CORPUS DES ÉTABLISSEMENTS ÉTAMPOIS
 
Gustave Jumentié, professeur de philosophie à Étampes
Collège d’Étampes, 20 rue Saint-Antoine, 1873-1875
 
Le collège d'Etampes (lavis de Narcisse Berchère)
Le collège d’Étampes (lavis de Narcisse Berchère)
Signature de Gustave Jumentié en 1874
Signature de Gustave Jumentié en 1874
 
     Gustave Jumentié (1858-1909) à enseigné la philosophie pendant trois ans à Étampes après la guerre de 1870-1871, où il avait combattu dans l’armée de Garibaldi. Et, comme il s’y est marié, il a toujours gardé des liens avec notre ville, où il a même été inhumé en 1909.
     Nous donnons ici son acte de mariage, et sa nécrologie, prononcé par le proviseur du lycée parisien Jeanson de Sailly. Jumentié ne paraît pas avoir donné de publications, mais nous avons trouvé trace d’un dialogue de jeunesse sur la question alors fort à la mode du spiritisme, que notre jeune étudiant tourne fort plaisamment en ridicule. Un revue spirite augmente encore ce ridicule en le publiant, trop contente qu’on parle encore du spiritisme en milieu universitaire, même si c’est pour en rire.

Bernard Gineste, 2018


Gustave Jumentié, professeur de philosophie à Étampes
Collège d’Étampes, 20 rue Saint-Antoine, 1873-1875 



1848
Naissance à Blévy. Né le 27 mai 1848 Blévy, petit village du département d’Eure-et-Loir d’un père instituteur. Cf. infra 1874 et 1909.
1866
Dialogue de jeunesse sur le spiritisme. Paru dans une revue spirite.

Variétés
LE SPIRITISME AU BANQUET UNIVERSITAIRE DE LA SAINT-CHARLEMAGNE
   Le collège de C*** est un des meilleurs et des plus florissants collèges de l’académie de Paris. Lundi dernier, 29 janvier, pour fêter la Saint-Charlemagne, la grande solennité des écoliers, une nombreuse assistance prenait place dans cet établissement à des tables chargées de plats et de douceurs. Aux premiers mets, solides et appétissants, tels qu’il les fallait pour apaiser les pressants désirs dé l’estomac, succédèrent bientôt d’autres mets d’une nature plus subtile |236 et destinés à nourrir l’esprit, à charmer l’âme, à fortifier le cœur. Successivement les meilleurs élèves, jeunes gens blonds, gais, droits, vinrent tirer leur révérence à M. le Maire, l’un pour réciter des vers admirables, l’autre pour déclamer un beau morceau de littérature; celui-là, archéologue habile, pour mettre sous nos regards distraits sur période cicéronienne; celui-là, appuyé nonchalammant sur la muse française, pour narrer avec art un épisode de l’histoire industrielle contemporaine. Eh ! bien, malgré ce spectacle si beau et si élevé, là ne fut pas pour moi, spirite, l’intérêt le plus dramatique de ce banquet traditionnel.
   Les enfants brûlés craignent le feu, dit-on, et moi, qui pour avoir une fois seulement causé spiritisme, avais reçu d’assez fortes brûlures, je ne pouvais m’imaginer que d’autres, plus imprudents ou plus téméraires, songeassent un instant à évoquer dans, cette grave et solennelle circonstance l’épineuse, la terrible, la brûlante question. Or il n’en fut rien. Non seulement au banquet on osa nous servir du spiritisme, mais librement, publiquement, officiellement, le plat merveilleux circula comme par enchantement, et tout le monde en goûta avec une avidité qui témoignait d’un appétit imposant.
D’abord, avec un aplomb dont il ne comprenait peut-être pas trop lui-même l’opportunité et la signification, l’Inspecteur d’académie, dans une allocution fine et agréable, nous convia tous à une nouvelle Saint-Charlemagne, et déjà la partie jeune de son auditoire le devançant dans ce qui semblait l’expression de sa pensée, murmurait à voix basse:  à l’année prochaine, » lorsque le malicieux et espiègle Inspecteur, d’un bond s’élançant au-delà de l’existence actuelle, prenant en Esprit place à une table qui ne doit se dresser que bien plus tard, exprima le souhait de nous voir tous réunis sous son sceptre pacifique, plus heureux encore qu’en ce |237 moment, au banquet de la Saint-Charlemagne en... «1867, crièrent les étourdis, en 66;» en 1966, corrigea l’Inspecteur, accueilli par un tonnerre d’applaudissements.
   Ce ne fut là qu’un prélude, qu’une manœuvre si vous voulez. Bientôt deux élèves, à la mine distinguée, se levèrent et prononcèrent un dialogue dont ils étaient loin de comprendre la portée et qui fera assurément époque pour plusieurs de leurs condisciples. Ce dialogue roulait tout entier sur le spiritisme; l’idée première en avait été suggérée par un des principaux membres de la conférence de Saint-Vincent de Paule. Un autre membre de cette même société avait vivement poussé l’idée et s’était chargé d’en presser l’exécution orthodoxe. Tout était donc prévu, arrêté et disposé d’avance, et au milieu du silence général, en présence des principales notabilités de la ville, de professeurs nombreux et savants, de quatre-vingt-dix jeunes gens, l’honneur de leur classe, d’invisibles aussi, je n’en saurais douter, plus nombreux encore et plus attentifs, le dialogue suivant s’établit. Nous allons le rapporter textuellement, car pour une foule de raisons il nous paraît utile d’en conserver l’exacte teneur.


LA SAINT-CHARLEMAGNE DE 1866. — DIALOGUE SUR LE SPIRITISME

   — J. Depuis quelque temps, mon cher ami, tu me parais d’un caractère si sérieux et si sombre que je n’ose presque plus t’aborder. Tu sembles arraché aux intérêts de la terre pour ne plus vivre qu’en contemplation dans les hautes régions de la métaphysique. Toi que j’ai connu d’une humeur si enjouée, c’est à peine si, au milieu de ce festin splendide, tu consens à dérider ton front. D’où peut venir un si grand changement?
   — C. La philosophie a eu le privilège de modifier entièrement mes dispositions naturelles, car depuis que je me suis occupé de ses abstraites conceptions, je ne songe plus qu’à chercher la vérité dans les œuvres des grands penseurs modernes. En ce moment j’étudie une doctrine nouvelle, toute |238 pleine d’idées sublimes, d’idées qui élèvent l’âme plus haut que ne sauraient parvenir les meilleures intelligences humaines; en un mot j’étudie le spiritisme.
   — J. Tu veux dire le spiritualisme moderne?
   — C. Non, mais le spiritisme.
   — J. Eh quoi! tu as pu te laisser séduire par une rêverie si peu sensée?
   — C. Une rêverie si peu sensée! Oserais-tu flétrir de ce nom une doctrine qui montre si clairement l’immortalité de l’âme et qui vient confirmer d’une manière irréfutable les belles conceptions de la philosophie ?
   — J. Telles sont, il est vrai, les prétentions du spiritisme. Mais où va-t-il puiser ses preuves? quels sont ses arguments?
   — C. Les faits. Il nous met en communication avec les Esprits de ceux que nous avons aimés sur la terre; il établit entre eux et nous des rapports directs, palpables, et comble en partie le vide de l’absence.
   — J. Que c’est magnifique! Mais voudrais-tu m’expliquer comment on peut obtenir un si grand résultat ? C’est sans doute par l’intermédiaire des tables tournantes. mais alors pourquoi ne fais-tu pas remonter l’origine du spiritisme à Galilée qui, plus heureux que vous, a fait tourner la terre? Mais tu veux peut-être parler de ces Esprits frappeurs, vains fantômes d’une imagination malade qui me rappellent le loup-garou de nos pères.
   — C. Trêve à tes fades plaisanteries! Quoi, tu traites de chimères des faits attestés par des personnes dignes de la plus entière confiance. Tu te moques des tables tournantes et pourtant n’est-il pas très étonnant que ces tables se mettent en mouvement au moindre contact. Explique-moi ce phénomène d’une manière satisfaisante et alors; j’ajouterai foi à ta parole.
   — J. Certes, je ne serai pas assez insensé, mon pauvre ami, pour discuter avec toi sur de folles rêveries, dont le monde est aujourd’hui complètement désabusé; et quand on ne fait plus que rire des Esprits, je n’irai pas, par une vaine discussion, donner à vos idées plus de poids, qu’elles ne méritent et leur faire l’honneur d’une réfutation sérieuse. Les admirables expériences des Davenport ont montré quelle était votre puissance et la foi qu’il fallait avoir en vos miracles. Mais heureusement ils ont reçu la juste punition de
leur fourberie, et après quelques jours d’un triomphe éphémère, ils ont été forcés de quitter leurs tréteaux et nous ont |239 prouvé une fois de plus qu’il n’y a pas loin du Capitole à la roche tarpéienne. (Applaudissements.)
   — C. Allons ! n’insulte pas aux victimes du sort. Les Français, qui passent pour le peuple le plus généreux, se sont-ils conduits noblement à leur égard, je le demande?
   — J. Belle merveille que cette armoire dont un célèbre prestidigitateur a si bien dévoilé le secret! Plains donc ces aventuriers qui, après avoir trop longtemps abusé de la confiance du public, ont enfin vu démasquer leur charlatanisme.
   — C. Je vois bien que tu n’es pas chaud partisan du progrès. Toutes les sciences à leur origine ont eu leurs détracteurs. N’a-t-on pas vu Fulton repoussé par l’ignorance, et son admirable invention méconnue, repoussée, flétrie par des hommes qui, ne pouvant atteindre à la hauteur de son génie, le regardaient comme un fou. N’a-t-on pas vu également Lebon, maltraité dans sa patrie, aller mourir dans la misère ? Et pourtant aujourd’hui les mers sont sillonnées de bateaux à vapeur et le gaz répand partout sa vive clarté.
   — J. Oui, mais ces inventions reposaient sur des bases solides; la science était le guide de ces génies et devait forcer la postérité plus éclairée à réparer les erreurs des contemporains de ces grands hommes. Mais quelles sont les inventions des Davenport, quel est le secret de leur science ? Tout le monde a pu l’admirer ce singulier secret, tout le monde a pu applaudir à l’ingénieux mécanisme de leur baguette; voilà tout ce dont sont capables les spirites: abuser la confiance du public pour s’enrichir à ses dépens, c’est là l’unique but de vos médiums, ces gens que je puis sans crainte gratifier hautement du titre de charlatans, je dirai plus, de fourbes et d’escrocs.
   — C. Tu me sembles fort ignorant des choses spirites. Sache qu’il y a des gens très, instruits et très respectables parmi les médiums, et dont la conviction est aussi désintéressée que profonde.
   — J. Cela n’est que trop vrai, mais qu’est-ce que cela prouve? Que le bon sens n’est pas une chose si commune que l’on pense, et comme l’a dit le poète de la raison, un «sot trouve toujours un plus sot qui l’admire.»
   — C. Boileau n’aurait pas parlé de la sorte s’il avait connu les tables tournantes.
   — J. Moi, je n’ai jamais pu mouvoir le plus léger guéridon.
   — C. C’est que tu es un profane; pour moi jamais table n’a résisté.
   — J. Tu me ferais trembler pour la table de la Saint-Charlemagne |240 si l’appétit des convives ne l’avait si prudemment dégarnie.
   — C. Mais prends-tu tes plaisanteries pour des raisons? Tu ne prouves-rien, tu ne réfutes rien.
   — J. C’est que la doctrine n’est rien, c’est une chimère, une vapeur, une fumée, un gaz incolore, impalpable (j’aime mieux le gaz d’éclairage). — Ô Michel Cervantes! faut-il que tu sois né deux siècles trop tôt! C’est à ton immortel Don Quichotte qu’il appartiendrait de réduire en poudre le spiritisme. Il a brandi sa lance valeureuse contre les moulins à vent, et pourtant ils tournaient bien ceux-là! Comme il aurait pourfendu les armoires parlantes et tournantes! Et toi, son fidèle écuyer, Sancho Pança, c’est ta philosophie profonde, c’est ta morale sublime qui serait seule digne de dénouer ces graves théories!
   — C. Vous avez beau dire, Messieurs les philosophes, vous niez le spiritisme parce que vous ne savez qu’en faire, parce qu’il vous embarrasse. (Applaudissements.)
   — J. Oh! il ne me cause aucun embarras et je sais bien ce que j’en ferais si j’avais voix au chapitre. Spirites, magnétiseurs, somnambules, armoires, plumes médianimiques, tables parlantes, chapeaux tournants, avec les têtes qu’ils ombragent, je les enverrais tous faire un tour à Charenton.

   À ce dialogue nous n’ajouterons qu’une réflexion. Nos adversaires, qu’ils s’appellent Paulistes, cléricaux, ou jésuites, se sont montrés là comme partout, frappant aveuglément d’estoc et de taille tout ce qui ne partage pas avec enthousiasme leur absolutisme religieux. Quant au fait d’appeler dans une circonstance solennelle l’attention de plus de 120 personnes intelligentes et, éclairées sur la question la plus grave des temps présents, quelle que soit la pensée intime et réelle qui l’ait provoqué regretter nous nous en félicitons grandement. Il était impossible, dans cette circonstance, de faire davantage au profit du spiritisme.
Quômes d’Arras.

POLÉMIQUE SPIRITE

   Nous lisons dans le Journal de Chartres, du 11 mars 1866:
   «Pour clore la séance, deux élèves de philosophie, MM. Ernest Clément et Gustave Jumentié, ont mis sur le tapis, dans un dialogue vif et animé, une question qui a le privilège de passionner aujourd’hui bien des têtes: nous voulons dire le spiritisme.»
(Suit le dialogue rapporté dans le n° 34, page 237, de l’Union.)

   Le compte-rendu ajoute:
   «Quelques personnes s’étonneront, se scandaliseront peut-être de voir les élèves du collège de Chartres aborder sans autres armes que la plaisanterie une question qui s’intitule la plus sérieuse des temps modernes. Franchement, après l’aventure toute récente des frères Davenport, peut-on reprocher à des jeunes gens de s’être égayés de cette mystification. Cet âge est sans pitié.
   «Sans doute on pourrait, en retournant une de leurs phrases d’emprunt, apprendre à ces malins enfants que les grandes découvertes passent souvent par la roche Tarpéienne avant d’arriver au Capitale, et que pour le spiritisme le jour de la réhabilitation n’est peut-être pas éloigné. Déjà les journaux nous annoncent qu’un musicien de Bruxelles, qui est en même temps spirite, prétend être en rapport avec les Esprits de tous les compositeurs morts, qu’il va nous transmettre leurs inspirations et que sous peu nous aurons des |149 œuvres vraiment posthumes des Beethoven, des Mozart, des Weber, des Mendelssohn...
   «Eh bien! soit; les écoliers sont de bonne composition: ils ont voulu rire, ils ont ri; quand il sera temps de faire des excuses, ils en feront. »

   Dans ces quelques paroles, du reste si convenables, si mesurées et si bienveillantes, se reflète toute une situation qui nous semble trop grave pour ne pas permettre une remarque.
   Non-seulement le judicieux auteur de cet article, mais une foule de personnes sincères, loyales et éclairées, se font du spiritisme l’idée la plus fausse, quelquefois la plus étrange et la plus ridicule qu’il soit possible de concevoir. A leurs yeux, les Davenport, tel ou tel médium, tel ou tel prestidigitateur, telle ou telle excentricité, telle ou telle contrefaçon, le fantastique , le surnaturel, le diabolique, l’absurde, le grotesque, l’impossible, la rêverie ou les promesses d’un spirite inintelligent, voire même la calomnie et les injures d’un ennemi déloyal, tout en un mot est le spiritisme, excepté le spiritisme lui-même, et en conséquence comme s’il s’agissait uniquement d’applaudir l’habileté plus ou moins grande d’un artiste à faire un tour difficile, chacun met, à son approbation, à ses éloges, à sa foi une condition spéciale et singulière. Pour croire, un paysan veut qu’on lui donne une recette peu coûteuse pour se débarrasser d’une maladie ou pour obtenir dans l’œuvre mystérieuse de la reproduction tel sexe préférablement à tel autre moins productif; l’écolier paresseux, au jour terrible de l’examen, voudrait fournir des preuves patentes de médiumnité à ses juges sévères et incrédules; un physicien exige que les Esprits démontrent clairement, comme lui-même l’enseigne, que la lumière n’est que l’éther en mouvement; un botaniste qu’on lui Casse connaître une plante nouvelle; un linguiste qu’à Paris on s’exprime en bon chinois; un amant demande |150 la clef des cœurs, un marchand la mercuriale de la semaine prochaine, un mathématicien la solution longtemps poursuivie d’un problème transcendantal, un astronome une nouvelle planète au bout de sa lunette. Tous confondent le spiritisme avec leurs besoins, leurs désirs, leurs erreurs, leurs superstitions, leurs préjugés ou leurs passions. Le moindre mal qui en résulte ce sont, dans la discussion, les plus ébouriffants quiproquos: farfadets rieurs, incommodes, turbulents qui, à mesure que le discours grandit et que la question se développe, s’agglomèrent de plus en plus nombreux, tourbillonnent, se démènent dans un chassé-croisé satanique autour de l’imprudent orateur et réussissent souvent à désarçonner le jouteur le plus adroit. Dans l’intérêt donc plus encore des personnes peut-être que des choses, nous dirons à tous ceux qui veulent parler pour ou contre le spiritisme: « Avant d’en parler, de le plaisanter ou de l’exalter, de le repousser ou de l’admettre, apprenez à le connaître, examinez-en soigneusement et impartialement les faits, les tendances, la doctrine, la morale, le but surtout. Vous ne tarderez pas à vous apercevoir que vous êtes tombé dans la plus grossière des méprises et que ce qui vous paraissait bel et bien être ce maudit spiritisme n’en était pas même la caricature mal faite. Les coups vigoureux que vous avez assénés avec une bonne foi vraiment naïve ont porté à faux et si, réflexion faite, vous en voulez réellement au spiritisme, toute la campagne est à recommencer.»
   Qu’est-ce donc que le spiritisme?
   Nous-mêmes spirites nous pouvons être séparés sur des points extrêmes et ne pas toujours très bien nous entendre dans les opérations lointaines, difficiles et nombreuses que nous poursuivons individuellement, mais il est des questions fondamentales qui nous rallient tous et particulièrement quand il s’agit de définir le spiritisme nous n’avons tous |151 qu’une seule et même réponse. Notre spiritisme, le spiritisme des spirites, consiste essentiellement à respecter religieusement le caractère providentiel des rapports médianimiques constatés de nos jours et à pratiquer sans distinction d’opinion, de race ou de conviction, la loi de la charité, la fraternité universelle. Quiconque accepte sans restriction cette large base de notre symbole est des nôtres, et sans porter une cocarde spéciale ou un acte notarié quelconque, il est toujours sûr de rencontrer dans nos réunions, de la part de tous ceux qui les fréquentent, visibles et immortels, l’accueil le plus sympathique, les encouragements les plus sincères et les plus flatteurs.
