CORPUS LATINUM STAMPENSE
 
Philibert de Beaujeu évêque de Bethléem et vicaire général de Sens
Institution à Étampes d’une fête chômée de saint Basile
Étampes, 25 février 1543
Introduction, traduction et notices sur l’auteur
    
  Clocher de Sain-Basile d'Etampes (2007)
 
     .
     
Philibert de Beaujeu évêque de Bethléem et vicaire général de Sens
Institution à Étampes d’une fête chômée de saint Basile
Étampes, 25 février 1543




A. Introduction

     Nous rééditons ici une charte latine du XVIe siècle qui ne nous est connue que par une édition imprimée de 1683. Elle a été donnée à l’occasion du passage à Étampes d’un personnage ecclésiastique important, Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, agissant en temps que vicaire général de l’archevêque de Sens Louis de Bourbon.

       A la demande du curé et des paroissiens de Saint-Basile, on instaure une nouvelle fête chômée que seront désormais tenus d’observer tous les Étampois, y compris donc ceux des quatre autres paroisses, Notre-Dame, Saint-Pierre, Saint-Gilles et Saint-Martin, à savoir le 14 juin, fête de saint Basile, patron de l’église du même nom.

1) Contexte institutionnel de cette charte

     Rappelons que, depuis des temps immémoriaux et jusqu’à la Révolution française, la ville d’Étampes a relevé du très vaste archidiocèse de Sens. L’archevêque de Sens était tenu comme tout évêque de visiter régulièrement toutes les chrétientés de son diocèse pour s’assurer que la discipline catholique y était observée. Pour ce faire il déléguait la plupart du temps divers personnages.

     Il apparaît que la présente charte a été promulguée à l’occasion de l’une de ces visites, effectuée par Philibert de Beaujeu en temps que vicaire général. Le vicaire général était le second personnage d’un diocèse. En l’occurence Philibert de Beraujeu était simultanément lui-même évêque, mais d’un étrange diocèse, celui de Bethléem.

     Après la chute du royaume de Jérusalem puis la perte totale de la Terre sainte par les chrétiens, les diocèses catholiques de cette région ne perdirent pas toute réalité effective. Bethléem notamment avait été conquise par Saladin en 1187.
Cependant les papes continuèrent à nommer des évêques de Bethléem. Ils résidaient près de Clamecy dans l’Hôtel-Dieu de Panthénor qui formait leur diocèse, enclavé dans celui de Nevers, dans la province ecclésiastique de Sens. Ils n’étaient pas pour autant suffragants de l’archidiocèse de Sens, et ils relevaient directement du Saint-Siège (1).
Blason de Louis de Bourbon

     (1) Ce siège fut supprimé par le concordat de 1801 en temps que siège résidentiel mais rétabli en 1840 comme siège titulaire. Il est vacant depuis 1987.
     Philippe de Beaujeu appartenait à une noble famille de Franche-Comté. Docteur en décret et en théologie, il réussit à cumuler diverses charges ecclésiastiques, dont le détail n’a pas ici d’intérêt. Retenons seulement que Marie d’Albret, duchesse de Nevers, le choisit en 1524 pour devenir le nouveau titulaire du diocèse de Bethléem, nomination à laquelle donna effet le 12 septembre 1524 une bulle du pape Clément VII.

     On savait déjà que Philibert de Beaujeu avait cumulé cette charge d’évêque de Bethléem, sans doute peu rémunératrice en elle-même, avec celle de vicaire général d’Auxerre, au moins de 1530 à 1535. Notre document permet d’établir qu’il était passé ensuite vicaire général de l’archevêque de Sens.

     C’est à ce titre en effet qu’il effectue une visite de la chrétienté d’Étampes; pour autant, il n’en est pas moins évêque lui-même, comme il le rappelle même expressément en soulignant que certains des privilèges spirituels qu’il accorde à l’église de Saint-Basile d’Étampes le sont à ce titre et de sa propre initiative.



2) Sur la date de cette charte


     
a) La date de 1508 donnée pour cette charte par Fleureau et par le texte même qu’il édite sans donner sa source, est nécessairement fausse. En effet Philibert de Beaujeau s’y déclare évêque de Bethléem et vicaire général de l’archevêque de Sens Louis de Bourbon. Or Philibert de Beaujeu n’a été évêque de Bethléem qu’à partir de 1524 (1), et Louis de Bourbon n’est devenu archevêque de Sens qu’en 1536 (2). La charte est donc postérieure à 1536.
     (1) Bulle de Clément VII du 12 septembre éditée par la Gallia Christiana, tome 12, col. 241-242 (ici).
     (2) Gallia Christiana, tome 12, col. 92..
      b) On ne sait pas quand précisément est mort Philibert de Beaujeu. Il est encore signalé comme vivant par une pièce de procédure en date du 1er juillet 1548 (3). Cependant nous voyons le 10 février 1555 le duc de Nevers François de Clèves lui désigner pour successeur un certain Dominique Flélin (4). Par ailleurs les membres d’un chapitre qu’il avait fondé sans en demander l’autorisation de son vivant la demandèrent à son supérieur ecclésiastique le 13 juillet 1556, ce qui appuie l’idée que notre évêque était mort à la fin de 1554 ou au début de 1555. Notre charte est donc bien nécessairement antérieure à 1555.

     (3) AD 21 E 1374, selon Jules Bertin, «La vérité sur Philibert de Beaujeu», in Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts 21 (1906), p. 396, note 3.
     (4) Gallia Christiana, tome 12, col. 695
     c) Par ailleurs Philibert de Beaujeu se déclare encore abbé de Saint-Sever lors de la rédaction de notre charte, alors qu’en 1545 on lui trouve sur ce siège pour successeur un certain Jean de la Rochefoucaut (5). La charte est donc plus précisément antérieure à 1545.

     d) A quelle date Philibert de Beaujeu a-t-il été vicaire général de l’archevêque de Sens? Il est cité
comme vicaire général de l’évêque d’Auxerre de 1530 à 1535 (6).
     Par ailleurs le vicaire général de Sens est encore le
18 mai 1538 un certain Jean de Salazar, neveu de l’ancien évêque de Sens Tristan de Salazar: il entérine à cette date une transaction entre la municipalité d’Étampes et le maître de l’Hôtel-Dieu et accorde à cette occasion l’autorisation de quêter dans toutes les paroisses en faveur de cet établissement, en l’assortissant de quarante jours d’indulgence à ceux qui donneraient des aumônes (7).
       Que savons-nous de ce Jean de Salazar? Il ne faut surtout pas le confondre avec un Jean de Salazar son cousin et homonyme, mort en 1529 abbé de Morigny (8). Cet autre neveu de l’archevêque Tristan de Salazar était déjà vicaire général de Sens en 1532. Il fut d’ailleurs élu archevêque par le chapitre en 1535 (9). Mais il ne fut pas pour autant investi de cette charge parce que François Ier imposa au dit chapitre un autre évêque que celui qu’il avait élu, à savoir Louis de Bourbon, qui fut accepté par le pape le 13 août 1535, et qui entra en charge le 22 janvier 1536 (10). Jean de Salazar
mourut selon la Gallia Christiana le 6 des calendes de décembre 1539, c’est-à-dire le 26 novembre 1539 (11).
     Il est vrai qu’il n’y a pas d’impossibilité théorique à l’existence de plusieurs vicaires gérénaux spécialement dans un diocèse d’une aussi grande étendue que celui de Sens. Mais nous n’en avons pas trace par ailleurs, et il paraît difficile que s’ils étaient deux, ils se soient tous deux occupés simulanément de l’archidiaconé d’Étampes.
     C’est pourquoi on est naturellement porté à croire que notre charte est postérieure à la mort de Jean de Salazar survenue à la fin de 1539. Le passage de Philibert de Beaujeu à Étampes en temps que vicaire général de l’archevêque de Sens Louis de Melun est donc à situer entre 1539 et 1545.
 
     (5) Pierre Daniel Du Buisson (v.1639-1684), Historiae monasterii S. Severi libri X, auctore D. Petro Daniele Du Buisson. Tomus secundus, Vicojulii ad Aturem, L. Dehez, 1876, p.92 (ici):  Joannes de Rupe-Fulcata. Le deuxième successeur de Philibert est nommé par une bulle du 5 décembre 1553 (p.93).
     (6) Gallia Christiana, tome 12, col, et Bertin, op. cit., p. 395.





     (7) Fleureau, Antiquitez, p.414

     (8) Fleureau, Antiquitez, p. 548-549.

     (9) Gallia Christiana, tome 12, col. 154.


     (10Gallia Christiana, tome 12, col. 93.
     (11) Gallia Christiana, tome 12, col. 154.

     e) Comment faut-il donc corriger le texte que nous a transmis Fleureau, selon lequel la charte daterait de MCCCCCVIII, 1508? 
     L’hypothèse la plus économique est sans nul doute qu’
on aura lu par erreur viii, 8 au lieu de xlii, 42, et que le texte original portait  MCCCCCXLII, 1542.

     f) Il faut de plus observer que la date de notre charte est donné en ancien style, où l’année commence à Pâques, d’où il s’ensuit que notre charte daterait en réalité, non pas du 25 février 1542, mais 1543.


3) Intérêt de cette charte pour l’histoire locale


a) Contexte archéologique

     On remarquera pour finir que cette date de février 1543 s’accorde assez bien avec les résultats des recherches archéologiques les plus récentes sur l’église de Saint-Basile. Cette charte en effet manifeste le souci de trouver de nouveaux financements, au-delà même de la paroisse de Saint-Basile, qui était pourtant la plus aisée de la ville. Cela suppose de pressants besoins d’argent, qui ne peuvent guère s’expliquer que par l’existence d’un chantier en cours, ou en projet.


     Julie Aycart, dans une étude récente (11), basée essentiellement sur la recherche d’indices stylistiques, arrive à la conclusion que la reconstruction et les agrandissements de l’église Saint-Basile après la guerre de Cent Ans se sont opérés en quatre campagnes successives, la première vers 1480, la seconde vers 1510, la troisième vers 1540 (semblant se terminer avant 1541), et la dernière, inachevée, vers 1550.

     La visite de Philibert de Beaujeu que nous proposons de dater de février 1543, semble avoir eu lieu après la troisième de ces campagnes, à un moment où le clergé local est à la recherche de nouvelles sources de financement pour un projet ambitieux d’agrandissement qui peinera à débuter et sera d’ailleurs abandonné en cours de route, comme l’indique une incription toujours en place sur le mur extérieur du chevet inachevé, place Romanet: Faxit Deus perficiar. 1559
«Fasse Dieu que je sois achevée, 1559».
     (12) Julie AYCART, «Saint-Basile d’Etampes de la fin du Moyen Âge à la Renaissance. 1450-1550», in Élise BAILLEUL [dir.], Art et architecture à Etampes au Moyen Âge, Chamarande, Société historique et archéologique de l’Essone et du Hurepoix, 2010, pp. 179-198.
     La redatation de cette charte n’est pas sans intérêt ni conséquence pour l’histoire locale d’Étampes, à une période encore peu étudiée et mal connue, à savoir pendant la période de reconstruction et de prospérité croissante qui sépare la fin de la Guerre de Cent ans et la nouvelle catastrophe que constituèrent les guerres de religion.

b) Un reflet du rayonnement de la paroisse Saint-Basile

     On sait que la paroisse Saint-Basile constituait alors très nettement le quartier le plus aisé de la ville, où résidaient nombre de commercants et d’officiers. Depuis la génération précédente l’église était en reconstruction, et les chantiers semblent s’être succédés. L’institution d’une nouvelle fête chômée pour toute la ville le jour de la saint Basile reflète sans nul doute cette nouvelle prééminence.


     On ne connaît pas à cette heure avec certitude le clergé de Saint-Basile pendant cette période (13).

     Mais on remarquera au passage qu’aucun autre dignitaire ecclésiastique extérieur à la paroisse ne semble s’être associé à la demande du curé et des paroissiens de Saint-Basile en faveur d’une nouvelle fête chômée obligeant désormais tous les Étampois; on ne signale même pas la vénération que porterait l’ensemble des Étampois à ce saint évêque docteur de l’Église; ni encore même la seule présence d’autres curés ou religieux Étampois lors de la promulgation de cette ordonnance, qui pourtant eut lieu à Étampes même. Que faut-il en penser? Il est toujours délicat et imprudent de tirer argument du silence des sources, a silentio. Pour autant il faut bien noter ce que nous rapporte ensuite Fleureau, à savoir qu’au début du XVIIe siècle encore le curé de Saint-Gilles refuse obstinément d’observer cette ordonnance et que le clergé de Saint-Basile doit aller jusque devant le tribunal ecclésiastique de l’officialité de Sens pour l’y contraindre (14): ce n’est pas l’indice d’un enthousiasme général...
     
     Chacun prêche pour son saint... Il n’est pas question ici de remettre en cause la sincérité du curé et des paroissiens de Saint-Basile dans leur dévotion à leur saint patron. Pour autant on est bien forcé de ne mettre en rapport ce coup de force spirituel avec la situation de prééminence sociale de ce quartier.

     Cette affaire n’a pas qu’une dimension sociale, mais aussi économique, non moins indubitable. Car on essaie aussi très visiblement, par cette initiative, de solliciter et de stimuler la générosité de tous les Étampois, afin de financer un chantier auquel celle des seuls paroissiens de Saint-Basile, pourtant les plus fortunés de la ville, ne semble plus suffire.

c) Un exemple du controversé commerce des indulgences à Étampes

     En effet, pour encourager les fidèles à célébrer effectivement cette nouvelle fête chômée, à visiter à cette occasion l’église Saint-Basile, voir y faire des offrandes, on leur accorde des indulgences.

     Selon la doctrine catholique, Jésus est venu sauver tous les hommes des conséquences de leurs péchés et les arracher à la damnation éternelle. La rémission des péchés est gratuite et manifestée par la grâce du sacrement de pénitence. Il n’en reste pas moins que les fautes qui ont été commises doivent être réparées. Cette réparation, si elle n’est pas effectuée dès ici-bas le sera après la mort et avant l’accès à la béatitude céleste sous la forme d’une période de souffrances purificatrices appelée purgatoire.

     Le successeur de saint-Pierre, ayant reçu le privièges de lier et de délier, aurait le pouvoir d’abréger cette épreuve. Il lui serait donc loisible de déterminer et même de décider par quelle pratique dévote les croyants peuvent s’affranchir des peines temporelles réclamées par la justice divine, sans en exclure les offrandes qu’ils pourraient faire à l’église.
Le pape Jules II, le premier, avait décrété en 1507 une indulgence destinée à financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome, institution confirmée en 1511 puis 1515 par son successeur Léon X.

     C’est dans ce cadre que Tristan de Salazar accorde, au nom de l’archevêque de Sens,  quarante jours d’indulgence «à tous les chrétiens véritablement pénitents et confessés, ou ayant l’intention de se confesser, qui célébreront la fête du dit saint Basile, qui s’abstiendront de tout travail, visiteront avec dévotion l’église du dit lieu le dit jour, et donneront par dévotion une partie des biens dont Dieu leur a dotés».

     Par ailleurs les évêques ont pouvoir d’affranchir les fidèles des pénitences variées plus ou moins pénibles que leur auraient infligées leurs confesseurs avant de leur accorder l’absolution de leurs péchés, et de les remplacer par telle ou telle autre pratique dévote de leur choix.

     C’est dans cet autre cadre que Philibert de Beaujeu ajoute de son propre chef,
«de par [l’autorité] qui nous a été conférée par le saint Siège apostolique du fait de notre dignité épiscopale, quarante autres jours des pénitences qui leur auront été infligées». Cette remise est accordée en l’occurrence à «tous ceux qui assisteront et participeront aux services généraux qui se feront chaque année dans la dite église par décision du curé et des proviseurs de la dite église de Saint-Basile quatre fois ou davantage autant qu’il leur plaira, en intercédant pour les âmes des fidèles défunts en disant le Requiescant in pace». Il s’agit cette fois d’assister à des services célébrés dans l’église Saint-Basile en faveur des âmes du Purgatoire.
     (13) Lors de la rédaction de la Coustume d’Estampes en 1556 est cité expréssement: maistre Pierre Payan prêtre, Curé de l’Eglise parrochial S. Basile dudit Estampes présent. Pour la période antérieure, on dispose du nom de plusieurs prêtres censitaires de Longchamp de de 1529 à 1541, mais sans certitude qu’il s’agisse de curé ou de vicaires de Saint-Basile: messire Jehan Desmazis dit aussi parfois de Souris (Souzy?) (1529-1540), messire Michel Gouvet (1530-1537), messire Pierre Johannes (1534-1540), messire Messire Pierre Loreau (1538-1540); sont aussi cités, mais à part de ce groupe, messire Regnault Leroux ou plutôt Le Coup (1529-1540), et messire Jehan Cancien Boutet (1538-1539).





     (14) Fleureau, Antiquitez, p. 410: «Damien Doulcet, Curé de l’Eglise de saint Gilles ayant contrevenu à cette Ordonnance de la celebration de la Fête de saint Basile, il luy fut, par Sentence renduë en l’Officialité de Sens, l’an 1611. le 29. jour d’Avril, enjoint de la garder, & de la faire aussi garder par ses Paroissiens.»
     Par ces nouvelles incitations sipirituelles, il est clair qu’on a dégagé en quelques années de nouveaux moyens financiers qui ont permis de reprendre le chantier. Cependant, ainsi que le note justement Fleureau (14), «les charités de ceux qui avoient fait cette entreprise n’ayant pas continué, elle est demeurée imparfaite pour étre parachevée quand il plaira à Dieu. Faxit Deus ut perficiar (15). Ces parolles sont écrites au bout de l’ouvrage avec l’année 1559. que l’on a cessé d’y travailler».

     (14) Antiquitez, p. 400.

     (15) On notera que le texte réel ne porte pas la conjonction ut (ceci dit contre Fleureau), et qu’il porte bien le subjonctif passif perficiar (ceci dit contre Julie Eckart qui a transcrit perficiare).
  
2) Texte et traduction de cette charte

 
Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction proposée par B. G. (2012)
     Philibertus de Beaujeu Dei, & sanctæ sedis gratie Episcopus Bethlemitanus, Monasterii sancti Severi, Ordinis sancti Benedicti Abbas commendatarius. Necnon Reverendißimi in Christo Patris Domini Ludovici tituli sanctæ Sabinæ Romanæ Ecclesiæ Presbyteri Cardinalis de Borbonio, Archiepiscopi Senonensis, Galliarum, & Germaniæ Primatis in spiritualibus, & temporalibus Vicarius Generalis, 
     Philibert de Beaujeu, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège évêque de Bethléem, abbé commendataire du monastère de Saint-Sever de l’ordre de saint Benoît, ainsi que vicaire général du révérendissime père dans le Seigneur monseigneur Louis de Bourdon, cardinal-prêtre du titre de l’église romaine de Sainte-Sabine, archevêque de Sens et primat des Gaules et de la Germanie en matières spirituelles comme temporelles  
     dilectis nostris in Christo Curatis Ecclesiarum Parrochialium Beatæ Mariæ, sanctorum Basilii, Ægidii, Petri, & Martini de Stampis, Præfatæ Senonensis Diœcesis, salutem in Domino sempiternam.
     à nos chers fils dans le Christ les curés des églises paroissiales de Notre-Dame, Saint-Basile, Saint-Gilles, Saint-Pierre et Saint-Martin, du susdit diocèse d’Étampes, salut éternel dans le Seigneur.
     Libenter ea concedimus quæ ad populi devotionem, & Christi fidelium salutem fore conspicimus opportuna.
     Nous concédons volontiers ce dont nous voyons que cela sera utile à la dévotion du peuple et au salut des chrétiens.
     Cum igitur dilecti nostri Curatus & Parochiani Ecclesiæ sancti Basilii de Stampis, devotione moti, nobis supplicaverint, ut festum dicti S. Basilii, quod die decima quarta Iunii celebratur, & à Christi fidelibus singulis annis tanquam die Dominico celebrari facere vellemus & dignaremur.      Or donc nos chers curé et paroissiens de l’église de Saint-Basile d’Étampes, par dévotion, nous ont supplié de bien vouloir et daigner faire en sorte que la fête du dit  saint Basile, qui est  célébrée le quatorzième jour du mois de juin, soit aussi célébrée par les chrétiens chaque année comme un dimanche.
     Nos igitur attendentes ejusdem S. Basilii virtutes, et merita, ipsorumque Curati, & Parochianorum devotionem, eorum præcibus, & supplicationibus favorabiliter annuentes, vobis, & vestrum cuilibet in virtute sanctæ Obedientiæ districtè præcipientes, mandamus, auctoritate dicti R. quatenus hujusmodi festum S. Basilii populo vobis commisso, singulis annis tanquam die Dominico indicetis celebrandum, vosque celebretis, & festivetis nonobstantibus quibuscumque synodalibus statutis.
     Nous donc, considérant les vertus et les mérites, la dévotion des dits curé et paroissiens, accédant favorablement à leur requête et prière, nous vous ordonnons, en le prescrivant strictement à chacun d’entre vous en vertu de la sainte obéissance, par l’autorité du dit Révérendissime [archevêque], que vous indiquiez au peuple qui vous est confié qu’il faut célébrer chaque année cette fête de saint Basile comme un dimanche, et que vous la célébriez et la fêtiez, nonobstant quelques statuts synodaux que ce soient.
     Quòd ut libentiùs faciatis, de omnipotenti Dei misericordia, & Beatißimæ Virginis Mariæ ejus Genitricis SS. Petri, & Pauli Apost. ejus, sancti Stephani Protomartyris Patroni Senonensis meritis, interceßionibus confisi,
     Et pour que vous le fassiez plus volontiers, par un effet de la miséricorde de Dieu tout-puissant, confiants que nous sommes dans les mérites et les prières de sa mère la très sainte Vierge Marie, des saint apôtres Pierre et Paul et de notre saint patron le protomartyr Étienne,
     omnibus Christi fidelibus verè pœnitentibus, & confeßis, aut propositum confitendi habentibus, festum dicti sancti Basilii celebrantibus, & ab omni opere cessantibus, Ecclesiamque dicti loci, eadem die, devotè visitantibus, ac de bonis sibi Deo collatis aliquid secundum devotionem suam erogantibus      à tous les chrétiens véritablement pénitents et confessés, ou ayant l’intention de se confesser, qui célébreront la fête du dit saint Basile, qui s’abstiendront de tout travail, visiteront avec dévotion l’église du dit lieu le dit jour, et donneront par dévotion une partie des biens dont Dieu leur a dotés,
      quadraginta dies indulgentiarum, auctoritate ejusdem R. Domini nostrâque, nobis ratione nostri Episcopatus à sancta Sede Apostolica indulta, alios quadraginta dies de injunctis sibi pænitentiis misericorditer in Domino relaxamus.
     nous leur remettons miséricordieusement quarante jours d’indulgences, de par l’autorité du dit révérendissime seigneur [archevêque]; et, de par celle qui nous a été conférée par le saint Siège apostolique du fait de notre dignité épiscopale, quarante autres jours des pénitences qui leur auront été infligées.
     Item spirituali gratia omnibus qui servitiis generalibus, qui in eadem Ecclesia annuatim secundùm deliberationem Curati, & provisorum eiusdem Ecclesiæ sancti Basilii quater aut pluries pro eodem beneplacito fient, astiterint, & interfuerint devotè, intercedendo pro defunctorum fidelium animabus, dicendo Requiescant in pace, alios quadraginta dies, auctoritate dicti Reverendißimi concedimus, ut per hæc, & alia, quæ ipsi, Domino fecerint, æternæ beatitudinis præmia valeant promeriri.
     En outre, en récompense spirituelle pour tous ceux qui assisteront et participeront aux services généraux qui se feront chaque année dans la dite église par décision du curé et des proviseurs de la dite église de Saint-Basile quatre fois ou davantage autant qu’il leur plaira, en intercédant pour les âmes des fidèles défunts en disant le Requiescant in pace, nous leur accordons quarante autres jours par l’autorité du dit révérendissime, pour qu’ils puissent, par ces actions, et par d’autres qu’ils accompliront d’eux-mêmes pour le Seigneur, mériter les récompenses de la béatitude éternelle.
     Actum in cursu visitationis generalis præfatæ [p.411] Senonensis Diœcesis, in dicto loco de Stampis, sub sigillo Cameræ dicti Reverendißimi Domini, die XXV. mensis Februarii, anno Domini MCCCCCVIII [à corriger en: MCCCCCXXXVIII (B.G.)]
     Fait au cours de la visite générale du dit diocèse de Sens, au dit lieu d’Étampes, sous le sceau de la chambre du dit révérendissime seigneur, le 25 du mois de février [donc avant Pâques] de l’an du Seigneur 1538 [c’est-à-dire, en nouveau style, 1539].
     signatum super plicam, Buchier de mandato præfati Domini Episcopi Betlhemitani, Vicarii, sub appensione serica viridis coloris in duabus capsulis ferreis.
     Signé sur le pli: Buchier, mandaté par le susdit monseigneur évêque de Bethléem, vicaire; avec un fil de soie de couleur verte passant dans deux capsules de fer-blanc.
   

ANNEXE 1
Don Basile Fleureau (1668)
Notice sur Philibert de Beaujeu
Antiquitez d’Estampes, 1683, pp. 409-410


Notice latine des Mauristes (1770)
Traduction proposée par B. G. (2012)
     La Dedicace [de l’église Saint-Basile par l’archevêque de Sens Tristan de Salazar en 1497] fut bien-tôt aprés suivie [en fait 46 ans plus tard comme nous l’avons montré (B.G.)]  de l’institution de la Fête du Patron, avec commandement à tous les Curez de la ville, & des fauxbourgs de la faire celebrer dans leurs Paroisses; par la cessation des œuvres serviles: comme le jour du saint Dimanche. Les Paroissiens de saint Basile crurent qu’ils devoient procurer cet honneur à leur Patron & s’addressèrent pour cet effet à Philebert de Beaujeu, Evêque de Bethleem, & Vicaire General de Louis Cardinal de Bourbon, Archevêque de Sens*, au cours general de la visite du Diocese de Sens, l’an 1508. [date à corriger en: 1539 (B.G.)] duquel ils obtinrent le mandement suivant. [p.410] 
     [Suit le texte de la charte, que nous avons reproduit plus haut. (B.G.)]

     Cet acte porte que le même Evêque de Bethleem, comme il n’y a point de plus puissant motif pour faire faire une chose que l’utilité que l’on en peut retirer, pour animer les Fideles à celebrer la fête qu’il avoit ordonnée, accorda deux quarantaines d’indulgences des penitences enjointes, l’une de l’autorité dudit Reverendissime Seigneur l’Archevêque; & l’autre de la sienne, en vertu du pouvoir que le Pape luy avoit accordé, à cause de son Evêché, à tous les fideles qui s’abstiendront de faire des œuvres serviles le jour de cette fête; & s’étant confessez, ou vrayement repentans de leurs pechez visiteront devotement cette Eglise, & y feront quelque aumône, de l’autorité dudit Seigneur Archevéque, autres quarante jours de pareilles indulgences, à ceux qui assisteront aux services generaux que l’on fera quatre fois l’an en la même Eglise pour les deffunts, priant pour le repos de leurs ames, & disant, Requiescant in pace.

     Damien Doulcet, Curé de l’Eglise de saint Gilles ayant contrevenu à cette Ordonnance de la celebration de la Fête de saint Basile, il luy fut, par Sentence renduë en l’Officialité de Sens, l’an 1611. le 29. jour d’Avril, enjoint de la garder, & de la faire aussi garder par ses Paroissiens.

   
     Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683, pp. 409-410.

ANNEXE 2
Religieux Mauristes (1770)
Notice sur Philibert de Beaujeu
Gallia Christiana, tome XII, 1770, col. 694-695


Notice latine des Mauristes (1770)
Traduction proposée par B. G. (2012)
XLI. Philibertus [De Beaujeau] 
     E stirpe incylta [Lisez: inclyta (B.G.)] dynastarum Bellijocensium editus Philibertus, monachus S. Benigni Divionensis, prior sancti Germani Autissiodorensis, doctor in decretis, abbas S. Severi Adurensis & de Fesia Burdigalensi, reginæ a consiliis, eleemosynis & supplicibus libellis, designatus a Maria d’Albret relicta Caroli de Cleves an. 1521, per obitum Martini, [1524. Charta IV, col. 241.] bullis donatus est a Clemente VII, die 16 Septembris 1524 pro ecclesia Bethleemitana, quæ in partibus infidelium existit, & cui ecclesia de Bethleem nuncupata B. Mariæ prope oppidum Clameciaci Autissiodorensis diœcesis in comitatu Nivernensi, Romanæ ecclesiæ immediate subjecta, perpetuo canonice unita & annexa est, ita ut ad ecclesiam prædictam se conferret, & in ea personaliter resideret nec extra suas civitatem & diœcesim pontificalia posset exercere.
     Sorti de la souche illustre des seigneurs de Beaujeu, Philibert, moine de Saint-Bénigne de Dijon, prieur de Saint-Germain d’Auxerre, docteur en droit, abbé de Saint-Sever à  Aire-sur-l’Adour et de la Fère à Bordeaux, conseiller, aumônier et maître des requêtes de la reine, désigné par Marie d’Albret veuve de Charles de Clèves en 1521, par suite du décès de Martin, bénéficia de bulles  de Clément VII pour l’église de Bettléem qui se trouve dans les régions infidèles, et à qui l’église de Bethléem dite de Notre-Dame, près du village de Clamecy au diocèse d’Auxerre dans le comté de Nevers, soumise sans intermédiaire à l’église de Rome, est unie et annexée canoniquement et à perpétuité. Il devait se transporter en l’église susdite, y résider personnellement, et ne pouvait pas exercer ses puvoirs épiscopaux en dehors de son bourg et diocèse.
     [1526.] Ecclesiam Lingonensem conciliavit 25 Martii 1526.
     Il purifia l’église de Langres [Haute-Marne] le 25 mars 1526.
     [1529.] Ecclesiam S. Michaëlis Divionensis consecravit VI id. Decemb. 1529.     Il consacra l’église Saint-Michel de Dijon le 6 des ides de décembre [8 décembre] 1526.
     [1530, 1531.] Suffraganeus erat & vicarius generalis episcopi Autissiodorensis annis 1530, 1531, 1534 & 1535.
     Il était suffragant et vicaire général de l’évêque d’Auxerre en 1530, 1531, 1534 et 1535.
     [1536.] Nominatus est a rege decanus ecclesiæ [col. 695] collegiatæ Avalonensis 10 Aprilis 1536, & admissus ab eodem capitulo 14 Martii.
     Il futt nommé par le roi doyen de l’église collégiale d’Autun le 10 avril 1536, et admis dans le dit chapitre le 14 mars.
     [1538.] Promulgavit 16 Aprilis 1538 bullam Pauli III pro secularisatione abbatiæ Vizeliacensis.
     Il promulga le 16 avril 1538 la bulle de Paul III concernant la sécularisation de l’abbaye de Vézelay.
     Consecravit ecclesiam S. Hilarii de Challemant 24 eorumdem mensis et anni, [1546.]  duo altaria in ecclesia Carthusianorum Bassæ-villæ 26 Julii 1546, eodemque anno ecclesiam monialium tertii ordinis S. Francisci Castri-villani.
     Il consacra l’église de Saint-Hilaire de Challement [Nièvre] le 24 des mêmes mois en an, et la même année l’église des religieuses du Tiers-Ordre Franciscain de Châteauvillain [Haute-Marne].
     Plura acquisivit e quibus fundavit sex canonicos in ecclesia B. Mariæ de Bethleem prope Clameciacum, quos ad preces decani, canonicorum & capituli hujus ecclesiæ approbavit 13 Julii 1556 cardinalis de Givry episcopus Lingonensis, vicarius generalis cardinalis de Chastillon, abbatis S. Benigni Divionensis, cujus monachus Philibertus licentiam non requisierat. Sed hæc fundatio suum non videtur effectum sortita.
     Il acquit plusieurs biens grâce auxquels il fonda six canonicats dans l’église Notre-Dame de Bethléem près de Clamecy, qu’à la demande du doyen, des chanoines et du chapitre de cette église, approuva le 13 juillet 1556 le cardinal de Givry évêque de Langres, vicaire général du cardinal de Châtillon abbé de Saint-Bénigne de Dijon, dont le Philibert en temps que moine n’avait pas requis l’autorisation.  Mais cette fondation ne paraît pas être entrée en vigueur.
     Sequuntur post Philibertum quinque qui fuisse tantum nominati dicuntur a Sammarthanis, sed non consecrati.
     Dominicus Flelin al. Philetien, presbyter Bituricensis & canonicus Nivernensis, nominatus est episcopus Bethleemitanus a Francisco de Cleves duce Nivernensi 10 Februarii 1555.
     Urbanus Reversy al. Reversin, presbyter Andegavensis, doctor theologus, canonicus & praecentor ecclesiae Senonensis, designatur a Francisco duce 28 Aprilis 1558, & confirmatur a summo pontifice per obitum Philiberti 17 Julii 1560.
       Après Philibert suivent cinq personnes que les Sainte-Marthe disent avoir été seulement nommés mais non pas ordonnés.
     Dominique Flélin, ou Philetien, prêtre de diocèse de Bourges et chanoine de Nevers, fut nomme évêque de Bethléem par François de Clèves duc de Nevers le 10 février 1555.
     Urbain Reversy, ou Reversin, prêtre du diocèse d’Angers, docteur en théologie, chanoine et chantre de l’église de Sens, fut désigné par le duc François le 28 avril 1558, et confirmé par le souverain pontife du fait du décès de Philibert, le 17 juillet 1560.
   
     MONACHI CONGREGATIONIS S. MAURI ORDINIS S. BENEDICTI (Moines de la congrégation bénédictine de Saint-Maur), «Philibertus [de Beaujeu]», in «Ecclesia Bethleemitana», in ID., Gallia Christiana, in provincias ecclesiasticas distributa, in qua series et historia archiepiscoporum, episcoporum et abbatum regionum omnium quas vetus Gallia complectebatur, ad origine Ecclesiarum ad nostra tempora deducitur et probatur ex authenticis instrumentis ad calcem appositis, operâ et studio monachorum congregationis S. Mauri ordinis S. Benedicti. Tomus duodecimus, ubi de provinciis Senonensi et Tarentasiensis agitur [VIII+569+CVI p.; «Gaule chrétienne, répartie en provinces ecclésiastiques, où la série et l’histoire des archevêques, des évêques et des abbés de toutes les régions que comprenait l’ancienne Gaule est établie depuis l’origine des églises jusqu’à notre époque et prouvée par des documents authentiques. Tome 12, où il est question des provinces de Sens et de Tarentaise»], Parisiis (Paris), ex typographia regia (Imprimerie royale), 1770, col. 694-695.
ANNEXE 3
Jules Bertin (1906)
La vérité sur Philibert de Beaujeu évêque de Bethléem
Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts 21 (1906), pp. 393-.



LA VÉRITÉ SUR PHILIBERT DE BEAUJEU
ÉVÊQUE DE BETHLÉEM


Et les différentes familles du nom de Beaujeu
Qui se rencontrèrent dans le Nivernais et l’Auxerrois
AUX XVe ET XVIe SIÈCLES


     Les recherches auxquelles j’ai dû me livrer pour réunir les documents de l’histoire généalogique de la Maison de Beau jeu-sur- Saône (1), m’ont permis de faire la lumière complète sur Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, dont s’étaient occupés les historiens du Nivernais, mais sans vouloir se décider à sortir de l’incertitude relativement à son origine.

     Cette particularité reconnaissait deux causes principales. La première était sans contredit l’idée préconçue que l’évêque ne pouvait avoir que d’illustres ancêtres. La seconde, en apparence plus sérieuse, était l’existence dans la même région, par une coincidence singulière, de plusieurs familles du nom de Beaujeu, qui, détail non moins extraordinaire, possédaient des terres et des fiefs relevant des mêmes châtellenies, situés
[p.394] souvent dans les mêmes localités et, par conséquent, pour ainsi dire communs.
     (1) Les deux premières parties ont paru dans le Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Haute-Saone, 1901 et 1902. La troisième a été imprimée dans les Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d’histoire, 1903-1904.
     Cela pouvait donc à la rigueur, et jusqu’à un certain point, amener une confusion, mais elle ne pouvait être que passagère, et il était facile de sortir de cette indécision, avec un examen sérieux et dénué de tout parti pris.

     Comme une de ces familles n’était autre qu’une branche de la Maison de Beaujeu de Franche-Comté, il m’a fallu naturellement les étudier toutes, et il m’a paru intéressant et utile de réunir dans un même mémoire les documents que j’ai recueillis sur elles. Cela fera mieux ressortir leur situation respective, leur différence d’origine, et permettra ainsi d’éviter, pour l’avenir, les hésitations pour ne pas dire les erreurs de nos devanciers.

     Dans le nombre des personnages remarquables fournis par la Maison de Beaujeu-sur-Saône (
1), un des plus importants est certainement Philibert de Beaujeu, évoque de Bethléem (2). Religieux de Saint-Bénigne de Dijon, puis de Saint-Germain d’Auxerre, il était grand prieur de ce monastère, en 1522. Il fut, à la même époque, gouverneur d’Auxerre avec Edme Morlon, licencié en droit, et Hugues de la Faye, marchand (3). Docteur en décret et en théologie, il devint conseiller, aumônier ordinaire et maître des requêtes de la reine Eléonore d’Autriche, sœur de l’empereur Charles-Quint et deuxième femme du roi de France, François 1er. [p.395] Abbé de Saint-Séverin d’Aire et de la Fère, au duché de Guyenne, il fut désigné par Marie d’Albret, duchesse de Nevers, pour succéder à Martin Dulcis, comme évêque de Bethléem. La bulle du pape Clément VII est du 12 septembre 1524.

     Il administra l’Eglise de Langres, en 1526, pour Martin Boudet, puis ensuite pour Claude de Longwy, plus connu sous le nom de cardinal de Givry, qu’il remplaça dans la consécration de l’église Saint-Michel de Dijon, le 8 décembre 1529. Il était suffragant et vicaire général de l’évêque d’Auxerre, François de Dinteville, en 1530, 1531, 1534, 1535, et, le 16 avril 1538, il promulgua la bulle du pape Paul III, pour la sécularisation de l’abbaye de Vézelay.
     (1) Beaujeu-sur-Saône, canton de Fresne-Saint-Mamès, arrondissement de Gray (Haute-Saône).

     (2) On sait que l’hôpital de Pantenor, à Clamecy, donné par le comte Guillaume, remplaça l’évèché de Bethléem en Terre Sainte, supprimé après la prise de Jérusalem.

     (3) LEBEUF, Histoire d’Auxerre, t. III, p. 386.
     Il suppléa aussi l’évéque d’Autun, Jacques Hurault, dans plusieurs circonstances. Le dimanche ler juillet 1548, il assistait à l’entrée du roi Henri II à Dijon, et était présent à Saint-Bénigne, lorsque ce prince, à genoux devant le maître-autel, prêtait serment de respecter les libertés de la ville (1).

     On avait donc lieu de croire que cet illustre prélat était bien connu et qu’il ne pouvait subsister aucune obscurité sur son origine et sur sa famille. Il n’en était rien cependant. La Gallia Christiana, et, après elle, les écrivains du Nivernais qui se sont occupés de l’évêché de Bethléem, ont fait descendre Philibert des sires de Beaujeu, qu’ils ont même appelés «les princes» de Beaujeu, en Beaujolais (
2). [p.396]

     Or, Philibert de Beaujeu était fils de Jean II de Beaujeu, seigneur de Chazeuil, et de N. de Montjeu. Il était le neveu de François de Beaujen, chambrier de Saint-Bénigne de Dijon et abbé de Saint-Germain d’Auxerre, et il est donné comme tel lorsqu’il est novice à Saint-Bénigne, en 1532, et que son oncle paie pour lui la tasse et la cuiller réglementaires (
1). C’est son oncle qui l’emmena à Auxerre et le nomma grand prieur de son abbaye.
     (1) Registre des délibérations de la commune de Dijon, 1548, p. 330-331.

     (2) Cette Maison tirait son nom de la petite ville de Beaujeu, dans le département du Rhône. Elle remonte à Béraud Ier, qui vivait en 950, et dont la postérité masculine finit avec Guihard V, fils d’Humbert V, connétable de France. Guichard, décédé le 9 mai 1265, était sans enfant de Blanche de Châlon, fille de Jean l’Antique et de Mahaut de Bourgogne. Il laissa sa succession à son neveu Louis, deuxième fils de sa sœur [p.396] Isabelle et de Renaud, comte de Forez, son second mari. Louis releva le nom et les armes de Beaujeu, et ses descendants formèrent la branche des seigneurs de Beaujeu-Forez. (V. MORERI, ANSELME, Officiers de la couronne.)

     (1) Archives de la Côte-d’Or, H, 8.
     Le 9 juillet 1525, avec son oncle, il servait de caution pour le paiement de la pension, lorsque son frère, Jean III, faisait entrer au couvent de Saint-Julien Marie Lenormand, fille de Jeanne le Rotier, sa première femme (2).

     Philibert fut tuteur des enfants de son frère, après la mort de ce dernier, en 1546, et dut, en cette qualité, poursuivre le procès relatif à la justice de Chazeuil, que son frère avait entamé contre ses coseigneurs pour résister à leur empiètement. Il est alors désigné, avec son titre d’évêque de Bethléem, dans les pièces de la procédure qu’il dirigeait pour ses neveux, et notamment dans les significations d’arrêt et d’appel des 19 février, ler et 3 mars 1547, et l1 juillet 1548 (
3).

     Par conséquent, il n’y a pas de doute possible sur son identité. Mais si ces documents précis n’étaient pas connus des auteurs en question, néanmoins il leur eut été facile d’éviter l’erreur par le simple examen des armoiries de l’évêque.

     Les sires de Beaujeu-Forez portaient «d’or au lion
[p.397] de sable armé et lampassé de gueules, au lambel de même àcinq pendants».

     (2) Archives de l’Yonne, E, 488.




     (3) Archives de la Côle-d’Or, E, 1374.
     Les armes de Philibert de Beaujeu, bien connues par plusieurs pièces et sceaux (1), et qui se voient encore aujourd’hui, avec les émaux, dans un tableau provenant de la chapelle du château de Verrey-sous-Drée (2), et déposé au musée de la Commission des antiquités de la Côte-d’Or, étaient «écartelées, au premier et quatrième, burelé d’argent et de gueules de dix pièces; au deuxième et troisième, d’azur au sautoir d’or accompagné de quatre étoiles de même».

     C’étaient les armes de la famille de Beaujeu-sur-Saône ou Beaujeu de Franche-Comté, écartelées, selon la coutume, de celles de la mère de l’évéque de Bethléem.

     On a donc le droit de s’étonner de l’erreur commise et qui n’a pas d’autre cause, on doit le répéter, que la présence, en même temps, dans la même contrée, de plusieurs personnages du nom de Beaujeu, mais dont les familles ne pouvaient pas être confondues, si on avait pris la peine de vérifier leur blason.

     Ces différents personnages possédaient, il est vrai, des fiefs relevant des mêmes châtellenies, mais c’est une coïncidence qui n’a rien d’extraordinaire puisqu’ils habitaient la même région.
     (1) Voir Louis CHEVALIER, Histoire de l’Evêché de Bethléem.
     (2) Archives de la Côte-d Or, B1, 932, n°45. Verrey-sous-Drée, canton de Sombernon, arrondissement de Dijon (Côte-d’Or). Philibert de Beaujeu avait consacré la chapelle du château, le 3 juillet 1547, avec l’autorisation du cardinal de Givry, évéque de Langres, et le tableau était destiné a en conserver le souvenir.
     En 1533-1534, Philibert de Beaujeu, seigneur de Lignières (3), dernier représentant des Beaujeu-Forez, [p.398] et Claude de Beaujeu, seigneur de la Maisonfort (1), de la famille de Beaujeu-sur-Saône et frère de l’évêque de Bethléem, possédaient dans la châtellenie de Donzy (2), le premier, Ormeaux et Villiers le second, la forêt de Lormes (3). Dans la châtellenie de Saint-Verain (4), Philibert avait la dime de la Forest Claude, les terres de Villiers et d’Argenoul, et Louis de Montaigne-Sallazart, au nom de Catherine de Beaujeu-Montcoquier, sa mère, reprenait de fief pour la seigneurie d’Asnois (5).

     Bien plus, les ancêtres de Catherine d’Amboise, la femme de Philibert de Beaujeu-Lignières, tenaient la Maisonfort en même temps que Jean des Ulmes, l’aïeul de Marie des Ulmes, qui apporta cette terre à Claude de Beaujeu.

     Il est certain qu’on a voulu voir là le résultat de partages de famille d’où on a conclu à une parenté, et on en a admis les conséquences sans preuve, ni contrôle.

     Philibert de Beaujeu-Lignières et l’évêque de Bethléem portaient le même prénom. C’est encore une coïncidence singulière, si l’on veut, mais rien de plus. Il aurait même pu arriver que, par suite du voisinage et dans le désir des parents d’avoir un protecteur puissant, Philibert de Beaujeu-Lignières fut le parrain de
[p.399] l’évêque, plus jeune que lui mais cela n’eût pas pu être invoqué comme preuve de parenté.
     (3) Lignières, chef lieu de canton, arrondissement de Saint-Amand-Montrond (Cher).
     (1) Maisonfort, dépendance de la commune de Bitry, canton de Saint-Amand-en-Puisjje, arrondissement de Cosne (Nièvre). Le château, sur une motte entourée de fossés, au nord de Bitry, était un hexagone régulier datant du XIVe siècle et formé de courtines et de corps de logis, avec des tours rondes aux angles. Il ne reste que le corps de logis du nord avec ses deux tours, le tout remanié à la Renaissance, et quelques vestiges des autres constructions. Les murs avaient deux mètres d’épaisseur. (Répertoire archéologique de la Nièvre, par le Cte de SOULTRAIT, t. II, p. 122. A la page 71, se trouve une vue du château avant sa ruine).
     (2) Donzy, chef-lieu de canton, arrondissement de Cosne (Nièvre).
     (3) Abbé DE MAROLLES Inventaire des titres de Nevers, col. 565.
     (4) Saint-Verain, canton de Saint-Amand, arrondissement de Cosne (Nièvre).
     (5) Asnois, canton de Tannay, arrondissement de Clamecy (Nièvre).

     En somme, lorsque Philibert de Beaujeu était évêque de Bethléem, il existait dans le Nivernais et la région voisine trois familles portant le nom de Beaujeu les Beaujeu-Chazeuil, branche des Beaujeu de Franche-Comté et auxquels appartenait le prélat les Beaujeu-Maisonfort, qui en étaient un rameau, et les Beaujeu-Lignières.

     Une quatrième, celle des Beaujeu du Colombier ou de Montcoquier, s’était éteinte à la fin du XVe siècle, mais son dernier représentant, Catherine de Beaujeu, mariée le 6 juin 1496, à Louis de Sallazart, vivait encore en 1549.

     Ces quatre familles se rattachaient, deux par deux, aux Beaujeu du Beaujolais et aux Beaujeu de Franche-Comté.

     Les plus anciens dans le Nivernais étaient les Beaujeu-Forez qui étaient représentés par les seigneurs de Lignières et les seigneurs d’Asnois ou du Colombier.

Beaujeu-Forez


I
BEAUJEU-LIGNIÈRES

     Guillaume de Beaujeu, seigneur d’Amplepuis (1), deuxième fils de Guichard et de Jeanne de Château-villain, sa troisième femme, fut gouverneur du Berry, en 1337. [p.400]

     (
1) Amplepuis, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Villefranche (Rhône).

     Son fils, Edouard, avait épousé Jacqueline de Lignières (
1), dont Jacques de Beaujeu, seigneur d’Amplepuis et de Lignières, marié à Jaquette des Ursins, fille de Guillaume Jouvenel des Ursins, baron de Trainel, chancelier de France. Leur fils, Philibert de Beaujeu. seigneur d’Amplepuis et de Lignières, chambellan du roi François Ier, mourut-en 1542 et ne laissa pas de postérité (2). Le 10 novembre 1501, il avait épousé Catherine d’Amboise (3), veuve de Christophe de Tournon [p.401] et qui convola en troisièmes noces avec Louis de Clèves, comte d’Auxerre.

II
BEAUJEU DU COLOMBIER OU BEAUJEU-MONTCOQUIER (1)
 
     Guillaume de Beaujeu, seigneur d’Amplepuis, avait un frère, Robert, qui épousa Agnès (alias Alix) de Vienne, dame de Chaudenay (2). Outre leur fils aîné, Guichard, seigneur de Joux-sur-Tarare (3) et de Saint-Bonnet-en-Bresse (4), ils eurent un fils, Jean. Le P. Anselme, qui le signale, dit « qu’on n’en trouve que le nom» (5).

     Mais, à ce moment, un Jean de Beaujeu était chambellan du roi et échanson du duc de Berry, et son fils, Pierre, fut marié à Marguerite de la Palice (6). [p.402]

     Les seigneurs de Beaujeu-sur-Saône, vassaux des sires de Vergy et de Ray, et arrière-vassaux du duc de Bourgogne, ne pouvaient prétendre au titre de chambellan du roi et à une alliance avec les la Palice (1).

     Ce Jean ne peut donc être que le fils de Robert de Beaujeu et d’Agnès de Vienne. Dans tous les cas, il était de la Maison de Beaujeu-Forez, car il avait dans ses armes un lion que les Sallazart ont reproduit dans leur écu (2).

     (1) Lignières, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Saint-Amand-Montrond (Cher). La famille de ce nom portait «d’or, au chef de vair, au lion de gueules couronné d’or brochant sur le tout».

     (2) Sa succession arriva aux Choiseul et en particulier à Antoine, baron de Lanques, fils de Philibert de Choiseul, baron de Lanques, et d’Anne-Marguerite de Sully, laquelle était fille de Guillaume de Sully et de Marguerite de Beaujeu, fille d’Edouard et de Jacqueline de Lignières et par conséquent sœur de Philibert de Beaujeu-Lignières.
     Or, Antoine de Choiseul, baron de Lanques, marié à Anne de Ray, était seigneur de Beaujeu-sur-Saône, et son fils Christophe, seigneur de Chamarande, épousa Charlotte, fille de Jean III de la branche de Beaujeu-Volon. (Histoire généalogique de la Maison de Beaujeu-sur-Saône, 2e partie, p. 50. – Voir archives de la Côte-d’Or, recueil de Peincedé, t. XXIX, p. 386. Voir tableau I).

     (3) L’Inventaire des titres de Nevers de l’abbé de Marolles, col. 304, cite une Catherine d’Amboise, dame de la Maisonfort, en 1435. Elle descendait de Hugues d’Amboise, seigneur de Chaumont-sur-Loire, deuxième fils de Jean II d’Amboise, et qui épousa, en 1304, Anne dite Jeanne de Saint-Verain, fille unique de Hugues de Saint Verain et de Jeanne de Mello, dont il avait eu:
     1° Jean d’Amboise, seigneur de Saint-Verain, tué à Crécy en 1316
     2° Hugues, seigneur de la Maisonfort et de Langeron, qui laissa, d’Isabeau de Bussj, une fille unique, Annette d Ainboùe, dame de la Maisonfort, et femme de Guillaume Guenand, seigneur des Bordes. Jean eut un fils du nom de Hugues, marié à Anne de Saint-Verain, sa cousine, dont: 1° Isabeau d’Amboise, mariée à Guy d’Aigreville, seigneur de Monceaux; 2° Catherine, femme de: 1° Charles de Villaines; 2° Pierre de Chandio, gouverneur d’Auxerre. (LEBEUF, t. III, p. 568). Voir tableau III.
     Catherine avait eu la Maisonfort, mais elle l’avait abandonnée à ses neveux, Jean et Philippe d’Aigreville, fils de sa sœur Isabeau. Jean II [p.401] saisir la Maisonfort «que prétendait avoir Jean des Ulmes et dans laquelle il avait fait résistance, quoiqu’il ne pût prétendre qu’à la troisième partie» (Inventaire de Nevers, col. 304).
     En 1435, Philippe d’Aigreville, au nom el comme procureur d’Isabeau d’Amboise, sa mère, dame d’Aigreville, Asnois et Saint-Verain en partie, avait repris de fief pour ces seigneuries. (Ib., col. 303).

     (1) Montcoquier était un fief près de Verneuil (canton de Decize, arrondissement de Nevers) relevant des ducs de Bourbon. On y voit encore les ruines d’un château du XIIIe siècle. Selon Paillol, les armes des Montcoquier étaient «de sable à trois fleurs de lys d’or, au chef abaissé, ondé de même» (Cf. Cte DE SORNAY, Épigraphie héraldique de la Nièvre. – In. Revue historique nobiliaire, etc., t. XVI, 1879, p. 103-104).
     (2) Elle était fille de Guillaume de Vienne, seigneur de Rouans, et de Claudine de Chaudenay (canton de Chagny, arrondissement de Châlon (Saône-et-Loire). Elle était, par conséquent, la sœur de l’amiral Jean de Vienne, qui, ne craignant pas d’aller attaquer les Anglais dans leur île, pratiquait une descente en Écosse, en 1385. ( V. Amiral J. de Vienne, par le Ms DE LORAY).
     (3) Joux, canton de Tarare, arrondissement de Villefranche (Rhône).
     (4) Saint-Bonnet-en-Bresse, canton de Pierre, arrondissement de Louhans (Saône et-Loire).
     (5) Grands officiers de la couronne, t. VI.
     (6) MAROLLES: Inventaire de Nevers, col. 688.

     (1) La Palisse, chef-lieu d’arrondissement (Allier). Les Chabannes-La-Palice ont donné Jacques II, maréchal de France, tué à Pavie en 1525. Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, était à la tête des Écorcheurs, avec les deux bâtards de Bourbon. Il avait embrassé le parti du dauphin, lors de la Praguerie condamné à mort, il fut gracié et devint, sous Louis XI, grand-maître de France et chevalier des ordres du roi.

     (2) Inventaire de Nevers, col. 32.
     Née de la Rochelle, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire du Nivernais et du Donziois (1747), le reconnaît comme fils de Robert. Il en est de même de M. Sonnié-Moret (3), d’après les titres du château d’Asnois. Quoi qu’il en soit, Jean de Beaujeu était marié à Isabeau de Saint-Verain, dame d Asnois, en 1401, et son beau-frère, Jean IV de Saint- Verain, échanson comme lui du duc de Berry, lui vendait, le mercredi 3 août de cette année, 6 francs de rente pour 100 francs (4). Le
5 juin 1403, il lui cédait le château d’Asnois (5), et, le 21 novembre 1407, Regnaut Dubois, écuyer, seigneur de Bretaine, avouait tenir en fief de noble et puissant
[p.403] seigneur Jean du Colombier, chevalier, seigneur de Montcoquier et d’Asnois, la terre de Beugnon (1).

     (3) Bulletin de la Societé nivernaise, 1869, p. 425. Notice sur la suite chronologique des anciens seigneurs d Asnois, depuis 1258 manuscrit du XVIIIe siècle, dressé sur les titres du château d’Asnois, par M. Ant. Deffant de la Roche, procureur fiscal desdites seigneurie et prévôté. Vol. in-folio de 500 pages.
     (4 et 5) Ibid. Inventaire de Marolles, col. 686, 687, 688.
     (1) Inventaire de Nevers, col. 677, 678. Beugnon, commune de Corbigny, arrondissement de Clamecy (Nièvre).
     Isabeau de Saint-Verain fit son testament en 1419, et laissa un fils, Pierre de Beaujeu, auquel le roi de France, Charles VII, faisait don, en 1430, de 60 livres pour les pertes subies à son service (2).
     (2) Inventaire de Nevers, col. 687.
     Pierre, le 30 avril 1439, fait un traité, à propos du four, avec les habitants d’Asnois. En 1453, Pierre de Beaujeu, dit du Colombier, écuyer d’écurie du roi, seigneur de Montcoquier et d’Asnois, remplit son devoir féodal pour son château de Sarys-sur-Yonne (3). Son testament est du 14 juillet 1462 (4), et, le 1er septembre, Marguerite de la Palice, sa veuve, donne le dénombrement de sa terre d’Asnois au nom de ses enfants Blain ou Blenet, Jean, Jean, Ponthus, Marie, Perronelle (5).
     Le 29 mai 1467, Jean de Beaujeu, dit du Colombier, l’aîné, et Jean le jeune, frères, font hommage chacun pour un cinquième de la seigneurie d’Asnois. Le 6 juin 1469, Blenet et Jean le jsune acquittent la dot de leur sœur Marie, tant en leur nom qu’au nom de leur mère.
     Blenet avait épousé Catherine de Chamilly, dite de Tanlay, le 4 mars 1453 (6). Sa fille, Jeanne, fut mariée à Jean des Vignes, en 1471.

     (3) Ibid., col. 113.

     (4, 5, 6) Ibid., col. 688.
     Loup de Beaujeu, dit du Colombier et de Montcoquier, seigneur d’Asnois, fils de Blain et de Marguerite de Chamilly, épousa Catherine Gast, au château de Cremaulx en Forez, le 17 juin 1483 (7). [p.404]
     (7) Ibid. col, 691.
     Le 6 juin 1496, mariage de Catherine de Beaujeu-Montcoquier, fille de Loup, seigneur d’Asnois, et de Catherine Gast, avec Louis de Montaignes-Sallazart, auquel elle porte un cinquième de la seigneurie d’Asnois.

     C’est Catherine de Beaujeu-Montcoquier qui vendit Tanlay (1), le 30 avril 1535, à Louise de Montmorency, femme de Gaspard de Coligny, maréchal de France, le père du célèbre amiral Gaspard de Coligny. Elle testa le 25 octobre 1549. Un de ses fils, Claude, fut tonsuré par Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, le 22 mai 1534 (2).
     (1) Inventaire de Nevers, col. 691. Louis II de Moritaignes-Sallazart, fils de Louis Ier, ambassadeur en Suisse pour le roi, signait une quittante de 1.800 livres pour ses frais d’ambassade, le 30 janvier 1556. Son sceau portait au 1er et 4e de Sallazart, c’est-à-dire de gueules à cinq étoiles d’or 2, 1 et 2; au 2e et 3e: d’or, semé de cinq feuilles de chêne de sable, qui sont les armes de Montcoquier, et, sur le tont, le lion de Beaujeu-Forez. Le comte de Sornay, dans son Épigraphie héraldique de la Nièvre, donne aux Montcoquier, d’après Paillot de sable à 3 fleurs de lys d’or, au chef abaissé ondé de même. (Voir la note 1 de la page 13).
     (2) Bibl. nat., col. Gaignieres, n° 658, page 50. (Communiqué par M. Louis Chevalier).

Beaujeu de Franche-Comté.

I.
BRANCHE DE CHAZEUIL (
3)
     (3) Chazeuil, canton de Selongey, arrondissement de Dijon (Cote-d’Or).
     Après l’extinction de la branche ainée de la maison de Beaujeu-sur-Saône, au milieu du XIVe siècle, il restait une branche cadette ayant aussi son fief à Beaujeu. Son rôle avait été un peu effacé par l’éclat de la branche aînée, mais elle finit par s’élever à une illustration extraordinaire. [p.405]

     Outre Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, et François de Beaujeu, abbé de Saint-Germain d’Auxerre, elle a donné un abbé de Corneux au diocèse de Besançon, un abbé de Mureaux au diocèse de Toul, plusieurs chevaliers de Malte, parmi lesquels un grand-prieur de Champagne, qui représentait en France le grand-maître de l’ordre un ambassadeur du duc de Mantoue en Hongrie, des lieutenants-généraux, brigadiers-généraux, maréchaux de camp, mestres de camp et colonels de dragons, etc., un gouverneur des Invalides et jusqu’à des chambellans et des capitaines des gardes de l’empereur d’Allemagne Charles VII et de son fils, l’Electeur Maximilien de Bavière (
1).

     La tige principale restée à Beaujeu est plus connue sous le nom de Beaujeu-Volon. Elle a fourni deux rameaux secondaires, celui de Montot et celui de Chazeuil.

     Ce dernier, qui nous intéresse plus particulièrement, a pris naissance au xve siècle.

     Jean II de Beaujeu, marié à Mathiote de Queutrey, laissait deux fils Thibaut l’aîné, qui continua la lignée à Beaujeu, et Jean.
     (1) Alexandre-Nicolas-Joseph, Louis-Nicolas-François et Charles Raymond, tous les trois fils de Chartes-Louis de Beaujeu, lieutenant-colonel du régiment de Flandres, firent partie du corps d’armée enrolé par Louis XV, en 1741, apres la mort de l’empereur Charles VII, pour toutenir la candidature de l’Électeur de Bavière. A la suite du couronnement de ce prince â Francfort, le 24 janvier 1742, les trois frères furent nommés chambellans, et Louis-Nicolas-François devint capitaine des gardes du corps, par brevet donné a Munich le 28 avril 1743. Il épousa une Kinski, d’une famille princière qui existe encore. Alexandre-Nicolas-Joseph s’etait marié à Marie-Jeanne de Franken, baronne du Saint-Empire. (Cf. Les Beaujeu de Franche-Comté dans le duché de Bourgogne, l’Auxerrois, et., p. 135 et suivantes).

     A. Jean, marié, en 1428, à Catherine de Charmes, sœur de Thierry de Charmes, capitaine de Dijon, [p.406] épousa en secondes noces Marguerite de Vaite, dame en partie de Chazeuil. Ayant, peu après, le 17 juillet 1446, acheté la portion de son beau-frère, Gauthier de Vaite, moyennant 54 francs et 9 gros (1), il devint ainsi le principal seigneur de ce village, que ses descendants possédèrent pendant cent cinquante ans, pour devenir ensuite possesseurs de fiefs dans l’Auxerrois, le Tonnerrois, le Nivernais, la Champagne, etc.

   (1) Chazeuil avait été brûlé par les Ecorcheurs quelques années auparavant.
     Jean de Beaujeu, seigneur de Chazeuil, n’avait de son premier mariage qu’une fille, Guillemette, qui épousa Martin de Sacquenay ( 2).
     Marguerite de Vaite lui donna:
     1° Jean II;
     2° François, abbé de Saint-Germain d’Auxerre et chambrier de Saint-Bénigne de Dijon;
     3° Guillaume, aumônier de Saint-Bénigne;
     4°, 5°, 6° Trois fils morts dans l’expédition de Charles VIII en Italie, pendant les années 1494, 1495.

     (2) Sacquenay, canton de Fontaine-Française, arrondissement de Dijon. La famille de ce nom eut plusieurs alliances avec celle de Beaujeu.
     B.  Jean II de Beaujeu, seigneur de Chazeuil, etc., fut nommé par son frère, François, capitaine de Moustier-en-Puisaye, château dépendant de l’abbaye de Saint-Germain, et c’est ainsi qu’il fut amené dans cette région.

     Il mourut en 1522, laissant veuve sa seconde femme, Catherine de Saint-Mauris (
3), de la maison, encore existante, de Saint-Mauris-Châtenois, en Comté. [p.407]

     Il avait eu de sa première femme, N. de Montjeu:
     1° Jean III;
     2° Claude, seigneur de la Maisonfort;
     3° PHILIBERT, évêque DE BETHLÉEM;
     4° Antoine, religieux de Saint-Bénigne et de Saint-Germain d’Auxerre. Il fut chambrier de Saint-Bénigne, après son oncle François, et procéda à l’inventaire des biens de l’abbaye de Saint-Germain, comme vicaire du nouvel abbé, Louis de Lorraine, au décès de François de Beaujeu, le 5 novembre 1539.

     C.
Jean III de Beaujeu, seigneur de Chazeuil, Jauge (1), Vincelotte (2), etc., était appelé Jean de Beaujeu le jeune, avant le décès de son père.
     En 1522, il retenait des chanoines d’Auxerre une maison située rue de la Parcheminerie. Il était alors [p.408]
marié à Jeanne le Rotier, veuve de Jacques Lenormand et fille d’Henri le Rotier, valet de chambre du roi, gouverneur d’Auxerre, et de Pernette de Thiard (1).  
     (3) Le marquis P. de Saint-Mauris, dans la généalogie de sa famille, fait naître Philibert de Catherine de Saint-Mauris, tout en reconnaissant qu’elle n’épousa Jean II de Beaujeu qu’en 1514. Or, Philibert était déjà novice à Saint-Bénigne eu 1502.
     D’Hozier lui donne pour mère Jeanne le Rotier; mais c’est une erreur [p.407] démontrée par les armoiries de Philibert, qui sont martelées d un sautoir d’or cantonné de quatre étoiles de même sur champ d’azur, tandis que les armoiries des Rolier sont un emmanché de quatre pièces, comme il est facile de s’en assurer par un sceau conservé aux archives de la Cote-d’Or (B, 350, cote 97), et qui se trouve au bas d’une quittance d’Edme le Rotier, le frère de Jeanne.
     D’un autre côté, pour pouvoir être la mère de Philibert, déjà novice à Saint-Bénigne en 1502, Jeanne eut dû se marier fort jeune, car elle est mineure à la mort de son père, le 27 mai 1493 (compte de Jean Riboteau, 1493, f°88, arch. de la Côte-d’Or, recueil de Peincedé, t. XXII, p. 901) et avant d’epouser un Jean de Beaujeu, elle fut conjointe à Jacques Lenormand, dont elle eut une fille, Marie.
     D’après la généalogie de la maison de Saint- Mauris, qui, sur ce point, paraît très bien renseignée, Jean II, le père de Philibert, est mort en 1521, laissant veuve Catherine de Saint-Mauris, sa seconde femme, alors que Jeanne le Rotier, qui aurait été sa première femme, était encore vivante. En effet, elle mourut seulement en 1525, comme il est dit dans le traité qui fut fait pour l’entrée de Marie Lenormand, sa fille, au couvent de Saint-Julien d’Auxerre, le 8 juillet de cette année (Arch. de l’Yonne, E, 488).
     (1) Jauge, canton de Saint-Florentin, arrondissement de Tonnerre (Yonne).
     (2) Vincelotte, canton de Coulanges-la-Vineuse, arrondissement d’Amerre.
     (1) Pernette de Thiard était fille de Jean Thiard, seigneur de Mont-Saint-Sulpice et gouverneur d’Auxerre, en 1476, après Tristan de Touloujon. (LEBEUF, Histoire d’Auxerre, t. III, p. 351).  
     Elle lui avait apporté en dot le tiers de la seigneurie de Jauge. II acheta les deux autres tiers, en 1524, après le décès de François du Brouillard (2), et cette terre devint l’apanage de l’aîné de ses enfants.
     Jeanne le Rotier trépassa en 1525, laissant une fille, Marie Lenormand, qui entra, le 8 juillet de cette année, au couvent de Saint-Julien. Jean de Beaujeu, son beau-père, avec la caution de François de Beaujeu, abbé de Saint-Germain, et de Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, s’engageait vis-à-vis du monastère à payer chaque année la somme de seize livres tournois assignées sur la justice de Chevroches (
3), sans préjudice du trousseau, dont le détail est donné dans le même acte (4).
     En 1527, Jean de Beaujeu était lieutenant du gouverneur et bailli d’Auxerre, nommé de Boissy (
5), et il venait d’épouser, le 19 décembre 1526, Gilberte de Beaurepaire, fille de Jean, seigneur du Chesne, avec laquelle il fut parrain, en 1529, d’une cloche qui existe encore dans l’église de Chazeuil.
     Jean III de Beaujeu mourut en 1546, laissant ses enfants sous la tutelle de son frère Philibert, évêque de Bethléem, ainsi qualifié dans les pièces de la procédure qu’il dirigeait pour ses neveux relativement à la justice de Chazeuil (
6). [p.409]
     (2) Archives de l’Yonne, H, 1477.
     (3) Chevroches, canton de Clamecy (Nièvre).
     (4) Archives de l’Yonne, E, 488.
     (5) Abbé LEBEUF, Histoire d’Auxerre, t. III, p. 397.
     (6) Archives de la Côte-d’Or, E, 1374.
     Gilberte de Beaurepaire lui survécut jusqu’en 1585. Elle lui avait donné
     1° François l’aîné, seigneur de Jauge, dont les descendants continuèrent le rameau de ce nom;
     2° Jean IV, le puîné, qui continua les seigneurs de Chazeuil;
     3° Philibert, novice à l’abbaye de Bèze, en 1536;
     4° Paul, seigneur de Villiers-Vineux (
1), qui forma la branche de Villiers;
     5° Jeanne, morte jeune;
     6° Elyon, décédé sans postérité;
     7° Claude, auteur de la branche d’Augeville, Montréal et Mézilles-en-Puisaye (
2), qui fournit les derniers représentants de la maison de Beaujeu-sur-Saône;
     8° Hardy, sans alliance;
     9° François, reçu chevalier de Malte en 1566 (
3).
     (1) Villiers Vineux, canton de Flogny, arrondissement de Tonnerre (Yonne).
     (2) Canton de Saint-Fargeau, arrondissement de Joigny (Yonne).
     (3) Abbé VERTOT, Histoire de l’ordre de Malte.

II
SEIGNEURS DE BEAUJEU DE LA MAISONFORT
(
4)

     Claude de Beaujeu, fils, comme l’évêque de Bethléem, de Jean II, seigneur de Chazeuil, devint seigneur de la Maisonfort par son mariage avec Marie des Ulmes, fille de Jean des Ulmes, seigneur de la
[p.410] Maisonfort (1), et de Christine de Blosset. Marie était veuve de Jacques de Giverlay (2), avec lequel et Christine de Blosset, sa mère, elle vendait, le 19 avril 1518, avant Pâques, à Jacques de Veilhan, la seigneurie de Michaugues, dépendant de Nevers, à cause de la châtellenie de Montenoison (3).

     Claude de Beaujeu, le 14 octobre 1523, avait donné son consentement pour l’établissement du bailliage d’Auxerre (
4). Il est dit seigneur de la Maisonfort, Bitry, Argenou et Chacenay (5), et paraît pour Marie des Ulmes, sa femme.
     En 1533, il faisait son hommage pour la forêt de Lormes, dépendant de la châtellenie de Donzy, et pour Villiers et Argenou relevant de Saint-Verain (
6).
     Le 28 mars 1537 (v. s.), par un traité auquel se trouve encore attaché le sceau de son oncle François,
[p.411] abbé de Saint-Germain, Claude prenait à bail perpétuel deux arpens de vignes à Irancy (1), moyennant le cens annuel de 20 sols tournois (2).
     Claude habitait, à Auxerre, une maison située dans un passage appelé, depuis ce temps, le passage de la Maisonfort.
     Il y mourut en 1541, et fut inhumé dans l’église de Saint-Germain. Le 24 février 1542, Marie des Ulmes, sa veuve, fondait un service pour son anniversaire et celui de Catherine de Blosset, sa mère (
3).
     De Marie des Ulmes, Claude laissait les enfants suivants
     1° René;
     2° Edmée, mariée à Adrien du Chesnais, seigneur de Longueron (
4). Après sa mort, en 1585, ses biens furent saisis pour défaut d’hommage de la part de ses héritiers (5);
     3° Jacqueline, mariée à Philippe de Prévost.
     Elles étaient veuves toutes les deux, le 25 octobre 1576, lorsqu’elles assistaient au mariage de Mary du Puys, fils de feu René du Puys et de Claudine de Prévost, avec Esmée d’Assue, fille de Louis d’Assue, écuyer, seigneur de Chastenay-le-Vieil, et de Louise de Canson (
6).
     (4) Maisonfort. (Voir la note 1 de la page 398).



     (1) Les des Ulmes possédaient une partie de la Maisonfort depuis le commencement du xve siècle. Jean des Ulmes, en 1435, «avait fait résistance dans la place de la Maisonfoit, ou il ne pouvait prétendre qu’à la troisième partie».
     Jean des Ulmes, le 24 mars 1464, assistait avec plusieurs chevaliers à un hommage du comte d’Auxerre envers l’évéque. (Abbé LEBEUF, Histoire d’Auxerre, t. I, p. 531), En septembre 1493, un Jean des Ulmes, seigneur de la Maisonfort, recevait de Jean Riboteau, trésorier général en Bourgogne, ses gages pour le service du roi. (Arch. de la Côte-d’Or, Peincedé, t. XXII, p. 903).
     Le 15 octobre 1511, Perrot des Ulmes, ayant procuration de son fière Jean, seigneur de la Maisonfort, avait rempli les devoirs féodaux. (Inv. de Nevers, col. 683). Jean était encore vivant en 1517. (Ibid., col. 179). Les des Ulmes portaient de sinople, au lion morné d’argent. Mais, selon M. de Soullrait, une quittance donnée par Jean des Ulmes, en 1438, et conservée à la Bibliothèque nationale, aurait un sceau pendant ou se verrait un fascé avec un lion brochant sur le tout. (Armorial de la Nièvre, t. Il, p. 220).
     (2) Giverlais, canton de Hérisson, arrondissement de Montluçon (Allier).
     (3) Montenoison, canton de Prémery, arrondissement de Cosne (Nièvre).
     (4) Abbé LEBEUF, t. III, p. 392.
     (5) Chacenay, canton d’Essoje, arrondissement de Bar-sur-Seine (Aube).
     (6) Inventaire de Nevers, col. 565, 566.
     (1) Irancy, canton de Coulange-la-Vineuse, arrondissement d’Auxerre (Yonne).
     (2) Archives de l’Yonne, H, 1134.
     (3) Gallia Christiana, t. XII.

     (4) Longueron, commune de Champlay, arrondissement et canton de Joigny (Yonne).
     (5) Inventaire de Nevers, col. 442.



     (6) Ibid., col 723.
     René de Beaujeu, seigneur de la Maisonfort, Coternoul, Saint-Belin, etc., plaidait à Gray, le vendredi [p.412] 6 mars 1555 (1) (v. s.), contre Guillaume de Beaujeu, seigneur de Volon, qui était possesseur du fief de la famille à Beaujeu. René avait dû conserver la part que son grand-père, Jean Ier de Beaujeu, avait reçue au territoire de Beaujeu, et pour lequel Jean II, son père, se disait seigneur dudit Beaujeu et de Chazeuil. René était marié à Catherine de Florette, qui épousa ensuite Antoine de Thibotot, seigneur de Ligny. Il était mort en 1575, car, cette année-là, Catherine de Florette, se disant veuve, reprenait de fief pour la Maisonfort et Bitry (2), en môme temps qu’Edmée de Beaujeu, sa belle-sœur, pour les terres et seigneurie d’Ouanne (3), Argenoul (4) et Cyez (5), dont elle avait les deux tiers.
     (1) Archives de la Haute-Saône, B, 550.
     (2) Archives de la Côte-d’Or, recueil de Peincedé, t. XXVIII, p. 801.
     (3) Ouanne, canton de Courson, arrondissement d’Auxerre (Yonne).
     (4) Argenou, commune de Saint-Amand-en-Puisaye.
     (5) Ciez, canton de Donzy, arrondissement de Cosne (Nièvre).

     De Catherine de Florette, René avait eu:
     1° Claude II;
     2° Gilbert, qui reprend de fief, en 1588, avec son frère Claude, pour la Maisonfort;
     3° Esther, épouse de Gilles du Castel, seigneur de Sichamps (
6), auquel elle porte Ouanne et Chastenay-le-Bas (7). Le 9 juillet 1619, Gilles du Castel, écuyer, se disant seigneur de Sichamps, Ouanne et Chastenay-le-Bas, était parrain, à Ouanne, de Gilles Ducret, fils d’Antoine, avocat au Parlement (8). Esther avait été marraine à Cravant (9), le 16 avril 1594 (10), avec Mte d’Amboise, femme d’Olivier de Chastelux. Elle [p.413] et son mari étaient encore vivants en 1624 et obtenaient le remboursement du droit d’éminage dans la ville de Mâcon, qui avait été vendu, le 31 mai 1522, à Philiberte Boulaise, dame de la Tour d’Orgelain, près Mâcon, son arrière-grand’mère (1).
     (6) Sichamps, arrondissement de Cosne (Nièvre).
     (7) Chastenay, canton de Couison, arrondissement d’Auxerre (Yonne).
     (8) Archives de l’Yonne, GG, Inv. p.80, v. Ouanne.
     (9) Cravant, canton de Vermenton, arrondissement d’Auxerre.
     (10) Archives de l’Yonne, GG, Inventaire, p. 141, col. 2.

     (1) Archives dela Cote-d’Or, B, 1257 Peincedé, t. XVI, p. 405.
     Claude II de Beaujeu, seigneur de la Maisonfort, reprenait de fief pour cette terre, en 1588, après la mort de sa mère (2).
     Pendant la Ligue, en 1593, le château de la Maisonfort fut investi par le duc de Nevers, qui vint avec cinq canons et deux couleuvrines, et força la garnison à capituler le 25 avril (
3).
     En 1607, Claude faisait son hommage pour la Maisonfort, Argenoul, la Sablonnière (
4).
     Il avait épousé Marthe de Rcgnault, qui lui donna:
     1° Elysée de Beaujeu, chevalier, seigneur de la Maisonfort, marié, en 1620, à Rachel de Massy, et mort peu après, laissant une fille posthume, Madeleine de Beaujeu, qui ne vécut que peu d’années, et dont la succession échut, en 1625, à sa tante Eléonore (
5);
     2° Eléonore de Beaujeu, mariée, en 1624, à Gédéon du Bois des Cours, seigneur de Favières, lieutenant de la compagnie de cent hommes d’armes de M. de Rosny. Il était au siège de Mouzon, en 1653, en même temps que Claude-Paul de Beaujeu, seigneur de Villiers (
6), avec lequel Bussy cherchait à lui faire avoir une querelle (7). [p.414]

     C’est en faveur des descendants de Gédéon que la Maisonfort fut érigée en marquisat par lettres patentes du 7 novembre 1748 (
1).
     (2) Inventaire de Nevers, col 566.
     (3) Societé des sciences de l’Yonne, t. XVIII, p. 235.
     (4) Inventaire de Nevers, col. 442.
     (5) Comte DE SORNAY, Épigraphie héraldique de la Nièvre, dans la Revue historique, nobiliaire et biographique, t. XIII, 1876, p. 197-199.
     (6) Claude-Paul, mort lieutenant-général au siège d’Arras, en 1654, était petit-fils de Paul, qui fut l’auteur de la blanche de Villieis (Voir p. 21).
     (7) Mémoires de Bitssy-Rabutin, t. I, p. 483. Bussy était jaloux de Claude-Paul, qui venait d’obtenir le grade de lieutenant-général.
     (1) Armorial de la Nièvre, par le comte DE SOULTRAIT, p. 154. Une généalogie de la fdmille du Bois des Cours est imprimée dans le tome VII des Archives généalogiques de la noblesse de France.
     En résumé, par suite de circonstances particulières, mais toutes naturelles, lorsque Philibert de Beaujeu était évêque de Bethléem, les Beaujeu de Franche-Comté se trouvaient représentés dans le Nivernais et l’Auxerrois, en même temps que les
Beaujeu-Forez, et cette singularité n’a pas été sans embarrasser beaucoup ceux qui se sont occupés de l’histoire de la région.

     Les Beaujeu de Franche-Comté n’étaient autres que Jean III de Beaujeu, seigneur de Chazeuil et de Jauge, et Claude de Beaujeu, seigneur de la Maisonfort, tous les deux frères du prélat.

     Du côté des Beaujeu-Forez, on trouvait Philibert de Beaujeu, seigneur de Lignières et d’Amplepuis, et la famille de Montaigne-Sallazart, héritière des Beaujeu-Montcoquier ou du Colombier.

     Portant le même nom, habitant la même province, ces deux familles avaient des terres voisines et relevant de la même châtellenie elles avaient même des fiefs ayant appartenu aux unes avant d’arriver aux autres. La Maisonfort avait été l’apanage des ancêtres de Catherine d’Amboise, la femme de Philibert de Beaujeu-Lignières, avant de venir à Claude de Beaujeu, par son mariage avec Marie des Ulmes.

     Pouvait-on ne pas les confondre?
[p.415]

     Évidemment mais, pour cela, il ne fallait pas perdre de vue leurs armoiries.
     Surtout, il ne fallait pas attribuer indifféremment au même personnage le lion des sires de Beaujeu-Forez et les burelles des Beaujeu de Franche-Comté.
     C’est cependant ce qui a été fait. Dans l’Inventaire des titres de Nevers de l’abbé de Marolles, par M. le comte de Soultrait, à la table des armoiries et au nom de Beaujeu-Montcoquier, on renvoie aux colonnes 33, 679, 693, 695, 728.
     Aux colonnes 33 et 693 sont bien décrites les armes de Beaujeu-Forez avec un lion mais aux trois autres se trouvent indiquées les armes de l’évêque de Bethléem.
     Ce ne pouvait être cependant que les unes ou les autres, mais pas indistinctement les unes et les autres. Naturellement, l’erreur a été reproduite dans l’Armorial de la Nièvre du même M. de Soultrait. Une confusion non moins singulière se trouve dans l’Épigraphie héraldique de la Nièvre, par M. le comte de Sornay (
1). A la seigneurie d’Asnois, on lit: «La porte d’une tourelle est décorée d’un écusson très fruste, sur lequel nous avons pu distinguer un parti. et une fleur de lys surmontée d’une fasce ondée. Cet écusson est celui des Beaujeu de Franche-Comté, parti de Montcoquier, dont les armes, suivant Paillot, étaient de sable à trois fleurs de lys d’or, au chef abaissé, ondé de même (2) ».
     (1) Revue historique, nobiliaire et biographique, t. XVI, 1877, p. 103, 1C4.


     (2) Voir la note 1 de la page 401.
     Un écusson certainement très fruste, puisqu’on ne peut définir le parti, lequel se trouve alors représenter les armes des Beaujeu de Franche-Comté, uniquement [p.416] parce qu’il est accolé aux armes des Montcoquier Mais il faudrait d’abord démontrer (ce qui n’est pas possible) que les armes des Beaujeu-sur-Saône, c’est-à-dire un burelé d’argent et de gueules de dix pièces, ont jamais figuré sur le même écu avec les armes des Montcoquier!...

     Dans la Semaine religieuse de Nevers du 11 octobre 1869, M. le Maistre, correspondant du Ministère de l’instruction publique, donne de «nouveaux détails sur Philibert de Beaujeu, évoque de Bethléem», où il est dit:
     «Philibert de Beaujeu avait pris et portait les armes des anciens seigneurs du Forez mais François de Beaujeu, son oncle, abbé de Saint-Germain, était originaire de Franche-Comté et portait des armes différentes.
     «Il y avait une dame de Tanlay, Catherine de Beaujeu-Montcoquier, dame d’Asnois, ceci est à noter, qui portait comme François de Beaujeu et écartelait de Montcoquier.
     «Nous avons eu pendant quatre siècles, dans les environs de Tonnerre, des Beaujeu, seigneurs d’une foule de fiefs qui portaient à peu près comme les seigneurs de Franche-Comté ils écartelaient de Beaujeu-Forez, comme l’évêque de Bethléem. Philibert de Beaujeu n’aurait-il pas pu être de cette dernière maison?
     «Cette discussion ne jette-t-elle pas une grande incertitude sur l’origine de l’évêque de Bethléem, doyen de Tonnerre?»

     Après avoir écrit ce qui précède, on ne saurait mieux conclure, et il est évident que plus on discuterait de cette façon, plus on aurait chance de s’éloigner de la vérité.
[p.417]
     Je le répète, il ne peut exister d’incertitude sur la famille du prélat.
     D’un autre côté, il n’avait pas pris les armes des anciens seigneurs de Forez, et son oncle portait, comme lui, burelé d’argent et de gueules de dix pièces, ainsi qu’on peut le voir sur un sceau encore pendant à un titre conservé aux archives de l’Yonne, dans la liasse H, 1134.
     Pour les armes de Catherine de Beaujeu, dame de Montcoquier, et descendant par conséquent des Beaujeu-Forez, elles n’avaient et ne pouvaient avoir aucune ressemblance avec celles de François de Beaujeu.
     Quant aux Beaujeu des environs de Tonnerre, qui résidèrent à Jauge et à Villiers-Vineux, ils y restèrent deux et non quatre siècles. Ils y arrivèrent après l’achat de Jauge, en 1524, par Jean III, frère de l’évêque et neveu, comme lui, de François de Beaujeu, abbé de Saint-Germain, et ils avaient définitivement quitté le pays après la mort de Charles-Louis, en 1727. Primitivement, ils ne portaient pas «à peu près (
1)», mais absolument comme les seigneurs de Franche-Comté, [p.418] dont ils tiraient leur origine. C’est seulement dans le courant du xvne siècle qu’ils eurent l’idée de modifier leur blason. Ils se contentèrent alors d’un parti, c’est-à-dire qu’ils divisèrent l’écu verticalement en deux, pour mettre à droite un lion debout (1), sans réfléchir que s’ils fussent sortis du Beaujolais ils auraient pu porter les armes des Beaujeu de cette province. Et même, comme la lignée était éteinte, ils auraient eu le droit de relever les armes pleines, sans la moindre brisure ou modification indiquant une branche cadette ou collatérale.
     (1) Relativement à cet «à peu près», je ne saurais trop dire et répéter que les pièces authentiques, les sceaux que j’ai eus entre les mains portent tous, sans exception, burelé de dix pièces.
     Les tombes, que j’ai vues en grand nombre, portent de même 10 burelles. En dehors de la Franche-Comté, quelques tailleurs de pierre ou copistes ont pu ne pas comprendre l’importance des 10 burelles et diviser l’écu en un nombre variable. Dans le dixième volume des Mémoires de la commission des antiquités de la Côte-d’Or, le dessin de la tombe de Guillaume de Beaujeu, frère de François, abbé de Saint-Germain d’Auverre, ne donne que 7 à 8 burelles.
     De même, l’écusson sculpté sur le fronton du caveau qui renfermait la sépulture de Philibert de Beaujeu, à Clamecy, n’aurait que 8 burelles. Ce serait à vérifier; mais s’il en est réellement ainsi, c’est une faute ou une négligence de l’ouvrier, puisque les sceaux de l’évêque qui devaient servir de ntndèle présentent 10 burelles.
     A Beaujeu, Chazeuil, Mont-Saint-Léger, Aroz, Vénère, Lavoncouit, Raucourt, les tombes ont toutes 10 burelles. Les reproductions des monuments [p.418] funèbres de l’église de Monlot à la Bibliothèque nationale montrent aussi 10 burelles.
     A Chazeuil, sur la cloche fondue en 1529, avec les armes de Jean III de Beaujeu, on peut compter 10 burelles, comme sur les écussons que l’on voit encore sur les murs du château. Il en est de même pour l’église de Jauge et la croix qui se trouve toujours dans le milieu du village. J’ai donc lieu de croire qu’on s’est trompé lorsqu’on a annoncé un nombie inférieur, et ce qui me confirmerait encore davantage dans mon opinion, c’est que Peincedé lui-même, l’auteur du remarquable recueil conservé aux archives de la Côte-d’Or, n’a évidemment pas attaché d importance aux divisions de l’écu. Pour les sceaux de Jean-Gauthier de Beaujeu, de la branche de Mont-Saint-Léger, et ils sont nombreux, il dit que l’écu est fascé de 8 pièces (t. XXIII, p. 289), et il renvoie aux liasses B, 1058 et 407, dont les sceaux, au nombre de 6, présentent tous un écu à 10 compartiments bien faciles à compter.
     (1) J’en ai trouvé la reproduction sur deux petits sceaux plaqués unis au bas d’une lettre écrite, le 28 décembre 1628, aux maire et échevins de la ville de Langres, par Paul-François de Beaujeu, de la branche de Villieis-Vineux, capitaine-lieutenant de la compagnie de gendarmes du duc de Mayenne. Il était à Baissey (canton de Longeau, arrondissement de Langres), avec sa troupe, et il demandait qu’on lui fournit les vivres nécessaires. (Archives de la ville de Langres, 1092).
     Paul-François de Beaujeu était aussi gentilhomme ordinaire de la chambre du duc d’Orléans, capitaine des gardes du corps de Charles II de Gonzague, duc de Nevers et de Mantoue, et son ambassadeut en Hongrie. Cela peut expliquer son désir de faire meilleure figure.
     Plus tard, leurs cousins de Franche-Comté, de la branche de Montot, suivirent l’exemple; mais ils adoptèrent quatre cantons, pour placer au 2e et 3e le lion du Beaujolais avec son lambel à 5 pendants. [p.419]
     Cela paraît d’autant plus singulier que dans les églises de Beaujeu, d’Aroz (
1), de Venère (2), Raucourt (3), et surtout de Montot (4), les tombes de leurs ancêtres, comme aussi celles plus récentes de Marc de Beaujeu et de sa fille Françoise, morts tous les deux en 1614, ne montraient que les 10 burelles primitives.
     Quel fut le motif de cette détermination quelque peu tardive ?
     Il est facile à deviner, et tous ceux qui ont dirigé leurs études de ce côté savent combien de généalogies ont été faussées de cette façon (
5). C’est que si les grands n’ont jamais manqué de courtisans, le simple gentilhomme lui-même a trouvé des complaisances pour élever sa lignée au niveau des races les plus célèbres. Ce fut du reste à cette époque que, sacrifiant à la mode, les Beaujeu de l’Auxerrois se disaient d’abord barons, puis vicomtes, comtes et enfin marquis [p.420] de Beaujeu (1). Ceux de Franche-Comté se qualifiaient barons avant de prendre le titre de comte, dont ils se contentèrent.
     Il est donc probable qu’ayant à produire ses titres de noblesse pour obtenir un titre ou une fonction quelconque, un de ces gentilshommes s’adressa à un généalogiste qui, à bout de preuves, crut, sur la similitude de nom, pouvoir rattacher ses clients à la maison du Beaujolais, éteinte depuis longtemps.

     Le fait est hors de doute pour ceux de Franche-Comté, dont la généalogie imprimée (2) pour être présentée à M. de Caumartin, intendant de la province en 1670, fut dressée par d’Hozier, qui les fit descendre d’Humbert III et d’Auxilie de Savoie. C’est une erreur que rien ne justifie et qui est démontrée par les documents que j’ai recueillis et qui établissent la filiation de la maison de Beau jeu-sur-Saône jusqu’à Ponce de Beaujeu, vivant en 1083.
     (1) Aroz, canton de Scey-sur-Saône, arrondissement de Vesoul (Haute-Saône). Dans le chœur de la vieille église se trouvent la tombe de Louise d Achez, femme de Claude de Beaujeu, seigneur de Montot, et celle de Catherine de Gevigney, femme de Pierre II de Beaujeu, seigneur aussi de Montot.
     (2) Vénère, canton de Pesrnes, arrondissement de Gray, possède dans l’église la tombe de Guillaume de Beaujeu et de Louise de Scey.
     (3) Raucourt, commune de Roche, canton de Dampieire-sur-Salon, arrondissement de Gray. Dans la chapelle du ehàleau se voient plusieurs tombes, dont deux très belles en demi-bosse, quoique couchées sur le sol. L’une d’elle est celle de Françoise de Beaujeu, fille de Marc, seigneur de Montot, et femme de François de Grachaut Elle mourut en 1614. Cette tombe est reproduite à la planche IX de l’Histoire généalogique de la maison de Beaujeu, 2e partie.
     (4) Montot, canton de Dampierre-sur-Salon, arrondissement de Gray.
     (5) M. Jules Gauthier, le savant archiviste du Doubs, qui vient de prendre, a Dijon, la succession du regretté Joseph Garnier, a donné un exemple remarquable dans le Bulletin de la Société d’émulation du Doubs, 1903, p. 186 et suivantes.
      (1) Le premier que l’on trouve qualifié de cette façon est Claude-Paul, le fils de Paul-François, dont il est question a l note 1 de la page 30. Il était alors mestre de camp d’un régiment de son nom qui faisait campagne en Catalogne, en 1652, sous les ordres de Pierre Duban de la Feuillée, son parent. Dans la procuration envoyée pour le mauage de sa sœur Blaisine avec J.-B. Pitoizet d’Obtiée, Pierre Duban se dit «capitaine major, commandant le régiment de M le marquis de Beaujeu» (Archives de la Côte-d’Or, E, 43).

     (2) Un exemplaire se trouve aux archives de la Cote-d’Or, E, 73. Un autre existe aux archives du Doubs.
     Mais si les Beaujeu de Franche-Comté ne descendaient pas des Beaujeu du Beaujolais, il n’est pas sans intérêt de rappeler qu’il y avait eu, au XIVe siècle, entre les deux familles, une alliance que d’Hozier a mentionnée dans sa généalogie. Cela n’avait pas été sans lui donner une haute idée de l’importance de la maison de Beaujeu-sur-Saône. Et comme il n’ignorait sans doute pas qu’une alliance en amène souvent une [p.421] autre dans les familles, comme le dit du Chesne (1), il a pu être de bonne foi dans son travail.
     (1) Histoire de la maison de Vergy, p. 112.

     Quoi qu’il en soit, Jeanne de Beaujeu-sur-Saône, fille unique de Joffroy, le dernier représentant de la branche aînée, avait épousé, en secondes noces, Louis de Beaujeu, seigneur d’Aloignet, le frère de Guillaume, seigneur d’Amplepuis, auteur des Beaujeu-Lignières, et de Robert, père de Jean, qui donna naissance aux seigneurs du Colombier et de Montcoquier. C’est là encore, il faut le reconnaître, une coïncidence assez curieuse et à rapprocher de celles dont il a déjà été question.
     On pourrait facilement admettre que ce mariage avait été conclu avec l’intention de continuer ainsi le nom de Beaujeu de Franche-Comté. On sait, en effet, qu’au moyen âge, à l’extinction d’une race, le relèvement du nom et des armes était le plus souvent imposé aux héritiers, quels qu’ils fussent.
     Malheureusement, Louis de Beaujeu ne laissa qu’une fille, Antoinette, décédée sans enfant de son mariage avec Jacques d’Arguel. Mais, en cas de descendance masculine, une confusion inévitable se fût établie par la suite, et la similitude du nom aurait fait croire que les ancêtres de Jeanne, eux aussi, étaient d’une branche de la première famille de Beaujeu du Beaujolais. Cette alliance des deux maisons de Beaujeu était à noter, surtout après les curieuses coïncidences sur lesquelles j’ai appelé plus haut l’attention, et dont on pourrait facilement multiplier les exemples. Dans le nombre, il en est une qui mérite d’être signalée.
      On a vu que Philibert de Beaujeu, seigneur d’Amplepuis et de Lignières, était marié à Catherine d’Amboise, fille de Charles d’Amboise, seigneur de Chaumont et grand-maître de France, et sœur du
[p.422] cardinal-évêque d’Albi. Or, la petite cousine de cette dame, Françoise, fille d’Antoine de Clermont d’Amboise le jeune, épousa Alexandre de Beaujeu, fils de Jean V, seigneur de Chazeuil, et petit-neveu de Claude de Beaujeu, seigneur de la Maisonfort, et de l’évêque de Bethléem.

     Par ce mariage, Alexandre de Beaujeu se trouvait allié aux plus nobles maisons de France Chalon, Bourgogne, Choiseul, Baufïremont, Vergy, Pontailler, Larochefoucaud, Lévis, Chiverny, Chevreuse, Albret, etc. Le frère utérin du père de Françoise, Antoine de Croy, prince de Porcien, étant mort sans enfant de Catherine de Clèves (1), sa succession fut réclamée en partie par Alexandre de Beaujeu, ses enfants et petits-enfants mais elle devait retourner définitivement aux Clermont d’Amboise, car une nouvelle alliance avait eu lieu entre les deux familles.

     (1) Catherine de Clèves épousa ensuite Henri de Guise, le balafré, et lui donna quinze enfants.
     Anne de la Rochette, petite-fille d’Alexandre de Beaujeu, par sa mère, Marguerite de Beaujeu, avait été mariée à François de Clermont d’Amboise, sixième enfant de Louis II, marquis de Reynel, et de Diane de Pontailler (2). Le 15 avril 1710, Nicolas de Beaujeu, capitaine de la compagnie de gendarmes du duc d’Anjou (3), brigadier des armées du roi, gouverneur de Saint-Dizier, et qui était aussi petit-fils d’Alexandre de Beaujeu, avait fait un traité avec Louis d’Alsace, comte de Bossut, son cohéritier de la ligne maternelle, [p.423] tant en son nom qu’en celui de sa cousine, Marie-Françoise-Justine de Clermont d’Amboise, fille d’Anne de la Rochette.

     (2) Diane de Pontailler était fille de Jean-Louis de Pontiiller, baron de Talmay, et d’Anne de Vergy, sœur de Clériadus, dernier représentant de la famille de Vergy et gouverneur de la Franche-Comté.
     (3) Le duc d’Anjou, fils du dauphin et petit-fils de Louis XIV, devint roi d’Espagne sous le nom de Philippe V, par suite du testament de don Carlos, en 1700. Ce fut lui qui commença la branche des Bourbon d Espagne.
     Mais l’affaire n’était pas réglée à la mort de Nicolas, le 3 mai 1717, et, par son testament du 5 mai précédent, il avait légué à Jean-Baptiste-Louis de Clermont d’Amboise, marquis de Reynel, tous ses droits dans la succession d’Antoine de Croy, prince de Porcien, «pour laquelle ils avaient un procès en commun, contre Son Altesse Royale le duc d’Orléans et MM. les princes de Chimay et d’Arenberg (1)». 
     (1) Archives de la Haute Saône, E, 650.
CONCLUSION

     Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, appartenait à la maison de Beaujeu de Franche-Comté, branche de Chazeuil. S’il ne descendait pas des «princes», sa famille n’avait cependant pour ainsi dire rien à envier aux plus illustres maisons, et comme ancienneté et comme alliances.






Source: texte donné par Fleureau dans ses Antiquitez d’Estampes imprimées en 1683. Saisie: Bernard Gineste, décembre 2012.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
  
Éditions

     1) Charte originale, 25 février 1543, scellée avec un fil de soie de couleur verte passant dans deux capsules de fer-blanc. Perdue.

     2) Copie manuscrite (vraisemblablement dans un Cartulaire de Saint-Basile).

     3) Copie manuscrite prise par Fleureau, vers 1668, aujourd’hui perdue.

     4)
Antiquitez d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, pp. 410-411 (Texte imprimé après la mort de Fleureau, sous la direction de Remy de Montmeslier).

     5) Bernard GINESTE [éd.], «Philibert de Beaujeu: Institution à Étampes d’une fête chômée de saint Basile (25 février 1539)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cls-16-philibertdebeaujeu1539stbasile.html
, 2012.
  
Sur Philibert de Beaujeu

     MONACHI CONGREGATIONIS S. MAURI ORDINIS S. BENEDICTI (Moines de la congrégation bénédictine de Saint-Maur), «Philibertus [de Beaujeu]», in «Ecclesia Bethleemitana», in ID., Gallia Christiana, in provincias ecclesiasticas distributa, in qua series et historia archiepiscoporum, episcoporum et abbatum regionum omnium quas vetus Gallia complectebatur, ad origine Ecclesiarum ad nostra tempora deducitur et probatur ex authenticis instrumentis ad calcem appositis, operâ et studio monachorum congregationis S. Mauri ordinis S. Benedicti. Tomus duodecimus, ubi de provinciis Senonensi et Tarentasiensis agitur [VIII+569+CVI p.; «Gaule chrétienne, répartie en provinces ecclésiastiques, où la série et l’histoire des archevêques, des évêques et des abbés de toutes les régions que comprenait l’ancienne Gaule est établie depuis l’origine des églises jusqu’à notre époque et prouvée par des documents authentiques. Tome 12, où il est question des provinces de Sens et de Tarentaise»], Parisiis (Paris), ex typographia regia (Imprimerie royale), 1770, col. 694-695 (et pièces justificatives col. 241-242).
      Réédition numérique par Google sur son site Google Books, books.google.fr/books?id=MXCTaRlDmywC&pg=PA902&#v=onepage&q&f=false, en ligne en 2012.
      Dont une saisie en mode texte par Bernard Gineste sur le Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cls-16-philibertdebeaujeu1539stbasile.html#gallia, 2012.

     Jules BERTIN, «La vérité sur Philibert de Beaujeu évêque de Bethléem et les différentes familles du nom de Beaujeu qui se rencontrèrent dans le Nivernais et l’Auxerrois aux XVe et XVIe siècles», in Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts 21 (1906), p. 393-427.
      Réédition numérique en lmode image par la Bnf sur son site Gallica, gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k298756x/f411.image, en ligne en 2012.
     
Dont une saisie en mode texte par Bernard Gineste sur le Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cls-16-philibertdebeaujeu1539stbasile.html#bertin, 2012.

     E. PROT, «Consécration de l’église collégiale de Saint-Émilion le 23 avril 1542», in Revue historique et archéologique du Libournais 48 (1980), pp. 54-55 [avec une traduction de cette charte latine].

Sur Saint-Basile d’Étampes

     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De l’Eglise de saint Basile (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c12.html, 2012.

     Voyez aussi notre bibliographie sommaire sur Saint-Basile, en annexe à la même page: www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c12.html#bibliographie, 2012, et spécialement:

    Julie AYCARD, « Saint-Basile d’Etampes de la fin du Moyen Âge à la Renaissance - 1450-1550», in Élise BAILLEUL [dir.], Art et architecture à Etampes au Moyen Âge, Chamarande, Société historique et archéologique de l’Essonne et du Hurepoix [«Mémoires et documents» 20], 2010, pp. 179-198, spécialement pp. 191-198: «Les travaux du milieu du XVIe siècle».

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