Corpus Littéraire Étampois
 
Clovis Pierre
Étampes à travers les siècles
chronique rimée, 1898

Blason d'Etampes dessiné par Léon Marquis (1881)      Tous les Étampois peuvent être reconnaissants à Fabienne Voillard, du Musée, d’avoir mis à leur disposition le texte de cette «chronique rimée», composée en 1898 par Clovis Pierre.
     Bien sûr, cette chronique est toute pleine des erreurs et manies de l’érudition du siècle avant-dernier. Pire, Clovis Pierre est un rimailleur exécrable, dont les vers suciteront parfois, sans doute, le fou-rire des esprits malicieux, qui ne manquent pas dans notre cité.
     Il se dégage malgré tout de cette
œuvre un charme désuet, celui peut-être de l’amour de la «petite patrie». De toute façon, qu’on l’accueille avec mépris ou tendresse, cette chronique appartient au patrimoine de notre ville. Merci donc encore à Fabienne Voillard d’avoir généreusement consacré plusieurs heures à la saisir, au bénéfice de tous. Les notes en noir sont de l’auteur. 
 
 

CLOVIS PIERRE
 
___________________________________
 
 
ÉTAMPES
A TRAVERS LES AGES
 

________
 
 
CHRONIQUE  RIMÉE
 
 
 
  
ÉTAMPES
 
L. HUMBERT-DROZ, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
____
 
1898
 

D’Étampes, je viens retracer l’histoire,
En vous parlant de ses vieux monuments;
Pour que chacun conserve la mémoire
D’homme vantés, de grands évènements.

  5
C’est bien un peu l’histoire de la France
Que celle de notre vieille cité:
Jours glorieux, néfastes, d’espérance,
Hauts faits passés à l’immortalité.


                      **

 
 10
Étampes, j’aime ton séjour tranquille,
Tes vieux usages et tes habitants;
Fut-il jamais histoire plus fertile
En souvenirs fustigés par le temps?

 p.6
 
 15
Où donc trouver plus charmant assemblage
De près fleuris, de bois et de vallons?
Murs délabrés, agreste paysage
De toits poudreux et de gais environs?

 
 
 
 20
De hauts clochers, des tours monumentales,
La cathédrale avec ses fiers créneaux,
Saint-Basile et ses cryptes sépulcrales,
Saint-Gilles et ses gothiques vitraux. *
     * Ces vitraux ont été détruits par le bombardement du 11 juin 1944.

Quand je te vois, portail de Notre-Dame (1),
Songeant au jour où l’on te mutila
Je dis, en évoquant ce sombre drame :
«Quatre-vingt-treize a du passer par-là!» 
*
     (1) Elevée par Robert le Pieux, ainsi que Saint-Gilles et Saint-Basile, qui datent également du règne de ce roi.
 
     * En fait les statues du portail de Notre-Dame ont été décapitées par les Huguenots dès 1562.
 25
Le culte alors rassemblait ses fidèles;
les Te Deum et les De Profundis
Ont fait vibrer les voûtes solennelles,
Pour honorer les héros de jadis.

 
 30
Remontant aux souvenirs d’un autre âge,
Ce que j’avance est un fait bien certain,
Le roi Robert, par un pieux usage,
Venait parfois y chanter au lutrin.


                      **

p.7
 
 35
Salut à toi, vieille tour de Guinette,
Ancien débris du donjon féodal (1),
Où pour moisir au fond d’une oubliette,
Il suffisait d’un caprice royal.
     (1) Le roi Robert y séjourna.


 
 
 
 40
Cette vertueuse reine Ingelburge
Pendant douze ans y répandit des pleurs;
Le fier Hombaus contre son roi s’insurge: (2)
Dans un cachot, il songe à ses erreurs.
     (2) Le seigneur Hombaus de Saint-Sévère faisait subir de nombreuses vexations aux gens du pays (1107).

 
Vaincu dans les guerres de Normandie,
Voici Robert, comte de Leicester; (3)
Puis Jean Britaud, malgré la maladie,
Emprisonné sans lumière et sans air.
     (3) 1194.
 45
Un paysan, pour larcin de volaille,
Dans ce donjon fut assez malmené;
Il y gémit bien longtemps sur la paille,
Comme Thibout, cet autre infortuné.


                      **

 p.8
 50
Et cependant, vaillante forteresse,
L’adversité te soumis à ses lois ;
A l’ennemi, te harcelant sans cesse,
En peu de temps tu te rendis trois fois.

 
 
 55
Sur la cité règne un vent de carnage (1).
Les assiégeants fondent de toutes parts;
Les Armagnacs tiennent tête à l’orage
En s’escrimant sur le haut des remparts.
     (1) Il s’agit ici de la prise du château d’Étampes par Louis de France, duc de Guyenne, à la tête des Bourguignons commandés par Jean Sans Peur, contre les Armagnacs enfermés dans le château (1407).
 
 
 
 60
Sur le donjon, les jeunes châtelaines,
Petit détail qu’on ne peut oublier,
Aux lourds cailloux projetés par centaines
D’un air narquois tendent leurs tabliers.

 
Mais Bois-Bourdon, qui ne veut point se rendre,
Aux assaillants démontre sa valeur;
Bien résolu toujours à se défendre,
Fait hésiter le fameux Jean Sans Peur.

 65
André Roussel, homme d’expérience,
Propose alors un moyen sûr et prompt,
Ne voulant pas qu’un fils de roi de France
D’une défaite pût subir l’affront.

 p.9
70
Dans tous les murs voués à l’incendie,
On vit se rendre alors la garnison,
Et pour finir la sombre tragédie,
Le commandant fut conduit en prison.

 
 
 75
On voit encore sur la tour vacillante,
La trace des boulets des assiégeants;
Des coups nombreux que portèrent les trente,
Soldats choisis parmi les plus vaillants.

 
 
 
 80
Plus tard, Bourdon fut l’amant de la reine,
Qui trahissait ses serments et sa foi.
On l’enferma dans un sac, et la Seine
Laissa passer la justice du roi!


                      **


Les Protestants s’emparent de la ville
Et du château, par les boulets meurtri (1);
Cinq ans plus tard, après un siège habile,
Tout est repris par de Montgommery (2).
     (1) 1562.
     (2) 1567.


 85
Le roi de Navarre et celui de France,
Dans le donjon qu’ils viennent assaillir,
Aux habitants ordonnent par prudence,
De tout raser, car il faut en finir.

 p.10
 90
Après avoir tenu tête à l’orage,
On voit alors s’ébranler les remparts.
Le roi, lui-même, ordonne le pillage,
Ce dont alors profitent les soudards (1).
     (1) 1589. Les Deux Henri.


                      **

 
 
 95
Guinette voit la splendide revue,
Où scintillait la cuirasse d’acier
Du comte de Tavannes, dont la vue
Emerveillait la belle Montpensier (2).
     (2) 1650.

                      **

 
 
 
100
Pour terminer ce siège farouche,
Où l’on s’était si longtemps bombardé,
Survient enfin la terrible escarmouche
Entre Turenne et le fameux Condé (3).
     (3) 1652. Escarmouche entre les troupes royales et celles de Condé renfermées dans les Étampes.

Du Mâchefer, la fertile colline,
Rappelle de la Fronde un souvenir;
Bien jeune encore, auprès d’une fascine,
Louis Quatorze faillit y périr.

105 p.11
Les reîtres sont en butte à plus d’un piège,
Ils ripostent au lieu de reculer;
C’est maintenant la faim qui les assiège…
Las! C’en est fait… il faut capituler.

 
110
La peste alors, s’étend sur notre ville,
En détruisant les richesses du sol;
Qui purifie, assainit chaque asile?
Un grand apôtre: Saint Vincent de Paul! (1)
     (1) 1652.

                      **

 
 
115
Roi dépravé, hautain, plein d’arrogance,
Louis Quinzième le Bien-Aimé (?),
Aux Etampois signale sa présence,
Dans le pays tout paraît animé.

 
 
 
120
Sous le ciel bleu, de grands feux d’artifice,
Portent au loin leurs détonations;
La tour s’embrase en un moment propice
Sous les feux des illuminations.


                      **

 
 
p.12

L’abbé Desforges (2), ce nouvel Icare,
Voulant un jour s’élancer dans les airs,
Du haut castel, tombe sans crier: «Gare!»
Se meurtrissant les membres et les chairs.
     (2) L’abbé Desforges, chanoine d’Étampes, connu par ses essais sur la navigation aérienne, s’élança du haut de la tour de Guinette avec son fameux char volant (1772).
125
Il prétendait qu’assis dans sa gondole,
Il pourrait planer dans l’immensité;
L’expérience était digne d’Eole…
On s’amusa de l’excentricité.

 
130
Les inventeurs ont toutes les audaces,
En France comme en pays étranger!
Pour atteindre leur but, ils sont tenaces,
Se montrant braves devant le danger.

 
 
135
Ne blâmons pas le chercheur intrépide,
De s’illustrer il cherche le moyen;
Rendons hommage à l’inventeur avide
De dompter l’élément aérien.


                      **

 
 
 
140
Aux fiers accents de la Parisienne,
C’est d’Orléans, fils du citoyen-roi,
Passant devant la garde citoyenne,
Une revue en ce superbe endroit (1).
     (1) 1830.


                      **

p.13
C’en est assez de sièges, de batailles,
Il faut songer à des temps moins troublés;
Parlons un peu récoltes et semailles,
Du renouveau, des vendanges, des blés.

145
C’est le grand jour du Comice agricole!
Le jeu de paume, les joyeux brandons,
Vont s’installer sans aucun protocole,
Au grand plaisir des gens des environs (2).
     (2) 1838.
 
150
Le grand Charivari, les mascarades,
Le tir à l’arc, les arbalétriers,
Les joyeux chars avec leurs cavalcades,
Puis les chanteurs et les ménétriers (3).
     (3) 1840.
 
 
155
On y venait de Chalo, d’Angerville,
Toury, Dourdan, Malesherbes, Saclas,
De Saint-Hilaire et du vieux Méréville,
Petits et grands y prenaient leurs ébats!


                      **

 
 
 
160
Plus d’un ancien faisant sa promenade,
En évoquant le passé, se souvient.
Des souterrains, de la verte esplanade
Et du vieux télégraphe aérien.


                      **

p.14
Octobre, mil huit cent quatre-vingt-seize, *
Partout en France, on acclame le czar;
C’est l’Hymne russe avec la Marseille,
Se confondant par un heureux hasard.
     * Il s’agit ici visiblement de souvenirs tout récents de l’auteur lui-même.
165
Étampes vient se mêler à la fête,
Coïncidant avec la Saint-Michel;
Ses habitants ont le cœur en goguette,
Mille lueurs scintillent sous le ciel.

 
170
La poudre éclate en vive fusillade,
On aperçoit, sous l’arc diamanté,
Le Président recevant l’accolade,
Du Czar aimé que Paris a fêté!

 
 
175
Et l’on croit voir tous les oiseaux de proie,
Les noirs corbeaux se joignant aux hiboux,
Rentrer dans l’ombre et loin des feux de joie,
Honteux, confus, se cacher dans leurs trous.


                      **

 
 
 
180
Dans tes fossés, gigantesque Bastille,
Près de tes murs, tombant en vétusté,
On est heureux, sous le soleil qui brille,
D’aller parfois rêver en liberté.


                      **

p.15
Sans parler du grand tremblement de terre, *
Datant de la plus haute antiquité,
Étampes vit les horreurs de la guerre
Plus d’une fois en sa vaste cité.
     * Les érudits du temps croyaient trouver la trace d’un tel tremblement de terre dans des toponymes tels que Reverseleux (Léon Marquis, Les Rues d’Étampes, 1881, p. 103.
185
D’abord, étant capitale romaine,
Ses murs ont vu plus d’un char triomphant;
En six cent quatre, époque moins lointaine,
L’écho s’éveille au bruit de l’olifant.

 
190
Survient lors ce combat légendaire,
Où, corps à corps, à violents coups de pic,
Sont repoussés les soldats de Clotaire,
Par les troupes du roi Théodoric.

 
 
195
On peut citer cette antique muraille,
Où bien des fois s’arrêta le passant,
C’est le fameux Meurger de la Bataille,
Auprès de la croix de Vomit-le-sang.

 
 
 
200
Et Brunehaut, cette vaillante reine,
Dont le cadavre réduit en lambeaux,
Trace un sillon sanglant parmi la plaine,
Mettait le comble à ces sombres tableaux!
*
     * La mort de Brunehaut n’a aucun rapport avec Étampes; il ne s’agit ici que d’un souvenir scolaire de l’auteur.
 
 
p.16
A Notre-Dame, on tint divers conciles (1);
On récita mainte et mainte oraison,
Pour apaiser certains rois indociles,
Quand il fallut les mettre à la raison.
*
     (1) Du IIe au XIIIe siècle. [Lisez: Du XIIe...]
     
* Allusion aux démêlés de plusieurs rois capétiens avec la papauté qui refusait de reconnaître la nullité de leurs mariages. Il est d'ailleurs curieux que cette chronique ne fasse aucune allusion à l'incarcération de la reine Isembourg dans la tour de Guinette.

   



                      **

205
La vieille ville est en proie au pillage,
On désespère, hélas! d’en voir la fin.
Que de châteaux, de maisons on saccage,
Partout où sont les bandits de Ruffin (1).
     (1) 1358.  * Étampes fut prise le 16 janvier 1358 par une compagnie de brigands commandée par un certain Ruffin, selon Marquis, Les Rues d’Étampes, 1881, pp. 4-5.
 
210
On vole, on tue, et même on incendie;
On voit alors plus d’un drame sanglants;
Rien ne résiste à la bande hardie,
Les Étampois s’abordent en tremblant!…


                      **

 
 
215
En quinze cent, rapporte la chronique, *
Bourgeois, manants, remplissent à la fois
De tous côtés, la vieille basilique,
Pour les funérailles de Jean de Foix.
     * Allusion au précieux document appelé Rapsodie, compilé par Pierre Plisson vers 1670, édité partiellement par  Léon Marquis en 1881 (Les Rues d’Étampes, pp. 408-428), puis complètement par  Paul Pinson, prochainement en ligne.
 
 
 
220
En même temps, la peste qui fait rage,
Vient décimer femmes, enfants, vieillards;
Sur les clochers, à la ville, au village,
Sont arborés de sombres étendards.


                      **

p.17

Peuple, à genoux!… Un cortège s’avance (1)…
Il faut prier pour celle qui n’est plus;
Anne, qui fut deux fois reine de France,
Laisse ici-bas l’exemple des vertus.
 
                      **
     (1) 1514. Cérémonie funèbre d’Anne de Bretagne, veuve des deux rois de France Charles VIII et Louis XII, morts le 9 janvier 1514, à l’âge de 36 ans.
     Elle fut la première reine de France qui ait porté le deuil de son époux en noir. Auparavant, les reines le portaient en blanc. De là, le surnom de «Blanche», donné à plusieurs veuves de nos rois «Tout le peuple de France, dit Brantôme, ne se put saouler de la pleurer.» C’est à Anne de Bretagne que les reines de France sont redevables de plusieurs prérogatives, comme d’avoir leurs gardes, de donner audience aux ambassadeurs, aux députés, etc.
225
Vinrent aussi ces luttes intestines,
Qui désolèrent notre région,
Les reîtres et leurs bandes assassines,
Au temps des guerres de religion (2).
     (2) 1562.
 
230
Vols, incendies, meurtres, ô jours néfastes!
Que d’œuvres d’art, d’objets religieux,
De saints brisés par les iconoclastes,
Nous rappellent, hélas! ces jours affreux.


                      **

p.18
 
235
Ma muse va, cherchant à l’aventure,
Pour trouver un épisode attrayant.
Une maison d’élégante structure,
*
A mon sujet me rappelle à l’instant.
     * Allusion à l'hôtel particulier qu'on appelle encore de nos jours Hôtel Anne de Pisseleu, bien qu'il n'ait jamais appartenu en réalité à cette fameuse duchesse.
 
 
 
240
François premier, à sa reine infidèle (1),
De ce castel va s’emparer bientôt,
«Pour y loger de France la plus belle» (2),
Comme le dit le sémillant Marot.
*
     (1) La reine Claude de France, fille de Louis XII.
     (2) Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, maîtresse de François 1er.
     * Ce poème de Marot est en ligne.

 
A Cupidon, les grands rendent les armes…
La belle fut inconstante en amour;
Deux rois galants, subjugués par ses charmes,
Près d’elle demeurent tour-à-tour (3).
     (3) Elle gouverna pendant vingt-deux ans le roi, qui l’avait mariée à J. de Brosse. Livra aux ennemis les secrets d’Etat, et fit signer à François le honteux traité de Crespy. Elle mourut obscurément (1508-1576).
     François 1er et Henri II se partagèrent les faveurs d’Anne de Pisseleu. [Cela reste à prouver.]
245
Sous ces labris dorés, le Roy s’amuse,
Aux gais propos de son fou Triboulet;
Près de la courtisane qui l’abuse,
Le roi n’est plus qu’un vulgaire sujet.


                      **

p.19
250
Le roi Henri qui fait le diable-à-quatre,
Toujours fidèle à l’amoureuse loi,
*
Aime à goûter, afin de mieux s’ébattre,
Le vin clairet de la Vigne-du-Roi.
     * On remarquera ce vers comme le seul un peu spirituel de cette chronique, et qui sans doute n'est pas de l'auteur.
 
 
255
Le cœur joyeux, il poursuit son beau rêve…
La poule au pot promise aux paysans;
Rien ne leur vient…, le temps marche sans trêve
Fiez-vous donc aux promesses des grands!

 
 
 
260
Les yeux portés vers l’antique tourelle,
Il aperçoit le coursier vigilant,
Que doit monter la Belle Gabrielle,
Aux côtés de son beau page indolent.


En souvenirs, notre histoire est fertile;
Quand il lui faut parler de ses aïeux,
Pour l’érudit, l’objet le plus futile,
Souvent est un document précieux.

265
Telle, on peut voir cette borne solide,
Où Ravaillac, assassin du Grand Roi,
Vint aiguiser son poignard régicide,
Avant de jeter Paris dans l’effroi (1).
     (1) 1610. Carrefour de l’Ecce-Homo.

                      **

p.20
270
Parlons de cet orage épouvantable (1) *
Jetant le trouble à l’heure où chacun dort,
Quand les éclats de la foudre indomptable,
Portent partout la terreur et la mort.
     (1) 1625.
     * Cet orage mémorable  est raconté par un poème du temps long de 112 vers, bientôt en ligne
(cf. Léon Marquis, Les Rues d’Étampes, 1881, pp. 253-254).
 
 
275
Le feu du ciel en tombant sur Saint-Gille, (sic)
Vient consumer son gothique clocher;
Et les sculptures de son péristyle,
Vont s’effondrer dans cet ardent bûcher.


                      **

 
 
 
280
L’eau, par torrents, tombe du haut des cimes (2).
Triste fléau!… C’est l’inondation!
Que de dégâts! Hélas! Que de victimes!…
La ville est dans la consternation.
     (2) 1626.

                      **


Des bordes espagnoles, allemandes,
Pour le pays véritables fléaux;
Que fallut-il pour décimer les bandes?
Le célèbre combat des Portereaux (3).
     (3) 1652.
p.21
                      **

285
Des petits faits ne faisons point mystère:
Voltaire, un jour, fut souffleté
Par une bonne à la main peu légère,
Qui n’entendait rien à la privauté (1).
     (1) Le grand écrivain se trouvant un jour chez le marquis de Valory, y reçut un soufflet d’une servante nommée Trinité.


                      **

 
290
Ne rêvant plus victoires ni conquêtes,
On voit plus tard toute la Nation
Se réunir en de joyeuses fêtes,
Présage de la Fédération (2).
     (2) 1790.
 
 
295
Dans le préau couvert du vieux Collège,
Où l’on venait pour  prêter le serment,
Les clubistes établissent leur siège,
En discutant avec acharnement (3).
     (3) 1790.
 
 
 
300
Quels cris joyeux, la Cité toute entière
S’éveille au bruit d’un joyeux carillon ;
C’est le couronnement de la Rosière, (4)
Dont chacun fête l’institution.
     (4) 1791.
p.22
Les cloches tintent, le bourdon résonne,
Jeunes et vieux défilent tour à tour;
On chante, on boit le fin jus de la tonne,
Pour célébrer cette reine d’un jour.


                      **

305
Un patriote offert en holocauste,
Aux jours les sombres de la Terreur,
C’est Simonneau, succombant à son poste,
Victime du devoir et de l’honneur (1).
     (1) 1793.

 
310
Sachant braver la fureur populaire,
Fier magistrat, il mourut pour la loi;
On lui fit une pompe funéraire,
Dont le faste égalait celle d’un roi.

 
 
315
Près du char entouré de drapeaux rouges,
Du peuple, marchent les représentants;
Et la citoyenne Olympe de Goujes,
Suit le cortège avec les habitants (2).
     (2) Ce fut Olympe de Gouges qui rendit compte de la cérémonie qui fut en l’honneur de Simonneau, tanneur et maire de la ville d’Étampes.

                      **

p.23
 
 
320
L’antique et solennelle Notre-Dame,
Devient alors Temple de la Raison;
On y discute et même on y déclame
Sur les projets de la Convention.


Bientôt sous les arceaux du vieux Saint-Gilles,
Sont installés de vastes magasins;
Dans le saint lieu sont entassés par piles,
Les sacs de blé, de farine et de grains.

325
Et l’on peut voir les foules rassemblées
Aux Comités venant porter leurs vœux;
Là, se tiennent aussi des assemblées,
Où les partis se déchirent entre eux.


                      **

 
330
Par tous ces faits, ma liste n’est pas close…
De Paris vient ce fait-divers brutal:
Nous annonçant qu’à la Morgue on expose,
Lavallery noyé dans le canal (1).
     (1) Au mois d’octobre 1793, le peuple apprend soudain qu’on vient d’exposer à la Morgue le corps d’un nommé Lavallery, Jean-Charles, administrateur du département de Seine-et-Oise, remplissant les fonctions de receveur de l’enregistrement à Étampes, où il demeurait. On y court, et on croit reconnaître que cet homme est une victime de l’aristocratie.
p.24
 
335
Dans le châteaux, même au sein des chaumières,
Les habitants frissonnent aux horreurs,
Aux attentats de la bande d’Orgères (1).
Pierre-le-Roux commande à ses chauffeurs.
     Immédiatement, le Conseil arrête que le corps de ce citoyen sera apporté et qu’on va lui faire des funérailles, lorsque deux citoyens déclarent et prouvent que ledit Lavallery n’était qu’un aristocrate, et demandent à ce que le corps dont il s’agit soit jeté à la voirie.
Pour éviter alors toute scène scandaleuse, le Conseil fait sur-le-champ enterrer ce cadavre, repêché a quai de la Râpée.

 
 
 
340
Et l’on ne voit plus que fermes pillées,
Assassinats, vols sur les grands chemins,
Enfants tués, femmes violentées.
Victimes de ces chauffeurs assassins.
     (1) 1797.

                      **


C’est mil huit cent quatorze!… Plus de doute;
Des peuples vient la coalition;
La Grande-Armée est en pleine déroute,
On ne peut repousser l’invasion.

345
 
p.25
L’Empire croule!… Quel affreux désastre!
Voici venir les fourgons ennemis;
Napoléon a vu pâlir son astre,
Trahi partout, le héros s’est soumis.

 
350
Les lourds canons roulent dans la poussière,
Et sur Paris s’avance l’étranger;
Il a fallu l’Europe toute entière,
Pour envahir notre sol en danger.

 
 
355
On voit passer sous leurs sombres casaques,
Le sabre au poing, les hussards de la Mort;
Et les chevaux indomptés des Cosaques,
Rongent l’écorce des arbres du Port.

 
 
 
360
La France voit une ère plus tranquille,
La guerre n’est plus un épouvantail;
Étampes, comme plus d’une autre ville,
Renaît par le commerce et le travail.


                      **


C’était alors un pays de Cocagne,
La diligence y roulait à grand train,
Par monts, par vaux, à travers la campagne;
On s’éveillait toujours de grand matin.

365
On y voyait l’auberge plantureuse,
On y logeait à pied comme à cheval,
On y trouvait cuisine savoureuse,
On y fêtait surtout le Carnaval.

p.26
370
Une servante accorte, à la main preste,
Vous y servait avec l’air agaçant:
Un bon souper, un bon gîte et le reste,
Et c’était autant de pris en passant!

 
 
375
Mais le Progrès, qui partout s’insinue,
Vint nous importer le chemin de fer,
Nous apportant une vie inconnue,
Bouleversante et mettant tout en l’air!…

 
 
 
380
Lors, c’en fut fait… Adieu les vieux usages…
Adieu moulins qui nourrissaient Paris ;
Plus de rouliers aux grossiers attelages,
On vit se transformer tout le pays.


On y voyait alors l’Ecu-de-France,
Les Belles-Croix, l’Ours et le Point-du-Jour,
La Rose, où l’on faisait fine bombance,
Le Papillon, où l’on rêvait d’amour.

385
Si les farauds allaient à la Fourchette,
Au Chêne-Vert, venaient sages et fous ;
Les vieux garçons filaient à la Levrette,
Comme au Croissant tous les maris jaloux.

 
390
Quant aux joyeux voyageurs de commerce,
Que l’on aimait comme de bons vivants,
Soit qu’il fit beau, que l’eau tombât à verse,
Ils descendaient toujours aux Bons-Enfants.

p.27 
 
395
Les Trois-Fauchets, la vieille Tête-Noire,
Se retrouvaient aussi dans ce réseau;
Les francs buveurs, disciples de Grégoire,
Venaient y savourer le vin sans eau.

 
 
 
400
On peut encore y retrouver la trace
De Saint-Basile et du Grand-Saint-Martin,
Du Coq-Hardi, du Renard, de la Chasse,
De Saint-Christophe et même du Dauphin.


La Fleur-de-Lys allait aux royalistes,
Les gros bouchers affluaient au Mouton,
Le Bois-de-Vincennes cher aux touristes,
Attirait les amateurs de picton.

405
Venaient après le Grand-Cerf, le Sauvage,
Le Chaperon-Rouge, avec les Trois-Marchands,
Le Roi-d’Espagne, l’Aigle, la Belle-Image,
Saint-Nicolas et ses petits-enfants.

 
410
Un peu partout, il faut qu’on se renseigne…
On y voyait aussi le Lion-d’Or,
Hôtellerie dont la joyeuse enseigne
Venait à tous prouver qu’au lit on dort!

 
 
415
Lion-d’Argent, on vantait tes agapes,
Petit-Paris, tes ragoûts succulents;
Salon Français, but de bien des étapes,
Chacun vantait l’odeur de tes draps blancs.

p 28
  
 
420
Comédiens, actrices ravissantes,
Pour la province, s’ils prenaient leur vol,
Insoucieux, allaient planter leurs tentes,
Au Soleil-d’Or, au Cygne, au Rossignol.


La Porte-d’Orléans et l’Hirondelle,
Et de Jacob-la-Bénédiction,
Avaient toujours nombreuse clientèle,
Comme la Poule et le vieux Robinson.

425
L’Arquebuse, la Herse, la Sentine,
Le Champ-de-Mars, repos pour les soldats,
L’Etoile, enfin, cette vieille chaumine,
Où l’on faisait restaurer les forçats.


 
430
Les courtisans et tous les gens de marque,
Trouvaient un port à l’Arche-de-Noé,
Au Grand-Hôtel, ainsi qu’au Grand-Monarque,
Au Chariot-d’Or, endroit recherché.

 
 
435
Au Duc-de-Bourgogne les gens de race,
Descendaient tout comme au Duc-d’Orléans;
Très rarement ils pouvaient trouver place…
On y dressait des menus succulents.

 
 
 
440
Dans ces quatrains rimés trop à la hâte,
Quoi!… j’oubliais l’hôtel du Grand-Courrier,
Le Cheval-Rouge et le vieux Coq-en-Pâte
Où l’on était certain de bien dîner.

p.29 Vous n’êtes plus, maisons hospitalières,
Des joyeux jours et des gais lendemains.
Que de marchands causaient de leurs affaires
A la chaumière des Quatre-Chemins.

445
Comme l’oiseau, le chemineau qui passe
Les vagabonds les gens sans feu ni lieu,
Après avoir cherché, de guerre lasse,
Trouvaient un gîte à la Grâce-de-Dieu!

 
450
Aux Trois-Rois, où s’arrêta Louis Treize,
Le Vert-Galant se montra libertin ;
Le Roi-Soleil y dormit à son aise (1),
Près de ses gens de cour, menu fretin.
     (1) 1652.
 
 
455
On vit aussi l’hôtel de la Fontaine,
Abriter la reine de Portugal,
L’infante d’Espagne, future reine,
Puis Charles-Quint, monarque sans égal (2).
     (2) 1539.
 
 
 
460
Princes du sang, ducs, comtes et duchesses,
Plats courtisans, ministres bien en cour,
Barons, marquis, ambassadeurs, altesses,
Dans ce pays, passèrent tour à tour.


                      **

p.30
Quand ils faisaient gaiement leur tour de France,
Les ouvriers des corporations,
Trouvaient toujours le gîte et la pitance,
Chez la brave Mère des Compagnons.


                      **

465
Le choléra, terrible épidémie,
Vint ravager tout le département;
Et dans cette horrible maladrerie,
On vit plus d’un acte de dévouement (1).
     (1) 1832.

                      **

 
470
Les banquets, les réunions publiques,
Nous ramènent la Révolution (2);
Il pleut partout des discours politiques,
Paris est en pleine insurrection.
     (2) Février 1848.
 
 
475
Étampes voit les hordes populaires,
Manifester sur ses vieux boulevards,
Chantant des hymnes révolutionnaires,
En agitant de joyeux étendards.

 
 
p.31
480
C’est Quarante-Huit, ici, qu’on acclame…
Partout on prêche la Fraternité;
Et le docte clergé de Notre-Dame,
Bénit les Arbres de la Liberté.


