Édouard Lefèvre, Documents historiques et statistiques
sur les communes du canton d’Auneau, arrondissement de Chartres
(Eure-et-Loir). Tome 1 (1867), pp. 187-260.
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Sainville
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SAINVILLE
Le territoire de cette commune est limité
par ceux des communes suivantes: au nord, Aunay-sous-Auneau, Garancières,
Paray et Allainville (ces deux dernières de Seine-et-Oise); à
l’est, Garancières, Oisonville et Sainte-Escobille cette dernière
de Seine-et-Oise); au sud, Maisons, Létuin, Vierville; à l’ouest,
Maisons et Aunay-sous-Auneau. Le centre nous a déjà offert
de précieux souvenirs celtiques et gallo-romains; Sainville va aussi
nous en fournir qui ne seront pas moins dignes d’intérêt.
Cette localité porte dans les chartes du
Moyen-Age les noms de Seenvilla, Saivilla, Segetis-Villa, Sainvilla. Nous
ne dirons rien du mot villa sur lequel nous nous sommes déjà
expliqué, mais nous appellerons l’attention sur les mots qui forment
la première partie de ces noms. Nous y trouvons le mot sen, étymologie
commune avec celles de Senantes et de Senonches, anciens sanctuaires druidiques*.
En langue celtique, on appelait les Druides Senans,
c’est-à-dire prophètes, devins. Les Druidesses qui habitaient
la petite isle de Sena, aujourd’hui l’île de Sein, vis-à-vis
Quimper-Corentin, étaient appelées par les Gaulois senes, d’où
l’on peut conclure que la dénomination de Senantes, Locus de Senatis,
signifiait la demeure des prophètes, des devins.
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* Toutes les considération étymologiques
qui suivent sont totalement fantaisistes au regard des connaissances actuelles
(B.G.)
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A tous les noms des Druides que l’histoire a fait passer jusqu’à nous,
vient s’ajouter, dit Dom Martin (1), celui de
Senani que porte un bas-relief d’autel gaulois trouvé dans des fouilles
faites sous le chœur de Notre-Dame de Paris en 1711.
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(1)
Traité de la religion des Gaulois, tom. Ier, p. 177 (an. 1727).
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«Pour avoir la vraie intelligence de ce mot, dit Sainte-Foix (2), il faut se souvenir que les Druidesses s’appelaient
[p.188] senes, témoin les
vierges de l’Isle de Sain dont Mela fait la peinture (1) et dont il nous a conservé le nom: Galli
SENAS vacant.» On ne peut douter après cela que ces deux mots
n’aient la même origine; et qu’il n’y a d’autre difference que celle
qui est formée par le genre masculin et le genre féminin. Mais
ce qui nous fournit de grandes lumières sur une matière si
peu connue, c’est que parmi les Gymnosophistes il y avait une secte de Philosophes
composée aussi bien de femmes que d’hommes, qui portoient le nom de
Semnes, qui étoit celui de Senans ou de Senes des Gaules.
Le mot sen dont les latins ont fait senior a,
comme bien d’autres, changé d’acception avec le temps. Il ne signifiait
dans l’origine que vieillard, et s’appliquait par induction aux hommes chargés
de fonctions publiques, parce qu’ils étaient choisis parmi ceux dont
l’âge et une longue expérience avaient mûri le jugement.
De là vint chez les Romains le mot Senatus pour désigner l’assemblée
des vieillards, dont les membres étaient appelés Patres ou Seniores.
On sait de quels hommes en France est composé le Sénat. Chez
les Germains, dont les Francs faisaient partie, les hommes les plus âgés
formaient les Conseils des nations: ils se nommaient dans la langue teutonique,
Eldermane et Alterman (les vieux hommes). Cette expression s’est conservée
dans le mot anglais Alderman, qui sert à désigner les conseillers
municipaux de la ville de Londres. [p.189]
D’après ces citations, Sainville signifierait
donc demeure des Druides? cette étymologie nous semble justifiée
par les noms de deux de ses hameaux: Mantarville et le Chesne, dont nous parlerons
plus loin et qui portent avec eux leur cachet d’antiquité. Si nous
sommes réduits à des suppositions en ce qui concerne ces temps
anciens, il n’en est pas le même pour l’époque gallo-romaine
dont nous allons exhumer des représentants incontestables.
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(2)
Essais sur Paris; tom. II, p. 61.
(1) Pomponius Mêla,
qui écrivait sous le règne de l’empereur Claude, rapporte que
dans la petite isle de Sena, aujourd’hui l’île de Sein,vis-à-vis
Quimper-Corentin, il y avoit un collège de Druidesses que lesGaulois
appeloient Senes; qu’elles étoient au nombre de neuf; qu’elle gardoient
une perpétuelle virginité; qu’elles rendoient des oracles, et
qu’on croyoit qu’elles avoient le pouvoir de retenir les vents et d’exciter
les tempestes. Les noms de Senans et de Senes étoient sans doute dérivés
de Kener ou Caner, qui signifie en gallois et en breton prophétiser,
prédire. — Essais sur Paris, par Sainte-Foix, tom. II. p. 61.
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C’est d’abord l’ancienne voie
romaine, dite d’Ablis à Alaines, mais qui était celle de Paris
à Blois; elle traverse le territoire de Sainville à l’ouest;
elle est encore très-apparente et assez bien conservée.
Aux environs de Sainville et particulièrement
à droite et à gauche de l’ancien chemin de Sainville à
Boulonville, on a rencontré des traces de substructions antiques; le
sol renferme des tessons de poteries de diverses couleurs, des débris
de tuiles creuses (imbrices), de tuiles plates à rebords (hamatæ
tegulæ). On remarque les mêmes indices de substructions de chaque
côté de l’antique voie romaine précitée, à
partir de l’endroit où le chemin de Boulonville rencontre cette voie,
jusqu’à celui où elle quitte le territoire du côté
de Paray (Seine-et-Oise). En 1848, nous avons eu l’occasion de voir des traces
de constructions antiques dans les parcelles, Section A n° 5, et section
B n.os 601 et 885. Cette dernière présentait surtout l’aspect
de bâtiments très-étendus: il y a été
trouvé divers ustensiles, des cuillères en argent, ainsi que
plusieurs monnaies en grand et moyen bronze des empereurs romains Auguste,
Adrien, Antonin Pie, Marc-Aurèle et de Faustine jeune, objets qui
ont été dispersés ou vendus. Nous glanerons encore d’autres
souvenir au Chêne et à Boulonville (1).
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(1)
Voir plus loin quelques détails historiques sur ces deux hameaux.
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Lorsque les restes de l’antique forêt des Carnutes eurent disparu sous
les pas de la civilisation, suite de la conquête, [p.190] le nom gallo-romain Seenvilla fit place à
celui de Segetis Villa, sans doute à cause de la fertilité du
territoire essarté. Mais au XIIe siècle, on était revenu
aux mots Saivilla et Sainvilla. C’est sous ce nom qu’un pouillé du
diocèse, dressé vers 1250, mentionne la paroisse de Sainville
avec le vocable de Saint-Pierre; la cure, à la collation des Bénédictins
de Bonne-Nouvelle d’Orléans, avait déjà 140 paroissiens
et valait 40 livres de revenu: elle faisait part du doyenné de Rochefort.
— Un autre pouillé, publié en 1738, donne à Sainville
330 communiants; l’abbé de Saint Benoît-sur-Loire présentait
à la cure qui dépendait toujours du doyenné de Rochefort
et valait 1100 livres de revenu.
Lors de l’organisation du département d’Eure-et-Loir
en 1790, Sainville devint un chef-lieu de canton, dépendant du district
de Janville et comprenant onze municipalités: Sainville, Aunay, Chapelle-d’Aunainville
(la), Denonville Garancières-en-Beauce, Lestuin, Maisons, Morainville,
Mondonville-Saint-Jean, Saint-Léger-des-Aubées, Santeuil.
L’arrêté du 29 fructidor an IX (15
septembre 1801) induisit le nombre des cantons de 40 à 24, celui de
Sainville fut supprimé, et les communes qui en dépendaient furent
incorporées dans le canton d’Auneau.
Néanmoins Sainville est encore le chef-lieu
d’une perception comprenant onze communes: Sainville, Ardelu, Châtenay,
Garancières, Léthuin, Maisons, Mondonville, Morainville, Oisonville,
Orlu, Vierville.
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Ant. an. 1080. — Albert de Sainville «Albertum de
Segetis-Villa» figure comme témoin dans une charte concernant
les alleux donnés à l’abbaye de Saint-Père-en-Vallée
par Guntard de Garancières (1).
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(1)
Cart. de Saint-Père, p. 223.
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1128. — Pierre de Sainville, maçon «Petrus
cementarius de Sainvilla» est cité comme témoin dans une
charte que nous rapporterons à l’article de Mantarville. [p.191]
1150. — Odeline,*
maire de Sainville, Raoul son fils et sa fille Ermengarde donnèrent
leur consentement à l’accord qui fut fait entre ledit Ascelin et les
chanoines de Saint-Jean, au sujet de la terre des Aubers. Au nombre des témoins
figurent: Raoul, curé de Sainville; Hubert de Mantarville (1); l’un des chanoines, Raoul de Sainville et Bernard
de Boulonville (2).
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* Il semble que le typographe a oublié ici
quelques mots: Odeline, femme d’Ascelin, maire de Sainville (B.G.)
(1. 2) Hameaux de Sainville.
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«Notum fieri volumus tam futuris quam presentibus quatinus Odelina,
uxor Ascelini majoris Sainville, et filius eorum Radulfus, filiaque Ermengardis
concesserunt concordiam quam fecimus cum eodem Ascelino de terra Alberelh
quam calumpniabant. Testes: Petrus prior; Hubertus de Ermentarvilla, canonici
nostri; Paganus, presbiter de Bertholcort; Radulfus presbiter Sainville;
Gualterius Alberti filius; Thomas de Auton; Guillelmus cognomine vitulus;
Radulfus nepos ejus; Hermericus de Corberosa; Richerius; Bigotus ipsius filius;
Richerius nepos ejusdem; Hubertus Chinellus; Gaufridus Beliardis filius;
Gaufridus, famulus noster; Fulcherius filius Bernardi de Bolonis-Villa; Odo
quondam famulus domini Huberti (3).»
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(3)
Chart. Orig. Archiv. d’Eure-et-Loir; fonds Saint-Jean.
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V. 1150. — Ce fut à Sainville, dans la maison du
maire Ascelin, que se réunirent Richer de Villiers (4) et Hubert, chanoine de Saint-Jean, pour terminer
la contestation qui s’était élevée entre eux au sujet
de la terre de Manterville. Au nombre des témoins figurent: Eudes de
Nélu (5), Bernard de Boulonville (6), Bernard d’Adonville (7):
«Apud Seienvillam in domo Ascelini majoris
dum convenissent Hubertus canonicus, Richerius de Vilers, Guillelmus frater
ejus, Teardus frater eorum, calumpniam quam faciebat de terra apud Armentarvillam,
sacramento abjuravit. Istis videntibus et audientibus... [p.192] Odo de Nelluto, Bernardus de Bolunvilla,
Bernardus de Adonvilla...»
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(4)
Hameau de Béville-le-Comte.
(5) Hameau d’Aunay-sous-Auneau.
(6) Hameau de Sainville.
(7) Hameau de Francourville.
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1227. — Désirée, dame de Sainville, veuve
de Hénault chevalier, amortit un muid de terre à Mantarville,
en faveur de l’abbé et du couvent de Saint-Jean (1).
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(1)
Voir plus loin l’article de Mantarville.
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1553. — Au mois de mars de cette année, Miles d’Illier
doyen du Chapitre de Chartres et évêque de Luçon, mourut
à Sainville et fut inhumé le 23 dans l’église des Jacobins
à Chartres:
«Jovis 16 (martii 1553) Apud Sainvillam
prefatus revérendus pater dominus Ludovicus, episcopus Carnotensis,
postquam sibi pro certo constatatum fuit reverendum etiam patrem dominum
Milonem d’Illiers, episcopum Lucionensem atque insignis ecclesiæ Carnotensis
decanum, ab humanis decessisse... (2)»
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(2)
Mém. de Guill. Laisné, p. 289.
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1583. — Les abbés, religieux et couvent de Saint-Benoit-les-Fleury-sur-Loire,
sieurs de Sainville, se font représenter à la rédaction
des coutumes d’Orléans.
Les manans et habitans de la châtellenie
de Sainville s’y font représenter par maître Pierre Daniel, bailly
de ladite châtellenie.
1711. —
Aveu rendu par la fabrique de Francourville: messire Miles Noël de Boisseley,
seigneur de Sainville, Bergnaux, la Fosse-du-Phaye, les Vaux, Frainville et
Ymerville en partie, capitaine général de la marine, commandant
pour le Roy au pays Avranchin ( 3).»
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(3)
Tit. de la fab. de Francourville.
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1670-1721. — «Sainville, bourg appartenant à
l’abbé de la Rivière. — Il n’y a point de justice; vont plaider
à Authon (4).» [p.193]
1777. — Un
état dressé pour la perception des tailles dans les paroisses
du département de l’élection de Chartres établit la situation
de Sainville ainsi qu’il suit:
«SAINVILLE, à six lieues du chef-lieu;
— 114 feux; — 4,000 septiers de terre (80 perches au septier); — 100 arpens
de bois; — 1 moulin à vent; — seigneur, M. l’abbé Pibrac.»
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(4)
Village à 12 kilom. de Dourdan (Seine-et-Oise).
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Fortifications de Sainville.
En 1545, Sainville fut fortifié et enclos
de murailles avec fossés, comme il appert de l’acte que nous allons
rapporter et du plan qui y est joint. Cette pièce nous a été
communiquée par le notaire de Sainville, et fait partie des minutes
conservées dans son étude; elle a pour titre:
COPIE du Procès-verbal et acte des habitans de
Sainville-en-Beauce, pour la clôture du Bourg dudit Sainville. (La dernière
année du règne de François Ier fut faitte cette clôture.)
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«L’an mil cinq cens quarante-cinq, le troisième jour de novembre,
devant Pierre Chalopin, licentié ès loix, avocat et conseiller
du Roy notre sire au Bailliage d’Orléans, ont été présentés
par Me Jean Egros, procureur des manans et habitans du bourg de Sainville-en-Beauce,
en la présence du commis du Greffier du Bailliage d’Orléans,
les arrêts du Roy notre sire François premier, obtenues par lesdits
habitans en date du mois d’octobre dernier, portant permission d’eux clore
de fossez, murailles, portes, portaux, ponts-levis, barbaquannes, tours, tourelles
et autres choses nécessaires à fortification de ville, ensemble
certain appointement contenant la vérification et entérinement
des dites Letres, en date du troisième jour dudit mois d’octobre,
nous requérant par ledit Egros, au dit nom, que nous eussions à
nous transporter sur ledit lieu et bourg de Sainville-en-Beauce, pour, suivant
le dit appointement, procéder à l’exécution des dittes
Letres; nous certifiant par le dit Egros et le commis du dit Greffier, avoir
été à ce commis par M. le Lieutenant général
du dit Bailliage pour urgente affaire survenue, à ce que [p.194] avons accepté, et à ce faisans
sommes, le dit jour, partis de la ville d’Orléans accompagnés
du commis du Greffier, et allez au gite au lieu d’Yenville.
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«Et le lendemain, quatrième jour du dit mois de novembre, sommes
arrivez au dit lieu de Sainville en l’hostellerie où, pour enseigne,
les trois Boys; en quel lieu et heure, en attendant une heure, avons fait
appeller les habitans dudit Sainville, lesquels au dit jour et heure auroient
assignation par devant Nous, à la requeste du dit Procureur des habitans
de Sainville, par Jean Chambon, sergent royal au dit lieu comme il nous
a verballement rapporté et vérifié.
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«Première assemblée. — Suivant laquelle assignation sont
comparus par devant nous en leurs personnes: Etienne Boivin, Jehan Moynerie,
Mathurin Binet, Macé Tourtillon, Pierre Tronchet, Jehan Macé,
Jehan Chignon, la veuve Levesville, Jehan Cheramier, Jehan Baudin, M. Robert
Blandin, Pierre Labbé, Guillaume Pasdard, Macé Pasquier, Antoine
Olivier, Gaspard Gommier, Henry Baron, Jehan Bordet, Jehan Gaillard, Pierre
Chevallerie, Jérôme Tronsard, Simon Chevallerie, Laurent Lambert,
Jehan Baron, Mathurin Beaujeu, la veuve Menard, Bobinet Tourtillon, Marie
Tourtillon, Pasquier Tronchot, Toussaint Tronsard, M. Pierre Mignon, la veuve
Pierre Mignon, Laurent Menault, Denis Tronchot, Michel Pasquier, tous Manants
et habitants du dit Sainville, et faisant la plus grande et saine partie d’iceux.
«Aussy y sont comparus: maistre Jehan Cloussier,
Monsieur Simon Chartier, au nom et comme procureur de Jacques Alleaume, Louis
Martin, Marie Alleaume, femme de Sébastien Lebreton, en son nom, et
comme procureur dudit Lebreton, son mari, et Katheraine David, veuve de feu
Guillaume Lembert, ayeul maternel et ayant la garde et gouvernement de Jehan
Ferry Michel, et Marie-Anne-Françoise et feu Ferry, frères et
sœurs, enfants de deffunt Jeacques Alleaume et Marie Boillard, jadis sa femme,
en leur vivant bourgeois d’Orléans; les dittes femmes authorizées
en cette partie de leurs dits marys, ayant manoir et héritages assis
au dit lieu de Sainville. Le dit Chartier, fondé de letres et procuration
spéciale des dessusdits, passées par Nicolas Rousseau, notaire
royal du Chatelet d’Orléans, le dit jour du dit mois de novembre; dont
est apparu. [p.195]
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«Ausquels habitants dessus nommés avons, par le commis du dit
Greffier, fait faire lecture des dites Letres et permission et du dit appointement
de vérification, et à eux exposé verballement le contenu
d’icelluy et enquis s’ils entendraient qu’on procédât à
la lecture d’icelles Letres suivant le dit apointement de vérification,
et que, pour ce faire, il convenait avoir gens experts, habiles en l’art de
maçonneries, et autres gens qui par iceux habitans seroient élus
d’entre eux, pour voir et conoître par quels lieux et endroits seroit
plus expédient et comode de faire la ditte encloture et enceinte de
ville, selon la plus grande comodité des dits habitans, à ce
qu’avec eux puissions apposer bournes, marques, portes, porteaux, tours,
tourelles, barbaquannes, et autres choses nécessaires à la
ditte enceinte et fortification; lesquels nous ont tous dit d’une voix forte,
et excepté les dits Clousiers et Chartier, qu’ils consentaient à
estre par nous procédé à l’exécution des dites
Letres et permission, don et octroi suivant icelles, et vérification. |
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«Consentement des habitans de Sainville et contradictions. — Et pour
ce faire, nous avons présenté: André Grandser de la
paroisse du dit Sainville, Jean Dubois de la paroisse de Saint-Lubin-des-Champs,
maçons, et Gille Chausé, pionnier, demeurant à Saint-Même,
paroisse de Nisy, et pareillement Robinet Tourtillon, Etienne Boivin, Marie
Tourtillon; les dits Tronchot, Macé Pasquier, Trousard et Mme Robert
Blandin, habitans du dit Sainville, pour avec nous procéder, tant en
leur place qu’absence, à voir et regarder les lieux, et endroits où
il conviendra faire et prendre la ditte enceinte, portes et porteaux, et
autres choses nécessaires. Et au regard des dits Chartier et Cloussier
Chartier es dits noms, nous ont dit qu’ils consentaient la ditte encloture
et enceinte être faites, mais que leurs intentions étaient
que les héritages qu’ils possédoient au dit lieu et bourg de
Sainville, c’est à sçavoir le dit Cloussier que sa maison en
laquelle est à présent demeurant Pierre Troussard, pressoir,
vuisson et clos de vigne, ainsy qu’il se poursuit et comporte, et le dit
Chartier que le lieu appartenant aux dits Alleaumes, contenant en maison,
grange, bergerie, toit et jardins, un arpent et demy ou environ, assis du
côté du chemin d’Etampes, auquel lieu est demeurant Pierre Leroy,
soient [p.196] mis dedans la ditte encloture,
entièrement ou bien comodément, et sans y comprendre la ditte
terre et dépendances laissés et mis hors d’icelle. Et aux regards
des maçons et autres présentées, disent qu’ils n’y consentent
ni discutent, mais protestent que la ditte ellection ne leur puisse préjudicier.
Et pareille protestation a faite et ditte Antoine Olivier l’un des dits
habitans, sans préjudicier; desquels alléguez et sauf voir
plus amplement les dittes parties en procédant au fait de la dite
encloture, avons prins sur ce le serment desdits dénommés en
tel cas requis et accoutumé, et ordonné que présentement
nous nous transporterons accompagnés des susdits, pour procéder
à l’exécution des dittes Letres et vérification, et
regarder et considérer avec eux les lieux plus comodes à faire
la dite enceinte de ville, porte et porteaux, ponts-levis et barbaquannes,
donnant assignation auxdits habitans de comparoir présentement, même
aux dits Cloussier et Chartier et Olivier; suivant laquelle assignation nous
sommes à l’instant transporté, accompagné des sus dits
dénomés et plusieurs des dits habitans, et du commis du Greffier,
qui nous ont mené auprès et joignant le cimetière de
l’église dudit lieu, et les héritages feu Sablon, le grand chemin
tendant dudit Sainville à Dourdan, outre le dit cimetière et
les dits héritages. |
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«En quel lieu par l’avis, délibération et consentement
des dessus dits, avons ordonné pour la comodité et fortification,
l’action de défense de laditte ville, les murailles, fossez, portes
et porteaux, tours et Tourelles, barbaquannes et autres choses nécessaires
pour encloture de ville, par la forme et manière qui en suit:
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«Premier portail: Porte de Paris. — Et premièrement avons ordonné
être fait aux lieux et endroits dessus dits une porte appellée
la Porte de Paris, laquelle aura de largeur dix pieds, et de hauteur douze
pieds, et sera fait une chambre haute carrée dessus en laquelle y
aura cheminée, et deux apentifs [sic] par bas aux deux côtés,
en chacune desquelles y aura et sera pareillement fait une cheminée,
et joignant la ditte porte de côté et d’autre, y sera fait deux
tours et six barbaquannes en chacune d’ycelles, pour garder laditte porte
de ville et faire le proffit des dits habitans. Et de la ditte porte traversant
le dit des Sablons et des Tourtillons [p.197] seront
et commenceront les fossez et murailles; laquelle muraille sera de deux
pieds et demy de largeur, et de profondeur jusqu’à la bonne terre
neuve, et de hauteur audessus des terres plattes de douze pieds: et laditte
muraille faitte de pierre et de terre, hérisonnée de chaux,
et le fossé de vingt-quatre pieds de largeur par le haut, et de profondeur
de douze pieds ou environ. Le gés du quel fossé se fera dedans
la ville, derrière la ditte muraille.
«Tourelle Tourtillon.
— Et suivront les fossez et murailles, jusques à la muraille de la
cloture de la vigne de Pasquier Tronchot: en quel lieu avons fait metre une
bourne et piquet: où icy à l’endroit dudit piquet, distant du
pied droit de la dite porte de quarante-cinq toises ou environ, selon le
mesurage qui en a été faict, se fera une tourelle qui sera
appellée la Tourelle Tourtillon ronde, ayant six pieds de franc creux,
de la hauteur de la muraille, et de deux pieds d’épaisseur, où
y aura six barbaquannes, trois basses et trois hautes.
«Tourelle Mignon.
— Et de la ditte tourrelle, régnant la ditte muraille et fossés,
selon ce que dessus, par la vigne du dit Tronchot à droite ligne tirant
jusques au piquet que nous avons fait mettre en l’héritage de M. Pierre
Mignon, prêtre, joignant la muraille et fossés de la vigne dudit
Troussard, en quel lieu sera pareillement faicte une autre tourelle appellée
la Tourelle Mignon, en la forme que dessus, distante de la précédente
de quarante-cinq toises.
«Tourelle
Beaujeu. — Et de la dite tourelle régneront les dits fossés
et murailles, passant et traversant par les ouches desdits Mignon, les Chaussier,
Troussard, Jacques Gondrot, Jehan Moynerie et autres, jusqu’à un chaumier
appartenant à Étienne Boivin; en quel lieu sera faicte pareille
tourelle, de la forme que les précédentes, distante de la prochaine
de cinquante toises ou environ, appellée la Tourelle Beaujeu.
«1re Tourelle
Alleaume. — Et de ladite tourelle Beaujeu régneront les dittes murailles
et fossés ainsi que dessus, traversant par une autre vigne appartenante
au dit Toussaint Troussard, jusque joignant le jardin des Alleaumes, et dedans
une ruelle, en quel lieu sera faicte une autre tourelle, suivant l’advis des
dits commis, de la forme dessus [p.198] dite,
appellée la Tourelle Alleaume, distante de la ditte Tourelle Beaujeu
de trente toises ou environ, et faisant la ditte Tourelle l’un des coins
de la ditte ville.
«En quel lieu
sont comparus par devant nous les dits Cloussier et Chartier qui nous ont
requis que n’eussions aucune chose ordonner plus outre, plus tost qu’ils fussent
ouis, parce qu’ils étoient à l’endroit de leur héritage.
Sur quoi avons dit et apointé que prendrons l’avis des dessus dit,
sans quant à présent, aucune chose ordonner à leur égard,
jusqu’à ce qu’ils soient ouïs à ce que plus facilement
puissions entendre leurs deffences.
«Porte
d’Etampes. — Partant nous ont les sus dits menez jusqu’à une grande
rue; en quel lieu ont été d’avis être fait une porte de
pareille forme et façon que la porte de Paris. qui sera appellée
la Porte d’Étampes.
«Tour Vinet.
— Et de la dite porte sont d’avis les susdit murailles et fossés régner,
traversant par dedans les ousches de Maître Gervais Chaussier, des hoirs
Muret, des hoirs Tourtillon et Vinet, et en icelle ousche Vinet estre faict
une tour, qui sera appellée la Tour Vinet, de la forme dessusdites.
«2e Tour Alleaume.
— Et de la ditte Tour Vinet ont été d’avis aller et traverser
les dittes murailles et fossez, la vigne Cloussier et coin de Garenne, tirant
en l’héritage des dit Alleaumes, et y être faicte une autre
tour comme la précédente, qui sera appellée la seconde
tour Alleaume.
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Plan du bourg de Sainville
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«Et là pour ce que nous étions hors des héritages
desdits Cloussier et Alleaumes, avons requis les dits Cloussier et Chartier
ce qu’ils vouloient dire: lequel Chartier nous a dit que où nous voudrions
ordonner la ditte tourrelle première Alleaume estre faicte au lieu
ci-dessus désigné, le lieu, maison et métairie des dits
Alleaumes ne seroient enclos dedans la ceinture de la ditte ville; combien
qu’ils sont tout joignant la dite tourelle, et que ce sont un lieu bien bâti
qui viendroit grandement au proffit de laditte ville, partant qu’il étoit
comode et décent, pour le proffit d’icelle ville et circonvoisins,
eu égard que les dits habitans veulent prendre partie de la ditte maison
et jardin, y celui lieu estre enclos et l’aire la tourelle au bout des dites
maisonages qui ne [p.199] peut être outre
la ditte limite ci-dessus contenue d’environ vingt toises, et là à
l’endroit de laditte rue estre faicte laditte porte d’Estampes, qui ne viendrait
qu’à la distance des autres tourelles; et de là aller gagner
la ditte Tour de Vinet; joint qu’il est seigneur de plusieurs places et héritages
étant au dit lieu, même du four à ban, et que en ce faisant
ni aurait aucune diformité, ains toute comodité pour la ditte
encloture; offrant contribuer à son égard ainsy qu’il sera
arbitré.
«A quoy a été dit par le dit
maître Jean Egros au dit nom de Procureur des dits habitans, si en comprenant
le dit lieu des Alleaumes, y auroit une grande tarre, charge ou domage, et
intérêt pour iceux habitans à faire la ditte enceinte,
et comprendre les dites maisons, et qu’ils ne pourroient porter si grands
frais, et aussy que le dit coin ne seroit si comode et si carré que
le prendre à l’endroit dessus dit, et y auroit diformité. Et
au regard dudit Cloussier, a dit qu’il est comode pour les dits habitans qu’entièrement
son dit clos de vigne soit encloté avec celui desdits Alleaume, par
ce qu’en faisant, s’il demeuroit quelques places vagues, pouroient estre
bailliées à rente à gens qui y bâtiroient, et
en faisant n’y auroit aucune difformité, requérant la ditte
vigne estre enclose en la ditte enceinture, ofrant de sa part contribuer.
«A quoy de la part des dits habitans par
le dit Egros leur Procureur a été répliqué, qu’il
n’avoit ordre faire la dite enceinte et pour prix de ville si avant, et comprendre
la ditte vigne, parcequ’en ce faisant faudroit prendre grandes places vagues
jusqu’à sept arpens et plus qu’il ne faudroit enclore, en closant la
ditte vigne; chose qui viendroit à grand frais et moindre sureté
pour la ditte ville.
«Sur lesquels différens et
avant que aucune chose ordonner sur yceux avons dit que trisage, visite,
arbitrage particulier sera fait par les denommés commis, pour savoir
quelle tarre il y peut avoir comprenant ledit lieu d’Alleaume particulièrement,
ensembre quelle tarre incomodité ou diformité il y pourroit
avoir, comprenant en la ditte enceinte lesdits clos de vigne dudit Clousier,
eu égard à l’enceinte et piquet ci-dessus devisez et aposez
par lesdits commis et aussy qu’icelles places vagues il y pourroit avoir dedans
ledit devis d’enceinte. [p.200]
«Pour ce eux ouis et impositions par nous
faites sur la comodité ou incomodité donner tel appointement
que de raison et ne autrement ordonné qui passerons outre, pouvoir
et regarder encontre les lieux plus comodes pour la ditte fortification, attendu
que lesdits commis nous ont certifié ainsy, aussy que nous avons pu
connoitre et voir, que contre plus de laditte encloture et enceinte ne laissera
à être enclos, soit que les dits lieux Alleaume et Gloussier
y soient ou n’y soient point comprins, et aussi que lesdits Cloussier et
Chartier ont déclaré n’avoir que dire que en contre plus ne
faut procéder par nous.
|
Plan du bourg de Sainville
|
«Tour Pasquier. — Au moyen de quoy avons ordonné par l’advis
et consentement des dessus dits, sans préjudice ce que dessus dit
et droits desdits Glousiers et Alleaumes, que la ditte seconde Tour Alleaume,
les dittes murailles et fossez, régneront traversant la vigne d’André
Levesquau, tirant droit à un piquet que nous avons fait mettre dedans
la vigne de Macé Pasquier; en quel lieu sera faitte une tour qui sera
appelée la Tour Pasquier, de la forme des susdittes, distante de la
précédente de cinquante toises.
«Porte d’Orléans. — Et de la ditte
tour régneront les dittes murailles et fossés, traversant en
l’héritage des Troussards, Mathieu Pasquier, Jean Regneaut et du quel
tirant droit à la rue d’Orléans et passant entre les maisons
Ragueneaut et Antoine Olivier. A l’endroit de la quelle rue seront faites
une porte et tour, de la forme que dessus, qui sera appelée la porte
d’Orléans. Où icy est aparu le dit Olivier lequel a dit qu’il
n’empêche pas que la ditte porte et tour soient faictes audit lieu,
attendu que sa maison et héritage n’y étoient compris.
«Tour des Gommiers. — Et de la ditte
porte d’Orléans tirera la ditte muraille et fossés, traversant
par l’ousche de Gaspard et de Jacques Gommier, jusqu’à une tourne et
piquet mis dedans la ditte ousche; en quel lieu sera faicte une tour de la
forme susditte, qui sera apelée la tour des Gommiers, distante de
la porte d’Orléans de trente cinq toises ou environ, et faisant la
ditte tour un des coins de la ville.
«Tour de Guennée. — Et de laditte
tour des Gommiers régnera laditte muraille et fossés, traversant
les ousches [p.201] de Jean Bordet, Me Jean Egros
et les hoirs de deffunt Robin de la Mothe, des hoirs de Mr Pierre Beaujeu
et de Jean Guennée. En quel lieu et héritage du dit Guennée
par la manière et façon dessus ditte, sera faite une tour,
qui sera appelée la Tour de Guennée; par la manière
et façon dessus dites; laquelle tour est distante de la précédente
de soixante toises, et de là régneront lesdits fossés
et murailles, traversant par dedans les ousches de la cure dudit Seinville,
de Jérôme Troussard, et l’ousche des Drapiers, jusqu’au grand
chemin de Chartres.
«Porte de Chartres. — En quel lieu sera
faicte une autre porte, en la forme dessus dite, qui sera appelée
la porte de Chartres, et de laditte porte de Chartres régnera la ditte
muraille et fossés, traversant par dedans une pièce de terre
appartenante audit Clousier, jusqu’à un piquet mis en ycelle terre,
distant de la ditte porte de vingt trois toises ou environ.
«Tourelle Baron. — En quel lieu sera faitte
une autre tour pareille que dessus; et de laditte tour traversant droit par
dedans les ousches de Jehan Caron, Simon Gontard, Mathurin Beaujeu, vers le
cimetière dudit Sainville, régneront lesdits fossés et
murailles jusques à la ditte porte de Paris, on quel lieu a été
commencée à faire la ditte enclôture et se conjoint audit
lieu.
|
Plan du bourg de Sainville
|
«Seconde assemblée. — Et le lendemain cinquième jour dudit
mois de novembre, an dit 1545, heure de sept heures attendant huit du matin,
sont comparus par devant nous les dits Cloussier et Chartier, ensemble les
dessus nommés Toussaint Troussard, Pierre Tronchot, Pasquier Tronchot,
Robert Tronchot, Etienne Chausier, André Granser maçon, Jehan
Dubois aussi maçon, et Gille Chaussey pionnier, avec lesquels nous
sommes incontinent, suivant notre appointement donné cejourdhuy, transporté
en et sur les lieux demeurez contentieux de la ditte encloture, pour le regard
desdits Alleaume et Cloussier, et séparement fait regarder par lesdits
maçons pionniers et autres dessus dits, pour le regard du dit Alleaume,
si c’était la comodité de la ditte ville que laditte maison,
grange et bergerie, et jardin fussent enclos en la ceinture de la ditte ville,
et qu’ils fussent [p.202] à faire trisage
de la terre et lieux vagues que le procureur des dits habitants maintenoit
quil falloit délaisser, au cas que la ditte maison et choses susditte
desdits Alleaumes fussent compris en laditte enceinte, et aussi quelle diformité
il y auroit pour aller gagner la ditte tour Vinet. Lesquels après mesurage
fait en la présence des susdits et dudit Chartier qui a protesté
que ledit mesurage lui puisse nuire ni préjudicier, nous ont rapporté,
juré, et affirmé que en comprenant la ditte métairie
desdits Alleaume, la dite ceinture ne seroit en telle quadrature que si elle
étoit faicte selon la délibération et devis ci-dessus
faictes par eus, toutte fois que laditte mestairie pourroit estre enclose,
attendu la proximité de la tour étant es jardins de ladite métairie,
et que en ne faisant on comprendroit laditte mestairie et faudroit par ce
faisant reculler laditte tour étant es jardins desdits Alleaume, de
treize toises de largeur et de longueur pour la ceinture de laditte mestairie
de de [sic] quarante toises ou environ, et de
là sur la rue au bout de ladite maison, faudrait faire la porte appelée
la porte d’Estampes; et d’icelle porte faudroit traverser l’ouche de M. Gervais
Chaussier, des Murest, Tourtillon et Vinet, à l’endroit d’une petite
brèche de muraille fraîche faicte à l’endroit d’un petit
clos dudit Cloussier, et par ce faisant en l’ousche dudit Vinet, faudroit
reculer la tour d’icelui Vinet de onze toises, et de la tour dudit Vinet
traversant les clos et vigne dudit Cloussier, ensemble la garenne droit à
ligne à la seconde tour Alleaume dessus contenue; et en ce faisant
n’y auroit aucune difformité sinon que ce qui était en quadrature
viendroit en pointe; mais bien y auroit intérest pour lesdits habitans
ou autrement se feroit, lequel intérest lesdits Alleaume seraient
tenus en tout événement payer eu égard à la première
délibération au moyen de l’encloture, et aussi qu’il sera bien
laissé environ demy arpent de terre vague es la ditte encloture, qui
se peut bien monter de quatre vingt toises ou environ outre la présente
délibération (1).
|
(1)
Il paraît par la disposition des fossés que les dits Alleaumes
ont été écoutés.
|
«Et au regard de la clôture requise par le dit Cloussier, ont
[p.203] aussy
dit et affirmé les dits commis, que la comprendre en la ditte encloture
outre et pardessus le premier avis et devis ci-dessus posé, conviendroit
enclore sept arpens de terre et davantage sans bâtiments, comprenant
le dit closeau, qui seroit chose trop incommode et de trop difficile garde,
eu égard aux autres places vagues qui sont dans la ditte enceinture,
et qu’il faut nécessairement comprendre, et faudrait neuf seize vingt
toises outre et pardessus le dit premier advis. Ce fait pour mieux éclaircir
les débats des parties à ce regard, avons ordonné que
mesurage sera fait les héritages vagues, cours, jardins, vignes étant
dans le le devis par nous ce jourd’huy faict, non compris les maisons et héritages
desdits Alleaumes et Cloussier, par les dits maçons et pionniers.
Les quels nous ont depuis rapporté y en avoir vingt cinq arpens non
compris ce que les dits Cloussier et Alleaume prétendent enclore,
et la plus grande partie des dittes places vagues sur rue à bâtir;
sur lequel diférend et pour le regard du Procureur desdits habitans
Cloussier et Alleaumes avons renvoyé et renvoyons ycelles parties
(1), par devant Mr le Bailly d’Orléans
ou son Lieutenant à de demain prochain en huit jours à l’issus
de son siége, en la salle du Roy, du Châtelet d’Orléans,
pour notre présent procès-verbal à lui communiqué,
être par lui ordonné ou donné aux dites parties (icelles
oyes) tel appointemens que de raison.
|
(1)
Par la disposition des fossés, il paraît que Cloussier n’est
pas venu à bout de ses prétentions.
|
Troisième assemblée. — «Et ledit jour de relevée
suivant l’assignation continuée par nous ce jour d’hier, sont comparus
lesdits habitans, c’est à scavoir: Pierre Leroy, Etienne Boivin, Mathurin
Vinet, Macé Tourtillon, Pierre Tronchot, Jean Macé, Jean Chignon,
la Ve Leveville, Jehan Chevoyer, M. Robert Blandin, Pierre Chevoyer, M. l’abbé
Guillaume Passilmot, Macé Pasquier, Gaspard Gommier, Henry Baron, Jehan
Baron, Jehan Caillon, Pierre Chevallerie, Laurent Lambert, Simon Chevallerie,
Mathurin Beaujeu, Pierre Chevallerie, la veuve Menard, Robinet Tourtillon,
Marie Tourtillon, Pasquier Tronchot, Toussaint Troussard, Mre Pierre Mignon,
Mathurin Troussard, Pasquier Mignon, la Ve Pierre [p.204]
Mignon, Laurent Menault, Denis Tronchot et Michel
Pasquier, habitants dudit Sainville; Jehan Guennée, Étienne
Chaussier, faisant la plus grande et saine partie desdtits habitants. Ensemble
lesdits Cloussier et Chartier lesquels ont protesté que ce qui sera
fait par nous et les dessus dits ne leur puisse nuire ni préjudicier,
auxquels dessus nommés et comparants avons exposé ce qui avoit
par nous cejourd’huy été fait, et au surplus qu’il leur étoit
besoin adviser entre eux la forme et manière de lever deniers sur eux,
pour frayer à ce qui étoit nécessaire auxdites fortications,
selon ledit Devis; sans toutte fois quand à présent y comprendre
ce qui est demeuré en contention entre lesdits habitants Alleaumes
et Cloussier, et après plusieurs remontrances à eux faites
de lever deniers ou par cotes, ou par taille, ou par trisage, ou par estimation,
nous avons dit, voulu et accordé, sauf lesdits Cloussier et Chartier
qui ont protesté comme dessus, que le plus expédient qu’ils
trouvent est que leurs héritages qui sont dans laditte ceinturv soient
estimez et prisez par gens qu’ils dénomeront eu égard à
la valleur desdits héritages, situation et assiette diceux, la demeurance
et richesse de ceux qui sont demeurant audit lieu, soulageant les pauvres
et chargeant les riches, et aussi eu égard à la comodité
qu’ils en raportent, ou incomodité qu’ils en aportent, pour raison
desdittes murailles et fossez. Et pour ce faire nous ont nommé Robert
Hamon de Hattonville, Guillaume Delaunay, André Gaucher, Pierre Blote
d’Hauton, Henry Carré de Maisons, Guion Amiet, Jehan Trefeille, Pierre
Lembert de Chastenay, Olivier Dorange de Garancières ou quatre d’iceux
appelez avec eux lesdits maçons, par lesquels ils veulent et consentent
estre faites prisées de leurs héritages eu égard à
ce que dessus, et selon laditte prisée, être faicte taxe par
M. Bailly d’Orléans, M. le Lieutenant ou nous ainsy que de raison.
|
|
«Et au regard des halles et marchés, ont iceux habitans délibéré
estre faits sous le bon plaisir du Roy et de M. le Bailly d’Orléans,
ou M. son Lieutenant au féru (1) d’icelle
ville près la mare dudit lieu. [p.205]
«Et pour recevoir les deniers ont élu
Pierre Tronchot ici présent, duquel nous avons pris le serment en tel
cas et accoutumé, partant avons enjoint audit Procureur desdits habitans
de faire venir lesdits dénomez à demain heure de sept heures,
attendant hui du matin, pour prêter serment par eux et faire estimation
desdits héritages selon ce que dessus, en laquelle estimation et prisée
seront compris, sans préjudice de leurs droits, lesdits héritages
desdits Alleaumes, selon le dernier advis, ensemble l’héritage dudit
Cloussier entièrement comprenant ladite vigne, selon que ledit Cloussier
a requis laditte clôture; et autre prisée séparée
se fera de l’héritage dudit Cloussier distrayant et défalquant
laditte vigne, et selon ledit devis fait seulement et selon que le requert
ledit Procureur des habitans. |
(1) Féru ou
frou veut dire un lieu public.
|
«Et ce fait, avons remontré auxdits habitans que laditte encloture
était de grands frais et qu’il seroit expédient et équitable
que les plus apparents, pour supporter les pauvres, cependant qu’ils feroient
et trouveroient argent et aussy pour accélerer leurs dits ouvrages
de faire quelques avances ou prets à iceux metre entre les mains de
leurdit Receveur.
«A quoy se sont présentés faire
par nous interpellez, Tousssaint Troussard qui a ofert prester par manière
d’avance la somme de cent écus d’or sol; — Pasquier Tronchot, cinquante
écus; — Pierre Tronchot, cent écus; — Pierre Leroy, quatre cents
écus; — Macé Pasquier, deux cents écus; — Jérome
Troussard, cinquante écus; —Robinet Tourtillon, huit écus outre
ce qu’il a déjà presté; — Macé Troussard, dix
écus sols aussy outre ce qu’il a déjà presté.
«Et outre ont tous les dessus dits habitans
ci-dessus nommés, fors et excepté lesdits Cloussier et Chartier
qui ont protesté comme dessus, voulu et accordé que pour l’accélération
de leurs dits deniers et à ce que leurs dits deniers imparfaits ne
fussent surprinses par leurs malveillans, qu’il soit prins par les habitans
cy-dessus députez à faire faire laditte encloture, et recouvert
deniers jusqu’à la somme de douze cents livres tournois et au-dessus,
et pour icelle constitue rente et hipotéque rachetable sur leurs biens,
ainsy qu’ils verront estre à faire. Lesquels habitans ont promis indampniser
et rendre indampnez lesdits commis [p.206] de
laditte rente, et payer les arrérages jusqu’à ce qu’ils ayent
satisfait et payé leurs taux qui leur sera imposé. En quoy faisant
s’est apparu Gaspard Gommier qui a maintenu à l’encontre de Toussaint
Troussard, Pierre Tronchot, Jérôme Troussard et Etienne Chaussier
à ce présent, avoir pour faire faire laditte encloture dont
ils ont été: c’est à scavoir ledit Toussaint Troussard
cent écus, Pierre Tronchot autres cent écus, Pasquier Tronchot
soixante écus, Jérôme Troussard aussy soixante écus
et ledit Chaussier soixante écus, sur quoy nous ont requis délay
pour y repondre, ce que leur avons octroyé à demain huit jours,
pardevant M. le Bailly d’Orléans ou son Lieutenant, pardevant lequel
nous avons renvoyé à l’issue de son siège en la salle
du Roy de Chatellet d’Orléans, et au surplus avons donné aux
habitans assignation à demain heure de sept heures, attendant huit
du matin, pour venir prêter le serment auxdits commis et faire les estimations
si bon leur semble.
«Ce fait, nous le dit Procureur des habitans,
extraits et produits témoins qu’il nous a requis oyr et enquérir
sur ce qui concerne les foires et marchés mentionnez en leurs dittes
letres, suivant les vérifications d’icelles, ce que avons fait avec
ledit commis dudit Greffier, ainsi qu’il est contenu en l’information à
part et séparément fait ledit jourd’huy.
|
|
Dernière assemblée. — «Et le lendemain, sixième
jour dudit mois, sont comparus pardevant nous ledit Egros, lesdits commis
et partie desdits habitans, lesquels nous ont présenté les dénommez
cy-dessus pour faire lesdites estimations, c’est à sçavoir:
Jean Trefeille, Guion Amiet, Henry Carré, Guillaume Delaunay, Pierre
Blaté, André Gauchet et Jehan Dubois, auxquels avons remontré
et fait faire lecture de la délibération et ellective desdits
habitans, et ce fait prins et reçu le serment d’eux en tel cas requis,
de procéder par eux à laditte estimation, selon laditte délibération,
et icelle faite, nous en faire rapport; ce qu’ils ont fait ledit jour et
d’icelle estimation nous ont fait rapport après Visitation et inquisition
par eux faitte, selon laditte délibération desdits habitants;
laquelle estimation ils ont jurée et affirmée contenir vérité;
laditte estimation faite par eux en la forme et manière qui en suit
des maisons et autres héritages compris dans l’enclosture et enceinte
faitte [p.207] du lieu et bourg de Saintville-en-Beausse,
eu esgard à la valeur desdits héritages, situation et deppendances
d’iceux biens et richesses des habitans audit bourg et selon la commodité
et incommodité que chacun d’eux pourra porter, ayant esgard es riches
et pauvres:
|
|
«Et premièrement l’héritage des Sainxards d’Orléans,
joignant la Porte de Paris, avec partie d’ung autre héritage appelé
le Vivier, que tient Hierosme Troussard, estimé
|
150 liv. tourn.
|
«L’héritaige des Alleaumes d’Orléans en quel est demeurante
la veufve Mesnard, avec ung autre héritaige près et joignant
iceluy, appelé le fief de Villesard, enquel fief deppendent plusieurs
vassaulx, mesme la métairie de la vallée de Johannet
|
600
|
Un manoir
à Robinet Tourtillon
|
450
|
— à
Marin Tourtillon
|
200
|
— à
la veufve et hoirs Jehan Tourtillon
|
150
|
— à
Pasquier Tronchot
|
100
|
— à
Toussaint Troussard
|
2,000
|
— à
M. Piere Mignon
|
500
|
— à
Pasquier Mignon
|
100
|
— à
Pierre et Robert les Tourtillons
|
80
|
— à
la veufve et hoirs Pierre Mignon
|
100
|
— à
Pierre Le Roy
|
150
|
— à
Etienne Chaussier d’Orléans
|
600
|
— à
Jehan Michel et à la veufve Jehan Simon
|
10
|
— aux hoirs
de deffunct Boudart
|
60
|
— à
Jehan Moyunerie [sic (Moynnerie)]
|
150
|
— aux enfans
de Jacques Gendrot
|
10
|
— à
Anthoine Gennée
|
20
|
— aux hoirs
de feu Jehan Durand
|
80
|
— à
Guillemette Beaujeu
|
50
|
— à
Estienne Boyvin
|
20
|
Ung grand
hostel à Macé Troussard
|
500
|
Ung manoir
à Pierre Leroy
|
1,200
|
— à
Gervaise Chaussier
|
400
|
— aux Minots
|
150
|
— à
Macé Tourtillon et ses cohéritiers
|
80 [p.208]
|
— à
Mathurin Vinet
|
30 liv. tourn.
|
— à
Jehan Clouzier
|
2,250
|
— à
Gilles Foucher
|
25
|
— aux enfans
de Jacques Decroix, héritaige tenu par Jehan Chevoyer
|
350
|
— à
la veufve et hoirs Raoul Macé
|
60
|
— à
Macé Pasquier, pour son hostellerie où pend pour enseigne la
Croix-Blanche
|
350
|
— à
Jehan Chivot, pour son hostellerie en laquelle pend pour enseigne les Trois-Roys
|
550
|
— à
Noël Cœur et Anthoine Mignon
|
150
|
— aux enfans
Jehan Blandin
|
600
|
Le four à
ban dudict Sainville appartenant aux Alleaumes
|
300
|
Un manoir
à Pierre Tronchot
|
1,800
|
— à
Mathurine Beaujeu
|
80
|
— à
Jehan Chambin
|
40
|
— à
Jehan Baron
|
60
|
— à
Simon Gontard
|
35
|
— à
Sylvestre Cajeau
|
5
|
— aux Drappiers
|
200
|
— à
Hierosme Troussard
|
1,300
|
Le lieu presbiteral
dudit Sainville, qui est une maison à demeurer, granche, court et jardin
|
200
|
Ung héritaige
à Jacques Gilles
|
100
|
— à
Estienne Olivier
|
250
|
— à
Pierre Gennée
|
120
|
— aux hoirs
M. Pierre Beaujeu
|
400
|
— à
Jehan Gennée d’Orléans (1)
|
600
|
Une maison
à la veufve et hoirs feu Guillaume Sebille
|
200
|
— à
Jehan Caillou
|
120
|
Une portion
de maison à la veufve Jehan Gobert
|
10 [p.209]
|
— à
la veufve feu Guillaume Caillou
|
20 liv. tourn.
|
Une maison
aux hoirs de feu Thomas Lahbé
|
80
|
— à
Noël Heurtault
|
250
|
— à
Phelippeaux
|
100
|
— à
Hierosme Troussard
|
80
|
— aux hoirs
feu Robin De la Motte
|
150
|
— à
Denis Tronchot
|
80
|
— à
Geoffroy Delaporte
|
40
|
— à
Maistre Jehan Egros d’Orléans au lieu de Claude Delaporte
|
150
|
— à
Jehan Bardet
|
120
|
— à
Henry Baron
|
120
|
— à
Gaspard et Jacques les Gommiers
|
150
|
— à
Jehan Racault
|
40
|
— à
Mathieu Pasquier
|
60
|
— aux hoirs
feu Gervaise Duguay
|
50
|
— aux hoirs
feu Philippe Pasquier
|
120
|
— à
Michel Pasquier
|
30
|
— à
Collas Dubut
|
20
|
— à
Massot Pasquier
|
400
|
— à
André Levesqueau
|
60
|
— à
Guillaume Drimaffin
|
60
|
— à
Pierre Levesqueau
|
60
|
— à
Pierre Golu
|
100
|
— à
Guillaume Passedart
|
40
|
— à
Pierre Labbé
|
50
|
— à
Jehan Chignon
|
120
|
La veufve
Menault estime [sic (, estimé)] son terrain et demeure à
|
30
|
Macé
Troussard à
|
50
|
Jehan Camart
à
|
12
|
Estienne
Trumeau à
|
6
|
Pierre Tourtillon
à
|
2
|
Noël
Lebart à
|
5
|
Simon Chevallier
à
|
3
|
Jehan de
Paris à
|
2
|
Pierre Chevalier
à
|
10
|
La veufve
feu Pierre Leroy à
|
6
|
Jehan Darian
à
|
10
|
La veufve
Jacquet et son gendre à
|
1 [p.210]
|
Jehan Greslon
à
|
10 sols
|
Guillaume
Greslon à
|
5 liv.
|
Toussaint
Tourtillon à
|
5 sols
|
La veufve
Framon à
|
5 sols
|
La veufve
Menard à
|
1 liv.
|
La veufve
Carré à
|
5 sols
|
Simon Seignaut
à
|
5 sols
|
Estienne
Verteuille à
|
1 liv.
|
Guillaume
Jousse à
|
1 liv.
|
Guillaume
Gaudin à
|
1 liv.
|
Jehan Bremean
à
|
1 liv.
|
Jehan Person
à
|
1 liv.
|
Mathurin
Tourtillon à
|
15 liv.
|
Guillaume
Tourtillon
|
à 20 liv.
|
Vincent Paris
à
|
200 liv.
|
TOTAL
|
20,659 liv. 10 sols.
|
|
(1)
Note marginale: «Icy se trouve le jardin de la Communauté où
est la tourelle Gennée.»
|
«Et laquelle estimation rapportée et affermée comme dessus,
nous ont requis lesdits procureur et habitans leur permettre et ordonner estre
sur eulx levée certaine somme de deniers au sol la livre selon laditte
taxe pour l’enceinte et enclosture que dessus ou pour ce faire estre renvoyez
pardevant monseigneur le bailly d’Orléans ou son lieutenant, ce que
nous avons fait, et continué laditte requeste pardevant luy au jour
du vendredy prochain issue de son siége où lesdits habitans
rapporteront combien de toises contiendront lesdites murailles et foussez,
et que pourront par estimation couster lesdites murailles, foussez, portes,
porteaulx, tours, tourelles et enclosture susdites à ce que plus facillement
leur puisse estre pourvu sur laditte requeste.
Fait les an, jours et en la forme et manière
susdits. Signé: DELAPLACE, commis, pour le greffier.
Un acte de 1732, que nous rapporterons à
l’article de la communauté des Sœurs de Sainville, constate que dès
cette époque, les fortifications de ce bourg n’existaient plus et qu’une
partie des fossés avait déjà été rendue
aux propriétaires riverains; l’emplacement de ces fossés est
encore aujourd’hui très-apparent dans certains endroits. [p.211]
|
|
PLAN DU BOURG DE SAINVILLE
Légende du plan: A. Porte de Paris. — B. Porte d’Étampes. — C.
Porte d’Orléans. [p.212]. — D. Porte de Chartres. — O. O. Place des anciens fossés
aujourd’hui comblés. — N°1. Tourelle
Tourtillon. — N°2. Tourelle Mignon. — N°3. Tourelle Beaujeu. — N°4.
1re Tour Alleaume. — N°5. Tour Vinet. — N°6. 2e Tour Alleaume.— N°7.
Tour Pasquier. — N°8. Tour des Gommiers. — N°9. Tour de Guennée.
— N°10. Tour sans nom. — N°11. Eglise avec son enclôture dite
le Fort. — N°12. Puits communal sur la Place. — N°13. Chemin de Chartres
à Étampes. — N°14. Chemin de Garancières. — N°15.
Chemin de Léthuin. — N°16. Chemin de Manterville. — Les lignes pointillées indiquent
la place où étaient les ancienne murailles.
ÉGLISE. — Cet édifice, placé
sous l’invocation de Saint-Pierre, est couvert en tuiles, et construit en
moellons avec baies, angles, corniches, arêtes des pignons et contreforts
en pierre de taille: il est borné à l’ouest par le chemin de
grande communication n° 7; au sud, par la place publique; à l’est
par des bâtiments particuliers, et au nord par une cour. Son ensemble,
de forme rectangulaire, a 30 m 60 de long sur 12 m 90 de large. Il comprend:
une nef principale, à la suite de laquelle se trouve le chœur, puis,
à droite, la sacristie et une nef collatérale, qui aune chapelle
à son extrémité est. Vers le milieu de cette nef s’élève
la tour du clocher dont la hauteur totale est de 21 m 50, y compris le toit
qui la couvre.
L’église de Sainville est curieuse à
étudier, à cause des époques architecturales qui la caractérisent.
La tour, ainsi que le chœur et les trois premières travées
de la grande nef, sont du style roman de transition de la fin du XIIe siècle;
le reste de la grande nef et les collatéraux [p.213] paraissent ne dater que du XVe siècle;
la rosace qui est au-dessus de la porte d’entrée principale est certainement
de cette époque. Cette porte, précédée d’un perron
de trois marches, est garnie de moulures qui se répètent à
la jolie rosace placée au-dessus, et où l’on remarque quelques
restes de vitraux coloriés. A l’angle sud de la grande nef se trouve
l’entrée ordinaire de l’église, précédée
d’un petit porche.
L’intérieur est éclairé par
quatorze fenêtres, dont sept au sud, y compris celle de la sacristie,
cinq au nord et deux à l’est; elles sont ogivales et les vitraux en
verre ordinaire posé en lozanges sur châssis de plomb: quelques-unes
ont, aux angles des lozanges, des verres de couleur formant des lignes diagonales
de croix ou d’étoiles.
|
|
L’inventaire du Trésor de l’église de Sainville, dressé
en 1790, mentionne deux cloches pesant 2,500 livres; voici les inscriptions
qu’elles portent:
Sur la petite cloche on lit:
«Besneit soit le Seigneur, Dieu d’Israël,
car il a visité et fait la rédemption de son peuple.»
La grosse cloche date de 1549, comme le constate
ce quatrain qu’on y a gravé:
Fondu fûmes tout de
neuf.
De Sainville suis le patron.
De Saint-Pierre porte le nom.
L’an mil Vc XLIX.
«Estienne Hardet
— Mathurin Guenet — Jacques Menault, gagiers.»
En 1821, la fabrique de Sainville fit fondre une
troisième cloche, appelée la Moyenne, sur laquelle on lit:
«L’an 1821, j’ai été baptisée
par M. Constantin Hardy, curé de Sainville, et nommée… [p.214]
«En présence de M. Jacques Dramard,
maire de la ce de Sainville.
«MM. Jacques Alexis Boutroue, président
de la fabrique et Denis Marin Lambert.»
|
|
L’église
était autrefois entourée d’une enceinte de murs très-épais;
leur emplacement porte encore aujourd’hui le nom de fort que mentionne notre
plan de 1776.
La fabrique de l’église de Sainville possédait
divers biens et héritages que nous fait connaître une déclaration
rendue en 1692 par messire Gabriel de Billy, prêtre-curé de cette
paroisse; savoir:
«Le lieu presbytéral dudit Sainville,
consistant en deux espaces de logis où il y a cheminée, chambre
et quatre cabinets, planchez de solives, couverture de thuiles, cave dessous,
grange, cour entre les dits bâtiments, jardin derrière, clos
à murs, tenant d’une part au sieur de Senainville (1), d’autre part à Loys Poussepin, d’un bout
sur le rampart de Sainville, et d’autre bout la rue dudit lieu.
|
(1)
Hameau de Coltainville.
|
«Plus, 33 minots de blé, mesure d’Auneau, dus à luy chacun
an, pour son gros, par monsieur l’abbé de Saint-Benoist-les-Fleury-sur-Loire,
seigneur dudit Sainville, pour les dixmes du terroir dud. Sainville et de
Manterville, paroisse dud. lieu;
«Item, les grosses dixmes des terroirs de
Boulonville et Chesne, paroisse dud. Sainville, qui peuvent valoir 25 septiers
de bled métail et menus grains autant;
«Item, 25 septiers de terre labourable assise
tant au terroir dudit Sainville que Manterville, en plusieurs pièces,
chargez de 25 messes basses par an et 6 services solemnels; en outre de 99
livres de décimes par an dues par luy et 298 livres 16 solz 2 deniers
pour les dites terres de la cure (2).»
[p.215]
|
(2)
Tit. de la fab. de Sainville.
|
«En 1695, ces diverses terres étaient affermées par la
fabrique de Sainville, suivant un bail passé devant Gilles, notaire
tabellion royal et garde-nottes ès chastellennies d’Othon, le Plessis-Saint-Benoist,
Sainville et celle de Boulonville, Orsonville, Poissacq, Verouville, Monvilliers,
Gouillons, Mondonville-la-Saint-Jean, Edville, Léthuin et autres
lieux, leurs branches et circonstances et dépendances et ès
environs au bailliage, duché et chastellet d’Orléans (1).»
|
(1)
Tit. de la fab. de Sainville.
|
Communauté des sœurs de Sainville.
Au XVIIe siècle plusieurs saintes filles
qui avaient pour but, dans l’origine, la vie solitaire, la prière et
le travail, vivaient réunies à Sainville.
En
1696, une pieuse dame nommée Marie Poussepin, originaire de Dourdan,
qui comptait déjà plusieurs membres de sa famille à
Sainville (2), étant venue se fixer dans
cette paroisse, conçut le projet d’y créer un établissement
destiné à l’éducation des filles indigentes et au secours
des malades. A cet effet, elle fit diverses donations et acquisitions que
nous allons rapporter:
|
(2)
Les registres de l’état civil de Sainville contiennent cette mention:
«1671. — Du 3me May a esté baptisé Estienne fils du
légitime mariage de Estienne Poussepin, et de Tècle Bourgeois,
ses père et mère. Le parrain a esté Estienne Bourgeois
qui a donné le nom; la marraine Louise Poussepin. «Signé:
Joucquet — Louise Poussepin.»
|
Le premier acte a pour
titre:
«Cession d’une maison à Sainville
par Marie Poussepin, à la Communauté des sœurs de Sainville
— 13 novembre 1697:
|
|
«A
tous ceux qui ces présentes lettres verront, le baillif d’Orléans,
conseiller du Roy en ses conseils et de Monseigneur le duc d’Orléans,
juge des Exemptions ou cas royaux, conservateur des privilèges royaux
de l’Université dudit [p.216] lieu, salut: Sçavoir faisons que pardevant Estienne Gilles,
notaire, tabellion royal et garde-nottes en la chastellenie d’Othon, du Plessis-Saint-Benoist,
Sainville, Boulonville et autres lieux en dépendans, bailliage et
duché d’Orléans, fut présente en sa personne honneste
fille dame Marie Poussepin, fille de soy, demeurante à Sainville, laquelle
voulant former une communauté du Tiers-Ordre de Sainct-Dominique pour
l’utilité de la paroisse, pour instruire la jeunesse et servir les
pauvres malades de la paroisse dudit Sainville, a donné et donne par
ces présentes pour ces causes entre vifs, irrévocables pour
toujours, pour ladite communauté de filles estre formée et
établie en ce lieu, un héritage assis audit Sainville, se consistant
en deux chambres à feu, plancheiez et solivez, cave dessous, grenier
dessus, grange au bout de la cour, avec un cabinet sur le devant de la rue
dudit Sainville, la maison couverte de thuiles et le reste de chaumes, cour
entre lesdits bastimens, tenant d’une part à Louis Philémon
Troisvallets, à cause de Françoise Texier sa femme, d’autre
part à … Guysenet, à cause de … Texier, sa femme, d’un bout
sur le clos de vignes cy après déclaré, et d’autre bout
sur la rue dudit Sainville ditte Porte d’Orléans.
«Item, un clos de vignes, au bout dudit
lieu cy dessus, tenant d’une part à Marin Lambert, d’autre part audit
Guysenet, d’un bout sur le rampart dudit Sainville, et d’autre bout sur le
jardin et cour dudit lieu cy-dessus.
«Comme aussy donne et délaisse laditte
donatrice aux susdittes sœurs ce acceptantes tous et chacuns les meubles et
ustenciles d’hostel qui sont et se trouveront audit lieu cy dessus donné,
de quelque nature et valeur qu’ils puissent estre au jour de son décedz,
pour par elles en faire et disposer par leur ditte communauté, ainsy
qu’elles adviseront bon estre pour leur entretien, aiusy qu’il est cy-devant
déclaré, sans qu’elles puissent s’approprier rien en particulier
ainsy que ce que dessus baillé se poursuit et comporte, sans en rien
réserver ni retenir, sinon l’usufruit que laditte [p.217] donatrice s’est réservé et réserve
par ces présentes, sa vie durante, ny y accroître, diminuer
ni parfaire: appartenants à la dicte donatrice au moyen de l’acquisition
qu’elle en a faicte cy-devant dudit Louis Philémon Troisvallets et
sa femme, par contract passé par devant Denys Chardon, notaire royal
à Dourdan, le.... jour d’aoust mil six cens quatre-vingt seize, moyennant
la somme de quatre cens livres, et pour les meubles et ustanciles d’hôtel
cy-après déclarés, moyennant cent cinquante livres.
Tenus en censive de Monseigneur le chevallier de Lorraine, abbé de
Saint-Benoist-le-Fleury-sur-Loire, seigneur dudit Sainville, et chargez envers
luy de tels cens et droits seigneuriaux que peuvent devoir lesdits héritages,
que laditte donatrice à laquelle a été remontrée
l’ordonnance n’a pu dire ny déclarer au vray, de ce requise et interpellée
par ledit notaire suivant l’ordonnance.
«Cette donation faite en considération
des filles qui sont et seront assemblez dans ladicte maison et héritages
aux fins susdittes, pour y avoir lieu à toujours, à condition
qu’en cas qu’icelles filles fussent inquiétées à l’advenir
tant par les frères ou parents de laditte Poussepin qu’autres particuliers
au sujet de laditte donation et fondation, elle supplie très humblement
Monseigneur l’évêque de Chartres ou ses successeurs à
l’advenir d’accepter la donation cy dessus pour estre employée à
l’entretien d’une maîtresse d’échole et autres filles comme il
est cy dessus dit, pour servir les malades de la paroisse dudit Sainville.
Laquelle donation a esté acceptée tant par laditte dame Poussepin
fondatrice et donatrice, que par Noëlle Mesnard, sœur novice, ditte sœur
Marie, du Tiers ordre de Saint-Dominique à ce présentes et
acceptantes tant pour elles que pour les autres sœurs qui sont et seront
assemblées dans laditte maison du consentement et par la permission
de leurs supérieurs, au proffit desquelles elle s’en est dès
à présent désaisye et dévestue et les a saisies
et vestues, voulante et consentante qu’elles en prennent la possession et
saisine réelle et actuelle, tant [p.218]
en sa présence qu’absence, tout ainsy que sy présente en personne
elle y estoit, et les a mises et subrogées en son lieu et place pour
lesdittes filles en faire et disposer comme de leur propre chose en bon droit
acquis. Cette fondation et donation cy-dessus sujette à insinuation
dans les quatre mois, suivant l’ordonnance et la coutume du bailliage dudit
Orléans, au dedans du ressort de laquelle lesdits lieux et chastellenyes
sont assises et scituées, à peine de nullité. Car ainsy
a esté le tout dit, convenu et accordé entre ladite fondatrice
et donatrice et lesdites filles et communauté susdites, par les charges,
clauses et conditions cy-dessus déclarées, sans lesquelles
ces présentes n’auroient esté faites, passées ou arrestées.
— Promettant de n’aller ny venir à toujours contre le contenu en ces
présentes, ains de les avoir et tenir à toujours pour agréables,
fermes et stables sans jamais y contrevenir, sous l’obligation, submission
et hypothèque de tous et chacun leurs biens meubles et immeubles de
la dite communauté et ceux d’icelle donatrice et fondatrice, qu’elles
en ont pour ce submis à la justice, jurisdiction et contrainte du Roy
noslre Sire et de Monseigneur le duc d’Orléans en leur duché,
bailliage et chastellet d’Orléans et à toutes autres justices
et jurisdictions où trouvez seront. — Renonçans à toutes
choses à ce contraires.
|
Marie
Poussepin, née le 14 octobre 1653 à Dourdan, morte le
24 janvier 1744 à Sainville, fondatrice de la congrégation des
Sœurs dominicaines de la présentation de Tours, béatifiée
par le pape Jean-Paul II en 1994.
|
«Donné en tesmoing de ce souz le scel aux contracts desdits duché,
bailliage et chastellet d’Orléans. Ce fut fait, passé et arresté
après midy, au lieu presbytéral dudit Sainville, ès
présence de Révérend Père frère Françoys
Mespolié, de l’ordre des Frères Prescheurs, de l’ordre de Saint-Dominique,
du noviciat de Paris, estant de présent en ce lieu, et de vénérable
et discrette personne Messire Gabriel Debilly, prêtre-curé de
Sainville, et de Pierre Gigou, manouvrier, demeurant audit lieu, tesmoings
qui ont signé en la minute des présentes, avec ladilte fondatrice
et donatrice et avec la ditte sœur, Marie Mesnard, acceptante, et ledit notaire,
le mercredi treiziesme jour de novembre mil six cens quatre vingt dix sept.
[p.219]
«Et en marge de laditte minutte est écrit:
Controllé et registré au 4e volume, à Ouarville le dix
neuf novembre mil six cens quatre vingt dix sept, signé Périer
avec paraphe; receu vingt six sols — Comme aussi en la marge du dernier roolle
d’icelle minute est écrit: scellé à Ouarville le dix
neufviesme novembre mil six cent quatre vingt dix sept; signé Périer
avec paraphe; treize sols receus. — Signé: Gilles, notaire.
«Aujourd’hui lundy vingtiesme jour de janvier
mil six cent quatre vingt dix huit, en l’audience tenue au chastellet d’Orléans
par moy Gabriel Curault, conseiller du Roy, président, ancien et lieutenant
général au bailliage et siège présidial d’Orléans,
assisté des conseillers magistrats èsdiz siéges, le présent
et contract de fondation et donation a esté par nostre greffier leu
et publié à haute et intelligible voix et insignué à
ce que nul n’en ignore, dont nous avons octroyé acte à maistre
Jacques Amyot, procureur au chastellet d’Orléans, à ce présent
et requérant et acceptant, comme porteur dudit contract et procureur
des parties y dénommées, et ordonné icelluy estre registré
en nostre greffe pour y avoir recours quand besoin sera, servir et valloir
aux dites parties en temps et lieux ce que de raison. Donné par nous
lieutenant-général susdit, assisté comme dessus, lesdits
jour et an. A esté enregistrement fait et le contrat rendu. — Signé:
Fougeron, greffier (1).»
|
(1)
Orig. aux arch. d’Eure-et-Loir.
|
En 1704, Marie Poussepin
réunit aux héritages ci-dessus déclarés, une
petite maison couverte de chaume, consistant en une chambre basse avec grenier
dessus, cave dessous, et une petite grange, cour devant et jardin derrière,
qu’elle acheta de Jacques Guisnet, marchand mercier, demeurant à Mérobert
(2), moyennant le prix principal de 340 livres...
ledit héritage tenant d’un bout par le jardin et ousche [p.220] sur les murailles
dudit lieu de Sainville, et d’autre bout sur la rue d’Orléans...»
|
(2)
Hameau de la com. de Saint-Georges-sur-Eure.
|
En 1709, nous voyons
«Dame Marye Poussepin, supérieure des filles de la communauté
de Sainville, payer à Estienne Poussepin, laboureur, demeurant audict
Sainville, la somme de 70 livres pour l’extinction, remboursement et admortissement
du sol principal de 20 sols de rente et de cinq boisseaux deux cars de bled
métail aussy de rente pour chacun an, desquelles rentes ladicte Poussepin
estoit tenue envers ledict Poussepin pour raison des héritages par
elle acquis en 1704.»
Cependant les sœurs de la communauté de
Sainville s’étaient répandues successivement dans différentes
paroisses des évêchés de Chartres, de Meaux, d’Orléans
et d’Arras.
En
1717, le 10 octobre la supérieure obtint des lettres patentes
de l’évêque d’Orléans pour l’établissement de
sa communauté de Sainville.
1718.
— D’autres lettres patentes pour le même objet furent données
par l’évêque de Chartres, le 9 septembre.
Le 6 mai de la même année, Marie
Poussepin acquit encore de Louis Philémon Troisvallets, laboureur,
demeurant à Sainville, une maison tenant à la sienne, et contenant
deux grands espaces, cour et jardin devant, moyennant la somme de 280 livres.
Les lettres
patentes ci-dessus furent enregistrées et ratifiées par arrêt
de la cour du Parlement, du 31 juillet 1724 (1), aux conditions portées, entre autres celles
«de ne pouvoir faire d’autre commerce que celui du travail de la main;
que la communauté ne pourra être composée que de vingt
filles; de vivre sous la deppendance spécialle de l’évêque
de Chartres et du curé de la paroisse de Sainville.»
|
(1)
Voir ci-dessus, page 43.
|
1732. — «Messire
Hierome Dufaur de Pibrac, abbé commandataire de l’abbaïe de Sainct-Benoist-sur-Loir,
ancien [p.221] doien et
grand vicaire de Baieux, seigneur haut chastellin des terres et seigneuries
du Plessis-Sainct-Benoist, Authon et Sainville, sur ce qui lui a été
représenté par sœur Agnès Revers, sous-prieure des filles
de la charité établies en communauté audit lieu de Sainville,
qu’anciennement le bourg de Sainville a été enclos de murailles
et fossez; que pour faire laditte enclosture il fut emprunté des terres
des particuliers debtenteurs d’héritages le terrain dont avoit besoin
pour faire laditte enclosture, et les terres provenantes du fouillement et
confection desdits fossez jettées sur les héritages des particuliers
chacun en droit soi, ainsi qu’il se reconnoist encores aujourd’hui par l’exaussement
desdittes terres enfermées dans chacun desdits héritages, sur
lesquels le jet s’en est fait; que de la maison et héritages appartenans
à la dite Communauté dépend un jardin qui aboutit du
couchant sur lesdits fossez et ramparts dudit lieu, duquel il paroist qu’il
a été anciennement emprunté comme des autres héritages
voisins, autant de terrain qu’en comporte la largeur dudit jardin pour la
confection desdits fossez dont le jet de la terre fouillée est sur
et audedans dudit jardin, laquelle enclosture est présentement entièrement
minée et effacée et conséquemment lesdits fossez devenus
inutils à la dite closture qui ne subsiste plus, et par la même
raison l’ancien motif de l’emprunt des terres pour lesdits fossez est pareillement
cessé;.... a volontairement reconnu et confessé avoir baillé,
concédé, quitté et délaissé dès
maintenant pour toujours à laditte Communauté des filles de
la charité établie audit Sainville et leurs successeurs, c’est
à scavoir le terrain où cy devant ont été faits
et construits les fossez de l’enclosture dudit Sainville autant qu’en comporte
la largeur du jardin de la maison de laditte Communauté, depuis le
mur dudit jardin jusque sur la creste dudit fossé du côté
des terres labourables, un chemin à voiture passant entre deux; le
dit terrain contenant sur une face 152 pieds et sur l’autre 42 pieds ou environ...
moiennant cinq sols de cens et rente seigneurialle...» [p.222]
Marie Poussepin était encore supérieure
de la Communauté en 1733. — C’est en cette qualité que, par
acte du 26 septembre, elle fit donation à Louis Poussepin, son neveu,
marchand, demeurant à Dourdan, d’une maison et vignes sises audit lieu,
à la charge par lui de fournir aux sœurs de la Communauté de
Sainville, une chambre et une écurie, lorsqu’elles iraient à
Dourdan.
|
|
1738. — «Pierre
Servant, prestre, chapelain de la chapelle des Filles de Sainville, achète
une maison appelée la Cour-Verte, scize audit lieu, proche et devant
le puits de la porte d’Orléans, attenant la dite maison aux héritages
des Filles de la Communauté de Sainville.
Le 26 août
1757, Pierre Servant, alors curé de Sainville, fit
la vente de cette maison à sœur Michelle Bonnet ditte sainte Scolastique,
demeurante à la communauté de Sainville; cette dernière
obtint en 1759 l’autorisation de la faire reconstruire.
1781.
— Une transaction, passée le 15 juin, par devant Me Tessier, notaire
à Angerville, entre la supérieure de la communauté de
Sainville et la fabrique d’Angerville, nous révèle qu’une dame
Poussepain, sans doute la même que celle dont nous avons parlé,
avait occupé une petite maison rue des Lucas, près de l’église
et de l’Hôtel-Dieu, contenant une perche. Cette dame y avait fait faire
des constructions, et il avait été arrêté par un
acte de 1769, que ladite communauté serait tenue de l’entretenir à
ses frais. Mais les sœurs d’Angerville, ne pouvant subsister dans cette commune,
se retirèrent en 1781. C’est alors que Mme Poussepain accepta mille
francs de la fabrique d’Angerville pour renoncer à ses droits sur
cette maison, qui appartient aujourd’hui à la fabrique d’Angerville
(1).
|
(1)
Titr. de la fab. d’Angerville.
|
1783. — «Du
terrier de la châtellenie du Plessis-Saint-Benoist, Authon et Sainville,
appartenant à Msr Georges [p.223] Louis Phelypeaux, archevesque de Bourges, a été extrait
ce qui suit:
«Du dix huit mars mil sept cent quatre-vingt
trois, pardevant Me Delanoue, notaire royal à Dourdan, dame Jeanne
Bouet, supérieure de la Communauté delà Charité,
établie à Sainville, Marie Moreau, dite sœur Agathe; Anne Touchard,
dite sœur Michel; Marie Roger, dite sœur Blaise; Madelaine Tillaud, dite
sœur Euphrasie, faisant la plus grande et saine partie des sœurs d’icelle
communauté, assemblées au son de la cloche en la manière
accoutumée, en leur salle d’assemblée, lesquelles ont reconnu
tenir de mondit seigneur abbé de Saint-Benoist, à titre de
cens, portant proflits de lods, et ventes, deffaut, saisine et amendes quand
le cas y échet, suivant la coutume du bailliage d’Orléans;
«Leur couvent et communauté composée
d’une chapelle et de plusieurs bâtiments avec cours et jardin, le tout
en un tenant, contenant suivant le plan levé en l’année 1775
(1), un arpent quinze perches trois quarts, situé
audit Sainville, joignant du nord une ruelle commune, d’un bout du levant
la rue de la Porte d’Orléans, et d’autre bout du couchant le chemin
du Tour dudit Sainville, le tout sous la charge de quinze sols de cens envers
mondit seigneur.... Fait et passé ledit jour en ladite salle d’assemblée,
présents Me François Bourges, directeur de ladite communauté...
(2).»
|
(1)
Ce plan est conservé aux archives d’Eure-et-Loir.
(2) Tit. de la communauté
de Sainville. — Arch. d’Eure-et-Loir.
|
La révolution de
89 ayant supprimé les établissements religieux, la maison de
Sainville fut vendue comme domaine national en 1792. Après la
tourmente révolutionnaire, quelques sœurs de Sainville s’étant
réunies à Janville, demandèrent leur réorganisation
par l’intermédiaire de l’évêque de Versailles. M. Delaître,
alors préfet d’Eure-et-Loir, accueillit favorablement cette demande.
Il obtint du gouvernement 15,000 francs pour l’acquisition d’un bâtiment;
le maire de Janville employa ses ressources pour soutenir [p.224] et
fixer dans cette commune un établissement qui devait le dédommager
amplement de ses sacrifices. Un arrêté, date du 30 fructidor
an XI de la République française (17 septembre 1803),
porte ce qui suit:
«Le Préfet d’Eure-et-Loir, voulant
appliquer à la Communauté dite de Sainville, actuellement transférée
à Janville, les dispositions prescrites par les arrêtés
des Consuls des 24 vendémiaire et 19 frimaire an XI, pour la réorganisation
des sœurs de la charité et des sœurs hospitalières de Saint-Maurice
de Chartres, — Arrête:
Art. 1er. — La communauté des sœurs hospitalières
dite de Sainville, vouée précédemment au soulagement
des pauvres, à l’instruction des enfants et au service des malades
dans les hospices des paroisses, est rétablie sur la dénomination
de Communauté des sœurs de la charité de Janville.»
Il fut stipulé que lesdites sœurs porteraient
leur costume accoutumé; qu’elles seraient, dans l’ordre religieux,
sons la juridiction de l’évêque diocésain; qu’elles ne
pourraient correspondre avec aucun supérieur étranger, et qu’elles
ne pourraient recevoir des élèves que dans leur maison professe
de Janville.
|
|
Tout semblait promettre
pour l’établissement un avenir certain et prospère; mais la
supérieure alors en exercice, au lieu d’appliquer les fonds dont elle
disposait au payement d’une propriété commode qu’on aurait pu
agrandir par la suite, fit faire des constructions neuves, augmenta les bâtiments,
et dérangea complètement les affaires de la maison. Néanmoins
l’ordre fut confirmé par un décret du 19 janvier 1811, contenant
«brevet d’institution publique des sœurs hospitalières de la
charité, présentation de la Sainte-Vierge de Janville, diocèse
de Versailles.»
Cependant M. de Barral, archevêque de Tours,
parvint à faire opérer le transfert en cette ville de la communauté
de Janville. Ce fut une véritable perte pour la commune et [p.225] pour le département qui avait vu naître
l’institution et avait puissamment contribué à son rétablissement.
Les bâtiments primitifs de Sainville existent encore pour la plus grande
partie dans la rue qui conduit à Maisons et forment trois habitations
particulières.
|
|
Population. — Nous avons
vu (page 190) que Sainville au XIIIe siècle (1), comptait: 140 paroissiens;
Et qu’en 1738, il y avait: 330 communiants;
Un état des tailles, dressé en 1777,
lui donne 114 feux, soit: 332 [sic*] habitants.
Les recensements postérieurs constatent:
En 1816
|
602 habitants.
|
En 1836
|
574 —
|
En 1846
|
579 —
|
En 1866
|
589 —
|
Ce dernier chiffre se répartit ainsi
qu’il suit, entre le chef-lieu de la commune et les hameaux qui en dépendent:
Sainville (chef-lieu)
|
Maisons.
|
Ménages.
|
Habitants.
|
Rue de la Porte-de-Chartres
|
18
|
18
|
62
|
Rue de la Porte-d’Orléans
|
35
|
41
|
136
|
Rue de la Porte-d’Étampes
|
34
|
37
|
145
|
|
105
|
116
|
416
|
Hameaux
|
|
|
|
Bellevue
|
1
|
1
|
10
|
Boulonville
|
8
|
8
|
37
|
Chêne (le)
|
2
|
2
|
15
|
Mantarville
|
26
|
27
|
111
|
Totaux
|
142
|
154
|
589 [p.226]
|
|
(1)
Pouillé du diocèse de Chartres, dressé vers 1250.
* On voit plus loin que Lefèvre compte trois habitants
par feu (ce qui est certainement sous-estimé); il devrait donc donner
ici selon son système, 342 (B.G.).
|
I. — BOULONVILLE.
— Hameau situé au nord-est et à 2 kilomètres de Sainville,
est mentionné au XIIe siècle soit le nom de Bolonvilla. C’est
encore une localité qui doit sa dénomination à une essence
forestière, comme l’indique la première partie du mot Bool,
Boul (Bolum, Bola, Betula) Bouleau, d’où les Gaulois tiraient un suc
résineux; — on appelait Bolaie (Bola) une tour, une forteresse. Enfin
les mots Bolæ Villæ indiquaient les limites d’un domaine, la
circonscription de sa juridiction: Districtus, intra quam jurisdictio alicujus
loci protenditur. Cette définition nous parait s’appliquer parfaitement
à Boulonville, s’il est vrai que ce lieu faisait autrefois partie du
Chesne, comme nous le dirons à l’article de cette ancienne seigneurie?
Boulonville
se trouve à 700 mètres de la voie romaine de Paris à
Blois, et paraît avoir été, dans l’antiquité, un
lieu plus important qu’il n’est aujourd’hui. Tout le sol environnant renferme
des traces d’antiques constructions, des débris de tuiles plates à
rebords, de grosses tuiles creuses et de tessons de poterie, surtout aux environs
d’un vieux puits isolé qui existe dans les champs à une centaine
de mètres des maisons actuelles. En creusant un vaste trou pour en
extraire de la terre en face de la ferme (section B, n° 830), on a rencontré,
à deux ou trois mètres de profondeur, l’entrée d’un
souterrain qui paraît être du moyen-âge; on n’a pas essayé
d’y pénétrer et l’on ignore où il peut conduire.
Bernard de
Boulonville et Foucher son fils sont mentionnés comme témoins
dans deux chartes (1113-1128) concernant les possessions de l’abbaye de
Saint-Jean à Mantarville: Bernardus de Bolonvilla; Fulcherius, Bernardi
filius de Bolonvilla.
Ce Foucher, fils de Bernard, est encore cité
en 1150: «Fulcherius, filius Bernardi de Bolonis-Villa.»
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II. — CHÊNE (le). — Château et ferme,
situés à 2 kilom. au nord de Sainville. Ce lieu est mentionné
en 1080 sous le nom de Quercus, et paraît avoir une haute antiquité.
[p.227]
«Les Druides, dit Dom-Martin, s’étoient
fait une loi de faire leur demeure dans des bois de Chênes, d’y tenir
leurs assemblées, d’y établir leurs tribunaux pour rendre la
justice, d’y avoir leurs Colléges pour l’éducation de la jeunesse
Gauloise, afin de ne perdre jamais de vue le Chêne, et d’être
toujours à portée d’y faire leurs vœux et leurs sacrifices ou
méditer avec moins d’obstacles sur les perfections de la Divinité
qu’ils adoroient.
«Les Gaulois qui se mouloient aveuglément
sur les Druides avoient un si haut sentiment des Chênes, qu’ils n’osoient
pas même y porter la main; ils étaient dans l’usage constant
de les laisser pourrir sur leurs troncs, de ne point les employer à
aucun usage, même à celui du feu, et d’être saisis à
leur aspect d’une religieuse horreur. Lucain, voulant exprimer l’éloignement
extraordinaire qu’avoient les Gaulois de César de mettre bas ces
arbres, selon les ordres de leur général, dit que les mains
trembloient aux soldats, et la majesté du lieu les pénétroit
si vivement, qu’ils croyoient que tous les coups qu’ils devoient porter sur
ces arbres, réfléchiroient et tomberoient sur eux:
«Sed fortes tremuere manus,
motique verendâ
«Majestale loci, si ROBORA SACRA
ferirent,
«In sua credebant redituras membra secures.»
La forêt Carnute,
lieu de la réunion générale des Druides Gaulois, avait
un caractère sacré, attestant à la fois son existence
et sa grandeur premières. Si le sol a, de nos jours, singulièrement
changé toutes ces choses par la culture, il n’a pu faire entièrement
disparaître les restes irrécusables de ces clairières
semées de blocs amoncelés où se tenaient les assemblées
des Druides, de ces arbres où se cueillait le gui symbolique (1) et qui ont laissé leurs noms à un
grand nombre de localités. Dans Eure-et-Loir, nous en comptons 53 qui
portent ce nom ou en sont dérivés, savoir: [p.228] 2 Chesne; 25 Chêne,
seuls ou joints à un autre mot; 1 Chêne-Chenu; 1 Chêne-Doré
(1); 1 Chénegué (2), 2 Chênaie; 2 Chénaye; 4 Chesnaye;
1 Chesnas; 6 Chesnay; 2 Chesneau; 1 Chesnières; 1 Chenicourt; 1 Chenevelle
(3); 1 Chesnellière: 1 Chenonville.
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(1)
«Ad viscum, viscum, Druidæ clamare solebant... (Ovid).»
(1) Hameau de la
commune de Saint-Denis-des-Puits, où passe la voie romaine de Chartres
au Mans, doit son nom à un vieux chêne, large de 20 mètres
à la tète, haut de 15 mètres et gros de 10 mètres
au pourtour de la base. Il est connu sous le nom de Chêne-Doré,
et doit cette dénomination à la tradition druidique du gui cueilli
avec la faucille d’or; dix personnes peuvent aisément tenir dans le
tronc qui est entièrement creux.
Nous citerons encore un analogue le Chêne
de la Vierge à La Loupe, sur la levée de l’étang; il
porte 14 mètres de circonférence à la base et près
de 7 à la naissance des branches, avec 25 mètres d’envergure
et 15 mètres de hauteur.
(2) Chêne
sur lequel on cueillait le gui.
(3) La villa du
Chesne.
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Le hameau
du Chêne dut sans doute son nom à l’un des principaux représentants
de la forêt carnute, quand elle tomba peu à peu sous les pas
de la civilisation; le mot quercus, que ce lieu portait au moyen-âge,
ne laisse aucun doute à cet égard. D’abord simple villa, le
Chêne devint ensuite un château-fort, qui fut lui-même démoli
à une époque qui nous est inconnue. Le château actuel,
bâti en pierres et couvert en ardoises, est de construction moderne,
comme l’indique une inscription placée sur une pierre de fondation:
«De par Jérôme Picard en l’année 1734.» Cette
habitation est placée au milieu d’un beau parc dont les murs sont
à peu de distance du chemin de Chartres à Etampes. A 500 mètres
de là, se trouve la ferme du Chêne comprenant de vastes bâtiments
d’exploitation construits en pierres et couverts en tuiles plates.
Le Chêne paraît avoir été
autrefois plus considérable, si l’on en juge par les documents qui
suivent: [p.229]
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«Note
curieuse et intéressante pour la paroisse de Sainville (1):
«En
1376, le sieur Donzy et sa femme, seigneur des Chênes, hameau de
la paroisse de Sainville, eurent un procès avec les habitans de Sainville
conjointement avec les habitants du Chêne; l’acte d’union des habitans
du Chêne avec le sieur Donzy, leur seigneur, fut porté en justice
signé de cent habitans du Chêne.
«Les maire et échevins de la ville
de Sainville comparurent et protestèrent contre cet acte d’association,
attendu, dirent-ils, qu’il n’était signé que d’environ cent
habitans, tandis que le hameau du Chêne contenait aujourd’hui (1376)
plus de cinq cents feux. Ce qui fit gagner le procès aux habitans
de Sainville représentés par leurs maire et échevins
(2).»
«Le hameau du Chêne contenoit donc
alors 1,500 habitans (3 par feux). Qu’était donc la paroisse? Ne serait-ce
pas de la destruction de ce prodigieux hameau que le curé de Sainville
avait acquis ses dîmes par Novales (3)?
— signé: Jouan, curé.»
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(1) Cette note a été inscrite par un
des curés de Sainville nommé Jouan, sur le registre des actes
civils de 1775 à 1779, à la fin de l’année 1776, et conservé
dans les archives communales de Sainville.
(2) Voiries registres
du Parlement à Paris, 18 octobre 1376, vol. 2, fol. 239 verso, et 228
recto.
(3) Terres nouvellement
défrichées et mises en culture.
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Nous avons vu que, d’après le pouillé du XIIIe siècle,
la paroisse de Sainville ne comptait que 140 communiants. Si, en 1376, le
Chêne avait réellement 1,500 habitants, il faut admettre que
Boulonville, dont le procès ci-dessus ne fait pas mention, formait
avec le Chêne une seule et même localité distincte de Sainville:
la plus forte agglomération devait être à Boulonville
où l’on remarque, comme nous l’avons dit, beaucoup de traces de constructions
antiques et [p.230] du moyen-âge, tandis
qu’on n’en a pas signalé au Chêne, à moins qu’elles ne
se trouvent sous le bois qui environne le château?
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Les seigneurs
du Chêne nous sont peu connus. Voici quelques actes qui en font mention.
1543.
— «Noble homme messire Jehan de Boullehart, chevallier, seigneur du
Chesne, demeurant audict lieu du Chesne, paroisse de Sainville, échange
avec les religieux de l’abbaye de Saint-Jean, diverses pièces de
terre contre le moulin de Mantarville (1).»
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(1) Voir plus loin l’article de Mantarville.
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1667. — Il y eut procès entre le curé de
Sainville et messire Charles de Morais, chevallier, seigneur de Fortisle et
dame Elizabeth Dupré son épouze, tant en son nom que comme ayant
pris fait et cause de Jean Issard, fermier judiciaire de la terre et seigneurye
du Chesne-Brichanteau, an sujet de cinq années de dixmes du grain
recueilli dans les enclos du grand parcq et petit parcq, et la dixme de l’enclos
des vignes, selon l’usage de la paroisse la plus voisine, dus aud. sieur
curé (2).
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(2) Tit. de la fab. de Sainville.
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1670. — «Par
devant Estienne Gilles, notaire tabellion royal et garde nottes à Sainville,
Boulonville, Authon, le Plessis-Saint-Benoist, Orsonville, leurs branches
et dépendances et ès environs, au bailliage et châtelet
d’Orléans, furent présents en leurs personnes Messire Charles
de Morais, chevallier, seigneur de Fortisle, Paray, le Chesne-Brichanteau
et autres lieux, demeurant en son château dudit Chesne, paroisse dudit
Sainville, d’une part, et honorable homme Guy Doublet, recepveur de la terre
et seigneurie de Manterville, paroisse dudit Sainville, y demeurant, au nom
et comme procureur fondé de procuration généralle et
spéciale et irrévocable de Messieurs les vénérables
Religieux [p.231] prieur et couvent de Sainct-Jehan-en-Vallèe-les-Chartres,
de l’ordre de Saint-Augustin, congrégation de France... Lesquelles
partyes et dits noms ont recongnu et confessé, recongnoissent et confessent
avoir aujourd’hui fait et font par ces présentes entre eux les eschanges
et permuttations qui ensuivent. C’est à savoir que ledit seigneur de
Fortisle a ceddé, quitté, transporté et délaissé
audit titre d’eschange, dès maintenant pour touiours... audit Doublet
audit nom ce acceptant pour lesdits sieurs Religieux, c’est à savoir
deux petits espaces de maison, dont l’un servant d’estable, court devant ladite
maison et ouche derrière, le tout en ung tenant et contenant trois
minots de terre ou environ assis audit Manterville… tenu en censive desdits
sieurs Religieux à cause de leur terre et seigneurie dudit Manterville
et chargé envers eux au prix de quatre deniers de cens et de trois
minots d’avoine, mesure de Sainct-Jehan... mouvant et appartenant audit Seigneur
de Fortisle au moyen de l’acquisition qu’il a faicte de feu Madame de Favières
dame dudit Chesne Et pour en contre eschange des dittes maison et héritages
cy-dessus ledit sieur Doublet a, audit nom, baillé, cédé,
quitté, transporté et dellaissé du tout et dès
maintenant pour touiours… audict seigneur de Fortisle ce acceptant pour luy,
ses hoirs ou ayant cause à l’advenir, c’est à sçavoir
trois minots et demy de terre labourable en une pièce assize au bout
dudit Manterville envers le moullin dudit seigneur, à la charge de
par lui Doublet audit nom de faire bastir et construire autant de bâtiments
sur ladite pièce cy dessus baillez en contre eschange, à la
charge que la dicte maison et bâtiment qui sera construite dans le
jour et feste sainct Jean Baptiste prochain venant, sera et demeurera chargez
à l’advenir envers lesdits sieurs Religieux de quatre deniers et trois
minois d’avoyne, mesure dudict St Jean de cens et avenages... ledit cens
portant lotz, ventes, deffaulx et amendes toutes fois et quantes que le cas
y eschet... Ce fut passé et arresté après midy en l’estude
dudict notaire... [p.232] le mercredi septiesme
jour de may Mil six cens soixante et dix (1).»
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(1)
Orig. aux archiv. d’Eure-et-Loir.
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1685. — «Aveu rendu par sa fabrique de Maisons, à
Messire Bernard de Fortisle, chevallier, seigneur du Plessis-Clereau, le
Chesne-Brichanteau et autres lieux, conseiller du Roy en ses Conseils, maistre
des requestes ordinaire de son hostel, comme nouvel seigneur nommé
par décret de la cour et parlement de Paris, de la dite terre et seigneurie
du Chesne-Brichanteau (2).»
|
(2)
Tit. de la fab. de Maisons.
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III. — MANTARVILLE.
— Ce hameau situé à l’est et à 2 kilomètres de
Sainville, fut appelé Manterville (3)
jusqu’en 1780. D’après ce que nous avons dit de l’origine de Sainville,
le nom primitif de Mantarville fut peut-être Mantis Villa, — l’habitation
du devin — appellation qui nous reporterait à l’époque des Druides.
Cette étymologie, du reste, est commune avec celle de la ville de
Mantes — Manto — devination.
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(3) Voir les registres de l’état
civil.
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Sous l’occupation romaine, le lieu fut nommé Armentarvilla, dérivé
des deux mots Armentarii-Villa (la ferme ou l’enclos des bestiaux) — le vieux
glossaire définit ainsi le mot Armentarium: «un monceau de grosses
bestes, comme buefs.» Au Moyen-Age ce lieu porte les noms suivants
qui ont tous la même origine: Amentardivilla, Armentarvilla, Hermentavilla,
Ermentervilla, Hermentervilla, Mentervilla.
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Au XIIe siècle, Louis VI dit le Gros, roi de France, avait à
Mantarville le droit de brenage (4) dont il se
démit en [p.233] faveur de l’abbaye de Saint-Jean-en-Vallée-lès-Chartres.
Au nombre des témoins de cette libéralité, dont la charte
fut donnée à Étampes, figurent: Thibault, comte de Chartres,
Guy du Puiset, Yves de Courville et Goslin de Lèves:
1111.
— «Universis sancte Dei ecclesie cultoribus tam posteris quam et presentibus
notum fieri volumus ac certum haberi quia consuetudinem quandam quam in Ermentardi
villa hereditario jure videlicet brenagium tenebamus, in anime patris nostri
Domni Philippi remedio, ut fratres ibidem domino Deo famulantes singulis annis
ejusdem aniversarium celebrare studeant, Domino et beato Johanni de Valeia
et conventui fratrum perpetualiter possidendum donamus et habendum. Quod
ne cujuslibet usurpatoris invidia infirmari valeat vel irritum fieri, nostri
nominis karactere et sigillo signari et corroborari precepimus. Viventibus
de palatio nostro mynistris quorum nomina subtitulata sunt et signa. S. Anselli
tunc temporis dapiferi nostri. S. Hugonis constabularii nostri. S. Widonis
camerarii nostri.
«Actum Stampis in palatio publice, anno incarnati
verbi M. C. XI., anno vero consecrationis nostre IIdo.
«Stephanus cancellarius relegendo subscripsit.
«Vivente Ivone episcopo et Adela comitissa.
«Testes: Theobandus [sic (Theobaudus)] comes. Wido Puteacensis. Hugo
de Creciaco. Girardus Bridellus. Ivo de Corbevilla. Nevelo. Ursio filius
ipsius. Groslenus [sic] de Leugis. Hudo de Sancto
Clodoaudo. Hugo Malvicinius (1).»
Louis VII confirma ce privilége en 1168:
«Chi ce doit Brenage, ce que en nostre tans,
et par dessus à [sic] adjouté, et ensint soit comme il estoit ou tans nostre
père... (2).
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(4) Le brenage ou
la brenêe était un des devoirs du vassal, qui consistait à
loger et nourrir les chiens de chasse de son seigneur. «Tributum quod
pro Brennio tenentes dare tenentur dominis suis pro canum venaticorum pastu.»
Ce nom vient du mot bren, qui signifiait son dans le Moyen-Age, et qui s’est
conservé avec le même sens dans le patois méridional.
Dans le Poitou, la brenée signifie encore aujourd’hui la nourriture
des chiens.
(1) Orig. aux archiv.
d’Eure-et-Loir.
(2) A Brannagio cadat,
quod tempore nostro superappositum est, ita sit sicut erat tempore Patris
nostri. — Ordon. des rois de France, tom. Ier, p. 17, n° 15.
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La petite colonie de Mantarville prit un accroissement [p.234] considérable
sous l’administration d’Étienne, abbé de Saint-Jean (1). Il obtint d’abord des
religieux de Morigny (2): la quatrième
partie de la terre de Mantarville que leur avait donnée Robert le Chauve,
lorsqu’il prit l’habit monastique. Mais l’abbaye de Saint-Jean ne put entrer
tout à suite en possession, parce que Payen, fils d’Anselme à
qui Robert tenait ladite terre, ne voulut point donner son consentement:
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(1) L’abbé
Etienne vivait en 1112 et 1128.
(2) Ancienne abbaye,
dans la commune du même nom, canton et arrondissement d’Etampes (Seine-et-Oise).
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«Ego Thomas ecclesie sancte Trinitatis cenobii Moriniaci minister notum
esse volo tam futuris quam presentibus Robert Calvum ad nos venisse et vestem
monasticam ante obitum suum a nobis accepisse. Hic dedit nobis quartam partem
terre que Ermantarvilla vocatur; sed quum doni ejus concessionem a Pagane
Anselmi filio a quo Robertus predictam terram tenebat, nec ab ecclesie Sancti
Johannis de Valeia de cujus feodo tota Ermentarvilla erat. habere nequivimus,
idcirco de caritate Ecclesie Sancti Johannis accepimus, et donum sicut nobis
Robertus, uxor ejus, filius et filii [sic (filie?)]
et alii parentes ejus fecerant, fratribus capituli nostri assentientibus supradicte
ecclesie Sancti Johannis concessimns [sic (concessimus)].
(3)...»
|
(3)
Orig. sur parch. aux archiv. d’Eure-et-Loir.
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L’abbé de Saint-Jean attachait sans doute beaucoup de prix à
la possession de la terre de Mantarville, car voici cque reçurent non-seulement
ceux qui donnèrent leur ce. sentement, mais encore ceux qui contribuèrent
à le far obtenir: les religieux de Morigny eurent cent sols; Héloïse
femme de Robert le Chauve, 50 sols; Robert et Barthélemy beaux-frères
de Robert, chacun, 20 sous; Pierre, fil de Robert et ses quatre sœurs, chacun,
12 deniers; Payen fils d’Anselme, seigneur dominant du fief, 20 livres, un
verrat et deux mottes de beurre; Jean, son fils cent sous et sa femme, 30
sous; Anselme 2 sous; Geoffroy, 11 deniers; [p.235]
son beau-frère, 12 deniers; Geoffroy, clerc, 20 sous; Algrin du Vieil-Étampes,
20 sous; Hildemer de Pussay, 20 sous:
Pro concessione
predicte terre monachi centum solidos habuerunt, uxor Roberti Calvi LX. solidos,
frater predicte mulieris Robertus XX, et Bartholomeus XX. Quia nobis adjutores
in hac ope fuerunt, Petrus filius Roberti Calvi XII denarios; filie Roberti,
Eufemia, Raineldis, Ermengardis, singule XII. denarios; Paganus Anselmi filius
XII libras et unum verrem et duas massas butyri; Joannes filius ejus centum
solidos et uxor ejus XXXta; Anselmus duos solidos; Gaufridus XI denarios;
frerisus [sic] XII denarios; Gaufridus clericus
XX solidos; Angrinus [sic (Augrinus)] de Veteribus
Stampis XX solidos; Hildemerus de Pulceio XX solidos. Hii nobis adjutorium
apud Paganum et filios ejus prebuerunt. Ii testes affuerunt: Domnus Thomas
abbas, domnus Stephanus abbas ecclesie Sancii Johannis, Sevinus de Sanctolio;
Stephanus homo Huberti de Ardeluto et plures alii.»
|
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Vers le même temps, Jean d’Elampes fit l’abandon à l’église
Saint-Jean, de tout ce qu’il avait en propriété et en fief à
Mantarville. Ce fut fait du consentement de ses frères Anselme et
Geoffroy, de ses parents Renier et Guy, de sa femme Eustachie, de Frédéric
son frère, et de sa fille Aveline, en présence de nombreux témoins,
au nombre desquels nous trouvons: Geoffroy d’Adonville; Nivelon de Denonville;
Richard de Manchainville; Hermann de Mondonville; Geoffroy du Coudray; Vaslin
d’Eddeville; Herbert, fils de Haudry de Manchainville; Ernaud de Gasville;
Guillaume de Cinq-Ormes; Rainold et Guntard son frère de Mérobert;
Hardouin de Gommerville; Landry, maire d’Auzainville; Etienne, abbé
de Saint-Jean; Etienne d’Ardelu. Jean d’Etampes reçut dix livres;
Eustachie, sa femme, 50 sous; les frères de Jean, chacun deux sous;
et sa fille, 2 sous.
«Nos sancti Johannis canonici notum volumus
omnibus sancte Dei ecclesie fidelibus tam futuris quam presentibus quod Johannes
de Stampis, filius Pagani, dimisit ecclesie sancti Johannis pro anima [p.236] patris sui et majorum suorum, sine aliqua
retentione, quidquid in proprietate et in feodo habebat in villa quæ
vocatur Harmentarvilla;… Hoc idem fratres sui Anselmus et Gaufridus et cognati
sui Menerius et Guido fecerunt. Testes, D. Stephanus abbas, Gaufridus de Adunvilla;
Nevelo de Danonvilla; Richardus de Manchenvilla; Robertus filius Hermani
de Mundavilla; Gaufridus de Coldreio; Garinus filius Joslini de Eddevilla;
Gauterius de Villa Nova; Hubertus filius Haudrici de Manchevilla, clientes
abbatis. Ernaudus de Gaesvilla; Guillelmus de Quinque Ulmis; Rainoldus et
Guntardus frater ejus de Mansu Roberti; Harduinus de Gummarvilla; Stephanus
de Danunvilla; Landricus major de Osinvilla. Concessionem predicte pactionnis
fecit uxor prenominata Johannis Eustachia et frater ejus Fredericus et filia
ejus Avelina apud Curbolium. Stephanus de Ardeluto; Fredericus prefate Eustochie
filius. Pro supradicta concessione habuit Johannes XXti libras Stampensis
monete; uxor ejus Eustachia LXta solidos Privignensis monete, fratres Johannis
unusquisque duos solidos; filie ejus II solidos.»
|
|
Richer de Villiers, ayant voulu élever des prétentions sur la
terre et la mairie de Mantarville, la cause fut portée devant Guy,
seigneur d’Auneau, qui pacifia ce différend. Les chanoines de Saint-Jean
donnèrent à Richer cent sous destinés à désintéresser
ses frères et ses neveux et à obtenir leur consentement lorsqu’ils
seraient en âge de le donner, son fils Gosselin reçut 7 sous,
et Guy de Bollion 48 sous. Cet accord fut ensuite ratifié au domicile
des parties intéressées, savoir: pour Richer, à Bretheucourt
(1), dans la
maison du curé Payen; à Sainville, dans la maison du maçon
Ascelin où s’étaient rendus le chanoine Hubert, Richer de Villiers
et Guillaume son frère, Jean Trois-Pains, beau-frère de Richer,
sa femme et ses enfants; enfin à Longorme (2) où Gautier, beau-frère
de Richer, sa femme et ses enfants [p.237] ratifièrent la convention
passée entre Richer et les chanoines de Saint-Jean.
|
(1)
Saint-Martin-de-Bretheucourt, com. du canton de Dourdan (Seine-et-Oise).
(2) Hameau de la com.
d’Ablis (Seine-et-Oise).
|
«Nos sancti Johannis canonici notum esse volumus tam futuris quam presentibus
Richerium de Vilers et Radulfum filium ejus coram Guidone de Alneolo et
Goscelino filio ejus, dimisisse calumpniam quam faciebat de terra apud Armentarvillam
et majoratu, et fidei sue interpositione firmasse quod hoc fratribus suis
concedere faceret et filiis et filiabus et nepotibus promisit, et quod hoc
in perpetuum faceret abjurare fratres suos et nepotes qui ad etatem venerant
et alios concedere. Pro hac conventione habuit Richerius centum solidos
de quibus pacificaret fratres suos et nepotes; filius ejus VII. solidos
ad quandam scellam; Guido de Boolon XL. solidos. Testes: Hubertus canonicus;
Odo decanus; Guidone Alneolo, Goslinus filius ejus; etc. Deinde apud Bertiscuriam
in domo Pagani presbiteri Richerius ore suo recognovit calumpniam se in
Armentarvillam injuste immisisse, et inde rectitudinem fecit Huberto canonico
et eandem calumpinam [sic
(calumpniam)] sacramento abjuravit ipse et Radulphus
et Adam et Hugo filii ejus. Guillelmus frater ejus. — Item ad Sainvillam
in domo Ascelini majoris dum convenissent Hubertus canonicus, Richerius de
Vilers, Guillelmus frater ejus, Teardus frater eorum, calumpniam quam ipsi,
ut predictum est, reliquerant, sacramento abjuravit. Istis videntibus et
audientibus: Odo de Nelluto, Bernardo de Bolunvilla, Ascelino majore, Bernardo
de Adunvilla. — Item Apud Seinvillam Johannes Tres-Panes, sororius Richerii
et Sulpicia cognomine Belina, Hubertus Jannuarius et Hidegarius filii eorum
calumpniam dimiserunt, et quod Richerius fecerat, concesserunt….»
|
|
Guy, comte de Rochefort, étant sur le point de mourir et désirant
donner satisfaction aux moines de Saint-Jean pour les méfaits qu’il
avait commis à leur égard, fit don à leur église
d’une ânée de terre (1) qu’il avait
dans la villa de Mantarville. Les témoins de cette donation furent:
Guillaume, [p.238] abbé de Tiron (1), le comte Rotrou, Eudes d’Étampes, Girard, abbé
de Josaphat (2), Etienne, abbé de Saint-Jean.
«Nos sancti Johannis Canonici notum esse
volumus tam presentibus quam futuris quod Guido, comes de Rupeforti, ante
mortem suam, malorum que commiserat in ecclesia Sancti Johannis penitens
et eidem satisfacere cupiens, terram unius asini quam habebat in villa que
vocatur Ermentarvilla predicte Ecclesie dedit. Testes: Guillelmus abbas de
Tyron, Rotrodus comes, Theudo de Stampis. Hoc donum concessit Beatrix soror
ejus. Testes: Gaufridus episcopus, Guillelmus abbas de Tyron, Girardus abbas
de Josaphat, domnus Stephanus noster abbas, domnus Hugo frater noster, Fulcherius
prior de Josaphat, monachus.»
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(1)
L’ânée contenait environ 7 arpents, c’est-à-dire 295 ares
40 centiares.
(1) L’abbé
Guillaume vivait en 1120 et 1247.
(2) Girard, abbé
en 1119, est encore mentionné en 1152.
|
Arnoul de Garancières voulut contester la donation faite par Guy de
Rochefort; mais il finit par se démettre de ses injustes prétentions
moyennant 50 sous qu’il reçut des religieux:
«Prefatam istam unius asini terram quam Guido
comes de Rupeforti huic ecclesie dedit, Arnulfus de Garenceriis calumpniabatur;
quam eandem absolutam et quietam nobis concessit, seque eam nobis contra omnem
calumpniam defensurum fidei sui interpositione promisit, unde et sexaginta
solidos ab ecclesia recepit.
|
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Guérin, maire de Garancières, et ses parents Crispin Roux et
Payen, inquiétèrent aussi les chanoines de Saint-Jean, au sujet
des possessions qu’ils avaient à Mantarville et principalement de la
terre donnée par Guy le jeune comte de Rochefort; ils transigèrent
avec les chanoines qui leur donnèrent 75 sous et restèrent propriétaires
paisibles desdites terres. Adelaïde, sœur de Guérin et son fils,
consentirent aussi à cet abandon:
«Nos sancti Johannis Canonici notum
fieri volumus futuris quam presentibus quod Garinus major Garenceriarum et
[p.239] Crispianus Rufus atque Paganus
cognati ipsius Garini, dimiserunt calumpniam quam faciebant de terra Armentarville.
Calumpniabantur enim terram ad unum asinum quam dedit nobis Guido junior,
comes Rupifortis. Dimiserunt itaque calumpniam, eandem terram liberam penitus
et quietam ecclesie Sancti Johannis concedentes; unde LXXV solides habuerunt.
Ad quam dimissionem vel concessionem interfuerunt testes: Hubertus de Armantarvilla;
Fulcherius Bernardi filius de Bolonvilla; Herbertus de Osanni Villa; Hubertus
de Armentarvilla; Hilduinus frater ejus; filii ejusdem Hilduini.
«Postea Adelais, soror prefati Garini, et
filius ejus quod supradicta illi concesserant et ipsi concesserunt…»
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|
Vers 1113. — Hélisende,
vidamesse, du consentement de sa fille Elisabeth, épouse de Guillaume
de Ferrières, donna aux chanoines de Saint-Jean la moitié de
la terre de Mantarville avec ses serfs et son fief de Haubert. Yves, évêque
de Chartres, dont cette terre relevait en fief, y donna son consentement (1). |
(1)
Yves siégea de 1090 à 1115.
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«Quum
sapitientum moris fuit qua firma voluerunt esse litterarum commendare memoria,
idcirco fratres in ecclesia beati Johannis de Valeia Deo servientes scripti
diuturnitate notum voluerunt esse etati tam presenti quam successuræ
quod Helissendis vicedomina dedit ecclesiæ sancti Johannis de Valeia,
pro anima filii sui Hugonis vicedomini quidquid habebat in villa quæ
dicitur Harmentarvilla, videlicet medietatem illius terre cum redditibus et
consuetudinibus, cum servis et ancillis, feodum etiam militum, si fratres
ecclesiæ possent adquirere. Hoc autem factum est in presentia Ivonis
tune Carnotis episcopi, ipso concedente donum a cujus beneficio vicedomina
illud habebat feodum. Idem, etiam concessit Guillelmus de Ferreriis cum
uxore sua Elisabeth vicedominæ filia. Testes...»
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1115. — Geoffroy,
évêque de Chartres, venait de succéder à Yves;
il confirma aux chanoines de Saint-Jean la [p.240]
terre de Mantarville, dépendant de son fief et de celui de Sainte-Marie,
et qui leur avait été donnée par la vicomtesse Hélisende,
pour le repos de l’âme du vicomte Hugues, son fils, décédé,
et de ses ancêtres:
«Ego Gaufridus Dei gratia Carnotensis ecclesie
episcopus notum esse volo Sancti Dei ecclesie fidelibus tam futuris quam presentibus
me concessisse Armentarvillam que de casamento beate Marie erat et nostro
ecclesie Sancti Johannis de Valeia. Predicte ville terram tempore Ivonis
episcopi Johannis, concedente filia sua Helisabeth pro anima Hugonis vicedomini
filii sui defuncti et majorum...»
|
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Vers 1120, Mantarville comptait déjà vingt
hospices (1),
établis sur quatre carrés de terre, soit cinq par carré;
or comme l’ensemble formait un domaine d’une charruée de terre, ou
cent arpents, la tenure de chaque hôte était de cinq arpents,
soit deux hectares dix centiares. Cinq de ces hôtes avaient été
donnés par Haimeric Chenard, avec ladite charruée de terre,
les autres avaient été établis par l’abbé de Saint-Jean:
chaque hôte avait une maison d’habitation, une grange, une cour et
un jardin. Outre la donation d’Haimeric, les chanoines de Saint-Jean avaient
encore quatre charruées de terre pour la culture desquelles ils devaient
faire construire une maison et une grange.
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(1)
L’hospice, hospitium, hospitalicium, que nous rencontrons dans nos chartes
vers la seconde moitié du XIe siècle, était la tenure
d’un hôte. Il comprenait, outre une maison et des bâtiments d’exploitation,
quelques pièces de terre dont l’étendue variait, mais ne constituait
jamais un ensemble très-considérable.
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Haimeric
et les chanoines convinrent de bâtir au mème lieu une grange
commune entre eux, et réglèrent leur droits de champarts et
de justice. Cet accord fut fait au château d’Auneau, en présence
de plusieurs témoins au nombre desquels nous trouvons: Etienne, abbé
de Saint-Jean, Hebran d’Auzainville, Guérin de Mondonville, Etienne
d’Ardelu, Vaslin de Landouville, Vaslin de Mongerville. [p.241]
Dans cet acte nous retrouvons encore. un des symboles
d’investiture déjà cités, c’est-à-dire un couteau
déposé sur l’autel par Haimeric. De leur côté les
religieux lui donnèrent 10 livres, et 50 sous au lieu d’un palefroi;
le vicomte Hugues reçut aussi un palefroi pour son intervention; Philippe,
fils d’Haimeric et Euphémie, sa sœur, en considération du consentement
qu’ils donnèrent à la libéralité de leur père,
eurent chacun 12 deniers, et le moine Geoffroi un peliçon.
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«Nos Sancti Johannis canonici notum esse volumus tam futuris quam presentibus
quod Haimericus Canardus dedit nobis terram ad unam carrucam et quinque hospites
de sua quarta parte Etmentarville quam tenebat a Pagano Anselmi filio. Isti
vero hospites habebunt sua arpenta et loca ad habitandum sibi competentia,
scilicet quisque domum et granchiam, hortum et curiam. Contra istos constituemus
quindecim hospites apud Ermentarvillam in tribus quadrantibus ad nos pertinentibus.
Isti similiter habebunt sua arpenta et loca ad habitandum sibi competentia.
Faciemus etiam illic nobis domum et granchias que sufficere poterunt agriculture
quatuor carrucarum quos ibi proprios sine Haimerico habebimus. Edificabimus
etiam granchiam communem inter nos et Haimericum, si ipse Haimericus voluerit
et tunc Haimericus habebit quartam partem straminis frumenti sive avene. Quod
si soli granchiam fecerimus, soli stramina habebimus. Canonicus noster per
agros ibit a rusticis campipartem accipiendo, et si Haimericus in granchia
clientem habere voluerit, a cliente nostro fiduciam accipiet. Quod si clientem
in granchia habuerit qui tantum annonam servet, si eum procuraverimus, consuetudines
que pro campiparte accipi solent totas habebimus. Quod si Haimericus clientem
suum procuraverit, quartam partem illarum consuetudinum a manu canonici nostri
cliens Haimerici accipiet. Pactus est Haimericus nullas se facturum hospitibus
predictis violentias, nullas illaturum angarias. Dimisit etiam nobis de hospitibus
omnes justicias. Si aliquis eorum Haimerico forisfecerit, clamorem inde faciet
Haimericus canonico qui procurationem Ermentarville habebit, et nos apud Carnotum
ei justiciam faciemus. Quod si Carnotum venire ausus non fuerit vel noluerit,
secundum velle [p.242] nostrum in Belsia fiet
justicia. Si vero noluerimus vel nequiverimus ei justiciam facere, per ea
que ad se pertinebunt se vindicabit. Dimisit etiam nobis Haimericus omnem
calumniam quam faciebat domno Stephano abbati nostro de terra ad unam carrucam,
dicens Hugonem vicedominum abbatis nostri fratrem dedisse eam Isnardo fratri
suo in feodo apud Ermentarvillam. Hec que supra dicta sunt Haimericus se
servaturum promisit et fidei sue interpositionem firmavit; pro anima sua et
majorum donum super altare beati Stephani per quendam cultellum posuit. Habuit
tamen pro his ab ecclesia nostra X libras et L solides pro uno palefredo,
Hugo vicecomes unum palefredum pro auxilio quod nobis fecit apud Haimericum.
Testes... Pro hac concessione Philippus filius Haimerici XIIcim habuit denarios,
Euphemia XIIcim, Gaufridus monachus unum pellicium. Concessio ista facta est
in Castro Alnelello medetantibus fratre nostro Ebrando et donno Anfredo prebystero
de Alneto.»
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1123. —Robert-sans-Nappe, Gaultier Lehoux et ses frère
Isnard, Sevin, Guerry et Geoffroy abandonnèrent à l’église
de Saint-Jean-en-Vallée le tensement (1) que leurs ancêtres
avaient eu dans la ville de Mantarville, à condition que la dite église
paierait à eux et à leurs successeurs vingt sous chartrains,
tous les ans, le jour de Saint-Jean-Baptiste. Les donateurs s’engagèrent
par serment pour eux et leurs successeurs, à ne manger, boire ni dormir
au delà de la dite redevance de 20 sols; ils promirent aussi de garantir
la dite église de toute contestation qui surviendrait à cet
égard. Cette transaction fut faite à Santeuil dans le verger
de Galeran abbé de Saint-Jean, par l’entremise du vicomte Hugues, en
présence de nombreux témoins au nombre desquek figurent: Guérin
de Dourdan; Robert d’Erainville (2), Renard de Bretigny (3); Ernaud de Gasville; Haberl de [p.243] Mondonville, Payen, fils de Geoffroy
d’Encherville (1); Pierre de Groslu (2); Evrard, fils de Germond d’Umpeau; Hardouin d’Auzainville; Hugues,
prévôt de Lèves; Durand de Clévilliers; Goscelin
de Mongerville (3); Eudes de Saint-Cheron; Thomas d’Intreville, Payen de Louville.
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(1) Du Cange définit
le tensement, une redevance par laquelle le vassaux ou les sujets achetaient
la protection de leur seigneur.
(2) Hameau de la chapelle
d’Aunainville.
(3) Hameau de la
commune de Sours.
(1) Hameau de Prunay-le-Gillon.
(2) Hameau de Saint-Ange.
(3) Hameau de Santeuil.
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«Actio
sapiens majorum utilis est instructio posterorum. Illi namque quod diuturnum
esse voluerunt, litterarum memoriæ tradiderunt. Quorum auctoritatem
secuti nos sancti Johannis canonici notum esse volumus quod Robertus-sine-Mappa
et Galterius Loholdus et Isnardus et Sivinus et Guerricus et Gaufridus fratres,
tensamentum quod habuerant antecessores eorum in villa quæ vocatur Hermentarvilla
ecclesiæ Sancti Johannis de Valeia dimiserunt, ita ut singulis annis
a predicta ecclesie XX solidos Carnotensis monete ad festum Sancti Johannis
de decollatione ipsi et successores eorum acciperent. Pepigerunt et fidei
suae interpositione firmaverunt se et successores suos pro predicto tensamento
nichil amplius exacturos, nec bibere nec comedere nec jacere nichil omnino
ultra XX solidos, seque fore tutores secundum rectitudinem contra totam suam
progeniem, si ab aliquo vel ab aliquo parentele eorum aliquo tempore calumnia
pro predicto tensamento illata fuerit ecclesiae Sancti Johannis et contra
Hugonem de Sancto Hylarione qui marterteram eorum habet conjugem… Hæc
conventio facta est apud Sanctolium in virgulto domni Galeranni tunc Sancti
Andreæ abbatis. Testes... Robertus de Frenvilla, Raginaldus de Britinio,
Hermandus de Gasevilla et Hugo nepos ejus. Hubertus famulus de Mundunvilla.
Paganus filius Gaufridi de Anschervilla. Petrus de Groslu. Evrandus filius
Germundi de Uno Pilo. Harduinus de Osanivilla. Harduinus de Osanivilla. Hugo
de Leugis prepositus. Bernardus Goscelinus de Mungervilla. Durandus de Cluvillario.
Odo de Sancto Carauno: Thomas de Entrevilla. Paganus de Laudisvilla.... Pactio
hæc facta est anno incarnationis dominicæ millesimo centesimo
vigesimo III°, in Francia Ludovico rege regnante et Gaufrido Carnotensi
[p.244] episcopo et Theobaldo Carnotensi Comite. Hujus pactionis Hugo
vicecomes fuit mediator et testis (1).»
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(1)
Orig. en parch. Arch. d’Eure-et-Loir.
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Nous
venons de voir le nombre et la composition des hospices de Mantarville; la
charte suivante va nous faire connaître les droits et les charges des
hôtes ou colons, ainsi que les grains et les plantes qu’ils cultivaient.
1128.
— «Nous, chanoines de Saint-Jean, voulons faire connaître à
tous présens et à venir la convention que nous avons passée
avec Thibault du Valgelé. Nons consentons qu’après sa mort,
un de ses fils seulement tienne nos possessions telles que les avait son père,
s’il est reconnu apte à le faire d’après le témoignage
des voisins, et nous donnons deux sous audit Thibault pour venir au secours
de ses frères. Il ne nous paiera aucune redevance pour les ouvrages
qu’il fera par lui-même ou par ses domestiques; mais s’il se fait aider
par des mercenaires pour la réfection des bâtiments ou des haies
ou tout autre chose, nous paierons les frais par moitié. Les charrois
se feront en commun. Les estrains et les pailles de la grange seront communs
entre lui et nous pour la nourriture des bêtes, sans qu’il puisse en
donner aux autres métayers ni en vendre. Nous pourrons élever
des porcs en commun avec ledit Thibault; mais si nous n’en voulions pas et
qu’il ne puisse en avoir que pour l’aide de notre chanoine, il n’en pourra
nourrir que deux, el ceux-là étant morts, il aura la faculté
d’en avoir toujours deux. Pour chaque fromage et chaque vache il paiera deux
sous, si notre chanoine ne veut pas les recevoir. Il pourra ensemencer une
mine de notre terre en chanvre et semer de la guesde (2) aux extrémités de la terre autant
qu’il voudra. Notre chanoine recevra la dîme et le champart de l’un
et de l’autre. S’il y conduit des ouvriers, il donnera ce qui sera donné
suivant le témoignage de nos chanoines qui desservent l’église
de Pontgouin.» [p.245]
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(2) Herbe dont se servaient les foulonniers pour teindre
en bleu.
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Cet
accord fut fait dans la tour de Chartres, en présence du comte Thibault
et de son frère Etienne qui confirmèrent en même temps
les dispositions contenues dans la charte de 1123 ci-dessus rapportée,
au sujet du droit de tensement à Mantarville. Au nombre des témoins
nous trouvons: le vicomte Hugues, rédacteur de l’acte; Guy de Méreville;
Hervé de Gallardon, Gautier d’Aunay; Gonthier de Morville; Amaury de
Maintenon; Hugues du Tremblay; Haimeric de Gas; Hugues de Garancières;
Etienne de Denonville; Pierre, maçon, de Sainville; Guérin de
Saint-Cheron; Élienne, abbé de Saint-Jean; dom Robert d’Eddeville,
dom Salomon et dom Bérenger, tous trois religieux de cette abbaie à
Mantarville:
«Nos canonici Sancti Johannis notum esse
volumus tam futuris quam presentibus conventionem habuisse cum Teobaldo de
Vallegelata post mortem ipsius nos concedere res nostras quas ipse Teobaldus
tenet sicut eas habet, uni filiorum suorum solum modo, si vicinorum testimonio
idoneus fuerit ut eos, pro ut oportet, procuret, predicto Teobaldo, duos
solidos ad Pentecostem ad auxilium fratrum damus. De his que circa domos
nostras faciet opere suo et clientum nichil persolvemus; si vero mercenarios
eum conducere oportebit sive in sepibus restituendis sive in quibuscumque
agendis, pretium communiter dabimus. Stramina et paleas granchiae ad pascendas
bestias communiter ei concessimus. Ipsius granchiae canonici nostri clavem
babebunt, et si proprias bestias apud se habuerint inde pascentur, aliis
que non licebit dare commediatoribus habitis, neque vendere. In plaustris
et quadrigis communiter mittemus. In porcis si cum Teobaldo eos habere voluerimus
quae necessaria erunt communiter mittemus. Si porcos habere voluerimus neque
Teobaldus habere poterit, nisi per canonicum nostrum preter duos quos ad
se pascendum nutriet, et illis mortuis duos semper habere poterit. De caseis,
de vaccis singulis singulos reddet solidos, si canonicus noster eos accipere
noluerit. De semine canabis, in terra nostra unam asinam seminare poterit,
et gesdium in extremitatibus terrae nostræ quantum volet; de utroque
Canonicus noster decimam et campipartem accipiet. Si operarios conduxerit,
canonicorum nostrorum [p.246] testimonio ecclesiœ de Pontegodano servientium ea quae dabuntur
dabit… Hec omnia in Turre Carnotensi coram Teobaudo comite et Stephano fratre
ejus ad fidem tenere pacti sunt et fidei suas interpositione firmaverunt,
tali scilicet conventione ut Teobaudus comes eos tenere cogat, si aliquo
tempore exigere voluerint. Testes: Hugo vicecomes cujus manu haec predicta
fecerunt; Guido de Merelvilla: Herveus de Galardone; Gauterius de Alneto;
Gunherius de Mervilla; Amauricus de Mestenon; Hugo de Trembleio; Haimericus
de Gaiis; Hugo de Garenceriis; Stephanus de Danunvilla; Petrus, cementarius
de Seinvilla; Garinus de Sancto-Carauno; in presentia domni Stephani abbatis
et fratrum nostrorum domni Roberti de Eddevilla, domni Salomonis, domni Berengarii
apud ipsam Ermentarvillam.»
|
|
1131-1132. — Hugues, abbé de Saint-Jean et successeur
d’Etienne, eut aussi des démêlés, au sujet de la terre
de Mantarville, avec Frédéric, frère de Jean d’Etampes.
Louis le Gros, roi de France, pacifia ce différend. Aveline, fille
de Jean, qui demeurait à Corbeil, donna aussi son consentement à
la libéralité qu’avaient faite son père et son oncle:
«Nos sancti Johannis Canonici subscriptorum
attestatione gestum scripto mandare decrevimus quatinùs Fredericus
frater Johannis de Stampis calumpniam de Armantarvilla quam fecerat, in presentia
domni Ludovici regis, dimisit. Affuerunt autem testes hii, videlicet: Johannes
ipsius Frederici frater; Alaenerius et Guido fratres; Bartholomeus Almarici
filius; Burchardus de Valle Grimosa [sic (Grinosa)];
Ansoldus de Monte Lelhderici [sic]; Gislebertus
testa asini; Stephanus cognomento IIII. boves. Algrinus clericus Regis. Domnus
Hugo abbas. Hubertus et Petrus canonici. — Item testes qui affuerunt quum
Avelina filia sepedicti Johannis apud Curbolium concessit donum quod pater
et patrui sui de terra Armentarville primum fecerant: Johannes pater predicte
puelle, Fredericus jamdictus patruus ejusdem puelle (1) …» [p.247] |
(1)
Charte sur parchemin. — Aux archiv. d’Eure-et-Loir.
|
1150-1151. — Hubert et Landri de Mantarville vivaient à
cette époque: «Odo famulus Huberti de Armentavilla. — Landricus
de Armentarvilla (1).
|
(1)
Voir ci-dessus pages 158 et 159.
|
1132. — Payen, fils d’Ansel, donna aussi à l’église
de Saint-Jean tout ce qu’il possédait en propre à Mantarville.
Jean, fils de Payen, abandonna en outre tout le fief que lui et son père
avaient dans ladite villa. Ces libéralités furent confirmées
par un privilége de Louis le Gros, que nous allons rapporter:
«Ego Ludovicus Dei gratia Francorum rex,
notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Paganus Anselli filius
dedit ecclesiae beati Johannis de Valeia, pro anima sua et predecessorum
suorum, quicquid in Harmentarvilla habebat de proprietate. Hoc donum idem
concessit Johannes filius ejus; insuper totum feodum quod ipse et pater ejus
in predicta terre habuit, ecclesiae Sancti Johannis dimisit. Et si de hac
terra aliqua calumpnia mota fuerit, fore se defensorem fidei suae interpositione
firmavit. Testibus et concedentibus Menerio et Guidone cognatis predicti
Johannis, Fredericus vero frater Johannis super hoc donum calumpniam imposuit.
Haec autem calumpnia ante presentiam nostram ventilata est quam predicti
et nostri amore penitus dimisit, et fide interposita se contra omnem calumpniam
defensorem promisit, et consilio nostro a canonicis ecclesiae X libras habuit.
Hoc idem donum Balduinus de Corbolio qui filiam Johannis receperat, concessit.
Quod ne valeat oblivione deleri, scripto commendari precepimus, et ne possit
a posteris infringi, sigilli nostri auctoritate et nominis nostri karactere
subterfirmavimus. Actum Parisius publice anno incarnati verbi M° C°
XXX° II° regni nostri XX° IIII°. Ludovico in regem sublimato
anno II° (2).»
|
(2)
Orig. en parchemin. Archiv. d’Eure-et-Loir.
|
1227. — Désirée de Sainville, veuve de Renault,
chevalier, amortit en faveur de l’abbé et du couvent de Saint-Jean,
pour le prix de quinze livres chartraines, un muid de [p.248] la dîme qu’elle
avait droit de prendre sur la grange desdits religieux à Mantarville,
avec faculté de rachat; Thomas, curé de la paroisse, y donna
son consentement:
«Galterus divina permissione Carnotensis
episcopus presentes litteras inspecturis salutem in domino. Noverit universitas
vestra quod Desideria de Seinvilla, relicta Raginaldi militis, in presentia
nostra constituta obligavit ad mortuum pignus abbati et Conventui beati Johannis
de Valeia Carnotensis, pro quindecim libris carnotensiam [sic], unum modium decimæ
quem ipsa annuatim percipiebat in granchia dictorum abbatis et conventus de
Armentarvilla; ita quod ipsa Desideria quociesqunque voluerit, poterit dictam
decimam redimere. Dicta vero Desideria fidem prestitit in manu nostra corporalem
quod contra dictam obligationem non veniret. Istam autem obligationem voluerunt
et concesserunt Robertus clericus filius Desideriæ supradictæ
et Thomas presbiter in cujus parrochia sita est decima supradicta. In cujus
rei robur et testimonium, ad petitionem dictorum Desideriæ et Roberti,
predictis abbati et conventui presentes litteras dedimus sigilli nostri munimine
roboratas. Actum anno domini millesimo ducentesimo vicesimo septimo mense
octobri.»
|
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1231. — Les chanoines de Saint-Jean réunirent encore
à leur domaine de Mantarville quatre setiers de terres labourables
en deux pièces, qu’ils achetèrent de Evrard Le Fèvre,
pour la somme de neuf livres:
«Omnibus presentes litteras inspecturis magister
Matheus officialis archidiaconi carnotensis salutem in Domino. Noverit universitas
vestra quod Girardus faber et Sersensis uxor ejus in nostra presentia constituti
recognoverunt se vendidisse religiosis viris abbati et conventui Sancti Johannis
in Valleia duas pecias terre sitas apud Mantarvillam, quatuor sextarios seminis
capientes, pro novem libris parisiensium. Et dicta Sersendis [sic] quicquid
juris habebat in illis duabus peciis terre ratione dotalicii vel aliquacumque
causa in manu nostra spontanea resignavit. Et fidem dederunt etc... Datum
ad petitionem partium anno Domini M° C° XXX° primo, mense Januario
(1).»
[p.249] |
(1)
Orig. en parchemin. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
|
1231. — L’abbaye de Saint-Jean ne négligeait aucune
occasion d’agrandir ses possessions. Elle acheta, pour le prix de 95 livres,
monnaie de Chartres, deux pièces de terre labourable, contenant vingt
setiers, situées à Mantarville:
«Omnibus présentes litteras inspecturis
Willelmus decanus Christianitatis Stampensis salutem in Domino. Notum facimus
universis quod Garsilius Petit in nostra presentia constitutus recognovit
se vendidisse abbati et conventui beati Johannis de Valeia Carnot. duas pecias
terre viginti sextarios capientes ad mensuram Carnotensem; que terra sita
est in territorio Armentarville in dominio dictorum abbatis et conventus,
pro quadraginta et quinque libris Carnotensis monete... Et ut ratum et firmum
permaneat, presentes litteras fecimus conscribi et ad petitionem partium sigilli
nostri munimine fecimus roborari. Actum anno Domini M° CC° tricesimo
primo, mense decembri, die Jovis proxima post festum Beati Andreæ Apostoli.»
|
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1237. — Guillaume, dit Gâteblé, vendit encore
aux religieux de Saint-Jean une terre située à Mantarville,
contenant huit setiers, pour le prix de huit livres chartraines. Cette terre
dépendait déjà de leur censive:
«Universis presentes litteras inspecturis
Officialis Archidiacone Carnot. salutem in Domino. Noveritis quod Guillelmus,
dictus Gasteble, in nostra presentia constitutus, recognovit se vendidisse
viris religionis abbati et Conventui sancti Johannis de Valleia Carnotens.
quandam terram sitam apud Amentarvillam in censiva eorumdem, octo sextarios
seminis capientem, pro decem et octo libris Carnotensium ad usus et consuetudines
patrie garantizandum. Promittens... Actum anno Domini M° CC° XXX°
septimo, mense decembri.»
|
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1237. — Guillaume, abbé de Saint-Jean, régla
l’emploi du produit des pièces de terre que le couvent avait achetées
au profit de la pitance des religieux, savoir: quatre setiers et une mine
de terre labourable à Monceaux-Saint-Jean; quatre-vingts setiers à
Eddeville, et huit setiers à Mantarville; [p.250] il fut convenu que
le procureur desdites pitances prendrait pour l’amodiation des dites terres,
dans les greniers de Saint-Jean, six setiers du blé de Mantarville,
quatre-vingts setiers de blé à Eddeville, et huit setiers de
blé à Monceaux. Le procureur prendra ensuite, dans les mêmes
greniers, chaque année, à la Saint-Rémi, un muid du blé
de Mantarville qui, auparavant, était assigné sur les dites
pitances pour l’anniversaire du père et de la mère de Jean
d’Epernon, chanoine de Saint-Jean:
«Omnibus presentes litteras inspecturis Guillelmus
Sancti Johannis in Valleia Carnot. humilis abbas, totusque ejusdem loci conventus
salutem in vero salutari. Noverint universi quod quasdam pecias terrarum quas
emimus ad usum pitanciarum conventus de donariis ad ejusdem pitancias deputatis
sitas in diversis locis, videlicet apud Moncellos Sancti Johannis quandam
peciam quatuor sextarios seminis et unam minam a Martino Sonant et Jacqueline
Rosel; quasdam apud Edevillam a Garnerio Clerico, octodecim sextarios; et
quandam apud Armentarvillam a Guillelmo dicto Gasteble octo sextarios seminis
continentes, de communi assensu capituli nostri ad usum comitatis nostre
disposuimus retinendas. Talimodo scilicet quod procurator pictanciarum conventus
quod duximus statuendum, singulis annis in festo Sancti Remigii tres modios
et dimidium bladi pro modiatione dictarum peciarum terre in orreis nostris
de Valeia percipiet, videlicet de blado Armentarville sexdecim sextarios;
de blado Edeville octodecim sextarios et de blado de Moncellis octo sextarios
in usum dictarum pictanciarum convertendos. Percipiet nichilominus idem procurator
ad dictum terminum annuatim quemdam modium in eisdem orreis de blado Armentarville
qui eisdein pictanciis antea deputabatur pro patris et matris Johannis de
Sparnone canonici nostri anniversario annis singulis celebrando. Dictam vero
summam bladi, scilicet quatuor modios et dimidium dictus procurator in predictis
orreis seorsum reponet vel alibi quo ut melius videbitur expedire. In cujus
rei testimonium et munimen presentem paginam fecimus annotari et sigillorum
nostrorum testimonio roborari. Actum anno domini millesimo ducentesimo tricesimo
septimo, mense martio.» [p.251]
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1238. — Jean de Loens, clerc, approuva la vente de quatre
setiers de terre labourable à Mantarville, faite au couvent de Saint-Jean
par Raoul César, parent dudit Jean:
«Omnibus presentes litteras inspecturis Officialis
archidiaconatus Parisiensis salutem in domino. Noverint universi quod Johannes
de Loens, clericus, in nostra presentia constitutus, venditionem terre quatuor
sextarios seminis capientis apud Armentarvillam site in Carnotensi diocesi,
quam venditionem Radulfus Cesar, consanguineus dicti Johannis, fecerat abbati
et conventui sancti Johannis in Valleia Carnot. ratam habuit. Remittens....
In cujus rei testimonium presentes litteras sigillo nostro fecimus sigillari.
Datum anno Domini M° CC° XXX° octavo, in vigilia beati Andree
apostoli (1).»
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(1)
Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
|
1250. — Pierre Esprit et Christine, sa femme, vendirent
aux religieux, abbé et couvent de Saint-Jean, pour la somme de cent
sous chartrains, tous les droits qu’ils avaient et pouvaient avoir sur une
maison et un demi arpent de terre situés à Mantarville, tenant
aux terres dudit abbé, et faisant partie de la censive du couvent:
«Universis presentes litteras inspecturis
Officialis curie Carnotensis salutem in Domino. Noverint universi quod in
nostra presentia constituti Petrus Espiritus et Crispina uxor ejus recognoverunt
se vendidisse et nomine venditionis concessisse in perpetuum religiosis viris
abbati et conventui Sancti Johannis in Valleia Carnotensi quicquid habebant
vel habere proterant [sic (poterant)] in quadam
domo et dimidio arpento terre sitis apud Armentarvillam, terris contiguas
dictorum abbatis et conventus ex una parte, et hebergamento Johannis Dodu
ex alia, in censiva Sancti Johannis de Valleia, pro centum solidis Carnotensium.
Et promiserunt, etc. Datum anno Domini M° CC° quinquagesimo, mense
octobri (2).»
|
(2)
Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1255. — Les religieux de Saint-Jean achetèrent encore
de Durand, nommé Morchier de Mantarville, pour le prix de [p.252] huit livres cinq
sous, une pièce de terre labourable, située à Mantarville
et contenant quatre setiers:
«Universis presentes litteras inspecturis
Officialis Carnotensis salutem in Domino. Noveritis quod in nostra presentia
constitutus Durandus dictus Morchier de Mentarvilla vendidit et nomine venditionis
concessit ad usus et consuetudines Carnotensis, religiosis viris abbati et
conventui de Valeia, pro octo libris et quinque solidis carnotensium, quandam
peciam terre arabilis quam idem venditor dicebat se habere moventem ex hereditate
sua, sitam apud Mentarvillam in dominio dictorum abbatis et conventus, capientem,
ut dicitur, quatuor sextariatas terre semeure [sic], contiguam terris
dictorum abbatis et conventus... Promittens... etc. Datum anno Domini milesimo
ducentesimo quinquagesimo quinto, mense marcio (1).»
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(1)
Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1347. — «A tous ceux qui ces présentes lettres
verront Joucelin du Pertuis, bailli de Chartres, salut: saichent tuit que
en la présence Jehan Bon-Lieu, clerc, tabellion juré nostre
seigneur le Roy à Chartres, establi Guérin, chevalier, et Supplice,
sa fame, demourant à Manterville, lesquex de leurs bonnes volontez
et d’un commun assentement et espécialement ladite Supplice o l’autorité,
congié et assentement dudit Guérin, recongnurent et confessèrent
eux avoir vendu, ottroyé, quitté, cessé et delessé
dès maintenant à touz jours, mes [sic (touz jours mes,)]
sans espérance de james rapeler ne venir en contre, à religieux
hommes et honnestes l’abbé et couvent de Saint Jehan-en-Vallée-les-Chartres,
à leurs successeurs et à ceux qui d’eux ont et auront cause
ou temps advenir, un hébergement qu’ils avaient assis à Manterville,
si comme il comporte et pourssiet en lonc et en le [sic (lé)], en haut
et en bas, tenant à Guillaume Briquet d’un cousté et à
Lorete La Levie de l’autre cousté. De rechief dix et huit septiers
de terre assis ou terroir de Manterville en plusieurs pièces; la première
pièce contenant diz septiers, tenant à la terre de Alipz la
Mesnagière d’une part, et à la terre [p.253] Alips la Texière
d’autre part; aboutant d’un bout au chemin d’Amilet, et d’autre aux terres
feu Michiau Camart. La seconde pièce, contenant trois septiers, tenant
à la terre de ladite Mesnagière d’une part, et à la terre
dudit Guillaume Briquet, d’autre, abutant d’un bout aux terres desdits religieux,
et de l’autre à la terre Mahé le baillif. La tierce pièce,
contenant cinq septiers, tenant à la terre Regnault Bouvart d’une
part, et à la terre Belon de Tours d’autre, abutant d’un bout au terroir
de Garancières, et de l’autre bout à la terre Jehan Sauvage.
Toutes les choses dessus dites, vendues sur le prix et l’estimation de deux
muys chartrains de grains et quarante soulz tournoys de rente chascun an,
tous assis en la censive et seigneurie desdits religieux, et est tout mouvent
du propre acquerrement desdiz vendeurs, si comme ils disoient. Ceste vente
faite pour le prix et la somme de soixante et quinze livres tournois, desquelz
deniers dessusdiz les ditz vendeurs se tindrent à bien paiez en cinquante
florins d’or à l’escu que il en ont eus et receus des propres deniers
de honorable homme et discret maistre Symon de Saint-Cloust, chanoine en
l’église Nostre-Dame de Chartres, lesquelz florins ledit maistre Symon
avait lessiez et donnez en son testament ou dernière volonté
à l’église de Saint-Jean-en-Vallée, en laquelle il a
esleu sa sépulture, pour acheter rente à fonder son anniersaire...
Promettant... Renonçant... Obligeant... En tesmoing de ce, nous avons
fait sceller ces lettres du scel de la chastellenie de Chartres. Ce fut fait
l’an de grâce mil trois cenz quarante et sept, le lundy après
la Pentecoste (1).»
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(1)
Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1353. — Les religieux de Saint-Jean avaient à Mantarville
un moulin banal où les tenanciers de l’abbaye étaient obligés,
à deux lieues à la ronde, de venir faire moudre leur grain.
Une contestation s’étant élevée à ce sujet entre
eux et la comtesse d’Alençon et d’Etampes, le bailli d’Etampes pacifia
ce différend ainsi qu’il suit: [p.254]
«A tous ceux qui ces lettres verront, Jehan
D., bailli d’Estampes et de Gien, salut. Sur ce que les religieux, abbé
et couvent de Saint-Jehan-en-Vallée de Chartres s’estaient complains
de ce que comme à cause de leur meson de Mantarville soient et aient
esté en possession et sesine pesiblement et de si lonc temps qu’il
n’est mémoire du contraire, d’avoir chevaux et autres bestes avecque
charrette pour quérir moulture à leur moulin dudit lieu par
les villes voisines, si comme environ deux lieues en tout ledit lieu de Mantarville,
de fere queste aus diz lieux publiquement et notoirement en criant à
haute voix: «Qui a à mouldre!» Neantmoins de par madame
la comtesse d’Alençon et d’Estampes avait naguerez esté crié
à Estampes généralement que aucun ne fit queste de moulture
en la comté d’Estampes pour mouldre à autres moulins que au
moulin de madicte Dame à Estampes, sur peine de forfaire la moulture
et les bestes ou beste, en grand grief et préjudice et dommage desdits
Religieux et en les troublent et empeschent en leur juste possession et sésine
induement, si comme ils disoient. Requérant que, conformément
à leur requête le cri fust rappellé et mis au néant,
affin que ils peussent user et jouir de leurs dictes possessions et sesines.
Et sur ce eust esté commandé au Procureur de ma dicte Dame par
les gens de son conseil que il se informast de ses chouses et nous rapportast
l’information que faire en avoit, ad ce que par icelle nous feissions reson
aux parties. Laquelle information fete et rapportée par devers nous,
ycelle veue et diligemment examinée o grant délibération
des saiges, le procureur de madicte dame présent qui rien ne voult
contredire contre l’information, il nous est apparu lesdiz Religieux avoir
esté et estre en possession et sesine de ladicte queste de si longtemps
que n’est mémoire du contraire. Saichent tuit que es jours de bailliage
qui furent à Estampes l’an mil CCC. cinquante et trois, le samedi premier
jour du moys de mars, déclarasmes et avons déclaré que
ce n’est pas notre entente que pour ledit cri que l’on dit généralement
avoir esté fet [p.253] la possession des
diz Religieux quant à la dicte queste, si comme il est accoustumé
à user, soit en aucune manière empeschée ne occupée.
Et le dit cri en tant comme touche les diz Religieux avons rappellé
et mis à néant. Donné en tesmoings de ce souz nostre
scel en l’an et es jours dessus diz. Et pour greigneur, confirmation et congnoissance
y avons fet mettre le scel de la chastellenie d’Estampes donné comme
dessus (1).»
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(1)
Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1390. — Le moulin à vent de Mantarville, avec la
maison d’habitation et cinq setiers de terre situés auprès,
étaient affermés pour quarante setiers par an:
«A tous ceux qui ces présentes lettres
verront Simon Bire, prévost d’Yenville, salut.
«Saichent tuit que pardevant nous vindrent
en leurs personnes Brethaut Paquier et Jehan Paquier, son filz l’aizné,
esquelz eulx deux assemblement et chacun pour le tout sans faire division
l’un de l’autre, recongnurent et confessèrent eulx avoir prins et retenu
à droiz, ferme et moison de blé, de révérent frère
en Dieu Monsieur l’abé de Sainct-Jehan-en-Vallée, ung molin
à vent, appellé le molin de Mantarville, à tenir dudit
bailleur par les diz preneurs ou par ceux qui auront leur cause, du jour
de la Sainct Remy prochainement venant jusques à trois ans, aussy
à prendre par les diz preneurs touz les proffiz, yssues, revenues et
esmolumens qui audit molin pourront yssir ledit temps durant. C’est assavoir
ce bail et amoisonnement fait pour le priz et la somme de quarente sextiers
de blé, tel blé comme ledit molin pourra gangner, que lesdiz
preneurs vendront et paieont audit bailleur pour chacun an de mois en mois
par egale portion. Et pour le deschie des meubles dudit molin, lesdiz preneurs
paieront par chacun an vingt souz tournois audit Monsieur l’abé. Et
là ou aucunes des pièces du merran dudit molin deschaira, ledit
Monsieur l’abé fera venir [p.256] merran en place et les preneurs les feront charpenter et monter.
Et seront tenus lesdiz preneurs de quérir tout le surplus comme toiles,
chaussures, alichens, fiseaux,van, chable et corbillons. Item, Monsieur l’abé
baille aus diz preneurs la meson du molin avec cinq sextiers de terre assis
emprès ledit molin pour l’aisement desdiz preneurs. Duquel bail ainsi
baillé, comme dit est, lesdiz preneurs se tindrent pour bien paiez
par devers nous sans nulle fraude. Promettant... etc. Obligeant... etc. Renonçant...
à tout ce qui de droit ou de faict pourroit estre dit contre ces lettre
lesquelles nous avons faictes sceller du scel de ladite Prevosté d’Yenville.
Donné l’an de grâce mil trois cens quatre vint et diz, le douziesme
jour de juillet (1).»
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(1)
Orig. en parch. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1505. — Le fermage de ce moulin n’était plus que
de vingt setiers de blé par an:
«Universis presentes litteras inspecturis
Officialis Carnotensis salutem in Domino. Notum facimus quod in dilecti et
fidelis nostri Augustini Frecot, autoritate apostolicæ publici curieque
nostre notarii pratici jurati cui quantum ad presens vel ut etiam ad majorem
fidem adhibemus plenariam, commisimus et committimus vices nostras nec non
et testium infra scriptorum presentia personaliter constitutus Petrus Sam...
cultor et parrochianus de Sainvilla recognovit et legitime confessus fuit
accepisse et retinuisse ad firmam seu ad unam pensionem, a festo Nativitatis
beate Marie Virginis proxime venturo usque ad tres annos inde sequentes continuos
et complendos, a venerabili et religioso viro domno Johanne le Roy, presbitero,
priore Sancte Fidis Carnotensis, unum molendinum ad ventum ad molandum bladum
cum suis pertinenciis eidem tradenti spectans et pertinens, situm in dicta
parrochia de Sainvilla, pro dicto molendino per eumdem accipiendo, utendo
et gaudendo, dicto tempore durante, pro firma seu pensione annua viginti sextariorum
bladi multure mensure dicti loci de Sainvilla… Datum anno Domini millesimo
quingentesimo quinto, die Sabati tricesima [p.257] mensis Augusti, astantibus Guillelmo
Jambot de Carnoto et Gilleto Guenes de Mantarvilla (1), testibus ad premissa
vocatis (2).»
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(1)
La famille Guenée de Mantarville est citée page 200.
(2) Orig. en parch.
— Archiv. d’Eure-et-Loir.
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1543. — Le moulin de Montarville était en si mauvais
état et de si minime produit, que les chanoines de Saint-Jean l’échangèrent
avec le seigneur du Chesne pour dix setiers de terre:
«A tous ceulx qui ces présentes lettres
verront, Michel de Champront, escuyer,.... bailly et cappitaine de Chartres,
salut: savoir faisons que... furent présens vénérables
et religieuses personnes frères Claude Griset, prieur claustral, Bertherand
Campard, soubz prieur, René Le Feuvre, procureur de Saincte-Foy, Guillaume
Penthon, prebre des Bordes, Nicole Troellard, prebre, Robert, Claude Lambert,
prévost, Jehan Bignon, Michel Robert, Jehan Julien, curé de
la Magdellaine, Jehan Leprince, Mathurin Le Conte et Jehan Androu, prebres,
Jehan de Bordeaulx, soubz diacre, Jehan Levint, Louys Thirault et Estienne
La Chappelle, tous religieux profès en l’abbaye et monastère
de Sainct-Jehan-en-Vallée-lez-Chartres, faisant et représentant
la plus grande et sayne partie des Relligieux faisans la communauté
de ladicte abbaye, assemblez et congreigez en leur chappitre au son de la
campaigne en la manière accoutumée pour consulter, traicter
et adviser des négoces et affaires de ladite abbaye, d’une part; et
noble homme messire Jehan de Boullehart, chevallier, seigneur du Chesne, demeurant
audict lieu du Chesne, paroisse de Sainville, d’autre part; lesquelles parties
de leurs bons grez et vollentez congnurent et confessèrent avoir fait
et par ces présentes font entre’eux les eschanges, contrechanges, promesses,
observations et chouses qui s’ensuyent. C’est à savoir que lesdits
Relligieux faisans ledict couvent, cognoissent que le moulin vulgairement
appelé le moulin de Manterville audit [p.258] couvent appartenant,
est de présent de petit prouffit et revenu tant à cause de ruyne
et démolition es quiez il est de présent, que pareillement à
cause de ce que plusieurs des laboureurs et aultres demourants es villaiges
circonvoisins dudit moullin ont délaissé de faire mouldre leurs
bledz et grains et les portent et font porter es moulins des gentils hommes
circonvoisins. Pareillement que pour restablir, réparer et remettre
en estat deu icellui moullin, il faudrait et conviendroit exposer la somme
de cent livres tournois ou autre grosse somme de deniers, ainsi que les ditz
Relligieux faisans ledit couvent ont dit et rapporté... Pour le prouffit
et utilité dudit couvent, ont iceux Relligieulx baillé et délaissé
par eschange dès maintenant à tous jours mays audit Messire
Jehan Boullehart, à ses hoirs et ayans cause c’est à savoir
ledit moullin appellé le moullin de Manterville, ses appartenances
et dépendances, scitué en ung septier de terre ou environ assis
en la terre et seigneurie de Sainville près le villaige de Manterville
sur le chemin tandant de Manterville à Sainville.... Et ledit sieur
Boullehart aux ditz Relligieux baille et délaisse... dix septiers
de terre en une ou plusieurs pièces, le plus commodément que
faire se pourra… l’an mil cinq cens quarante troys… (1)»
|
(1)
Orig. en parch. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
|
1740. — Déclaration censuelle par les gagers de
la fabrique d’Orlu pour messieurs les vénérables prieur et relligieux
et couvent de Saint-Jean-en-Vallée-les-Chartres, seigneurs seuls hauts
justiciers de Mantarville et autres lieux, à cause de leur seigneurie
dudit Mantarville (2).
|
(2)
Tit. de la fab. d’Orlu.
|
IV. — PETIT-SAINVILLE
(le). — Ce lieu, situe à un kilomètre de Sainville,
possédait autrefois une maladrerie dont nous avons parlé ci-dessus,
page 43.
|
|
Consistance
territoriale. — L’ancienne division topographique de Sainville
déjà citée, page 193, a été peu modifié
[p.259] par les travaux du cadastre qui ont été terminés
sur le terrain en 1812 (1) et dont voici le résultat:
|
Hectares.
|
Ares.
|
Cent.
|
Terres labourables
|
2,061
|
19
|
38
|
Bois taillis
|
59
|
07
|
60
|
Jardins potagers
|
12
|
69
|
66
|
Pâtures
|
1
|
43
|
30
|
Superficie des bâtiments
|
8
|
08
|
97
|
Total
|
2,142
|
48
|
91
|
Cette situation a bien changé depuis cinquante
ans. Les propriétés, plus disséminées qu’elles
n’étaient anciennement, ne donnent cependant qu’une proportion de 1
parcelle 1/3 par hectare; elles sont cultivées avec plus de soin: chacun
force la terre à lui rapporter le plus possible. La culture des prairies
artificielles a remplacé les jachères, et les pâtures
qui n’étaient que de mauvaises friches, ont été depuis
le cadastre plantées en bois qui ont assez bien réussi.
|
(1) La matrice cadastrale
n’a été mise en recouvrement qu’en 1818.
|
Les registres de l’état-civil de la paroisse de
Sainville remontent à 1591; ils sont reliés et conservés
avec soin dans les archives communales, et renferment des notes curieuses
et intéressantes pour l’histoire locale. Nous en avons déjà
cité une concernant le hameau du Chesne; en voici deux autres.
Il paraît que l’hiver de 1776 fut
extrêmement rigoureux, puisque le curé de Sainville en fait mention
de cette manière:
«Cette année est encore remarquable
par l’hiver qui commença le 10 janvier et finit le 28. Le froid fut
si furieux que le gibier mourut aux champs. Le 26, 27 et 28, le froid était
tellement entré dans les maisons, que la sueure du bois qui brûlait
dans le feu, gelait au bout de la bûche sans tomber. — Quæque
miserrima vidi.» Signé: Jouan, curé. [p.260]
|
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Le
registre de 1780 contient encore le fait suivant dont le curé
Jouan fut témoin oculaire:
«Le 4 juin de cette même année
(1780), qui était un dimanche, sur les trois heures après midi,
il vint une nuée d’orage terrible du vent du midi, qui donna un déluge
d’eau sans causer grand dommage. Cette nuée à peine passée,
il s’en leva une seconde de la haute galerne qui donna beaucoup d’eau à
Orsonville, Boulonville et Le Chêne, hameaux de cette paroisse. La grêle
commença au village de Sainville, à quatre heures, et dura
cinq minutes, sans eau, et continua trois quarts d’heure avec de l’eau. Les
bleds étoient dans la plaine des Marnières et commençoient
à épier; ils furent entièrement détruits, ainsy
que les terroirs de Châtenay, Vierville, Orlus et Ardelus, et les
trois quarts de Menterville; les bleds se trouvèrent razés
plus bas qu’ils ne le sont après la moisson.
«Environ quinze jours après ce fameux
désastre, on fut très-étonné de voir ces mêmes
bleds entièrement perdus, redrageonner du pied et insensiblement reproduire
un nouvel épi, en sorte qu’à la fin de juillet toute la plaine
était parfaitement épiée, et les épis bien fleuris.
Mais malheureusement la chaleur et le hâle furent excessifs; ils grillèrent
ces épis trop tendres qui ne rapportèrent absolument rien. Je
suis persuadé que si le temps fût venu favorable, on auroit encore
recueili de cette seconde repouce deux setiers au septier. J’écris
ce fâcheux événement pour servir à la postérité,
affin qu’en pareille circonstance on ne se défie pas de la Providence
qui peut nous être propice dans nos plus grands malheurs. — Quæque ego miserrima vidi et quorum pars magna fui.» — Signé:
Jouan, curé.
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La commune de Sainville, dépourvue d’eaux
courantes, possède dans le bourg: divers puits dont trois sont communaux,
d’une profondeur de 30 mètres; quatre mares et les fossés de
la porte d’Étampes; — à Boulonville deux puits et une mare;
— à Mantarville, trois puits et une mare. [p.261]
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Toute correction, critique ou contribution sera
la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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