Corpus Historique Étampois
 
Terrier
À vol d’oiseau, Étampes en 1912
L’Abeille d’Étampes du 28 décembre 1912
     
Vol d'oiseaux      

     Au seuil de l’année 1913, l’un des frères Terrier que nous navons pu identifier avec certitude, soit Léon (1869-1937) ou Auguste (1873-1932), propose aux lecteurs de L’Abeille d’Étampes un bilan de l’année 1912 qui sachève, pour ce qui concerne du moins Étampes et sa région. Cette synthèse de l’actualité locale, si subjective soit-elle, a naturellement une valeur irremplaçable pour l’histoire locale du XXe siècle étampois, et c’est pourquoi nous la mettons à la disposition de tous les historiens comme de tous les curieux de l’histoire du Sud-Essonne.
Bernard Gineste, 2018
  
Terrier
À vol d’oiseau, Étampes en 1912
L’Abeille d’Étampes du 28 décembre 1912
   

  À vol d’oiseau
Étampes en 1912


   Oies
   Elle n’a pas été précisément tranquille, la vie de notre cité et de notre région pendant l’année qui finit. Où êtes-vous, temps heureux où notre arrondissement modèle se distinguait par son calme et par l’union des habitants? La politique et les querelles de partis et de personnes sévissent en tempête: est-il bien sûr que nous en soyons ou que nous en serons plus heureux?

   On a scrutiné dans tout l’arrondissement le 5 mai pour le renouvellement des Conseils municipaux.
Brigand La bataille a été passionnée dans notre ville qui a rénové presque entièrement son assemblée communale et qui s’est offert une municipalité nouvelle, composée de MM. Bouilloux-Lafont, maire, Lescuyer et Léauté adjoints. La poussière du combat n’est pas encore tombée, à en juger par les dernières séances où une sourde bataille entre nos édiles d’hier et ceux d’aujourd’hui se continue sur plusieurs terrains, notamment celui du chemin de fer départemental qui roule pourtant et celui des relations entre l’Hôtel de Ville, le Bureau de bienfaisance et la Caisse d’Epargne. La nouvelle municipalité a formulé divers projets de réformes, unification des emprunts, adoption du compteur à eau Continental, création d’une ville haute à Guinette, installation à Étampes de l’hospice des Quinze-Vingts. La réforme du service des eaux se rappelle aussi à l’attention du Conseil, qui a donc du pain sur la planche. Rappelons encore l’élection de M. Chambellan au Conseil d’arrondissement, le 30 juin pour le canton  d’Étampes.

   Fait sensationnel: le chemin de fer départemental a été ouvert entre Étampes et Milly-Corbeil. Il a fallu que les wagons roulent et que les locomotives sifflent pour que les incrédules se rendent à l’évidence. Et les oppositions et les critiques se sont fait entendre jusqu’au dernier moment.
Singe Succès oblige! Le 20 octobre M. Pams, ministre de l’agriculture, est venu à Étampes inaugurer la nouvelle section et, si la fête n’a pas eu l’éclat qu’elle aurait dû avoir dans notre ville d’où est parti le mouvement qui a doté de la voie nouvelle la région sud-est de Seine-et-Oise, elle a du moins acquis au tramway l’adhésion de tous devant l’évidence des services qu’elle rend à l’agriculture et aux petites communes. On ne se préoccupe plus que d’en améliorer le rendement.

   Signalons encore ces faits intéressants de l’année: formation d’une société pour la création d’une distillerie agricole à Guillerval; offre par M. de Saint-Périer à la Ville d’Étampes d’une mosaïque relevée sur l’emplacement d’une villa romaine à Souzy-la-Briche; formation d’une Société des Amis du Musée.

   Parmi les décès il faut citer ceux de MM. Breuil, ancien président du Conseil d’arrondissement, Blot, vice-président, et Bédu, maire de Milly, membre de ce Conseil; Thiéblemont, juge de paix de La Ferté-Alais; Forteau, le distingué et savant conservateur du Musée et caissier de la Caisse d’Epargne; Béliard, conseiller municipal, ancien maire, qui a eu les honneurs d’obsèques municipales, d’une levée de dix minutes de séance par le Conseil et de l’attribution de son nom à une de nos futures rues.

   La vie de nos sociétés de musique, de tir et de préparation militaire a continué d’être très active. Grand succès pour les Enfants de Gui- nette au concours d’Enghien, pour le concours de musique de Maisse (9 juin) où la Fanfare de La Ferté-Alais s’est couverte de lauriers, pour le Concours de la Société d’Agriculture à Milly le 30 juin, etc. La remise de la médaille de 1870-71 aux Anciens Combattants a eu lieu à Étampes et dans nos diverses communes en grande solennité.

Ménagère    La rubrique criminelle n’a pas chômé. Le 31 janvier nous avons eu le drame Orléans-Angerville-Étampes. Le brigadier de gendarmerie Dormoy est tué près de Mondésir par le bandit Renard; les gendarmes rejoignent les bandits près d’Étampes et tuent Britannicus. Renard est arrêté à la gare d'Étréchy et le 9 novembre il est condamné à mort. La population fait de belles obsèques au brigadier Dormoy que le colonel Thiébault donne en exemple. Un garçon d’hôtel d’Étampes vole 800 francs à une bonne et va dissiper ce magot en une nuit d’orgie aux Halles: 13 mois de prison. Le 17 novembre, de jeunes voyous assaillent, en pleine rue Saint-Jacques, une jeune fille d’Étampes pour lui voler son réticule.

   Accidents et faits divers. Le plus grave est la mort à Chamarande du puisatier Claveau que les soldats du génie retirent après 24 heures du puits où il est resté enseveli par un éboulement. Le 28 août, en gare de Monnerville, une locomotive enfonce un butoir et tombe sur la route: le pauvre mécanicien est tué et retiré de dessous sa machine où il est resté à son poste la main sur la manette.
Oie À la Saint-Michel l’orage fait tomber deux arbres et une baraque est écrasée. À Milly, M. Boussaingault tue un bel aigle de 2 m. 05 d’envergure.

   Nos champs d’aviation ont été très actifs. Hélas! Il nous ont donné aussi des deuils: Suzanne Bernard (10 mars), le capitaine Jost (30 mars), le capitaine Echeman (15 mai), le maréchal des logis Laurent (21 novembre). Ayons aujourd’hui une pensée pour ces malheureuses victimes du progrès. Aéroplane La performance la plus remarquable que nous ayons vue est celle de Fourny, qui le 17 septembre, a fait 1017 kilomètres sans atterrir en 11 heures 1 minute. Notre ville est restée une cité des oiseaux. Pourtant, il faut bien reconnaître qu’elle n’a pas marché avec beaucoup d’enthousiasme pour la souscription de l’aviation, n’était la belle représentation de La Fille de Madame Angot qui a été donnée le 21 avril au Théâtre d’Étampes, et la Matinée des Dames françaises du 22 avril au profit de l’aviation sanitaire. Et voici qu’on va nous enlever notre École militaire d’aviation au profit de notre puissante voisine Orléans. Notre ville montrera du moins sa reconnaissance pour les aviateurs militaires en s’associant au projet de monument dont l’idée a été formulée ici même et que le Conseil municipal a favorablement accueillie.

Bal    Et maintenant, souhaitons aux Étampois qu’en 1913, le Conseil municipal fasse d’utiles réformes et de bons budgets, que nos sociétés de préparation militaire recrutent de nouveaux adhérents, que nos aviateurs élèvent plus haut encore le drapeau des aérodromes étampois, que le prix des loyers et de la vie diminue un peu et que la paix et l’union règnent parmi nous. Ainsi soit-il!

Moustique.
   L’Abeille d’Étampes 101/52 (28 décembre 1912), p. 1 (saisie de Bernard Gineste).


Vol d'oiseaux    

   
SourceL’Abeille d’Étampes 101/52 (28 décembre 1912), p. 1 (saisie de Bernard Gineste, 2018).
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     Léon ou Auguste TERRIER (sous le pseudonyme de Moustique), «À vol d’oiseau, Étampes en 1912», in L’Abeille d’Étampes 101/52 (28 décembre 1912), p. 1.

     Bernard GINESTE [éd.], «Terrier: À vol d’oiseau, Étampes en 1912
», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-terrier1912etampesen1912.html, 2018.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
    
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-Arts — HistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail