Mémoires de la Société
des sciences morales,
des lettres et des arts
de Seine-et-Oise,
tome 12 (1880),
pp. 363-387.
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Sépulture celto-gauloise d’Auvers Saint-Georges
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES DE 1872 A 1879
DANS LE DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-OISE
PAR M. P. GUÉGAN, MEMBRE CORRESPONDANT
SOMMAIRE:1°
En 1872, Découverte et préservation
d’une destruction certaine du dolmen de Couflans-Sainte-Honorine (voir les
Mémoires de la Société, 10° volume); — 2°
1873, Découverte de
l’important atelier de fabrication d’armes et outils en silex de la Tour
aux païens, sur le plateau de Marly (voir les Mémoires de la
Société, 10e volume); —3° 1874,
Etude sur la pierre levée de Gency, près de Pontoise; — 4°
1874, Découverte de substructions
et de vestiges gallo-romain au hameau des Gressets, commune de Bougival;
— 5° 1875, Constatation
de la découverte d’une épée en fer et de haches polies
(fouilles au Vésinet); — 6° 1875,
Découverte de substructions et de vestiges gallo-romains aux Mureaux
(rive gauche de la Seine); — 7° 1876,
Etude sur une sépulture gauloise à Auvers-Saint-Georges,
arrondissement d’Etampes (mission confiée à l’auteur par
M. Alex. Bertrand); — 8° 1876,
Découverte par MM. de Mortillet et Guégan, d’un atelier souterrain
de fabrication d’armes et d’outils en silex taillé à la pompe
à feu du Pecq (les produits de cette découverte sont placés
au musée de Saint-Germain); — 9° 1877,
Haches polies, œnochæ et lances en bronze, recueillis par la drague
au Pecq (don par l’auteur au musée de Saint-Germain); — 10°
1878, Découverte du
dolmen de l’Étang (150 squelettes); — 11° 1879, Découverte de vestiges romains
à Mareil-Marly; 12°
1879, Etude et rapport sur un cimetière
celto gaulois, gallo-romain et franc ou mérovingien, découvert
à Bernes, près de Beaumont-sur-Oise (mission confiée
à l’auteur par M. Alex. Bertrand).
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Malgré
le peu de temps qu’il m’a été possible de consacrer à
l’étude des antiquités préhistoriques dans notre |364
département depuis
1872, ma récolte a cependant été assez fructueuse
et assez intéressante pour en faire à la Société
l’objet d’un rapport spécial.
Je ne reviendrai pas sur les découvertes du dolmen de Conflans,
et de l’atelier de fabrication d’armes, et d’outils en silex de la Tour
aux païens, qui ont été insérées dans
le 10e volume des Mémoires de la Société, mais je crois
devoir signaler les faits nouveaux qui se sont produits depuis cette époque. […]
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Sépulture
celto-gauloise d’Auvers Saint-Georges,
CANTON DE LA FERTÉ-ALAIS.
Dans le courant du mois de mai 1876, M. Alex. Bertrand, conservateur du
musée de Saint-Germain, que j’avais informé de la découverte
d’une sépulture présumée gauloise, dans la plaine de
la commune d’Auvers-Saint-Georges, m’invita à constater l’importance
et la valeur de cette découverte. Lorsque j’arrivai à Auvers,
on m’apprit que les squelettes venaient d’être enlevés; cependant,
ayant trouvé l’ouvrier terrassier qui en avait fait l’exhumation,
je pus recueillir de sa bouche des renseignements précis.
Les squelettes reposaient sur le sol vierge, seulement on avait étendu
sur toute la superficie des fosses une légère couche de sable
fin, et l’on en avait amassé sous les têtes une assez grande
quantité pour faire un renflement en forme de bourrelet, afin de
les appuyer dessus. Les individus pouvaient être, d’après le
nombre des ossements recueillis, environ une vingtaine; tous étaient
allongés horizontalement, la face tournée vers le ciel, et
la profondeur des fosses variait entre 50 et 60 centimètres.
Les squelettes paraissaient avoir été régulièrement
orientés du nord-ouest au sud-est; les fosses étaient revêtues,
dans tout leur pourtour, d’une rangée de plaquettes en calcaire non
travaillées, posées de champ les |375
unes à côté des autre sans être
reliées entre elles par aucun ciment. Elles avaient de 1
mèt. 90 à 2 mètres de long, sur 75 centimètres
de large; deux étaient de moindre dimension et contenaient des ossements
d’enfants.
Les ossements étaient presque tous brisés, et il fut impossible
de conserver une tête entière, tant ils étaient friables.
Circonstance remarquable: un certain nombre de squelettes portaient des bracelets
en bronze de différentes formes, mais leur épaisseur n’était
que de 5 à 6 millimètres. Ayant appris que plusieurs de ces
ornements étaient en la possession d’un habitant d’Étréchy.
je me rendis dans cette commune qui est peu éloignée de la
sépulture. On me montra un bracelet que j’ai pu depuis faire donner
au musée de Saint-Germain; c’est une mince tige de fil de bronze
de 6 millimètres d’épaisseur, paraissant soudée et
ayant un diamètre de 17 à 18 centimètres; la patine
est d’un beau vert foncé.
On m’apprit de plus qu’il avait été trouvé dans la
sépulture, outre un certain nombre de ces bracelets, un collier, dans
lequel étaient suspendus plusieurs anneaux plus petits, formant une
sorte de parure paraissant avoir appartenu à un chef; quelques autres
objets également en bronze, dont une amulette avec suspension, et
enfin un morceau de fer très oxidé
[sic] avec deux renflements, que l’on suppose avoir été
la poignée d’une épée dont la lame, entièrement
détruite par la rouille, avait laissé des traces parfaitement
reconnaissables sur le sable de la fosse.
Je retournai sur le lieu de la sépulture afin d’y faire quelques
recherches; je pus recueillir quelques ossements assez bien conservés,
entre autres plusieurs humérus et cubitus de couleur brune, sur lesquels
on voit encore deux larges bandes vertes transversales produites par |376
l’oxidation des bracelets. Un fragment
de calotte crânienne, ainsi qu’un débris important de mâchoire
inférieure, m’a permis de constater que le caractère des individus
exhumés se rapportait plutôt au type brachycéphale
qu’au dolichocéphale. Enfin l’usure des molaires du dedans au dehors,
telle que je l’avais déjà constatée sur les squelettes
des dolmens de Conflans et de l’Étang, me fait supposer que cette
sépulture en terre libre, avec plaquettes de calcaire non travaillées,
appartient à l’époque celto-gauloise (1). Les silex taillés de bonne fabrication
que j’ai recueillis aux environs m’ont confirmé dans cette opinion.
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(1) J’ai signalé déjà
une sépulture entourée de plaquettes calcaires posées
de champ, découverte sur le plateau de Marly, au lieu-dit: La Tour
aux païens.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Éditions
1) Paul
GUÉGAN,
«Recherches préhistoriques de 1872 à 1879 dans le département
de Seine-et-Oise» in Mémoires de la Société
des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise 12 (1880), pp. 363-387 [spécialement
pp. 374-376 pour la trouvaille d’Auvers-Saint-Georges].
3) Bernard GINESTE [éd.], «Paul Guégan: Sépulture celto-gauloise d’Auvers-Saint-Georges (1880)», in Corpus
Étampois, www.corpusetampois.com/che-19-guegan1880auvers.html, 2005.
Autres ouvrages de Paul
Guégan
P.-J. GUÉGAN [père ou oncle de Paul GUÉGAN ?], Quelques
Souvenirs historiques sur Rueil et La Malmaison, les tombeaux de l’impératrice
Joséphine et de la reine Hortense [pièce in-8°], Paris,
Breteau, 1853.
Paul GUÉGAN, La cousine Berthe ou
Comment on épouse une femme comédie en un acte et en prose,
par Paul Guégan, représentée pour la première
fois sur le théâtre de Saint Germain le 15 février 1866
[in-12], Saint Germain en Laye, H. Prault, 1866
Paul GUÉGAN, La Malmaison [pièce
in-8°; extrait du journal l’Industriel (13 juillet 1867)], Saint-Germain-en-Laye,
Lancelin, 1867.
Paul GUÉGAN, Département de
Seine-et-Oise. Découverte d’un dolmen à L’Etang-la-Ville
au lieu dit le Cher-Arpent [pièce in-16], Saint-Germain, Bardin,
1878.
Paul GUÉGAN & A. DUTILLEUX, Tableau
et carte des monuments et objets de l’âge de la pierre dans le département
de Seine-et-Oise [pièce in-8°], Versailles, Cerf & fils,
1878.
Paul GUÉGAN, Visite au musée
des antiquités nationales de St-Germain-en-Laye [in-18], Paris,
Ghio, 1878.
Paul GUÉGAN, Nouveau guide du promeneur
à Saint-Germain en Laye [in-18], Saint-Germain, D. Bardin, 1879.
Paul GUÉGAN, «Recherches préhistoriques
de 1872 à 1879 dans le département de Seine-et-Oise»
[avec plusieurs croquis], in Mémoires de la Société
des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise 12 (1880),
pp. 363-387 [dont la présente réddition partielle par le Corpus
Étampois].
Dont une recension par E.H. in Revue des
travaux scientifiques (publ. sous la dir. du Comité des travaux historiques
et scientifiques), tome 2 (1882), pp. 262-263.
Paul GUÉGAN, De l’Origine nationale
des Durocasses. Epoque Anté-celtique. Temps géologiques
[pièce in-16], Dreux, Lemenestrel, 1882.
Paul GUÉGAN, Etude rétrospective
sur l’habitat de l’homme le long des rives de la Seine et de l’Oise, depuis
les temps géologiques jusques et y compris la période franque-mérovingienne.
A propos de la découverte d’un cimetière gallo-romain et franc-mérovingien
à Andrésy, canton de Poissy, département de Seine-et-Oise,
en juin 1890 [pièce in-8°], Versailles, Cerf et fils, 1891.
Toute correction ou contribution sera la bienvenue.
Any criticism or contribution welcome.
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