1) Dans la
section Étampes au XVIe siècle.
[p.135]
Les établissements d’enseignement
La fin du XVIe et le début du XVIIe
siècle se marque aussi très fortement à Étampes,
non pas tant, comme ailleurs, par l’apparition de nouveaux ordres (en dehors
des capucins installés au faubourg Évezard en 1580 (428) que par le dévelopement de l’enseignement:
au petit collège, reconstruit en 1565, succèdent en 1629
le collège des barnabites, puis, pour l’instruction des filles,
la congrégation Notre-Dame qui fonde une école en 1630. Les
bâtiments de la congrégation ont disparu du carrefour des Religieuses.
On reviendra plus loin sur le collège des barnabites, qui a vu ses
bâtiments renouvelés au XVIIIe siècle, et il ne reste
qu’un vestige de la fondation de Charles IX. Néanmoins, ces institutions
marquent profondément la topographie, car les très grands
terrains alors acquis devaient bloquer le parcellaire du centre et du sud
de la ville jusqu’à la Révolution et même au-delà.
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[p.282]
428. AN: S 3705, lettres patentes de Henri
III, juin 1580.
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Le collège
Dès le début du XVIe siècle, la ville possédait
un petit collège, installées dans une maison donnée
par un particulie (429). Le 25 avril 1560,
François II autorisa les échevins à prélever
600 livres sur les deniers communs pour réparer «la maison et
colleige [...] laquelle maison est actuellement grandement deterioree et
en danger de tomber en ruyne (430)».
Une estimation des travaux, effectuée le 14 juillet 1561, conclut
à la nécessité d’une reconstruction (431). Celle-ci est entreprise immédiatement.
Un compte de la ville de 1564-1566 permet de connaître en détail
les dispositions du nouvel édifice (432).
Le bâtiment principal, de 16 toises et demie de long sur 24 pieds
de large (environ 32 mètres sur 8), longeait la rue Saint-Antoine
à l’angle de la rue Magne (433). Construit
en moellons, il présentait un étage carré et un étage
de combles éclairé sur la voie principale par deux lucarnes.
A l’angle des deux rues, une tourelle «pour servir d’estude»,
construite «en grosse brique de Basville» et couverte d’ardoises,
était portée par un cul-de-lampe en pierre de taille. Elle
était percée de deux fenêtre «avecq quatre barbacanes
[meurtrières?] et une pierre de liez employee en une table remplie
d’escripture [...] et troys armoiries, assavoir une aux armes du roy nostre
sire, une autre aux armoiries de monseigneur d’Estampes, et l’aultre aux armoiries
de la ville». Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques maçonneries
et le cul-de-lampe de la tourelle. La tour elle-même, qui portait la
date de 1564, a été reconstruite au début de ce siècle,
mais sa forme d’origine est connue par une photographie et un dessin de Narcisse
Berchère (434).
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429. Fleureau, Les Antiquitez...,
p.422; AC Étampes: Fonds ancien: Lettres de Charles IX, 15 décembre
1565.
430. AC Étampes: Fonds
ancien: Lettres de François II, 25 avril 1560.
431. Ibid.: Procès
verbal de visite et d’estimation des travaux à faire au collège
d’Étampes, 14 juillet 1561.
432. Ibid.: Registre des
comptes de la ville d’Étampes, du 1er septembre 1564 au [p.283] 30 septembre 1566.
433. Actuellement 17, rue Saint-Antoine
et 2, rue Magne. L’édifice, propriété de la famille
Magne depuis le début du XIXe siècle, a été
considérablement remanié vers 1835 et doté d’une façade
à beau décor de plâtre, vraisemblablement œuvre de Pierre
Magne.
434. Musée d’Étampes,
lavis de Narcisse Berchère, 1889. Arch. photogr. MH, 48568, photographié
avant 1927.
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2) Dans la
section Du siècle des Lumières à la Première
Guerre mondiale.
