Henry Charpentier
Six pièces poétiques
1928-1937
CELUI QUI SAIT LES MOTS...
Celui qui sait
les Mots, rien ne peut le dissoudre.
Il enferme
en son chant l’univers mesuré,
Il triomphe
des flots comme il brise la foudre
Et la
mort n’est pour lui qu’un linceul déchiré.
(Arion, 1928)
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Source:
André Dumas, Poètes nouveaux,
1937, p. 373 (Saisie: Bernard Gineste, septembre 2001).
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LA VIE ANTÉRIEURE
Était-ce au fond d’un morose et somptueux
domaine,
Ceint de forêts, au bord de l’Océan
perdu,
Que tu m’as, de longs jours, vainement attendu
En écoutant gémir le vent qui
s’y démène?
Est-ce
parmi l’effroi d’une ville de fer,
Dans les brumes dressant
ses mille échafaudages
Et tes yeux ne sont-ils
fixés sur les cordages
Des navires ailés
qui vont franchir la mer?
Parfois,
confusément, dans l’abîme des rêves,
Je retrouve ton Ombre,
errante aux sombres grèves,
Ton Ombre errante et les
grands flots silencieux...
Ah! Souviens-t’en:
la nuit, scintillaient dans les nues,
Chère
âme, qui m’aimas — en quels temps, sous quels cieux? —
Des constellations
aux formes inconnues.
(Signes, 1928).
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NOTE
(B. GINESTE)
Pour la pleine intelligence de ce sonnet, on doit évidemment se
référer à celui que Baudelaire avait publié
sous le même titre, en 1855, dans la Revue des deux mondes,
puis, la même année, comme douzième pièce
de ses immortelles Fleurs du Mal:
J’ai longtemps habité
sous de vastes portiques
Que les soleils marins
teignaient de mille feux,
Et que leurs grand
piliers, droits et majestueux
Rendaient pareils,
le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant
les images de cieux,
Mêlaient d’une
façon solennelle et mystique
Les tout-puissants
accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchants
reflétées par mes yeux.
C’est là
que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur,
des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus,
tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient
le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin
était d’approfondir
Le secret douloureux
qui me faisait languir.
Source: André Dumas, op. cit., p. 369 (Saisie et
note: Bernard Gineste, septembre 2001).
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STANCE
Muse, avons-nous perdu les chemins d’Arcadie?
L’homme
las, vieillissant, d’artifice enivré,
Va,
chantant son ennui d’une bouche engourdie
Où
ne retentit plus le délire sacré.
Ah! délaisse ces jeux où le siècle s’amuse
Et brisant
le mot rare et l’orgueil exalté,
Nue
enfin, de mon coeur, antique et jeune Muse,
Fais
jaillir le sublime et la simplicité.
*
* *
Je songe à vos printemps, Nature dénudée,
Et mon
esprit revoit, même en ces durs hivers,
Exactement
leurs fleurs et leurs feuillages verts.
Ah!
qui m’apportera le baume de Judée?
Où sont le fleuve Styx et le Léthé? Je
veux,
Dans
l’eau noire qui rampe entre leurs mornes sables,
Noyer,
avec le deuil de tous mes anciens vœux,
L’inutile
regret des choses périssable.
*
* *
Que m’importe ces fleurs qui mêlent sur ma table
Leur
humide parfum, leur ligne et leurs couleurs!
La Beauté
même m’est, ce soir, insupportable
Et je
veux le silence et l’oubli sur mes pleurs.
Mais, hélas! ayant bu dans la source divine,
Il faut,
laissant à tous mes tourments découverts,
Restituer
l’ivresse enclose en ma poitrine
Et qu’au
moins mes sanglots aient la forme d’un vers.
(Signes, 1928).
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NOTES
(B. GINESTE)
Première pièce: L’Arcadie,
région pastorale de l’ancienne Grèce, au centre du Péloponèse,
passe dans la tradition gréco-latine pour la patrie de la poésie
bucolique (c’est-à-dire des garçons-vachers), réputée
la plus simple, la plus fraîche, la plus originelle, et à
laquelle par exemple Virgile tente de revenir dans ses Bucoliques. On a donc ici, d’emblée,
une autocritique du poète, qui s’interroge sur le caractère
trop savant, trop intellectuel et détourné de ses premières
œuvres, où dominait l’influence du très hermétique
Mallarmé.
Deuxième pièce: Le
baume de Judée était une résine liquide réputée
dans l’Antiquité pour ses vertus médecinales; mais ici le
poète semble se référer précisément
à un passage du célèbre Corbeau, d’Edgar Allan Poe, tel du
moins que l’ont traduit en français successivement Charles Baudelaire
et Stéphane Mallarmé. Dans ce poème énigmatique,
un érudit, plongé dans ses lectures, et dans le deuil de
sa bien-aimée Leonor, est dérangé par un mystérieux
Corbeau, qui, pour toute réponse à ses questions, ne profère
jamais que ces mots: Nevermore — Jamais plus. En voici la
traduction de Mallarmé: «Prophète, dis-je, être
de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon! Que si le Tentateur
t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords, désolé
et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée
- vers ce logis par l’horreur hanté : dis-moi, véritablement,
je t’implore! y a-t-il du baume en Judée? - dis-moi, je t’implore.»
Le Corbeau dit: «Jamais plus!». Le texte anglais
porte plus précisément (et on peut se demander si ses traducteurs
l’ont bien compris, ou s’ils ont pensé devoir le simplifier: «Is
there — is there balm in Gilead? — tell me —
tell me, I implore!», réminiscence d’un passage du prophète
Jérémie (VIII, 22) célèbre dans
le monde anglo-saxon, et où le Seigneur, par la bouche de son prophète,
se lamente sur la décrépitude morale de son peuple, malade
spirituellement: «De la blessure de la fille de mon peuple
je suis blessé, je reste accablé, l’épouvante me tient.
N’y a-t-il plus de baume en Galaad? N’y a-t-il là aucun médecin?
Oui, pourquoi ne fait-elle aucun progrès, la guérison de
la fille de mon peuple?» (traduction de la Bible de Jérusalem,
1978). Le sens de cette locution d’origine biblique dans la tradition religieuse
anglo-saxonne (toujours vivante, d’ailleurs, comme on le voit sur la Toile),
via Edgar-Allan Poe, et via ses traducteurs Baudelaire et Mallarmé,
est tout simplement donc: N’y a-t-il plus aucun espoir de salut?
Est-il besoin par ailleurs de rappeler que le Styx et le Léthé
sont des fleuves que la Mythologie fait couler aux Enfers, et que les
eaux du Léthé passaient pour procurer un apaisant oubli?
Troisième pièce: Cette
source divine
est celle d’Hippocrène, sur le mont Hélicon, en Béotie,
née d’un coup de sabot du cheval Pégase et consacrée
aux Muses ainsi qu’à Apollon; dans la tradition poétique gréco-latine,
boire de son eau est, c’est devenir poète; et devenir poète,
c’est devenir possédé du Dieu, sous l’emprise duquel il n’est
plus possible de se taire (délire sacré dont parle
la première pièce): ainsi s’excuse l’impudeur des poètes.
Source: André Dumas, op.
cit., p. 369 (Saisie et note: Bernard Gineste, septembre 2001).
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ODE
AU VERBE CRÉATEUR
L’Esprit
médite; le silence
Règne
seul sur le jeune éther;
Il
y veut la vie. Il n’y lance
Point
les foudres de Jupiter.
Il
sourit. Il y veut la vie
De
joie et d’être inassouvie.
Tout
est néant, Chaos, réseaux.
Il
aime, il crée, il se dépense.
Ses
fils naîtront, ô récompense!
L’Esprit
a soufflé sur les eaux.
O grandes
eaux! Mer primitive,
O
matrice qui préparais
Dans
une allégresse attentive
Les
rocs, les sables, les forêts,
La
conscience commencée!
Et
voici bondir la Pensée
Abandonnée
à son destin.
Elle
est pesante encore, énorme
De
matière, mais veut sa forme.
Salut!
Vierge, née au matin!
Elle aspire,
s’élance et lutte
Contre
elle-même et l’élément
Qu’elle
transmue en sa volute;
Elle
s’élève incessamment.
Combien
de fois elle est tombée,
Par
les souffles tonnants courbée
De
maint déluge universel!
Mais
toujours sur l’ombre profonde
Elle
a su reprendre le monde
Et
ce monde est semé de sel.
Désormais
je me connais, Homme,
Debout,
noblement, au milieu
Des
créatures que je nomme,
Issu
du néant et de Dieu.
Désormais
je puis rendre au Père,
Pour
un grain, la gerbe prospère;
Désormais,
je puis concevoir
L’irrésistible,
la Parole,
Dont
flamboie, ode, la corolle
Au
point extrême du savoir.
De mon
désir je me compose
Les
ailes d’or que j’attendais.
Sur
la montagne bleue et rose
Que
l’azur couvre de son dais,
Je
rejoins la Muse sacrée.
Ses
yeux désignent l’Empyrée,
Spirale
emportée à jamais
Vers
la sublime connaissance.
Je
suis Ange. J’ai la puissance
De
me répandre des sommets.
Maintenant,
ô poètes, frères,
Nos
regards tournés vers les cieux,
Si
les siècles nous sont contraires,
Ne
restons point silencieux:
Leur
ténèbre n’a qu’une goutte,
Mais
l’Infini contemple, écoute
Et
nous saisit de toutes parts.
Son
propre verbe est notre exemple.
Ah!
soyons-lui, chacun, son temple
Au-dessus
des peuples épars!
Que d’ombre
atteinte et de démence
La
titubante humanité
En
ces noirs âges recommence
Un
vain culte sans vérité,
Laissons
clamer sa voix confuse,
Mais
toi, Flamme, qui ne refuse
Ton
étincelle à nul flambeau,
Jaillis
de nous! Foi... Patience...
Il
ne te faut, Sainte Science,
Que
trois jours pour vaincre un tombeau!
(Odes et poèmes, 1932)
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NOTE
(B. GINESTE)
Cette pièce est toute entière d’inspiration chrétienne.
Les deux premières strophes sont une interprétation trinitaire
des premières lignes de la Bible; elles se poursuivent par une
méditation sur la cosmogénèse qui n’est pas sans
rappeler les vues de Teilhard de Chardin (dont le Phénomène
humain paraît en 1938), et, pour ce qui concerne la place du
poète dans ce monde, l’œuvre de Paul Claudel. A la strophe quatrième,
Désormais je puis rendre au Père, / Pour
un grain, la gerbe prospère ne peut s’entendre que comme une
lecture allégorique, et métaphysique, de la parabole évangélique
dite du Semeur et de l’interprétation de cette même parabole
par son auteur, le Messie (Évangile de Matthieu, chapitre
XIII, versets 1 à 23); dans cette théologie poétique,
le sens de l’univers, et de la vie humaine, trouve sa clé dans le
drame sacré de l’incarnation du Verbe; la dernière strophe
est, autant que le style adopté le permet, explicite: tout culmine
dans la Résurrection du Verbe incarné, le troisième
jour.
Il est bien certain que l’œuvre de Henry Charpentier est une œuvre difficile
et exigente, dont la pleine intelligence — pour autant qu’elle soit possible
— requiert parfois une culture classique, et religieuse, qui fait défaut
à un nombre croissant de nos contemporains.
Source: André
Dumas, op. cit., 1937, pp. 370-371 (Saisie: Bernard Gineste,
septembre 2001).
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L’EMBAUMEUR
Le temps, sous le ciel dur, qui consume et qui lave,
Efface également
— et rien ne le corrompt —
Les sillons
du roseau sur le dos de l’esclave
Et du mur de
granit le nom du pharaon.
Mais moi, seul, suis capable, ô Prince des Royaumes,
De fixer
dans ta chair ivre d’éternité
Par
la vertu secrète et la force des baumes
Le masque
de la vie et de la majesté.
Sur ma table sacrée au lit royal pareille
Repose-toi,
nourri d’aromate et d’azur,
Et maintenant,
vidé par le ventre et l’oreille,
Règne,
orgueil de Qimit sur le peuple futur.
Que tourne incessamment l’ombre des pyramides,
Que
changent les saisons et les dieux, tu ne mords
Ni les
fruits du pays nés des limons humides
Ni l’obole
qu’on met dans la bouche des morts.
Tu ne tenteras point l’aventure où halète
Le double
errant parmi la vague profondeur.
Toujours
présent, sous l’immuable bandelette,
Tu daignes,
par mon art, nous laisser ta Grandeur.
Le Roi s’écrie: «Hélas! Rendez-moi la lumière,
«Brisez
cette peau creuse en qui je suis muré.
«Dissous-moi,
noir cadavre, où l’âme ennemie erre
«Et
se débat, comme un oiseau désespéré.
«Les bateliers chantants qui descendent le fleuve,
«Les
voyageurs perdus, les larrons riverains,
«Viendront-ils
délivrer mon âme du ciel veuve?
«Hommes,
jetez aux vents mes restes souverains.»
Le corps répond: «Seigneur, je suis impérissable,
«J’existe
— et pour jamais — comme tu le voulus.
«Les
esprits végétaux qui, pour naître du sable,
«Attendaient
mes débris ne s’en nourriraient plus.
« Je te garde! Vivons! Sortons du sarcophage,
«Ensemble!
Et remplis-moi de l’ancienne rumeur.»
...Et
l’Ombre ensevelie exhale un cri sauvage
Et frappe
en vain le corps scellé par l’embaumeur.
(Odes et poèmes, 1932)
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NOTE
(B. GINESTE)
Rappelons que la découverte sensationnelle de la tombe de Toutankhamon
par Howard Carter et Lord Carnavon avait eu lieu en 1922, et qu’il
s’ensuivit de par le monde une nouvelle vague d’égyptomanie, et
d’histoires de momies. Par ailleurs, c’est en cette même année
1932, où Charpentier compose son poème, que paraît
The Mummy (La Momie), le très célèbre
film de Karl Freund, où la Momie était incarnée par
le non moins illustre Boris Karloff.
Il ne faut pas pour autant négliger un autre aspect de cette pièce,
qu’on doit sans aucun doute considérer comme une fable métaphysique
illustrant cette autre parabole du Messie, dans l’Évangile
de Jean, chapitre XII, versets 24 et 25: Si le grain de blé
tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt il
porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en
ce monde la conservera en vie éternelle.
Le vers
17 porte halette, que nous avons corrigé en halète.
Source: André
Dumas, op. cit., 1937, pp. 372-373 (Saisie: Bernard Gineste, septembre
2001).
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SABLES
Mouvant,
léger, né de l’usure
De mondes immémoriaux,
Il n’est destin
que ne mesure
De l’éphémère
aux Chariots.
Époux
changeant d’aucunes formes,
Granit pesant,
grain dans les airs,
Je suis Thèbes,
ses rois énormes
Et leurs poussières
aux déserts.
Des continents
jugés que vanne
Amphitrite,
je reconstruis
Pour t’affoler,
ô Caravane,
Les jardins,
les étangs, les puits.
Vois,
plus vives qu’en leur légende,
Sidon-des-nuages
trembler
Et la soyeuse
Samarcande
S’approcher
et se reculer.
Vainement!
Tu marches quand même
Oubliant patrie
et saisons
Vers le vaste
néant qui t’aime
Au delà
de mes horizons...
Admire
entre tes doigts, ô pâtre
Amoureux, ruisseler
si pur
Ce qui reste
de Cléopâtre
Et les ruines
du futur,
Car je
n’ai point gardé l’empreinte
Aventureuse
des tribus.
J’ai dénoué
le labyrinthe
Et tous les
fleuves seront bus.
Lumière
aussi je me termine...
Être,
unanime effacement,
Quelle éblouissante
vermine
Décompose
le firmament!
Lève
les yeux: égal en nombre
C’est Moi,
qui scintille, effrayant
L’étendue
infinie et sombre
De la nuit
et de l’Orient;
C’est
moi, qui coule, intarissable,
Ivre de fuir
et d’oublier
Jusqu’à
l’heure où le dieu du sable
Renversera
le Sablier.
(Publié en tant
qu’Inédit
par André Dumas, 1937)
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NOTES & HYPOTHÈSES
(B. GINESTE)
Le Sable qui s’exprime ici représente
d’une manière plus générale la matière, autant
dans sa constitution atomique que dans sa signification théologique
(Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière,
rappelle au croyant la liturgie catholique du Mercredi des Cendres). C’est
ce que qu’expriment assez clairement des deux derniers vers, proprement
apocalyptiques: à la fin des temps qu’attendent les Monothéistes,
Dieu renversera le sablier.
Premier quatrain: Suppléez Il n’est destin que je ne mesure
(l’omission archaïsante du pronom sujet est un cas d’obscurité
syntaxique typiquement mallarméenne). — De
l’éphémère aux Chariots. Comprenez: du moucheron
appelé éphémère parce que son cycle de vie ne
dépasse pas 24 heures, jusqu’aux deux constellations qui se nomment
grand et petit Chariots, ou grande et petite Ourses, c’est-à-dire,
de l’infiniment petit à l’infiniment grand, et ce autant du point
de vue temporel que spatial.
Deuxième quatrain: Époux changeant d’aucunes formes: Prenez aucunes au sens archaïques de quelques-unes,
mais en considérant bien que l’ambiguité est voulue: de plusieurs,
et donc d’aucune, la matière épouse des formes, mais c’est
c’est un époux infidèle. Le
granit est un agglomérat
de sable, si solide cependant qu’on en fit les statues colossales de l’antique
ville de Thèbes, qui passe dans l’Antiquité
pour la berceau de la plus ancienne des civilisations, et dont les princes
sont depuis longtemps retournés à la poussière.
Troisième quatrain: L’auteur mêle ici des allusions géologiques
et théologiques, ces dernières plus précisément
apocalyptiques. Rappelons que le van était
naguère encore utilisé lors des moissons pour remuer le grain
et le jeter en l’air, de manière à le dégager
de la balle qui l’enveloppe. Dans la tradition littéraire apocalyptique,
le vannage est une donc métaphore naturelle du Jugement dernier,
où le divin Moissonneur ne recueillera que le bon grain, seul digne
des greniers célestes. Mais ici, c’est l’érosion marine (puisqu’Amphitrite est la déesse de la mer et l’épouse
de Neptune) qui vanne les continents, au cours des âges
géologiques; ainsi tout ce qui passait pour ferme et stable (puisque
c’est en définitive le sens le sens originel du mot continent) est jugé, c’est-à-dire ramené aux yeux de tous à
sa véritable nature d’amas informe et de matière sans substance.
On peut aussi voir ici une allusion au Déluge.
La suite n’est pas moins difficile; nous y voyons, en lien avec le quatrain
suivant, une allusion au phénomène optique appelé
mirage: A l’occasion donc de ce vannage, qui brasse et dissout toutes les
apparences, s’élève confusément dans l’atmosphère
(c’est-à-dire dans l’esprit humain désorienté par
l’évanescence de toutes choses) un brouillard difforme générateur
de mirages, de nature à désorienter toute Caravane (autrement dit d’inspirer
à l’Humanité bien des illusions).
Quatrième quatrain: La Route par excellence
des caravaniers était celle de la Soie, et c’est pourquoi l’on voit
ici trembler dans l’atmosphère, comme
des mirages, l’image de deux de ses étapes les plus célèbres.
Samarcande est qualifiée ici
de soyeuse dans le sens où l’on
parle par exemple des soyeux
de Lyon, qui vivaient de la culture et du commerce de la soie. Sidon, la moderne Saïda, au Liban, était
l’un des termes de cette Route sur les rives de la Méditerranée.
Pourquoi Sidon-des-nuages? Parce qu’il s’agit
ici d’un de ces phénomènes optiques bien connus des caravaniers,
qui leur font paraître tout proches, et comme flottant dans l’atmosphère,
des lieux parfois extrêmement lointains; par ailleurs, symboliquement,
cette vision à demi céleste d’une ville d’Orient qui est
le but ultime des caravaniers évoque sans nul doute la Jérusalem
céleste dont parle le Nouveau Testament, patrie ultime du croyant
dont la vie en ce monde n’est qu’une étape transitoire (voyez la
note suivante).
Cinquième quatrain: La traversée
du désert est une initiation spirituelle qui dépouille des
grandes illusions et des attachement de ce monde, sans que pourtant la vie
ne perde son sens; il faut renvoyer ici à un texte important de
la Lettre aux Hébreux
(XIII, 8-16): Par la foi, Abraham obéit à l’appel
de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit
ne sachant où il allait (...). C’est bien pour cela que d’un seul
homme, et déjà marqué par la mort, naquirent des
descendants comparables par leur nombre aux étoiles du ciel et
aux grains de sable sur le rivage de la mer, innombrables (...); ils ont
confessé qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur
la terre (...) Or en fait ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire
céleste; le vaste néant
dont il ici question est donc à entendre en un sens positif, d’un
dépouillement progressif de toute illusion comme de tout vain attachement.
Sixième quatrain: N’importe quel pâtre oriental (tel que l’étaient, rappelons-le,
Abraham et les autres patriarches, qui erraient avec leurs troupeaux dans
une zône allant de l’Égypte à la Mésopotamie) peut
voir glisser entre ses mains la poussière des rois de jadis (qu’évoquait
déjà le deuxième quatrain), comme par exemple de Cléopâtre,
qui fut également une grande amoureuse; d’où il peut conclure, par une induction naturelle,
à la ruine qui attend sa propre réalité matérielle,
dans le futur...
Septième quatrain: ...d’autant qu’il sait par l’expérience de ses
courses aventureuses, en compagnie de sa tribu, que le sable ni la poussière ne garde la moindre
trace ou empreinte de leur passage (pas plus que la matière ne garde
la mémoire des formes illusoires qu’elle a jadis épousées);
notons au passage la rime mallarméenne tribu / bus, empruntée au fameux
Tombeau d’Edgar Allan Poe: Eux, comme un vil sursaut
d’hydre / Oyant jadis l’Ange donner un sens plus pur aux mots de la tribu,
/ Proclamèrent très haut le sortilège bu / Dans le
flot sans honneur de quelque noir mélange. — Le labyrinthe: Notons pour mémoire
qu’Arthur Evans publie de 1921 à 1935 le résultat de ses fouilles
au palais de Cnossos en Crète, et que cet archéologue proposa
d’y reconnaître le fameux Labyrinthe construit par Dédale pour
y loger le Minautaure; l’auteur entend-il ici que le temps avait dénoué son énigme
comme Alexandre celle du noeud gordien (celui-ci d’un coup d’épée,
celui-là par l’ensevelissement)? — Plus d’un fleuve se perd dans les sables du désert. — La traversée du désert ramène à
leur juste mesure les inextricables soucis comme les vaines satisfactions
de ce monde.
Huitième quatrain: C’est par une association d’idées
d’origine biblique que le poète passe ici, abruptement, du Sable
aux Étoiles: Dieu a promis à Abraham, nomade par excellence,
et prototype de l’initié dans la tradition allégorique judéo-chrétienne
inaugurée par Philon d’Alexandrie, de rendre sa postérité
aussi nombreuse que les grains de sable de la mer, et que les étoiles
du ciel. Lumière aussi je me termine:
Allusion à la mortalité des Étoiles alors
récemment découverte: nées d’un amas de poussière
cosmique, elles sont vouées, après explosion, à se
disperser en de nouveaux nuages de poussière. Être, unanime effacement: la matière
ne connaît donc pas d’autre façon d’exister qu’une universelle
et continuelle dissolution, car même firmament
même est livré à la corruption, contrairement à
ce pensait le monde antique, qui croyait ce sort réservé
au monde sublunaire: la science moderne donne plutôt raison à
la conception biblique d’un monde tout entier destiné à la
corruption. Éblouissante vermine: oxymoron
bien mallarméen (comme dans cet autre vers du maître: Le noir corset velu des mouches éclatantes):
la lumière elle-même même procède de la dissolution
de la matière au sein des brasiers stellaires.
Neuvième quatrain:
En ce monde il n’est donc que matière; la poussière céleste
constituée par les étoiles est égale
en nombre à celle des grains de sable de la mer, si l’on
prend au pied de la lettre la promesse de Dieu à Abraham qu’on vient
de citer. Effrayant l’étendue infinie
et sombre: réminiscence possible de Blaise Pascal, autre catholique,
L’immensité de
ces espaces infinis m’effraie, placée ici, cependant, dans
une bouche quelque peu luciférienne; un désespoir métaphysique
envahit le monde, qui adopte une attitude de fuite devant la vanité
de toutes choses.
Dixième quatrain: Où va donc cette
vaste et désespérante prosopopée de la Matière?
Va-t-on conclure, comme les philosophes atomistes antiques Démocrite
et Épicure, et comme les matérialistes modernes, marxistes
ou autres, à la nécessité de l’athéisme? Après
une dernière réminiscence du fameux panta rheï, tout coule, d’Héraclite, l’auteur conclut au
contraire, en jouant sur l’ingénieuse image du sablier, à l’existence d’un Dieu, pour qui ce formidable écoulement universel
n’est en somme que celui du temps imparti d’avance à la création,
jusqu’à l’apocalypse qui a fait le sujet d’un précédent
recueil: Le poème d’Armageddon.
