Jacques Corbel et
alii
La Maison Lancteau d’Étampes
54 rue Paul-Doumer,
1908-1970
01. Souvenirs de Suzanne Lancteau
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Le magasin de M. et
Mme Lancteau se situait 54, rue Basse de la Foulerie (aujourd’hui Paul-Doumer) à Étampes
(Seine-et-Oise).
Peu avant son mariage, M. Louis Gaston Pierre
Lancteau achète à M. Soudey, son magasin de «Sacs, Bâches, cordages et ficelles».
Le 17 octobre 1908, Louis Gaston Lancteau, fils
de meunier, épouse Marguerite Plé, cuisinière chez
M. Dujoncquoy. Il a 33 ans, elle 26 ans. Ce mariage sera très mal
vu dans la famille Lancteau: il a épousé une bonne!
En février 1910, naît un garçon,
prénommé Octave qui ne vivra que 7 mois.
Puis naissent deux filles: Simone, née
en 1916 et Suzanne née en 1922.
La famille Lancteau emploie longtemps une nourrice, Julie Serond, qui les élèvera.
Fils de meunier, Louis Gaston Lancteau, apprend
le métier de boulanger, auquel il devra renoncer rapidement, victime
de problèmes respiratoires liés à la farine.
Ancien boulanger, il était membre d’une
société coopérative situé rue Léon
Grenier. Cette coopérative effectuait des livraisons journalières
de pain, avec une charrette et un cheval attelé. Les clients de
cette coopérative venaient régler leurs achats une fois
par mois, au Magasin Lancteau. Les deux filles étaient chargés
d’aller réclamer les impayés.
Rapidement, M. et Mme Lancteau mettent sur pied
la location de sacs, pour les agriculteurs d’Étampes et de la région.
Ces sacs en grosses toile de jute, sont destiné à recueillir
lègumes et céréales (blé, orge, avoine, pomme
de terre, haricots...) en l’absence de silo à grains.
Les sacs de location étaient entretenus
par la famille Lancteau (lavage, reprise, etc.).
M. Lancteau marquait ses sacs, à l’aide d’un pochoir en métal et d’une
brosse trempée dans un mélange à base de pétrole.
Un appareil utilisé par les deux filles
de la maison, permettait de fabriquer les grosses cordes.
Ils vendent également des cordes pour
attacher les animaux (cordes à veaux, vaches, longes pour les
chevaux et les ânes, ...). Les maçons trouvent ici des chablots, cordes accessoires pour
échelles et cordages.
Les cordes, ficelles et cordages se vendent au
poids. Pour cette raison, le magasin Lancteau n’est pas chauffé:
les cordes sécheraient en perdant du poids!
De même, le sol ne doit pas être
lavé: il était sablé.
Les matelassiers trouvent à la Maison Lancteau les fournitures nécessaires
à leurs travaux: de la toile à sommier ou à matelas,
du fil, des aiguilles spécifiques.
Sur le comptoir, une très grosse balance,
voyait défiler des voisins, qui venaient faire peser leurs petits
enfants gratuitement.
En 1925, Mme Lancteau élargit ses rayons
et proposant du linge de maison (toile à draps, draps, serviettes
de tables, torchons chanvre, lins, etc.).
Pendant la 2e guerre mondiale, sous l’occupation,
la Maison Lancteau, vend autant de ficelle aux Allemands qu’aux Français.
En effet, les occupants envoyaient de nombreux colis à leurs familles.
Pour les épouses ou les mères de prisonniers français
en Allemagne, la ficelle était gratuite.
M. Lancteau décède en 1954, laissant
le magasin à Simone, sa fille aînée. Suzanne la cadette,
travaille au Crédit agricole, à partir de 1949.
En 1970, le magasin Lancteau fait l’objet d’une
expropriation. Il sera détruit pour le percement de la nouvelle
partie de l’avenue de la Libération.
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M. et Mme Lancteau à la fin de 1910
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1910
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Carte-photo où
on lit, inscript sur la devanture: «Cordes – Maison Soudey – Toiles – G. Lancteau.»
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Carte-photo, collection
particulière (dont un scan ci-dessus)
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Fin des années 1910
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Carte-photo où
on lit: «Machines à coudre les bâches
Lancteau marchant par moteur électrique – La maison Lancteau confectionne
et vend sacs, bâches, carniers, musettes, pochets, tabliers de cuisine,
carapaçons, rideaux – Travaux de couture à façon –
Réparation de bâches et cordages. – Carapaçons […] taille
– Tablier de cuisine en toile de lin […] Largeur 120 [...]»
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Carte-photo, collection particulière (dont un scan ci-dessus)
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1925
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Réclame — «Fabrique de sacs et bâches – bâches agricoles et pour
voitures – Cordages, liures, longes, cordeaux, ficelles, etc. – Ancienne
maison Soudey – G. Lancteau – 54, rue Basse, Étampes (S.-et-O.)
– Location de bâches et sacs à grain – Réparation
de bâches et cordages – Tous articles de première qualité
– Les meilleurs prix – Tous les vendredis aux marchés Arpajon et
Angerville – Reg. Com. Etampes n°418.»
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Almanach d’Étampes de 1925, scanné par
Jean-Michel Rousseau (ci-dessus)
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1927
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Carte-photo où
on lit, inscrit sur le stand: «Toiles, sacs, bâches, cordages, ficelles, etc. Spécialité
de bâches agricoles, et pour voitures – G. Lancteau, Étampes
– Mesdames !!! Visitez notre rayon de toile, draps, serviettes, torchons,
coutils, vendus à des prix très-avantageux. – Lancteau, Étampes.»
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Carte-photo, collection particulière (dont un scan ci-dessus)
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1938
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Discours de Gaston (Louis)
Lancteau au banquet de la Classe 97
Banquet de la classe 1897
Après avoir observé une minute de silence
au monument aux Morts en souvenir et à la mémoire des Camarades
disparus, les gars de la Classe 97 se sont trouvés réunis comme
les années précédentes autour de la table copieusement
servie par le cuistot de la classe, Duchesne.
Au dessert, et suivant la tradition, chacun s’exprima
de façon bien différente et l’un deux, Lancteau, résuma
l’union de telle façon qu’il fut décidé de reproduire
ses sentiments dans le but de rappeler à ceux des classes 96 et 98
qu’ils seront toujours les bienvenus à cette réunion qui dure
déjà depuis plus de onze années. Voici son allocution:
«Chers amis et camarades de la classe, c’est avec
le plus grand plaisir que je viens pour la deuxième fois parmi vous.
Votre devise: Unis comme au front, veut dire bien des choses et m’a suggéré
ces quelques lignes. Plusieurs d’entre nous sont nés à Étampes
ou avons usé nos culottes sur les bancs de la même école.
C’était le commencement de l’union, de la camaraderie. Quittant l’école,
on apprend un métier; c’est une autre camaraderie qui se forge à
l’atelier, au bureau, dans le commerce. On arrive à 20 ans, le tirage
au sort nous rassemble tous, donc première étape de l’union
“comme au front”, car on a déjà le sentiment d’être un
futur militaire. Le départ de la classe, c’est encore un acte d’union,
quoique chacun de nous allât dans toutes les directions rejoindre nos
villes de garnison. Au régiment, l’arrivée d’une classe, c’est
le total des camarades nés la même année, c’est l’union
de tous faisant front pour apprendre à défendre la Patrie. L’on
se demandait réellement si c’était bien utile de passer 3 ans,
à répéter le maniement d’un fusil et faire bien des
corvées inutiles et vexatoires, mais hélas août 1914 nous
secoua de notre torpeur, la triste réalité était là;
aussi ce fut l’union de tous. Je me rappelle qu’à Melun, dans les
salles de l’Ecole Normale des Garçons, chacun de nous avait conscience
du devoir à accomplir; aucune note discordante: la Marseillaise, et
le Chant du Départ étaient chantés en chœur pendant que
les jeunes classes quittaient la ville, le bruit de leur passage sur le pont
de fer de la Seine se mêlait avec leurs cris d’adieu.
«Pour ceux d’entre vous qui ont fait la guerre
dans les tranchées et face à l’ennemi et devant le danger commun,
c’est là qu’est née la devise: “Unis comme au front”. Dans la
vie civile, l’union comme au front est plus que jamais nécessaire ;
chacun de nous a besoin d’être conseillé, aidé; un individu
qu’il soit riche ou pauvre a besoin de son prochain. La constitution de nombreux
groupements commerciaux, ouvriers, d’anciens combattants et de camarades
de la même classe, c’est de l’union, mais à condition, que l’union
de certains individus ne soit pas une gêne pour les autres, et n’ait
pas des buts égoïstes. C’est pourquoi une réunion comme
la nôtre ne peut engendrer que des sentiments de camaraderie, c’est
la continuation de nos souvenirs de jeunesse, de nos souvenirs de la caserne
et de la grande guerre, c’est une trêve de quelques heures de nos tourments
dans la lutte pour notre pain quotidien, le souci de faire honneur à
nos affaires, de payer nos contributions de toutes sortes qui nous écrasent.
«Et pour conclure, chers amis et camarades, nous avons tous dépassé
la soixantaine, nous jours sont comptés, donc vivent la gaîté,
la bonne cuisine de notre cuistot Duchesne et ses bonnes bouteilles, on n’a
que le plaisir qu’on se donne!»
Il ne faut pas croire que ce banquet est monotone; bien
au contraire, puisque chacun pousse sa petite chanson, celle d’autrefois qui
n’a rien a envier à celle d’aujourd’hui. Avant de se séparer,
une collecte a été faite pour risquer la chance aux amis de
la classe 97 pour le prochain tirage de la Loterie Nationale.
Après les promesses de se retrouver nombreux
le 2e dimanche de février 1939, chacun s’en fut dans son foyer heureux
et content d’avoir retrouvé les bons copains de jadis.
L’un d’eux.
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Abeille d’Étampes
du 5 mars 1938, p. 1 (Saisie de Chantal Breton)
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1958
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«Lancteau Albertine, 22, avenue de Paris.
«Lancteau Gaston, tailleur, 10, rue Léon-Grenier.
«Lancteau Louis, cordes-bâches, 54, rue Paul-Doumer.»
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Le Familial
1958. Annuaire de la ville et de l’arrondissement d’Étampes, Étampes,
Serge Vannier (Imprimerie La Familiale), 1958, p. 184.
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1958
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Réclame — «Toiles
- Sacs - Cordages - Ficelles — Baches - Vente et
location — S. Lancteau — 54, rue Paul-Doumer, Etampe (S.-&-O.) — Tél. 786 — R.C. 54 A 35 — Dépositaire des sacs — Location Esmery-Caron et Saint-Frères.»
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Id. (dont un scan ci-dessus)
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