Corpus Historique Étampois
 
Gaston Pinguenet
Le 7e de Spahis algériens à Villemartin
photographies des 28 et 29 juin 1958
     
Le 7e régiment de Spahis algériens à Villemartin (29 juin 1958)
On peut voir une plus grande version de ce cliché en cliquant ici.


     Un Morignacois a tout d’abord communiqué ce cliché énigmatique d’un régiment de Spahis à la ferme de Villemartin à Jacques Corbel, qui nous l’a transmis par mail le 25 août. Nous avons mis en ligne un appel à témoin le 30 août.
     Grâce à l’entregent de Jean-Claude Pommereau, d’Étréchy, nous avons reçu dès le 9 septembre des informations de M. Thierry Moné, de l’Association Le Burnous, association amicale des Spahis fondée en 1895, et, de là, de M. 
Daniel Guédras, conservateur du musée des Spahis de Senlis, qui a pu trouver trace de deux des hommes photographiés en cette occasion et d’autres photographies les représentant. 
     Par ailleurs M. Bernard Minet, d’Étampes, a pu se procurer et nous a communiqué dès le 14 septembre des précisions, et de nouvelles photographies de ce petit événement local, prises par M. Gaston Pinguenet, soigneusement annotées, et actuellement conservées par sa fille, Mme Bénard. Que chacun soit ici chaleureusement remercié de la part qu’il a prise à cette petite enquête.
     N’hésitez pas à nous faire parvenir d’autres souvenirs, photographies ou coupures de presse relatifs à cet événement.
 
Bournazel Un régiment de Spahis algériens à Villemartin

     Voici ce qui découle des informations qui nous ont été communiquées à ce jour. Probablement à l’occasion de la fête Arts & Sports de 1958, il fut décidé de donner une fantasia à Villemartin. Contact fut pris à cet effet avec la fanfare et les cavaliers du 7e Régiment de Spahis Algériens de Senlis. Ce régiment fut dissous quatre ans plus tard, dernier survivant des spahis à cheval, les autres ayant été soit dissous ou mécanisés. Il défilait souvent à Paris à l’occasion du 14 juillet.

     Monsieur Gaston Pinguenet, personnage bien connu des vieux Étampois musiciens et cinéphiles, photographia l’arrivée en gare d’Étampes de ce régiment le 28 juin. Il note la présence d
un certain capitaine Bourriche, surnommé Bournazel, peut-être parce qu’il avait fait campagne au Maroc contre le redoutable rebelle Abd-el-Krim avec le véritable Bournazel, mort au combat en février 1933. Cétait en tout cas un cavalier émérite qui avait remporté de nombreux concours hippiques. Par ailleurs M. Daniel Guédras a depuis pu identifier le cavalier au centre de cette photographie: cest le Trompette Major Raymond Mizzi.

     La troupe, sans doute cantonnée à la ferme de Villemartin (?), donna son spectacle le lendemain, qui fut conclu par un méchoui d’honneur. Rappelons que la guerre d’Algérie battait alors son plein, puisqu’elle s’est déroulée de 1954 à 1962, date à laquelle le général de Gaulle accorda l’indépendance aux départements d’Algérie.


Six photographies de Gaston Pinguenet
(avec les légendes qu’il leur a données)

1. Étampes, 28 juin 1958

Débarquement du 7e Spahis.

     Au premier plan le capitaine Bourriche (alias Bournazel qui fit campagne contre Abd-el-Krim) [comprenez sans doute surnommé Bournazel, du nom du célèbre Bournazel qui avait fait campagne contre Abd-el-Krim au Maroc et y était mort au champ d’honneur en  février 1933 (B.G.)].
Débarquement du 7e Spahis à Etampes le 28 juin 1958
2. Étampes, 28 juin 1958

Débarquement du 7e Spahis.
Débarquement du 7e Spahis à Etampes le 28 juin 1958
3. Étampes, 28 juin 1958

Débarquement du 7e Spahis.
Débarquement du 7e Spahis à Etampes le 28 juin 1958
4. Villemartin, 29 juin 1958

Évolution d’un peloton.
Évolution d'un peloton.
5. Villemartin, 29 juin 1958

Préparatifs de départ d’un peloton pour la fantasia.
Préparatifs de départ d'un peloton pour la fantasia.
6. Villemartin, 29 juin 1958

Présentation des neufs moutons rôtis pour le méchoui d’honneur.


Présentation des neufs moutons rôtis pour le méchoui d'honneur.

