A. Pommier
Étampes en 1837
Encyclopédie
du commerçant, tome 1, pp. 903-904.
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ÉTAMPES,
ch.-lieu du 5e arrond. du département de Selne-et-Oise, à treize
lieues de Paris, mérite une mention particulière. — Placée
à l’une des entrées des provinces fertiles de la Beauce et du
Gâtinais; traversée par la grande route de Paris à Orléans,
coupée en tous sens par quatre petites rivières qui se divisent
en diverses branches, elle est le centre actif d’un grand commerce de grains,
et surtout d’une fabrication considérable de farines de froment, pour
l’approvisionnement de la capitale. Chaque samedi, les fermiers de la Beauce
et du Gâtinais viennent apporter au marché d’Étampes les
échantillons des grains à vendre, certains d’y trouver un débouché
facile et constant. — En effet, les moulins qui s’approvisionnent sur ce
marche sont très nombreux, et comprennent ceux de la ville même,
et ceux des vallées à deux ou trois lieues à la ronde.
— Dans l’état actuel des choses, les moulins comptent environ cent
dix paires de petites meules, dites à l’anglaise, et quarante à
quarante-cinq paires de meules à la française, dont la consommation
moyenne n’est pas moindre do 8,000 hectolitres de blé par jour. I.es3/4
de cette quantité [p.904] se rendent sur le marché d’Etampes. C’est donc 10,000
hectolitres de blé qui viennent chaque semaine s’engloutir dans les
usines d’Étampes, pour y être transformés en farines,
lesquelles ensuite sont, pour la plus grande partie, dirigées sur
Paris. La quantité de ces farines expédiées d’Étampes
sur Paris et sa banlieue n’est pas moindre de 1,000 sacs par jour; soit 159,000
kilog, qui forment à peu près la moitié de la consommation
de la capitale.
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On voit qu’Étampes peut être regardé, sans contredit,
comme le point le plus important du rayon où Paris s’approvisionne
des farines nécessaires à l’alimentation de ses 600 boulangeries;
et c’est non seulement à cause de l’importance de cette fabrication,
que cette ville mérite d’être citée, mais encore par la
qualité de ses produits. Nulle part, dans le rayon d’approvisionnement
de Paris, l’art de la meunerie n’a fait plus de progrès qu’à
Etampes; ses moulins ont pour la plupart adopté les perfectionnemens
que la science, aidée de l’expérience, a introduits dans les
mécanismes, et les usines de Pierre-Brou, de Vaux, de Chagrenon, de
Bourray et de l’Épine, peuvent être citées comme de magnifiques
manufactures, où la transformation du blé en farine est un
art véritable, soumis à des règles et à des calculs
fixes, comme l’art de filer la laine et le coton.
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Depuis bientôt deux années on voit fonctionner à Etampes
une des applications les plus ingénieuses et les plus utiles de la
science à l’épuration des grains. M. de Maupeou y a établi,
comme modèle, un appareil qui lave et sèche les blés
avec une rare perfection, dans l’espace de quinze à dix-sept minutes.
Celte machine nettoie 300 hectolitres de grains en vingt-quatre heures.
Jusqu’ici elle a été appliquée presque exclusivement
aux blés cariés qui se trouvent toujours en assez grand nombre
sur les marchés d’Etampes; mais il est démontré que
tous les blés, quelles que soient leur netteté et leur propreté
apparente, ont besoin, pour être véritablement nettoyés,
d’être soumis à ce mode d’épuration. Nous n’hésitons
pas à dire que cette découverte est une des plus belles et
des plus généreuses qui aient été faites depuis
long-temps.
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Outre le commerce de blés et de farines, Etampes fait encore celui
des avoines pour la consommation de Paris. Les avoines de ce pays sont en
général de première qualité. Les seigles et orges
s’y vendent en quantité minime; cependant le commerce de ces grains
secondaires y est encore assez actif, surtout lorsque Orléans y fait
des demandes de farines communes; sortes dont les populations voisines des
bords de la Loire font chaque année une grande consommation, au moment
des moissons et des vendanges. |
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Depuis que les troupeaux de moutons mérinos se sont augmentés
et perfectionnés dans la Beauce, Etampes fait aussi un commerce considérable
de laines. Le lavage et le triage des laines qui y occupaient, il y a quinze
ans, 300,000 fr. à peine, s’y fait aujourd’hui sur une immense échelle,
et on y compte plusieurs maisons qui opèrent chacune sur 5 à
600,000 fr. et 1,000,000. Cette précieuse industrie y marche à
grands pas, et tend encore a s’accroître.
A. POMMIER
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Appareil Maupéou pour la conservation des grains (1846)
Toute critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Éditions
A. POMMIER (directeur de l’Écho
des Halles), «Étampes», in GUILLAUMIN
[dir.], Encyclopédie du commerçant. Dictionnaire du commerce
et des marchandises contenant tout ce qui concerne le commerce de terre et
de mer. Tome premier (A-F), Paris, Victor Lecou, 1837, pp. 903-904.
Rééditions
en 1841 et 1852, sans changement dans le texte de cet article, aux mêmes
pages (et ce alors qu’il est nettement périmé, spécialement
en ce qui concerne l’appareil de Meaupou, en 1852).
Bernard GINESTE [éd.], «A. Pommier: Étampes en 1837
(Encyclopédie du commerçant, tome 1)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-pommier1837etampes.html,
2011.
Sur la machine de Meaupou
Bernard GINESTE [éd.], «Divers
auteurs: L’appareil d’Auguste
de Meaupou (1834-1878)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/cee-meaupou.html,
2011.
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