Quômes d’Arras.
Union spirite bordelaise 1/34 (8 février 1866), pp. 235-240 (pour la première partie) et 1/46 (15 avril 1866), pp. 148-151 (pour la deuxième partie).
1868
Première nomination. “Instruction secondaire. — Lycées de Paris et de Versailles. [...] (23 septembre 1868.) — Collége Rollin. — M. Jumentié (Gustave-Alfred), bachelier ès lettres et bachelier ès sciences, est nommé maître d’études auxiliaire au collége Rollin.
Revue de l’instruction publique en France et dans les pays étrangers 28/28 (8 octobre 1896), p. 461.
1874
Mariage à Étampes. “N°16 — Jumentié et Poisson — Du jeudi douze février mil huit cent soixante quatorze, onze heures du matin. — Sont comparus devant nous Étienne Auguste Decolange, adjoint spécialement délégué par le maire d’Étampes, officier de l’état civil de la dite ville. — le sieur Alfred Gustave Jumentié, professeur de philosophie au collège communal de cette ville, agé de vingt cinq ans, demeurant àÉtampes, rue Pavée numéro huit, né en la commune de Blevy (Eure et Loir) le vingt cinq mai mil huit cent quarante huit, fils majeur de Léger Désiré Jumentié, isntituteur, agé de cinquante ans et de désirée Clémentine Martin, son épouse, agée de quarante six ans, demeurant en la dite commune de Blevy. — Et la demoiselle Mathilde Marie Poisson, sans profession, agée de vingt un ans, demeurant chez sa mère, née à Étampes le quinze novembre mil huit cent cinquante deux, fille majeure de feu Joseph Désiré Poisson, décédé à Étampes le huit février mil huit cent soixante trois, et de Marie Eugénie Sevestre, sa veuve, agée de quarante quatre ans, domiciliée de ctte ville rue Sainte Croix numéro quatorze.  Lesquels nous ont présenté leurs actes de naissance, l’acte de décès du père de la future, un certificat délivré par maître Daveluy, notaire à Étampes, constatant que les futurs époux ont fait un contrat de mariage, les actes de publication du présent mariage faits en cette ville les dimaches premier et huit février courant sans opposition. — Et après avoir visé pour être annexés l’acte de naissance du futur, le certificat délivré par le notaire et les actes de publication, nous en avons donné lecture aux parties comparantes assistées des quatre témoins ci-après nommés et qualifiés, ainsi que du chapitre six du titre du mariage sur les droits et devoirs respectifs des époux. — Ensuite, nous avons reçu la déclaration du sieur Alfred Gustave Jumentié qu’il prend pour sa légitime épouse la demoiselle Mathilde Marie Poisson et celle de la demoiselle Mathilde Marie Poisson qu’elle prend pour son légitime époux le sieur Alfred Gustave Jumentié. — En conséquence, nous avons déclaré au nom de la loi que le sieur Alfred Gustave Jumentié et la demoiselle Mathilde Marie Poisson sont unis par le mariage. — Tout ce que dessus fait à Étampes, en l’hôtel de la mairie, les portes ouvertes, les dits jour, mois et an en présence et du consentement des père et mère de l’époux, de la mère de l’épouse, et aussi en présence des sieurs Alphonse Adrien Jumentié, marchand de tissus, agé de cinquante sept ans, oncle paternel de l’époux demeurant à Saint Léger des Aubées (Eure-et-Loir), Édouard Jacques Théodore Ruelle, principal du collège de cette ville, agé de trente trois ans, Claude Gaspard Bellon, marchand de nouveautés agé de soixante ans, domiciliés de cette ville, et Jacques Poisson, rentier, agé de soixante quinze ans, aïeul paternel de l’épouse, demeurant en la commune de Chalo Saint Mard (Seine et Oise) qui ont signé avec les époux, les père et mère de l’époux, la mère de l’épouse et nous adjoint susnommé après lecture faite. — [Signé:] M. M. Poussin — A. G. Jumentié — Jumentié — C. Martin — Sevestre — Bellon — E. Ruelle principal — Jumentié — Poisson — Decolange.
Signature de Gustave Jumentié en 1874
AD91 4E 1323 (saisie de B.G., 2018)

Le collège d'Etampes (lavis de Narcisse Berchère)
Le collège d’Étampes (lavis de Narcisse Berchère)
1909
Nécrologie. “M JUMENTIÉ Lundi dernier, 1er février, ont été célébrées à Paris, à Saint-Honoré-d’Eylau, les obsèques d’un des très dignes et très sympathiques anciens professeurs de notre collège, M. Gustave Jumentié, décédé professeur honoraire du lycée Janson-de-Sailly, à l’âge de soixante ans. Marié à une jeune fille d’Étampes, il fut pendant trois années, de 1872 à 1875, notre concitoyen; nommé ensuite à Clermont, il passa de là à Paris où il termina brillamment sa carrière. À l’issue de la cérémonie religieuse, M. Poirier inspecteur honoraire d’académie, proviseur du lycée Janson-de-Sailly fit, en un très émouvant discours que nous sommes heureux de reproduire, l’éloge du défunt. Le corps fut ensuite transporté à Etampes où, à l’issue d’un service à Notre-Dame, il fut inhumé dans un caveau de famille. Voici l’éloge prononcé par M. le Proviseur Poirier: «Un deuil cruel nous réunit autour de ce cercueil. La mort soudaine et prématurée de notre regretté collègue, M. Jumentié, nous cause une profonde douleur et vient dire brutalement la vanité des vœux que, dans notre confiance en l’avenir, nous avions formés pour lui. «C’est hier qu’il nous a quittés, de son plein gré sans que les exigences de l’âge ou du service ne l’y eussent forcé. Dans notre fête intime des adieux aucune parole de regret ne s’était fait entendre, ni de sa part, ni de la nôtre: nous le félicitions, il se réjouissait de prendre un repos bien gagné au milieu de sa chère famille, à côté de son lycée Janson de Sailly où s’était passée heureusement la plus grande partie de sa vie universitaire, auquel l’attachaient tant de vives sympathies. Et voilà que brusquement, après peu de mois, toutes ces espérances se sont évanouies ! Il ne reste plus aux siens, au milieu de leurs larmes, que le souvenir de sa bonté, de son dévouement affectueux, et à nous, ses collègues, que le spectacle, réconfortant sans doute, d’une vie tout, entière consacrée au travail, au devoir, à l’Université. «Gustave Jumentié était né le 27 mai 1858 [lisez 1848] Blévy, petit village du département d’Eure-et-Loir. Son père, instituteur, fut son premier maître. Il aimait à redire les impressions heureuses de ses premières années, il voulait même les écrire un jour. Il se plaisait à confier à ses intimes le culte qu’il avait voué au guide de ses premiers pas. Son père était en effet un esprit ouvert au progrès, respectueux du présent et du passé, un de ces instituteurs comme il en reste tant en France heureusement, malgré certaines tendances déplorables. «Les leçons paternelles l’avaient habilement préparé aux études secondaires, qu’il fit excellentes dans son petit collège de Chartres; aussi put-il penser, le baccalauréat conquis, à aborder le rude labeur qui ouvre honorablement la carrière de l’enseignement. «Ses premiers travaux furent interrompus par la guerre. Quoiqu’il fût couvert par son engagement décennal, quoiqu’il fût éloigné du théâtre des hostilités, il se trouvait en effet à cet instant répétiteur au lycée d’Alger, il ne songea pas à se soustraire à ses devoirs de Français et de patriote. Il s’engagea dans une compagnie franche qui fut bientôt versée dans l’armée de Garibaldi. Il partagea courageusement toutes les fatigues, toutes les privations, tous les dangers de cette héroïque division de Bourgogne qui soutint les efforts de l’armée de l’Est, dernier espoir de la France vaincue. «Libéré le 18 mars 1871, à Mâcon, il revint dans son village natal prendre