Raymond Marchand, F.F.I.
Drapeau et fanion de
commandement de la Lutwaffe
trophées recueillis à Étampes
en août 1944
1) Deux drapeaux de commandement
Il s’agit d’un drapeau de commandement (Befehlsflagge) d’un type postérieur
à 1942, avec le fanion de voiture correspondant.
Le drapeau de hampe mesure 39,0 cm sur 23,8 et le fanion 39,8 cm sur 24,5.
Ce sont ceux d’un bataillon d’Artillerie anti-aérienne
de la Luftwaffe. C’est en effet l’une des originalités de l’armée
allemande que d’avoir intégré l’arme anti-aérienne (la
Flak) à son armée de l’air (et non à
son armée de terre, cas de loin le plus fréquent, notamment
en ce qui concerne la France). En l’occurrence, ce
bataillon appartenait au Flakregiment 155 West, quoique la couleur des bandes
ne soit pas inversée comme c’était d’usage pour les bataillons
de DCA.
Ce régiment était spécialisé
dans le lancement des V1. L’unité chargée du déploiement
du FZG 76 ou V1 était le Flak Regiment 155 (w), unité dépendante
de la Luftwaffe, composée initialement de huit Abteilungen
(bataillons). Chaque Abteilung se divisait en quatre Batterie
composées chacune de quatre rampes de lancement:
— Le
I./ Flak Regiment 155 (w) ou I./ Abteilung (1er bataillon) couvrait une
zone s’étalant du département du Nord au Pas-de-Calais
— Le
II./ Flak Regiment 155 (w) ou II./ Abteilung (2ème bataillon) couvrait
le Sud du Pas-de-Calais et le Nord du département de la Somme
— les
III./ Flak Regiment 155 (w), IV./ Flak Regiment 155 (w) et V./ Flak Regiment
155 (w) étaient déployés en Seine-Maritime
— les
VI./ Flak Regiment 155 (w), VII./ Flak Regiment 155 (w) en Normandie à
l’Est de Caen
— le
VIII./ Flak Regiment 155 (w) avec une partie du VI./ Flak Regiment 155 (w)
dans le Cotentin
Un de ces bataillons
essaya de défendre Étampes en août 1944, en vain.
2) Comment ils furent
recueillis
Ces drapeaux furent récupérés
sur la base d’Étampes par Raymond Marchand (1921-2012), FFI, chef
de section au futur 1er bataillon d’Eure-et-Loir, sous le Commandant Sinclair
(Maurice Clavel), alors que la colonne Valin formée justement à
Chartres s’était arrêtée sur la base pour être
équipée à l’américaine (1) avant de se lancer vers Paris pour libérer
la Capitale.
Cette colonne était formée, entre autres,
d’un groupe de FFI qui sera le futur 1er Bataillon d’Eure-et-Loir, provenant
d’un maquis de la région de Beaumont-les-Autels commandé par
le baron Antoine de Layre. Elle avait libéré Nogent-le-Rotrou
avec une certaine audace et aussi un grand risque, puis, le 19 août,
Chartres, où
il fut décidé, du fait de sa valeur militaire, de l’intégrer
à l’armée de libération.
Le général de Gaulle assiste alors à un Te Deum dans l’église
Notre-Dame de Chartres, le 23 août. Sur le cliché reproduit
ci-dessous on voit Raymond Marchand dans la haie d’honneur que font des FFI
de la région au général à sa sortie de la messe.
On y constate effectivement qu’il n’est pas encore en uniforme, et porte
même un short visiblement élimé.
“Regroupés
à Chartres au sein de la Colonne Valin, les FFI montent sur Paris et
entrent par la Porte d’Orléans aux côtés de la 2e Division
Blindée. Dans la matinée du 25 août, le Colonel Fabien
reçoit l’ordre de s’emparer du Palais du Luxembourg. 600 Allemands,
lourdement armés, y sont retranchés et déterminés
à tenir la position. Fabien, en plus de deux pelotons du capitaine
de Boissieu, dispose de 300 combattants et parmi eux, des résistants
venus d’Eure-et-Loir. Il y a là Maurice Clavel, Silvia Monfort, Christian
Vieljeux, André Doléans, Jacques Letourneau. […] L’attaque
est lancée. Des tirs violents stoppent la progression. [...]. Les défenseurs
du Sénat capitulent en fin de journée [...].
” (1)
Ce bataillon participera
ensuite aux combats de Royan et de la pointe de Grave et du rétablissement
de l’ordre républicain à Bourges, et termina la guerre au
Luxembourg, le tout sous le nom de 1er bataillon d’Eure-et-Loir qui devint
ensuite le 131e R.I. |
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3) Une anecdote relative à
Étampes
Admiratifs des Américains qui lors de cette
marche triomphale distribuaient rations et bonbons, certains éléments,
vexés de n’avoir rien à donner alors qu’ils portaient l’uniforme
américain, se faisant engueuler et traiter de radins par la
population, trouvèrent à à Etampes des stocks de serviettes féminines (2), et les distribuèrent à la volée
en fonçant sur Paris. On peut s’interroger sur l’accueil que firent
à ces distributions certains enfants et leurs familles... Mais cet
épisode est bien dans l’esprit de cette explosion de joie que
fut la Libération, esprit, comme disait les Américains, très
français.
D’après les souvenirs
de Raymond Marchand, au rapport de son fils (mai 2012).
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(2)
Nouvelle preuve du grand nombre d’auxilaires féminines de l’armée
d’occupation allemande à Étampes, qu’on y appelait les souris
grises (B. G.).
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De Gaulle à Notre-Dame de Chartres après
le Te Deum le 23 août. A gauche, en short: Raymond Marchand
On trouvera une vidéo de
la même scène sur le site de l’INA (Institut national de l’audiovisuel),
ici, en ligne en 2012.
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BIBLIOGRAPHIE
PROVISOIRE
Édition
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