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Nous donnons ici un article publié en 1963 par Jean Laloyau, ingénieur et maire-adjoint, pour expliquer les travaux en cours à l’époque. C’est une synthèse intéressante pour les néophytes en la matière. |
Le Service des Eaux
par Jean Laloyau, Ingénier, adjoint au Maire Au cours des siècles, nos rivières ont longtemps constitué une source d’énergie très largement employée et il est encore facile de retrouver les traces d’une quarantaine de chutes sur le territoire de la Commune. La plupart entraînaient des meules à grains, mais d’autres étaient à l’origine d’activités diverses comme en témoignent encore aujourd’hui par exemple: la rue de la Tannerie, la rue du Moulin à Peau et le Moulin à Tan, ce dernier n’évoquant plus pour les Etampois que «l’Usine des eaux». En effet ce moulin situé en amont de la Ville, le second après Valnay sur la Louette, avait cessé son activité il y a quelque cent ans pour donner naissance à notre première station de pompage. Sa roue à aubes entraînait deux pompes à pistons qui puisaient l’eau de la rivière pour la refouler tout bonnement, sans aucun traitement, au bassin de Guinette d’où elle s’écoulait, pour alimenter la Ville, dans des canalisations dont certaines sont encore en service. A une époque où chacun avait son puits et sa pompe, le débit horaire de 30 à 40 mètres cubes fut très longtemps suffisant, mais le nombre d’abonnés s’accroissant après la guerre de 1914, il fallut vers 1925, y adjoindre des pompes électriques ainsi que le traitement par filtrage et stérilisation. Notre brave roue n’était pas abandonnée pour autant et jusque 1957 elle continuait à tourner et à entraîner ses pompes en appoint de refoulement. On peut même ajouter — mais soyons discrets — qu’une communication directe avec la rivière, commandée par une vanne, avait été maintenue et que pendant longtemps, elle fut considérée comme bien utile en cas de panne ou d’insuffisance du circuit de filtrage et stérilisation. La puissance de la station fut améliorée à plusieurs reprises la dernière fois en 1950 et sa capacité horaire portée à 130 mètres cubes. L’augmentation de la population et la consommation d’eau accrue conduisaient à plusieurs études d’extension, mais un fait nouveau allait activer les choses. En effet le Département nous demandait d’alimenter le futur Hôpital Barthélemy-Durand en pouvant répondre à des besoins importants atteignant 450 mètres cubes maximum par jour. Des conventions intervenaient entre le Département et la [p.13] Ville afin de permettre le financement d’une nouvelle station et la canalisation de refoulement. Cette conduite avait un double but alimenter d’une part la Ville Haute et d’autre part l’Hôpital. Le tronc commun partant du Moulin à Tan pour atteindre le plateau au-dessus du Pont Saint-Jean était établi en 200 m/m de diamètre jusqu’à l’emplacement du futur château d’eau. A partir de cet endroit une canalisation de 125 m/m destinée exclusivement à l’Hôpital, alimentait l’ouvrage d’une capacité de 900 mètres cubes construit dans son enceinte et sans aucune liaison au réseau urbain. La station de pompage, dont le projet était confié à M. Robert Vialle, Ingénieur-Directeur des Services Techniques Municipaux avait également un double objectif: l’alimentation de la Ville Haute avec un débit horaire de 100 mètres cubes et celle de la Ville Basse avec 200 mètres cubes soit théoriquement plus du double de l’ancienne usine, en fait beaucoup plus, en raison de la qualité de l’installation et de la possibilité de fournir sans difficulté un plus grand nombre d’heures de marche avec un maximum de 7.200 m3 par jour correspondant aux besoins d’une agglomération de 36.000 habitants. Le concours était donc lancé avec l’appui technique des Ingénieurs des Ponts-et-Chaussées dont nous nous plaisons à louer la compétence et le dévouement. L’emplacement du Moulin à Tan était conservé le débit de la Louette est régulier et largement suffisant, la qualité de l’eau est très favorable et la position en amont de l’agglomération limite les risques de pollution susceptibles de compliquer le traitement. La Maison Degremont était finalement retenue et cela à l’issue d’un très long et très minutieux examen des diverses propositions. Le procédé choisi était du type classique consistant en un floculation avant filtrage complétée par une stérilisation au péroxyde de chlore et cela en appliquant les techniques les plus modernes dans l’automatisme, le contrôle et la sécurité. [p.14] Le bâtiment principal était donc construit à proximité de l’ancien moulin. Il comporte au rez-de-chaussée la salle des pompes et à l’étage les appareils doseurs de floculation et le bureau. Les filtres y sont accolés et le sous-sol de l’ensemble est un vaste réservoir constituant une réserve de 150 mètres cubes d’eau traitée qui, reprise par les pompes de refoulement est dirigée vers les bassins supérieurs. Le réservoir cylindrique placé à l’extérieur reçoit l’eau brute et c’est là que s’effectue la floculation avant filtrage. La station mise en service en 1961, après quelques mises au point de détail, donne depuis toute satisfaction. Le bassin
de Guinette a été de suite alimenté par la nouvelle usine
cependant que le second système de refoulement devait attendre la
mise en eau du bassin de l’Hôpital Barthélemy-Durand.
Sa mise en eau vient d’être effectuée dans les meilleures conditions et dans quelques jours, son raccordement au réseau supérieur de distribution sera effectué. Notre minuscule bassin de 100 m3, à l’angle du Clos de Guinette, aura alors vécu après quarante années de service. Reste le problème du réservoir de la Ville Basse. Celle-ci ne dispose que du bassin de 700 mètres cubes construit en 1881 près de la passerelle de la gare, ne pouvant assurer que quelques heures de sécurité. A cet effet, un bassin semi-enterré de 3.000 mètres cubes va être édifié cette année en haut du Pont Saint-Jean, au même niveau et en liaison avec son ancêtre dont il complétera heureusement la capacité. Il sera directement relié au Moulin à Tan par une canalisation de 300 m/m également au programme 1963. La station de pompage et les réservoirs pourront maintenant répondre aux besoins, il reste à résoudre les problèmes de distribution. De nombreuses canalisations sont très anciennes et de section insuffisante et il en résulte des difficultés d’alimentation pour des quartiers extrêmes tels que Saint-Pierre, les Belles-Croix et Saint-Michel. II n’était pas pensable d’envisager des travaux importants sur le parcours de la Nationale 20 avant la mise en service de la déviation mais il va falloir attaquer maintenant, le premier tronçon à réaliser cette année partant de la rue Van-Loo pour rejoindre le carrefour de Brières Morigny. La conduite de la rue de la République sera également remplacée et pour favoriser encore la difficile alimentation [p.15] de Saint-Pierre, un bouclage sera effectué en partant du Marché-Franc par l’avenue de Bonnevaux et le chemin de Gérofosse, desservant au passage les maisons riveraines. Un bassin d’équilibre de 200 m3 sera construit à Saint-Martin et le Petit Saint-Mars bénéficiera aussi d’amélioration. L’ensemble du programme 1963 ressort à 900.000 francs, financé par un emprunt de 700.000, par les reliquats de l’exercice précédent et par les participations des constructeurs. Sur le réseau rural la desserte de Bois-Regnault, Villesauvage, la Malmaison, Champdoux, la Maison Lange, Guignonville a pratiquement solutionné le problème des écarts cependant que nos concitoyens de Pierrefitte étaient raccordés au réseau de Chalo-Saint-Mars - Saint-Hilaire. Les projets que nous avons soumis à l’approbation du Génie Rural et dont la réalisation est espérée pour 1963 ou 1964 comportent l’alimentation de Valnay en desservant la route de Pierrefitte et la suppression du très médiocre château d’eau du Chesnay, le hameau étant alimenté directement par une nouvelle conduite partant du récent bassin supérieur de Guinette. Il est donc indéniable que l’ensemble du réseau de production et de distribution a été considérablement amélioré au cours des précédentes années, le gros travail est accompli mais il reste à procéder au remplacement des canalisations vétustes et insuffisantes. Ce programme ne pourra s’effectuer que par tranches et en suivant l’ordre d’urgence, mais si l’effort actuel peut être maintenu, comme nous l’espérons, Etampes, disposera alors très rapidement d’un service des eaux pouvant répondre en tous points à ses besoins. |
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Source: exemplaire du Bulletin municipal aux Archives Municipales d’Étampes. Saisie par Bernard Gineste, mai 2005. | ||
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Éditions
Jean LALOYAU, «Le Service des Eaux», in Bulletin Municipal d’Étampes n°1 (juillet 1963), pp. 12-15. Bernard GINESTE [éd.], «Jean Laloyau: Le Service des Eaux (1963)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-laloyau1963eaux.html, mai 2005. Toute correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome. |
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