À tire d’ailes
Étampes en 1925
1925 continua 1924. On chercherait en vain les faits sensationnels,
les événements marquants qui prennent place dans l’histoire
d’une cité. Et les chefs-lieux de canton, les centres importants
— qui, au cours des précédentes années, s’étaient
particulièrement distingués dans le domaine des fêtes
et des expositions — ne manifestèrent pas plus d’entrain, d’enthousiasme
que la tête de l’arrondissement…
La crise économique se fait, hélas, sentir dans
les budgets communaux comme dans celui de l’État et dans ceux des
particuliers. On ne fait plus rien de beau et de grand; on ne fait même
plus rien du tout... Tout ceci est profondément angoissant, car il
est à craindre que le commerce et l’industrie ne souffrent de l’engourdissement
général et des restrictions obligées au moment précis
où on leur demande un suprême et formidable effort pour sauver
le Pays…
Or donc, si nous mettons à part les bals annuels des
Sociétés, les banquets de Sainte- Barbe et de Sainte-Cécile,
nous ne relevons au calendrier des fêtes que le Centenaire de Rose
Chéri, grande et superbe manifestation artistique, qui amena en notre
ville l’illustre compositeur
Gustave Charpentier: à la toute délicieuse Mlle Têtedoux,
4e duchesse d’Étampes, revint l’honneur de présider le Couronnement
de la Muse.
Domaine politique: ce fut, en ce domaine, une grande agitation
durant plusieurs semaines; élections municipales, élections
cantonales. Les citoyens se donnèrent des édiles municipaux,
renouvelant leur confiance à ceux-ci, remerciant ceux-là...
Peu de changements importants, la politique pure n’ayant pas joué
un bien grand rôle dans ces élections. Il en fut de même
pour les élections cantonales: les candidats se représentant
furent élus. MM. Bosc et Vénard furent les nouveaux élus
au Conseil d’arrondissement. Une élection sénatoriale en préparation
pour le remplacement de M. Hugues Le Roux, décédé,
donnera peut-être une indication sur les opinions politiques de nos
conseillers municipaux.
Domaine judiciaire: calme absolu. La peur du gendarme étant
le commencement de la sagesse, il faut croire que nos gendarmes, agents,
gardes champêtres, etc., inspirent, par leur vigilance, une terreur
salutaire. Nous ne pouvons que les en féliciter... Il fut certaines
années où nous dûmes aller trop souvent à Versailles;
à part quelques broutilles et un scandale de mœurs, mettant en cause
un religieux, les magistrats ne furent pas absorbés en 1925 par notre
arrondissement.
Chapitre des Sociétés locales: comme par le
passé, les présidents, présidentes, secrétaires,
s’efforcèrent de les faire prospérer et mieux connaître
du public où se recrutent les nouveaux membres; belles manifestations
sportives organisées par le Club athlétique d’Étampes;
beaux concerts par les Fanfares d’Angerville, de Maisse, de Méréville,
de la Ferté-Alais, la Cigale, etc.; — à signaler la dissolution
de la Musique d’Étampes dont les principaux membres se solidarisèrent
avec leur chef démissionnaire; — concours des Enfants de Guinette,
à Strasbourg, de l’Espérance, à Étampes
et à La Rochelle.
Partout, les hommes de bonne volonté prouvèrent
qu’avec l’appui financier et l’appui moral de leurs concitoyens, ils pouvaient
faire quelque chose d’intéressant et d’utile pour leur petite cité.
Le malheur est que les efforts sont dispersés. Qui donc créera
enfin — comme cela s’est fait à Saclas — le Syndicat d’initiative
de la région d’Étampes, syndicat qui aurait mission de
faire valoir les beautés pittoresques de l’arrondissement et qui organiserait
la Fédération de ses Sociétés locales?
Cela devient d’autant plus nécessaire que les moyens
de communication deviennent plus nombreux, plus rapides, plus pratiques
— et plus cher, aussi, il est vrai; — le P. O. a, en effet, électrifié
sa voie jusqu’à Orléans, et nombre de communes sont, desservies
électriquement. On voyagera de plus en plus; on habitera de plus
en plus hors de Paris; il est donc nécessaire que tout soit tenté
pour qu’Étampes et ses environs bénéficient du Progrès.
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L’an 1926 continuera-t-il l’an 1925? Nous voulons espérer
que non, et nous souhaitons quelque miracle qui amène un redressement,
et pour la France en général, et pour notre petite patrie
en particulier. Miracle dont nous voudrions que profitassent tous nos concitoyens
à qui le chroniqueur adresse ses vœux sincères et ses meilleurs
compliments.
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L’Abeille d’Étampes
115/2 (9 janvier 1926), p. 1.
Logo de l’Abeille d’Étampes en 1926
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