CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Monique Chatenet 
Le Collège d’Étampes
1999
 
Chérubin du Portail du Collège d'Etampes (vers 1719)

     En 1999 est paru aux Éditions du Patrimoine le très remarquable ouvrage Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix. Madame Chatenet, conservatrice en chef, en a rédigé les deux passages qui concernent le Collège qui s’appelle à présent Jean-Étienne Guettard, après avoir été, pendant des siècles, tout simplement, le Collège d’Étampes, puis le Collège Geoffroy-Saint-Hilaire (ce dernier nom étant désormais porté, depuis 1963, par le seul lycée, qui s’est à cette date installé sur le plateau de Guinette). Nous les reproduisons ici tels quels, avec l’aimable autorisation de l’auteur, que nous remercions.
 
Monique Chatenet
[conservateur en chef du patrimoine]
Le Collège d’Étampes
[Extrait de: Etampes, un canton entre Beauce et Hurepoix, pp. 135 & 182-183]
 
1999
1) Dans la section Étampes au XVIe siècle.
[p.135]
 

Les établissements d’enseignement


     La fin du XVIe et le début du XVIIe siècle se marque aussi très fortement à Étampes, non pas tant, comme ailleurs, par l’apparition de nouveaux ordres (en dehors des capucins installés au faubourg Évezard en 1580 (428) que par le dévelopement de l’enseignement: au petit collège, reconstruit en 1565, succèdent en 1629 le collège des barnabites, puis, pour l’instruction des filles, la congrégation Notre-Dame qui fonde une école en 1630. Les bâtiments de la congrégation ont disparu du carrefour des Religieuses. On reviendra plus loin sur le collège des barnabites, qui a vu ses bâtiments renouvelés au XVIIIe siècle, et il ne reste qu’un vestige de la fondation de Charles IX. Néanmoins, ces institutions marquent profondément la topographie, car les très grands terrains alors acquis devaient bloquer le parcellaire du centre et du sud de la ville jusqu’à la Révolution et même au-delà.

[p.282]

     428.
AN: S 3705, lettres patentes de Henri III, juin 1580. 
 


Le collège
 

     Dès le début du XVIe siècle, la ville possédait un petit collège, installées dans une maison donnée par un particulie (429). Le 25 avril 1560, François II autorisa les échevins à prélever 600 livres sur les deniers communs pour réparer «la maison et colleige [...] laquelle maison est actuellement grandement deterioree et en danger de tomber en ruyne (430)».  

     Une estimation des travaux, effectuée le 14 juillet 1561, conclut à la nécessité d’une reconstruction (431). Celle-ci est entreprise immédiatement. Un compte de la ville de 1564-1566 permet de connaître en détail les dispositions du nouvel édifice (432). Le bâtiment principal, de 16 toises et demie de long sur 24 pieds de large (environ 32 mètres sur 8), longeait la rue Saint-Antoine à l’angle de la rue Magne (433). Construit en moellons, il présentait un étage carré et un étage de combles éclairé sur la voie principale par deux lucarnes. A l’angle des deux rues, une tourelle «pour servir d’estude», construite «en grosse brique de Basville» et couverte d’ardoises, était portée par un cul-de-lampe en pierre de taille. Elle était percée de deux fenêtre «avecq quatre barbacanes [meurtrières?] et une pierre de liez employee en une table remplie d’escripture [...] et troys armoiries, assavoir une aux armes du roy nostre sire, une autre aux armoiries de monseigneur d’Estampes, et l’aultre aux armoiries de la ville». Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques maçonneries et le cul-de-lampe de la tourelle. La tour elle-même, qui portait la date de 1564, a été reconstruite au début de ce siècle, mais sa forme d’origine est connue par une photographie et un dessin de Narcisse Berchère (434).

     429. Fleureau, Les Antiquitez..., p.422; AC Étampes: Fonds ancien: Lettres de Charles IX, 15 décembre 1565.

     430. AC Étampes: Fonds ancien: Lettres de François II, 25 avril 1560.

     431. Ibid.: Procès verbal de visite et d’estimation des travaux à faire au collège d’Étampes, 14 juillet 1561.

     432. Ibid.: Registre des comptes de la ville d’Étampes, du 1er septembre 1564 au [p.283] 30 septembre 1566.

     433. Actuellement 17, rue Saint-Antoine et 2, rue Magne. L’édifice, propriété de la famille Magne depuis le début du XIXe siècle, a été considérablement remanié vers 1835 et doté d’une façade à beau décor de plâtre, vraisemblablement œuvre de Pierre Magne.

     434. Musée d’Étampes, lavis de Narcisse Berchère, 1889. Arch. photogr. MH, 48568, photographié avant 1927.
 
2) Dans la section Du siècle des Lumières à la Première Guerre mondiale.
[pp.182-183]
 
Le collège 

     Le collège occupe le terrain de l’hôpital Saint-Antoine, ou aumônerie des Bretons, attesté dès 1210 (569). Au milieu du XVIe siècle, l’hôpital se composait d’un logis en bordure de rue au nord, et d’une chapelle au sud flanquée d’une boutique et d’un ouvroir. Un portail ouvrait sur une cour bordée au nord par un dortoir, au sud par un jardin sur lequel s’éclairait la chapelle. Il y avait aussi un ancien bâtiment, appelé le Romarin ou le Vieil Logis, qui fut démoli en 1564-1565 et dont il subsiste peut-être au sous-sol une cave voûtée d’ogives qui pourrait remonter au XIIIe ou au XIVe siècle (570).  

     Le 5 septembre 1629, une convention est passée entre la ville d’Étampes et les pères de la congrégation de saint-Paul ou barnabites. Ces derniers s’engagent à assurer l’instruction dans la «maison du collège de lad. ville», les maire et échevins leur cédant en contrepartie la propriété du collège, petit édifice de la fin du XVIe siècle situé à l’angle sud-est de la rue Saint-Antoine et de la rue Magne (571) en face de la commanderie hospitalière de Saint-Jacques de l’épée et 300 livres de rente sur la maladrerie Saint-Lazare. De plus, «d’aultant que dans ledict collège il n’a aucune chappelle» les echevins autorisèrent les religieux à «entrer en jouissance de la maison Sainct-Anthoine pour y faire les fonctions ecclésiastiques et charges dudict ordre (572)». Les barnabites installent leur couvent dans l’ancien hôpital qu’ils agrandissent entre 1634 et 1694 par l’achat de quatorze terrains voisins, étendant ainsi la surface jusqu’à jusqu’aux actuelles rues Cyrille-Brossart et Brunard (573). Vers 1690, ils «augmentent la chapelle» (574). Enfin, en 1718, ils reconstruisent entièrement le corps principal sur rue qu’ils achevèrent en 1720 (575). En 1732, la ville d’Étampes intente un procès aux barnabites à qui elle reproche, d’une part, de laisser le collège à l’abandon en le louant à un maître d’école inculte, d’autre part, d’avoir utilisé pour reconstruire leur couvent certains legs destinés à l’établissement scolaire (576). Le procès se prolongea jusqu’en 1779, date à laquelle la direction du collège fut définitivement retirée aux barnabites qui conserveront néanmoins leur habitation jusqu’à la Révolution.  

     Le nouveau couvent, qui se composait de deux bâtiments en équerre à l’angle de la rue Saint-Antoine et de la rue Cyrille Brossart, est connu par plusieurs plans de l’époque révolutionnaire, époque de son occupation par le district (577).   

     Le collège laïc est créé en 1806, sur décret impérial, sans transformation notables des spacieux bâtiments (578). En 1828-1830, Pierre Magne, architecte de la ville, construit une aile en équerre au sud de la cour, aujourd’hui détruite (579). En 1867-1869, l’architecte municipal Letavernier démolit la chapelle et élève sur son emplacement un bâtiment dont la façade sur rue prolonge, en la pastichant, celle du début du XVIIIe siècle (580). Enfin, les salles de classe et les dortoirs sont construits à partir de 1885 (581) sur les plans de Joseph Auguste Émile Vaudremer, Prix de Rome , auteur, entre autres, des lycées Pasteur et Buffon de Paris (582).  

     La chapelle, détruite au XIXe siècle, est seulement connue par les plans révolutionnaire déjà cités et les élévations de Pierre Magne (583), les bâtiments conventuels des barnabites sont parvenus jusqu’à nous. Ils se composent de deux longs corps rectangulaires à l’angle de la rue Saint-Antoine et de la rue Cyrille Brossart. Rue Saint-Antoine, il ne faut considérer que la moitié nord du bâtiment (cinq travées) jusqu’à la chaîne centrale à refend. La partie sud — le pastiche de Letarvernier — s’élève à l’emplacement de la chapelle. La façade est néanmoins imposante, quoique simple, avec des fenêtres à arc segmentaire, très hautes au rez-de-chaussée, beaucoup plus courte à l’étage. La travée centrale est soulignée par deux chaînes à bossage amorties de pots à feu, et couronnés par un clocher en charpente couvert d’un dôme. Une immense porte en plein-cintre dont la clef est sculptée d’un chérubin donne accès à un vestibule dans lequel une vollée de marches conduit à la cour située en contre-haut. De celle-ci, on gagne l’escalier tournant en charpente situé à côté du vestibule, qui conduit aux étages. Le reste des dispositions intérieures à été entièrement modifié.

     [p.284]

     569. Fleureau, B., Les Antiquitez..., p. 424 et AD Yvelines: D 39, pièce 48.

     570. AD Yvelines D 40, pièce 8.

     571. Voir supra, II, chap. 3, «Les établissement d’enseignement». Ce fut la maison natale de Pierre et Auguste Magne.

     572. AD Yvelines: D 2. La cession de l’hôpital est confirmée par l’archevêque de Sens Octave de Bellegarde.

     573. AD Yvelines: D 7, pièce 2; D 8, 10, 11.

     574. AD Yvelines: D 50: Testament de Marie-Elisabeth Fleureau Jolly, sœur de dom Basile Fleureau.

     575. Ibid.: D 17: État des revenus et des dettes des barnabites 11 janvier 1719: «Nota que les barnabites ont été obligés de rebâtir à neuf leur maison de Sainct-Antoine en 1718 et qu’ilz se sont endectez...»

     576. AD Yvelines: D 7.

     577. AD Yvelines: 3 Q 24. AD Essonne: série O: Étampes: AC Étampes: Fonds anciens, cote 210.

     578. AN: F 17 8377 et AD Yvelines: 42T 1. La chapelle est néanmoins réduite d’une travée en 1810 pour installer une sacristie, une tribune et un garde-manger.

     579. AC Étampes: 1 D 20: Délibérations, 13 janvier, 9 et 12 mai 1828, 22 mai et 26 août 1829.

     580. AC Étampes: 1 D 27: Délibérations, 19 août et 14 octobre 1867, 20 décembre 1869.

     581. Ibid.: 11 juillet 1883 et 31 mars 1884; AD Essonne: série O: Étampes.

     582. Une réfection complète de l’édifice a commencé en 1984. Elle s’accompagne du prolongement du corps en bordure de la rue Brunard et de l’établissement de salles de classe en sous-sol dans la cour.

     583. AC Étampes: 4 M 5.3, 5 juin 1827.
           

Source: édition de 1999. Avec l’aimable autorisation de l’auteur (mail du 15 mars 2002). Saisie: Bernard Gineste, mars 2002.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
 
Éditions 
 
     Monique CHATENET, «Les établissements d’enseignement» & «Le collège», in Julia FRITSCH & Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix [316 p.; 10 contributeurs, 942 notes; 340 documents photographiques, la plupart en couleur; avec un résumé, with a summary, pp. 297-304], Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 135 & 182-183 (notes 428-434 & 569-583, pp. 282-284). 
     Réédition numérique en mode texte avec l’autorisation de l’auteur, in Corpus étampois, www.corpusetampois.com/che-college-chatenet1999.html, 2003.

Et

     Madame Chatenet nous signalait (15 mars 2002) qu’il existait au Service Régional de l’Inventaire d’Ile de France une documentation beaucoup plus complète sur le sujet, alors consultable au centre de Documentation du patrimoine, 98 rue de Charonne à Paris; mais cette adresse est aujourd’hui obsolète (2009).
     Depuis, Mme Dominique Hervier, conservateur général honoraire du Patrimoine, nous a signalé (11 février 2009) que cette documentation de l’inventaire d’Etampes est désormais consultable à la Région Île-de-France, 115 rue du Bac, 75005 Paris (tél. 01.53.85.78.35).

     CORPUS ÉTAMPOIS, «Vers une Histoire de lÉducation au Pays d’Étampes: base de données en construction (depuis 2007)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cbe-histoiredeleducation.html, depuis 2007.

 
Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
  
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail