Corpus Historique Étampois
 
Terrier
Étampes en 1908
L’Abeille d’Étampes du 2 janvier 1909
     
Tire d'ailes      

     Au seuil de l’année 1909, l’un des frères Terrier que nous navons pu identifier avec certitude, soit Léon (1869-1937) ou Auguste (1873-1932), propose aux lecteurs de L’Abeille d’Étampes un bref bilan de l’année 1908 qui vient de sachèver, pour ce qui concerne du moins Étampes et sa région. Cette synthèse de l’actualité locale, si subjective soit-elle, a naturellement une valeur irremplaçable pour l’histoire locale du XXe siècle étampois, et c’est pourquoi nous la mettons à la disposition de tous les historiens comme de tous les curieux de l’histoire du Sud-Essonne.
Bernard Gineste, 2018
  
Terrier
Étampes en 1908
L’Abeille d’Étampes du 2 janvier 1909
       

  À tire d’ailes
Étampes en 1909


   
     Étampes n’a pas vu augmenter dans l’année aujourd’hui défunte sa gloire mondiale. Où êtes- vous, temps héroïques de l’affaire de Châtenay, du diabolo et de l’attaque du train 16, quand les colonnes des journaux d’informations se remplissaient d’interviews plus émouvantes que celles de l’ultime agent entré le matin du crime dans la villa de l’impasse Ronsin? Sic transit... Et dans le genre «célébrités du jour» nous n’avons eu que le deuxième chapitre de l’affaire du train 16 lorsqu’Albinet, l’Homme qui Nie, est venu loger du 22 février jusqu’au 15 août, à l’hostellerie de la rue de la Prison et aussi lorsqu’une locomotive, assurément malade du diabète, a pris, si l’on ose dire, le frein aux dents et s’est précipitée, fanaux baissés, sur la Sucrerie de Morigny. L’aéroplane Blériot aurait pu nous procurer quelque illustration en venant se casser un aileron contre la Tour de Guinette, mais il n’a pas voulu franchir les limites du département de Seine-et-Oise, où le Patrie avait été trop ardemment acclamé jadis.

   Rayon des crimes, catastrophes et accidents? Hélas! L’année a eu son compte, comme toutes les autres. Le malheur et la misère ne chôment pas. Ils augmentent, régulièrement, comme les impôts. Tragédie de Maisse où Legorju à coups de revolver foudroya sa belle-mère et faillit tuer sa femme; bataille à Brières-les-Scellés où le petit vacher Sellier en revenant de la fête fut assommé à coups de talon de soulier comme un mulot dans un silo; incendies à Boissy-le- Sec, orages effroyables le 21 mai sur la région de Milly, rien n’y a manqué. Et il faut y ajouter l’affaire du chien enragé de Lardy et de Chamarande, lequel ne s’était sans doute si regrettablement échauffé que parce que, dit-on, il avait assisté dans ce coin jadis tranquille à l’agitation fébrile de certaines communes pendant les élections municipales d’avril-mai...

   Ces élections, ce fut le grand fait local de l’année politique: elles n’ont pas changé grand-chose chez nous et, à Étampes, nous avons heureusement conservé la municipalité de la veille. N’oublions pas de mentionner l’échec fatal et voulu de la Commission municipale des eaux qui n’a même pas été capable de nous donner un rapport, et, par contre, le train-train régulier de l’établissement des chemins de fer d’intérêt local d’Étampes à Arpajon, à La Ferté-Alais, à Milly et à Corbeil, malgré les difficultés du choix de l’emplacement de la gare d’Étampes et aussi la belle inauguration du tramway d’Angerville à Chartres à propos de laquelle M. Barthou, ministre des travaux publics, passa juste 35 minutes dans notre arrondissement, d’une gare à l’autre. Le ministre avait marché plus vite que nos express, et, au moins, il avait stoppé chez nous, lui! Gros succès, cette année, pour la Conférence des Sociétés Savantes de Seine-et-Oise, qui jeta un peu d’animation sur trois de nos journées d’été et qui nous apprit, entre autres, pourquoi la Beauce n’a plus d’eau sans pouvoir dire assez scientifiquement comment elle pourrait en avoir; et pour l’Exposition d’horticulture qui a fait honneur aux jardins d’Étampes et environs. Un petit souvenir spécial à la création, particulièrement chère à ce journal, des Jardins ouvriers de la Caisse d’Epargne d’Étampes, petite amélioration sociale qui deviendra une grande réforme quand ceux qu’elle intéresse le plus comprendront qu’ils en ont été jusqu’ici détournés parce qu’ils étaient trompés par les pires ennemis des travailleurs, les politiciens et les démagogues.

   Et voilà, à grands traits, notre bilan, à nous, Étampois. Il n’est pas lourd, et nous n’aurons pas de peine à avoir plus et mieux cette année. Terminons donc sur ces vers de mirliton:
Espérons qu’à la fin de l’an dix neuf cent neuf,
Nous pourrons vous conter quelque chose de neuf.
   Et, en effet, une année dont le milésime porte deux fois le chiffre 9, plus un 0, qui n’est qu’un 9 sans queue, c’est bien le diable si elle ne se distingue pas et si elle ne marque pas brillamment sa place dans la suite... d’Étampes!
   L’Abeille d’Étampes 98/1 (2 janvier 1909), p. 2 (saisie de Bernard Gineste).


Tire d'ailes      

   
SourceL’Abeille d’Étampes 98/1 (2 janvier 1909), p. 2 (saisie de Bernard Gineste, 2018).
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     Léon ou Auguste TERRIER, «Étampes en 1908», in L’Abeille d’Étampes 98/1 (2 janvier 1909), p. 2.

     Bernard GINESTE [éd.], «Terrier: Étampes en 1908
», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-terrier1909etampesen1908.html, 2018.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
    
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-Arts — HistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail