CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 
Oscar-Joseph Fanyau et Ernest-Isaac Bossard
Victoire sur la constipation à Châlo-Saint-Mars
témoignage publicitaire, 1893
 
   
Boîte de tisane des Shakers (début du XXe siècle)
 
     Au début de l’année 1893, Ernest-Isaac Bossard, ancien sabotier devenu négociant en beurre, résidant avec son épouse Eulalie Queudâne au lieu-dit Le Pressoir, au hameau de Cherel, commune de Chalo-Saint-Mars, eut quelques craintes pour sa santé, menacée par des migraines, des suées et de la constipation.
     Par chance sa belle-sœ
ur Madame Denizet lui conseilla l’usage de la Tisane Américaine des Shakers, dont l’exclusivité était alors détenue en France par Oscar Fanyau, pharmacien à Lille. Inutile de dire combien la guérison fut prompte et totale.
     Cet événement connut un grand retentissement dans toute la France pendant plusieurs années, grâce aux bons soins de notre dévoué pharmacien lillois.

Bernard Gineste, juillet 2015

         
Oscar-Joseph Fanyau et Ernest-Isaac Bossard
Victoire sur la constipation à Châlo-Saint-Mars
témoignage publicitaire, 1893


     Nous donnons ici un récit publicitaire, mais non pas imaginaire, dû à un pharmacien lillois et relatif à des événements survenu à Châlo-Saint-Mars au début de 1893.

     Ce récit constitue pour son auteur un élément de variation dans une série de textes analogues. Tous sont intitulés Le sort de l’ange doré, avec la même introduction et la même conclusion. Ils varient seulement par l’insertion d’un témoignage à chaque fois différent, de manière à constituer une sorte de feuilleton publicitaire dans tous les différents journaux de province où ils furent publiés de 1894 à 1897 environ. Il semble qu’après cette dernière date Fanyau a renouvellé son stock de témoignages, et que celui de la belle-
ur d’Ernest Bossard disparaît alors, remplacé par le récit de faits plus récents.
 
     Nous mettons en deux Annexes quelques données d’abord sur Ernest Bossard et sa famille, puis sur la vie et l’entreprise d’Oscar Fanyau.

Bernard Gineste, juillet 2015

         

LE SORT DE L’ANGE DORÉ

     Dans une grande et brillante procession religieuse à Rome on remarquait un bel enfant représentant un ange. Son corps était entièrement doré des pieds à la tête, et sous les rayons du soleil il brillait comme une statue d’or. Deux jours plus tard il rendait le dernier soupir. Quelle fut la cause d’une mort si subite? Les plus savants médecins de l’époque —  nous parlons d’il y a trois cents ans —  ne purent le deviner.

     Actuellement même, nous ne connaissons pas mieux la nature des anges que ne la connaissaient les vieux Romains, mais nous en savons bien plus long sur la nature du corps humain. Etant donné ce fait, tâchons de comprendre ce qui transforma ce petit enfant en un ange véritable.

     Sur notre table sont quelques lettres qui peuvent servira éclaircir cette question. Dans ces lettres il s’agit d’un M. Bossart, de Chalo St. Mars, par Etampes (Seine-et-Oise), âgé de trente-huit ans. Il courait les risques de vie et de santé qui naissent d’une grande activité et d’une initiative énergique dans les affaires. Il était souvent obligé de faire de longues courses en voiture qui occupaient toute sa journée.

     De prime abord il semble que ce serait là une garantie contre la maladie. Erreur profonde! intelligent comme vous l’êtes, cher lecteur, vous ne tarderez pas à en comprendre la raison.

     Au début de l’année dernière (1893), M. Bossart remarqua que sa santé laissait à désirer, il souffrait de maux d’estomac, et il s’aperçut qu’ils augmentaient à la suite de chaque repas. Après un court laps de temps, son appétit diminua et il mangea beaucoup moins qu’il n’en avait l’habitude. Tout le monde pourrait prédire ce qui s’ensuivit. Il maigrit beaucoup et perdit ses forces; il cessa d’être l’homme d’affaires actif et énergique qu’il avait été auparavant.

     Malgré les remèdes qu’il prenait, la maladie de M. Bossart empirait. Au nombre des symptômes accompagnant sa maladie se faisait remarquer une constipation continuelle. Or, comme nous le savons tous, les intestins ont pour fonction d’emporter des matières solides, des tissus usés ou des aliments non digérés dont le corps n’a que faire. Quand l’action des intestins se dérange ou s’affaiblit, toutes ces matières impures restent en fermentation dans le corps. Le long tube intestinal se bouche, ainsi que parfois un tunnel de chemin de fer est bouché lorsqu’un accident vient jeter deux trains l’un sur l’autre dans ces longs et sombres passages. Des poisons se forment alors et se répandent par la circulation dans le corps entier. Ces poisons, agissant sur les nerfs, amènent de violents maux de tête et d’autres désordres nerveux. M. Bossart en était atteint; de plus il se plaignait de transpirer d’une manière excessive. Pendant un mois, il dut cesser complètement ses courses d’affaires.

     Heureusement Madame Denizet, sa belle-sœur, eut l’heureuse idée d’essayer le remède fameux qu’on appelle Tisane américaine des Shakers, importé d’Amérique par M.Oscar Fanyau, pharmacien à Lille (Nord). C’est elle qui écrit à M. Fanyau pour lui en dire les effets: «Votre merveilleuse Tisane a eu chez M. Bossart l’effet auquel on s’attendait. Il a retrouvé son appétit et ses forces, et a cessé de transpirer à l’excès: trois flacons de Tisane lui ont rendu la santé. Nous vous sommes infiniment reconnaissants et vous autorisons à publier ces faits. (Signé) Veuve Denizet. Chalo St. Mars, par Etampes (Seine et Oise), le 17 juillet 1893.»

     Un mot de plus seulement: le petit enfant doré de la procession romaine mourut d’nne transpiration rentrée, amenée par la dorure dont tout son corps était recouvert; et M. Bossart souffrait de ce que ses intestins, ses reins et sa peau ne suffisaient pas à chasser tous les poisons amenés par la dyspepsie ou indigestion chronique. C’était là sa seule et véritable maladie.
Boîte de tisane des Shakers (début du XXe siècle)






Boîte de tisane des Shakers (début du XXe siècle)
     Pour recevoir gratis et affranchie une brochure illustrée contenant tous les détails écrire à M. Fanyau, à Lille (Nord).

     Prix du flacon 4 fr. 50: ½ flacon, 3 fr. 00 Dépôt — Dans les principales pharmacies, Dépôt Général — Fanyau pharmacien, Lille, Nord (France).



ANNEXE 1
Sur Ernest-Isaac Bossard et Eugénie Juteau veuve Denizet
Signature de Bossard en 1890
Signature de Bossard en 1890 lors de la naissance de son fils Prosper


     Ernest-Isaac Bossard est départ un sabotier qui vient s’installer au lieu-dit Le Pressoir, au hameau de Chérel, commune de Châlo-Saint-Mars, avec son épouse Eulalie Queudâne, chez sa cousine et belle-ur Eugénie Juteau veuve Denizet, mère de cinq jeunes enfants survivants.

     En 1891 Bossard est toujours qualifié sabotier tandis qu’Eugénie est rentière et chef de famille. Mais en 1896, Ernest est devenu chef de famille, il est qualifié beurrier, et Eugénie beurrière. En 1901 il est devenu marchand de fromage, tandis qu’Eugénie n’a plus que le titre de domestique.

         

01. Acte de naissance de Prosper Bossard, fils d’Ernest.

     L’an mil huit cent quatre-vingt-dix, le lundi dix novembre, heure de midi, par devant nous, Blot, Pierre Alfred, maire et officier de l’état civil de la commune de Chalo-Saint-Mars canton et arrondissement d’Étampes, département de Seine-et-Oise, a comparu le nommé Ernest Isaac Bossard, sabotier, âgé de trente quatre ans, demeurant au hameau de Chérel, commune de Chalo-Saint-Mars, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, qu’il nous a dit être né aujourd’hui, à six heures du matin, en son domicile, de lui et de Eulalie Anastasie Queudâne, sans profession, âgé de vingt-sept ans, son épouse, avec laquelle il demeure, et auquel enfant il a donné les prénoms de Prosper Louis. Les dites déclaration et présentation ont été faites en présence de Louis Eugène Milochou, maréchal, âgé de trente-trois ans, et de Louis Jules Lartheau, maréchal, âgé de vingt-trois ans, tous deux domiciliés en cette commune, et ont le déclarant et les témoins signé avec nous le présent acte, après lecture faite. – [Signé :] Bossard – Lartheau L. – Milochou – Blot.
État-civil de Châlo-Saint-Mars (saisie de B.G, 2015)

Signature de Bossard en 1890




02. La famille Denizet-Bossard lors du recensement de Chalo-Saint-Mars de 1891

Recensement de 1891 (AD91 6M 64/1)
AD91 6M 64/1

03. La famille Denizet-Bossard lors du recensement de Chalo-Saint-Mars de 1896


Recensement de 1896 (AD91 6M 64/2)
AD91 6M 64/2

04. La famille Denizet-Bossard lors du recensement de Chalo-Saint-Mars de 1901

Recensement de 1901 (AD91 6M 65)
AD91 6M 65



ANNEXE 2
Sur Oscar Fanyau et sa tisane des Shakers


     Oscar Joseph Fanyau né le 14 juillet 1847 à Roubaix, et mort en détention à la citadelle de Lille le 28 avril 1916, était pharmacien. Il s’était marié au Cateau-Cambrésis le 14 janvier 1874 à Marie Josephine Bricout.

     En 1883, pharmacien à Lille, il fit affaire avec la très honorable secte américaine des Shakers, qui produisait alors des produits médicinaux réputés. Dès 1888 il se fit confier la distribution de leurs produits dans toute la France mais aussi en Belgique, Hollande et Suisse, dans toute l’Europe de l’Est ainsi que dans tout l’empire colonial français.

     Il utilisa pour ce faire les techniques de marketing les plus avancées de son temps: almanachs publicitaires, images chromo, cartes postales publicitaires, simples réclames ou feuilletons publicitaires, diffusant des idées simples et faisant miroiter des résultats remarquables attestés par des témoignages marqués au sceau du réalisme et de l
authenticité.

     Il ne resta donc pas longtemps sans faire fortune. En 1894 il acheta le château et le parc d’Hellemmes, commune voisine de Lille dont il fut plus tard maire, de 1904 à 1912. En 1916, après avoir vécu dans la cave de son château occupé par l’armée allemande, il fut incarcéré par l’occupant avec le curé pour avoir refusé, par pur patriotisme, de livrer à l’armée allemande tout le cuivre dont il disposait. Il mourut en détention à la citadelle de Lille le 28 avril 1916 à l’âge de 69 ans.

 B.G., 2015
Boîte de tisane des Shakers (début du XXe siècle)

Tisane des Shakers (brochure publicitaire, vers 1910)

Sources: Diverses rééditions numériques en ligne du même texte invariable dans plusieurs journaux de province de 1894 à 1897.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
      
Édition

     1) Oscar FANYAU, «Le sort de l’ange doré», in Différents journaux anciens reproduisant le même texte publicitaire, dont ceux-ci étaient déjà en ligne en juillet 2015:

        L’Express du Midi 4/1071 (12 décembre 1894), p. 3.
        Le Petit Parisien 20/6711 (13 mars 1895), p. 3.
        L’Indicateur de la Savoie 17/880 (6 juin 1896), p. 4.
        L’Écho de Vienne et de la région. Journal politique, littéraire, d’annonces judiciaires et commerciale 2/25 (21 juin 1896), p. 3.
        Journal de Vienne et de l’Isère 69/53 (3 juillet 1897), p. 2
        Le Mémorial d’Aix 60/54 (8 juillet 1897), p. 3.
        Le Moniteur viennois 105/5489-28 (9 juillet 1897), p. 3
        Journal d’Annonay et de l’arrondissement de Tournon 33/30 (10 juillet 1897), p. 3.

     2) Bernard GINESTE [éd.], «Oscar-Joseph Fanyau et Ernest-Isaac Bossard: Victoire sur la constipation à Chalo-Saint-Mars (1893)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-19-fanyau1893bossard.html, 2006.

Sur la tisane des Shakers

     Stephen MILLER, «L’extrait de racines des Shakers», in Revue d’histoire de la pharmacie 81/299 (1993), pp. 437-447

 
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Explicit
   
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