Corpus Historique Étampois
 
Cœuret et Léon Moine
Oraisons funèbres pour Félix Canet maire d’Ormoy-la-Rivière
15 mars 1922
     
La mairie d'Ormoy-la-Rivière (cliché d'Eugène Rameau)  
La mairie d’Ormoy-la-Rivière (cliché d’Eugène Rameau)

     On trouvera ici deux oraisons funèbres prononcée le 15 mars 1922 devant la tombe de Félix Canet qui avait été maire d’Ormoy-la-Rivière à deux reprises, d’abord de 1898 à 1900 puis à nouveau de 1919 à 1922. La première est due à M. Cœuret, lieutenant des pompiers et conseiller municipal d’Ormoy. La seconde fut prononcée, avec son éloquence méconnue, par Léon Moine, qui fut le dernier sous-préfet d’Étampes avant la longue éclipse de son arrondissement.
Bernard Gineste, 2017
  
Cœuret et Léon Moine
Oraisons funèbres pour Félix Canet maire d’Ormoy
15 mars 1922
 

     Mercredi matin, ont eu lieu à Ormoy-la-Rivière, les obsèques de M. Canet, maire de la commune, décédé à l’âge de 74 ans, après quelques jours à peine de maladie. Tous les habitants et une foule d’Étampois l’accompagnèrent à sa dernière demeure notamment M. Moine, sous-préfet, accompagné de M. Sédard et M. Castelot, qui apporta les condoléances particulières de M. Bouilloux-Lafont, conseiller général et de la Municipalité d’Elampes. Sur la tombe, en remplacement de M. Imbault, adjoint empêché, M. Cœuret, lieutenant, des pompiers et conseiller municipal, a rendu hommage à M. Félix Canet qui, enfant du pays, faisait partie comme conseiller et comme maire de l’assemblée communale depuis plus de 40 ans.

     Pendant la guerre, a-t-il dit, Canet s’est offert spontanément pour faire le travail écrasant du secrétariat de Mairie et jamais sa bonne humeur n’a faibli. Après la guerre il a mis toute son énergie, tout son courage, je pourrais même dire tout son orgueil pour élever tout près d’ici un monument digne, de la mémoire des héros de la commune morts au champ d’honneur. Et quand ces braves sont venus les uns après les antres dormir de leur dernier sommeil dans la terre natale, M. Canet, les larmes aux yeux, se faisait un devoir sacré de les accompagner et de rappeler leurs vertus, leur dévouement, leur abnégation pour refouler l’envahisseur.

     M. Cœuret rappela également que M. Canet était président fondateur de la Société de Secours mutuels des sapeurs-pompiers, et qu’à ce titre il avait obtenu une mention honorable de la Mutualité, et lui fit à cet homme que tout le monde aimait comme un père de famille et dont la vie fut si digne et si bien remplie un éternel adieu.

     Puis M. Moine, sous-préfet d’Étampes, vint rendre un dernier hommage au regretté maire d’Ormoy-la-Rivière, dont la, vie n’a cessé d’être un exemple de bonté, un exemple de modestie aussi:

     Car M. Félix Canet, a-t-il dit, fut bien avant tout un sincère et un modeste. Modeste certes, il l’était. Messieurs, de cette modestie faite de sagesse, de modération et de dignité. C’est pourquoi le trouviez-vous toujours au-dessus de sa fortune et remarquez-vous dans sa conduite ces trois caractères de la véritable sagesse: qu’élevé sans empressement aux premiers honneurs de sa commune, il a vécu aussi modeste que dans l’obscurité.
     Que dans ces délicates fonctions, soit qu’il nous paraisse comme Maire chargé de la gestion des intérêts communaux et comme magistrat chargé de l’exécution des lois, ou que nous le considérions dans son rôle paternel de médiateur et de conseiller, il n’a jamais regardé que le bien public et s’est trouvé toujours supérieur à ses intérêts.
     Et qu’enfin arrivé dans une paisible vieillesse, prêt à rendre avec son âme le dépôt de l’autorité si justement confié à ses soins, il a vu disparaître toute sa grandeur avec sa vie sans qu’il lui en ait coûté un seul soupir, tant il avait mis en haut lieu et inaccessibles à la mort ses sentiments de dévouement à ses concitoyens, d’impartialité généreuse et la noblesse de ses aspirations démocratiques
.

     M. Moine dit ensuite qu’en gravant sur la modeste pierre du tombeau de M. Canet: «Maire et conseiller municipal de la commune pendant 40 ans», ces quelques mots vaudraient mieux que tous les discours pour honorer cet homme qui pratiquait la politique que les sages appliquent dons tous les pays: la politique de la concorde, de la justice et au dévouement; puis il s’inclinait devant la tombe du bon citoyen, du brave homme, du maire impartial, estimé et dévoué, unanimement respecté, que la population entière d’Ormoy-la-Rivière est venue accompagner avec lui, à sa dernière demeure.

     Nous prions la famille de M. Canet d’accepter nos condoléances émues.

LAbeille d’Étampes 111/11 (18 mars 1922), p. 2, sous la rubrique « Carnet de deuil » (Saisie de Bernard Gineste, 2017)



Tombe d'un poilu à Ormoy-la-Rivière
Tombe d’un poilu à Ormoy-la-Rivière

   
Source: L’Abeille d’Étampes 111/11 (18 mars 1922), p. 2 (saisie de Bernard Gineste, 2017)
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     L’Abeille d’Étampes 111/11 (18 mars 1922), p. 2.

     Bernard GINESTE [éd.], «M. Coeuret et Léon Moine: Oraisons funèbres pour Félix Canet maire d’Ormoy-la-Rivière (15 mars 1922)
», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-felixcanet1922abeille18mars.html, 2017.


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