B. G., 2001
Source: André Dumas, op. cit., 1937, p. 373 (Saisie:
Bernard Gineste, septembre 2001).
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André
Dumas
HENRY CHARPENTIER
[notice
annotée en rouge par B. Gineste,
septembre 2001]
—
BIBLIOGRAPHIE: — La mer fabuleuse (Meissen, 1909). — Tombeau de
Stéphane Mallarmé (H.C., 1910) — Le poème d’Armageddon
(La Connaissance, 1920). — Océan pacifique (H.C., 1925). —
Odes (Marcelle Lesage, 1926). — Océan pacifique
(Id., 1926). — Arion (H.C., 1928). — Signes (Le Pigeonnier,
1928). — La nuit de juin (Latinité, 1930). — Odes et poèmes
(Crès, 1932).
M. Henry Charpentier, né à Paris le 15 juin 1889, vécut
une partie de sa jeunesse à Étampes, où, avec son
ami Louis Kremer, tué à la guerre en 1918 [et mentionné parmi les anciens élèves
du collège Guettard morts pour la France, sur la plaque commémorative
du hall d’entrée], il s’éveilla à la poésie
en dévorant de vieux numéros du Mercure de France
tombés entre les mains des deux jeunes gens. [Cette très ancienne revue, refondée par
Alfred Valette en 1890 et bimensuelle à partir de 1905, fut le principal
éditeur des écrivains de l’école symboliste.]
Il était encore sur les bancs du collège quand il composa
le Tombeau de Stéphane Mallarmé, qui, paru en
1910, le fit à ce point estimer par la famille du grand poète
que le docteur [Édouard] Bonniot,
[exécuteur testamentaire de Mallarmé,
et son éditeur posthume en 1914,] à sa mort, désigna
M. Henry Charpentier pour conserver et publier éventuellement
les manuscrits de son beau-père. [Les
notes de Mallarmé ne furent en fait éditée qu’en 1952,
par Jacques Scherer, sous le titre: Le «Livre» de Mallarmé.]
Il n’est pas difficile, en lisant les poèmes de M. Henry Charpentier,
de dire les maîtres auxquels ils s’apparente, et qui sont tous
parmi les plus nobles et les plus parfaits. Le Poème d’Armageddon
nous apporte d’aussi larges visions que le Qain des Poèmes
barbares [de Charles Leconte de Lisle, 1818-1894];
L’Océan pacifique, par sa typographie même, en même
temps que par la puissance et la richesse de sa pensée, atteste
l’admiration du Coup de dés [de Stéphane
Mallarmé, 1842-1898]. Les Odes, amples et pindariques,
rappellent le lyrisme d’un La Tailhède [Raymond
de la Tailhède, 1867-1938]. La Nuit de juin, aux
strophes décasyllabiques, nous offre une angoissante méditation
qui sonde certains gouffres de l’âme comme faisait le Cimetière
marin [de Paul Valéry, 1871-1945].
Mais s’il a, comme il le devait, subi quelques influences qui lui donnèrent
le goût de la perfection et des hautes spéculations philosophiques,
M. Henry Charpentier, poète intellectuel, poète de la connaissance,
géomètre et constructeur à l’exemple de M. Paul
Valéry, garde toujours sa vraie personnalité. L’une de
ses originalités vient de sa grande érudition. S’il a fréquenté
le pays de légende où Narcisse se penche sur une fontaine,
où Phébus-Apollon module ses chants divins, s’il connaît
tous les prophètes et leurs disciples, — tel ce vieux Baruch qui
fut transporté en songe en un lieu nommé Armageddon [Ce disciple du prophète Jérémie
est l’auteur supposé d’un ouvrage qui n’a pas été
inclu dans la Bible officielle, l’Apocalypse de Baruch],
— il n’ignore rien des plus récentes découvertes de la science.
Ainsi, dans ses vers, une terminologie très moderne se mêle
[p.369] au vocabulaire biblique et mythologique. Dans l’Océan
pacifique, il imagine que deux amies, grâce aux inventions d’Edison
[1847-1931, qui déposa plus de 1300
brevets, dont l’un pour une amélioration du téléphone
de Bell, et un autre pour une nouvelle sorte de dynamo], peuvent
voir de loin leurs fiancés partis avec la flotte américaine,
tandis que la dynamo fait entendre les longs gémissements de Neptune.
Ses dieux connaissent les ondes hertziennes; Homère et Wells [H.G. Wells, 1866-1946, auteur de célèbres
romans d’anticipation et d’ouvrages de vulgarisation scientifique]
collaborent. Poésie savante, apocalyptique, souvent mallarméenne,
d’un auteur assez difficile; poésie élégante qui nous
séduit par sa noblesse et son mystère, mais nous touche mieux
quand le poète se fait plus simple et plus humain:
Ah!
Délaisse ces jeux où le siècle s’amuse.
Et,
brisant le mot rare et l’orgueil exalté,
Nue
enfin, de mon coeur, antique et jeune muse,
Fais
jaillir le sublime et la simplicité.
