CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Les curés du canton de Milly-la-Forêt
Manifeste en faveur du dogme de l’infaillibilité papale
3 juin 1870
     
Jean-Pierre Mabille, évêque de Versailles  
Jean-Pierre Mabile, évêque de Versailles de 1858 à 1877
 
     Le 3 juin 1870, les curés du canton de Milly réunis dans leur chef-lieu, se prononcent en faveur de la définition du dogme de l’infaillibilité papale, que le premier concile du Vatican discute alors à Rome, et qui sera effectivement proclamé le 18 juillet de la même année 1870. Ils se prononcent en ce sens sous la forme d’une lettre officiellement adressée à l’évêque de leur diocèse qui est alors celui de Versailles. Il s’agit en l’occurrence de Jean-Pierre Mabile, qui se trouve alors à Rome, et qui s’est déjà clairement déclaré en ce sens. Cette adresse sera publiée avec beaucoup d’autres dans le journal catholique L’Univers, alors dirigé par Louis Veuillot, publiciste catholique ultramontain qui mène alors une campagne assidue en ce sens. Rappelons que selon ce dogme catholique, le Souverain Pontife ne peut se tromper en aucune façon lorsqu’il se prononce de la façon solennelle quon appelle en latin ex cathedra.

Bernard Gineste, août 2018
    
      
Les curés du canton de Milly-la-Forêt
Manifeste en faveur du dogme de l’infaillibilité papale
3 juin 1870


Adresse des prêtres du canton de Milly

     À Sa Grandeur Monseigneur l’Évêque de Versailles, à Rome.

Monseigneur,

     Les prêtres du canton de Milly (diocèse de Versailles) soussignés éprouvent le besoin de redire avec quelle joie ils ont reçu la lettre de Votre Grandeur écrite à Rome, extra portam Flaminiam (1), en date du 3 décembre 1869.

     Quand un diocèse a le bonheur de posséder un 
Évêque attaché du fond de ses entrailles au Saint-Siège apostolique, et prêt à tout sacrifier pour soutenir ses droits imprescriptibles, les pasteurs secondaires n’ont qu’à recevoir ses inspirations pour conserver et donner au peuple un enseignement orthodoxe.

     La gravité des circonstances où l’Église est placée ne peut être méconnue de personne. Cependant les prêtres du canton de Milly ne croient pas nécessaire de s’adresser directement au Souverain Pontife pour témoigner de leur foi, de leur dévouement, et du désir qu’ils ont de voir ériger en dogme l’antique croyance du peuple chrétien à l’infaillibilité du Vicaire de Jésus-Christ sur la terre. — Il leur suffit de déclarer qu’ils sont étroitement unis à leur Evêque dont les sentiments sont connus à Rome.

     Ils redisent avec lui: «Si les funestes discussions qui nous divisent n’ont pas un terme, si la seule autorité qui reste debout dans le monde n’est pas affirmée hautement et ne grandit pas aux yeux des peuples, la cause catholique, la cause, sociale y perdront prodigieusement, et l’enfer aura remporté un beau triomphe On ne demande pas un dogme nouveau, mais une, définition qui sanctionne à jamais une croyance aussi ancienne que le christianisme.»

     C’est dans ces convictions qu’unis d’esprit et de cœur à leur vénérable 
Évêque, les prêtres du canton de Milly soussignés ont l’honneur d’être,

Monseigneur,
   De Votre Grandeur,                    
Les très humbles et très obéissants serviteurs.

     MM. Desmazières, curé-doyen de Milly; Dupuis, curé de Soisy-sur-École; Dabadie, curé de Puiselet-les-Marais [sic (Puiselet-le-Marais)]; Quentin, curé de Boigneville; Lion, curé de Mespuits; Delalande, curé de Valpuiseaux; Blateyron, vicaire de Milly; Boulay, curé de Courances; Quénard, curé de Maine [sic (Maisse)]; Tessier, curé de Buno; Moulin, curé de Gironville.

Milly, ce 3 juin.
     L’Univers 1126 (8 juin 1870), p. 3 (saisie de B.G., 2018). 


Jean-Pierre Mabille, évêque de Versailles  
Jean-Pierre Mabile, évêque de Versailles de 1858 à 1877,
l’un des pères du concile Vatican I.

     (1) Le Pape seul ayant droit de parler du sein de sa cité épiscopale, les Évêques, en résidence dans cette ville, transféraient par une fiction de droit leur domicile hors de son enceinte, lorsqu’ils adressaient quelques mandements ou instructions pastorales aux peuples qui leur étaient confiés. Si leurs diocèses étaient situés au nord de cette capitale du monde chrétien, par exemple, en Toscane, en Lombardie, en Savoie, en France, etc., ils faisaient fictivement élection de domicile extra portam Flaminiam, ou extra portam Pincianam. Si, au contraire, leurs diocèses étaient situés au midi de Rome, par exemple, dans la Calabre, la Sicile, etc., ils dataient canoniquement leurs lettres extra portam Cœlimontanam, ou Appiam, ou Tiburtinam, ou Latinam. Ces dernières voies conduisent vers les réglons méridionales de l’Europe, tandis que les premières conduisent vers les régions septentrionales (Lyonnet, Histoire de Mgr d’Aviau du Bois-de-Sanzay, Lyon, Pélagaud, 1847, t. 1, p. 651).
 
Source: Saisie de B. G., août 2018.
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     LES CURÉS DU CANTON DE MILLY, «Adresse à Sa Grandeur l’Évêque de Versailles, à Rome», in L’Univers 1126 (8 juin 1870), p. 3.

     Bernard GINESTE [éd.],
«Les curés du canton de Milly-la-Forêt: Manifeste en faveur du dogme de l’infaillibilité papale (3 juin 1870, in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-infaillibilite1870cantondemilly.html, 2018.



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