Corpus Littéraire Étampois
 
Henry Charpentier
Six pièces poétiques
1928-1937 
Textes publiés par André Dumas en 1937 et annotés par Bernard Gineste en 2001
      
 Henri Charpentier en 1938
Henri Charpentier en 1938
 

     Henry Charpentier est né le 15 juin 1889, à Paris; mais c’est sur les bancs du collège d’Étampes qu’il a commencé de taquiner la Muse, comme après lui au moins Georges Perec et Jean-Louis Bory. Charpentier fit des études de médecine tout en poursuivant une carrière poétique remarquée. Il mourut en 1952, président de l’Académie Mallarmé. Ses poésies complètes, parues quatre ans plus tard, attestent d’une poésie extrêmement soignée et inspirée, longuement murie, et pour tout dire arrivée à sa maturité.

        Nous publions ici six pièces poétiques jadis choisies par André Dumas pour figurer dans son anthologie des Poètes nouveaux (1937), ainsi que de la notice dont il les avait accompagnées. On y a joint quelques notes, qui espèrent faciliter la lecture de cet auteur exigent (et qui sont ouvertes à toutes les suggestions critiques). 

 
Henry Charpentier: Celui qui sait les Mots... (autographe)
   
Celui qui sait les Mots... (1928)
La vie antérieure (1928)
Stances (1928)
Ode au Verbe créateur (1932)
L’Embaumeur (1932)
Sables (1937)
André Dumas: Notice sur Henry Charpentier (1937)
Charpentier dans l’Histoire de la poésie de Sabatier (1977)
Bibliographie provisoire (février 2002)


Henry Charpentier
Six pièces poétiques
1928-1937


CELUI QUI SAIT LES MOTS...
    Celui qui sait les Mots, rien ne peut le dissoudre. 
    Il enferme en son chant l’univers mesuré, 
    Il triomphe des flots comme il brise la foudre 
    Et la mort n’est pour lui qu’un linceul déchiré.

(Arion, 1928)
Source: André Dumas,  Poètes nouveaux, 1937, p. 373 (Saisie: Bernard Gineste, septembre 2001).
LA VIE ANTÉRIEURE

Était-ce au fond d’un morose et somptueux domaine, 
Ceint de forêts, au bord de l’Océan perdu, 
Que tu m’as, de longs jours, vainement attendu 
En écoutant gémir le vent qui s’y démène? 

Est-ce parmi l’effroi d’une ville de fer, 
Dans les brumes dressant ses mille échafaudages 
Et tes yeux ne sont-ils fixés sur les cordages 
Des navires ailés qui vont franchir la mer? 

Parfois, confusément, dans l’abîme des rêves, 
Je retrouve ton Ombre, errante aux sombres grèves, 
Ton Ombre errante et les grands flots silencieux... 

Ah! Souviens-t’en: la nuit, scintillaient dans les nues, 
Chère âme, qui m’aimas — en quels temps, sous quels cieux? — 
Des constellations aux formes inconnues. 

 

(Signes, 1928).
NOTE
(B. GINESTE)

     Pour la pleine intelligence de ce sonnet, on doit évidemment se référer à celui que Baudelaire avait publié sous le même titre, en 1855, dans la Revue des deux mondes, puis, la même année, comme douzième pièce de ses immortelles Fleurs du Mal:  

          LA VIE ANTÉRIEURE
      J’ai longtemps habité sous de vastes portiques 
      Que les soleils marins teignaient de mille feux, 
      Et que leurs grand piliers, droits et majestueux 
      Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. 

      Les houles, en roulant les images de cieux, 
      Mêlaient d’une façon solennelle et mystique 
      Les tout-puissants accords de leur riche musique 
      Aux couleurs du couchants reflétées par mes yeux. 

      C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes, 
      Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs 
      Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs, 

      Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, 
      Et dont l’unique soin était d’approfondir 
      Le secret douloureux qui me faisait languir.


      Source:
      André Dumas, op. cit., p. 369 (Saisie et note: Bernard Gineste, septembre 2001)
      .

STANCE
 
Muse, avons-nous perdu les chemins d’Arcadie? 
L’homme las, vieillissant, d’artifice enivré, 
Va, chantant son ennui d’une bouche engourdie 
Où ne retentit plus le délire sacré.
Ah! délaisse ces jeux où le siècle s’amuse 

Et brisant le mot rare et l’orgueil exalté, 
Nue enfin, de mon coeur, antique et jeune Muse, 
Fais jaillir le sublime et la simplicité.  
*
*  *
Je songe à vos printemps, Nature dénudée, 
Et mon esprit revoit, même en ces durs hivers, 
Exactement leurs fleurs et leurs feuillages verts. 
Ah! qui m’apportera le baume de Judée? 
Où sont le fleuve Styx et le Léthé? Je veux, 
Dans l’eau noire qui rampe entre leurs mornes sables, 
Noyer, avec le deuil de tous mes anciens vœux, 
L’inutile regret des choses périssable. 
*
*  *
Que m’importe ces fleurs qui mêlent sur ma table 
Leur humide parfum, leur ligne et leurs couleurs! 
La Beauté même m’est, ce soir, insupportable 
Et je veux le silence et l’oubli sur mes pleurs. 

Mais, hélas! ayant bu dans la source divine, 
Il faut, laissant à tous mes tourments découverts, 
Restituer l’ivresse enclose en ma poitrine 
Et qu’au moins mes sanglots aient la forme d’un vers. 

  (Signes, 1928).
NOTES
(B. GINESTE)

     Première pièce: L’Arcadie, région pastorale de l’ancienne Grèce, au centre du Péloponèse, passe dans la tradition gréco-latine pour la patrie de la poésie bucolique (c’est-à-dire des garçons-vachers), réputée la plus simple, la plus fraîche, la plus originelle, et à laquelle par exemple Virgile tente de revenir dans ses Bucoliques. On a donc ici, d’emblée, une autocritique du poète, qui s’interroge sur le caractère trop savant, trop intellectuel et détourné de ses premières œuvres, où dominait l’influence du très hermétique Mallarmé. 

     Deuxième pièce: Le baume de Judée était une résine liquide réputée dans l’Antiquité pour ses vertus médecinales; mais ici le poète semble se référer précisément à un passage du célèbre Corbeau, d’Edgar Allan Poe, tel du moins que l’ont traduit en français successivement Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. Dans ce poème énigmatique, un érudit, plongé dans ses lectures, et dans le deuil de sa bien-aimée Leonor, est dérangé par un mystérieux Corbeau, qui, pour toute réponse à ses questions, ne profère jamais que ces mots: NevermoreJamais plus. En voici la traduction de Mallarmé: «Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon! Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée - vers ce logis par l’horreur hanté : dis-moi, véritablement, je t’implore! y a-t-il du baume en Judée? - dis-moi, je t’implore.» Le Corbeau dit: «Jamais plus!». Le texte anglais porte plus précisément (et on peut se demander si ses traducteurs l’ont bien compris, ou s’ils ont pensé devoir le simplifier: «Is there is there balm in Gilead? tell me tell me, I implore!», réminiscence d’un passage du prophète Jérémie (VIII, 22) célèbre dans le monde anglo-saxon, et où le Seigneur, par la bouche de son prophète, se lamente sur la décrépitude morale de son peuple, malade spirituellement: «De la blessure de la fille de mon peuple je suis blessé, je reste accablé, l’épouvante me tient. N’y a-t-il plus de baume en Galaad? N’y a-t-il là aucun médecin? Oui, pourquoi ne fait-elle aucun progrès, la guérison de la fille de mon peuple?» (traduction de la Bible de Jérusalem, 1978). Le sens de cette locution d’origine biblique dans la tradition religieuse anglo-saxonne (toujours vivante, d’ailleurs, comme on le voit sur la Toile), via Edgar-Allan Poe, et via ses traducteurs Baudelaire et Mallarmé, est tout simplement donc: N’y a-t-il plus aucun espoir de salut?  
  
     Est-il besoin par ailleurs de rappeler que le Styx et le Léthé sont des fleuves que la Mythologie fait couler aux Enfers, et que les eaux du Léthé passaient pour procurer un apaisant oubli? 

     Troisième pièce: Cette source divine est celle d’Hippocrène, sur le mont Hélicon, en Béotie, née d’un coup de sabot du cheval Pégase et consacrée aux Muses ainsi qu’à Apollon; dans la tradition poétique gréco-latine, boire de son eau est, c’est devenir poète; et devenir poète, c’est devenir possédé du Dieu, sous l’emprise duquel il n’est plus possible de se taire (délire sacré dont parle la première pièce): ainsi s’excuse l’impudeur des poètes.


Source: André Dumas, op. cit., p. 369 (Saisie et note: Bernard Gineste, septembre 2001).
ODE AU VERBE CRÉATEUR
  
    L’Esprit médite; le silence
    Règne seul sur le jeune éther; 
    Il y veut la vie. Il n’y lance 
    Point les foudres de Jupiter. 
    Il sourit. Il y veut la vie 
    De joie et d’être inassouvie. 
    Tout est néant, Chaos, réseaux. 
    Il aime, il crée, il se dépense. 
    Ses fils naîtront, ô récompense! 
    L’Esprit a soufflé sur les eaux. 

    O grandes eaux! Mer primitive, 
    O matrice qui préparais 
    Dans une allégresse attentive 
    Les rocs, les sables, les forêts, 
    La conscience commencée! 
    Et voici bondir la Pensée 
    Abandonnée à son destin. 
    Elle est pesante encore, énorme 
    De matière, mais veut sa forme. 
    Salut! Vierge, née au matin! 

    Elle aspire, s’élance et lutte 
    Contre elle-même et l’élément 
    Qu’elle transmue en sa volute; 
    Elle s’élève incessamment. 
    Combien de fois elle est tombée, 
    Par les souffles tonnants courbée 
    De maint déluge universel! 
    Mais toujours sur l’ombre profonde 
    Elle a su reprendre le monde 
    Et ce monde est semé de sel. 

    Désormais je me connais, Homme, 
    Debout, noblement, au milieu 
    Des créatures que je nomme, 
    Issu du néant et de Dieu. 
    Désormais je puis rendre au Père, 
    Pour un grain, la gerbe prospère; 
    Désormais, je puis concevoir 
    L’irrésistible, la Parole, 
    Dont flamboie, ode, la corolle 
    Au point extrême du savoir. 

    De mon désir je me compose 
    Les ailes d’or que j’attendais. 
    Sur la montagne bleue et rose 
    Que l’azur couvre de son dais, 
    Je rejoins la Muse sacrée. 
    Ses yeux désignent l’Empyrée, 
    Spirale emportée à jamais 
    Vers la sublime connaissance. 
    Je suis Ange. J’ai la puissance 
    De me répandre des sommets. 

    Maintenant, ô poètes, frères, 
    Nos regards tournés vers les cieux, 
    Si les siècles nous sont contraires, 
    Ne restons point silencieux: 
    Leur ténèbre n’a qu’une goutte, 
    Mais l’Infini contemple, écoute 
    Et nous saisit de toutes parts. 
    Son propre verbe est notre exemple. 
    Ah! soyons-lui, chacun, son temple 
    Au-dessus des peuples épars! 

    Que d’ombre atteinte et de démence 
    La titubante humanité 
    En ces noirs âges recommence 
    Un vain culte sans vérité, 
    Laissons clamer sa voix confuse, 
    Mais toi, Flamme, qui ne refuse 
    Ton étincelle à nul flambeau, 
    Jaillis de nous! Foi... Patience... 
    Il ne te faut, Sainte Science, 
    Que trois jours pour vaincre un tombeau!

 (Odes et poèmes, 1932)
NOTE
(B. GINESTE)

     Cette pièce est toute entière d’inspiration chrétienne. Les deux premières strophes sont une interprétation trinitaire des premières lignes de la Bible; elles se poursuivent par une méditation sur la cosmogénèse qui n’est pas sans rappeler les vues de Teilhard de Chardin (dont le Phénomène humain paraît en 1938), et, pour ce qui concerne la place du poète dans ce monde, l’œuvre de Paul Claudel. A la strophe quatrième, Désormais je puis rendre au Père, / Pour un grain, la gerbe prospère ne peut s’entendre que comme une lecture allégorique, et métaphysique, de la parabole évangélique dite du Semeur et de l’interprétation de cette même parabole par son auteur, le Messie (Évangile de Matthieu, chapitre XIII, versets 1 à 23); dans cette théologie poétique, le sens de l’univers, et de la vie humaine, trouve sa clé dans le drame sacré de l’incarnation du Verbe; la dernière strophe est, autant que le style adopté le permet, explicite: tout culmine dans la Résurrection du Verbe incarné, le troisième jour. 

     Il est bien certain que l’œuvre de Henry Charpentier est une œuvre difficile et exigente, dont la pleine intelligence — pour autant qu’elle soit possible — requiert parfois une culture classique, et religieuse, qui fait défaut à un nombre croissant de nos contemporains.


Source: André Dumas,  op. cit., 1937,  pp. 370-371 (Saisie: Bernard Gineste, septembre 2001).


L’EMBAUMEUR
  
Le temps, sous le ciel dur, qui consume et qui lave, 
Efface également — et rien ne le corrompt — 
Les sillons du roseau sur le dos de l’esclave 
Et du mur de granit le nom du pharaon. 

Mais moi, seul, suis capable, ô Prince des Royaumes, 
De fixer dans ta chair ivre d’éternité 
Par la vertu secrète et la force des baumes 
Le masque de la vie et de la majesté. 

Sur ma table sacrée au lit royal pareille 
Repose-toi, nourri d’aromate et d’azur, 
Et maintenant, vidé par le ventre et l’oreille, 
Règne, orgueil de Qimit sur le peuple futur. 

Que tourne incessamment l’ombre des pyramides, 
Que changent les saisons et les dieux, tu ne mords 
Ni les fruits du pays nés des limons humides 
Ni l’obole qu’on met dans la bouche des morts. 

Tu ne tenteras point l’aventure où halète 
Le double errant parmi la vague profondeur. 
Toujours présent, sous l’immuable bandelette, 
Tu daignes, par mon art, nous laisser ta Grandeur. 

Le Roi s’écrie: «Hélas! Rendez-moi la lumière, 
«Brisez cette peau creuse en qui je suis muré. 
«Dissous-moi, noir cadavre, où l’âme ennemie erre 
«Et se débat, comme un oiseau désespéré. 

«Les bateliers chantants qui descendent le fleuve, 
«Les voyageurs perdus, les larrons riverains, 
«Viendront-ils délivrer mon âme du ciel veuve? 
«Hommes, jetez aux vents mes restes souverains.» 

Le corps répond: «Seigneur, je suis impérissable, 
«J’existe — et pour jamais — comme tu le voulus. 
«Les esprits végétaux qui, pour naître du sable, 
«Attendaient mes débris ne s’en nourriraient plus. 

« Je te garde! Vivons! Sortons du sarcophage, 
«Ensemble! Et remplis-moi de l’ancienne rumeur.» 
...Et l’Ombre ensevelie exhale un cri sauvage 
Et frappe en vain le corps scellé par l’embaumeur.

 
(Odes et poèmes, 1932)
Boris Karloff incarnant La Momie (1932) NOTE
(B. GINESTE)

     Rappelons que la découverte sensationnelle de la tombe de Toutankhamon par Howard  Carter et Lord Carnavon avait eu lieu en 1922, et qu’il s’ensuivit de par le monde une nouvelle vague d’égyptomanie, et d’histoires de momies. Par ailleurs, c’est en cette même année 1932, où Charpentier compose son poème, que paraît The Mummy (La Momie), le très célèbre film de Karl Freund, où la Momie était incarnée par le non moins illustre Boris Karloff.

     Il ne faut pas pour autant négliger un autre aspect de cette pièce, qu’on doit sans aucun doute considérer comme une fable métaphysique illustrant cette autre parabole du Messie, dans l’Évangile de Jean, chapitre XII, versets 24 et 25: Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle. 
  
     Le vers 17 porte halette, que nous avons corrigé en halète.



Source: André Dumas,  op. cit., 1937, pp. 372-373 (Saisie: Bernard Gineste, septembre 2001).


SABLES
  
    Mouvant, léger, né de l’usure
    De mondes immémoriaux, 
    Il n’est destin que ne mesure 
    De l’éphémère aux Chariots. 

    Époux changeant d’aucunes formes, 
    Granit pesant, grain dans les airs, 
    Je suis Thèbes, ses rois énormes 
    Et leurs poussières aux déserts. 

    Des continents jugés que vanne 
    Amphitrite, je reconstruis 
    Pour t’affoler, ô Caravane, 
    Les jardins, les étangs, les puits. 

    Vois, plus vives qu’en leur légende, 
    Sidon-des-nuages trembler 
    Et la soyeuse Samarcande 
    S’approcher et se reculer. 

    Vainement! Tu marches quand même 
    Oubliant patrie et saisons 
    Vers le vaste néant qui t’aime 
    Au delà de mes horizons... 

    Admire entre tes doigts, ô pâtre 
    Amoureux, ruisseler si pur 
    Ce qui reste de Cléopâtre 
    Et les ruines du futur, 

    Car je n’ai point gardé l’empreinte 
    Aventureuse des tribus. 
    J’ai dénoué le labyrinthe 
    Et tous les fleuves seront bus. 

    Lumière aussi je me termine... 
    Être, unanime effacement, 
    Quelle éblouissante vermine 
    Décompose le firmament! 

    Lève les yeux: égal en nombre 
    C’est Moi, qui scintille, effrayant 
    L’étendue infinie et sombre 
    De la nuit et de l’Orient; 

    C’est moi, qui coule, intarissable, 
    Ivre de fuir et d’oublier 
    Jusqu’à l’heure où le dieu du sable 
    Renversera le Sablier.

  (Publié en tant qu’Inédit par André Dumas, 1937)  
NOTES & HYPOTHÈSES
(B. GINESTE)

     Le Sable qui s’exprime ici représente d’une manière plus générale la matière, autant dans sa constitution atomique que dans sa signification théologique (Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière, rappelle au croyant la liturgie catholique du Mercredi des Cendres). C’est ce que qu’expriment assez clairement des deux derniers vers, proprement apocalyptiques: à la fin des temps qu’attendent les Monothéistes, Dieu renversera le sablier. 

     Premier quatrain: Suppléez Il n’est destin que je ne mesure (l’omission archaïsante du pronom sujet est un cas d’obscurité syntaxique typiquement mallarméenne). — De l’éphémère aux Chariots. Comprenez: du moucheron appelé éphémère parce que son cycle de vie ne dépasse pas 24 heures, jusqu’aux deux constellations qui se nomment grand et petit Chariots, ou grande et petite Ourses, c’est-à-dire, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, et ce autant du point de vue temporel que spatial. 

     Deuxième quatrain: Époux changeant d’aucunes formes: Prenez aucunes au sens archaïques de quelques-unes, mais en considérant bien que l’ambiguité est voulue: de plusieurs, et donc d’aucune, la matière épouse des formes, mais c’est c’est un époux infidèle. Le granit est un agglomérat de sable, si solide cependant qu’on en fit les statues colossales de l’antique ville de Thèbes, qui passe dans l’Antiquité pour la berceau de la plus ancienne des civilisations, et dont les princes sont depuis longtemps retournés à la poussière. 

     Troisième quatrain: L’auteur mêle ici des allusions géologiques et théologiques, ces dernières plus précisément apocalyptiques. Rappelons que le van était naguère encore utilisé lors des moissons pour remuer le grain et le jeter en l’air, de manière à le dégager  de la balle qui l’enveloppe. Dans la tradition littéraire apocalyptique, le vannage est une donc métaphore naturelle du Jugement dernier, où le divin Moissonneur ne recueillera que le bon grain, seul digne des greniers célestes. Mais ici, c’est l’érosion marine (puisqu’Amphitrite est la déesse de la mer et l’épouse de Neptune) qui vanne les continents, au cours des âges géologiques; ainsi tout ce qui passait pour ferme et stable (puisque c’est en définitive le sens le sens originel du mot continent) est jugé, c’est-à-dire ramené aux yeux de tous à sa véritable nature d’amas informe et de matière sans substance. On peut aussi voir ici une allusion au Déluge. 
     La suite n’est pas moins difficile; nous y voyons, en lien avec le quatrain suivant, une allusion au phénomène optique appelé mirage: A l’occasion donc de ce vannage, qui brasse et dissout toutes les apparences, s’élève confusément dans l’atmosphère (c’est-à-dire dans l’esprit humain désorienté par l’évanescence de toutes choses) un brouillard difforme générateur de mirages, de nature à désorienter toute Caravane (autrement dit d’inspirer à l’Humanité bien des illusions). 

     Quatrième quatrain: La Route par excellence des caravaniers était celle de la Soie, et c’est pourquoi l’on voit ici trembler dans l’atmosphère, comme des mirages, l’image de deux de ses étapes les plus célèbres. Samarcande est qualifiée ici de soyeuse dans le sens où l’on parle par exemple des soyeux de Lyon, qui vivaient de la culture et du commerce de la soie. Sidon, la moderne Saïda, au Liban, était l’un des termes de cette Route sur les rives de la Méditerranée. Pourquoi Sidon-des-nuages? Parce qu’il s’agit ici d’un de ces phénomènes optiques bien connus des caravaniers, qui leur font paraître tout proches, et comme flottant dans l’atmosphère, des lieux parfois extrêmement lointains; par ailleurs, symboliquement, cette vision à demi céleste d’une ville d’Orient qui est le but ultime des caravaniers évoque sans nul doute la Jérusalem céleste dont parle le Nouveau Testament, patrie ultime du croyant dont la vie en ce monde n’est qu’une étape transitoire (voyez la note suivante). 

     Cinquième quatrain: La traversée du désert est une initiation spirituelle qui dépouille des grandes illusions et des attachement de ce monde, sans que pourtant la vie ne perde son sens; il faut renvoyer ici à un texte important de la Lettre aux Hébreux (XIII, 8-16): Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait (...). C’est bien pour cela que d’un seul homme, et déjà marqué par la mort, naquirent des descendants comparables par leur nombre aux étoiles du ciel et aux grains de sable sur le rivage de la mer, innombrables (...); ils ont confessé qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre (...) Or en fait ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste; le vaste néant dont il ici question est donc à entendre en un sens positif, d’un dépouillement progressif de toute illusion comme de tout vain attachement. 
  
     Sixième quatrain: N’importe quel pâtre oriental (tel que l’étaient, rappelons-le, Abraham et les autres patriarches, qui erraient avec leurs troupeaux dans une zône allant de l’Égypte à la Mésopotamie) peut voir glisser entre ses mains la poussière des rois de jadis (qu’évoquait déjà le deuxième quatrain), comme par exemple de Cléopâtre, qui fut également une grande amoureuse; d’où il peut conclure, par une induction naturelle, à la ruine qui attend sa propre réalité matérielle, dans le futur... 
 
     Septième quatrain: ...d’autant qu’il sait par l’expérience de ses courses aventureuses, en compagnie de sa tribu, que le sable ni la poussière ne garde la moindre trace ou empreinte de leur passage (pas plus que la matière ne garde la mémoire des formes illusoires qu’elle a jadis épousées); notons au passage la rime mallarméenne tribu / bus, empruntée au fameux Tombeau d’Edgar Allan Poe: Eux, comme un vil sursaut d’hydre / Oyant jadis l’Ange donner un sens plus pur aux mots de la tribu, / Proclamèrent très haut le sortilège bu / Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange. Le labyrinthe: Notons pour mémoire qu’Arthur Evans publie de 1921 à 1935 le résultat de ses fouilles au palais de Cnossos en Crète, et que cet archéologue proposa d’y reconnaître le fameux Labyrinthe construit par Dédale pour y loger le Minautaure; l’auteur entend-il ici que le temps avait dénoué son énigme comme Alexandre celle du noeud gordien (celui-ci d’un coup d’épée, celui-là par l’ensevelissement)? Plus d’un fleuve se perd dans les sables du désert. La traversée du désert ramène à leur juste mesure les inextricables soucis comme les vaines satisfactions de ce monde. 
  
     Huitième quatrain: C’est par une association d’idées d’origine biblique que le poète passe ici, abruptement, du Sable aux Étoiles: Dieu a promis à Abraham, nomade par excellence, et prototype de l’initié dans la tradition allégorique judéo-chrétienne inaugurée par Philon d’Alexandrie, de rendre sa postérité aussi nombreuse que les grains de sable de la mer, et que les étoiles du ciel. Lumière aussi je me termine: Allusion à la mortalité des Étoiles alors  récemment découverte: nées d’un amas de poussière cosmique, elles sont vouées, après explosion, à se disperser en de nouveaux nuages de poussière. Être, unanime effacement: la matière ne connaît donc pas d’autre façon d’exister qu’une universelle et continuelle dissolution, car même firmament même est livré à la corruption, contrairement à ce pensait le monde antique, qui croyait ce sort réservé au monde sublunaire: la science moderne donne plutôt raison à la conception biblique d’un monde tout entier destiné à la corruption. Éblouissante vermine: oxymoron bien mallarméen (comme dans cet autre vers du maître: Le noir corset velu des mouches éclatantes): la lumière elle-même même procède de la dissolution de la matière au sein des brasiers stellaires. 

     Neuvième quatrain: En ce monde il n’est donc que matière; la poussière céleste constituée par les étoiles est égale en nombre à celle des grains de sable de la mer, si l’on prend au pied de la lettre la promesse de Dieu à Abraham qu’on vient de citer. Effrayant l’étendue infinie et sombre: réminiscence possible de Blaise Pascal, autre catholique, L’immensité de ces espaces infinis m’effraie, placée ici, cependant, dans une bouche quelque peu luciférienne; un désespoir métaphysique envahit le monde, qui adopte une attitude de fuite devant la vanité de toutes choses.   

     Dixième quatrain: Où va donc cette vaste et désespérante prosopopée de la Matière? Va-t-on conclure, comme les philosophes atomistes antiques Démocrite et Épicure, et comme les matérialistes modernes, marxistes ou autres, à la nécessité de l’athéisme? Après une dernière réminiscence du fameux panta rheï, tout coule, d’Héraclite, l’auteur conclut au contraire, en jouant sur l’ingénieuse image du sablier, à l’existence d’un Dieu, pour qui ce formidable écoulement universel n’est en somme que celui du temps imparti d’avance à la création, jusqu’à l’apocalypse qui a fait le sujet d’un précédent recueil: Le poème d’Armageddon.
B. G., 2001


Source: André Dumas,  op. cit., 1937, p. 373 (Saisie: Bernard Gineste, septembre 2001).


ANNEXE 01

André Dumas
 
HENRY CHARPENTIER
[notice annotée en rouge par B. Gineste, septembre 2001]
  
     BIBLIOGRAPHIE: — La mer fabuleuse (Meissen, 1909). — Tombeau de Stéphane Mallarmé (H.C., 1910) — Le poème d’Armageddon (La Connaissance, 1920). — Océan pacifique (H.C., 1925). — Odes (Marcelle Lesage, 1926). — Océan pacifique (Id., 1926). — Arion (H.C., 1928). — Signes (Le Pigeonnier, 1928). — La nuit de juin (Latinité, 1930). — Odes et poèmes (Crès, 1932). 

     M. Henry Charpentier, né à Paris le 15 juin 1889, vécut une partie de sa jeunesse à Étampes, où, avec son ami Louis Kremer, tué à la guerre en 1918 [et mentionné parmi les anciens élèves du collège Guettard morts pour la France, sur la plaque commémorative du hall d’entrée], il s’éveilla à la poésie en dévorant de vieux numéros du Mercure de France tombés entre les mains des deux jeunes gens. [Cette très ancienne revue, refondée par Alfred Valette en 1890 et bimensuelle à partir de 1905, fut le principal éditeur des écrivains de l’école symboliste.] Il était encore sur les bancs du collège quand il composa le Tombeau de Stéphane Mallarmé, qui, paru en 1910, le fit à ce point estimer par la famille du grand poète que le docteur [Édouard] Bonniot, [exécuteur testamentaire de Mallarmé, et son éditeur posthume en 1914,] à sa mort, désigna M. Henry Charpentier pour conserver et publier éventuellement les manuscrits de son beau-père. [Les notes de Mallarmé ne furent en fait éditée qu’en 1952, par Jacques Scherer, sous le titre: Le «Livre» de Mallarmé.] 

     Il n’est pas difficile, en lisant les poèmes de M. Henry Charpentier, de dire les maîtres auxquels ils s’apparente, et qui sont tous parmi les plus nobles et les plus parfaits. Le Poème d’Armageddon nous apporte d’aussi larges visions que le Qain des Poèmes barbares [de Charles Leconte de Lisle, 1818-1894]; L’Océan pacifique, par sa typographie même, en même temps que par la puissance et la richesse de sa pensée, atteste l’admiration du Coup de dés [de Stéphane Mallarmé, 1842-1898]. Les Odes, amples et pindariques, rappellent le lyrisme d’un La Tailhède [Raymond de la Tailhède, 1867-1938]. La Nuit de juin, aux strophes décasyllabiques, nous offre une angoissante méditation qui sonde certains gouffres de l’âme comme faisait le Cimetière marin [de Paul Valéry, 1871-1945]. 

     Mais s’il a, comme il le devait, subi quelques influences qui lui donnèrent le goût de la perfection et des hautes spéculations philosophiques, M. Henry Charpentier, poète intellectuel, poète de la connaissance, géomètre et constructeur à l’exemple de M. Paul Valéry, garde toujours sa vraie personnalité. L’une de ses originalités vient de sa grande érudition. S’il a fréquenté le pays de légende où Narcisse se penche sur une fontaine, où Phébus-Apollon module ses chants divins, s’il connaît tous les prophètes et leurs disciples, — tel ce vieux Baruch qui fut transporté en songe en un lieu nommé Armageddon [Ce disciple du prophète Jérémie est l’auteur supposé d’un ouvrage qui n’a pas été inclu dans la Bible officielle, l’Apocalypse de Baruch], — il n’ignore rien des plus récentes découvertes de la science. Ainsi, dans ses vers, une terminologie très moderne se mêle [p.369] au vocabulaire biblique et mythologique. Dans l’Océan pacifique, il imagine que deux amies, grâce aux inventions d’Edison [1847-1931, qui déposa plus de 1300 brevets, dont l’un pour une amélioration du téléphone de Bell, et un autre pour une nouvelle sorte de dynamo], peuvent voir de loin leurs fiancés partis avec la flotte américaine, tandis que la dynamo fait entendre les longs gémissements de Neptune. Ses dieux connaissent les ondes hertziennes; Homère et Wells [H.G. Wells, 1866-1946, auteur de célèbres romans d’anticipation et d’ouvrages de vulgarisation scientifique] collaborent. Poésie savante, apocalyptique, souvent mallarméenne, d’un auteur assez difficile; poésie élégante qui nous séduit par sa noblesse et son mystère, mais nous touche mieux quand le poète se fait plus simple et plus humain: 

        Ah! Délaisse ces jeux où le siècle s’amuse. 
        Et, brisant le mot rare et l’orgueil exalté, 
        Nue enfin, de mon coeur, antique et jeune muse, 
        Fais jaillir le sublime et la simplicité.
     M. André Thérive [critique littéraire important, auteur notamment en 1929 d’un Florilège des meilleurs écrivains du Parnasse, flétri en 1945, mais qui sévissait encore dans les années 60] a écrit, parlant d’un recueil où sont groupées plusieurs plaquettes, maintenant introuvables, de M. Henry Charpentier: «La poésie de ce temps ne peut être jugée sans faire état de lui.» 
 
     [Ajoutons ceci, d’après le Dictionnaire Encyclopédique Quillet-Flammarion: Devenu secrétaire général de l’Académie Mallarmé en 1941, Henri Charpentier a encore publié au moins un recueil de Poèmes orphiques en 1945, et il est mort en 1952. Ses Poésies complètes ont été éditées en 1956.]
Henri Charpentier en 1938
Henri Charpentier en 1938



Source: André Dumas, Poètes nouveaux, 1937, pp. 368-369 (Saisie et notes: B. G., sept. 2001).




ANNEXE 02
Du sort fait à
Henry Charpentier
dans l’Histoire de la poésie de Robert Sabatier
  
    
     Robert Sabatier, dans sa monumentale Histoire de la Poésie française, considère d’évidence Charpentier comme un poète mineur, qu’il range parmi les néo-classiques gravitant autour de Paul Valéry, avec Lucien Fabre, François-Paul Alibert et Henri Gautier Du Bayle (p. 42); il nous le montre ensuite (p. 482) dans un groupe assez vaste de poètes (les uns de l’école fantaisiste, les autres partisans d’un classicisme modéré, dont Valéry lui-même), qui publient tous dans la revue du Divan, autour de Henri Martineau (né en 1888); il ne lui consacre en propre que ce paragraphe, dans une section intitulée L’Antiquité et les antiquailles: 
     Henry Charpentier (1889-1952) [...] ira de l’art de Leconte de Lisle ou de Hugo vers celui de Mallarmé et de Valéry par un goût prononcé d’assimiler la Poésie à la Connaissance, mais ses premiers maîtres lui auront donné ce sens de se plaire dans la familiarité des deux antiques (p. 55).  
  
