la quitte
en rampant par un passage très étroit IJ de 60 cent. de largeur
et 40 centimètr. de hauteur, en pente roide de I et J vers I’ situé
beaucoup plus bas.
«La salle JL est difficile à franchir
à cause de l’effondrement de la voûte et des parois. Vers le
milieu, il existe en K, au plafond formé d’un banc de pierres, un
trou à peu près elliptique de 60 cent. de grand axe et 30 centimètres
de petit axe, communiquant à une salle supérieure élevée,
dans laquelle débouchent des galeries qui ont été parcourues
à quelque distance par M. Chantalou.
«Au point L, nous sommes forcés de
[p.162] ramper difficilement par le couloir LM plus étroit encore
que le précédent et construit comme lui. Nous traversons les
salles MN et NO assez spacieuses, dont le sol est encore encombré
de pierres, mais où la marche est moins difficile à cause de
la voûte un peu plus élevée. La galerie OP est assez
malaisée à franchir, elle s’élève de vers 0’
pour descendre vers P.
«Enfin à partir du point P, nous
respirons; le souterrain a 2 mètres de hauteur. Le sol est un peu
humide mais uni, et, pour la première fois, notre exploration se fait
sur les pieds; c’est maintenant une promenade. Nous parcourons un couloir
PQ qui est, comme toutes les galeries suivantes, encaissé entre des
parois formées de bancs de pierre brisés. On semble remarquer
sur le bord de plusieurs de ces bancs comme des entailles faites avec une
hache à lame épaisse. Nous traversons allègrement la
vaste galerie QR.
«Arrivés au point R, notre surprise
augmente, car nous sommes arrêtés par un mur épais de
80 centimètres construit en pierres avec mortier de terre et fermant
presque la galerie. Le passage libre a environ 60 centimètres de largeur.
Une grosse pierre R’ de 60 centimètres sur 80 centimètres a
dû être extraite d’un trou placé à côté
de la place qu’elle occupe, dans le sol de la galerie. Elle semble avoir
été destinée à fermer le passage R’’.
«Nous parcourons ensuite la galerie RS qui
n’offre rien de particulier à signaler. Nous arrivons dans la salle
ST qui est la plus belle que nous ayons vue. Elle a 8 mètres sur 7
mètres et 3 mètres de hauteur. Le sol est uni et propre. Autour,
règne une espèce de banc de pierre U de 50 centimètres
de hauteur, sur une largeur variant de 1 à 2 mètres. Du côté
nord, il est brisé en partie. Les parois sont en pierres et le plafond
est un banc d’une seule pierre, dans lequel on remarque comme des raies régulières
dans le sens de la longueur; le plafond paraît joint aux murs par un
semblant de corniche.
«Nous quittons cette salle par la galerie
TX semblable aux précédentes. Au point X, nous montons, par
une galerie un peu plus étroite et assez rapide, vers le point Y où
un éboulement de terre nous arrête. La couleur de cette terre
nous indique que nous approchons du sol. [p.163]
«Ici se termine la moitié de notre
voyage long de 177 m 80; restait le retour. A ce moment, un bruit de voix
se fait entendre dans les galeries que nous venions de parcourir: c’était
M. le docteur Jamin, de Oisonville, conduit par un guide, et qui avait profité
de notre visite pour venir nous rejoindre.
«L’étude de ces galeries nous a conduits
à discuter plusieurs hypothèses sur leur origine: les uns prétendent
que les eaux, plus élevées autrefois qu’aujourd’hui, ont dû
former des souterrains, que des effondrements du sol, sur ces galeries naissantes,
ont dirigé l’homme qui les a creusées et appropriées
à ses besoins; d’autres, au contraire, à cause du grand nombre
de galeries qui doivent exister dans la contrée, pensent que l’homme,
ayant besoin de se protéger continuellement contre les dangers de
toute sorte qui l’entouraient, n’a pas hésité à creuser
ces refuges ou habitations dans les terrains propices et que les dépôts,
amenés par les eaux dans les galeries, ont suivi et non précédé
la création de ces souterrains. Aux personnes compétentes à
élucider la question.
«Il y a un point sur lequel notre avis à
tous a été unanime, c’est que l’homme a passé par là:
la disposition des différentes salles, la forme des passages organisés
pour la défense, peut-être les fragments de vase trouvés
dans la galerie QR, le mur surtout, bâti au point R, sont autant de
témoignages irréfragables que nos ancêtres ont vécu
dans ces lieux cachés.
«Nous n’avons qu’un regret, c’est celui
de n’avoir pu vous apporter un plus grand nombre des débris qui peuvent
se trouver dans ces souterrains. Nul doute qu’à part les ossements,
ils ne sont pas nombreux, car l’industrie humaine d’alors était peu
avancée; s’il en existe, ils doivent être enfouis sous les débris
qui couvrent le sol presque partout, et que nous n’avons pu étudier.»
Après ce rapport et sur la proposition
de M. le Président, des remercîments sont votés à
MM. Oranger, Benoit, Chantalou et Levéteau.
L’ordre du jour étant épuisé,
la séance est levée à quatre heures et demie. [p.164]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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SÉANCE DU 4 AOUT 1887.
Présidence de M. Merlet. — M. Caillot,
secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un
quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, Caillot,
Bellier de la Chavignerie, Blin, Bonnard, Brault, Buisson, Bourdel, Escoffier,
Granger, Guillon, Hüe, Muset, Petrot, abbés Pouclée, Glerval,
Haye, Hermeline, Lecomte et Sainsot. Le procès-verbal de la précédente
séance est lu et adopté.
M. le Président donne lecture d’une lettre
de M. Granger sur la réunion de Dourdan:
« L’excursion que la Société archéologique
de Rambouillet avait annoncée a eu lieu, le 10 juillet, à Dourdan.
Un certain nombre de membres des Sociétés de Versailles, Corbeil,
Étampes et Châteaudun avaient répondu à son invitation.
Il y avait aussi M. le marquis d’Hervey-Saint-Denis, membre de l’Institut,
le sinologue bien connu qui est professeur au Collège de France. Quant
à la Société Chartraine, j’étais seul pour la
représenter, ce qui sans doute était bien insuffisant; mais
il a fallu m’y résigner, parce que M. Benoît, qui devait m’accompagner,
avait été retenu ce jour-là par des visiteurs inattendus.
Cependant je ne tardai pas à m’en consoler lorsque je trouvai, à
la gare d’Anneau-Vendôme, trois compagnons de voyage: MM. Brossier,
Coudray et Lecesne, membres de la Société Dunoise, qui se rendaient
aussi à Dourdan.
«Immédiatement après un bon
déjeuner à l’hôtel de Lyon, la séance a commencé
au château, où M. Guyot, qui en est le propriétaire et
qui est un antiquaire distingué, nous a fait un excellent accueil.
«M. le comte de Dion, président,
a lu une intéressante notice de M. Merlet sur le prieuré de
Louye. Puis, dans l’allocution qu’il a prononcée, il a rappelé
que la Société de Rambouillet avait plus de cinquante années
d’existence. [p.165]
«M. Guyot nous a donné quelques détails
historiques sur le château de Dourdan, bâti sous Philippe Auguste.
[…]
«Ensuite, guidés par M. Guyot, nous
avons visité le château. […] On nous a montré les brèches
faites dans les murailles par l’artillerie de Henri IV, les souterrains où
ont été renfermés différents prisonniers.
«Puis, nous avons franchi le seuil du donjon,
ce seuil usé par le passage de tant de générations et
où l’on ne pouvait arriver autrefois que par un pont-levis. Dans le
sol de la vieille tour nous voyons l’entrée du souterrain, en [p.166] forme de siphon renversé, qui communiquait,
sous les fossés entourant le donjon, avec l’intérieur de la
place. C’est parce souterrain que les assiégeants, maîtres du
château, pénétrèrent dans la tour, grâce
à la trahison, et forcèrent le capitaine Jacques à se
rendre au maréchal de Biron. Il paraît que, par une autre branche
de ce souterrain, on pouvait, en plaçant quelques planches au-dessus
du puits, construit dans l’épaisseur des murailles, communiquer avec
la campagne, au moyen d’une galerie ayant plus de quatre kilomètres
de longueur et se dirigeant vers Sainte-Mesme. Je me demandais si le puits
d’Orlu et ses galeries que nous avons explorées dernièrement
ne faisaient pas partie autrefois de quelque forteresse et si ces galeries
n’avaient pas la même destination. Serait-ce une des extrémités
de la communication qui existait, dit -on, entre les deux camps romains d’Orlu
et de Léthuin? […]
«Après avoir exploré le château,
nous avons pris une voiture pour nous rendre à l’ancien prieuré
de Louye. La chapelle, qui est en ruine, devait être très belle.
La voûte, en forme de berceau, est en partie effondrée: des
pierres s’en détachent de temps en temps, surtout en hiver, mais la
visite de cette chapelle me semblait néanmoins bien moins périlleuse
que l’exploration du puits d’Orlu. […] [p.168] […]
M. Granger fait savoir qu’il n’y a rien de nouveau
pour les fouilles de Bissay. Seulement peu s’en est fallu qu’un accident
n’y arrivât. […] [p.169]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1887. Présidence de
M. Merlet, — M. Escoffier, secrétaire.
La séance est ouverte à trois heures un
quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer, Barois, abbé
Pouclée, Bellier de la Ghavignerie, Escoffier, Hue, Buisson, Jules
Courtois, Granger, Muset, Blin, Bourdel, Chevallier, abbés Renard,
Guérin, Sainsot, Provost, Hermeline et Haye. […]
M. le Président […]
fait ensuite le dépouillement et la lecture de la correspondance qui
comprend:
1° Une lettre de M. Granger sur les souterrains
du puits d’Orlu, concluant à une demande de crédit pour conserver
par une maçonnerie l’orifice de l’entrée de ces souterrains:
«J’aurais désiré dans le courant
de septembre vous informer qu’on a fait dans la plaine un forage qui permet
d’arriver facilement aux souterrains du puits d’Orlu.