M. André Thérive [critique littéraire
important, auteur notamment en 1929 d’un Florilège des meilleurs
écrivains du Parnasse, flétri en 1945, mais qui sévissait
encore dans les années 60] a écrit, parlant
d’un recueil où sont groupées plusieurs plaquettes, maintenant
introuvables, de M. Henry Charpentier: «La poésie de ce temps
ne peut être jugée sans faire état de lui.»
[Ajoutons ceci, d’après le
Dictionnaire
Encyclopédique Quillet-Flammarion: Devenu secrétaire général
de l’Académie Mallarmé en 1941, Henri Charpentier a encore
publié au moins un recueil de Poèmes orphiques en 1945, et il est mort en 1952. Ses Poésies complètes ont été éditées
en 1956.]
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Henri Charpentier en 1938
Source: André Dumas, Poètes nouveaux, 1937,
pp. 368-369 (Saisie et notes: B. G., sept. 2001).
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BIBLIOGRAPHIE
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La mer fabuleuse, Meissen, 1909 [le poète est alors âgé
de 20 ans].
Henry CHARPENTIER, Tombeau de Stéphane Mallarmé,
à compte d’auteur, 1910.
Henry de VERNEUSE [pseudonyme de Henry
CHARPENTIER], «Stances», in Le Divan 4/31 (novembre 1912), p. 473.
Henry CHARPENTIER, Le poème d’Armageddon, La Connaissance,
1920 [une autre source écrit Harmageddon: à
vérifier].
Henry CHARPENTIER, Odes et poèmes [in-8°
broché; 173 p; édition numérotée sur vélin],
Paris, G. Crès et Cie, 1922.
Henry CHARPENTIER, «Le
Pavillon fermé», in Le Divan 15/85 (1923), p. 312.
Henry CHARPENTIER, Océan Pacifique,
poème [34 cm; 34 p. non paginées], Paris, L. Kaldor
[à compte d’auteur], 1925.
Henry CHARPENTIER, Odes, Marcelle Lesage, 1926.
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Henry CHARPENTIER, Arion [23 cm; 11 p. non paginées], Lyon,
Audin [à compte d’auteur], 1928.
Henry CHARPENTIER,
Signes, Le Pigeonnier, 1928.
Henry CHARPENTIER,
Guy LAVAUD, Louis MANDIN & E. MONTFORT, La Poésie d’aujourd’hui,
deuxième série, anthologie nouvelle: Francis CARCO, Jean
COCTEAU, L. DEUBEL, J. DYSSORD, Valéry LARBAUD, Paul MORAND, J. PELLERIN,
Jules ROMAIN, André SPIRE, etc. [grand in-12; 160 p. + 16 p.
de catalogue; notices rédigées par H. Charpentier, etc.],
Paris, Librairie Valois, 1929 = Les Marges [nouvelle série
de cette revue], Cahier d’Automne (juillet-septembre 1929).
Henry CHARPENTIER, «?», in Feuillets inutiles. 1er trimestre,
1929, n°1. Poèmes inédits de André Salmon, Georges
Pillement, Henri Hertz, Henry Charpentier, Jacques Maret, Jean Joucan,
Max Jacob, Paul Fierens. Présentation, eau-forte et dessins de Jacques
Maret [in-8°, non paginé], Paris, Girard & Bunino, 1929,
pp. ?-?.
Henry CHARPENTIER,
«?», in Feuillets inutiles. 4e trimestre 1929. N°3.
Poèmes inédits de Henry Charpentier, Paul Fierens, Nino Frank,
Robert Guiette, Jacques Maret, Mélot du Dy, Ribemont-Dessaignes,
Carlo Rim, Lionello Fiumi, Siegfried Sassoon, Philipp Soupault, Jean Teugels,
Paul Valéry. Présentation, dessins et bois de J. Maret
[in-8°, non paginé], Paris, Girard & Bunino, 1929, pp. ?-?..
Henry CHARPENTIER,
La nuit de juin, Latinité, 1930.
Henry CHARPENTIER, «?», in Poèmes de Pierre Benoit.
Maurice Brillant. Pierre Camo. Henry Charpentier. Hugues Delorme. Charles
Dornier. Franc-Nohain. Pierre [...]rondaie. Pierre Jalabert. Pierre de
Nolhac. Louis Pize. Frédéric Plessis. Jean Rameau. Maurice
Rostand. Émile Vitta. Suite aux suppléments des 6 août
1917, 14 mars 1928 et 24 août 1929 [in-4°; 32 p.], Paris, L’Illustration
[«La Petite Illustration» 536, «Poésies»
4], 1931, pp. ?-?.
Henry CHARPENTIER, Odes et poèmes [14 cm sur 19,5; 1010
exemplaires numérotés tirés sur vélin pur fil
lafuma], Paris, G. Crès, 1932.