[pp.182-183]
Le collège
Le collège occupe le terrain de l’hôpital Saint-Antoine, ou
aumônerie des Bretons, attesté dès 1210 (569). Au milieu du XVIe siècle, l’hôpital
se composait d’un logis en bordure de rue au nord, et d’une chapelle au
sud flanquée d’une boutique et d’un ouvroir. Un portail ouvrait sur
une cour bordée au nord par un dortoir, au sud par un jardin sur lequel
s’éclairait la chapelle. Il y avait aussi un ancien bâtiment,
appelé le Romarin ou le Vieil Logis, qui fut démoli en 1564-1565
et dont il subsiste peut-être au sous-sol une cave voûtée
d’ogives qui pourrait remonter au XIIIe ou au XIVe siècle (570).
Le 5 septembre 1629, une convention est passée entre la ville d’Étampes
et les pères de la congrégation de saint-Paul ou barnabites.
Ces derniers s’engagent à assurer l’instruction dans la «maison
du collège de lad. ville», les maire et échevins leur
cédant en contrepartie la propriété du collège,
petit édifice de la fin du XVIe siècle situé à
l’angle sud-est de la rue Saint-Antoine et de la rue Magne (571) en face de la commanderie hospitalière
de Saint-Jacques de l’épée et 300 livres de rente sur la
maladrerie Saint-Lazare. De plus, «d’aultant que dans ledict collège
il n’a aucune chappelle» les echevins autorisèrent les religieux
à «entrer en jouissance de la maison Sainct-Anthoine pour
y faire les fonctions ecclésiastiques et charges dudict ordre (572)». Les barnabites installent leur couvent
dans l’ancien hôpital qu’ils agrandissent entre 1634 et 1694 par
l’achat de quatorze terrains voisins, étendant ainsi la surface
jusqu’à jusqu’aux actuelles rues Cyrille-Brossart et Brunard (573). Vers 1690, ils «augmentent la chapelle»
(574). Enfin, en 1718, ils reconstruisent
entièrement le corps principal sur rue qu’ils achevèrent
en 1720 (575). En 1732, la ville d’Étampes
intente un procès aux barnabites à qui elle reproche, d’une
part, de laisser le collège à l’abandon en le louant à
un maître d’école inculte, d’autre part, d’avoir utilisé
pour reconstruire leur couvent certains legs destinés à l’établissement
scolaire (576). Le procès se prolongea
jusqu’en 1779, date à laquelle la direction du collège fut
définitivement retirée aux barnabites qui conserveront néanmoins
leur habitation jusqu’à la Révolution.
Le nouveau couvent, qui se composait de deux bâtiments en équerre
à l’angle de la rue Saint-Antoine et de la rue Cyrille Brossart,
est connu par plusieurs plans de l’époque révolutionnaire,
époque de son occupation par le district (577).
Le collège laïc est créé en 1806, sur décret
impérial, sans transformation notables des spacieux bâtiments
(578). En 1828-1830, Pierre Magne, architecte
de la ville, construit une aile en équerre au sud de la cour, aujourd’hui
détruite (579). En 1867-1869, l’architecte
municipal Letavernier démolit la chapelle et élève
sur son emplacement un bâtiment dont la façade sur rue prolonge,
en la pastichant, celle du début du XVIIIe siècle (580). Enfin, les salles de classe et les dortoirs
sont construits à partir de 1885 (581)
sur les plans de Joseph Auguste Émile Vaudremer, Prix de Rome ,
auteur, entre autres, des lycées Pasteur et Buffon de Paris (582).
La chapelle, détruite au XIXe siècle, est seulement connue
par les plans révolutionnaire déjà cités et
les élévations de Pierre Magne (583),
les bâtiments conventuels des barnabites sont parvenus jusqu’à
nous. Ils se composent de deux longs corps rectangulaires à l’angle
de la rue Saint-Antoine et de la rue Cyrille Brossart. Rue Saint-Antoine,
il ne faut considérer que la moitié nord du bâtiment
(cinq travées) jusqu’à la chaîne centrale à refend.
La partie sud — le pastiche de Letarvernier — s’élève à
l’emplacement de la chapelle. La façade est néanmoins imposante,
quoique simple, avec des fenêtres à arc segmentaire, très
hautes au rez-de-chaussée, beaucoup plus courte à l’étage.
