CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
   
Xavier Peixoto (de l’INRAP)
Les Fouilles archéologiques sur le site de l’ancien hôpital
textes et photos de quatre panneaux explicatifs, mars 2005
   
 Le site des fouilles sous la neige. Deuxième zone

     A l’initiative de Xavier Peixoto, le Service de la communication de la Ville d’Étampes a aimablement communiqué au Corpus Étampois le texte et les photographies qui avaient servi à réaliser les panneaux affichés sur le site le 2 mars 2005, à l’occasion de la visite guidée par le dit archéologue, dont nous avions alors rendu compte dans une page toujours en ligne.
     Nous avons également mis en ligne tel quel le fichier PDF correspondant à ces panneaux et l’on peut le consulter en cliquant ici. Merci donc à Xavier Peixoto et à M. Sebaoun, directeur du service communication de la ville d’Étampes.
     Note de mise à jour (janvier 2007): En décembre 2006 ont été exposés au Musée d’Étampes huit nouveaux panneaux édités par la 
Service de la communication de la Ville d’Étampes, qui nous a à nouveau aimablement communiqué les fichiers PDF correspondant à ces panneaux et que nous avons également mis en ligne, ici.
     
Les fouilles archéologiques sur le site de l’ancien hôpital
Textes et photos de Xavier Peixoto,
archéologue à l’INRAP, responsable du chantier
mars 2005


       C’est le projet de réaménagement et de réhabilitation de cet îlot urbain qui a motivé ces recherches. Depuis fin janvier [2005], et pour une durée de 5 mois, une équipe d’une douzaine de personnes, de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), réalise une fouille sur le site de l’ancien hôpital d’Etampes.


Première zone A. LES TROIS ZONES D’INTERVENTIONS

1) La première est située près de l’église, la partie de l’ancien enclos canonial ou «cloître Notre-Dame».
     A cet emplacement, la fouille a révélé la présence d’une partie du cimetière paroissial médiéval. A ce jour, plus d’une centaine de sépultures a été dégagée sur une surface d’environ 80 m2. D’autre part, à proximité de la nécropole, un certain nombre de structures d’habitat a été relevé. Il s’agit de fosses, de latrines, de puits à eau, de silos, de trous de poteaux... La plupart sont datables des XIe, XIIe ou XIIIe siècles. Enfin, dans ce secteur, l’essentiel du bâti se rattache à la période moderne, telles les caves des XVIe - XVIIe siècles, vestiges de l’ancienne chantrerie (maisons des chanoines).
Troisième zone 2) La deuxième s’étend le long de la rue Baugin, entre l’Hôtel-Dieu médiéval et le rempart.
     Les documents du XVIIIe siècle montrent que cette surface était occupée à l’époque par des jardins. Les sondages préliminaires et la fouille ont néanmoins mis au jour de nombreuses fosses médiévales (datant essentiellement des XIIIe et XIVe siècles). Ce phénomène semble témoigner de l’extension de l’occupation en direction du Nord, à partir du noyau d’origine situé autour de l’église.
3) La troisième est située le long de la rue Evezard, un axe important de la ville médiévale et moderne.
     Au bord de cette voie, seront dégagés des vestiges d’habitat civil ainsi qu’une auberge connue au XVIIIe siècle sous le nom de l’auberge du Sauvage.
B. LA MÉTHODE


Premier déblayage
     Les remblais de surface récents et les couches stériles sont retirés à la pelle mécanique. Cette étape est rapide car ces niveaux contiennent des éléments (plastique, béton, fonte…) qui permettent de les dater aisément.
 
Premier déblayage
 
     Dès que les couches commencent à livrer des éléments anciens (le plus souvent des tessons de céramique), le décapage mécanique est arrêté. Le terrain est nettoyé manuellement de façon à faire apparaître les vestiges.

 
Premier déblayage



Avant la fouille



     Avant la fouille, ces fosses médiévales apparaissaient comme des tâches plus brunes.






     Après la fouille, les fosses ont été vidées des tous les sédiments bruns qui les remplissaient. C’est ainsi l’observation précise des différentes couches de terre qui composent le sous-sol, qui guide l’archéologue.
 

Après la fouille
 
Coupe en profil d'un fossé
Prise de mesures tpopgraphiques
Enregistrement des données
    Les vestiges, ou « structures », sont systématiquement dessinés et photographiés. Ici, relevé en coupe du profil et des remblais d’un fossé.
     Ils sont reportés sur un plan d’ensemble grâce à des prises de mesures topographiques au thédolite laser.
     Chaque remblai, chaque mur, sont individualisés, numérotés, décrits et enregistrés dans une base de données.
   


C. LES VESTIGES



     Ces caves (XVIe ou XVIIe) sont celles de la Chantrerie, nom donné à la maison du responsable du chapitre de chanoines qui desservaient l’église Notre-Dame.

Caves de la Chantrerie

Superposition de structures
     Exemple de superposition de structures de différentes époques. Ce phénomène est caractéristique du milieu urbain. Les fosses non maçonnées sont médiévales, le mur date du XVIe ou XVIIe siècle, le puits et l’égout au premier plan du XIXe siècle.

 



   Les limites de certaines parcelles peuvent être mises en évidence par la fouille de leur fossé périphérique. Celui-ci pourrait avoir séparé le cimetière paroissial de
Notre-Dame d’une zone d’habitat.


Fossé parcellaire

Silos et puits
   
     Ce silo médiéval est une simple fosse destinée à la conservation et au stockage des céréales.
Fosse de stockage

Parmi les structures domestiques, les puits à eau sont bien représentés.
Puits à eau
 
Les latrines
 

     Les latrines découvertes, ou fosses d’aisances, sont nombreuses. Les plus élaborées sont maçonnées.  

Latrine du XIIe siècle
Latrine du XIVe siècle
Latrine du XVIe siècle
Latrine du XIXe siècle
Latrines du XIIe siècle.
Celle-ci remonte au XIVe siècle.
Latrines du XVIe siècle.
Début du XIXe siècle.

Les incertitudes
 
     Il arrive que sur le terrain, l’interprétation de certains vestiges donne lieu à de multiples hypothèses.

     Par exemple, ce grand fossé (dont on a ici une vue partielle) pourrait correspondre à celui d’une première enceinte défensive d’Etampes.

     L’interprétation définitive n’aura lieu qu’à l’issue de la phase d’étude, après recalage topographique, datation, étude d’archives…

Fossé peut-être défensif
  
C. LES OBJETS DU QUOTIDIEN

Découvert de céramique

     La découverte d’objets précieux ou d’objets d’art reste rare. Dans le cas d’une fouille urbaine, le matériel archéologique retrouvé appartient pour l’essentiel au domaine de la vie quotidienne.

     La céramique est la catégorie de matériel la plus abondante. Elle est presque systématiquement présente dans chaque couche ou structure, le plus souvent sous forme de tessons ou fragments.

   

     Les différents types de vases en usage au Moyen-Age dans la région étant déjà répertoriés et datés, la poterie est donc essentielle pour situer chronologiquement les différents vestiges.


Découverte de céramiques
 
Dépotoir du XIIe siècle

     Cette fosse dépotoir (XIIe siècle) a fourni une importante quantité d’ossements d’animaux. Ces rejets culinaires nous informent, entre autres, sur le régime alimentaire des habitants et leur niveau social.

     Découverte d’un mortier en pierre calcaire (ustensile de cuisine servant à broyer des aliments).





Base de colonne

Base de colonne en pierre calcaire.


Plat en alliage cuivreux
     La découverte d’objets métalliques est peu fréquente.

     Ici apparaît, entre deux vases en terre cuite, un plat en alliage cuivreux (XIIe siècle).


Tri de pépins et noyaux
     Tri des pépins et noyaux préservés dans une fosse du XIVe siècle.

     Les couches les plus profondes baignent aujourd’hui dans la nappe phréatique.


     Ceci a parfois permis la conservation des matériaux périssables comme le bois ou les graines.
    
 
Squelette in situ
D. LE CIMETIÈRE PAROISSIAL
DE L’ÉGLISE NOTRE-DAME


    L’inhumation individuelle est la règle au Moyen-Age.

     Les corps sont déposés sur le dos et orientés la tête à l’ouest. Cette pratique répandue en Gaule dès le IVe siècle a ensuite reçu une interprétation chrétienne: on permet ainsi que la prière du défunt soit directement dirigée vers Jérusalem.

     Les individus sont déposés dans une fosse, simple trou de dimensions et de profondeur variables.



Squelette in situ














     Les individus sont  déposés dans une fosse, simple trou de dimensions et de profondeur variables. Généralement rectangulaire, elle peut être anthropomorphe si elle comporte une alvéole céphalique.

     Au Moyen-Age, les contenants sont surtout des coffrages en bois et plus tardivement des cercueils (les premiers sont construits sur place contrairement aux seconds). Le bois ayant aujourd’hui disparu, seuls les clous et/ou le mouvement des os dans la sépulture permettent leur mise en évidence.

     Ils peuvent également être entièrement en pierres ou mixte.


     Certains squelettes n’ont fait l’objet d’aucun soin particulier. D’autres, au contraire, ont bénéficié d’un regroupement d’ossements, soit à la tête, soit sur le côté du nouvel individu.

     A cette époque, l’essentiel du mobilier est constitué de contenants en céramique. Ils font fonction de vases à encens utilisés pendant la cérémonie religieuse. Trois sépultures ont livré une ou plusieurs monnaies. Un fragment d’étoffe découvert sous l’une d’entre elles suggère qu’elle fut contenue dans une bourse en tissu.


Quelques fosses du cimetière Notre-Dame

     La longue durée d’utilisation du cimetière paroissial d’Etampes a entraîné de multiples recoupements de tombes. Le traitement des ossements perturbés est variable.

FIN
NOTULE BIBLIOGRAPHIQUE
 
Publications antérieures de Xavier Peixoto (INRAP)Alain Devanlay, Patrice Maitre et Xavier Peixoto (2 mars 2005)

     Vincent GOUSTARD, Xavier PEIXOTO & Martine PETITJEAN, «L’est de l’îlot de l’Hôtel-Dieu [de Beauvais]», in Revue Archéologique de Picardie 3/4 (1991), pp. 115-160.

     Véronique DELOFFRE, Hélène FRICHET-COLZY, Françoise JOBIC & Xavier PEIXOTO, «Le mobilier archéologique des fouilles de l’Hôtel-Dieu à Beauvais (Oise)», in Revue Archéologique de Picardie 3/4 (1991), pp. 203-214 (4 fig.).

     Xavier PEIXOTO, «Évaluation archéologique du site de l’ancien hôpital d’Étampes, in Archéologie en Essonne (1999), pp. 69-77.

Site de l’INRAP

     INRAP [
Institut National de Recherches Archéologiques Préventives], Site officiel, http://www.inrap.fr/www/index.html, en ligne en 2005.

Sur ce site et ces fouilles

     Monique CHATENET,
«Le cloître de la collégiale Notre-Dame», in Julia FRITSCH & Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix [314 p.], Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, p. 126 et notes 394-399 (p. 282) [avec deux plans, p. 125, dont l’un, tracé par lauteur d’après les données des Archives Municipales, donne la situation de chacune des maisons du cloître en 1791.]

     Bernard GINESTE, «Fouilles archéologiques de l’Hôtel-Dieu d’Étampes»in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-21-20050302hoteldieu.html, 2005.     

     Xavier PEIXOTO [archéologue à l’INRAP],
Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital. Texte et photos de Xavier Peixoto, archéologue à l’INRAP [4 panneaux grand format affichés sur le site le 2 mars 2005], Étampes, Service de la communication de la Ville d’Étampes, 2005.
     Dont un fichier au format PDF aimablement communiqué au Corpus Étampois par M. Jacques Sébaoun, directeur des services de la communication de la ville d’Étampes à l’initiative de Xavier Peixoto, et mis en ligne en 2006, avec une deuxième version au format HTML:

     Xavier PEIXOTO,
«Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital (2005)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che21peixoto2005hoteldieu.pdf, 2006.
 
   Xavier PEIXOTO, «Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital (2005)»in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che21peixoto2005hoteldieu.html, 2006.

     Xavier PEIXOTO, Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital. Texte et photos de Xavier Peixoto, archéologue à l’INRAP [8 (nouveaux) panneaux grand format affichés au Musée d’Étampes en décembre 2006], Étampes, Service de la communication de la Ville d’Étampes, 2006.
     Dont un fichier au format PDF aimablement communiqué au Corpus Étampois par M. Jacques Sébaoun, directeur des services de la communication de la ville d’Étampes à l’initiative de Xavier Peixoto, et mis en ligne en 2007:

 
   Xavier PEIXOTO, «Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital, nouveaux panneaux (2e exposition, 2006)»in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che21peixoto2006hoteldieu.html, 2007.

Merci de nous communiquer toute autre donnée, référence ou lien intéressant ce chantier.
     Sources: courriel du service de la comunication de la ville d’Étampes en date du 13 juillet 2006.
    
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