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Ie ne diroy que Diane est ton nom, Car on feroit sans se trauailler guiere De ton seul nom une Iliade entiere. Mais recherchant tes honneurs de plus loin, Ie chanteroy animé d’un beau soin, Tes vieux ayeux valleureux en la guerre Qui ont porté le sceptre en mainte terre Enfans de Rois, ou de Rois heritiers. Ie chanteroy le beau sang de Poitiers Venu du ciel, & la race diuine Que Remondin conceut en Meluzine: Ie chanteroy comme l’vn de leurs fils Aux bords du Clain dormant, luy fut auis Que hors de l’eau, le petit dieu de l’onde Iusques au col tiroit sa tête blonde, L’ammonnestant d’aller en Dauphiné: Et luy disoit, Enfant predestine Pour commander à plus haute riviere Laisse mes bords, cherche la rive fiere Du large Rosne, & poursuy ton destin Qui conduira ta voye à bonne fin: Car ia le ciel pour iamais à ta trace [lisez: race] Aux bords du Rosne a destiné la place. Il luy conta quels Seigneurs & quels Rois Naistroient de luy, & en combien d’endrois Soit d’Italie, ou d’Espagne, ou de France Tiendroient le sceptre en longue obeissance. Il luy chanta ses hoirs de point en point Ceux qui mourroient, ceux qui ne mourroient point Ains que regner, & combien de Princesses Viendroient de luy, de Ducs & de Duchesses. Mais par sur tous, ce fleuue luy chantoit D’vne Diane, & iurant, promettoit Qu’el’ passeroit en chasteté Lucresse, Et en beauté cette Helene de Grece, Quelle prendroit d’vn seul trait de ses yeux Les cœurs rauis des hommes & des Dieux Et qu’à iamais ses fameuses louanges Iroient vollant par les terres estranges. Disant ainsi le fleuue deuala Son chef dans l’eau, & l’enfant s’en alla Tout bouillonnant d’affection nouuelle D’estre l’ayeul d’vne race si belle. Ie chanterois encores ta bonté, Ton port diuin, ta grace, & ta beauté: Comme tousiours ta bien heureuse vie A repoußé par sa vertu l’enuie: Ie chanteroy vers l’Eglise ta foy, Comme tu es la parente du Roy Qui te cherist comme vne dame sage, De bon conseil, & de gentil courage, Graue, benine, aimant les bons espris, Et ne mettant les Muses à mespris. Ie chanteroy d’Annet les edifices, Termes, Piliers, Chapiteaux, Frontispices, Voutes, lambris, canelures: & non, Comme plusieurs, les fables de ton nom. Et te louant, ie chanterois peut estre Si hautement, que ce grand Roy mon maistre En ta faveur, auroit l’ouvrage à gré Que ie t’aurois humblement consacré. |
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Source: Edition de 1571, d’après sa réédition numérique en mode image par la BNF, saisie en mode texte par Bernard Gineste, février 2003.. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Pierre de RONSARD, Les Odes de P. de Ronsard, gentil-homme vandomois,
au roy Henry II. de ce nom. Tome deuxiesme [496 p.], Paris, Gabriel
Buon, 1571, pp. [dont une edition numérique
non paginée en mode texte par la BNF, gallica.bnf.fr, N070085, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?E=0&O=N070085
(en ligne en 2003)], pp.
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