|
|
Depuis que le dossier de l’Hôtel-Dieu a été réouvert,
la Municipalité d’Étampes poursuit un effort remarqué
pour tenir informé le monde associatif de son avancement. C’est
dans ce cadre que, le 2 mars 2005, plusieurs associations
étampoises à caractère culturel ont été
invitées à visiter le chantier de fouilles archéologiques
de l’Hôtel-Dieu, sous la direction de M. Xavier Peixoto, archéologue
de l’INRAP, et de M. Maitre, maire-adjoint délégué
à la Culture. Nous présentons ici seulement quelques photographies
sans prétentions, prises par un non spécialiste, en espérant
ne pas trahir les explications orales qui en ont été données
par M. Peixoto. Cette page sera ultérieurement corrigée
en fonction des corrections ou précisions qu’on voudra bien nous
adresser à cet effet. Un grand merci à Yves Morelle, des Archives départementale, qui vient de nous communiquer le scan d’un précieux plan du 18e siècle concernant ce site (17 mars). N.B. On peut désormais consulter sur ce site les panneaux explicatifs composés en 2005 par Xavier Peixoto lui-même, soit dans leur état original au format PDF, ou bien si l’on préfère au format HTML (novembre 2006). |
1. Les guides Messieurs Alain Devanlay, élu local et membre de l’Association Étampes-Histoire, Patrice Maitre, maire-adjoint délégué à la Culture, et Xavier Peixoto, archéologue de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, qui dirige ce chantier de fouilles. Au jour de cette visite, avaient été fouillées la cour intérieure de l’Hôtel-Dieu et sa cour d’entrée, et les travaux continuaient alors au long de la rue Évezard. La visite a concerné essentiellement la cour intérieure, au fond de laquelle s’élevait jadis la maison du Chantre. |
2. Le
cadre géologique Le secteur fouillé est celui du Cloître Notre-Dame, c’est-à-dire de l’endroit où se dressaient les maisons des chanoines de Notre-Dame, dont le collège avait été fondé au début du 11e siècle par le roi Robert II le Pieux. Ce quartier cependant, d’après Monique Chatenet, «n’est pas antérieur à la fin de la guerre de cent ans, à l’époque où furent supprimés les fossés creusés pour fortifier la collégiale après la prise de la ville par les Anglais en 1353». De ces maisons, dans un terrain continûment occupé et souvent remanié, il ne reste guère que des fonds de cave. Ces caves s’enfonçaient dans le sol au-delà du niveau alluvionnaire (orangé) jusqu’au niveau du sable stampien (jaune). Leur sol, daté par les débris de poterie qui le jonchaient, ne remonte pas au-delà du 16e siècle, mais on y trouve parfois des traces de cavités creusées antérieurement, à différentes époques du moyen âge. |
3. La Maison du Chantre On voit ici les caves d’une maison que les données des Archives permettent d’identifier comme celle du Chantre et appelée au XVIIe siècle «Chantrerie Notre-Dame». Rappelons que le Chantre occupait dans le collège des chanoines de Notre-Dame les fonctions habituellement dévolues ailleurs à l’Abbé, car le roi de France s’était réservé depuis fort longtemps le titre d’Abbé de Notre-Dame d’Étampes. On aperçoit nettement en deux endroits le début des voûtes de ces caves. Des traces noirâtres sur leur sol correspondent à des débris de céramique qui ont permis de dater le fond de ces caves de l’époque moderne, c’est-à-dire du 16e siècle. |
4. Premier puisard médiéval De part et d’autre de la maison du Chantre on a retrouvé les traces de deux puisards quadrangulaires du 11e siècle. L’ossature en était en bois, bois qui a laissé des traces parfaitement lisibles aux yeux expérimentés des archéologues. Des tessons ont assuré la datation de ces puisards. Ici l’on voit le premier d’entre eux, au fond d’une cave voisine, sommairement dégagé; mais la présence d’une fosse septique, particulièrement dangereuse, a dissuadé les fouilleurs de creuser plus avant. |
5. Deuxième puisard médiéval Le deuxième puisard médiéval quadrangulaire s’inscrit dans un contexte plus compliqué et remanié, même s’il est mieux conservé. Il est ici à gauche. A sa droite, un puits ou puisard moderne circulaire en pierre, beaucoup plus récent, du 18e siècle au plus tôt, qui présentait encore, au moment de la fouille, 6 à 7 mètres de profondeur non comblés. Devant, une structure qui a servi tout récemment encore à canaliser de l’eau de ruissellement, entre des murs parallèles qui ne remontent probablement qu’au 19e siècle. |
6. Cimetière
médiéval On voit ici les restes d’une tranchée qui a été creusée à l’époque moderne sans ménagement au travers d’une zone funéraire des 13e et 14e siècles. La tranchée sectionne parfois des os en plein milieu. Les fouilles ont donné ici raison à Monique Chatenet: «Entre les maisons et la collégiale subsistait peut-être encore le ‘cymetierre des chapellains’ cité en 1543». Elle s’appuyait alors sur un titre de la maison du chapelain de l’Hôtel-Dieu conservé aux Archives départementales (1C1) qui mentionne alors le «clouastre de ladicte eglise Nostre-Dame autrement appelé le cymetierre des chappellains». Ces sépultures étaient alors sous bâche. On en a trouvé trente-huit. Les ossements qu’elles ont livrés appartiennent à des personnes de tous âges et des deux sexes, ce qui semble indiquer qu’à cette date le commun des paroissiens, d’après M. Peixoto, pouvait être enterré dans le Cloître Notre-Dame. Nous avançons une autre hypothèse: il pourrait s’agir seulement de la domesticité des chapelains qui avaient donné leur nom à ce cimetière. |
7. Ossement
encore in situ
On voit ici un
ossement humain encore in situ au 2 mars 2005, émergeant
de la tranchée qui avait été creusée à
l’époque moderne dans cette zone funéraire depuis longtemps
abandonnée.
D’après M. Peixoto, la disposition des squelettes, non comprimés, indique que tous ces corps ont été ensevelis dans des cercueils en bois. Les fragments de tessons provenant des remblais après ensevelissement qui se sont introduits près des corps après la putréfaction des cercueils permet de dater ces sépultures des 13e et 14e siècles. On n’y a trouvé aucun mobilier funéraire, comme le plus souvent dans les sépultures de cette époque. |
8. Base
de colonne médiévale Après la visite de la cour intérieure, on est passé dans la cour d’entrée, où il n’y avait rien à voir, les secteurs fouillés ayant été ensuite remblayés, sans avoir rien livré d’intéressant, tant cette zone a été souvent creusée et remaniée à toute époque et cela jusqu’à tout récemment. Nous avons juste remarqué, traînant sur le sol, cette base de colonne médiévale, qui semble avoir été réemployée, à l’époque contemporaine encore, par des jardiniers de l’Hôtel-Dieu. Il est à souhaiter que cette modeste relique soit conservée, et qu’on puisse au moins, ne serait-ce que par comparaison, savoir de quel bâtiment elle provient. C’est précisément ce que s’apprêtait à faire M. Peixoto, lorsque nous l’avons salué et remercié pour cette intéressante visite, pendant laquelle il nous a montré avec toute la modeste simplicité qui caractérise les vrais hommes de science, comment faire parler des pierres, d’un aspect si humble et en apparence si insignifiant. |
9. Le
futur Musée Dans cette même cour d’entrée, en conclusion à cette heureuse initiative municipale, M. Patrice Maitre a donné quelques indications sur l’étendue et la répartition des locaux qui seront affectés au nouveau Musée. On peut espérer que le modeste mobilier archéologique découvert sur le site et actuellement à l’étude en laboratoire, y sera ultérieurement déposé, et qu’il ne connaîtra pas le sort du mobilier découvert en 1987 dans le Palais du Séjour, qui est encore en bonne partie entre les mains de particuliers, dix-huit ans après les fouilles. B.G., 2 mars 2005.