La travée centrale est soulignée par deux chaînes à
bossage amorties de pots à feu, et couronnés par un clocher
en charpente couvert d’un dôme. Une immense porte en plein-cintre
dont la clef est sculptée d’un chérubin donne accès
à un vestibule dans lequel une vollée de marches conduit à
la cour située en contre-haut. De celle-ci, on gagne l’escalier tournant
en charpente situé à côté du vestibule, qui conduit
aux étages. Le reste des dispositions intérieures à
été entièrement modifié.
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[p.284]
569. Fleureau, B., Les Antiquitez...,
p. 424 et AD Yvelines: D 39, pièce 48.
570. AD Yvelines D 40, pièce
8.
571. Voir supra, II, chap. 3,
«Les établissement d’enseignement». Ce fut la maison
natale de Pierre et Auguste Magne.
572. AD Yvelines: D 2. La cession
de l’hôpital est confirmée par l’archevêque de Sens Octave
de Bellegarde.
573. AD Yvelines: D 7, pièce
2; D 8, 10, 11.
574. AD Yvelines: D 50: Testament
de Marie-Elisabeth Fleureau Jolly, sœur de dom Basile Fleureau.
575. Ibid.: D 17: État
des revenus et des dettes des barnabites 11 janvier 1719: «Nota que
les barnabites ont été obligés de rebâtir à
neuf leur maison de Sainct-Antoine en 1718 et qu’ilz se sont endectez...»
576. AD Yvelines: D 7.
577. AD Yvelines: 3 Q 24. AD
Essonne: série O: Étampes: AC Étampes: Fonds anciens,
cote 210.
578. AN: F 17 8377 et AD Yvelines:
42T 1. La chapelle est néanmoins réduite d’une travée
en 1810 pour installer une sacristie, une tribune et un garde-manger.
579. AC Étampes: 1 D 20:
Délibérations, 13 janvier, 9 et 12 mai 1828, 22 mai et 26
août 1829.
580. AC Étampes: 1 D 27:
Délibérations, 19 août et 14 octobre 1867, 20 décembre
1869.
581. Ibid.: 11 juillet 1883 et
31 mars 1884; AD Essonne: série O: Étampes.
582. Une réfection complète
de l’édifice a commencé en 1984. Elle s’accompagne du prolongement
du corps en bordure de la rue Brunard et de l’établissement de salles
de classe en sous-sol dans la cour.
583. AC Étampes: 4 M 5.3,
5 juin 1827.
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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Éditions
Monique CHATENET, «Les
établissements d’enseignement» & «Le collège»,
in Julia FRITSCH & Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton
entre Beauce et Hurepoix [316 p.; 10 contributeurs, 942 notes; 340 documents
photographiques, la plupart en couleur; avec un résumé, with
a summary, pp. 297-304], Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp.
135 & 182-183 (notes 428-434 & 569-583, pp. 282-284).
Réédition numérique
en mode texte avec l’autorisation de l’auteur,
in Corpus étampois, www.corpusetampois.com/che-college-chatenet1999.html,
2003.
Et
Madame Chatenet nous signalait (15 mars
2002) qu’il existait au Service Régional de l’Inventaire d’Ile
de France une documentation beaucoup plus complète sur le sujet,
alors consultable au centre de Documentation du patrimoine, 98 rue de
Charonne à Paris; mais cette adresse est aujourd’hui obsolète
(2009).
Depuis, Mme Dominique Hervier, conservateur général
honoraire du Patrimoine, nous a signalé (11 février 2009) que cette documentation de l’inventaire
d’Etampes est désormais consultable à la Région Île-de-France,
115 rue du Bac, 75005 Paris (tél. 01.53.85.78.35).
CORPUS ÉTAMPOIS,
«Vers une Histoire de l’Éducation au Pays d’Étampes: base de données
en construction (depuis 2007)», in Corpus Étampois,
www.corpusetampois.com/cbe-histoiredeleducation.html,
depuis 2007.
Toute critique, correction
ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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