À
vol d’oiseau
Étampes en 1913
Bien que 1913 ait été une année d’élection,
on ne peut pas dire que la région se soit vraiment passionnée
cette année pour les luttes électorales. Ce sera sans doute
pour l’an prochain. Pour cette année mentionnons en février
l’élection de M. Courtellemont-Bérenger au Conseil d’arrondissement
à Milly et en juillet-août le renouvellement par moitié
de notre Conseil général et de notre Conseil d’arrondissement:
élection de M. Bouilloux-Lafont à Étampes et de M.
Legendre à Milly, pour le Conseil général; de MM. Philippe
Charpentier et Joubert, à Méréville et de MM. Huré
et Pillas à La Ferté-Alais, pour le Conseil d’arrondissement,
le dernier étant arrivé à faire invalider son concurrent
à qui fut décompté une voix de trop. L’année
électorale se termine sur le salutaire avertissement donné
par les électeurs de Lardy qui ont fait eux aussi, leur petite manifestation
significative en appelant M. Savonnet au Conseil municipal.
La vie municipale d’Étampes se déroule [mots manquants], réforme
du service des eaux, projet d’installation à Étampes de l’Hospice
des Quinze-Vingts,
curage des rivières, amélioration
du service du C. G. B., surtout dans la traversée de la ville.
Nos fêtes ont continué d’être brillantes
et presque chaque numéro de l’Abeille en a enregistré: fête
des Enfants de Guinette, bal des anciens élèves des écoles,
matinée costumée des Dames françaises, fête de
la Revanche étampoise où le colonel Battréau, citant
l’exemple de cette femme de Raon-l’Étape qui met au monde son vingt-quatrième
enfant invita les dames d’Étampes à l’imiter chacune pour
au moins un quart (Après vous, mon Colonel),
remise de la médaille de 1870 aux Anciens Combattants de La Ferté-Alais,
concours de musique de Saclas, fêtes de tir de Chalou-Moulineux et
de Morigny-Champigny, fête de l’Union des Commerçants et représentation
du Théâtre de Verdure à Étampes, jolie exposition
de la Société d’horticulture et d’agriculture au Casino; nous
en passons certainement, et, par exemple, les nombreuses sorties des Sociétés
de gymnastique et de tir et de nos petits Éclaireurs de France dont
une section a été créée à Étampes.
Rayon des apaches: celui-ci
ne chôme guère. Au premier rayon du soleil, la poudre parle à
la fête du Théâtre: le garçon coiffeur Virmoux
tire des coups de revolver sur son ancienne amie Marie Manzagol et sur le
nouvel ami de celle-ci, le jeune Bertrand. Atteint au ventre, Bertrand doit
à un sou qui se trouvait dans la poche de son gilet de n’être
pas tué, mais le choc détermine une appendicite qui met ses
jours en danger. Virmoux est condamné, en correctionnelle, à
deux ans de prison.
Boulevard Saint-Michel, de mystérieux cambrioleurs pénètrent
chez une vieille dame, la bâillonnent, l’attachent sur son lit et
lui volent 15.000 francs cachés dans un sac de voyage. Le 14
novembre, un cambrioleur profite de l’absence momentanée de Mme Renard,
rue Sadi-Carnot, pour perquisitionner dans son domicile où il vole
quatre montres; un mois après on arrête un gars de batterie
du nom d’All ??? ?? le service anthropométrique signale com[mots
manquants]rentis» suivent un ouvrier de ferme ivre et le dévalisent
à l’entrée de la ville, sur la route de La Ferté-Alais.
L’aviation nous a donné son contingent habituel de joies
et de deuils. Nous devons un souvenir à Nieuport et à son mécanicien
Guillot qui tombèrent près de Méréville, au
capitaine Clavenad et au lieutenant de Vasselot, victimes de la catastrophe
du 18 avril, au sapeur Debever, à Letort, à tant d’autres
qui avaient essayé leurs ailes à notre aérodrome. Les
exploits de Cavelier, de Fourny, et d’Helen qui enleva si vaillamment chez
nous la coupe Michelin, nous apportent la gloire dont ces morts ont été
la rançon.
D’autres amis des Étampois ont disparu cette année
qu’il faut rappeler aujourd’hui: M. Delisle, ancien conseiller municipal
et ancien directeur de la Fanfare; M. Servant, ancien administrateur de la
Caisse d’Epargne; M. Pelletier, employé de la Mairie; M. Guyon, instituteur
à Morigny, et ce malheureux jeune homme que le deuil de toute une
ville a conduit récemment à une tombe si douloureusement ouverte.
Adressons-leur un souvenir et reprenons demain la tâche
journalière dans la nouvelle année qui sera, pour tous nos
lecteurs, comme la leur souhaiteront jeudi prochain les obstinés tireurs
de sonnettes d’Étampes: «Bonne et heureuse!»
|
L’Abeille d’Étampes
102/52 (27 décembre 1913), p. 1 (saisie de Bernard Gineste).
|