Le 7e régiment de Spahis algériens à Villemartin (29 juin 1958)
Courriel de M. Thierry Moné
 
     A propos de l’appel à identification concernant le cliché des spahis à la ferme de Villemartin, je peux vous apporter les éléments suivants :
      1. Il ne s’agit pas d’un régiment de spahis marocains, mais d’un régiment de spahis algériens et, très vraisemblablement de la fanfare et de cavaliers appartenant au 7e Régiment de Spahis Algériens de Senlis.
     2. Le cliché a été pris après la Seconde Guerre mondiale et avant 1962, année de sa dissolution. Ce régiment était le dernier survivant des spahis à cheval au moment de sa dissolution, les autres ayant été ou dissous ou mécanisés. Il défilait souvent à Paris à l’occasion du 14 juillet.
      3. Il ne reste plus aujourd’hui qu’un seul régiment de spahis dans l’Armée française: le 1er Régiment de Spahis (d’origine et de traditions marocaines), basé à Valence (Drôme) et équipé principalement de véhicules blindés à roues du type AMX 10RC.
      4. Pour d’autres renseignements et des références bibliographiques, consultez le site de l’association des anciens spahis, Le Burnous:
http://perso.wanadoo.fr/le.burnous/ [...]
 Thierry Moné (courriel du samedi 9 septembre 2006).
Courriel de M. Bernard Minet

     Suite à notre conversation lors du forum des associations, quelques informations sur la photo énigmatique des spahis à Villemartin:
     Il s’agit de la fantasia des spahis qui a eu lieu le 29 juin 1958 probablement à l’occasion de la fête "Arts & Sports".
     Je joins à ce message 6 clichés appartenant à Mme BÉNARD, fille de l’auteur des photos M. Gaston PINGUENET personnage bien connu des vieux Étampois musiciens et cinéphiles.
     A suivre...
Bernard Minet (courriel du mardi 14 septembre 2006)
Courriels de M. Thierry Moné

     En lisant votre très intéressant communiqué à propos des Spahis du 7e Algériens, je note cependant une affirmation qui pourrait prêter à confusion: "Monsieur Gaston Pinguenet [...] note la présence du célèbre capitaine Bourriche, alias Bournazel, qui avait fait campagne au Maroc contre le célèbre et redoutable rebelle Abd-el-Krim. Bournazel, depuis la fin des années 30, était en France l’objet d’une sorte de culte patriotique.."
     En lisant cette phrase, le lecteur non averti pourrait facilement conclure que le capitaine en question (que l’on voit sur l’une des photographies complémentaires) n’est autre que le fameux Bournazel. Il n’en est rien, bien sûr, car Henri de Bournazel (le vrai) avait servi au 7e RSA en 1921, puis chez les spahis marocains (22e et 23e RSM) et au 3e RSA (1931), avant de prendre le poste de chef des Affaires Indigènes de Rissani en 1932. Il fut tué à la tête de ses partisans, fin février 1933 au Djebel Sagho (Maroc). Bournazel fut en effet l’objet d’un certain "culte", exploité surtout sous le gouvernement de Vichy et les hagiographies le concernant ne manquent pas: il aurait été tué le jour où il n’avait pas revêtu sa vareuse rouge, censée lui apporter... la Baraka. [...]
     Je pense qu’il s’agissait là d’un simple surnom amicalement donné un jour et conservé par l’usage. Il se peut en effet que l’intéressé ait combattu dans sa jeunesse comme auxiliaire ou comme spahi dans l’une des unités chargée de parfaire la "pacification" du Maroc.
      Plus près de nous, quand je suis arrivé pour la première fois au 1er Régiment de Spahis (de traditions marocaines) à Spire, en Allemagne en 1982, j’ai été accueilli par un dénommé "Kartouche" qui était au départ un spahi algérien et qui avait réussi à rester en service dans l’armée française. Il était connu de tous et portait fièrement son équipement d’origine les jours de fête (cartouchière rouge, burnous, etc.). Il savait préparer le méchoui comme nul autre, allant choisir la ou les bêtes sur pied et les abattant lui-même, au grand dam des autorités allemandes. Quand le 1er RS déménagea sur Valence (Drôme) en 1985, le pauvre Kartouche disparut... ce qui n’était pas rare car il sombrait parfois dans "la mélancolie". Mais cette fois on le retrouva un mois plus tard à l’institut médico-légal car il avait été assassiné dans des bas-fonds parisiens... [...]

Thierry Moné (courriels du samedi 16 septembre 2006).
Courriel de M. Daniel Guédras

     Avec un petit temps de retard, je pense pouvoir apporter quelques précisions.
     Dans la photo de la fanfare, le Trompette Major est l’Adjudant-chef Mizzi, je joint à cet effet une photo prise vers la même époque à Senlis, le cadre de cette photo étant pratiquement identique à celle de Villemartin.
     Quant au Lieutenant Bourriche, c’était un personnage célèbre du 7° RSA, cavalier émérite vainqueur de nombreux concours, je joins deux photos, la première ou on le voit alors capitaine en compagnie du Lieutenant de Jabrun, et une autre ou on peut apprécier sa façon de saluer. [...]

Daniel Guédras (courriel du lundi 18 septembre 2006)
Annexe
Photos des mêmes conservées au Musée des Spahis de Senlis

aimablement communiquées par M. Daniel Guédras, conservateur de ce musée (courriel du lundi 18 septembre 2006)

Bourriche Lieutenant
Bourriche Capitaine
Bourriche Lieutenant
Le Lieutenant Bourriche,
vainqueur de nombreux Concours Hippiques,
sur Bir-Tam-Tam
Le Capitaine Bourriche
en compagnie du
Lieutenant de Jabrun
Un salut du
Lieutenant Bourriche,
qui ne manque pas d’allure...

Le Trompette Major Raymond Mizzi
Le Trompette Major Raymond Mizzi, à Senlis, vers la même époque.
© Musée des Spahis de Senlis
Sources des images: Courriel de Jacques Corbel en date du 25 août 2006, suivi en septembre de courriels de Bernard Minet et de Daniel Guédras. 
 
   
BIBLIOGRAPHIE

     Jacques CORBEL, Jean-Claude POMMEREAU, Thierry MONÉ, Mme BÉNARD, Bernard MINET & Daniel GUÉDRAS, «Gaston Pinguenet: Le 7e de Spahis algériens à Villemartin (6 ou 7 clichés des 28 et 29 juin 1958)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19580629spahis-villemartin.html, 2006.

Bournazel Sur Bournazel

     Bournazel, depuis la fin des années 30, était en France l’objet d’une sorte de culte patriotique, qui semble s’être accentué sous l’Occupation, où il incarnait avec quelques autres (dont le maréchal Pétain) la grandeur encore toute récente d’une nation humiliée, qui gardait encore du moins la fierté de son immense empire colonial.

     Henry BORDEAUX (1870-1963), L’Epopée marocaine, Henry de Bournazel [in-16; 359 p.; planches], Paris, Plon, 1935. Réédition [in-16; 128 p.], Paris, Plon, 1939. [in-16; 359 p.; planches; carte], Paris, Plon, 1941.

     Maurice GROLLEAU, Trois héros de France: un fidèle, Charles d’Artagnan... Un ange victorieux, Hélène Boucher... Un chef, Henry de Bournazel... [in-4° (25,5 cm sur 18,5); 168 p.; portraits; lettre-préface par S. Decoux], Saïgon, L. Feuillet, sans date.

     PALUEL-MARMONT, Bournazel, l’homme rouge [in-16; 96 p.; figures (dessins de Pierre Noël); couverture de G. de Sainte-Croix], Paris, Denoël [«La Fleur de France. Les grands capitaines» 8], 1942.

     Albert RÈCHE, Bournazel, le cavalier rouge [in-16 (19 cm sur 12; 190 p.], Paris, Edition des loisirs [«Collection l’Ame de la France»], 1943. Réédition: 1946.

Sur les Spahis
 
     LE BURNOUS (Association amicale des Spahis fondée en 1895), Bienvenue sur le Burnous [site officiel], http://perso.orange.fr/le.burnous/, en ligne en 2006.

Publications de Thierry Moné

     Thierry MONÉ, Les Spahis du 1er Marocains, Lavauzelle, 1998.
     Thierry MONÉ & Jean-François TIXIER, Les Insignes des Spahis, Lavauzelle, 1999.
     Thierry et Mary MONÉ, Du Burnous rouge au Burnous Bleu, Les Spahis du 1er Marocains dans la Grande Guerre, Lavauzelle, 2004.
     Thierry et Mary MONÉ, Burnous Bleu Tombô Vert, Les Spahis du 1er Marocains dans l’Entre-deux-guerres au Levant, La Gandoura (amicale du 1er Régiment de Spahis) [208 p.; tirage hors commerce à 600 exemplaires numérotés], Valence, 2005.
     Thierry MONÉ,
«Du toug à l’étendard, dix emblèmes pour les Spahis du 1er Marocains», in Revue historique des Armées 240 (2005), pp. 92-102.
     Thierry MONÉ, Du Toug à l’Etendard, les emblèmes des Spahis du 1er Marocains de 1914 à nos jours [80 p.; tirage hors commerce à 500 exemplaires numérotés], Valence, La Gandoura (amicale du 1er Régiment de Spahis) & Calot Rouge et Croix de Lorraine (amicale du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains), 2005.
     Thierry MONÉ, Les Burnous Bleus sur les Chemins du Devoir 1939-1947 [en préparation en 2006 (sortie en avril 2007), bon de souscription sur le site du Burnous].
 

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