Souvenirs obscur d’un juif polonais né
en France
Curiculum vitae
[pp.
37-40: Scolarité à Évreux, Étampes,
puis Compiègne]
A Évreux je compris que j’étais inculte, que j’étais
insensible à [p.38] la
littérature et à l’art français. Racine et Corneille
n’éveillaient en moi qu’un ennui implacable. J’étais, moi,
ce Juif dont Maurras disait qu’il ne pouvait accéder à la
beauté des tragédies et de la poésie raciniennes. Mais
j’aimais — sensuellement — Baudelaire.
Je mesurai aussi, ce fut ma première expérience de ce plaisir,
la volupté des instants de libération et de révolte.
Vers la fin de l’année scolaire 1959-1960,
je participai activement à une mutinerie d’élèves,
d’internes. Ce fut une mutinerie contre la discipline qu’imposait un surveillant
général roide et pervers. Nous déclenchâmes
l’action à minuit, de nos dortoirs, en lançant des pétards-crapauds
(du haut des fenêtres) dans la cour de l’internat (on en écouta
les détonations dans la ville: le lycée la surplombait). Puis
nous nous mîmes à hurler des slogans vengeurs et homicides (Cyrac
assassin, Cyrac au poteau, fusillez Cyrac). Nous étions déchaînés
et désenchaînés de la discipline de troupeau, nous étions
une meute, nous étions libres. Je jouissais. Cela dura deux jours,
l’élan fut brisé par les moyens traditionnels. Mais durant
ces deux jours nous fûmes libres et cette saveur nous était enivrante:
on nous craignait et nous ne respections plus nul règlement. On m’enferma
ensuite dans l’infirmerie de l’internat, pour que j’y attende ma comparution
devant le conseil de discipline. Ce fut ma première détention
préventive. Je me souviens, bien sûr, de ce premier jugement,
et je m’en souvins devant les Assises. Je fus exclu définitivement
du lycée.
J’avais vécu deux ans dans cet internat et j’y étais attaché
par des fibres de plaisir quotidien et simple. Devoir m’y arracher me
rendit fou d’une douleur furieuse. Quand je montai dans la salle d’études
de l’internat pour y chercher mes affaires — mon père m’attendait
dans le hall du bâtiment principal, il avait été convoqué
en prévision de l’issue du conseil de discipline — je fus pris
d’une violente crise et brisai une bonne partie du mobilier de la salle.
Puis je partis en courant — l’internat était situé sur une
colline, je redescendis donc vers le bâtiment principal — pour fuir.
Les professeurs du conseil de discipline, alertés, vinrent à
ma rencontre. Je les évitai d’une feinte et traversai une porte
vitrée que j’avais cru pousser dans le sens de l’ouverture — en
réalité il fallait la tirer. On déclara que j’avais
tenté de me suicider, qu’il s’agissait d’un acte manqué.
Je dis à mon père que je voulais rester à Évreux
et que c’était la raison de ma fuite et [p.39] de ma fureur. Il accéda à
mon désir et m’émancipa sur-le-champ.
Je devais préparer le brevet. En fait, je passais mon temps dans
les nombreux bars et cabarets de cette ville faite en partie — à
l’époque — pour la soldatesque américaine. Je fréquentais
des gangsters juifs, des proxénètes (me semble-t-il) et quelques
jeunes voyous motorisés dont l’univers était régi par
les chants d’Elvis Presley. Je commençai la révision des matières
inscrites au brevet quelques heures avant l’examen. Je le ratai. Mais peu
m’importait, car j’étais admis à passer en seconde.
Je partis à Varsovie où je connus la fille d’un noble polonais.
Elle était belle et majeure. Je m’en épris. Je ne pouvais
la posséder (c’était la première fois que je pénétrais
une femme) sans penser à mon père, à mes aïeux,
pour qui une telle relation — en leur temps — eût été
impossible ou extrêmement périlleuse. Je baisais une belle
Polonaise blonde et noble. Je la baisais en Pologne. Je la baisais dans
la douce nuit de l’été de Pologne, ce pays d’hiver où
les chaleurs sont spécialement bouleversantes.
(C’est à Évreux que j’eus la transparence définitive
que je n’étais pas vraiment français. J’étais dans
un train secondaire, entouré de paysan normands. Je les regardai
et pensai que je n’étais pas français. Et j’ai toujours su
que je n’étais pas polonais.)
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1960-1961. Classe de seconde à
Étampes. 21 avril, le putsch. J’espère cette invasion,
une guerre civile, je suis rempli d’images de guerre d’Espagne. La nuit
du dimanche 22 au lundi 23, je la passe dans le local du parti communiste,
à Montrouge. Vers minuit, après que le discours de Debré
eut provoqué en moi un frisson de plaisir — j’y voyais (sentais)
le signe d’un orage majeur et historique — j’ai informé mon père
que j’allais répondre à l’appel du parti et de la CGT, que
la radio avait répercuté et diffusé. Il est couché
et me dit: «Ils vont se rendre, c’est du cinéma, de toute
façon, s’il faut être là je serai là.»
Et il s’endort. Mais je sens qu’il est heureux de ma décision. J’attendis
les parachutistes toute la nuit, et des armes pour les combattre, qui, pas
plus que les parachutistes, ne nous arrivèrent. Ce fut une nuit d’attente
impatiente et exaltée. Je pensais que nous étions près
d’Orly et que nous serions les premiers à nous battre. Le matin,
déçu, exténué aussi, je regagne le lycée.
Je dors toute la journée. La nuit (du lundi au [p.40] mardi), je suis envahi de la frayeur
de périr au combat et j’ai un moment de lâcheté imaginée,
l’envie de renoncer (à cette guerre qui n’eut pas lieu). Mais je me
lève victorieux de ma peur passagère, résolu. J’apprends
que le putsch est fini, que les généraux se sont rendus ou sont
passés dans la clandestinité. J’en suis triste. (Plus jamais
je ne connaîtrai ce veule abandon d’envisager de préférer
vivre à mourir violemment. J’allais avoir dix-sept ans.)
Varsovie, été 1961. Je suis initié à
la vodka.
1961-1962. Classe de première
à Compiègne. Je suis choqué de la passivité
de la gauche organisée envers l’OAS et que la lutte efficace soit
surtout conduite par les équipes spéciales du gouvernement.
J’ai, pour les policiers pogromistes des ratonnades d’octobre 1961, une
haine farouche et juive. Je ne comprends pas que les victimes assassinées
de Charonne ne soient pas vengées. A Compiègne, je rencontre
le fils d’un FTP juif tombé en août 1944. Il est interne,
comme moi. Nous prévoyons la formation d’un groupe clandestin qui
mènerait de violentes et meurtrières actions antifascistes.
Nous recrutons un autre interne. Nos projets: voler des armes (nous savons
où), tuer quelques personnalités connues pour leurs sympathies
OAS. La guerre d’Algérie se termine avant que nous passions à
l’action. (Nous avions confié notre intention à une personne
qui travaillait avec le Front universitaire antifascite, avec le FLN aussi,
et qui, horrifiée, nous avait suppliés de ne rien faire.
Était-il possible qu’une action sorte de notre rève? Oui,
je crois.) [...]
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BIBLIOGRAPHIE
Édition
Bernard GINESTE
[éd.], «Pierre Goldman: 1960-1961 (extrait des Souvenirs obscurs d’un
juif polonais né en France, 1975)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-20-pierregoldman.html, 2004.
Œuvres
de Pierre Goldman
Pierre GOLDMAN, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né
en France [285 p.; autobiographie], Paris, Seuil, 1975 [épuisé]. Réédition:
[18 cm; 311 p.], Paris, Seuil [«Point»
1294], 2005
Pierre GOLDMAN, L’ordinaire mésaventure d’Archibald Rapoport.
Roman [189 p.], Paris, Julliard, 1977.
Dossier de presse sur Pierre
Goldman
Libération,
Le Monde, Esprit, Les Temps Modernes, L’Arche,
VSD: 87 articles de presse de 1974, 1975, 1976, 1977, 1979
et 2001, réunis, saisis et mis en ligne sous la direction de Jean-Michel FONTAINE, www.parler-de-sa-vie.net/pierre/pierre.html, en ligne
en 2004.
Trois articles dans Le Figaro du 24 septembre 2005: Patrice BURNAT, «Le braqueur révolutionnaire avait
étudié en cellule» [909 mot]; «L'embarrassant fantôme
de Pierre Goldman» [746 mots] & «Pierre Goldman La contre-enquête
qui embarrasse ses anciens camarades», [p.8; 19 mots].
Ouvrages sur Pierre Goldman
Hélène CIXOUS, Un K. incompréhensible:
Pierre Goldman, Paris, Christian Bourgois, 1975.
Régis DEBRAY, Les rendez-vous manqués
(pour Pierre Goldman), Paris, Le Seuil, 1975.
Wladimir RABI & Alter
Goldman, L’homme qui est entré dans la loi: Pierre Goldman. Entretien
avec Alter Goldman, Paris, La Pensée Sauvage [«supplément à
la revue Les temps modernes numéro 353»], décembre 1976 [dont une réédition
numérique en mode texte par Jean-Michel FONTAINE: www.parler-de-sa-vie.net/pierre/197612xx01.html, en ligne en 2004].
Dr Yves
ROUMAJON, Ils ne sont pas nés délinquants, Paris,
Robert Lafon [«Press Pocket»], 1981.
Jean-Paul DOLLÉ, L’insoumis. Vies et légendes de
Pierre Goldman, Paris, Grasset, 1997.
Message d’une internaute étampoise
qui recommande le livre de Dollé
Au delà du parcours de vie de Goldman l’intérêt de
ce livre réside, à mon sens, dans le témoignage sur
une époque, les années 60-79, marquées par des idéaux
et le brassage d’idées dont on aimerait qu’elles rejaillissent aujourd’hui...
J’ajoute qu’à l’époque le Magazine Littéraire
avait salué ce bouquin comme relatant l’épopée "d’un
héros de notre temps".
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Critique de Josyane Savigneau parue
dans Le Monde du 24 Octobre 1997
Jean-Paul Dollé, témoin
lucide
Ce n’est
pas sans appréhension, en ce temps fanatiquement voué à
la commémoration, que l’on voit venir le trentième anniversaire
de mai 68. Après le déferlement de mythologie virile, guerrière
et «christique» qui entoure le trentième anniversaire
de la mort de Che Guevara, on peut tout craindre. C’est pourquoi, d’emblée,
on se dit que l’essai de Jean-Paul Dollé, L’Insoumis, vies et
légendes de Pierre Goldman, n’est que le premier d’une longue
cohorte de livres «générationnels», déclinant
à l’infini le «qu’avons nous fait de nos années 60?».
Si l’on passe sur le titre, grandiloquent, et sur l’accablante phrase de
Péguy placée en épigraphe «Nous voulons bien
avoir été bernés, mais nous voulons avoir été
grands», qui, en fait, décrit assez justement les protagonistes
du récit, on lira un texte remarquable de finesse et de lucidité.
A l’inverse de la pulsion commémorative, qui porte en elle la volonté
d’amnésie, l’analyse de Dollé incite à comprendre,
à penser un individu exceptionnel et une époque dans toutes
leurs complexités et leurs ambiguïtés, donc à
les garder en mémoire.
Comment résumer, pour ceux auxquels ce nom
ne dit rien, le destin de Pierre Goldman, alors que, précisément,
le livre de Dollé va contre toutes les simplifications? Né
à Paris en 1944 dans une famille juive polonaise, Goldman, au début
des années 60, entre dans le cercle de ceux qui militent à
l’Union des étudiants communistes. Ce «héros sartrien»
fait la connaissance de jeunes intellectuels bien décidés à
renverser le vieux monde et qui, pour l’heure, font le coup de poing contre
les étudiants d’extrême droite en rêvant de guérilla
en Amérique latine. Goldman ne sera jamais vraiment l’un d’eux d’ailleurs
parmi eux, déjà, il y a les normaliens de la rue d’Ulm et
«les autres». Régis Debray, qui «se méfie
de la marginalité et de l’amateurisme intellectuel de Goldman»,
est l’un de ces normaliens avec lesquels on «bute toujours sur [un]
fond de scepticisme, qui est le nom, plus anodin, de leur arrogance».
Comme Régis Debray, Goldman ira en Amérique
latine. En 1967. En mai 68, à Paris, il ne comprend pas ces gens
qui veulent «parler, comprendre, ne plus obéir bêtement,
ni se faire voler leur vie ; ils ne veulent pas prendre le pouvoir, encore
moins déclencher une guerre civile. Ils veulent être libres».
Goldman rejoint le Venezuela. Quand il en revient, en 1969, il choisit la
marginalité du gangstérisme. Le 8 avril 1970, il est arrêté,
accusé de braquages, qu’il reconnaît, et du meurtre de deux
pharmaciennes, qu’il nie. Lors de son procès, en 1974, on a le sentiment
d’assister à un règlement de comptes entre une société
qui a eu peur et un symbole de la jeunesse qui s’est soulevée à
la fin des années 60. Il est condamné à la réclusion
criminelle à perpétuité, alors que l’accusation n’a
rien pu prouver. Dans la salle de la cour d’assises de Paris, c’est l’émeute.
Puis intellectuels et artistes se mobilisent pour Goldman. Son pourvoi en
cassation est accepté, il est rejugé en 1976 et acquitté
par la cour d’assises de la Somme. En prison, il écrit un très
beau livre, publié en 1975, Souvenirs obscurs d’un juif polonais
né en France.
Selon Dollé, «Goldman est resté
un insoumis. En 1976, quand il sort de prison, c’est une disposition d’esprit
de plus en plus mal vue. Depuis la désagrégation de la mouvance
gauchiste, l’irrégulier est passé de mode». Il écrit
dans Libération, et, en 1977, publie L’Ordinaire mésaventure
d’Archibald de Rapoport, sorte de roman picaresque qui met en scène
un tueur méditatif et qui met mal à l’aise beaucoup de ses
amis. Pour le reste, on ne sait pas très bien quelles sont ses activités.
Certains prétendent qu’il fait de la contrebande d’armes. Le 20 septembre
1979, à quelques jours de la naissance de son fils, il est tué
dans la rue. Il a trente-cinq ans. Un mystérieux groupe «Honneur
de la police» revendique son assassinat, qui n’a jamais été
élucidé.
S’il ne faisait que raconter, avec empathie et émotion, cette histoire
qui fut celle de son ami, Jean-Paul Dollé aurait simplement écrit
un récit de souvenirs. Mais son livre va bien au-delà. Outre
les portraits, vifs, pertinents, originaux, subtils, qu’il trace des figures
intellectuelles de l’époque, Lacan, Deleuze, Althusser, Dollé
donne à comprendre, de l’intérieur, le parcours de ces «jeunes
mâles» d’hier qui sont devenus les hommes de pouvoir d’aujourd’hui
en politique, dans les médias, dans les entreprises. Goldman partageait
avec eux une impossibilité à «concevoir des rapports
d’égalité avec l’autre sexe», un embarras avec la sexualité
et des désirs «d’honneur et de fraternité», de
«communion avec les autres mâles, combattants, amis ou ennemis,
peu importe». Mais lui, dit Dollé, était assuré
de «ne jamais consentir à la communauté des seigneurs».
Face à tous ces futurs «petits maîtres» à
l’esprit policier, Goldman est le héros ambigu qui veut défier
la mort. Héros sartrien parce que «non récupérable».
Finalement, Goldman est moins éloigné
de cette avant-garde intellectuelle «structuraliste, tel-queliste»,
qu’il détestait lui préférant «l’archaïsme
du courage» que de ceux qui prétendaient «faire la révolution»
par simple passion de commander. Car la question qui l’obsède, c’est
celle de l’écrit. «Je voulais écrire ma vie dans la
vie, l’y inscrire, qu’elle soit un roman, dit-il dans Souvenirs obscurs...
Elle ne le fut pas et de l’avoir écrite sans la romancer ne la transforme
pas en roman.» Et Dollé commente: «Vouloir écrire
sa vie mais ne pas écrire dans sa vie; que sa vie soit un roman et
s’interdire d’être romancier, par honte d’écrire. Goldman n’a
pas d’autre manière de surmonter cette contradiction fondamentale
que d’accomplir des crimes pour les expier, et par là même,
se laver de l’infamie d’écrire, puisqu’il écrit pour se défendre.»
Mais c’est sans doute le sujet d’un autre livre.
Si la lecture de Jean-Paul Dollé est si stimulante,
ce n’est pas à cause de la figure héroïque de Goldman,
c’est au contraire parce qu’il ne cède jamais à l’héroïsation
niaise et que son livre n’est pas un morceau de passé, mais un matériau
pour penser l’avenir. A ce titre on ne saurait trop recommander aux anciens
«jeunes mâles» de le méditer longuement et plus
encore aux jeunes femmes de l’analyser en détail. Car les hommes dont
on parle ici, ce sont leurs pères, et si elles ne sont pas résolues
à combattre leur vision des femmes, elles feraient mieux de ranger
leurs livres et de s’en tenir au tricot.
JOSYANE SAVIGNEAU
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Commissaire Marcel LECLERC, «Pierre Goldman», in ID., De l’anti-gang
à la criminelle. Un grand flic ouvre ses dossiers, Paris, Plon, 2000, chapitre
5, pp. 45-76 [dont une réédition numérique
en mode texte par Jean-Michel FONTAINE: www.parler-de-sa-vie.net/pierre/2000xx01.html, en ligne en 2004].
AMNASSAR [pseudonyme],
Matricule: 518.941-2.87. Prison de Fresnes. Correspondance d’un
prévenu avec son professeur [13,5 cm sur 21; 91 p.; extraits de
la correspondance de Pierre Goldman avec son professeur d’espagnol en 1972-1974],
Paris, Presses littéraires, 2005 [ISBN: 2-35073-044-1; 12 €].
Présentation par l'éditeur
Pourquoi ressusciter une affaire oubliée?
Malgré les passions apaisées, la
plupart de ceux qui se souviennent de cette affaire, un quart de siècle
plus tard, la considèrent comme un banal fait divers, un règlement
de compte entre malfrats: l’exécution soit disant «justifiée»
d’un «mafioso». C’est donc un cadavre qu’il n’y a pas lieu d’exhumer.
La vérité n’est pas si simple.
La victime ne peut être considérée
comme un simple délinquant de droit commun. Certes il est coupable,
il l’a reconnu. La délinquance, la violence n’étaient pas
pour autant un choix délibéré, tout au plus un malheureux
concours de circonstances. Il n’en avait pas fait son plan de carrière.
Ses motivations, ses objectifs, ses projets étaient différents,
il les plaçait à un niveau plus élevé, plus
louable, plus noble. Ces six semaines de dérives «fuori legge»
engagées de manière aveugle, il les avait payées et
il ne méritait pas la mort.
Donner au lecteur un portrait de l’accusé,
devenu victime, différent de celui dont s’étaient emparés
les médias de l’époque, rendre justice à l’homme, tel
est le but de l’auteur.
|
Michaël
PRAZAN, Pierre Goldman. Le frère de l'ombre [15 cm sur
22; 295 p.], Paris, Seuil [«Biographie»], 2005 [ISBN : 2020678950; 21€].
Présentation par l'éditeur
Révolutionnaire au Quartier latin des années
soixante, guérillero à Cuba, puis au Venezuela, joueur frénétique
de salsa, gangster, taulard, écrivain, Pierre Goldman est surtout
connu pour avoir été le principal accusé dans la sordide
affaire du meurtre de deux pharmaciennes, au cours du hold-up raté
d'une officine, le 19 décembre 1969. Condamné à perpétuité
par la cour d'assises de Paris en 1974, il sera rejugé, puis acquitté,
avant d'être assassiné en pleine rue, quatre ans après
sa libération. Qui était vraiment Pierre Goldman? Un personnage
aux multiples vies, qui a suscité rumeurs et légendes. Vingt-cinq
ans après son mystérieux assassinat, ce livre éclaire
les jeux d'ombre d'une
existence marquée par la tragédie: Pierre Goldman était-il
bien coupable du double meurtre dont il a été accusé?
Qui a commandité son assassinat? Au-delà des faits et des
anecdotes, l'auteur tente de restituer la trajectoire paroxystique de ce
Juif polonais né sous l'Occupation de parents résistants,
et tué à 35 ans. Par une enquête qui revient sur les
lieux (Caraïbes, Pologne, Venezuela) et grâce aux témoignages
de ceux qui l'ont connu, Michaël Prazan trace le portrait sensible
et contrasté de celui qu'il considère comme un frère
de l'ombre, un homme hors normes, tiraillé entre désir de
mourir et soif de vivre.
Biographie de l'auteur
Michaël Prazan, enseignant et documentariste,
est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les Fanatiques, histoire de l'Armée
rouge japonaise (Seuil, 2002). Il a collaboré à différents
journaux et magazines (Le Figaro, Le Monde, Marianne,
Ça m'intéresse).
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Pages web sur Pierre Goldman
Page de référence, avec
un important dossier de presse et des extraits de différents ouvrages
en ligne sur Pierre Goldman: Jean-Michel FONTAINE, «Pierre
Goldman», in ID., Jean-Jacques Goldman: Parler d’sa vie, www.parler-de-sa-vie.net/index2.html, en ligne en 2004.
Toute critique, correction ou contribution sera
la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
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