un repos qui s’imposait En octobre suivant il se remettait au travail avec ardeur et conquérait bientôt la licence ès-lettres. «La possession de ce grade lui permettait de solliciter emploi de professeur de collège: il obtint la chaire de philosophie à Étampes. C’est dans cette ville qu’il rencontra et associa à sa vie celle qui le pleure aujourd’hui, et qui fut par sa haute intelligence et son dévouement le charme de son foyer. «En 1877 il obtint la première place au concours de l’agrégation de l’enseignement spécial, ce succès lui valut d’être appelé directement dans l’important lycée de Clermont-Ferrand. «Rassuré sur son avenir universitaire, il eût pu dès lors donner aux loisirs les rares moments que lui laissait l’accomplissement de ses devoirs professionnels; mais son ambition n’était pas satisfaite, sa passion pour l’étude l’incitait à aller plus loin, et, pour donner un but précis à ses nouveaux travaux, il entreprit la préparation de l’agrégation d’histoire. Des préoccupations plus urgentes le détournèrent de ce projet, mais il n’en continua pas moins ses études historiques vers lesquelles le poussaient ses goûts et qui orientèrent définitivement ses préférences de professeur. «C’est au milieu de ses travaux historiques que je le rencontrai, en 1878, pour la première fois. Il m’a donné dès l’abord, et m’a laissé l’impression d’un jeune maître intelligent, ardent au travail, d’un esprit vigoureux et vif, plein de ta joie de vivre utile aux siens et à ses élèves. «À la rentrée des classes de 1881, l’administration supérieure récompensait ses mérites en l’appelant jeune encore à une chaire du lycée Janson de Sailly. Un grand nombre des collègues qui l’accueillirent alors dans notre maison sont encore parmi nous et pendant les 22 ans que Jumentié devait y demeurer il en rencontra bien d’autres, tous sont devenus et restés ses amis. Son bienveillant accueil, son allure modeste, son humeur toujours égale, heureux mélange de finesse et de bonté, attiraient et retenaient les cœurs. À la douleur qui nous oppresse, nous ses amis au moment où nous déplorons sa perte, sachons mesurer celle qui accable les siens. Je sens mes paroles impuissantes à apporter une consolation la compagne de sa vie, à ses filles qu’il entourait de tant de sollicitude, à son fils dont il suivait avec un légitime orgueil les travaux et les succès.» L’Abeille, qui plus d’une fois se fit l’écho des succès du distingué professeur, tient à se joindre à ses amis pour présenter à sa veuve et à ses enfants l’expression de sa profonde sympathie.
L’Abeille d’Étampes 98/6 (6 février 1909), p. 3 (saisie de B.G., 2018)
B.G., depuis 2018.

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
 
Édition

     Bernard GINESTE et qui voudra [éd.], «Gustave Jumentié, professeur de philosophie à Étampes (collège, 20 rue Saint-Antoine, 1873-1875)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cee-jumentie.html, depuis 2018.

Autres sources
       
     Nous faisons appel ici à tous les Étampois pour regrouper d’autres documents intéressant l’histoire de tous les établissements privés et publics du pays étampois à travers les âges. Nous donnons la liste de ce pot-pourri, qui veut garder la mémoire de toutes les entreprises étampoises, ne serait-ce que sous la forme de modestes documents, dans la page «Corpus des établissements étampois», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/index-cee.html, depuis 2007.
 
 
Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
   
Explicit
 
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