                      **


Un an plus tard, hélas! On voit renaître
Le choléra, fléau dévastateur;
L’art médical n’a pu s’en rendre maître,
Le mal affreux règne en triomphateur (1).
     (1) 1849.

                      **

485
Pendant vingt ans, dans la ville paisible,
On ne signale aucun événement;
Mais la guerre dite de l’An Terrible,
Survient avec son cruel dénouement.

 
490
Que de malheurs fondent sur la Patrie,
Il faut subir le joug de l’étranger…
Lors, c’en est fait des arts, de l’industrie:
Tout est soldat!… La France est en danger!

 
 
495
En voyant l’invasion allemande,
S’installer comme en un pays conquis,
Des Étampois la stupeur était grande;
Ils n’étaient plus maîtres en leurs logis!

p.32
 
 
500
C’étaient des réquisitions sans nombre,
Qu’il leur fallait subir à tous instants;
Les cris d’appel jetés dans la nuit sombre,
Semaient l’effroi parmi les habitants.


D’Albert de Prusse les fiers équipages,
Dans la ville roulaient de toutes parts;
Du prince de Saxe les lourds bagages,
Etaient bondés de mille objets épars.

505
Et cependant sur tous ces véhicules,
Les Etampois réquisitionnés,
En ne voyant ni bronzé, ni pendules,
De ces oublis paraissaient étonnés.

 
510
Ils ont coupé les cordes de nos cloches,
A l’heure où devait sonner l’Angélus;
Dans les vallons, les bois, parmi les roches,
La voix d’airain ne résonnera plus.

 
 
515
De nos soldats en voyant les souffrances,
Lorsque passaient des régiments entiers,
Nos habitants, en proie à mille transes,
Apprenaient la défaite de Coulmiers.

 
 
 
520
Sur les hauteurs des monts, l’artillerie
Jetait ses feux et redoublait d’efforts,
Pour protéger notre cavalerie,
Qui paraissait attendre des renforts. [p.33]

p.33 Ne vit-on pas, au cours de l’armistice,
La rage au cœur, sous les yeux des uhlans,
Les prisonniers, voués au sacrifice,
Rentrer meurtris du combat d’Orléans?

525
Les francs-tireurs, à Courpain, tenant tête,
Aux plus fameux bataillons allemands,
Ne songeant pas encore à la défaite,
Prêts à mourir, criaient: «Serrons les rangs!»

 
530
Mais, pour pousser plus loin la résistance,
Il nous fallait un effort surhumain;
Pour que sonnât l’heure de délivrance,
Et que Chanzy pût nous tendre la main!

 
 
535
En résistant à certain chef rapace,
L’énergique et vaillant maire Brunard (1),
Ne cédait pas, dédaignant la menace,
Que lui faisait cet odieux soudard.
     (1) Ce magistrat, mis en joue par un réquisitionnaire prussien, exigeant de la municipalité une somme d’argent par trop arbitraire, le prit au collet en lui déclarant qu’il ne lui répondrait que lorsqu’il aurait abaissé son arme.
 
 
p.34

540
On cite encor ces courageux ôtages: (sic)
Bertrand, Lefebvre, Baron, Chevallier,
De l’ennemi subissant les outrages…
Ce sont des noms qu’on ne peut oublier (1).
     (1) Non plus que ceux de MM. Barreau, Gagneux et Decolange, qui faisaient partie de la députation du Conseil municipal, chargée d’obtenir des autorités allemandes la décharge de la contribution de 40.000 francs imposée à la ville.
     Le résultat de cette réclamation fut le départ forcé pour Orléans du maire et de six conseillers municipaux désignés par le sort.

Les Étampois, à chaque anniversaire,
Honorant ceux qui sont morts vaillamment,
Héros obscurs de la funeste guerre,
Vont refleurir leur noble Monument!
     Considérés comme otages, ils furent transportés à Orléans sur des locomotives, et livrés aux insultes grossières de la soldatesque ennemie.
     M. Breuil, avoué de la ville, s’était joint spontanément à cette mission délicate, et c’est à ce courageux citoyen que revient l’avantage d’une réduction de la moitié de la somme précédemment exigée.
545
Étampes, noble ville que l’on cite,
Dedans ses murs vieux de plus de mille ans,
Vit naître plus d’un homme de mérite:
Parlons donc de ses valeureux enfants.

 
550
p.35
Des ingénieurs, des archéologues,
Des philanthropes, des législateurs,
Des magistrats, d’illustres philologues,
Des écrivains, des vulgarisateurs.

 
 
555
Citons parmi les hommes de science,
Guettard, un naturaliste savant ;
Gérard, docteur de grande expérience,
Qui fut médecin du roi vert-galant.

 
 
 
560
Parmi les gens de marque, de finance,
Figure le marquis de Valory,
Un fin lettré, sans morgue, sans jactance,
Dont Voltaire était l’auteur favori.


Les deux Hémard furent de grands poètes,
Comme Godeau que l’on cite souvent;
Le doux Guyot, aux rimes toujours prêtes,
AIMA, PRIA, CHANTA l’amour fervent (1).
     (1) Aimer, Prier, Chanter, par Ludovic (Louis-Ludovic Guyot), recueil de poésies. Paris, Paul Dupont, 1834, in-18. – C’est un des livres de la fameuses époque romantique. Il est devenu très rare aujourd’hui.
Louis-Ludovic Guyot. Né à Étampes en 1803, est également l’auteur d’un charmant poème sur la vallée d’Étampes.
565
Rappelons-nous aussi l’abbé Guénée,
Pierre Baron, Jabineau l’avocat,
Duverger qui sut honorer l’armée,
Geoffroy Château, ce valeureux soldat.

p.36
570
C’est Dufaï, c’est Henri de la Bigne,
Guichard Simon, le savant cordelier.
Par ses travaux fut-il homme plus digne,
Que Dom Fleureau? N’allons pas l’oublier!

 
 
575
Dans le clergé brillèrent les deux Hue.
Mentionnons Houllier, fameux docteur,
Elias Robert, dont plus d’une statue,
Vient attester le talent de sculpteur.

 
 
 
580

Geoffroy-Saint-Hilaire, cet homme illustre,
Dont on admire ici le monument,
De la science fut le plus beau lustre,
Il la servit toujours fidèlement.



Les Legendre dans l’art de la sculpture,
Ont su faire apprécier leur talent;
Berchère, enfin, brilla dans la peinture
Des sites du bleu pays d’Orient.

585
Dufresne de Saint-Léon, qui burine,
Des amateurs fait l’admiration;
Louise Abbéma qui peint et dessine,
Fait tous les ans la gloire du Salon.

 
590
Saluons deux vaillants noms du théâtre:
D’abord le fin comédien Clairval;
Rose-Chéri, qu’un public idolâtre,
Porta toujours au pavois triomphal!

p.37
 
595
Il est un nom qu’ici chacun respecte (1);
Par sa naissance, honorant son pays,
On vante Magne, le grand architecte,
Dont les travaux embellissent Paris.
     (1) Magne, Auguste, célèbre architecte, est natif d’Étampes. On lui doit la restauration de l’église Saint-Bernard, la construction de divers marchés de la capitale et d’importants travaux au Sacré-Cœur.
 
 
 
600
Un autre encor que la ville vénère,
C’est celui du général Romanet,
Que l’on citait comme un excellent maire,
Dans le pays, chacun le reconnaît (2).
     (2) Le général Romanet (1808-1815) fut maire de la ville d’Étampes. L’une des places de la ville porte son nom.

On cite aussi Baugon l’humanitaire (3),
Bourgeois, ce médecin tant estimé (4) ;
Puis Alliot, un érudit vicaire,
Qui décrivit ce séjour tant aimé.
     (3) Natif d’Étampes.   
     (4) Natif d’Étampes.

605
De Dupanloup, ce prince de l’Eglise,
Les Étampois gardent le souvenir,
Savant prélat que tout caractérise.
Parti d’en bas, il a su parvenir.

p.38
610
Étampes eut ses historiographes,
Il faut placer chacun selon son rang ;
Pinson, chercheur de chartes, d’autographes (1),
Dramard (2), Marquis, puis Maxime Legrand.
     (1) Paul Pinson, né en 1829, à Étampes.
 
 
615
On se souvient de Maria Deraismes,
Conférencière au talent reconnu,
Qui, discourant sur quantité de thèmes,
Ne se laissait pas prendre au dépourvu.

 
 
 
620
Un Inventeur, puis un ancien ministre, *
Triste retour des choses d’ici-bas!
Ont habité notre prison sinistre…
Mais, brisons là-dessus… N’insistons pas!…
     * Allusion à l'incarcération à Étampes d'Eugène Turpin, inventeur de la mélinite, et de Charles Baïhaut, ancien ministre compromis dans le scandale du canal de Panama, dont les Impressions cellulaires parurent la même année 1898 que notre chronique. Le Corpus Étampois leur a déjà consacré quelques pages.

Un magistrat, digne, sans être austère,
Qui fut toujours un ami des beaux-arts,
C’est Béliard, notre dévoué maire,
Un peintre aimé, pour tous rempli d’égards.

625
Acclamons le Prince de la Chronique,
Notre conseiller Aurélien Scholl,
Dont on admire la verve caustique,
Et qui saisit si bien l’esprit au vol!

p.39
630
N’oublions pas dans cette galerie,
D’inscrire parmi tous ces noms épars?
Un digne serviteur de la patrie…
Saluons-le!… C’est Poilloüe de Saint-Mars!


 
 
 
FIN

Source: texte de 1898, saisi par Fabienne Voillard en septembre 2003, revu et mis en page par Bernard Gineste.
BIBLIOGRAPHIE
 
     
     Clovis PIERRE, Étampes à travers les siècles. Une chronique rimée [22,5 cm sur 13,5; 39 p.], Étampes, L. Humbert-Droz, 1898. 
   
     Fabienne VOILLARD & Bernard GINESTE [éd.], «Clovis Pierre, Étampes à travers les siècles (chronique rimée, 1898)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-19-clovispierre-chronique.html, 2003.


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