CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
A. Pommier
Étampes en 1837
Encyclopédie du commerçant, tome 1
     
Une rue d'Etampes en 1828 (détail d'une gravure de Civeton)
Une rue dÉtampes en 1828 (détail d'une gravure de Civeton)

     Il n’est pas inintéressant de relire cette brève synthèse sur la place d’Étampes et de son arrière-pays dans l’économie de la France en 1837. Voici ce que se devait d’en savoir alors tout bon commerçant francophone, d’après un connaisseur en la matière, A. Pommier, directeur d’un périodique de référence: L’Écho des Halles.
Bernard Gineste, 23 mars 2011.
 

A. Pommier
Étampes en 1837
Encyclopédie du commerçant, tome 1, pp. 903-904.



ÉTAMPES, ch.-lieu du 5e arrond. du département de Selne-et-Oise, à treize lieues de Paris, mérite une mention particulière. — Placée à l’une des entrées des provinces fertiles de la Beauce et du Gâtinais; traversée par la grande route de Paris à Orléans, coupée en tous sens par quatre petites rivières qui se divisent en diverses branches, elle est le centre actif d’un grand commerce de grains, et surtout d’une fabrication considérable de farines de froment, pour l’approvisionnement de la capitale. Chaque samedi, les fermiers de la Beauce et du Gâtinais viennent apporter au marché d’Étampes les échantillons des grains à vendre, certains d’y trouver un débouché facile et constant. — En effet, les moulins qui s’approvisionnent sur ce marche sont très nombreux, et comprennent ceux de la ville même, et ceux des vallées à deux ou trois lieues à la ronde. — Dans l’état actuel des choses, les moulins comptent environ cent dix paires de petites meules, dites à l’anglaise, et quarante à quarante-cinq paires de meules à la française, dont la consommation moyenne n’est pas moindre do 8,000 hectolitres de blé par jour. I.es3/4 de cette quantité [p.904] se rendent sur le marché d’Etampes. C’est donc 10,000 hectolitres de blé qui viennent chaque semaine s’engloutir dans les usines d’Étampes, pour y être transformés en farines, lesquelles ensuite sont, pour la plus grande partie, dirigées sur Paris. La quantité de ces farines expédiées d’Étampes sur Paris et sa banlieue n’est pas moindre de 1,000 sacs par jour; soit 159,000 kilog, qui forment à peu près la moitié de la consommation de la capitale.


     On voit qu’Étampes peut être regardé, sans contredit, comme le point le plus important du rayon où Paris s’approvisionne des farines nécessaires à l’alimentation de ses 600 boulangeries; et c’est non seulement à cause de l’importance de cette fabrication, que cette ville mérite d’être citée, mais encore par la qualité de ses produits. Nulle part, dans le rayon d’approvisionnement de Paris, l’art de la meunerie n’a fait plus de progrès qu’à Etampes; ses moulins ont pour la plupart adopté les perfectionnemens que la science, aidée de l’expérience, a introduits dans les mécanismes, et les usines de Pierre-Brou, de Vaux, de Chagrenon, de Bourray et de l’Épine, peuvent être citées comme de magnifiques manufactures, où la transformation du blé en farine est un art véritable, soumis à des règles et à des calculs fixes, comme l’art de filer la laine et le coton.


     Depuis bientôt deux années on voit fonctionner à Etampes une des applications les plus ingénieuses et les plus utiles de la science à l’épuration des grains. M. de Maupeou y a établi, comme modèle, un appareil qui lave et sèche les blés avec une rare perfection, dans l’espace de quinze à dix-sept minutes. Celte machine nettoie 300 hectolitres de grains en vingt-quatre heures. Jusqu’ici elle a été appliquée presque exclusivement aux blés cariés qui se trouvent toujours en assez grand nombre sur les marchés d’Etampes; mais il est démontré que tous les blés, quelles que soient leur netteté et leur propreté apparente, ont besoin, pour être véritablement nettoyés, d’être soumis à ce mode d’épuration. Nous n’hésitons pas à dire que cette découverte est une des plus belles et des plus généreuses qui aient été faites depuis long-temps.


     Outre le commerce de blés et de farines, Etampes fait encore celui des avoines pour la consommation de Paris. Les avoines de ce pays sont en général de première qualité. Les seigles et orges s’y vendent en quantité minime; cependant le commerce de ces grains secondaires y est encore assez actif, surtout lorsque Orléans y fait des demandes de farines communes; sortes dont les populations voisines des bords de la Loire font chaque année une grande consommation, au moment des moissons et des vendanges.

     Depuis que les troupeaux de moutons mérinos se sont augmentés et perfectionnés dans la Beauce, Etampes fait aussi un commerce considérable de laines. Le lavage et le triage des laines qui y occupaient, il y a quinze ans, 300,000 fr. à peine, s’y fait aujourd’hui sur une immense échelle, et on y compte plusieurs maisons qui opèrent chacune sur 5 à 600,000 fr. et 1,000,000. Cette précieuse industrie y marche à grands pas, et tend encore a s’accroître.

A. POMMIER



Appareil Meaupou pour la conservation des grains (1846)
Appareil Maupéou pour la conservation des grains (1846)

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     A. POMMIER (directeur de l’Écho des Halles), «Étampes», in GUILLAUMIN [dir.], Encyclopédie du commerçant. Dictionnaire du commerce et des marchandises contenant tout ce qui concerne le commerce de terre et de mer. Tome premier (A-F), Paris, Victor Lecou, 1837, pp. 903-904.

     Rééditions en 1841 et 1852, sans changement dans le texte de cet article, aux mêmes pages (et ce alors qu’il est nettement périmé, spécialement en ce qui concerne l’appareil de Meaupou, en 1852).

    Bernard GINESTE [éd.],
«A. Pommier: Étampes en 1837 (Encyclopédie du commerçant, tome 1)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-pommier1837etampes.html, 2011.

Sur la machine de Meaupou

    Bernard GINESTE [éd.], «Divers auteurs: L’appareil dAuguste de Meaupou (1834-1878)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cee-meaupou.html, 2011.

 
 
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