Corpus Littéraire Étampois
 
 
Honoré de Balzac
Le Père Goriot et la farine d’Étampes
1834-1835
 
 
 Honoré de Balzac
 
     Est-il besoin de présenter ce roman, que tout le monde a lu? Nous reprenons seulement ici le fameux souper où tous les pensionnaires de madame Vauquer s’égaient de mauvaises plaisanteries et se moquent du Père Goriot. Ce personnage mystérieux (campé par Daumier) se fait ici remarquer en reconnaissant qu’un pain a été fait avec de la farine d’Étampes, sans même y avoir goûté. Cest en effet un vermicelier à la retraite, fin connaisseur en matière de farines. On notera que par coïncidence le roman est dédié à Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire, qui est peut-être le plus célèbre des Étampois. Illustrations de Daumier (1843) et de Sarvas (1945). On y a joint des traductions anglaise et hongroise de ce passage.
    
Études de mœurs.
Troisième livre: Scènes de la vie parisienne. Tome 1
 
 
LE PÈRE GORIOT
    
 
Au grand et illustre Geoffroy Saint-Hilaire 
Comme un témoignage d’admiration de ses travaux et de son génie. 
DE BALZAC. 
   
I. Une pension bourgeoise
 
Madame Vauquer, gravure de Bertall (édition Furne de 1843, t. 9 p. 303) La Pension Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. Cette pension, connue sous le nom de la Maison-Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. [...] 
  
[Un souper à la pension Vauquer]
  
     Les pensionnaires, internes et externes, arrivèrent les uns après les autres, en se souhaitant mutuellement le bonjour, et se disant de ces riens qui constituent, chez certaines classes parisiennes, un esprit drolatique dans lequel la bêtise entre comme élément principal, et dont le mérite consiste particulièrement dans le geste ou la prononciation. Cette espèce d’argot varie continuellement. La plaisanterie qui en est le principe n’a jamais un mois d’existence. Un événement politique, un procès en cour d’assises, une chanson des rues, les farces d’un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d’esprit qui consiste surtout à prendre les idées et les mots comme des volants, et à se les renvoyer sur des raquettes. La récente invention du Diorama, qui portait l’illusion de l’optique à un plus haut degré que dans les Panoramas, avait amené dans quelques ateliers de peinture la plaisanterie de parler en rama, espèce de charge qu’un jeune peintre, habitué de la pension Vauquer, y avait inoculée.  
     — Eh bien! monsieurre Poiret, dit l’employé au Muséum, comment va cette petite santérama? Puis, sans attendre la réponse: Mesdames, vous avez du chagrin, dit-il à madame Couture et à Victorine.  
     — Allons-nous dinaire? s’écria Horace Bianchon, un étudiant en médecine, ami de Rastignac, ma petite estomac est descendue usque ad talones 
Vautrin, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 312) Madame Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      — Il fait un fameux froitorama! dit Vautrin. Dérangez-vous donc, père Goriot! Que diable! votre pied prend toute la gueule du poêle.  
     — Illustre monsieur Vautrin, dit Bianchon, pourquoi dites-vous froitorama? il y a une faute, c’est froidorama 
     — Non, dit l’employé au Muséum, c’est froitorama, par la règle: j’ai froid aux pieds.  
     — Ah! ah!  
     — Voici son excellence le marquis de Rastignac, docteur en droit-travers, s’écria Bianchon en saisissant Eugène par le cou et le serrant de manière à l’étouffer. Ohé! les autres, ohé!  
     Mademoiselle Michonneau entra doucement, salua les convives sans rien dire, et s’alla placer près des trois femmes.  
     — Elle me fait toujours grelotter, cette vieille chauve-souris, dit à voix basse Bianchon à Vautrin en montrant mademoiselle Michonneau. Moi qui étudie le système de Gall, je lui trouve les bosses de Judas.  
     — Monsieur l’a connu? dit Vautrin.  
     — Qui ne l’a pas rencontré! répondit Bianchon. Ma parole d’honneur, cette vieille fille blanche me fait l’effet de ces longs vers qui finissent par ronger une poutre.  
     — Voilà ce que c’est, jeune homme, dit le quadragénaire en peignant ses favoris.  
Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, 
L’espace d’un matin. 
     — Ah! ah! voici une fameuse soupeaurama, dit Poiret en voyant Christophe qui entrait en tenant respectueusement le potage.  
     — Pardonnez-moi, monsieur, dit madame Vauquer, c’est une soupe aux choux.  
     Tous les jeunes gens éclatèrent de rire.  
     — Enfoncé, Poiret!  
     — Poirrrrrette enfoncé!  
     — Marquez deux points à maman Vauquer, dit Vautrin.  
     — Quelqu’un a-t-il fait attention au brouillard de ce matin? dit l’employé.  
     — C’était, dit Bianchon, un brouillard frénétique et sans exemple, un brouillard lugubre, mélancolique, vert, poussif, un brouillard Goriot.  
Le Père Goriot, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 325)      — Goriorama, dit le peintre, parce qu’on n’y voyait goutte.  
     — Hé, milord Gâôriotte, il être questiônne dé véaus.  
     Assis au bas-bout de la table, près de la porte par laquelle on servait, le père Goriot leva la tête en flairant un morceau de pain qu’il avait sous sa serviette, par une vieille habitude commerciale qui reparaissait quelquefois.  
     — Eh bien! lui cria aigrement madame Vauquer d’une voix qui domina le bruit des cuillers, des assiettes et des voix, est-ce que vous ne trouvez pas le pain bon?  
     — Au contraire, madame, répondit-il, il est fait avec de la farine d’Etampes, première qualité.  
     — A quoi voyez-vous cela? lui dit Eugène.  
     — A la blancheur, au goût.  
     — Au goût du nez puisque vous le sentez, dit madame Vauquer. Vous devenez si économe que vous finirez par trouver le moyen de vous nourrir en humant l’air de la cuisine.  
     — Prenez alors un brevet d’invention, cria l’employé au Muséum, vous ferez une belle fortune.  
     — Laissez donc, il fait ça pour nous persuader qu’il a été vermicellier, dit le peintre.  
     — Votre nez est donc une cornue, demanda encore l’employé du Muséum.  
     — Cor quoi? fit Bianchon.  
     — Cor-nouille.  
     — Cor-nemuse.  
     — Cor-naline.  
     — Cor-niche.  
     — Cor-nichon.  
     — Cor-beau.  
     — Cor-nac.  
     — Cor-norama.  
     Ces huit réponses partirent de tous les côtés de la salle avec la rapidité d’un feu de file, et prêtèrent d’autant plus à rire, que le pauvre père Goriot regardait les convives d’un air niais, comme un homme qui tâche de comprendre une langue étrangère.  
     — Cor? dit-il à Vautrin qui se trouvait près de lui.  
     — Cor aux pieds, mon vieux! dit Vautrin en enfonçant le chapeau du père Goriot par une tape qu’il lui appliqua sur la tête et qui le fit descendre jusque sur les yeux.  
     Le pauvre vieillard, stupéfait de cette brusque attaque, resta pendant un moment immobile. Christophe emporta l’assiette du bonhomme, croyant qu’il avait fini sa soupe; en sorte que quand Goriot, après avoir relevé son chapeau, prit sa cuiller, il frappa la table. Tous les convives éclatèrent de rire.  
     — Monsieur, dit le vieillard, vous êtes un mauvais plaisant, et si vous vous permettez encore de me donner de pareils renfoncements...  
     — Eh bien, quoi, papa? dit Vautrin en l’interrompant.  
     — Eh bien! vous payerez cela bien cher quelque jour...  
     — En enfer, pas vrai? dit le peintre, dans ce petit coin noir où l’on met les enfants méchants!  
     — Eh bien! mademoiselle, dit Vautrin à Victorine, vous ne mangez pas. Le papa s’est donc montré récalcitrant?  
     — Une horreur, dit madame Couture.  
     — Il faut le mettre à la raison, dit Vautrin.  
     — Mais, dit Rastignac, qui se trouvait assez près de Bianchon, mademoiselle pourrait intenter un procès sur la question des aliments, puisqu’elle ne mange pas. Eh! eh! voyez donc comme le père Goriot examine mademoiselle Victorine.  
     Le vieillard oubliait de manger pour contempler la pauvre jeune fille dans les traits de laquelle éclatait une douleur vraie, la douleur de l’enfant méconnu qui aime son père.  
     — Mon cher, dit Eugène à voix basse, nous nous sommes trompés sur le père Goriot. Ce n’est ni un imbécile ni un homme sans nerfs. Applique-lui ton système de Gall, et dis-moi ce que tu en penseras. Je lui ai vu cette nuit tordre un plat de vermeil, comme si c’eût été de la cire, et dans ce moment l’air de son visage trahit des sentiments extraordinaires. Sa vie me parait être trop mystérieuse pour ne pas valoir la peine d’être étudiée. Oui, Bianchon, tu as beau rire, je ne plaisante pas.  
     — Cet homme est un fait médical, dit Bianchon, d’accord; s’il veut, je le dissèque.  
     — Non, tâte-lui la tête.  
     — Ah! bien, sa bêtise est peut-être contagieuse.  
 
     Source: édition numérique en mode texte de la la BNF. Sélection et remaniements typographiques de Bernard Gineste, 2002. Dessin de  la mère Vauquer approuvé par Balzac et du à Bertall, dans l’édition Furne de 1843 (t. 9, p. 303); les autres sont de Daumier (pp. 312 & 325).
FATHER GORIOT 
by HONORE DE BALZAC 
Translator Ellen Marriage 
To the great and illustrious Geoffroy Saint-Hilaire, 
a token of admiration for his works and genius. 
DE BALZAC.

Madame Vauquer, gravure de Bertall (édition Furne de 1843, t. 9 p. 303) La Pension Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      Mme. Vauquer (nee de Conflans) is an elderly person, who for the past forty years has kept a lodging-house in the Rue Neuve-Sainte-Genevieve, in the district that lies between the Latin Quarter and the Faubourg Saint-Marcel. Her house (known in the neighborhood as the Maison Vauquer) receives men and women, old and young, and no word has ever been breathed against her respectable establishment; but, at the same time, it must be said that as a matter of fact no young woman has been under her roof for thirty years, and that if a young man stays there for any length of time it is a sure sign that his allowance must be of the slenderest. In 1819, however, the time when this drama opens, there was an almost penniless young girl among Mme. Vauquer's boarders. [...] 

     The boarders dropped in one after another, interchanging greetings and empty jokes that certain classes of Parisians regard as humorous and witty. Dulness is their prevailing ingredient, and the whole point consists in mispronouncing a word or a gesture. This kind of argot is always changing. The essence of the jest consists in some catchword suggested by a political event, an incident in the police courts, a street song, or a bit of burlesque at some theatre, and forgotten in a month. Anything and everything serves to keep up a game of battledore and shuttlecock with words and ideas. The diorama, a recent invention, which carried an optical illusion a degree further than panoramas, had given rise to a mania among art students for ending every word with RAMA. The Maison Vauquer had caught the infection from a young artist among the boarders. 
 
     "Well, Monsieur-r-r Poiret," said the employe from the Museum, "how is your health-orama?" Then, without waiting for an answer, he turned to Mme. Couture and Victorine with a "Ladies, you seem melancholy." 

     "Is dinner ready?" cried Horace Bianchon, a medical student, and a friend of Rastignac's; "my stomach is sinking usque ad talones." 

Vautrin, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 312) Madame Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      "There is an uncommon frozerama outside," said Vautrin. "Make room there, Father Goriot! Confound it, your foot covers the whole front of the stove." 

     "Illustrious M. Vautrin," put in Bianchon, "why do you say frozerama? It is incorrect; it should be frozenrama." 

     "No, it shouldn't," said the official from the Museum; "frozerama is right by the same rule that you say 'My feet are froze.' " 

     "Ah! ah!" 

     "Here is his Excellency the Marquis de Rastignac, Doctor of the Law of Contraries," cried Bianchon, seizing Eugene by the throat, and almost throttling him. 

     "Hallo there! hallo!" 

     Mlle. Michonneau came noiselessly in, bowed to the rest of the party, and took her place beside the three women without saying a word. 

     "That old bat always makes me shudder," said Bianchon in a low voice, indicating Mlle. Michonneau to Vautrin. "I have studied Gall's system, and I am sure she has the bump of Judas." 

     "Then you have seen a case before?" said Vautrin. 

     "Who has not?" answered Bianchon. "Upon my word, that ghastly old maid looks just like one of the long worms that will gnaw a beam through, give them time enough." 

     "That is the way, young man," returned he of the forty years and the dyed whiskers: 

"The rose has lived the life of a rose —
A morning's space."

     "Aha! here is a magnificent soupe-au-rama," cried Poiret as Christophe came in bearing the soup with cautious heed. 

