Mercredi matin, ont eu lieu à Ormoy-la-Rivière, les obsèques
de M. Canet, maire de la commune, décédé à l’âge
de 74 ans, après quelques jours à peine de maladie. Tous les
habitants et une foule d’Étampois l’accompagnèrent à
sa dernière demeure notamment M. Moine, sous-préfet, accompagné
de M. Sédard et M. Castelot, qui apporta les condoléances
particulières de M. Bouilloux-Lafont, conseiller général
et de la Municipalité d’Elampes. Sur la tombe, en remplacement de
M. Imbault, adjoint empêché, M. Cœuret, lieutenant, des pompiers
et conseiller municipal, a rendu hommage à M. Félix Canet
qui, enfant du pays, faisait partie comme conseiller et comme maire de l’assemblée
communale depuis plus de 40 ans.
Pendant la guerre, a-t-il dit, Canet s’est
offert spontanément pour faire le travail écrasant du secrétariat
de Mairie et jamais sa bonne humeur n’a faibli. Après la guerre il
a mis toute son énergie, tout son courage, je pourrais même
dire tout son orgueil pour élever tout près d’ici un monument
digne, de la mémoire des héros de la commune morts au champ
d’honneur. Et quand ces braves sont venus les uns après les antres
dormir de leur dernier sommeil dans la terre natale, M. Canet, les larmes
aux yeux, se faisait un devoir sacré de les accompagner et de rappeler
leurs vertus, leur dévouement, leur abnégation pour refouler
l’envahisseur.
M. Cœuret rappela également que M. Canet était
président fondateur de la Société de Secours mutuels
des sapeurs-pompiers, et qu’à ce titre il avait obtenu une mention
honorable de la Mutualité, et lui fit à cet homme que tout
le monde aimait comme un père de famille et dont la vie fut si digne
et si bien remplie un éternel adieu.
Puis M. Moine, sous-préfet d’Étampes,
vint rendre un dernier hommage au regretté maire d’Ormoy-la-Rivière,
dont la, vie n’a cessé d’être un exemple de bonté, un
exemple de modestie aussi:
Car M. Félix Canet, a-t-il dit, fut
bien avant tout un sincère et un modeste. Modeste certes, il l’était.
Messieurs, de cette modestie faite de sagesse, de modération et de
dignité. C’est pourquoi le trouviez-vous toujours au-dessus de sa
fortune et remarquez-vous dans sa conduite ces trois caractères de
la véritable sagesse: qu’élevé sans empressement aux
premiers honneurs de sa commune, il a vécu aussi modeste que dans
l’obscurité.
Que dans ces délicates fonctions, soit qu’il
nous paraisse comme Maire chargé de la gestion des intérêts
communaux et comme magistrat chargé de l’exécution des lois,
ou que nous le considérions dans son rôle paternel de médiateur
et de conseiller, il n’a jamais regardé que le bien public et s’est
trouvé toujours supérieur à ses intérêts.
Et qu’enfin arrivé dans une paisible vieillesse,
prêt à rendre avec son âme le dépôt de l’autorité
si justement confié à ses soins, il a vu disparaître
toute sa grandeur avec sa vie sans qu’il lui en ait coûté un
seul soupir, tant il avait mis en haut lieu et inaccessibles à la
mort ses sentiments de dévouement à ses concitoyens, d’impartialité
généreuse et la noblesse de ses aspirations démocratiques.
M. Moine dit ensuite qu’en gravant sur la modeste pierre
du tombeau de M. Canet: «Maire et conseiller municipal de la commune
pendant 40 ans», ces quelques mots vaudraient mieux que tous les discours
pour honorer cet homme qui pratiquait la politique que les sages appliquent
dons tous les pays: la politique de la concorde, de la justice et au dévouement;
puis il s’inclinait devant la tombe du bon citoyen, du brave homme, du maire
impartial, estimé et dévoué, unanimement respecté,
que la population entière d’Ormoy-la-Rivière est venue accompagner
avec lui, à sa dernière demeure.
Nous prions la famille de M. Canet d’accepter nos condoléances
émues.
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L’Abeille
d’Étampes 111/11 (18 mars 1922), p. 2, sous la rubrique «
Carnet de deuil » (Saisie de Bernard Gineste, 2017)
Tombe d’un poilu à Ormoy-la-Rivière
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