     Wallace Stevens* considère d’une manière générale cette Histoire de la Poésie française comme «pitoyable». Il ne nous appartient pas de nous prononcer en pareille matière, qui demande sans doute plus de nuances; c’est à la vérité un art bien difficile que celui de la critique, et l’histoire littéraire étampoise en donne un bon exemple en la personne de Gabriel Alexandre Dufaï, critique redoutable en son temps, brocardé lui-même par de nombreux auteurs (comme Banville ou Flaubert), et finissant ses jours dans un asile d’aliénés. Comment dire surtout tout ce qu’il faut dire d’un si grand nombre d’auteurs? Il faut bien du courage pour entreprendre une Histoire de la Poésie. 
 
     Mais enfin, en ce qui concerne Henry Charpentier, il faut bien reconnaître que Sabatier est mal renseigné (notamment parce que la première œuvre notable de ce poète est un Tombeau de Mallarmé), et qu’il aurait peut-être mieux de s’abstenir d’en parler.
Henri Charpentier en 1938
Henri Charpentier en 1938


Source: Robert SABATIER, Histoire de la Poésie française. La Poésie du vingtième siècle. 1. Tradition et Évolution, Paris, Albin Michel, 1977, pp. 42, 55 & 481 (résumé et discussion: Bernard Gineste, septembre 2001).



* cité en 2001 par une page bibliographique de Gilles Mourier qui n'était plus en ligne en 2004. 


BIBLIOGRAPHIE
 
        
     Henry CHARPENTIER, La mer fabuleuse, Meissen, 1909 [le poète est alors âgé de 20 ans]. 
  
     Henry CHARPENTIER, Tombeau de Stéphane Mallarmé, à compte d’auteur, 1910. 
 
     
Henry de VERNEUSE [pseudonyme de Henry CHARPENTIER], «Stances», in Le Divan 4/31 (novembre
1912), p. 473.
 
     Henry CHARPENTIER, Le poème d’Armageddon, La Connaissance, 1920 [une autre source écrit Harmageddon: à vérifier].  
   
     Henry CHARPENTIER, Odes et poèmes [in-8° broché; 173 p; édition numérotée sur vélin], Paris, G. Crès et Cie,
1922.

     Henry CHARPENTIER, «Le Pavillon fermé», in Le Divan 15/85 (
1923), p. 312. 
 
     Henry CHARPENTIER, Océan Pacifique, poème [
34 cm; 34 p. non paginées], Paris, L. Kaldor [à compte d’auteur], 1925. 
  
     Henry CHARPENTIER, Odes, Marcelle Lesage, 1926. 
  
     Henry CHARPENTIER, Océan pacifique, Marcelle Lesage, 1926. 
  
     Henry CHARPENTIER, Arion [23 cm; 11 p. non paginées], Lyon, Audin  [à compte d’auteur], 1928.

     Henry CHARPENTIER, Signes, Le Pigeonnier, 1928. 

     Henry CHARPENTIER, Guy LAVAUD, Louis MANDIN & E. MONTFORT, La Poésie d’aujourd’hui, deuxième série, anthologie nouvelle: Francis CARCO, Jean COCTEAU, L. DEUBEL, J. DYSSORD, Valéry LARBAUD, Paul MORAND, J. PELLERIN, Jules ROMAIN, André SPIRE, etc. [grand in-12; 160 p. + 16 p. de catalogue; notices rédigées par H. Charpentier, etc.], Paris, Librairie Valois, 1929 = Les Marges [nouvelle série de cette revue], Cahier d’Automne (juillet-septembre 1929).
 
     Henry CHARPENTIER, «?», in Feuillets inutiles. 1er trimestre, 1929, n°1. Poèmes inédits de André Salmon, Georges Pillement, Henri Hertz, Henry Charpentier, Jacques Maret, Jean Joucan, Max Jacob, Paul Fierens. Présentation, eau-forte et dessins de Jacques Maret [in-8°, non paginé], Paris, Girard & Bunino, 1929, pp. ?-?.
 
   Henry CHARPENTIER, «?», in Feuillets inutiles. 4e trimestre 1929. N°3. Poèmes inédits de Henry Charpentier, Paul Fierens, Nino Frank, Robert Guiette, Jacques Maret, Mélot du Dy, Ribemont-Dessaignes, Carlo Rim, Lionello Fiumi, Siegfried Sassoon, Philipp Soupault, Jean Teugels, Paul Valéry. Présentation, dessins et bois de J. Maret [in-8°, non paginé], Paris, Girard & Bunino, 1929, pp. ?-?.. 

     Henry CHARPENTIER, La nuit de juin, Latinité, 1930.
 
     Henry CHARPENTIER, «?», in Poèmes de Pierre Benoit. Maurice Brillant. Pierre Camo. Henry Charpentier. Hugues Delorme. Charles Dornier. Franc-Nohain. Pierre [...]rondaie. Pierre Jalabert. Pierre de Nolhac. Louis Pize. Frédéric Plessis. Jean Rameau. Maurice Rostand. Émile Vitta. Suite aux suppléments des 6 août 1917, 14 mars 1928 et 24 août 1929 [in-4°; 32 p.], Paris, L’Illustration [«La Petite Illustration» 536, «Poésies» 4], 1931, pp. ?-?. 
  
     Henry CHARPENTIER, Odes et poèmes [14 cm sur 19,5; 1010 exemplaires numérotés tirés sur vélin pur fil lafuma], Paris, G. Crès, 1932.
 
     Henry CHARPENTIER, «?», in Feuillets inutiles. Nos 15-16-17 [15: Pages inédites de Pierre Andreu, J.-M. Campagne, Henri Dubief, Jean Follain, Raymond Hubert, Armen Lubin, Fernand Marc, Jacques Maret, Fernand Pouey, Saint-Pol-Roux, André Salmon, G. Schéhadé, H. Vandeputte. Présentation de Jacques Maret; 16: Pierre Andreu, P.-A. Birot, J. de Bosschere, J.-M. Campagne, L. de G. Frick, Jean Gacon, Henri Hertz, Max Jacob, Fernand Marc, Jacques Maret, Saint-Pol-Roux, Fernand Pouey, J. Rousselot, André Salmon... Présentation de Jacques Maret; 17: Pages inédites de Audiberti, Pierre Albert-Birot, Jean Cayrol, Henry Charpentier, Yanette Delétang-Tardif, Jean Follain, Pierre Guéguen, Pierre-Jean Launay, Armen Lubin, Fernand Marc, Jacques Maret, René Meurant, André Salmon. Présentation de Jacques Maret [3 fasc. in-8°, 13, 15 et 10 folios, planches; 95 exemplaires], sans lieu, Deberny-Peignot & J. Maret, 1934-1935. 
  
     André DUMAS, «Henry Charpentier», in ID., Poètes nouveaux. Morceaux choisis accompagnés de notices bio- et bibliographiques et de nombreux autographes [in-16; 447 p.], Paris, Delagrave [«Collection Pallas»], 1937, p. 368-376 [fac-simile d’un autographe p. 376].


     Henry CHARPENTIER, Diptyque [grand in-8; 23 p.], Paris, Éditions du Trident [«Collection d'Eurydice» 6],
1937.
 
     Henry CHARPENTIER, Le Grand dieu Pan [non paginé (33 p.); 24 cm sur; 230 exemplaires, tous numérotés et paraphés par l’auteur], sans lieu, P. Zarifian, 1941. 

     Henry CHARPENTIER, «Gloses», Stéphane MALLARMÉ (1842-1898), [I] Stéphane Mallarmé. Un faune. Lithographies originales de René Demeurisse. [II] Stéphane Mallarmé. Lithographies originales de René Demeurisse. L'après-midi d'un faune, églogue. [III] Claude Debussy. Prélude à l'après-midi d'un faune. Lithographies originales de René Demeurisse. [IV] Henry Charpentier,... Gloses. Lithographies originales de René Demeurisse [4 fascicules in-f° (34 cm sur 26); figures; musique; portrait; couverture illustrée; Le ″Prélude à l'après-midi d'un faune″ est la reproduction du manuscrit original; le t. IV contient des Offrandes à divers du faune, par Stéphane Mallarme], Paris, Rombaldin, 1943.
 
     Henry CHARPENTIER, Écumes du Caÿstre [in-16 (19,5 cm sur 14,5); 188 p.; broché; lithographie originale de Marcel Gimond] , Rombaldi [coll. «Poëmes» 10],
1945.  

     Henry CHARPENTIER, Poèmes orphiques, 1945.
 
     
Henry CHARPENTIER, «Préface» in CIGALETTE, Poèmes de Captivité [introduction de Dumesnil de Gramont (1893-1953); préface de Henry Charpentier; illustration de Robert Degouy], sans nom d'éditeur,
sans date [non conservé à la BNF].

     Henry CHARPENTIER, Les Bucoliques de Virgile. Texte latin et traduction nouvelle [in-f° ou gr. in-4° (34 cm sur 26,5); IV+139 p., figures, planches, lithographies originales de René Demeurisse; couverture en couleur], Paris, 1946.

     Henry CHARPENTIER, «Préface», in Helen MAI, Le Chant des mains, 14 poèmes accompagnés de 14 lithographies de l’auteur [grand in-4° 33 cm sur 25); non paginé; texte des poèmes lithographié], Paris, chez l’auteur, 1950. 

     Henry CHARPENTIER, Cires perdues. Petits poèmes en prose [22 cm; extrait du Mercure de France (1948), pp. 45-51], Paris, Mercure de France,
1948.

     Henry CHARPENTIER, «Poème ancien», in René-Louis DOYON [rédacteur], Les Livrets du Mandarin, 2e Année. N ° 9. Quelques idées sur André Gide, I, (extraits). A l’ombre de La Madeleine, variations sur la mode. Exégèse et amitié: Cocteau et Radiguet. Sur le théâtre: de Knoch à l’Atelier, clubs et anomalies. Invité: Henry Charpentier, poème ancien; pour Maurice Du Plessys [in-16; 36 p.], Paris, La Connaissance, sans date.
 
     Henry CHARPENTIER (†), Les Poésies complètes d’Henry Charpentier. Édition définitive, 1906-1952 [in-16 (29 cm), 313 p., couv. ill.], Lyon, I.A.C. (Imprimerie artistique en couleurs) [«La Lyre et la rose»], 1956. 

      Robert SABATIER [de l’Académie Goncourt], Histoire de la Poésie française. La Poésie du vingtième siècle. 1. Tradition et Évolution, Paris, Albin Michel, 1977, pp. 42, 55 & 481. 
  
    ANONYME, «CHARPENTIER (Henry)», Dictionnaire encyclopédique Quillet-Flammarion: Bl-Cos, Paris, Flammarion, 1983, p. 1189. 

Dans le Corpus Étampois   

     Bernard GINESTE, «Henry Charpentier: Six pièces poétiques (1928-1937; avec des notes)», in Corpus Étampois, ww.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-6poemes.html, 2003.
 

     Bernard GINESTE [éd.],
«Henry Charpentier: Stances (1912)»
, in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-1912divan.html, 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Henry Charpentier: Le Pavillon fermé (sonnet, 1923)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-1923divan.html, 2003.


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