     "I beg your pardon, sir," said Mme. Vauquer; "it is soupe aux choux." 

     All the young men roared with laughter. 

     "Had you there, Poiret!" 

     "Poir-r-r-rette! she had you there!" 

     "Score two points to Mamma Vauquer," said Vautrin. 

     "Did any of you notice the fog this morning?" asked the official. 

     "It was a frantic fog," said Bianchon, "a fog unparalleled, doleful, melancholy, sea-green, asthmatical — a Goriot of a fog!" 

Le Père Goriot, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 325)      "A Goriorama," said the art student, "because you couldn't see a thing in it." 

     "Hey! Milord Gaoriotte, they air talking about yoo-o-ou!" 

     Father Goriot, seated at the lower end of the table, close to the door through which the servant entered, raised his face; he had smelt at a scrap of bread that lay under his table napkin, an old trick acquired in his commercial capacity, that still showed itself at times. 

     "Well," Madame Vauquer cried in sharp tones, that rang above the rattle of spoons and plates and the sound of other voices, "and is there anything the matter with the bread?" 

     "Nothing whatever, madame," he answered; "on the contrary, it is made of the best quality of corn; flour from Etampes." 

     "How could you tell?" asked Eugene. 

     "By the color, by the flavor." 

     "You knew the flavor by the smell, I suppose," said Mme. Vauquer. "You have grown so economical, you will find out how to live on the smell of cooking at last." 

     "Take out a patent for it, then," cried the Museum official; "you would make a handsome fortune." 

     "Never mind him," said the artist; "he does that sort of thing to delude us into thinking that he was a vermicelli maker." 

     "Your nose is a corn-sampler, it appears?" inquired the official. 

     "Corn what?" asked Bianchon. 

     "Corn-el." 

     "Corn-et." 

     "Corn-elian." 

     "Corn-ice." 

     "Corn-ucopia." 

     "Corn-crake." 

     "Corn-cockle." 

     "Corn-orama." 

     The eight responses came like a rolling fire from every part of the room, and the laughter that followed was the more uproarious because poor Father Goriot stared at the others with a puzzled look, like a foreigner trying to catch the meaning of words in a language which he does not understand. 

     "Corn? . . ." he said, turning to Vautrin, his next neighbor. 

     "Corn on your foot, old man!" said Vautrin, and he drove Father Goriot's cap down over his eyes by a blow on the crown. 

     The poor old man thus suddenly attacked was for a moment too bewildered to do anything. Christophe carried off his plate, thinking that he had finished his soup, so that when Goriot had pushed back his cap from his eyes his spoon encountered the table. Every one burst out laughing. "You are a disagreeable joker, sir," said the old man, "and if you take any further liberties with me..." 

     "Well, what then, old boy?" Vautrin interrupted. 

     "Well, then, you shall pay dearly for it some day..." 

     "Down below, eh?" said the artist, "in the little dark corner where they put naughty boys." 

     "Well, mademoiselle," Vautrin said, turning to Victorine, "you are eating nothing. So papa was refractory, was he?" 

     "A monster!" said Mme. Couture. 

     "Mademoiselle might make application for aliment pending her suit; she is not eating anything. Eh! eh! just see how Father Goriot is staring at Mlle. Victorine." 

     The old man had forgotten his dinner, he was so absorbed in gazing at the poor girl; the sorrow in her face was unmistakable, —  the slighted love of a child whose father would not recognize her. 

     "We are mistaken about Father Goriot, my dear boy," said Eugene in a low voice. "He is not an idiot, nor wanting in energy. Try your Gall system on him, and let me know what you think. I saw him crush a silver dish last night as if it had been made of wax; there seems to be something extraordinary going on in his mind just now, to judge by his face. His life is so mysterious that it must be worth studying. Oh! you may laugh, Bianchon; I am not joking." 

     "The man is a subject, is he?" said Bianchon; "all right! I will dissect him, if he will give me the chance." 

     "No; feel his bumps." 

     "Hm! — his stupidity might perhaps be contagious." 
 

Honoré de Balzac
Goriot apó

Regény
Fordította Lányi Viktor

Madame Vauquer, gravure de Bertall (édition Furne de 1843, t. 9 p. 303) La Pension Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      Vauquer-né, leánynevén de Conflans, idős asszonyság, negyven éve tart fenn polgári penziót Párizsban, a diáknegyed és a Saint-Marceau negyed közt húzódó Neuve-Sainte-Geneviève utcában. A Vauquer-ház néven ismert penzió szállást ad férfiaknak és nőknek, fiataloknak és öregeknek anélkül, hogy valaha is gáncs érte volna a tisztes intézmény erkölcseit. [...]

     Egymás után érkeztek a bennlakók és a külső kosztosok. Köszöntek egymásnak, és elkezdték azt a semmitmondó társalgást, amely bizonyos párizsi körökben elmésségnek számít. Alapjellege az ostobaság, értéke pedig leginkább a mozdulatokban és a kiejtésben van. Ez a tolvajnyelvféle folyton változik. A tréfa, amelyből táplálkozik, sohasem él tovább egy hónapnál. Egy politikai esemény, egy esküdtszéki per, egy utcai nóta, egy színész mókázása, effélék lendítik ezt a könnyű szellemi tornát, amely úgy bánik a gondolatokkal és szavakkal, ahogy a labdát röpítik ütőről ütőre a játékosok. A dioráma, az új találmány, amely a panorámánál magasabb fokra emeli az optikai csalódást, néhány festőműteremben divatba hozta a tréfás ráma-nyelvet. Ezt a szótorzítást az egyik törzsvendég, egy fiatal festő, a Vauquer-penzióban is meghonosította.

     - Mondja, kedves Poiret urrram - kérdezte a múzeumi tisztviselő -, hogy van a becses gyomorrámája? - Aztán, nem várva meg a választ, Couture-néhoz és Victorine-hoz fordult: - Hölgyeim, önök szomorúak.

     - Vacsorázunk? - kiáltotta Horace Bianchon orvostanhallgató, Rastignac barátja. - A gyomrocskám leszállt usque ad talones [19].

     - Komisz fatyoráma van! - szólt Vautrin. - Adna egy kis helyet, Goriot bácsi? Nézze meg az ember! A lába elfoglalja a kályha egész nyílását.

Vautrin, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 312) Madame Vauquer, gravure de J.-P. Sarnas (édition Martel de 1945)      - Tisztelt Vautrin uram! - okvetetlenkedett Bianchon -, miért mond fatyorámát? Ez helytelen, fagyorámat kell mondani.

     - Dehogyis - mondta a múzeumi ember -, fatyoráma a szabályos, úgy mint lefaty a lábam.

     - Juj!

     - Itt van Rastignac márki úr őkegyelmessége, a jogcsavarás doktora! - kiáltott Bianchon, és megszorongatta Eugène torkát, majdhogy bele nem fojtotta a szuszt. - Hahó! Gyertek, hahó!

     Csendesen belépett Michonneau kisasszony, szó nélkül üdvözölte a társaságot, és leült a három nő mellé.

     - Mindig didergek, ha ezt az öreg denevért látom - súgta Bianchon Vautrinnak, Michonneau kisasszonyra célozva. - Nemhiába tanulmányozom Gall [20] rendszerét, Júdás-dudorokat látok rajta.

     - Ismerte őt régebben, uram? - kérdezte Vautrin.

     - Ki ne találkozott volna vele? - válaszolt Bianchon. - Becsületszavamra, ez a sápadt vénlány úgy hat rám, mint azok a hosszú pondrók, amelyek végül szétmállasztják a gerendát.

     - Látja, fiatalember, ez az - mondta a negyvenéves férfi, pofaszakállát fésülve.

     Ő rózsa volt, s miként a többi rózsák,
     Egy reggel elvirult.

     - Tyűha! Itt a pompás levesráma - szólalt meg Poiret, meglátva Christophe-ot, amint ünnepélyesen behozta a levesestálat.

     - Megbocsát, uram - mondta Vauquer-né -, ez káposztaleves.

     A fiatalemberek felkacagtak.

     - Poiret felsült!

     - Poiret megkapta!

     - Vauquer mama két ponttal vezet - szögezte le Vautrin.

     - Megfigyelte valaki a ma reggeli ködöt? - kérdezte a múzeumi ember.

     - Rémes, példátlan köd volt - szólt Bianchon -, gyászos, búskomor, zöld, fojtó, goriot-i köd.

     - Gorioráma - mondta a festő -, mert az orrunk hegyéig sem láttunk.

     - Hello, milord Gaoriot, önreöl uan szaó.