«Je n’ai pas besoin de vous dire ce qu’il
a fallu à M. Levéteau et à M. Chantalou de courage et
de persévérance pour trouver dans la plaine le point qui correspond
précisément à l’extrémité de ces galeries.
L’accès en est si facile maintenant que les dames, qui généralement
passent pour plus curieuses que les hommes, y sont descendues en assez grand
nombre. On y parvient au moyen de deux échelles dont la première
[p.170] repose sur un palier permettant d’aborder facilement la seconde
partie du forage, qui est beaucoup plus étroit et qui aboutit à
un couloir en pente de 4 à 5 mètres de longueur. On remarque
çà et là, en descendant, des dépôts de
terre remuée qui font supposer qu’il devait y avoir en cet endroit
une entrée très spacieuse où aboutissaient d’autres
galeries dont l’entrée est bouchée.
«Celles que nous avons visitées étaient
éclairées au moyen de nombreuses bougies, ce qui produisait
un effet presque féerique. Dans le sol composé d’une couche
de sable de ravine, ayant une épaisseur moyenne de 1 mètre,
on a fait des sondages en différents endroits; on y a trouvé
des fragments de poteries grossières et de charbon de bois, des pierres
plates enduites, ainsi que quelques parties de la voûte, d’une matière
noirâtre ressemblant à de la suie. Nous y avons vu aussi l’empreinte
de quelques pas d’animaux, soit porcs ou moutons.
«Au premier abord, on serait tenté
de croire que ces excavations proviennent de l’extraction de la pierre à
une époque très reculée; mais, quand on considère
ces voûtes en forme de dôme et parfois ces plafonds qui, quoique
grossièrement faits, présentent cependant une apparence de
régularité; qu’en outre on voit ces galeries divisées
par un petit mur transversal avec une petite ouverture ménagée
dans le bas, que la pierre que nous avons trouvée à proximité
était sans doute destinée à boucher; quand on considère
enfin qu’il y a dans le puits, un peu plus bas que l’entrée actuelle
des souterrains, une large pierre usée et polie probablement par le
frottement des ustensiles qui servaient à puiser de l’eau, et qu’en
face on remarque également dans la maçonnerie du puits une
autre ouverture de galeries, bouchée imparfaitement au moyen de grosses
pierres, on ne peut s’empêcher de supposer que ces excavations n’ont
pas été ouvertes seulement pour l’extraction de la pierre.
«Je dois vous dire avant de terminer que
la nouvelle descente est tout à fait sur le bord d’un chemin rural.
Quoiqu’elle soit barrée et couverte, il peut cependant arriver que,
les terres se relâchant par suite des pluies d’hiver, il y ait quelque
éboulement au détriment du chemin. Gomme les deux côtés
appartiennent au môme propriétaire, on pourrait [p.171] peut-être
dépacer l’axe, ainsi que nous en parlions avec M. le Maire d’Orlu,
mais il serait préférable de faire un peu de maçonnerie
pour parer aux inconvénients qui pourraient se produire. Malheureusement
les cent francs sont épuisés: il y a même un petit excédent
de dépense. Aussi j’ai prié M. Levéteau de ne pas continuer
ses travaux jusqu’à ce que la Société ait avisé.
Quelques propriétaires de la contrée paraissent, il est vrai,
prendre quelque intérêt à ces fouilles, mais s’il fallait
leur demander quelque subvention je crois qu’on pourrait se fouiller comme
disent les Beaucerons.»
Consultée sur cette demande de crédit,
l’assemblée en a renvoyé le vote après communication
du devis de ce que pourrait coûter le travail proposé.
[…] [p.177]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1887. Présidence
de M. Merlet. — M. Escoffier, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Escoffier,
Bellier de la Ghavignerie, Hue, Buisson, Amblard, Blin, Gabriel, Granger,
Levéteau, Benoit, d’Amécourt, Poyer, Gallas, Jules Courtois,
Lagrue, et abbés Glerval, Gottereau, Hermeline, Glaireaux et Renard.
[…] [p.180] […]
Ensuite la parole est donnée à M.
Benoît qui fait, dans les termes suivants, de nouvelles communications
sur les souterrains d’Orlu et de Bissay:
«J’ai l’honneur de vous informer que, le
29 septembre 1887, nous avons fait, avec M. Granger, le voyage d’Orlu dans
l’intention de voir l’excavation faite au point Y (Voir le plan du souterrain
d’Orlu), pour communiquer avec la galerie, d’étudier le sol de ce
souterrain et de faire un nouvel examen des effondrements qui entourent Bissay.
«Grâce à la patience et à
la persévérance de MM. Chantalou et Levéteau, ils sont
arrivés à déterminer le point Y, extrémité
du souterrain. Là, ils ont percé une excavation à peu
près carrée de 3 mètres de côté, sur 6
mètres de profondeur. Craignant un éboulement, ils y ont fait
une plate-forme et ont continué le percement, en donnant seulement
1 mètre sur chaque face et en consolidant les terres avec des parois
en pierre et en mortier de chaux. Ils sont descendus ainsi environ 4 m 50
et se sont trouvés à l’extrémité de la galerie
qu’ils ont déblayée pour faciliter le passage.
«Notre descente effectuée, nous avons
revu les lieux que nous avions visités le 29 juin.
«Dans notre dernier rapport, nous vous exprimions
le regret de n’avoir pu apporter une plus grande quantité d’objets
anciens, mais nous ajoutions que s’il en existait, ils devaient être
enfouis sous les débris qui couvrent le sol presque partout, et que
nous n’avions pas eu le temps d’examiner.
«Il y avait pour nous un grand intérêt
à cette étude, car nous espérions trouver quelque chose
qui nous livrât le secret enseveli dans ces souterrains. Nous n’avons
pas été complètement déçus dans nos espérances,
mais il reste [p.181] encore beaucoup de points obscurs; nous en connaîtrons
bientôt quelques-uns.
«Notre examen s’est fait surtout de X en
P, dans la partie de la galerie facile à parcourir. Les parois ont
été visitées avec le plus grand soin, mais elles ne
nous ont rien dévoilé. Alors nous avons étudié
le sol.
«La partie supérieure est un peu humide.
La pioche a entamé difficilement un sol dur de quelques centimètres,
formé d’argile calcaire comme le sol de la contrée, mais non
de la galerie qui ne contient, dans cette partie, que des bancs de pierre.
Au-dessous, la bêche a pénétré dans une couche
de sable très pur de 50 centimètres et plus d’épaisseur.
Un grand nombre de sondages ont été faits dans la galerie parcourue,
soit au milieu, soit sur les côtés, ils ont tous donné
le même résultat. Le sable s’arrête aux parois.
«Trois foyers ont été découverts,
l’un à l’entrée de la galerie, les deux autres de S en P. Leur
présence est attestée par le charbon qu’on y a trouvé,
et les foyers en pierre noire et brûlée, placés sous
la couche dure dont nous venons de parler.
«Vous savez, Monsieur le Président,
que dans le dernier rapport, deux hypothèses avaient été
émises sur l’origine de ces galeries: les uns pensaient que les eaux
avaient été la cause efficiente de leur formation, tandis que
les autres croyaient que les dépôts amenés par les eaux
avaient suivi et non précédé la création de ces
souterrains. Aujourd’hui, aucun doute n’est possible, la nature du sol indique
que l’habitation a suivi l’inondation.
«Il y a surtout deux choses intéressantes
qu’il sera facile de reconnaître. Le mur en R, construit de main d’homme,
repose-t-il sur le sol dur ou au fond de la couche de sable? Qu’y a-t-il
au fond de cette couche de sable, est-ce le banc de pierre ou autre chose?
On va sans doute exploiter ce sable et bientôt nous connaîtrons
la réponse.
«Nous nous sommes ensuite transportés
à Bissay pour examiner de nouveau les effondrements que l’on rencontre
autour de ce hameau.
« Au point E, on a trouvé une salle
de 3 mètres de diamètre, 2 mètres de hauteur et communiquant
par des galeries vers le pays et la plaine. [p.182]
«Entre E et F, un sondage a amené
la découverte, on suppose, des ruines d’un vieux château. On
y reconnaît des pans de mur en pierre et terre, recouverts d’un crépi
en mortier de chaux. Dans l’un de ces murs, sont percées deux rangées
de trous carrés de 20 centimètres de côté et éloignés
les uns des autres de 40 centimètres.
«Au point H, la sonde est tombée sur
une galerie effondrée de 70 centimètres de largeur sur 1 m
50 de hauteur, et se dirigeant vers G et I.
«Rien autre chose à signaler sur l’ensemble
de ces souterrains, bien que le dernier mot, nous le croyons, n’ait pas été
dit.
«Avant de clore ce rapport, nous nous sommes
demandé si les souterrains de Bissay et d’Orlu avaient une même
origine?
«Nous ne le pensons pas. On sait ce que nous
avons dit précédemment de ces derniers, tandis que ceux de
Bissay, comme ceux de Vierville, ont été creusés par
l’homme dans le sol qui lui a paru convenable. Il est donc certain que ceux
d’Orlu doivent avoir une origine antérieure à ceux de Bissay.»
L’assemblée vote des remercîments
à MM. Benoît, Granger et Levéteau, plus une somme de
cinquante francs pour faire face aux travaux nécessaires à
la conservation de l’entrée des souterrains découverts.
[…] [p.183]
NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires.
Mme JOLIET, à Chartres, présentée par MM. Barois et
Merlet. M. POPTIER, instituteur, à Châtenay, présenté
par MM. Granger et Benoit. M. LEVÉTEAU, à Bissay, présenté
par les mêmes. M. BIGOTTEAU, vétérinaire, à Auneau,
présenté par les mêmes. […]
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Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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SÉANCE DU 5 JANVIER 1888. Présidence de
M. Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer,
Barois, Caillot, Amblard, Appay, Buisson, Blin, de Mély, Hue, Poyer,
abbés Clerval, Cottereau, Provost et Hermeline. [...]
M. le Président donne lecture d’une lettre
de M. Harreaux, à l’occasion des souterrains de Bissay. […] [p.185]
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SÉANCE
DU 9 FÉVRIER 1888. Présidence de M. Merlet. — M. Caillot,
secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un
quart. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Pouclée, Caillot,
Buisson, Oranger, Hüe, de Mély, abbés Émangeard,
Lecomte, Provost, Sainsot. […] [p.188]
[…]
M. Granger envoie une lettre pour nous tenir au
courant des travaux faits à Orlu. Voici cette lettre:
«J’ai l’honneur de vous informer que les
travaux concernant les souterrains d’Orlu, dont il a été question
dans une séance précédente, sont complètement
terminés. La première fouille, qui avait l’inconvénient
de se trouver tout à fait sur la limite d’un chemin rural, a été
comblée; on a fait une nouvelle ouverture à 4 ou 5 mètres
plus loin, ayant 1 mètre de diamètre, sur une profondeur de
10 mètres environ, le tout maçonné en pierres sèches.
Vers le milieu on a ménagé un palier qui permettra d’y appuyer
une échelle, afin que ceux qui voudront visiter ces souterrains ne
soient pas obligés d’y descendre au moyen d’un treuil.
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«Le sol des galeries a été sondé de nouveau: on
y a trouvé deux haches celtiques, un os travaillé (1) et terminé en pointe et beaucoup d’autres
qui ont été brisés, sans doute pour l’extraction de
la moelle; une clef en fer d’une époque beaucoup plus récente
que celle des souterrains, et enfin une grande quantité de plaques
très minces, composées surtout de sable argileux et d’oxide
de fer à demi-fondus par des foyers dont on voit des traces nombreuses.
«Malheureusement l’exploitation du sable
sur laquelle on comptait ne pourra avoir lieu, parce qu’il est presque partout
entremêlé d’argile qui le rend impropre aux constructions ou
à d’autres usages.
«Les deux passages étroits des galeries
que je vous avais signalés dans une lettre précédente,
et qu’on avait de la peine à traverser, même en rampant sur
le ventre, ont été un peu élargis, et on a découvert
des parties de maçonnerie [p.189] indiquant que, dès l’origine, ils avaient très
peu de largeur, afin sans doute que la circulation, dans ces cavernes, put
être interceptée à volonté.
«C’était peut-être aussi pour
empêcher la circulation et arrêter les envahisseurs qu’avait
été creusée, dans le roc, cette chambre, en forme de
ballon aplati, de 4 à 5 mètres de diamètre, formant
une sorte d’étage au-dessus des galeries avec lesquelles elle ne communique
qu’au moyen d’une ouverture étroite pratiquée dans la voûte.
«Il est probable qu’il y avait autrefois
pour pénétrer dans ces souterrains une vaste descente en pente
douce: car les deux forages qu’on a faits dernièrement se trouvent
au milieu de terres remuées qui paraissent s’étendre assez
loin; aussi la dernière fouille a présenté quelque danger
et on a même douté un moment du succès.
«Une chose qu’on ne s’expliquait pas, c’est
la grande différence qui existe dans l’état de conservation
de ces galeries: la première partie, ayant une longueur d’environ
100 mètres, sous les constructions du village, est effondrée
et à peine accessible; l’autre partie, au contraire, qui s’étend
sous la plaine, et peut avoir 80 mètres de longueur, est dans un bon
état de conservation. Cela provient sans doute de ce que cette dernière
partie est protégée par une sorte de béton très
résistant, composé de marne, de petites pierres et d’argile
pilonnés ensemble, et placé à 1 mètre environ
de la surface du sol. Cette couche peut avoir une épaisseur moyenne
de 50 centimètres et une largeur de 4 à 5 mètres. Les
côtés à peu près parallèles s’arrondissent
un peu en forme de voûte. Cette largeur paraît suffisante pour
protéger cette partie des galeries contre les infiltrations d’eau.
Comme cette couche ne semble pas se prolonger sous les habitations, ou qu’elle
a pu être détruite à différentes époques,
on s’explique que cette autre partie des galeries soit en si mauvais état.
J’ignore si on a trouvé ailleurs un exemple d’anciennes cavernes recouvertes
ainsi d’une sorte de couche de béton.
«L’ensemble de ces souterrains se prolongeait
vraisemblablement de l’autre côté du puits communal d’Orlu;
c’est ce que semblent indiquer les grosses pierres qu’on voit dans les parois
du puits opposées à l’entrée des galeries actuelles.
11 y aurait sans doute lieu d’entreprendre de ce [p.190] côté
de nouvelles recherches; mais comme la Société a déjà
fait d’assez grands sacrifices, et que les prévisions de la dépense
ont été notablement dépassées, il est probable
qu’elle sera d’avis d’ajourner ce travail. Ce qu’il y a toutefois à
désirer, c’est qu’elle ne permette pas à quelque Société
rivale de marcher sur ses brisées, et qu’elle se réserve la
haute main sur ces fouilles afin de pouvoir continuer les recherches, quand
elle le jugera à propos et que les circonstances le permettront.
«Avant de terminer, il me reste, Monsieur
le Président, à réparer une omission que j’ai commise
dans une lettre précédente: c’est qu’après vous avoir
signalé le zèle de MM. Levéteau et Chantalou, ces infatigables
explorateurs qui nous ont ouvert la voie, j’aurais dû vous citer également
M. le docteur Jamin, d’Oisonville, M. Bigotteau, vétérinaire
à Anneau, M. Lazare, ingénieur, à Paris, ainsi que MM.
les curés de Châtenay et de Denonville et quelques autres dont
les noms m’échappent, qui tous ont mis à visiter ces galeries
le plus grand empressement. Je dois même vous signaler ici en particulier
M. le curé de Châtenay qui, grâce aux indications que
lui a fournies la boussole, a fixé le premier, d’une manière
assez précise, l’endroit qui devait correspondre à l’extrémité
des galeries, et où l’on a ouvert la nouvelle descente.
«M. Chantalou m’a informé qu’il avait
visité des souterrains très curieux dans le jardin du presbytère
de Dommerville. A Grandville, on a trouvé dernièrement, dans
un tombeau, des fragments d’armure, un cachet. Le squelette portait au cou
un collier de perles de verre blanc et des bagues en or dans les doigts, collées
aux ornements. Je vous transmets à la hâte ces détails
incomplets; peut-être recevrai-je d’autres renseignements prochainement.» […] [p.192]
|
(1) Ces objets fort intéressants ont été
donnés à la Société. Ce ne sont pas des haches
celtiques, mais des instruments servant à polir les peaux d’animaux
qui étaient aux époques préhistoriques les vêtements
de l’homme. A ces sortes de polissoirs est joint un grattoir en os servant
à enlever les poils dont ces peaux étaient couvertes.
Plan du souterrain d’Orlu
(S.A.E.L., 1887)
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SÉANCE DU 8 MARS 1888. Présidence de M.
Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à
trois heures un quart. Sont présents: MM. Merlet, Barois, Bellier
de la Chavignerie, Caillot, Amblard, Blin, Buisson, Chevallier-Rufigny, Escoffier,
Gérondeau, Hue, Stanislas Isambert, abbés Cottereau, Guérin,
Lecomte, de Sainte-Beuve, Sainsot. […] [p.195] […]
Enfin M. l’abbé Sainsot continue la lecture
de sa revue de l’année.
1» ARCHEOLOGIE. L’archéologie a encore
chômé cette année dans notre département, et les
découvertes en ce genre auraient été nulles sans les
fouilles que la Société a fait exécuter dans les souterrains
de Bissay, commune d’Orlu. Le résultat de ces travaux étant
consigné au jour le jour dans nos Procès-Verbaux, il serait
superflu d’y insister longuement ici. On nous permettra toutefois d’exprimer
notre désir de voir des fouilles de même genre se produire sur
d’autres points du territoire beauceron. Nous n’avons pas l’espoir d’amener
ainsi des découvertes qui soient comme un événement
dans le monde scientifique, mais nous pouvons espérer d’apprendre
les secrets d’une époque bien éloignée de la notre.
L’attention des archéologues ne s’était point dirigée
encore d’une manière suivie vers ces retraites mystérieuses;
aussi nous sommes ici en face de l’inconnu et c’est seulement après
une série d’observations consciencieuses, comme celles qui viennent
d’être faites à Bissay, que l’on pourra raisonner en connaissance
de cause sur l’origine et l’usage de ces galeries souterraines. Espérons
que notre Société verra son exemple suivi par des propriétaires
intelligents et amis des recherches archéologiques; nous sommes persuadé
qu’elle-même continuera de marcher, avec la prudence qui la caractérise,
dans la voie où elle vient de s’engager. [...] [p.204]
|
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SÉANCE DU 7 JUIN 1888. Présidence de M.
Merlet. — M. Caillot, secrétaire. La séance est ouverte à
trois heures un quart. Le procès-verbal est lu et adopté. Sont
présents: MM. Merlet, Caillot, Amblard, Appay, Buisson, Escoffier,
Germond, Hue et abbé Renard. […]
M. Merlet ajoute que le dimanche 24 juin aura lieu
une séance de la Société de Rambouillet, à Rambouillet.
[…] Il faut songer aussi, dit-il, à une autre excursion, celle
que nous devons faire aux caves de Bissay.
M. Buisson fait savoir qu’à Voves on a beaucoup
parlé de ces souterrains de Bissay et qu’on s’est souvenu qu’à
Martainville il en existe qui sont semblables à ceux d’Orlu. Ce sont
des souterrains très longs qui ne ressemblent pas à ceux de
Prasville. M. Escoffier dit qu’à Prasville ce sont des souterrains
provenant d’extraction de pierres. M. Amblard ajoute qu’à Brétigny
les souterrains ne ressemblent pas du tout à ceux d’Orlu. [p.205]
M. Merlet dit qu’il doit écrire à
M. Granger, maire d’ Anneau, pour lui demander quel jour conviendrait le
mieux pour une excursion à Orlu. […]
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SÉANCE PUBLIQUE DU 21 JUIN 1888. La séance
est ouverte à deux heures dans la salle Sainte-Foi devant une nombreuse
assistance.
M. le Président lit un discours sur les
travaux de la Société pendant l’année écoulée.
[…] [p.207] […]
«Nous avons poursuivi nos fouilles dans les
souterrains d’Orlu, dont j’ai déjà eu l’honneur de vous entretenir
l’année dernière, et nous avons publié les rapports
que nous ont adressés à ce sujet deux de nos membres les plus
zélés, MM. Granger et Benoist, d’Auneau. Il paraît évident
que ces souterrains ont servi de demeure aux habitants primitifs de nos contrées;
pourtant le dernier mot n’est pas encore dit à cet égard, mais
deux objets découverts dans ces fouilles ne semblent guère
permettre de conserver aucun doute: c’est d’abord un polissoir en silex qui
servait à polir les peaux des animaux qui aux temps préhistoriques
formaient les vêtements des hommes, et puis un grattoir en os dont
l’usage était d’enlever les poils dont ces peaux étaient couvertes.
Ces deux instruments sont dans un état parfait de conservation et
sont des témoins irrécusables du passage dans nos souterrains
de nos ancêtres d’il y a 5 ou 6000 ans. […] [p.225] […]
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SÉANCE GÉNÉRALE DU 7 MARS 1889. Présidence
de M. Merlet. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures un quart. Membres présents: MM. Merlet, abbé
Pouclée, Barois, Amblard, Bellier de la Ghavignerie, Béalé,
Bouthemard, Buisson, de Mély, Durand, Gabriel, Germond, Gérondeau,
Gillard, Hornung, d’Huart, Hüe, de Lamartraye, Levêteau, de Lubriat,
de Mianvilie, Muset, Petrot, Rousseau, Selleret, abbés Bouthemard,
Jubault, Hayes, Hermeline, Levassor, Sainsot, de Sainte-Beuve, Tardiveau.
[…]
M. Levêteau dépose sur le bureau une
ancienne lampe en cuivre d’un petit modèle, et une ancienne clef trouvées
dans le sol à Bessay. Il offre la clef, qui lui appartient, à
la Société. — Des remerciements lui sont adressés.
[…] [p.232] […]
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SÉANCE DU 4 AVRIL 1889. Présidence de M.
Merlet. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte à
trois heures un quart. Membres présents: MM. Merlet, de Saint-Laumer,
Barois, Amblard, Appay, Bellier de la Chavignerie, Brosseron, Buisson, Chevallier-Letartre,
Durand, Germond, Hue, de Lubriat, Meignan, Rousseau, Selleret, abbés
Clerval, Renard, Sainsot. […] [p.243]
[…]
M. L’abbé Sainsot lit le rapport suivant
sur trois études de M. F. de Mély. […] [p.248] […] Le même
membre continue la lecture de la Revue de l’année 1888.
1° CHRONIQUE. L’année 1888 a été
peu féconde au point de vue archéologique dans notre dpéartement.
Les fouilles y deviennent rares, parce que la culture est en souffrance et
qu’elle réduit ses dépenses au strict nécessaire. La
Société archéologique a continué l’exploration
des souterrains d’Orlu; comme le résulta des recherches est consigné
dans nos Procès Verbaux, il n’y a pas lieu d’y insister ici. Toutefois
on nous permettra d’exprimer de nouveau le désir de voir l’attention
se porter de ce côté, afin que par des observations multipliées
on puisse arriver à formuler autre chose que des hypothèses
au sujet de ces refuges de l’homme à des époques dont nous
avons perdu le souvenir. […] [p.290]
[…]
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SÉANCE DU 1er AOUT 1889. Présidence de M.
de Saint-Laumer. — M. Amblard, secrétaire. La séance est ouverte
à trois heures un quart. Membres présents: MM. de Saint-Laumer,
Merlet, Amblard, Chevalier-Letartre, Bourdel, Buisson, Roger Durand, Escoffier,
Mélin, René Merlet, Hue, abbés Clerval, Hermeline, Sainsot.
[…]
M. le Président expose ensuite que M. Billard,
de Janville, propriétaire du terrain sur lequel se trouvent les souterrains
d’Orlu a fait connaître par l’intermédiaire de M. Levêteau
son intention de combler l’ouverture donnant accès aux dits souterrains,
si la Société n’y voit pas d’inconvénient.
Une discussion s’engage à ce sujet à
laquelle prennent part principalement MM. Merlet et Buisson. Il est exprimé
le regret qu’il n’y ait pas eu de rapport présenté sur la visite
faite à Orlu par plusieurs membres de la Société. Quoi
qu’il en soit, il ressort d’une façon évidente de cette visite
que [p.291] ces excavations ont été
produites par le passage d’un cours d’eau qui a dû mettre des siècles
à miner et à enlever les parties tendres du sol qu’il traversait:
le lit de ce cours d’eau se retrouve du reste au delà du souterrain.
Dans ces conditions, la Société ne voit aucun intérêt
archéologique à opérer de nouvelles recherches et par
suite à conserver l’ouverture de la galerie.
Il sera répondu dans ce sens à M.
Billard.
De plus, sur l’évaluation faite par M. Buisson
du cube de terre nécessaire pour combler le trou et des dépenses
qui pourront résulter de cette opération, il sera alloué
à M. Levêteau la somme de dix francs pour ce travail.
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2) Procès verbaux
de la Société archéologique d’Eure-et-Loir 11 (1905),
pp. 70-71 (séance du 19 septembre 1901)
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SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 1901. Président:
M. Roger DURAND. — M. Georges CHAMPAGNE, secrétaire. La séance
est ouverte à 3 heures. Membres présents: MM. Roger Durand,
abbé Sainsot, Georges Champagne, Amblard, Appay, Balandra, Brosseron,
Buisson, Cintrât, Corby, Corrard, abbé Crancée, Delacroix,
Denis, Doré-Bonvallet, Dulong de Rosnay, Escoffier, Gabriel, Goupillon,
Guérineau, abbés Guillon, Haye et Hermeline, Hoyau, Ledru,
Lehr, Lorin, Maugars, Mauger, Mayeux, Mouton, Ch. Pétrot, Piébourg,
Dr Robin, Rousseau-Renvoizé, Saint-Pierre et Selleret. Excusés:
MM. Dauzat, Georges Durand, abbé Langlois, Maurice Real et Renouf.
[…]
M. le Président communique à l’Assemblée:
[…] [p.71] […] 3° D’une lettre de M. Benoît, d’Auneau, informant la
Société de la découverte, dans la propriété
de M. Coudray, à Roinville-sous-Auneau, de plusieurs galeries creusées
de main d’homme, tel qu’il doit en exister à Bissay, commune d’Orlu.
Notre confrère ajoute que «sous ce village de Roinville il doit
y avoir un assez grand nombre de souterrains qui ont servi de refuge à
la trop fameuse Bande d’Orgères». A ce sujet la discussion s’engage et MM. Amblard et le Dr Robin
signalent la même particularité à Brétigny, commune
de Sours. Ces souterrains, disent-ils, qui ne sont pas rares dans notre département,
remontent à une époque très ancienne et devaient conduire
aux prieurés; ils ont dû aussi servir de cachettes, et même
de moyens de défense. A Dambron, ajoute M. l’abbé Sainsot,
on en voit un disposé pour la descente des chevaux. M. le Président
clôt la discussion en déclarant qu’il serait intéressant
d’en avoir le relevé bien exact, et, au nom de la Société,
il adresse des remerciements à M. Benoit.
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Plan du souterrain d’Orlu (S.A.E.L., 1887)
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