|
NOTULE BIBLIOGRAPHIQUE
Le plan ci-contre de ce site au 18e siècle que nous a communiqué Yves MORELLE, des Archives départementales, y est conservé sous la cote H dépôt 1 E 23: «Il n’est pas daté mais concerne un dossier de travaux de réparations et agrandissements contenant des pièces allant de 1700 à 1783. L’emplacement de la Chantrerie et du cloître correspondent bien aux résultats des fouilles entreprises actuellement. Vous pouvez publier ce document qui est propriété publique» (courriel du 17 mars 2005). On notera que M. Xavier Peixoto, qui dirige les fouilles préventives de l’Hôtel-Dieu d’Étampes, est loin d’être un novice en la matière, puisque, entre autres publications, il a collaboré dès 1991 à la rédaction des articles suivants: Vincent GOUSTARD, Xavier PEIXOTO & Martine PETITJEAN, «L’est de l’îlot de l’Hôtel-Dieu [de Beauvais]», in Revue Archéologique de Picardie 3/4 (1991), pp. 115-160. Véronique DELOFFRE, Hélène FRICHET-COLZY, Françoise JOBIC & Xavier PEIXOTO, «Le mobilier archéologique des fouilles de l’Hôtel-Dieu à Beauvais (Oise)», in Revue Archéologique de Picardie 3/4 (1991), pp. 203-214 (4 fig.). Xavier PEIXOTO, «Évaluation archéologique du site de l’ancien hôpital d’Étampes, in Archéologie en Essonne (1999), pp. 69-77. On peut aussi consulter le site de l’INRAP («L’Inrap est un établissement public administratif de recherche sous tutelle des ministères chargés de la Culture et de la Recherche. Son rôle est de préserver et d’étudier scientifiquement le patrimoine archéologique national menacé par des opérations d’aménagement du territoire en réalisant des diagnostics et des fouilles, puis de diffuser les résultats de ces travaux.») INRAP [Institut National de Recherches Archéologiques Préventives], Site officiel, http://www.inrap.fr/www/index.html, en ligne en 2005. Pour comprendre comment se posait la question du cloître de Notre-Dame avant ces fouilles, et pour plus de détails techniques, on pourra relire le résumé de Monique Chatenet, dont les travaux si minutieux et utiles ont été lus avec beaucoup d’attention par Xavier Peixoto: Monique CHATENET, «Le cloître de la collégiale Notre-Dame», in Julia FRITSCH & Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix [314 p.], Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, p. 126 et notes 394-399 (p. 282) [avec deux magnifiques plans, p. 125, dont l’un, tracé par l’auteur d’après les données des Archives Municipales, donne la situation de chacune des maisons du cloître en 1791.] On peut aussi relire le bilan par Michel Martin des fouilles Palais du Séjour de 1987: Michel MARTIN, «Le Palais du Séjour: ce que nous apprennent les fouilles», in Jacques GÉLIS, Michel MARTIN et alii, Le Pays d’Étampes. Regards sur un passé. 1. Des origines à la ville royale [215 p.], Étampes, Étampes-Histoire, 2003, pp. 135-141. Bernard GINESTE, «Fouilles archéologiques de l’Hôtel-Dieu d’Étampes», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-21-20050302hoteldieu.html, 2005. Xavier PEIXOTO [archéologue à l’INRAP], Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital. Texte et photos de Xavier Peixoto, archéologue à l’INRAP [4 panneaux grand format affichés sur le site le 2 mars 2005], Étampes, Service de la communication de la Ville d’Étampes, 2005. Dont un fichier au format PDF aimablement communiqué au Corpus Étampois par M. Jacques Sébaoun, directeur des services de l la communication de la ville d’Étampes à l’initiative de Xavier Peixoto, et mis en ligne en 2006, avec une deuxième version au format HTML: Xavier PEIXOTO, «Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital (2005)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che21peixoto2005hoteldieu.pdf, 2006. Xavier PEIXOTO, «Les fouilles archéologiques de l’ancien hôpital (2005)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che21peixoto2005hoteldieu.html, 2006. Merci de nous communiquer toute autre
donnée, référence ou lien intéressant ce
chantier.
|
Sources: clichés de Bernard Gineste et notes d’après mémoire par le même, sous réserve de vérification, sur les indications orales de Xavier Peixoto, à qui on ne saurait imputer les erreurs éventuellement contenues dans cette page (2 mars 2005). |
|