Le Père Goriot, gravure de Daumier (édition Furne de 1843, t. 9 p. 325)      Goriot apó, aki az asztal végén ült, közel az ajtóhoz, melyen át felszolgáltak, felemelte a fejét és a régi kereskedői szokásból, amely időnként visszatért nála, megszagolta az asztalkendője alól kivett darab kenyeret.

     - Ejha - szólt rá Vauquer-né, éles hangjával túlsüvöltve a kanálcsörgést, a tányérzörgést és a beszélgetés zaját -, talán nem találja jónak a kenyeret?

     - Dehogynem, asszonyom - válaszolt az öreg -, elsőrendű Étampes-i lisztből készült.

     - Honnét tudja? - kérdezte Eugène.

     - A fehérségéről, az ízéről.

     - Talán az illatáról, hiszen szagolgatja - mondta Vauquer-né. - Már olyan takarékos, hogy maholnap kitalálja, hogyan lehet a konyha szagával jóllakni.

     - Kérjen rá szabadalmat - kiáltott a múzeumi tisztviselő -, vagyont kereshet vele!

     - Ugyan hagyják, csak el akarja hitetni velünk, hogy tésztagyáros volt - mondta a festő.

     - Hisz akkor az ön orra valóságos göreb! - szólt megint a múzeumi ember.

     - Görcs eb? - kérdezte Bianchon.

     - Görbe eb.

     - Görögebb.

     - Görög eb.

     - Göndör eb.

     - Gödrösebb.

     - Görcsösebb.

     - Görvélyes eb.

     - Görkutya.

     Ez a nyolc válasz futótűzsebességgel röpködött a terem minden részéből, és annál nevettetőbb volt, mivel szegény Goriot apó együgyű képpel nézett asztaltársaira, mint aki valami idegen nyelvet igyekszik megérteni.

     - Görbe? - kérdezte Vautrintól, aki mellette ült.

     - Görbedjen csak, édes öregem! - felelte Vautrin, s akkorát csapott Goriot apó fejére, hogy a sapkája benyomódott, és a szeméig csúszott le.

     Szegény öreg, elhűlve a hirtelen támadástól, egy pillanatig mozdulatlan maradt. Christophe elvitte a tányérját, abban a hiszemben, hogy már végzett a levesével, úgyhogy mikor Goriot feltolta a sapkáját, és tovább akart enni, kanala az asztalt érte. Az asztaltársakból kipukkant a nevetés.

     - Uram - mondta az aggastyán -, ez rossz tréfa volt, s ha még egyszer ilyesmit merészkedik tenni...

     - Mi lesz akkor, papa? - vágta el a szavát Vautrin.

     - Valamikor csúnyán meglakolhat érte...

     - A pokolban, ugye? - kérdezte a festő. - Abban a sötét kuckóban, ahová a rossz gyerekeket dugják.

     - Ejnye, kisasszony - szólította meg Vautrin Victorine-t -, ön semmit sem eszik. Talán bizony nem boldogult a kedves papával?

     - Szörnyű ember az - szólt Couture-né.

     - Észre kell téríteni - mondta Vautrin.

     - A kisasszony - szólt Rastignac, aki elég közel ült Bianchonhoz - pert indíthatna tartásdíjért, hiszen nem táplálkozik. Nini, nézzék csak, hogy bámulja Goriot apó Victorine kisasszonyt.

     Az öreg az evésről is megfeledkezett, le nem vette szemét a szegény lánykáról, akinek arcvonásai igazi bánatot tükröztek, a félreismert, atyját szerető gyermek bánatát.

     - Barátom - mondta halkan Eugène -, tévedtünk. Az öreg Goriot nem hülye, és nem is gyenge. Alkalmazd rá a Gall-féle módszert, és mondd meg, mit tartasz róla. Ma éjjel láttam, hogy egy ezüsttálat úgy összegyúrt, mintha viaszból lett volna, és ugyanakkor az arckifejezése rendkívüli érzelmeket árult el. Élete sokkal rejtelmesebbnek látszik, semhogy ne lenne érdemes tanulmányozni. Úgy van, Bianchon, hiába nevetsz, nem tréfálok.

     - Egyetértek veled abban, hogy ez az ember orvostudományi eset. Ha akarod, felboncolom.

     - Azt nem, csak tapintsd meg a fejét.

