Séverin Le Duff de Mésonan
Lettre au docteur
Henri Conneau
Hôtel-Dieu d’Étampes, 3 juin
1846
Monsieur
le docteur Conneau,
à la maison d’arrêt de
Péronne
(Département de la Somme.)
[Tampon postal:]
Étampes (72) — 3 JUIN 46
Hôtel Dieu d’Étampes, le 3 juin 1846
Mon cher Conneau
J’apprends
à l’instant, par les journaux, que vous venez d’être conduit
dans la maison d’arrêt de Péronne et je m’empresse de vous écrire
pour vous renouveller tous mes sentiments et vous exprimer la vive part que
je prendrai toujours à ce qui peut vous arriver d’heureux ou de malheureux.
J’aime à croire, mon cher Conneau, que vous ne tarderez pas à
recouvrer votre liberté et à rejoindre notre brave et digne
prince, auquel vous venez de donner, de nouveau, une preuve bien éclatante
de votre constante amitié et de votre inépuisable dévoûment.
Je vous serai très obligé de me donner de vos nouvelles, et
de celles du Prince, quand vous apprendrez positivement son heureuse arrivée
à sa destination quelqu’elle soit. En attendant ce jour, également
heureux, et pour lui et pour vous, armez-vous, mon cher Conneau, de ce courage
dont le sort vous a pourvu d’une si forte dose. Portez-vous bien et recevez
de nouveau l’assurance de mon bien sincère attachement.
Tout à vous de cœur.
Mésonan.
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On donne
ci-après les articles que consacre à nos deux personnages le
Dictionnaire des parlementaires français.
Mésonan (Séverin-Louis-Marie-Michel
Le Duff de). — Député au Corps législatif
de 1852 à 1857, sénateur du second Empire, né à
Quimper (Finistère) le 10 octobre 1781, mort à Paris le 22
août 1872, entré en 1800 dans la marine comme quartier-maître
au 37e bataillon, il prit rang, en 1809, dans l’armée de terre comme
lieutenant au 45e de ligne. Compris, un mois plus tard, dans la capitulation
de Flessingue, il resta sur les pontons anglais jusqu’en 1814. Mis en demi-solde
à la Restauration, il fut affecté, en 1819, à l’état-major,
et fit la guerre d’Espagne (1823) comme aide de camp du général
Bourke. Chef d’escadron d’état-major en 1831, et retraité comme
tel en 1837, il s’attacha, après la tentative de Strasbourg, à
Louis-Napoléon, et s’efforça de lui gagner des partisans dans
l’armée. Compromis dans l’affaire de Boulogne, il fut condamné
à quinze ans de détention par la Chambre des pairs, et ne recouvra
sa liberté qu’après la révolution de février
[N.B.: Notre document montre que c’est inexact,
et qu’il était déjà libre en 1846, sans doute amnistié
comme Conneau dès 1844 (B.G.)]. Il servit alors avec ardeur
la politique du prince-président, fut chargé de diverses missions
spéciales auprès des généraux, et coopéra
au coup d’Etat du 2 décembre. Membre et vice-président du conseil
général du Finistère, il fut élu, le 20 février
1852, comme candidat officiel, député au Corps législatif
par la 3e circonscription du Finistère, avec 16.870 voix (17.311 votants,
37.793 inscrits). L’Empereur le nomma sénateur, le 9 juin 1857. Commandeur
de la Légion d’honneur du 15 août 1819, grand-officier du 14
août 1868.
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Conneau
(François-Alexandre-Henri). — Député au Corps législatif de 1852 à
1867 et sénateur du second Empire, né à Milan (Italie),
le 4 juin 1803, mort à la Porta (Corse) le 14 août 1877, il
fut, dès l’âge de 17 ans, et pendant neuf mois, secrétaire
du roi de Hollande, Louis Bonaparte, puis fit ses études de médecine,
fut reçu docteur à Florence, et, après s’être
mêlé à l’insurrection de 1831 dans les Etats du pape,
avec les deux fils du roi Louis, fut attaché comme médecin
à la maison de la reine Hortense. Il suivit dès lors la fortune
du prince Louis-Napoléon, l’accompagna en Angleterre, prit part, en
1840, à l’échauffourée de Boulogne, et, arrêté
avec le prince, fut condamné à 5 ans de prison et enfermé
à Ham avec lui. Amnistié personnellement en 1844, il refusa
de quitter le prince, prépara et fit réussir son évasion,
et subit de ce chef une nouvelle condamnation. À la révolution
de 1848, il reprit auprès de lui sa place de médecin, et, au
rétablissement de l’Empire, devint premier médecin de sa |168 maison. Élu, le 29 février 1852,
député au Corps législatif dans la 3e circonscription
de la Somme, par 22.622 voix, sur 23.189 votants et 32.422 inscrits, il siégea
dans la majorité dynastique, et fut successivement réélu
le 22 juin 1857 par 16.557 voix sur 23.186 votants et 31.000 inscrits, contre
M. Ernest Hamel, 2.306 voix, et le 1er juin 1863 par 20.355 voix sur 25.079
votants et 31.112 inscrits, contre M. Ernest Hamel, 4.608 voix. L’empereur
l’appela au Sénat le 18 novembre 1867, et la révolution du
4 septembre 1870 le rendit à la vie privée. M. Conneau était
membre de l’Académie de médecine, membre, pour le canton de
Bastia, du conseil général de la Corse dont il fut vice-président
jusqu’en 1870, grand-officier de la Légion d’honneur du 7 août
1867, et décoré de nombreux ordres étrangers.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Édition
Bernard GINESTE
[éd.], «Séverin Le Duff de Mésonan:
Lettre au docteur Henri Conneau (Hôtel-Dieu d’Étampes,
3 juin 1846)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-19-mesonan1846conneau.html, 2018.
Autres sources
Adolphe Robert
et Gaston Cougny, «Mésonan (Séverin-Louis-Marie-Michel
Le Duff de)», in Dictionnaire des parlementaires français. Tome
quatrième. Lav-Pla, Paris, Bourloton, 1891, p. 356.
Adolphe Robert et Gaston Cougny, «Conneau
(François-Alexandre-Henri)», in Dictionnaire des parlementaires
français. Tome second. Cay-Fes, Paris, Bourloton, 1890, pp. 167-168.
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