Bernard Gineste
Denis-Prosper Filleau, chirurgien en Étampois
Résumé
et noyau d’une compilation, depuis 2020
Signature de Denis-Prosper Filleau en 1767
|
Cas
|
Notes
|
|
Depuis
mon établissement à Etampes, j’ai été appelé
pour secourir quelques personnes, dont les vêtemens avoient été
atteints par le feu du foyer, et qui ont été brûlées
si profondément que la mort s’en est suivie, mais sans que leurs corps
eussent été entièrement consumés.
|
|
p. 247
|
(1) Le
26 février 1787, j’ai été mandé chez le sieur
Lalande, mégissier , demeurant à Etampes, rue du Perray , pour
secourir sa fille, âgée d’environ quatre ans; laquelle a eu
les cuisses, les fesses et la peau du bas-ventre brûlées par
l’effet du feu du foyer, qui a pris à ses vêtemens. Les escarres
qui se sont détachées ont été profondes et considérables,
surtout au bas-ventre. La fièvre à laquelle cette brûlure
a donné lieu a été si violente, que, malgré les
remèdes dont on a fait usage pour calmer l’inflammation, la malade
a succombé le 3 mars suivant, mais sans que les os eussent été
atteints de la moindre désorganisation.
|
Il s’agit d’Anne Julie Elisabeth, née
le 20 avril 1783, et inhumée le 24 mars 1787, fille du mégissier
Louis Lalande auquel nous avons consacré une page (ici).
|
p. 247
|
(2) Le
feu s’étant communiqué aux vêtemens d’un ancien tapissier
d’Etampes, paralytique depuis quelque temps, il a été brûlé
profondément, et est mort en peu de jours; mais le feu ne l’a point
consumé.
|
Qui saura identifier ce tapissier?
|
p. 248
|
(3)
Une jeune dame, nouvellement mariée, qui, dit-on, avoit sur elle du
phosphore, se chauffoit au foyer de sa chambre; le feu prit à sa robe,
et se propagea avec une telle rapidité qu’on ne put l’éteindre;
elle fut profondément brûlée. Ce
n’est point moi qui lui donnai du secours en cette occasion; mais j’ai su
que, malgré les soins assidus qui lui ont été administrés,
la fièvre a été si violente, les suppurations si abondantes
et de si mauvaise qualité, qu’elle a succombé en peu de temps,
sans que le feu ait porté atteinte aux os.
|
Cette personne n’est pas pour
l’instant identifiable.
|
p. 248
|
(4) Plusieurs
enfans des faubourgs de cette ville ont aussi péri, en différens
temps, par l’effet de brûlures profondes occasionnées par le
feu du foyer, et par la négligence de leurs mères ou de leurs
nourrices; mais sans que leurs corps aient été consumés,
comme cela arrive aux personnes qui font un usage abusif de liqueurs spiritueuses
et d’alimens trop épicés . [...]
|
Qui pourra nous communiquer d’autres cas locaux
d’accidents domestiques de ce genre à cette époque reculée
|
pp. 252-253
|
(5) Soit
qu’un des meuniers d’Etampes ou ses domestiques aient négligé
de renouveler les graisses avec lesquelles on enduit les tourillons des roues
du moulin, où que leur vétusté les ait rendues inflammables,
une des nuits de la fin de janvier dernier, le feu a pris spontanément
à la partie extérieure de l’arbre de la roue ouvrière,
s’est communiqué à une couverture faite en planches, pailles
et roseaux, afin de préserver la roue de la gelée et des glaçons.
Il avoit déjà fait beaucoup de dégât,
et |253 menaçoit de pénétrer
dans l’intérieur du moulin, lorsque les pompiers sont arrivés
et ont empèché ce fâcheux accident; dont j’ai cru devoir
informer la société, afin qu’elle juge si cet événement
n’auroit pas quelque similitude avec l’histoire des combustions. |
Il est regrettable que Filleau
n’indique pas ici duquel des moulins d’Étampes il parle ici, car il
en était alors près d’une trentaine. Qui connaît d’autres
cas locaux d’incendie de moulin ou de récit d'intervention des pompiers?
|
p. 253
|
(6) Il
n’en est pas de même du fait suivant.
La malveillance s’est permis aussi, dans les derniers
jours de janvier dernier, vers les sept heures du soir, de mettre le feu à
deux meules de gerbes de blé et une d’avoine, qu’un cultivateur du
hameau de Duillet avoit construites assez près de sa ferme pour
craindre que le feu ne s’y communiquât et au reste du hameau; et cela
étoit d’autant plus à redouter, que ce lieu est sur une hauteur,
éloigné d’une lieue d’Etampes et des rivières, et que
les marres étoient gelées.
Cependant, on y a porté des secours de tous
les pays circonvoisins, avec une telle célérité, qu’on
est parvenu, en dix-huit heures, à préserver le hameau, même
la ferme de l’incendie; mais son grain a été entièrement
consumé.
Les magistrats informent contre une personne que l’on
soupçonne être l’auteur du fait.
|
Il s’agit du hameau de Dhuilet dans la commune
d’Ormoy-la-Rivière. Le dossier d’instruction de cet incendie criminel
survenu en janvier doit pouvoir se retrouver facilement aux AD91.
|
Toute critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
|
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Édition
Denis-Prosper FILLEAU, in Journal général de médecine, de chirurgie
et de pharmacie françaises et étrangères ou Recueil
périodique de la société de médecine de Paris
3 (1818), pp. 247-248 et 252-253.
Bernard GINESTE, in Bulletin
de la Société historique et archéologique de l’Essonne
et du Hurepoix 87 (2017), pp. 71-112.
Bernard GINESTE [éd.],
«Denis-Prosper
Filleau: Quelques cas de brûlures et d’incendie en Étampois
(extraits d’un rapport de 1812)», in Corpus
Étampois,
www.corpusetampois.com/che-21-gineste2020filleau-brulures.html,
depuis 2020.
Autres établissements au pays d’Étampes à
travers les âges
«Corpus
des établissements étampois»,
in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/index-cee.html,
depuis 2007.
Toute critique, correction ou contribution
sera
la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
|