Mais il (Charles Quint) ne pouvait cependant se refuser aux
instances du Roi (François Ier), qui
lui proposait sans cesse quelque nouvelle partie de chasse ou de plaisir,
et qui se doutant peut-être des anxiétés de son hôte,
prenait, pour toute vengeance des mauvais traitemens [sic] qu’il en avait reçus,
un malin plaisir à prolonger sa gêne. «Mon frère,»
lui dit-il un jour en lui montrant la duchesse d’Etampes, «voilà
une belle dame qui me conseille de ne vous laisser sortir de Paris, qu’après
vous avoir fait révoquer le traité de Madrid.»
Charles lui répondit d’un ton qu’il s’efforçait de faire paraître
ferme: «Si l’avis est bon, il faut le suivre;» et ses appréhensions
que le Roi ne cédât enfin à tant d’instances ne firent
que s’en accroître. Toutefois, il chercha à se concilier cette
maîtresse du Roi par d’ingénieuses galanteries. Dès le
lendemain, au moment où l’on se lavait les mains pour se mettre à
table, il laissa échapper à dessein de son doigt un diamant
de grand prix. Il tomba aux pieds de la duchesse, qui lui présentait
la serviette et qui le ramassa pour le lui remettre. Mais il refusa de reprendre
la bague, en disant qu’elle était en de trop belles mains pour qu’elle
n’y restât pas désormais.
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