     - Attól tartok, a butasága ragadós.

[19] Egészen a sarkamig (latin)

[20] Gall, Franz-Joseph (1758-1828) - osztrák orvos, a koponyatan egyik alapvetője. A szellemi-lelki tulajdonságokat az agy egyes részeinek működéséhez kötötte, s a fej formájából igyekezett az egyén jellemére következtetni. Balzac nagy csodálója volt Gallnak
Source du texte hongrois: http://mek.oszk.hu/00300/00322/html/frame.htm, en ligne en 2005
Source: édition numérique en mode texte du Projet Gutenberg, http://ibiblio.org/gutenberg/etext98/frgrt11.txt (en ligne en 2003)
 
 
 
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
 

     Honoré de BALZAC, Études de mœurs. 3e livre. Scènes de la vie parisienne. T. 1. Le père Goriot, Paris, Furne [«Œuvres  complètes de M. de Balzac (26 vol. in-8°, 1842-1848), La comédie humaine» 9, 1; 3; 1], 1843 [d’où une édition numérique non paginée (548 ko): Paris, Acamédia, 1998, mise en ligne par la BNF: gallica.bnf.fr (2001), N101295, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?E=0&O=N101295 (en ligne en 2003)]. 
  
     Pierre-Georges CASTEX [éd.], Honoré de Balzac: Le Père Goriot, Paris, Garnier, 1981. Dont une édition numérique en mode texte (630 Ko), Paris, Bibliopolis, 1998-1999, mise en ligne par la BNF, gallica.bnf.fr, N101423, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=101423&T=2 (en ligne en 2003).  

     BERTALL (pseudonyme d’Albert d’ARNOUX, 1820-1883, dessinateur) & François ROUGET (graveur, 1825 env.-apr. 1857), Madame Vauquer: ‘Enfin toute sa personne explique sa pension, comme la pension implique sa personne’ [gravure], dans l’édition Furne de Œuvres de Balzac, tome 9 (1843), p. 303 [dont une version en ligne en 2003: http://www.paris.fr/musees/Balzac/collections/dessins_furne/dessins/bertall/17.htm (en ligne en 2003)]. 
     Balzac aurait dit de ce dessin à Bertall, le premier: «Eh bien, mon enfant, rien n'est plus ressemblant, le type est celui que j'ai dessiné. La maman Vauquer existait, et je l'ai décrite telle qu'elle était, et telle que je la vois dans votre dessin.» [Voyez la notice de Joëlle RAINEAU, «Bertall, pseudonyme d’Albert d’Arnoux», http://www.paris.fr/musees/Balzac/collections/dessins_furne/bertall.htm (en ligne en 2003)]. 
 
     Honoré-Victorin DAUMIER (dessinateur & graveur, 1808-1879), Vautrin: ‘Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté qui démentait ses manières souples et liantes’ [gravure], dans l’édition Furne de Œuvres de Balzac, tome 9 (1843), p. 312 [dont une version en ligne en 2003: http://www.paris.fr/musees/Balzac/collections/dessins_furne/dessins/daumier/03.htm (en ligne en 2003)]. 
  
     Honoré-Victorin DAUMIER (dessinateur, 1808-1879) & Alexandre BAULANT (graveur, †1896), Le Père Goriot: ‘Aux uns, il faisait horreur; aux autres, il faisait pitié’ [gravure], dans l’édition Furne de Œuvres de Balzac, tome 9 (1843), p. 325 [dont une version en ligne en 2003: http://www.paris.fr/musees/Balzac/collections/dessins_furne/dessins/daumier/04.htm (en ligne en 2003)].  

     Honoré de BALZAC, Le Père Goriot, avec douze gouache originale de J.-R. Sornas, Paris, André Martel, 1945.

     Honore de BALZAC, Father Goriot [Translated by Ellen Marriage], Project Gutenberg Etext [Project Gutenberg Release #1237 «series by Honore de Balzac» #8], 1998 [http://digital.library.upenn.edu/webbin/gutbook/lookup?num=1237 & http://ibiblio.org/gutenberg/etext98/frgrt11.txt (en ligne en 2003)]. 

     Honoré de BALZAC, Goriot apó. Regény [version hongroise due à Lányi Viktor], in Magyar Elektronikus Könyvtàr, http://mek.oszk.hu/00300/00322/html/frame.htm, en ligne en 2005
 
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