Henry CHARPENTIER, «?», in Feuillets inutiles. Nos 15-16-17
[15: Pages inédites de Pierre Andreu, J.-M. Campagne, Henri Dubief,
Jean Follain, Raymond Hubert, Armen Lubin, Fernand Marc, Jacques Maret,
Fernand Pouey, Saint-Pol-Roux, André Salmon, G. Schéhadé,
H. Vandeputte. Présentation de Jacques Maret; 16: Pierre Andreu,
P.-A. Birot, J. de Bosschere, J.-M. Campagne, L. de G. Frick, Jean Gacon,
Henri Hertz, Max Jacob, Fernand Marc, Jacques Maret, Saint-Pol-Roux, Fernand
Pouey, J. Rousselot, André Salmon... Présentation de Jacques
Maret; 17: Pages inédites de Audiberti, Pierre Albert-Birot, Jean
Cayrol, Henry Charpentier, Yanette Delétang-Tardif, Jean Follain,
Pierre Guéguen, Pierre-Jean Launay, Armen Lubin, Fernand Marc, Jacques
Maret, René Meurant, André Salmon. Présentation de Jacques
Maret [3 fasc. in-8°, 13, 15 et 10 folios, planches; 95 exemplaires],
sans lieu, Deberny-Peignot & J. Maret, 1934-1935.
André DUMAS, «Henry Charpentier», in ID., Poètes
nouveaux. Morceaux choisis accompagnés de notices bio- et bibliographiques
et de nombreux autographes [in-16; 447 p.], Paris, Delagrave [«Collection
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Henry
CHARPENTIER, Diptyque [grand in-8; 23 p.], Paris, Éditions
du Trident [«Collection
d'Eurydice» 6], 1937.
Henry CHARPENTIER, Le Grand dieu Pan [non paginé (33 p.);
24 cm sur; 230 exemplaires, tous numérotés et paraphés
par l’auteur], sans lieu, P. Zarifian, 1941.
Henry CHARPENTIER,
«Gloses», Stéphane
MALLARMÉ (1842-1898), [I] Stéphane Mallarmé. Un
faune. Lithographies originales de René Demeurisse. [II] Stéphane
Mallarmé. Lithographies originales de René Demeurisse. L'après-midi
d'un faune, églogue. [III] Claude Debussy. Prélude
à l'après-midi d'un faune. Lithographies originales de René
Demeurisse. [IV] Henry Charpentier,... Gloses. Lithographies originales
de René Demeurisse [4 fascicules in-f° (34 cm sur 26); figures;
musique; portrait; couverture illustrée; Le ″Prélude à
l'après-midi d'un faune″ est la reproduction du manuscrit original;
le t. IV contient des Offrandes à divers du faune, par Stéphane
Mallarme], Paris, Rombaldin, 1943.
Henry
CHARPENTIER, Écumes du Caÿstre [in-16 (19,5 cm
sur 14,5); 188 p.; broché; lithographie originale de Marcel Gimond]
, Rombaldi [coll. «Poëmes»
10], 1945.
Henry CHARPENTIER,
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Henry
CHARPENTIER, «Préface»
in CIGALETTE, Poèmes de Captivité [introduction de
Dumesnil de Gramont (1893-1953); préface de Henry Charpentier; illustration
de Robert Degouy], sans nom d'éditeur, sans date [non conservé à la BNF].
Henry CHARPENTIER,
Les Bucoliques de Virgile. Texte latin et traduction nouvelle
[in-f° ou gr. in-4° (34 cm sur 26,5); IV+139 p., figures, planches,
lithographies originales de René Demeurisse; couverture en couleur],
Paris, 1946.
Henry CHARPENTIER,
«Préface», in Helen MAI, Le Chant des mains, 14 poèmes
accompagnés de 14 lithographies de l’auteur [grand in-4°
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Paris, chez l’auteur, 1950.
Henry
CHARPENTIER, Cires perdues. Petits poèmes en prose
[22 cm; extrait du Mercure de France (1948), pp. 45-51], Paris, Mercure
de France, 1948.
Henry CHARPENTIER,
«Poème ancien», in René-Louis DOYON [rédacteur],
Les Livrets du Mandarin, 2e Année. N ° 9. Quelques idées
sur André Gide, I, (extraits). A l’ombre de La Madeleine, variations
sur la mode. Exégèse et amitié: Cocteau et Radiguet.
Sur le théâtre: de Knoch à l’Atelier, clubs et anomalies.
Invité: Henry Charpentier, poème ancien; pour Maurice Du Plessys
[in-16; 36 p.], Paris, La Connaissance, sans date.
Henry CHARPENTIER (†), Les Poésies complètes d’Henry
Charpentier. Édition définitive, 1906-1952 [in-16 (29
cm), 313 p., couv. ill.], Lyon, I.A.C. (Imprimerie artistique en couleurs)
[«La Lyre et la rose»], 1956.
Robert SABATIER
[de l’Académie Goncourt], Histoire de la Poésie française.
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ANONYME,
«CHARPENTIER (Henry)», Dictionnaire encyclopédique
Quillet-Flammarion: Bl-Cos, Paris, Flammarion, 1983, p. 1189.
Dans le Corpus Étampois
Bernard
GINESTE, «Henry
Charpentier: Six pièces poétiques (1928-1937; avec des notes)», in Corpus Étampois, ww.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-6poemes.html,
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Bernard GINESTE [éd.], «Henry Charpentier: Stances
(1912)», in Corpus
Étampois, www.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-1912divan.html,
2003.
Bernard GINESTE [éd.],
«Henry Charpentier:
Le Pavillon fermé (sonnet, 1923)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cle-20-charpentier-1923divan.html,
2003.
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